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Category: Europe
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PS Français : Conflit d’intérêts personnels à l’instar de celui de tous
Les élections présidentielles en France programmées au printemps 2007 suscitent de vifs débats au Parti Socaliste français pour savoir qui mènera la social-démocratie lors de cet ultime revanche. La question est : peut-on encore parler de débats pour l’intérêt du peuple ? Ils défendent leurs idées, mais ils seront de toute façon obligés de suivre le programme du PS. Résumé et explications.
Il y eût les élections présidentielles de 2002, où Jean-Marie Le Pen avait devancé le socialiste et premier ministre sortant Lionel Jospin l’empêchant d’accéder au second tour et remettant en question tout le PS. Depuis, chaque personnalité au sein du parti présentant un minimum de popularité tente de se mettre en avant pour être le candidat PS à l’élection présidentielle de 2007. Ce conflit dure depuis des années et brasse beaucoup d’air, alors que le vrai débat ne se situe pas là, mais autour du programme officiel du PS inconnu du grand public et pourtant bien présent.
Faisons un large tour d’horizons de tous les « militants » du PS ayant miroité cette place : Ségolène Royal, actuellement largement donnée favorite dans les sondages, Laurent Fabius qui se dit le représentant de l’aile gauche du PS, et Dominique Strauss-Kahn, l’économiste de service et certainement le plus à droite des moins à gauche de la gauche. Jack Lang, l’ami des artistes et des jeunes, François Hollande, premier secrétaire du PS, l’homme à la voix rassembleuse (c’est ce qu’il dit) et Lionel Jospin, un temps vaguement candidat « si le PS a besoin de moi » – mais qui assure essentiellement la fonction de meilleur joueur de tennis de l’Ile de Ré où il passe la plupart de son temps – se sont retirés de la course.
Premier « round » : François Hollande, accessoirement mari de Ségolène Royal, se retire pour laisser place à sa femme. Les régionales de 2004 rendent les socialistes plus confiant, en remportant la victoire dans chaque région, excepté l’Alsace et la Corse, derniers bastions de l’UMP. Depuis ces élections, la cote de popularité de Royal n’a cessé d’augmenter. Le « non » à la constitution européenne permet à Fabius de faire parler de lui, bien qu’hué par la majorité de la scène politique française. Vint 2006, où les discussions deviennent plus ardues : Royal étant largement en tête, les ardeurs des autres candidats se sont refroidies et les discours deviennent plus modestes. En réalité, Ségolène Royal dispose d’un bouclier lié à son statut de femme libre et cette nouveauté au PS en fait sa popularité. Peu prise au sérieux au départ, elle est aujourd’hui la mascotte du PS.
Automne 2006. Premier grand abandon : Lionel Jospin se retire définitivement de la course après s’être largement expliqué : « J’ai dit que quatre ou cinq candidats à l’élection à la candidature pour une élection présidentielle dans un parti comme le Parti Socialiste, ça n’était pas un dispositif raisonnable. J’ai donc suggéré que nous soyons moins nombreux. Cela n’a pas pu se faire, en tout cas autour de moi ; et donc la décision que j’ai prise est la suivante : faute de pouvoir rassembler, je ne veux pas diviser. » (RTL, 28/09, interviewé par Jean-Michel Apathie) Histoire de partir dignement sans trop se contredire, en quelque sorte puisqu’il disait « j’ai pris la décision de quitter la scène politique après le premier tour des présidentielles de 2002 dans l’intérêt du Parti Socialiste » (La Rochelle, été 2007 lors du grand congrès du PS) En outre, c’est le seul ayant parlé de l’intérêt du PS avant le sien.
Puis vint l’abdication de Jack Lang, ayant jusque là joué la carte « popularité » auprès des jeunes jusque là mais n’ayant pas atteint les 30 signatures nécessaires pour se présenter comme candidat au sein du PS. Dès lors, le cadre est défini. Fabius, Strauss-Kahn et Royal vont se disputer l’investiture socialiste pour défendre le PS aux présidentielles. Résultats très bientôt. Un auditeur de RTL a fait remarqué à Jean-Michel Apathie ce 18 octobre que de toute façon, le candidat choisi devra défendre le programme officiel, rendant le débat inutile (ou fera du programme socialiste du combustible pour faire avancer sa locomotive privée). Un autre fait remarquer que voter pour trois candidats revient au même procédé que la Star Academy : concours de tronches avant le débat d’idées. Et l’intérêt d’eux qu’ils représentent dans tout ça ?
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Quand la police et les fascistes attaquent la Gay Pride à Moscou
Ci-dessous, un article publié sur le site de notre organisation soeur en Angleterre (Socialist Party) le 29 juin, juste avant la Gay Pride de Londre. Cet article reprend un rapport fait par un camarade de notre organisation soeur en Russie à propos de la Marche qui s’est tenue à Moscou le 27 mai. Cet article a été récemment traduit en français et néerlandais par nos camarades belges .
La communauté Lesbienne, Gay, Bisexuelle et Transgenre (LGBT) va défiler ce 1er juillet à Londre pour l’Europride. Beaucoup de réformes légales importantes ont été obtenues, comme les Partenariats civils qui ont amélioré la vie des personnes LGBT. Elles ont été gagnées suite à de longues années de lutte pour les droits LGBT.
Autant ces réformes sont les bienvenues, autant la lutte n’est pas finie. Si des lois contre les discriminations raciales et sexistes existent bien depuis des années; elles n’ont fait disparaître ni le racisme, ni le sexisme de la société. La récente condamnation de deux hommes pour le meurtre homophobe de Jody Dobrowski à Clapham montre que la communauté LGBT ne devrait jamais se dire que la lutte est terminée.
“ Les droits acquis ont besoin d’être défendus et élargis”. Cela aurait du être le thème de la Marche, et le lien avec les luttes internationales aurait du être mis en avant. En Europe de l’Est, les Gay Prides ont été attaquées par les forces réactionnaires et par l’État. En privatisant, les politiciens du grand patronat ont employé l’homophobie pour soutenir leurs positions.
IGOR YASIN, un socialiste gay et membre de Résistance Socialiste, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Russie, a été impliqué dans les événement du 27 mai à Moscou, et rapporte : “Les autorités de la ville de Moscou ont formellement interdit la Gay Pride prévue pour le 27 mai et la Cour a confirmé cette interdiction. Une conférence des militants LGTB russes et étrangers à Moscou a discuté longuement de la tactique à appliquer en vue de préparer la Marche. Le conflit principal était : la Gay Pride devait-elle avoir lieu ?
