Category: Europe

  • Russie: L’héritage de Eltsine – capitalisme « sauvage » à travers l’ancienne URSS

    Les masses travailleuses appauvries de l’ex-Union Soviétique assistent, écoeurées, à la floraison d’éloges pour Boris Eltsine, l’ancien président de la Russie, après son arrêt cardiaque le lundi 23 avril.

    Clare Doyle, Comité pour une Internationale Ouvrière, internationale à laquelle est affilié le MAS/LSP

    « Je me suis plus senti d’humeur à la célébration qu’à la tristesse à l’annonce de sa mort » a commenté un travailleur russe, victime d’une des premières privatisations de Eltsine. « Son règne s’est avéré être un cauchemar pour nous. Mais alors, je me suis rappelé que Poutine est toujours là à tenir le fouet. J’ai décidé que rendre aux travailleurs leur confiance dans la lutte pour les idées socialistes était bien plus important! ».

    Nombreux sont ceux qui, à travers le monde, se rappelleront les moments plus légers de la présidence de Eltsine, quand il chancellerait ou parlait de manière incompréhensible devant les médias du monde, clairement sous l’influence de l’alcool. Mais cet homme, maintenant crédité d’avoir apporté la « démocratie et la liberté » en Russie et dans l’ex-Union Soviétique, était à peine moins qu’un dictateur.

    Le démocrate envoie les tanks

    Eltsine a connu la popularité durant les années Gorbatchev en semblant être le fer de lance du combat contre la règle du parti unique et ensuite contre la tentative de coup d’Etat des généraux de 1991. Cependant, près de deux ans plus tard, il envoyait les tanks contre le même bâtiment du parlement qu’il avait précédemment défendu des généraux et, une année après, il a envoyé l’armée dans la république de Tchétchénie pour écraser le mouvement contre l’oppression nationale de Moscou.

    La clique de Eltsine, une fois la politique de privatisation rapides à outrance adoptée, a lutté impitoyablement contre n’importe quelle contestation de leur contrôle basé sur la corruption, qu’elle émane de bandes de voleurs rivales ou de la classe ouvrière qui essayait de contre-attaquer face à l’offensive contre leur niveau de vie. C’est pourquoi Eltsine reçoit une floppée d’éloges de la part des dirigeants capitalistes occidentaux ou des olligarques milliardaires, qui tous n’accordent que peu d’importance à ses méthodes brutales.

    Sa présidence a été un cambriolage visible de tous contre la masse de la population dans la prétendue « transition vers le marché ». L’économie s’est effondrée de 50% en deux ans tandis que quelques uns des ex-membres bien-placés du « Parti Communiste », comme lui-même d’ailleurs, ont effectué le plus grand détournement d’argent de l’histoire.

    La politique des bons

    Des bons ont été distribués à chacun, leur donnant une « part » de l’entreprise dans laquelle ils travaillaient. Puis, en raison de la pauvreté désespérante provoquée par la montée en flèche des prix des nécessaités de base et également par manque de conviction sur ce que représentaient ces bons, la plupart des travailleurs ont vendu leurs bons à des « agents » qui, aux stations de métro ou aux coins des rues, leur offraient de l’argent comptant. Ces « agents » – parmi lesquels bon nombre de pensionnés et de jeunes sans emploi frappés par la pauvreté – travaillaient pour les futurs oligarques qui ont de cette façon assuré qu’ils obtenaient ainsi la part du lion des actifs publics les plus lucratifs.

    A l ‘époque, « Démocratie Ouvrière », le journal du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Russie, déclarait en première page: « La politique des bons est vol! ». Nous avions expliqué le processus qui avait commencé en Union Soviétique au temps où l’économie a commencé à stagner sous la gestion pitoyable – aveugle et faite de gaspillages – d’une bureaucratie forte de 20 millions de membres. Alors que Gorbatchev pataugeait à la fin des années ‘80 dans sa recherche d’une façon de maintenir les privilèges de cette caste parasitaire face à la stagnation, ses « reformes » avaient commencé à réveiller les mouvements de masse des mineurs et d’autres travailleurs.

    Cependant, les crimes de Staline, particulièrement la répression sanglante des véritables traditions d’Octobre 1917 vers la fin des années ‘20 et durant les années 30, ainsi que le train de vie luxueux des suzerains « communistes », ont mené les travailleurs des années ‘80 à regarder à l’ouest en quête d’alternative. Eltsine a exploité ce sentiment pour pousser en avant ses pions et réaliser ses objectifs.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière a plaidé énergiquement pour une « révolution politique » capable de restaurer, après des décennies de totalitarisme, la démocratie ouvrière – pour fournir en fait l’oxygène nécessaire dans une économie d’Etat planifiée. Nous avons averti maintes et maintes fois que la restauration du capitalisme dans « l’Union Soviétique » ne mènerait pas les travailleurs à connaître les conditions de vie moyennes des Etats-Unis ou de la Suède, mais plutôt aux conditions de vie latino-américaines : chômage, hyper-inflation et dictature.

    Tragiquement, avec avec l’arrivée au pouvoir du « démocrate » Eltsine et l’effondrement de l’URSS à la fin de l’année 1991, les travailleurs de cette vaste région, qui souffraient depuis longtemps déjà, ont connu les trois ! La voix de ceux qui plaidaient pour une action indépendante de la classe ouvrière – contre Eltsine aussi bien que contre les généraux – était petite. Nous avons pris position contre l’ancien régime du parti unique et contre l’introduction du capitalisme par Eltsine. Nous nous sommes également opposés à l’interdiction de n’importe quel parti, excepté à caractère fasciste. Eltsine a proscrit le Parti « Communiste » – le parti des vieux dirigeants de l’URSS – mais était tout à fait disposé à permettre l’émergence d’une nouvelle version bien plus nationaliste et réellement pro-capitaliste.

