Your cart is currently empty!
Category: Europe
-
Traité de Lisbonne : Le retour de la Constitution européenne
Le 18 octobre a vu les dirigeants européens conclure un accord à Lisbonne sur le texte d’un traité européen. Ce texte est une version raccourcie de la Constitution européenne qui avait été rejetée par référendum en France et aux Pays-Bas. Le principal changement après ces référendums est que le mot “Constitution” est devenu tabou.
Pour le reste, les grandes lignes demeurent inchangées : la Commission européenne en sort renforcée et on adapte quelque peu les structures. Le contenu néolibéral du projet avorté de Constitution européenne ne connaît pas le moindre infléchissement. Barroso, le Président de la Commission, était ravi : “Ce traité va permettre à l’Union européenne d’offrir des résultats concrets aux citoyens européens”. Après les opérations de libéralisation dans le secteur de l’énergie et bientôt dans les services postaux, nous savons ce que ça signifie.
Les dirigeants politiques en Europe démontrent une fois de plus leur arrogance. Si la population vote “mal” dans un référendum sur une constitution néolibérale, ils la rebaptisent “traité”. L’ex-Premier ministre italien D’Amato en donne une signification limpide : “Mieux vaut ne pas l’appeler Constitution afin de couper court aux appels à un référendum”.
Quelque 200.000 personnes ont manifesté à Lisbonne pendant les négociations en faveur d’une Europe sociale. Les négociateurs ont balayé leurs revendications d’un revers de la main. L’UE va promouvoir encore plus la soi-disant “flexicurité” : travailler de façon flexible avec une “protection “ sociale. On y met évidemment davantage l’accent sur le renforcement de la flexibilité pour les salariés.
Rien d’étonnant donc à ce que la FEB réagisse favorablement au nouveau traité européen et à la “dynamique européenne retrouvée”. En revanche, on ne peut que déplorer le fait que la Confédération européenne des Syndicats (CES) ait déjà annoncé son soutien au traité sous prétexte qu’il offre un “dénouement” à la “crise institutionnelle”.
Le rejet de la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas n’était pas une question « institutionnelle », mais un rejet de la politique néolibérale que prône l’Union européenne.
Nous nous opposons aux projets néolibéraux de l’Europe capitaliste, mais aussi à ceux des politiciens eurosceptiques qui veulent appliquer les mesures néolibérales avec des recettes nationalistes.
-
Non aux lois anti-sociales et racistes ! Oui à la Grève Générale Reconductible maintenant !
De retour de vacances, Sarkozy a décidé de mener ses réformes anti-sociales et racistes à un rythme effréné. Il a pris son temps pour offrir 12 milliards d’euros aux capitalistes. Aujourd’hui ce sont les plus pauvres et les travailleurs qui trinquent. Les premiers qu’il a attaqués sont, comme toujours, les plus faibles : les sans-papiers. Ensuite les malades, avec la franchise médicale. Aujourd’hui il veut mettre à son tableau de chasse les fonctionnaires, les cheminots et le service public.
Jalil, MAS-Bxl
Sarkozy montre sa détermination à instaurer ses lois réactionnaires : il veut mettre à genoux les secteurs les plus syndiqués et les plus combatifs afin de faire taire à jamais les luttes sociales, tactique déjà utilisée par Tchacher dans la lutte des mineurs. Son plan est simple : d’abord en terminer avec les acquis du public, pour ensuite voir à la baisse les acquis du privé et de tous les travailleurs.
La résistance s’organise
Face à cela, la résistance s’organise à travers de nombreux meetings, manifestations, actions….L’une des dates importantes fut la grève de ce jeudi 18 octobre pour défendre les « régimes spéciaux » appelés par tous les syndicats. Il est clair que face à ces attaques sans précédent depuis 30 ans, une grève de 24h dans un secteur ne suffira pas. Seuls trois syndicats (FO-cheminot, SUD-rail, FGAAC) ont appelé à mener une grève reconductible, par tranches de 24h. D’autres secteurs comme l’enseignement, le gaz, l’électricité, les étudiants, la poste ont appelé ici ou la à faire grève ou à manifester.