Le nombre assez restreint de militants LGTB russes était indécis et beaucoup d’entre eux étaient visiblement effrayés. Plusieurs proposaient l’idée qu’au lieu de marcher sous le slogan « L’homophobie n’est rien d’autre qu’une partie de la xénophobie », qu’ils devraient donner une pétition aux autorités de Moscou.
Un membre du CIO, Alexei Kozlov, a essayé de convaincre la conférence de participer à un piquet devant le bureau du maire avec des slogans contre la discrimination et pour la défense du droit de s’organiser et de manifester, comme meilleure manière de dénoncer la discrimination à l’encontre des minorités sexuelles.
Mais plusieurs militants étaient plutôt réservés, disant qu’on avait ni besoin « d’actions radicales », ni de « conflits avec les autorités ». Certain d’entre eux disait que nous devons « respecter les décisions des autorités ».
J’ai avancé que, même selon des lois en vigueur, il n’y avait aucune base juridique pour interdire la Gay Pride, ainsi les activistes gays ne devraient pas abandonner avant que le combat n‘ait eu lieu – nous devons exprimer notre position et nous lever contre toute discrimination et pour la défense de nos droits.
Arrive alors le jour du piquet. Il était prévu à 15h00 devant le bureau du bourgmestre. Bien qu’il s’agissait formellement d’un piquet pour la défense des droits démocratiques, ce dernier s’est transformé en action pour la défense des droits des minorités, en solidarité avec les LBGT discriminés.
Les murs du Kremlin
Le 27 mai, vers midi, une conférence de presse a annoncé que certains militants gay déposeraient des fleurs sur la tombe du soldat inconnu devant les murs du Kremlin et participeraient ensuite au piquet devant le bureau du maire. Notre première réaction a été de dire que c’était une erreur. Les gens seraient disséminés sur différents lieux et cela féliciterait le travail des flics pour nous enlever un par un. Et c’est ce qu’il se produit.
Certains furent arrêté pour « avoir essayé de déposer des fleurs » dans le jardin Alexandorskii (devant le Kremlin) là où se plantaient les foules hurlantes de “patriotes” et de fascistes. D’autres ont été arrêtés lorsqu’ils se dirigeaient vers le bureau du maire.
Avant l’heure prévue pour le piquet, la rue a commencé à se remplir de jeunes à l’aspect plutôt sombre se cachant de la pluie dans les ruelles. À côté de eux, les flics bloquaient le chemin du square devant le bureau du maire. Lentement les activistes ont commencé à s’échauffer, avec eux les journalistes et les inévitables représentants de l’organe répressif de l’État.
Notre groupe, qui comprenait les principaux organisateurs et certains militants étrangers est arrivé sur place 5 minutes avant le lancement du piquet.
Aleksei et Dima, les organisateurs officiels, ont été appelé par la police pour « discuter de détails », et nous avons du remballer notre bannière. Je pensait naïvement qu’il me serait possible de distribuer les 500 tracts anti-fascistes que j’avais dans mon sac…
Mais rien à faire! Quand les organisateurs se sont rendus là où la police leur avait demandée d’aller, ils ont été arrêtés. Ceux d’entre nous qui restaient ont été entourés par une foule. Alors un député du parti du “beau parleur” Vladimir Zhirinovsky (Zhirinovsky à récemment réclamé la peine de mort pour les homosexuels!) est monté sur une statue au-dessus de quelques militants pour les droits LGBT et a commencé un discours homophobe et nationaliste.
Les Fachos
La foule de jeunes fascistes a commencé à scander « Mort aux pédés! » et « Renvoyez les tapettes dans les camps de concentration ». Les nôtres se sont alors écriés : « Le fascisme ne passera pas! ». Un de ces idiots a crié vers moi « Ne soit pas stupide, le fascisme a été vaincu en 1945 ! »
Ensuite, les flics ont foncé dans le tas, en arrêtant à nouveau des organisateurs et des participants au piquet tandis que les fascistes les encourageaient avec des cris comme «Longue vie à le Russie !» Les actions de l’extrème-droite et celles de la police semblent avoir été coordonnés. Autrement il est difficile d’expliquer comment les fascistes se sont sentis aussi à l’aise au centre de Moscou ce jour-là.
L’attitude de la Police
Nous avons passé des heures en allez-venues entre le commissariat de police -où les militants ont été enfermés- et l‘Internet Café. Nous avons pourtant repéré des groupes de jeunes fascistes dans le haut des ruelles, dans les passages arqués, dans l’entrée de métro… Comme nous n’avions pas l’air trop gay, ils nous ont ignorés.
Mais un autre camarade qui était dans le commissariat nous a dit qu’il était rempli de skinheads qui semblaient aider la police. Dans un autre poste, 17 personnes étaient retenues dont Alexei, Dima et la fameuse activiste lesbienne Evgenii Debryanskaya. Les gens étaient en état de choc mais tous ont fait ce qu’ils pouvaient. Ils ont été libérés après quatre heures, environ.
Ainsi, malgré qu’une Marche ait bien eu lieu, ce n’était plus une Gay Pride mais une marche de fascistes et de skinheads. Malgré que la communauté gay ait fait un effort pour l’organiser ouvertement, les mass-médias les ont pratiquement ignorés.
Seuls des journaux de l’opposition à petits tirages et la presse réactionnaire a commenté les évènements. Pas un seul parti politique traditionnel n’a dénoncé les discriminations. Même les soi-disant partis « Démocratiques » (nl: néo-libéraux) -que soutiennent beaucoup de LGBT- ont choisi de ne pas commenter les événements ; tout comme ils avaient ignoré les attaques dans des clubs gay par des groupes de fascistes la semaine précédente.
Quelque-uns dits « de gauche » pensent que le fascisme a été vaincu une fois pour toutes par « le peuple soviétique » en 1945. D’autres trouvent la question non pertinente. Mais après ces événements certains d’entre eux ont dû commencer à revoir leur position.
Il n’y a plus de position neutre sur cette question! Quelques jeunes “communistes” se sont vantés sur leur site Web de la façon dont ils ont formé un front commun avec les fascistes contre des homosexuels. Mais d’autres ont été forcés par ces événements à dénoncer ouvertement le nationalisme et à défendre les droits des homos.