    Hommages

    Parmi les hommages à Eltsine dans les premières heures qui ont suivi sa mort, celui du dirigeant du parti qu’il a interdit en 1991 était particulièrement aigre. Gennady Zyuganov du PCFR (Parti Communiste de la Fédération de Russie) a dit que par respect à son enseignement russe orthodoxe (!), il s’abstiendrait de beaucoup de commentaires si ce n’était un rappel de la tentative de destituer Eltsine à cause de l’amertume et des difficultés qu’il a causé à des millions de personnes. L’homme contre qui Eltsine avait envoyé ses tanks en 1993, Alexandre Rutskoi, parle de façon plus sucrée, en maintenant qu’on se rappellera de Eltsine pour avoir « donné la liberté aux gens » et avoir « établit la justice historique » !

    L’oligarque en exil en Grande-Bretagne Boris Berezovsky y est aussi allé de ses commentaires. Pour lui, la mort de Eltsine à 76 ans est une « tragédie épouvantable » ! Berezovsky était un membre dirigeant de la « famille » Eltsine et a notamment aidé à transférer le pouvoir à son successeur désigné, Vladimir Poutine (avec qui, ironiquement, il est entre-temps à couteaux tirés). Eltsine avait l’espoir que sa démission et sa succession fin du millénaire passé soit honorable. Mais la succession s’est immédiatement fait remarquée par le lancement par Poutine de la deuxième guerre de Tchétchènie afin de gagner les élections présidentielles et de réduire à zéro les quelques droits démocratiques qui avaient été octroyés sous la pression des mouvements de masse du début des années ’90.

    Des paroles sucrées des dirigeants occidentaux sur la mort de Boris Yeltsin sont aussi à prévoir. Les difficultés causées aux dizaines de millions de travailleurs et de pauvres de l’anciennne « Union Soviétique » par la « thérapie de choc » de l’ère Eltsine ne compte pour rien aux yeux de ceux qui voient surtout la victoire du capitalisme sur la planification d’Etat et la propriété publique.

    Nonante années sont passées depuis les héroïques batailles des ouvriers et des paysans pauvres en Russie contre la tyrannie des tsars et contre le capitalisme lui-même. Mais Boris Eltsine n’a pas réussi à enterrer les véritables idées du socialisme et du communisme. Au contraire, l’expérience amère des masses de la population sous ses lois et celles du « capitalisme sauvage » (cruel et chaotique) qui a continué après lui, apporte auprès de plus en plus de personnes dans l’ancienne « Union Soviétique » et ailleurs la compréhension de nécessité urgente de rétablir ces idées et de les mettre en application entièrement !

  • Allemagne: fusion WASG-Linkspartei/PDS. Virage à droite… au nom de « l’unité à gauche » !

    Fin mars, le WASG allemand a décidé d’engager un processus de fusion avec l’ancien parti stalinien d’Allemagne de l’Est Linkspartei/PDS (L.PDS)

    Peter Delsing

    La création du WASG a été l’expression de la résistance massive des travailleurs au gouvernement de coalition SPD-Verts de Schröder qui a mené de 2001 à 2006 la même politique d’austérité que le SP.a et le PS chez nous. Elle témoignait de la rupture d’une partie de l’appareil syndical et de militants d’autres mouvements sociaux avec le SPD.

    On pouvait donc considérer le WASG comme un nouveau parti des travailleurs en construction, comme l’est le CAP en Belgique.

    La principale leçon que nous devons tirer de la fusion en cours du WASG avec le L.PDS est que l’« unité à gauche » ne doit jamais être une unité sans principe sous peine de compromettre tout le processus de construction d’un nouveau parti des travailleurs avec une assise large.

    Le L.PDS se dit de gauche, mais il participe à des coalitions régionales avec le SPD qui ont mené une politique d’austérité semblable à celle du gouvernement national. Ainsi, à Berlin, 100.000 logements sociaux ont été privatisés, des milliers d’emplois ont été perdus dans les services publics et les chômeurs ont dû accepter les fameux emplois à « un euro » (un euro de l’heure en plus de l’allocation de chômage). Des partis qui mettent en œuvre de telles mesures néolibérales ne méritent guère le label « de gauche ». C’est d’autant plus vrai que le L.PDS n’a pas pu s’appuyer sur une base ouvrière active.

    La direction du WASG a toujours aspiré à la fusion au nom de l’unité et de considérations purement électorales. Seuls 12 % des délégués présents au congrès du WASG ont voté contre cette fusion.

    La direction du WASG se composait dès le début d’une couche de bureaucrates syndicaux qui ne voulaient plus s’allier au SPD, mais qui ont gardé une approche parlementariste. Par conséquent, le WASG ne s’est pas développé comme un parti de lutte et il a même perdu des membres malgré une très forte visibilité publique. Le poids de la bureaucratie sur la vie interne n’y est pas pour rien.

    Le SAV, notre organisation-sœur en Allemagne, était le fer de lance de l’opposition à ce virage vers la droite et il est sorti renforcé de cette lutte. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est, où le L.PDS participe à plusieurs coalitions néolibérales, nous militerons en dehors de la nouvelle formation politique. A Berlin, le WASG s’est déclaré prêt à construire une force indépendante du PDS au niveau régional à laquelle nous participerons activement. Dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest en revanche, le nouveau parti unifié peut être considéré comme la seule opposition de gauche. C’est pourquoi nos membres y militeront afin d’y défendre un programme vraiment socialiste.

  • FRANCE : Défenseur du patronat contre défenseur du patronat.

    La participation au premier tour aura été impressionnante : 84,5% des électeurs se sont rendus aux urnes – le plus haut taux de participation depuis la naissance de la Ve République en 1958 – contre 71,60% en 2002. Au duel final : Sarkozy contre Royal.