La mobilisation fut une réussite totale : à la SNCF, on comptait 75 % de grévistes. A la RATP, on tournait autour des 56 % ; pour les trains corail ou certaines lignes RER/Ile-de-France, rien ne circulait. Pour les autres secteurs, là où les syndicats avaient appelé à des actions, le niveau de grévistes augmentait. Dans l’enseignement, on comptait de 10 % à 30 % de grévistes. A la poste on était en-dessous de la barre des 10 %, mais à EDF et GDF, on dépassait les 50 % de grévistes. De nombreux secteurs locaux ont aussi fait grève comme les intermittents, les journalistes, les cantines ….
Il y a aussi eu de nombreuses manifestations partout en France : 300.000 selon les organisateurs. L’on y voyait les étudiants, les lycéens, les travailleurs du privé et du public, les sans-papiers, tous ensemble contre les politiques néo-libérales de Sarkozy. Cette journée aurait pu être une plus grande réussite encore si seulement les bureaucraties syndicales des fonctionnaires avaient mobilisé, au lieu de renvoyer leur actions à la mi-novembre…
Les directions syndicales dépassées par leur base
Dans de nombreuses assemblées générales, les cheminots ont voté à 95 % pour reconduire la grève. Cependant, au même moment, le représentant CGT, Thibault, appelait à la reprise du travail ! Le syndicat corporatiste FGAAC (représentant juste 3 % des travailleurs de la SNCF mais plus de 30 % des conducteurs) a négocié en solo le 18 octobre. Après avoir soi-disant eu certaines « avancées » (celle de travailler 5 ans de plus à la place de 10 ans, par exemple…), il appelait lui aussi à la reprise du travail.
Il y a eu plusieurs assemblées générales interprofessionnelles comme en île-de-France ou à Lille, qui réunissaient la base CGT, FSU, SUD, FSE, FO, ….et un constat commun était fait : la seule manière de répondre à Sarkozy est la lutte, et non la négociation. Pendant la lutte des retraites en 2003, la bureaucratie syndicale a mené les travailleurs de journées d’action en journées d’action, pour en fin de compte perdre la lutte et un acquis arraché par nos anciens. C’est pour cela qu’il faut soutenir l’appel des assemblées interprofessionnelles à lancer dans le plus bref délai une grève générale reconductible.
Les appels des différentes AG à la poursuite de la grève étaient en général très bien reçus. Vendredi et samedi, la France a vu le mouvement continuer de ci de là : il y avait encore un peu plus de la moitié du réseau ferroviaire bloqué. Il n’y avait qu’un métro sur trois qui roulait, et sur la ligne RER A et B, toujours aucun train. La CGT, qui appelait toujours discrètement à la reprise, se voyait à de nombreux endroits dépasser par sa base.
Face à la détermination du gouvernement, les travailleurs sont remontés ; la CGT ne pourra pas longtemps étouffer sa base. La CFDT accepte une large partie du plan gouvernemental, mais elle se fait discrète, ne donnant aucune interview et ne mobilisant absolument pas. A la manifestation de Paris, il fallait faire un effort particulier pour trouver les drapeaux CFDT. On se souvient qu’en 1995, la CFDT soutenait déjà le projet de réforme de la sécurité sociale et du régime des retraites du Premier Ministre Alain Juppé. Après la longue lutte et la victoire de 1995, ce fut un coup dur pour la CFDT, qui vit une partie de ses membres la quitter. Quelques mois plus tard, Edmond Maire, présidente de la CFDT, fut mise à la porte.
Ce lundi, les bureaucrates syndicaux de la SNCF se sont rassemblés pour décider de la suite du mouvement. Alors que la grève était une vraie réussite, que le mouvement avait réussi à provoquer des perturbations tout le week-end et même lundi, ceux-ci ont fait le choix de reprendre les négociations et de se revoir le 31 octobre. D’après les informations qui ont pu filtrer, si aucune avancée n’est faite d’ici là, ils appelleront à une grève le 20 novembre (en même temps que la fonction publique) et cette fois-ci, elle serait reconductible.