Le 27 mai était le premier « coming out » de la communauté LBGT de la Russie en faveur de ses droits. Mais ce n’est qu’un début. De nombreux homosexuels et lesbiennes ont toujours beaucoup d’illusions, peu ont une idée claire de la façon dont ils peuvent s’émancipés.
Notre rôle en tant que socialistes est de prouver que c’est seulement en combattant le capitalisme et sa machine d’État, ainsi que tous les préjudices toxiques qui émergent de ce système et en établissant une nouvelle société basée sur la liberté et l’égalité -une société socialiste-, que ces problèmes seront réglés une fois pour toutes. “
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Allemagne. Interview de Lucy Redler
Allemagne. Interview de Lucy Redler
En septembre 2006, une nouvelle liste intitulée ‘Parti de Gauche.PDS’ créait la surprise aux élections législatives en remportant 8,7% des voix et 54 députés. Cette liste réunissait le PDS (héritier de l’ancien parti dirigeant de l’Allemagne de l’Est) et l’Alternative électorale pour l’Emploi et la Justice Sociale (WASG), une nouvelle formation de gauche lancée par des syndicalistes et des militants de gauche en opposition à la politique néolibérale du gouvernement Schroder.
Jean Peltier
Lucy Redler: “Nous ne voulons pas nous présenter avec un parti qui parle du socialisme le dimanche mais mène une politique antisociale le reste de la semaine”
Un an plus tard, le WASG de Berlin a pourtant décidé de se présenter seul aux élections régionales qui vont avoir lieu le 17 septembre dans cette ville. Nous avons rencontré Lucy Redler, militante du SAV (notre organisation-soeur en Allemagne) qui sera tête de liste du WASG pour ces élections.
Pourquoi le WASG se présente-t-il seul aux élections à Berlin ?
La décision du WASG de Berlin de se présenter de manière indépendante aux élections régionales du 17 septembre a été prise au terme d’une longue et intense période de débat tant chez nous qu’avec le PDS.
Depuis 2001, le PDS participe à Berlin à un gouvernement régional de coalition avec le Parti Social-Démocrate (SPD – l’équivalent de notre PS). Le SPD a imposé au niveau national l’’’Agenda 2010’’, le programme d’austérité le plus sévère qu’ait connu l’Allemagne depuis la fin de la guerre.
Dans le cadre de son alliance régionale avec le SPD, le PDS a été impliqué dans la mise en oeuvre de privatisations, de baisses de salaires et de coupes dans les budgets sociaux. En conséquence de cette politique, les travailleurs du secteur public régional ont vu leur salaire amputer de 8 à 10%. Plus de 100.000 appartements appartenant à la ville ont été privatisés et 32.000 ’’emplois à 1 Euro’’ ont été créés (il s’agit d’emplois que les chômeurs de longue durée sont obligés d’accepter pour conserver leurs allocations et qui sont payés 1 Euro de l’heure).
Ce sont juste quelques-uns des faits qui nous ont conduit à la conclusion que la politique du PDS / Parti de Gauche à Berlin ne peut être considérée comme de gauche ou favorable aux travailleurs.
Un des principes fondateurs du WASG est de ne pas participer à un gouvernement qui mettrait en oeuvre des privatisations et des coupes dans les budgets sociaux. A Berlin, nous tenons à ces principes et nous ne voulons pas nous présenter avec un parti qui parle du socialisme le dimanche mais mène une politique antisociale le reste de la semaine. Le PDS/Parti de Gauche a expliqué de manière répétée qu’il considérait que sa particpation au gouvernement avait été un succès. Nous pensons donc que Berlin mérite une opposition forte et de gauche. Voilà pourquoi nous nous présentons seuls.
Qu’espérez-vous de cette campagne ?
J’espère évidemment que nous arriverons à franchir la barre des 5% pour entrer au parlement régional. Nous pourrons alors utiliser cette position pour appuyer les travailleurs en lutte, soutenir les mouvements sociaux, les organisations de quartier,… Nous voulons être au coeur de la résistance à la politique du futur gouvernement. Un autre objectif de la campagne est de s’enraciner dans les quartiers ouvriers de Berlin. La réponse que nous avons reçue jusqu’ici de la part des travailleurs, des chômeurs et des jeunes très amicale. La presse a révélé que le gouvernement régional veut privatiser 15.000 autres appartements après les élections. Nous avons commencé à organiser les premières réunions et les premières actions de protestation contre cette attaque. Nous mènerons une campagne électorale active et nous espérons encourager d’autres personnes à s’engager et à devenir eux aussi actifs.
Comment vois-tu l’avenir de la gauche après le 17 septembre ?
Il est difficile de faire des pronostics car il y a beaucoup de possibilités. Il est clair que les directions nationales du PDS/Parti de Gauche et du WASG – celle-ci soutenant le PDS dans la campgne électorale de Berlin ! – poussent pour arriver à une fusion des deux partis en 2007. Il est possible que le WASG-Berlin demeure une force régionale indépendante. Le débat sera intense sur ces questions après les élections à Berlin. Cependant une chose est sûre : un WASG fort avec une présence au parlement de Berlin sera dans une position qui lui permettra d’influencer et de peser sur le processus de construction d’une nouvelle gauche en Allemagne.
Quel est le rôle du SAV dans tout ce processus ?
Le SAV, dont je suis membre, a été très important dans tous ces événements. Il travaille au sein du WASG depuis la création de ce parti. A Berlin, nous avons joué un rôle essentiel au cours du débat sur la participation indépendante. Le SAV est respecté parmi les membres du WASG à Berlin. Nous continuerons à argumenter pour que le WASG adopte un programme socialiste. En même temps, les membres du SAV sont parmi les plus actifs dans la campagne électorale parce que nous pensons qu’à cette étape, avoir un WASG fort à Berlin serait un grand pas en avant pour les travailleurs et les jeunes de la ville.
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Allemagne: la liste de gauche se présentera à Berlin
Notre organisation-soeur allemande, le SAV (Sozialistische Alternative Voran), joue un rôle de premier plan dans la construction du WASG, une nouvelle formation de gauche. La direction nationale du WASG veut une fusion rapide avec l’ancien PDS, les ex-communistes de l’ex-RDA.