    Nicolas Croes

    Cette participation massive se devinait déjà dans le taux d’audience d’émissions comme « J’ai une question à vous poser », où près de 9 millions de personnes avaient suivis le passage de Ségolène Royal (qui s’est particulièrement distinguée d’ailleurs en répondant invariablement sur chaque sujet qu’il s’agissait de sa priorité…).

    L’identité nationale au coeur du débat

    Nombreux sont ceux qui voulaient éviter de revivre le séisme des dernières présidentielles qui avaient vu le leader du Front National arriver au second tour. C’est notamment cela qui permet de comprendre la « chute » du FN. Finalement, malgré son score tombé à 11,5%, son nombre d’électeurs est assez stable par rapport à 2002.

    Un peu tôt pour crier victoire, donc. Surtout avec un Sarkozy qui affirme que la pédophilie et les suicides des adolescents sont d’origine génétique, qui veut un « ministère de l’intégration et de l’identité nationale » (même Jörg Haider a dénoncé les « nauséeux relents » de ces propos), qui a fait de la stigmatisation des communautés immigrées l’un de ses credos favoris,… Sans même parler de ce qu’il prévoit pour le monde du travail en général…. En définitive, il très proche de la droite dure de Bush, Berlusconi et Aznar.

    Ségolène Royal l’a suivi sur ce terrain, en allant toutefois bien moins loin, en proposant par exemple l’encadrement militaire des jeunes délinquants « pour leur donner une chance dès le premier délit » ou en se référant à tout bout de champ à l’idée de nation française. On peut comprendre que l’enthousiasme ne soit pas gigantesque au PS malgré un résultat meilleur que celui de Jospin en 2002. De plus, si Sarkozy est soutenu par les plus grands patrons français – dont ceux qui contrôlent des médias ( il intimide ainsi souvent les journalistes en disant « C’est marrant, je connais tous vos patrons, je sais ce qui se passe dans votre rédaction. ») – Royal a derrière elle, entre autres, le patron de l’Organisation Mondiale du Commerce.

    Bayrou profite de l’absence d’alternative

    Bénéficiant de la droite effrayée par Nicolas « Bulldozer » Sarkozy et d’une partie de la gauche qui le voyait mieux parti pour battre le président de l’UMP au second tour, Bayrou, candidat du centre, aura été une des surprises de cette campagne et termine la course avec le score de 18,3%. Pour beaucoup, il aura aussi été le candidat à la fois anti PS et UMP. Il faut dire que les médias l’ont bien aidé à ce positionner de la sorte. Lorsqu’il s’est plaint des manipulations des médias, le Nouvel Observateur l’a soupçonné d’avoir « une prétention extravagante à l’égalitarisme ». Au regard de son passé et de son programme, on ne peut pourtant pas vraiment avoir de doutes sur ce qu’il pense de l’égalité… Mais 58% des Français ont effectivement trouvé (à juste titre) que les médias ont accordé une place trop importante à Nicolas Sarkozy et 63% pensent que les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques.

    Pour tenter de gagner le scrutin ultime, Ségolène Royal devra tout faire pour séduire les centristes, au risque d’augmenter les tensions à l’intérieur du PS. Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il adviendra en cas d’échec, mais la droite du PS pourrait être amenée à se rapprocher du centre et la gauche des débris du PCF et des Verts qui n’obtiennent respectivement que 2% et 1,5%, faute d’apparaître comme des alternatives crédibles.

    Préparons les luttes à venir !

    Plus à gauche, la division a eu un prix et, malgré les 56% de Français qui avaient voté NON à la Constitution Européenne majoritairement sur une base de gauche ainsi que le très fort sentiment antisystème, c’est l’échec. L’exception est Olivier Besancenot (LCR) qui réussit même à engranger 600.000 voix supplémentaires et arrive presque aux 5% (4,5%). Espérons que, contrairement aux fois précédentes, il sortira de ce résultat un véritable appel pour mobiliser l’électorat de l’extrême-gauche dans le cadre de la création d’une formation large anti-néolibérale où chaque tendance pourra s’exprimer.

    La tâche est aujourd’hui à la préparation des interventions sur le terrain contre la casse sociale qui viendra de la droite ou de la « gauche ». Nous comprenons bien que des travailleurs et des jeunes, surtout des banlieues, voudront arrêter Sarkozy lors du second tour. Malheureusement, nous ne pensons pas que la politique de Ségolène Royal et du PS sera fondamentalement différente. Par contre, nous pensons que leur politique va plus encore mener à un je-m’en-foutisme et renforcer la droite et l’extrême droite tant que n’existe pas d’alternative crédible.

  • Elections françaises : Sur 12 candidats, combien de travailleurs ?

    Seuls Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et José Bové connaissent véritablement les réalités du niveau de vie des travailleurs! Cela ne veut pas encore dire qu’ils sont les meilleurs pour défendre leurs intérêts, mais comment les travailleurs et leurs familles peuvent-ils être représentés et défendus correctement par des millionaires qui n’imaginent même pas la difficulté de joindre les deux bouts à la fin du mois?! Petit tour d’horizon…

    Stéphane Ramquet

    Jean-Marie Le Pen, le candidat du parti néo-fasciste (FN) est assujeti à l’ISF (impôt sur la fortune) à hauteur de 1643€ pour l’année 2006. En outre, il déclare un patrimoine équivalant à 1,37 million d’€, il détient aussi un porte-feuille d’action dont la valeur est inconnue. Son salaire d’eurodéputé lui rapporte aussi 6700€ brut par mois. Jean-Marie Le Pen, l’ami des travailleurs? sûrement pas! Son patrimoine et ses intérêts boursiers en font un candidat bien proche du patronat.