Alors que la base veut lutter maintenant, il est clair qu’une mobilisation le 20 novembre est beaucoup trop tardive. La grève générale pointerait-elle son nez pour la mi-novembre ? La CGT, qui représente 40 % des travailleurs SNCF, joue gros sur ce dossier. La bureaucratie ne veut pas rentrer dans une grève longue tout en sachant que la base est prête à réitérer 1995. Sud rail (14.9 %) et FO cheminot (6.6 %) sont quant à eux toujours en grève depuis jeudi, mais combien de jours pourront-ils encore tenir ? Les jours et les semaines à venir seront cruciaux pour les français, car si Sarkozy fait passer ses réformes contre les cheminots et la fonction publique, il aura réussi à casser l’une des branches les plus combatives…
De plus, les étudiants tiennent depuis une semaine des assemblées générales et une journée d’action est prévu le 24 octobre contre la lois Pecrésse. Fin de semaine on pouvait déjà voir Tolbiac Sorbonne, Renne, Nanterre… bloqués et entrer en lutte. Et c’est sans compter de nouvelles mobilisations chez les internes, ainsi que des grèves annoncées à Air France du 25 au 29 octobre. Des mobilisations de sans-papiers et de plus en plus d’occupations de bâtiments par les sans domicile fixe se déroulent également à Paris.
Un nouveau parti pour les travailleurs est plus que jamais indispensable !
De plus en plus d’amertume et de colère s’additionnent pour lancer la grève générale reconductible. Mais face à cette résistance sociale, une résistance politique est également nécessaire. En effet, toutes ces luttes ont vitalement besoin d’un prolongement politique, sous la forme d’un nouveau parti pour les travailleurs ; notre section soeur en France, Gauche Révolutionnaire, avance une telle proposition. La Ligue Communiste Révolutionnaire a lancé l’idée il y a quelque mois de créer un « grand parti anti capitaliste ». Nos camarades français participent à ces discussions. Dans quelques semaines, on devrait en savoir plus sur les réelles intentions de la LCR. En attendant, construisons ensemble la lutte et la grève générale, et stimulons la création de ce nouveau parti !
-
Le fascisme en Russie : de la moisissure sur un système pourri !
Avec l’implosion de l’URSS et la braderie des entreprises d’Etat qui a suivi, le capitalisme a refait son entrée en Russie. Bien que quelques oligarches sont devenus riches comme Crésus, pour les couches larges cela a surtout signifié une période de précarité et de luttes pour survivre. En bien des points, la vie est devenue plus difficile, même 16 après l’effondrement de l’Union Soviétique: l’espérance de vie a chuté de 10 ans et la tubérculose a fait sa réapparition, tout comme la prostitution, l’abus d’alcool et de stupéfiants.
Amaury Vanhooren
Comme nous l’avons déjà mentionné sur ce site, le fascisme se forme dans une situation de désespoir social profond. Après la chute du stalinisme – qui prétendait être le socialisme mais n’en était qu’une caricature – un grand désarroi idéologique dominait et le véritable socialisme ne fut pas vu comme la réponse à la crise. En conséquence, une marge de manoeuvre plus large existait pour un nationalisme violent et des groupes néonazis.
Un mouvement dangeureux d’extrême-droite s’est enracinné dans cette misère sociale. Si les chiffres cités varient, il y aurait cependant en Russie près de la moitié des skinheads d’extrême-droite : ce mouvement y compterait 50.000 personnes, pour 60 à 70.000 dans le reste du monde.