C’est pour cela que la direction veut des listes communes lors des prochaines élections régionales à Berlin et au Mecklenburg-Vorpommern. Dans ces deux länders, le PDS participe au gouvernement et y mène une politique de coupes d’austérité néolibérale.
Nous militons pour une candidature indépendante du WASG dans les deux länders car le PDS n’y est pas crédible pour les salariés et les jeunes qui sont les victimes de la politique néolibérale. Finalement, il y aura donc une liste indépendante du WASG à Berlin.
Cette discussion a été relayée dans les médias allemands. La porte-parole la plus en vue de la section berlinoise du WASG est Lucy Redler, membre du SAV. Elle a parlé lors d’un débat télévisé qui a été suivi par 5 millions de téléspectateurs. Elle est entrée en débat avec Wolfgang Clement, l’ancien ministre des finances du SPD (social-démocrate), Markus Söder, sécrétaire général de la CSU (la CSU est le parti chrétien-démocrate en Bavière) et Klaus Wiesehügel, président d’un syndicat.
Lucy a critiqué la politique du gouvernement national SPD/CDU. Le conflit au sein du WASG sur la collaboration avec le PDS a aussi été abordé. Notre camarade a expliqué que nous ne sommes pas opposés à l’unité mais qu’elle est impossible avec le PDS tant qu’il se rend coresponsable des attaques contre lesquelles le WASG a été mis sur pied. Sinon, dit-elle, l’alternative se limitera à devoir choisir un moindre mal pour en écarter un plus grand.
Notre attitude à Berlin a été confortée par un sondage où 5% des sondés veulent soutenir une candidature indépendante du WASG aux élections.
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Occupation massive des unifs en Grèce
Depuis le 8 mai, les universités grecques sont occupées par les étudiants. Par ce biais, ils expriment leur opposition aux nouvelles réformes du gouvernement néolibéral de la Nouvelle-Démocratie.
Tous se rendent fort bien compte que le gouvernement veut imposer des coupes d’austérité dans l’enseignement supérieur. Le gouvernement veut en finir avec les tarifs des repas modestes et les syllabus gratuits. Les étudiants qui ne terminent pas les études dans le cycle de 6 ou 7 ans, ne pourront plus s’inscrire. Les réformes touchent surtout les étudiants salariés des familles plus défavorisées qui doivent souvent avoir un emploi à temps plein pour payer leurs études.
Le mouvement étudiant en Grèce est un des plus importants de l’histoire du pays. Le 9 juin, 350 facultés étaient occupées et 100.000 étudiants ont participé aux assemblées générales. Le 8 juin, 20.000 étudiants ont défilé à Athènes.
Le mouvement en Grèce est en phase avec la lutte des jeunes partout dans le monde. Beaucoup de slogans des manifestations font référence à la France où le mouvement des jeunes et des syndicats français contre le CPE a mis le gouvernement à genoux.
Ce mouvement avait commencé avec l’occupation de la Sorbonne pour ensuite s’étendre avec des actions de grève d’autres étudiants, des lycéens et enfin de la classe ouvrière française entière. Si le CPE était en vigueur aujourd’hui, il aurait ouvert les portes aux contrats ultraprécaires pour tous les salariés, les jeunes comme les plus âgés.
Xekinima, notre organisation-soeur en Grèce, mobilise au sein de comités étudiants élus pour l’extension de la lutte à toute la population laborieuse, avec une grève générale par exemple. En Grèce comme en France, le ‘Niet’ des syndicats des salariés sera une condition pour une lutte étudiante victorieuse.
La victoire en France montre la voie, aussi pour le mouvement dans l’enseignement supérieur en Belgique. Les réformes ici, comme en Grèce, ne signifient rien d’autre que la privatisation de l’enseignement supérieur auquel seule une élite pourra encore accéder.
Pour plus d’infos mises à jour visitez le site de notre internationale : www.socialistworld.net
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Manifestation massive au Forum Social Européen d’Athènes
Une politique socialiste et combative est nécessaire pour résister à la guerre, à la casse sociale et au capitalisme
Le samedi 6 mai, plus de 100.000 travailleurs et jeunes grecs se sont rassemblés pour une manifestation de 7 kilomètres contre la guerre et l’exploitation capitaliste. Cette marche était à l’initiative du Forum Social Européen (FSE) qui s’est déroulé à Athènes du 4 au 7 mai. La manifestation avait une taille impressionante, même pour les traditions du mouvement ouvrier grec. La police, une fois de plus, a tout fait pour se ridiculiser en déclarant initialement qu’il n’y avait que 15.000 participants, chiffre doublé ensuite pour se contenter enfin de mentionner la longueur de la manifestation.
Andros, Xekinima (organisation-soeur du MAS en Grèce)
La foule s’est dirigée vers l’ambassade américaine pour protester contre les politiques impérialistes des Etats Unis et de l’Union Européenne au Moyen-orient, en Irak et en Iran. Ensuite, la manifestation a pris le chemin du Parlement grec pour exprimer son opposition aux politiques menées contre la classe ouvrière par le gouvernement grec et l’Union Européenne. L’atmosphère présente à cette marche était jubilatoire. Sa taille a permis aux travailleurs de sentir leur force et de donner un puissant message pour toute la société grecque. Le fait qu’étaient présent environ 9.000 activistes du reste de l’europe – en particulier de France, d’Italie, de Turquie et des Balkans (plus ou moins 2.000) – a pu donner un véritable élément d’internationalisme.
Xekinima
Xekinima, la section grecque de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a mené une campagne enthousiaste pour le succès de cette manifestation du 6 mai et a pris également part aux discussions durant le FSE. Nous avons notamment produit 10.000 affiches et 20.000 tracts appelant les travailleurs et les jeunes à prendre part à cette marche. Il y avait aussi des versions turque, italienne et anglaise du tract de Xekinima/CIO que nous avons distribué au FSM.
En même temps, nous avons critiqué les politiques du FSE et, en général, des Forums Sociaux (Forum Social Mondial et les forums sociaux nationaux) ainsi que la direction suivie par ces forum sociaux. Les slogans du FSE – contre la guerre, le néo-libéralisme et le racisme – sont tellement généraux qu’ils permettent à n’importe qui de prendre part aux évènements organisés, comme les partis sociaux-démocrates qui supportent les politiques menées contre les travailleurs et les appliquent même lorsqu’ils sont au gouvernement !