    Nicolas Sarkozy (UMP, libéral-conservateur), quant à lui est le plus riche des candidats et aussi asujeti à l’ISF à hauteur de 1988€ avec un patrimoine de 1,13 million d’€. En tant que ministre, Nicolas Sarkozy touchait mensuellement 14.000€ brut.

    Ségolène Royal, la candidate très sociale-libérale du Parti « Socialiste » est aussi asujetie à l’ISF à hauteur de 862€ et partage un patrimoine de 900.000€ avec son compagnon François Hollande, secrétaire général du PS. Ensemble il détiennent un appartement de 120² en Hauts-de-Seine, une maison dans les Alpes-maritimes, ainsi qu’une maison dans les Deux-Sèvres. Son revenu de président du conseil régional du Poitou-Charente s’élève à 5.227€ brut.

    François Bayrou (UDF, centre-droit) n’est lui pas asujeti à l’ISF mais déclare quand même un patrimoine de 607.000€. Son revenu de député s’élève à 6.892€ brut.

    À l’opposé, Olivier Besancenot (LCR, se revendiquant de la tradition trotskiste) déclare un revenu de 1.100€ net que lui rapporte son salaire de facteur. Il est propriétaire avec sa compagne d’un appartement de 55m² dont il rembourse toujours le crédit.

    José Bové (altermondialiste) a un revenu net de 1220€ mensuel que lui rapporte son salaire associé d’un Groupement agricole.

    Arlette Laguiller (LO, se revendiquant également de la tradition trotskiste) enfin vit de sa pension de La Poste qui s’élève à 2.276€

    Tous les autres candidats (à l’exception de Nihous, le candidat chasseur), Voynet (Les Verts, « écologistes »), Villiers (MPF, extrême-droite), Schivardi (candidat des maires), et Buffet (Parti « Communiste » Français) vivent de leur mandat électif qui leur rapporte plus que de quoi bien vivre. (précisons tout de même que Marie-Georges Buffet rend une partie de son traitement de députée à son parti).

    Les travailleurs et la jeunesse ont besoin d’un réel prolongement politique. Le train de vie d’une candidate comme Ségolène Royal montre une fois de plus que le PS n’est plus leur parti. La LCR, tout comme LO, ne peut prétendre être à elle seule ce nouveau parti. Il faut que les forces anti-libérales, que les travailleurs, la jeunesse les immigrés et les chômeurs s’unissent dans un nouveau parti des travailleurs, une nouvelle force qui sera la coupole des luttes. En attendant pour montrer que c’est cela que nous voulons, soutenons les vrais candidats des travailleurs.

    Un maximum de voix pour ces candidats rendra encore plus visible la dénonciation du capitalisme. Mais pour renverser ce système, le vote ne suffira pas. Il faut dès à présent préparer les luttes, s’organiser, et approfondir l’analyse du capitalisme pour développer une orientation réellement socialiste et révolutionnaire. Notre organisation-soeur en France, le Gauche révolutionnaire, fait campagne sur ce thème tout en appelant à voter pour la LCR ou pour LO.


    NB: L’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est un impôt français payé par les personnes détenant un patrimoine net (défini selon les règles de la loi) supérieur à 760 000 euros (seuil au 1er janvier 2007). L’ordre de grandeur de cet impôt est de 1% (fourchette de 0,55% à 1,80%). (fr.wikipedia.org)

  • France. Bayrou superstar?

    Pas moins de 12 candidats seront présents au 1er tour des présidentielles. Parmi eux, François Bayrou, candidat de l’Union pour la Démocratie Française (U.D.F. – centre droit), crée la surprise. Alors qu’il n’avait obtenu que 6,8% en 2002, il se trouverait actuellement aux alentours des 20% selon les sondages – qu’il faut toutefois lire avec prudence.

    Baptiste Daveau

    L’ « effet Bayrou » illustre un rejet des deux principaux candidats (Ségolène Royal, PS, et Nicolas Sarkozy, UMP). Bayrou se présente comme l’alternative idéale et dit vouloir réunir la gauche et la droite qui veulent bien « discuter ». Entendez par là : « ceux qui veulent bien se mettre d’accord pour mettre en place des plans d’austérité ».

    Bayrou mène donc une campagne très opportuniste. A son premier meeting parisien, il s’est posé comme le « président du peuple », celui qui défend « la France des paysans contre les milliardaires du CAC 40 et les vedettes du show-biz ». Mais ne soyons pas dupes ! Ce candidat très catholique, autoproclamé « anti-système » était Ministre de l’éducation de 1993 à 1997 dans un gouvernement de droite. Il a principalement été remarqué en rassemblant… un million de manifestants en 1994 contre sa réforme de l’enseignement ! Lui qui, en tant que député européen, défendit ardemment l’Europe libérale et la Constitution européenne se fait maintenant passer pour l’alternative!

    Bayrou, en définitive, n’est qu’un candidat défendant les intérêts du patronat au même titre que Sarkozy ou Royal. Son programme électoral veut construire une France « pro-entreprises et pro-recherche ». Comment ? En diminuant les taxes pour les entreprises… Ses déclarations du style « Je sais ce que c’est que de vivre avec 640 euros par mois : c’est la retraite de ma mère ! » ne font que démontrer qu’il a très bien compris qu’une recherche d’alternative est en cours en France et qu’il veut l’utiliser.

    Malgré les mobilisations de masse – et les victoires – qui ont eu lieu depuis quelques années en France (NON au référendum, lutte contre le CPE,…), aucun prolongement politique des luttes des travailleurs n’est ressorti. Cependant, malgré la division à la gauche du PS, Buffet (PCF), Laguiller (LO), Besancenot (LCR) et Bové récoltent tout de même encore plus de 10% réunis (ce qui est quand même moins qu’en 2002).