Les forums sociaux sont maintenant dominés, bien plus que par le passé, par les partis de la Gauche Européenne, comme le Parti Communiste en France (PCF), la Refondation Communiste en Italie (PRC) ou le Parti du Socialisme Démocratique en Allemagne (PDS). Beaucoup de ces partis sont coupables de participer, avec les sociaux-démocrates, à des gouvernements qui mènent des politiques anti-travailleurs et anti-immigrés.
Ces caractéristiques du FSE minent ses perspectives futures et ses capacités à jouer un rôle unificateur pour les luttes de la classe ouvrière contre des politiques à caractère européen ou international. Seule une approche anti-capitaliste et des idées socialistes peuvent offrir le programme nécessaire aux activistes de toute l’Europe pour combattre la politique du capital. Xekinima et le CIO participent aux initiatives majeures des Forums Sociaux tout en critiquant ouvertement de mannière claire et constructive les orientations que nous jugeons mauvaises.
Le reste de la gauche
Le reste de la gauche grecque n’a pas une approche similaire. Les organisations qui prennent part au Forum Social Grec et au récent Forum Social Européen à Athènes n’évaluent pas de façon critique ces organisations, ou le font de manière trop partielle. Chaque organisation parlant au nom de Trotsky autre que la nôtre, comme l’International Socialist Tendency (le SWP britannique) ou l’USFI, le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (La LCR en France), tentent de créer un optimisme artificiel sur l’avenir et le rôle de ces forums sociaux.
Les organisations critiques envers le FSE et le Forum Social Grec, comme le Parti Communiste Grec (KKE) et les groupes maoïstes ainsi que leurs alliés, choisissent de rester en dehors et d’attaquer le FSE et tout ceux qui participent à ces évènements. Ils se coupent ainsi des centaines de milliers de travailleurs qui répondent ou sont attirés par l’appel anti-guerre et anti-néo-libéral des organisations autour du FSE. Le Parti Communiste Grec, en particulier, a panniqué durant la semaine précédent le FSE et a entammé une forte campagne pour couvrir les affiches annonçant le FSE. Cela s’est avéré vain. Les groupes maoïstes et leurs alliés ont quant à eux appelé à un « contre-forum » et à une « contre manifestation » qui a rassemblé à peu près 500 personnes.
Le journal du Parti Communiste du 7 mai avait une petite note sur la manifestation à l’appel du FSE où était déclaré qu’environ 7.000 personnes y avaient pris part.
Perspectives
Jusqu’au meeting du FSE à Athènes, les organisateurs étaient assez pessimistes sur l’avenir de l’initiative. Cela était essentiellement arrivé après le 3e meeting du FSE, tenu à Londres. Le Maire de londres, Ken Livingstone, et le SWP britannique étaient deux des principales forces dirigeantes de cet événement ce que beaucoup d’activistes avaient mal ressentis. Mais le meeting d’Athènes a revivé leurs espoirs.
Une résolution est passée à la conférence du FSE à Athènes appelant à une meilleure coordination des actions au niveau européen, spécialement sur les questions de la guerre et du racisme. La résolution appelle à une semaine d’actions contre la guerre (du 22 au 30 septembre), et à une journée d’actions le 7 octobre contre le racisme et en soutien des droits des immigrés.
Ce sont des initiatives positives, mais loin d’être suffisantes. Les organisateurs du FSE semblent éviter, de toutes les manières possibles, de voir la remontée de la lutte des classes en Europe et les actions de classe décisives que cela demande. Cela inclut entre autre les thématiques de la pauvreté qui s’accroît, de l’inégalité, de l’exploitation et des attaques sur les pensions. Bien plus encore, les organisateurs du FSE semblent éviter de proposer des moyens de lutte qui puisse stopper ces politiques. Des festivals, des journées de protestation et autres manifestations colorées peuvent être utiles, mais sans actions de lutte et sans protestations de masse de la part de centaines de millions de travailleurs et de jeunes à travers l’Europe, les capitalistes – en Europe et internationallement – vont continuer à appliquer les mêmes politiques.
Dans les rangs des activistes, une conclusion va s’imposer avec le passage du temps : le capitalisme ne peut pas devenir « humain ». Les guerres, le racisme, la pauvreté et la famine ne seront jamais éliminés tant que le capitalisme ne sera pas tombé.
Xekinima (CIO) a eu une excellente délégation lors de la manifestation du 6 mai à Athènes, avec plus de 400 participants de Grande-Bretagne, d’Irlande, de belgique et d’ex-Union Soviétique. Cette délégation a été remarquée tant par nos amis que par nos ennemis pour son côté éminement militant et plein de vitalité.
La campagne de Xekinima pour renforcer le soutien au FSE et à la marche du 6 mai n’a duré que 8 jours, le FSE venait peu de temps après les vacances de Pâques grecques. Durant ces journées de mobilisations, plus de 1000 journaux de Xekinima ont été vendus, et à peu près 1.300 euros ont été récoltés pour notre fonds de lutte. Beaucoup de personnes intéressées par les idées défendues par Xekinima et le CIO ont laissé leurs coordonnées pour nous rejoindre ou nous aider dans notre travail.
Raph Parkinson, vice-président du bureau exécutif de UNISON – syndicat du secteur public en Grande-Bretagne – et membre du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), s’est également rendu au Forum Social Européen. Raph écrit à titre personnel:
« Des socialistes, syndicalistes, Organisations Non Gouvernementales (ONG), communautés et de jeunes activistes se sont rencontrés pour discuter d’un large pannel de problématiques au Forum Social Européen d’Athènes, entre autres des privatisations, du développement du commerce équitable, de l’Amérique Latine, de la guerre en Irak, et de la libération sociale. En comparaison au FSE tenu à Londres il y a deux ans, l’atmosphère à Athènes était plus sérieuse, mais il y avait moins de participants.
Le point culminant était pour moi la très large manifestation du 6 mai contre la pauvreté, le chômage, la guerre et le racisme. Les membres du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales ont marché sous la bannière de Xekinima, la section grecque du CIO.
Cette section était suivie par la délégation de Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe, campagne lancée à l’initiative du CIO) qui comprenait beaucoup d’immigrés vivant en Grèce.
Il était fort remarquable que les manifestants du CIO et de YRE étaient très dynamiques, en chantant notamment des chants de lutte variés, et étaient bien organisés.