    Ce score et l’ampleur des intentions de vote pour Bayrou – bien plus significative d’un refus de Royal et Sarkozy que d’une véritable adhésion au programme de celui-ci – illustrent le potentiel que pourrait avoir un nouveau parti des travailleurs et une candidature anti-néolibérale qui prolongerait les revendications des travailleurs sur le terrain politique. Ce ne sera hélas pas pour cette fois, mais nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire continuent à faire campagne sur ce thème.

  • Toujours la même politique sans alternative crédible à gauche

    France: Sarkozy contre Royal

    La campagne présidentielle est bien lancée, sur fond de dégoût face à la politique suivie par les gouvernements de Raffarin et Villepin depuis 2002 : soutien à la constitution européenne rejetée par les Français lors du référendum en 2005, attaque contre les pensions, privatisation des services publics, promotion de nouveaux contrats flexibles et précaires,… 80% des français sont aujourd’hui opposés à une nouvelle candidature de Chirac.

    Boris Malarme

    Les politiciens, la presse, les sondages sont focalisés sur le match annoncé pour le 2e tour entre Nicolas Sarkozy pour l’UMP et Ségolène Royal pour le PS. Mais si les thèmes principaux qui préoccupent les Français sont l’emploi, les salaires, l’enseignement, la sécurité sociale,…. les réponses que donnent Sarkozy et Royal montrent qu’ils veulent continuer la même politique, celle qui assure de nouveaux profits records aux actionnaires aux détriments de la collectivité.

    Avec ce duel, l’enjeu du premier tour est relégué au second plan. La menace d’un Le Pen au deuxième tour, comme en 2002, semble être écartée par les scores des deux principaux candidats. Mais il est quand même crédité de 13% dans les sondages (à la mi-février) alors qu’en 2002, il se situait entre 8 et 10% à la même période. Entre les deux tours de 2002, des centaines de milliers de jeunes étaient sortis dans les rues contre le FN. Mais l’absence d’une autre perspective que de barrer la route à Le Pen par la voie des urnes en votant Chirac et cinq années de politique antisociale de la droite ont permis au FN de rester en selle.

    Sarkozy, représentant le plus zélé des capitalistes

    Sarkozy – Ministre de l’intérieur ultra-répressif, à l’attitude et au discours agressif envers les immigrés, les jeunes et les syndicalistes – a changé quelque peu de tonalité comme candidat. Mais le fond reste identique.

    Son programme est encore plus néolibéral que celui des précédents gouvernements. Il défend les riches en voulant diminuer de moitié l’impôt sur la fortune à travers des astuces fiscales, supprimer les droits de succession, défiscaliser complètement les heures supplémentaires ou encore créer un contrat de travail unique (ce qui signifie liquider les contrats à durée indéterminée en les remplaçant par un modèle de contrat plus flexible et précaire).

    Pour lui, chômeurs, pensionnés et fonctionnaires (dont il veut liquider 225.000 postes pour 2012) sont des fainéants et des profiteurs. Il sait ce qu’il veut et le dit : une vague d’attaques contre les salaires et les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles.

    Pour faire passer une telle politique, il la présente comme seule capable de " relever la France " et surtout il joue sur son image d’ " homme fort " qui veut mettre fin à l’insécurité et à la délinquance.

    Royal, un emballage différent

    Royal, pourtant favorite avant le démarrage de la campagne, a perdu 22 sondages consécutifs entre la mi-janvier et la mi-février au profit de Sarkozy. Ses bourdes à répétition et les tiraillements au sein de son personnel politique pourraient-ils lui faire perdre les élections? Il est sans doute encore trop tôt pour le dire, plus de 50% des électeurs se disant encore indécis.

    Royal pourrait bénéficier d’un important soutien au nom du " moindre mal " face à la menace que représente Sarkozy. Nous comprenons ceux qui se sentent poussés à voter pour Royal afin de barrer la route à Sarko, mais sa politique ne serait pas fondamentalement différente. Ayant Tony Blair pour modèle, elle préconise de nombreuses diminutions de charges pour les patrons et avec une richesse personnelle réelle estimée à un peu moins d’un million d’euros, elle provient du même milieu que Sarkozy.

    Ses propos contre les profs, considérés comme des profiteurs qui devraient prester l’ensemble de leurs heures à l’école, révèle le mépris qu’elle porte aux travailleurs. Royal défend la même politique néolibérale que la droite et n’a de plus social que l’emballage. Alors que Sarkozy annonce ses intentions, Royal renoue avec les traditions des promesses qui ne seront pas tenues.

    Royal a pourtant encore un autre atout dans sa poche. C’est que, sur sa gauche, rien ne semble avoir changé depuis 2002 : une candidature crédible d’opposition à la politique néo-libérale fait toujours défaut. Marie-Georges Buffet (Parti Communiste Français), Olivier Besancenot (Ligue Communiste Révolutionaire), Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), Gérard Schivardi (Parti des Travailleurs) et José Bové présentent chacun leur propre candidature.

    Pourquoi autant de cavaliers seuls ?

    Malgré les mobilisations de masse passées, aucun prolongement politique aux luttes des travailleurs et des jeunes n’a émergé. Un large mouvement unitaire et antilibéral s’est formé à partir de la campagne pour un " Non de gauche " à la constitution européenne. Mais les objectifs et la stratégie politiques n’ont jamais pu être éclaircis au sein de ce mouvement. Aucune force n’y a défendu la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs unifiant la résistance contre la politique néolibérale.