Une « contre-manifestation » est sortie de la manifestation principale pour tenter d’attaquer l’ambassade américaine et a été confrontée à la police anti-émeute. D’innocents manifestants ont été gazés. Les stewards du CIO et de YRE ont maintenu à cette occasion une approche disciplinée pour défendre leurs délégations contre toutes attaques possibles.
Les télévisions ont montré les McDonalds attaqués, mais n’ont pas montré la majorité pacifique de la manif’. En Bref, le FSE cette année fut mieux organisé, avec moins de conférences, mais des discussions plus sérieuses.
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La France d’aujourd’hui est l’Europe de demain…
C’était la devise des patrons et des gouvernements. Mais elle devient aujourd’hui celle des travailleurs et des jeunes. la progression des emplois non statutaires dans les services publics.
Jean Peltier
Il n’y a pas qu’en France que patrons et gouvernements tentent de pousser au maximum la flexibilisation des travailleurs en essayant de démolir les contrats de travail et de généraliser la précarité. Ainsi, en Allemagne, le nouveau gouvernement chrétien-socialiste a en projet une version locale du CPE/CNE encore pire qu’en France, puisqu’elle prévoit de porter la période d’essai (sans protection pour le salarié) de 6 mois à 2 ans pour toute nouvelle embauche quelle que soit l’âge du travailleur ou la taille de l’entreprise !
Ailleurs, ce sont surtout les fins de carrière qui sont visées : attaques contre les prépensions, report de l’âge de la pension à 65 voire 67 ans,…
Mais la colère monte un peu partout. En Grèce, les travailleurs ont mené une grève générale le 15 mars pour protester contre la multiplication des emplois non statutaires dans les services publics, la généralisation des heures supplémentaires non payées et pour revendiquer des hausses de salaires. En Grande-Bretagne, un million et demi d’employés des administrations locales ont fait une journée de grève le 28 mars pour s’opposer au report de 5 ans de l’âge de la pension. Ce fut la grève la plus massive dans le pays depuis la grève générale de … 1926. En Allemagne, ce sont les fonctionnaires des Etats régionaux qui sont partis en grève contre le projet de faire passer l’horaire de travail de 38,5 à 40 heures/semaine.
La victoire contre le CPE sonne comme un avertissement pour les patrons et les gouvernements. A nous d’en faire un signe de ralliement des travailleurs et des jeunes partout en Europe… et en particulier en Belgique dans les prochains mois !
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“Avec un CNE, tu as la pression en permanence”
Inès, salariée de 23 ans en «Contrat Nouvelle Embauche»
Interview recueillie par la Gauche Révolutionnaire, notre organisation-soeur en France
Gauche Révolutionnaire : Comment ce contrat «nouvelle embauche» t’a-t-il été proposé ?
Inès : On ne me l’a pas proposé, on m’a dit qu’après mon Contrat à Durée Déterminée, je serai embauchée en Contrat à Durée Indéterminée. Puis au moment de renouveler mon contrat fin novembre 2005, surprise…, le CDI était un CNE ! Ils ont fait la même chose avec l’autre jeune salariée qui avait fait son stage avec moi dans ce magasin. On ne nous a donné aucune explication. Nous avons constaté cela en lisant le contrat.
GR: Pour toi, le CNE est-il différent d’un CDD ?
I : Oui ! Au moins avec un CDD, on connaît la date de fin. Le CNE, t’es sur un siège éjectable. Tu as la pression en permanence. Par exemple, j’avais envisagé d’avoir un enfant après avoir eu mon CDI. Mais en CNE, impossible ! Le patron a d’ailleurs dit une fois «en CDI, les employés se laissent aller, ils sont moins efficaces. Avec le CNE, on a des moyens de pression.»
GR : Plus de pression dans le travail, pour toi, ça se traduit comment concrètement ?
I : On est stressé en permanence. En plus, dans mon travail, ça a été le stress depuis le début. Le fils du patron, qui est le patron de fait, m’a harcelée. Il m’a fait des avances, des propositions très indécentes. Ca me mettait mal à l’aise mais j’ai fait comme si je prenais ça à la rigolade, je voulais finir mon stage. J’essayais de calmer le jeu, mais au fond, ça m’a stressée et blessée. Il me rabaissait en permanence. Le soir je pleurais souvent … ça a nuit à mon couple. Après je l’ai envoyé bouler, il est devenu agressif, sec et il ne le faisait qu’avec moi. Depuis le CNE, je me sens plus vulnérable et plus fragile. Aujourd’hui, je déprime et il semble clair qu’il a sa part de responsabilités là-dedans.
GR: Cette semaine, tu étais en congé maladie pour la première fois depuis deux ans et demi. Que s’est-il passé ?
I : Une collègue m’a téléphoné pour me dire qu’il menaçait de me licencier. Après mon coup de fil pour signaler mon absence, il a râlé, il a dit haut et fort que mon arrêt maladie était injustifié. c’était aussi pour faire peur à l’autre collègue en CNE. La collègue m’a conseillé de l’appeler pour expliquer que je n’allais pas bien et que je ne serai pas opérationnelle pour vendre. Je l’ai fait, erreur ! Il en a su plus sur mes problèmes et il a dit que mes problèmes personnels ne le regardent pas, et que lui, quand ça ne va pas, il travaille quand même. Il m’a remis la pression pour que je vienne travailler malgré le certificat médical. Je n’y suis pas allée. Mais que va-t-il se passer? S’il m’arrive quelque chose au travail, que se passe t-il avec la Sécu qui me paie pendant l’arrêt? Mais si je n’y vais pas et qu’il me licencie, comment vais-je vivre, payer mes crédits…?
GR : Face à cette pression, qu’as-tu fait ?
I : Je me sens complètement démunie. Je suis certaine que le fait d’être jeune et fragile, ça joue sur leur comportement. Ils profitent de la situation, du manque de travail et de la crise économique pour mettre la pression. Comme ils disent «on reçoit des CV tous les jours», ils peuvent nous virer facilement. Ils veulent qu’on soit comme des moutons. Je suis jeune, c’est mon premier emploi et je ne m’étais jamais posée ce genre de questions avant. C’est pour cela que je me renseigne sur mes droits, que je vous ai contactés pour essayer de pouvoir me défendre et à mon tour leur mettre la pression.
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France. Chômage, Précarité, Exclusion… la rue a dit NON
Trois mois de lutte. Des milliers d’assemblées dans les universités et les lycées, des milliers de réunions d’information et de mobilisation dans les quartiers et les entreprises. Des centaines de manifestations locales. Trois millions de personnes dans les rues le 7 et le 14 mars. Et au bout de cela, une victoire incontestable : la capitulation du gouvernement Villepin, obligé d’enterrer son Contrat de Première Embauche, qu’il avait pourtant déjà fait voter en toute urgence à l’Assemblée Nationale.
Jean Peltier
Comment ne pas faire la comparaison avec ce qui s’est passé chez nous à l’automne 2005 quand le mouvement syndical s’est lancé dans la bataille contre le Pacte des Générations de Verhoofstadt. Une première journée de grève générale organisée par la FGTB le 7 octobre, une manifestation nationale de 100.000 travailleurs en front commun FGTB-CSC trois semaines plus tard,… puis des semaines de négociations et d’attente avant une autre journée de mobilisation FGTB fin novembre et un « atterrissage » sans gloire du mouvement. Ces mobilisations ont certes forcé le gouvernement à adoucir son projet mais n’ont pu empêcher ni le Parlement de voter le Pacte ni le gouvernement de le mettre en application.
Comment expliquer que le mouvement syndical belge, beaucoup moins dispersé et plus massif (CSC et FGTB organisent à elles seules deux millions d’affiliés, soit près de 60% de l’ensemble des salariés actifs), n’a pas pu étouffer les mauvais coups de Verhofstadt dans l’oeuf alors qu’en France, où le mouvement syndical est éclaté en une dizaine de syndicats n’organisant plus que 7% des salariés, la mobilisation a conduit à une victoire impressionnante ?
10 ans de résistance au néo-libéralisme
Il existe parmi les travailleurs, et même au-delà dans la société, un fort sentiment d’opposition au néo-libéralisme, qui s’est marqué tout au long des dix dernières années. Il est apparu avec force lors de la grande grève des services publics contre le Plan Juppé de réformes des retraites (déjà !) en décembre 1995 et s’est traduit politiquement par la victoire surprise de la gauche en 1997, puis par le rejet de celle-ci en 2002 (l’échec de Jospin aux élections présidentielles et le second tour Chirac-Le Pen) après que le gouvernement de gauche ait privatisé plus que les gouvernements de droite avant lui. Il a repris lors des divers mouvements contre les mesures des gouvernements de droite – particulièrement les manifestations et les grèves contre le plan de réforme des pensions (encore !) en 2003,… – et s’est marqué à nouveau politiquement avec les défaites électorales de la droite en 2004 et surtout avec la victoire du Non au référendum sur la Constitution européenne en 2005. L’ampleur du mouvement contre le CPE s’explique en grande partie par ce climat général de résistance contre le néo-libéralisme.
Un gouvernement de droite agressif et arrogan
Depuis la réélection de Chirac en 2002, la France est dirigée par des gouvernements de droite particulièrement conservateurs qui disposent, grâce à un système électoral renforçant le parti dominant, d’une majorité parlementaire écrasante. Raffarin d’abord, Villepin ensuite ont, avec obstination et arrogance, imposé les mesures et les lois réclamées par le patronat. Bien qu’ils aient rencontré plusieurs fois une forte résistance, leurs mesures ont toujours été votées et appliquées. Récemment, le Contrat Nouvelle Embauche (qui permet aux patrons de petites sociétés employant moins de 20 personnes d’engager des travailleurs avec un stage de deux ans au cours duquel lequel ils peuvent licencier ceux-ci sans devoir motiver leur décision) a été promulgué sans rencontrer de fortes réactions syndicales. Mais l’extension de cette mesure à tous les jeunes de moins de moins de 26 ans – le désormais célèbre Contrat Premier Embauche (CPE) – a été la provocation de trop.
Le CPE, un enjeu énorme
En créant le CPE dans la foulée du CNE, le gouvernement avait une stratégie claire : précariser au maximum les jeunes sortant des études afin de mettre la pression sur les autres salariés, avec comme objectif final de précariser l’ensemble des travailleurs en liquidant les Contrats à Durée Indéterminée (CDI). Ce plan était clair. Et, malheureusement pour Villlepin, il a été très vite compris par un grand nombre de jeunes et de travailleurs. Ce qui explique qu’une fois lancé, le mouvement a pu, beaucoup plus facilement que lors de luttes passées, unir étudiants et lycéens (se voyant comme futurs travailleurs précarisés) et adultes (en tant que parents inquiets de l’avenir de leurs enfants et en tant que travailleurs menacés dans leurs conditions de travail).
La jeunesse en pointe
Encore fallait-il que le mouvement démarre. Ce sont les étudiants qui l’ont lancé. Plusieurs raisons expliquent cela. Ils étaient les plus directement visés par le CPE dès la sortie de leurs études. Une partie d’entre eux s’étaient déjà radicalisés l’an dernier dans la lutte des lycéens contre le plan Fillon (qui visait à « réformer » l’enseignement secondaire). Ensuite, vu leur âge, les étudiants sont beaucoup moins marqués par le poids des échecs des luttes passées que les salariés. Et il est évidemment plus facile aujourd’hui de faire une grève des cours qu’une grève en entreprise.
Cela ne suffit pourtant pas à expliquer complètement pourquoi cette mobilisation a été la plus forte depuis au moins vingt ans (les grandes luttes étudiantes de 1986) et peut-être même depuis Mai’68. La force du mouvement étudiant a été sa capacité de s’organiser de manière démocratique et massive : réunions d’information innombrables pour expliquer les enjeux du CPE et de la lutte et mobiliser le plus grand nombre ; assemblées générales quasi-quotidiennes pour débattre les plans du gouvernement, la situation du mouvement et les actions à mener ; refus que le mouvement soit contrôlé par le syndicalisme étudiant « classique » (ultraminoritaire et fortement lié au PS) ; constitution de multiples Coordinations locales et d’une Coordination nationale pour organiser démocratiquement la mobilisation ; blocage des universités pour assurer la réussite de la grève et occupation de bâtiments transformés en lieux permanents de débats et de préparation des actions ;…
Tout cela a donné une force énorme au mouvement étudiant, a entraîné les lycéens dans l’action, suscité une sympathie générale dans l’opinion et poussé les syndicats de travailleurs a rejoindre le mouvement.