    Le PCF a maintenu son orientation habituelle : d’un côté, il critique Royal mais, de l’autre, il se prépare à la possibilité de rentrer dans un nouveau gouvernement de gauche plurielle avec le PS. La LCR a une orientation plus claire d’opposition à toute collaboration gouvernementale avec le PS mais elle n’a pas défendu clairement cette position au sein des collectifs antilibéraux et a choisi très vite de présenter son propre candidat. Si Bové est sans doute le candidat le plus " populaire ", il a maintenu un flou certain sur ses rapports futurs avec le PS et il n’était préparé en réalité à une candidature de rassemblement… que sur sa propre candidature. Quant à Lutte Ouvrière, elle s’est maintenue à l’écart de tous les débats et a annoncé depuis le début qu’elle présenterait sa propre candidate (dont ce sera la sixième tentative).

    Notre organisation-soeur en France, la Gauche Révolutionnaire, continue à mener campagne pour un nouveau parti des travailleurs. Ensemble, l’extrême-gauche est créditée de 11% dans les sondages, un résultat équivalent à celui de 2002. Cette force électorale illustre le potentiel et le succès qu’aurait une nouvelle formation telle que le CAP en France. Malheureusement, ni LO, ni la LCR n’utilisent les possibilités présentes pour faire émerger une nouvelle formation de masse des travailleurs, ce qui laisse la voie libre aux politiciens traditionnels.

  • Le Pen : Candidat de la vie et du peuple ?

    Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est ainsi que s’est présenté le candidat du Front National à sa deuxième convention présidentielle à Lilles : candidat de la vie face au désastre écologique, candidat du peuple face à « l’appauvrissement général » et au « capitalisme prédateur ». Assiste-t-on à l’arrivée d’un Jean-Marie Le Pen nouveau ?

    Nicolas Croes

    Dans la « gigantesque société anonyme planétaire », « le pouvoir appartient à quelques milliers d’analystes, de traders et gestionnaires » qui « n’ont qu’une seule patrie: l’argent ». Le Pen dénonce aussi « des grands requins de la finance » toujours « à la recherche de sociétés à dévorer ».

    Pourquoi un tel revirement ? C’est qu’en France aussi, le fossé entre riches et pauvres devient gouffre, ou abîme. A titre d’exemple, ces trente dernières années, le taux de pauvreté parmi la population active a augmenté de 38%. Habilement, Le Pen utilise cette situation pour se présenter en seule alternative puisque les gros candidats ont tous participé à un moment ou à un autre à un gouvernement qui a appliqué un politique d’austérité satisfaisant le patronat. « Tous responsables, tous coupables ! » dit-il encore. Faute d’alternative crédible à gauche, il peut pointer cette réalité avant de détourner l’indignation et l’aspiration au changement vers ses idées nauséabondes.

    Derrière les mots, une politique encore pire …

    En guise de solution, le « capitalisme éclairé » de Le Pen est constitué d’augmentation du temps de travail, de diminution de l’impôt sur le revenu et les successions (impôts qui dérangent surtout les (très) riches), à côté de mesures contre les immigrés, « cause essentielle de l’appauvrissement généralisé » (tiens, ce n’est plus les « requins de la finance » ?). Le même jour, sa fille a présenté le programme économique du FN, fait de 70 milliards d’euros « d’économies sur le train de vie de l’Etat » et de 36 milliards d’euros de baisses d’impôts. Mesures qui en réalité seront des économies sur les dépenses sociales et des baisses d’impôts pour les riches et les entreprises…

  • Italie: Chute du gouvernement Prodi

    Italie: Chute du gouvernement Prodi

    Le gouvernement de Romano Prodi n’a vécu que 281 jours. L’augmentation du budget destiné à prolonger la présence des troupes italiennes en Afghanistan et le permis accordé pour l’élargissement de la base militaire américaine à Vicenza ont été les gouttes qui ont fait déborder le vase.

    Les élections d’avril 2006 ont porté la gauche au pouvoir. L’aversion envers Berlusconi et la politique de son gouvernement de droite était grande. Beaucoup d’électeurs ont voté avec l’espoir d’un vrai changement.

    Mais, face aux grands problèmes que connaît l’économie italienne, la bourgeoisie a exigé de nouvelles attaques contre les travailleurs. Le gouvernement de Romano Prodi a un peu changé les formes mais a choisi de continuer la même politique : le budget présenté par le gouvernement Prodi aurait tout aussi bien pu être celui du gouvernement précédent.

    Le PRC (Partito di Rifondazione Comunista) – qui apparaissait comme la principale opposition combative à Berlusconi au cours des dernières années – a participé au gouvernement et ne s’est presque pas opposé aux mesures antisociales de Prodi. Il s’est par contre divisé sur la question de l’agrandissement de la base militaire de Vicenza ; plusieurs parlementaires et même un ministre ont participé à la grande manifestation du 17 février qui a réuni 200.000 participants.

    La campagne pour la manif de Vicenza a été portée par la population locale, des militants antiguerre de tout le pays, des membres des petits syndicats de base et du syndicat métallo FIOM et surtout par beaucoup de jeunes inorganisés politiquement. Elle a provoqué de grosses tensions au sein du PRC qui ont amené des parlementaires du parti à ne pas voter la confiance au gouvernement.

    La participation à l’équipe Prodi a ouvert une crise interne très sérieuse au sein du PRC. Un parti des travailleurs doit choisir le côté des travailleurs et ne doit pas participer à une politique néolibérale. Le fait que la gauche mène une politique de droite ouvre la porte à une nouvelle victoire électorale de la droite.

    Le PRC devrait rompre avec cette politique et aider à développer les luttes et les mouvements contre la guerre, les privatisations, les attaques contre la sécurité sociale,… Malheureusement, la direction du parti semble choisir de continuer son tournant à droite en soutenant probablement un nouveau gouvernement Prodi.

  • Italie : Les étroites limites du « moindre mal »

    Les élections d’avril 2006 ont porté la coalition de Prodi au pouvoir, mais surtout fait tomber Berlusconi. Christel Dicembre, membre de Lotta per il Socialismo, organisation-soeur du Mouvement pour une Alternative Socialiste en Italie, nous explique quel bilan nous pouvons déjà tirer de cette élection du « moindre mal ».

    Alternative Socialiste : En avril 2006, la coalition de Prodi l’a emporté de justesse sur Berlusconi. On peut dire que cette légère victoire était surtout dû à l’effet anti-Berlusconi plutôt qu’à un vrai programme. Peut-on déjà faire une petite analyse du gouvernement Prodi et voir ses résultats ?

    Christel Dicembre : "Et ses dégâts ! Ce que l’on peut constater c’est que, comme on l’avait prévu lors de la campagne électorale, Prodi se trouve être un atout de la bourgeoisie pour attaquer les travailleurs tout en limitant au maximum la contestation sociale. En décembre, un sondage réalisé par l’Institut National de Statistiques pendant la crise du budget, a fait ressortir qu’à la question de savoir si Prodi faisait mieux ou pire que berlusconi, 40% des sondés ont répondus « pire ». L’illusion du moindre mal n’a pas duré longtemps. Sa situation actuelle résulte de 3 facteurs :

    1. Le sentiment anti-Berlusconi qui règne encore, renforcé par une manifestation ce 2 décembre dernier où Berlusconi a réussi à mobiliser sa base à tel point que l’on a pu assister au défilé d’un million de manifestants à Rome pour réclamer la chute du gouvernement et la démission de Prodi.

    2. Le rôle de la bureaucratie syndicale. En Italie, le taux de syndicalisation est nettement plus bas qu’en belgique et la base est étouffée par une bureaucratie qui est comme cul et chemise avec le gouvernement et l’équivalent italien de la FEB, la Confindustria.

    3. L’absence d’un parti capable de représenter les intérêts des jeunes, des travailleurs et des immigrés."

    AS : Il existe tout de même le PRC (Partito di Rifondazione Comunista/Parti de la refondation communiste, créé en 1991 et issu de l’aile gauche du vieux Parti Communiste italien). N’est-il pas capable de représenter la classe ouvrière ?

    CD : "Le PRC participe au gouvernement et a jusqu’à présent a signé toutes les attaques qui en sont sorties."

    AS : Peux-tu préciser ?

    CD : "Le PRC a finalement signé le refinancement de la mission militaire italienne en Afghanistan, la mission de l’ONU au Liban (le mouvement anti-guerre est assez fort en Italie NDLR), mais surtout, le PRC a signé le Budget (Finanziaria) qui prévoit des coupes drastiques dans l’enseignement et l’augmentation du nombre d’élèves par classe (alors qu’il y a déjà 30 élèves par classe actuellement), des coupes dans les soins de santé (avec l’instauration d’une taxe supplémentaire pour les urgences selon la gravité), le passage à un système d’enveloppe fermées pour les transports publics dans les communes et le service civil (pompiers, gardes forestiers,…), et d’autres choses encore."

    AS : Le PRC a-t-il un autre choix pour éviter le retour de Berlusconi ?

    CD : "Il faut savoir que Refondazione Comunista était, ou est encore, mais de moins en moins, un parti radical qui a eu jusqu’à l’invasion de l’Irak un grand potentiel de mobilisation avec une implantation aussi bien chez les jeunes que chez les travailleurs. Si, comme il le prétend, il s’est présenté dans la coalition de Prodi pour la tirer à gauche, il aurait pu tout à fait donner un soutien critique au gouvernement en restant à l’extérieur et en donnant son accord en fonction des propositions comme c’était le cas lors du précédent gouvernement Prodi (entre 1996 et 1998). Il y a une incohérence complète : il participe à la fois au gouvernement et essaye de mobiliser à la base. Ce double jeu ne peut duper longtemps les travailleurs. Alors que dans cette période de remontée des luttes au niveau européen, on peut assister à la création de nouveaux parti des travailleurs (comme le WASG en Allemagne ou le CAP en Belgique), le PRC aurait pu être un fameux facteur d’attraction. Mais sa direction est complètement bourgeoisifiée, a oublié sa base et se tourne vers la « gauche » européenne. Et vu que le PRC a en son sein des tendances bien plus radicales, on ne peut lui donner encore une espérance de vie bien longue."

    AS : En 1998, c’était le PRC qui avait fait chuter Prodi en lui retirant son soutien, Berlusconi était ensuite arrivé au pouvoir. Est-ce qu’on en est réduit à un jeu de pendule entre Berlusconi et Prodi ?

    CD : "Entre 1996 et 1998, il y a eu le début de la libéralisation des chemins de fer, l’introduction de l’Italie dans le processus de l’euro (qui a signifié une inflation de 50% pour les Italiens…et l’incapacité de dévaluée la monnaie comme ce fut le cas dans le passé) entre autres mesures associales. Plutôt qu’un balancement entre Prodi e Berlusconi, il y a une continuité. Mais c’est vrai que tant qu’il n’y a pas d’alternative à la politique néo-libérale, ce sera sans cesse un jeu entre une droite dure et un « moindre mal » qui ressemble au choix entre la peste et le choléra. Mais si le PRC n’abaissait pas son programme et défendait vraiment un programme socialiste, au vu de son potentiel de mobilisation, il irait vers un succès croissant, notamment avec le détachement des travailleurs par rapport aux syndicats confédéraux et la montée d’influence de syndicats de base (comme COBAS).

    "Pour illustrer cela, on a vu il y a quelques semaines le directeur général de la CGIL (Confédération générale italienne du travail), se rendre à l’usine Mirafiori (l’usine historique de Fiat) pour y défendre le budget du gouvernement. Il s’est fait suffler par les travailleurs, qui sont sortis avant la fin du speetch, certains criant « Bertinotti, traître ! » (Bertinotti est l’ancien président du PRC et depuis peu Président de la Chambre des députés italienne).