Syndicats : mobiliser et contenir !
Le CPE est une attaque directe contre tous les travailleurs. Le gouvernement l’a imposé sans la moindre concertation avec les syndicats. La généralisation de ce type de contrat rendrait impossible la syndicalisation des jeunes dans les entreprises. Les syndicats avaient donc toutes les raisons de se joindre au mouvement. Mais les directions syndicales ont tout fait pour limiter le mouvement à la lutte contre le seul CPE sans élargir celle-ci contre le CNE et l’ensemble du plan gouvernemental. Et s’ils ont mobilisé fortement pour les manifestations, ils ont quasiment tous refusé de mettre en avant la perspective d’une grève générale, par peur d’un débordement qui remettrait en cause leur contrôle sur le mouvement et la politique attentiste qu’ils ont depuis des années face au gouvernement.
La gauche : voter est mieux que manifester !
Le Parti Socialiste et les Verts ont soutenu le mouvement mais n’ont rien fait pour le renforcer. Les dirigeants de ces partis n’ont qu’un seul objectif en tête : profiter de l’impopularité du gouvernement pour remporter les prochaines élections. Dans ce cadre, la poursuite et l’élargissement du mouvement gênait autant la gauche que la droite, ce qui explique les appels incessants du PS au gouvernement pour « sortir de la crise ».
Une première victoire et après ?
Confrontée à un mouvement qui continuait à grandir – 3 millions de manifestants dans les rues les 28 mars et le 4 avril, de plus en plus de travailleurs dans les manifestations, des grèves qui touchaient non seulement les services publics mais aussi le privé – et minée par les divisions et les haines entre Chirac, Villepin et Sarkozy, la droite a fini par céder et retirer le CPE.
Pour les jeunes et les travailleurs, c’est une victoire éclatante mais qui aurait pu être plus grande encore si les syndicats avaient jeté leur poids pour remettre en cause le reste de l’arsenal des mesures gouvernementales. Le gouvernement Villepin est fortement affaibli et il serait étonnant qu’il ose encore lancer des attaques importantes d’ici aux élections présidentielles de mai 2007. Mais la droite n’est pas encore morte. Sarkozy peut encore rétablir sa position, notamment en jouant à nouveau la carte de l’insécurité. La gauche sort renforcée du conflit mais sans pouvoir crier victoire : dans un récent sondage, 67% des personnes interrogées estimaient que le PS ne ferait « pas mieux » que la droite pour résorber les problèmes de chômage et de précarité !
Deux grands faits émergent de la lutte contre la CPE. Le premier, c’est que toute une nouvelle génération – celle qu’on disait abrutie par la téléréalité et gagnée à l’individualisme – s’est mobilisée, politisée et radicalisée. La deuxième, c’est que le néo-libéralisme n’est pas tout-puissant et qu’une mobilisation de masse peut faire reculer patronat et gouvernement.
Nous en tirons enfin une troisième leçon : c’est que pour donner une perspective d’avenir à ces jeunes et aux travailleurs et remporter de nouvelles victoires plus complètes, il faut que tous ceux qui veulent s’opposer au néo-libéralisme et au capitalisme – pas seulement en paroles mais surtout en actes – unissent leurs forces.
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France: la lutte paie! Résistance contre le néoliberalisme
Les protestations continues contre le CPE (“Contrat Première Embauche”) initiées par les étudiants ont tenu la France en haleine durant des semaines. Cette mesure gouvernementale antisociale avait comme premier objectif de s’attaquer aux conditions de vie des jeunes travailleurs au profit du patronat. La tentative d’imposer ces contrats précaires a été la goutte qui a fait déborder le vase et a provoqué une vague de manifestations et d’occupations qui finalement a pu faire plier le gouvernement français.
Laurent Grandgaignage
Les conséquences de la politique néolibérale se concrétisent
Partout en Europe sont lancées des attaques sur les salaires et les conditions de vie. Peu à peu, les emplois précaires deviennent la norme. Le travail interimaire est à ce titre un très bon exemple: seule une minorité d’intérimaires a un chance d’obtenir un contrat fixe. L’avenir incertain – la possibilité de retomber au chômage – engendre la grogne chez les jeunes et les salariés, et ce très certainement en France, où selon les statistiques officielles 10 pc de la population active est au chômage. Parmi la jeunesse, ce chiffre s’élève à 22 pc!
Ce n’est pas la première fois que le mécontentement dû à la politique néolibérale dominante s’exprime en france. Le ‘NON’ français lors du référendum sur la Constitution Européenne était déjà une expression de cette colère. Sourds à cet avertissement, patronat et gouvernement ont continué à chercher de nouvelles façons de garantir les profits et les intérêts capitalistes jusqu’à cette fameuse « Loi sur l’Egalité des Chances » dont le CPE fait partie.
La détermination et l’ampleur des actions de protestations ont tellement affaibli la position de Chirac et Cie qu’ils n’ont pu que reculer. La lutte paie!
Les jeunes initient le mouvement
Le rôle des étudiants et des lycéens dans ce mouvement a été crucial. Plus de la moitié des universités et du quart des lycées connurent l’occupation et des manifestation se sont déroulées dans plus de 150 villes françaises. Rapidement, salariés et syndicats ont rallié la lutte contre le CPE.
Cette résistance contre la casse sociale n’est pas limitée à la France, ici aussi commence à s’intensifier la voix de la protestation, contre par exemple l’inquiétant plan Vandenbroucke (SP.a) de refinancement de l’enseignement supérieur flamand. Les mesures proposées remodèlent l’enseignement selon les intérêts des entreprises. Les budgets, déjà insuffisants, seront réduits, le financement ne s’effectuera plus qu’en fonction de ce que l’enseignement ‘livre’ à la fin d’un cycle d’étude,… En bref un projet néolibéral dont les étudiants et le personnel seront les victimes, en Flandres pour l’instant. Mais il ne s’écoulera pas beaucoup de temps avant que ces mesures ne nous parviennent dès qu’elles auront été appliquées au nord du pays.
La lutte en France nous apprend que la résitance unifiée des jeunes et des salariés porte ses fruits.
Tous ensemble, nous sommes plus forts contre les attaques du gouvernement et du patronat. C’est ainsi que nous devons lutter afin de mettre fin aux attaques contre nos acquis sociaux.