    "Un appel à la grève générale a été lancé par COBAS pour le 17 novembre contre le Budget austère de Prodi, la CGIL est aller tracter devant les usines pour dire que la grève ne serait couverte en aucun cas !

    "Le PRC reste un point de référence, mais cela risque de basculer avec les nouvelles réformes des pensions (une augmentation de l’âge pour accéder à la retraite) alors que le PRC s’est toujours présenté comme le défenseur des pensions. Bertinotti n’en souffrira pas, il a déjà deux pensions en plus d’un salaire…"

    AS : Peux-tu dire un mot au sujet de notre organisation en Italie ?

    "Nous sommes très très peu présent pour l’instant puisque le travail du CIO (Comité pour une internationale Ouvrière, organisation révolutionnaire mondiale dont le MAS/LSP est la section belge) sur place ne date que de 4 mois, en envoyant là-bas des camarades de différents pays. On ne peut pas développer de véritable travail en Europe sans être présent en Italie, où le développement des luttes est impressionant.

    "Nous avons cependant déjà de bonnes perspectives de construction. cela faisait déjà quelques années que nous avions des contacts sur place, mais nous tirions nos analyses et perspectives de l’extérieur. Mais de l’extérieur, il est difficile de savoir exactement ce qui vit parmi la classe ouvrière."

  • Elections présidentielles en France : Sarkozy-Royal, un faux choix

    Interview d’Alex Rouillard, membre de la Gauche Révolutionnaire, organisation-soeur du Mouvement pour une Alternative Socialiste en France.

    Alternative Socialiste : En Belgique aussi, on parle beaucoup des élections présidentielles françaises. Vu d’ici, ou plutôt vu de la presse bourgeoise, on a un peu l’impression qu’il ne s’agit que d’un match Nicolas Sarkozy/ Ségolène Royal. On imagine que c’est un peu plus compliqué…

    Alex Rouillard : C’est au contraire plus simple. La france connaît un gouvernement de droite depuis plusieurs années. Une politique néo-libérale extrême a été menée qui a conduit à la résistance des jeunes et des travailleurs. dans ce contexte, il est logique qu’apparaisse une forte polarisation entre celui qui représente la continuation de cette politique et la recherche d’un ou une candidat capable de s’y opposer.

    AS : Ségolène Royal représente-t-elle cela ?

    AR : Malgré des tentatives, il n’y a pas de candidats capables de représenter les luttes passées en rassemblant autour de lui. Ségolène Royal capte l’anti-sarko mais pas par ses positions politiques. S’opposer à Sarkozy sur le terrain électoral est la question centrale de son programme.

    AS : Donc, Ségolène n’est pas assez à gauche. Mais en 2002, on avait dit la même chose de jospin et, affaiblit par l’extrême-gauche, c’est Le Pen qui est passé au second tour…

    AR : Si Jospin a fait si peu de voix en 2002, c’est parce que la politique qu’il avait menée n’était pas assez à gauche et les travailleurs ne lui ont donc pas apporté leur soutien. Le Pen a capté à l’époque une partie du mécontentement mais on a vu au second tour qu’il n’a pas plus progressé. A l’époque, l’extreme gauche a fait plus de 10 % mais n’a pas cherché à utiliser ce score pour construire une alternative. Aujoursd’hui, Royal ne se différencie pas de Jospin. La différence est que le gouvernement actuel est un gouvernement officiellement de droite qui porte donc le bilan des attaques menées ces dernières années. Ce qui manque face à ça, c’est un ou une candidate qui défendrait un programme anti-capitaliste et une perspective de rassemblement pour construire une alternative. Dans un tel cas, il ne serait pas certain qu’elle arrive à capter tout l’effet anti-Sarko, et ce ne serait pas Le Pen qui en bénéficierait.

    AS : La Gauche révolutionnaire ne se présentera pas à l’élection présidentielle.

    AR : Nous ne pouvons pas nous présenter pour une question de moyens. Nous sommes en faveur qu’un candidat rassemble les jeunes et les travailleurs contre la politique néo-libérale. Mais aucune force se réclamant de l’anti-capitalisme ou de l’anti-néo-libéralisme n’a cherché à le faire réellement. Le problème n’est pas celui d’une dispersion des voix à gauche de Ségolène, mais plutôt celui de l’absence d’une candidature qui rassemble ces voix. Elle aurait mis au centre de son action la préparation des luttes futures contre Sarkozy ou Royal. Chacun des deux au pouvoir mènera une politique d’attaques contres les acquis des travailleurs. C’est l’absence d’un nouveau parti des travailleurs qui permet à Royal et à Sarkozy d’occuper à ce point le débat politique.

    Ni la LCR (Ligue Communiste révolutionnaire), ni LO (Lutte Ouvrière) n’ont voulu d’un tel candidat. Pour autant, la question d’un maximum de voix se portant sur ceux qui sont perçus par les jeunes, les travailleurs… et les patrons comme anti-capitalistes est importante.

    AS : Vous allez donc appeler à voter pour la LCR et LO ?

    Oui, nous appellerons à voter pour eux au premier tour. En même temps, nous appellerons à transformer ce soutien électoral en un rassemblement pour les luttes futures qui vont nous opposer aux futures attaques néo-libérales du prochain gouvernement.

    Certains vont voter pour Ségolène Royal pour empêcher Sarkozy de passer. Nous comprenons largement ce souci et nous ne chercherons pas à faire le jeu de Sarko, nous ne sommes pas partisans de la politique du pire. Mais là aussi, la question centrale, quel que soit le scénario du second tour, sera de préparer les luttes des travailleurs. A travers elles il faudra défendre la nécessité d’un parti indépendant des travailleurs et des jeunes, et l’absence d’un tel organe de lutte est la grande caractéristique de ces élections.

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