Ces skinheads néonazis sont particulièrement agressifs et dangeureux, tellement que plusieurs univésités recommandent à leurs étudiants étrangers (et surtout africains) de ne pas sortir le 20 avril (date de naissance d’Adolf Hitler). D’autres universités ont déjà annoncé la formation de groupes d’autodéfenses, ce qui est rendu nécessaire au vu du fait que les autorités ne s’activent que rarement pour rechercher ces skinheads. Quand on sait que 254 crimes ont été dénoncés en 2004, dont 40 mortels, cela ne peut que surprendre. Si un malfaiteur est arrêté, le motif de racisme n’est que rarement repris dans l’acte d’accusation. Plus sinistre encore : si ces néo-fascistes respectaient encore auparavant un certain « code d’honneur » (bien entendu restreint) en ne s’en prennant qu’à des hommes, aujourd’hui femmes, enfants et personnes agées peuvent être victimes d’agressions.
Voici quelques actions « héroïques » de ces skinheads :
- En septembre 2005, 12 skinheads ont attaqués un groupe de gitans tadjiks. Nilufar Sangbaeva (5 ans) est décédé sur place tandis qu’une fillette de 6 ans a succombé à l’hôpital.
- Khursheda Sultanova, une fillette tadjiks de 9 ans, a été assassinée à St-Petersbourg.
- En mars 2006, Lillian Sissoko, également agée de 9 ans, d’origine russo-africaine, a été assassinée.
Nashi : un groupe néonazi lié au Kremlin
Nashi peut se traduire par « Nous » ou « Les nôtres ». Un peu comme après un match de football : « Les nôtres ont gagné. » Mais si dans ce cas l’expression est relativement banale, dans la situation du nationlisme russe, ce « nous » est un exclusif, impliquant l’existence de « eux », les autres, ceux qu’il faut écarter ou éloigner.
Même si le groupe Nashi n’a pas une passif d’actes de violence aussi long que d’autres groupuscules, sa fondation marque un pas de plus posé vers l’abîme fasciste. En effet, Nashi est directement lié au Kremlin et au président Poutine.
Durant l’été 2007, Nashi a organisé un camp de plus de 3.000 participants qui n’ont rien dû payer grâce au financement du Kremlin. Au programme : exercices physiques et discours sur la grandeur de la Russie, la guerre en Tchétchénie, le président Poutine, entre autres louanges sur l’armée russe ou la famille. Un élément était particulièrement révélateur des liens entretenus entrer les autorités et le groupe Nashi ; il y avait à ce camp des fonctionnaires de l’Etat civil qui pouvaient marier des couples : 25 mariages y furent ainsi célébrés et légalement reconnus. Ceux qui pensent voir une certaine analogie avec les « Hitler jugend » sont nombreux : en introduisant ce terme en allemand, « Putin jugend », sur Google, on obtient 294.000 hits.
Mais Nashi n’est pas seulement un mouvement de jeunes amoureux qui roucoulent en pensant à la grande Russie. Nashi est activement impliqué dans les attaques contre les ambassades de Suède et d’Estonie à l’occasion des troubles concernant un monument de soldats russes. L’ambassadeur britannique a également été physiquement attaquée suite à l’affaire Litvinenko. Au congrès fondateur du parti Yabloko, Ilya Yashin et Oleg Kashin, journalistes au journal Kommersant, furent pris à partie. En géneral, Nashi s’en prend aux opposants politique du Kremlin, provoque des charges de police sur leurs manifestations et sème divers troubles.
Avec tout cela, la Russie est encore loin d’être un Etat fasciste, il y a par exemple encore des syndicats indépendants. Mais les premiers pas inquiétants sont franchis quand le gouvernement encourage la violence de rue contre les opposants politiques. Dans de pareilles conditions, le travail du mouvement ouvrier est évidemment souvent difficile. Mais petit à petit, la résistance des travailleurs et de leurs familles s’organise, surtout dans les centres industriels. C’est au sein de la classe ouvrière que se trouve la clef pour sortir de cette situation.
-
Des gouvernements européens « modernisent » le droit de grève
Le droit de grève est remis en question dans plusieurs pays européens. Deux attaques récentes en France et en Allemagne sont particulièrement inquiétantes.
Peter Delsing
SERVICE MINIMUM ET INTERDICTION DE GRÈVE
En France, la majorité parlementaire de droite a approuvé cet été une loi qui risque d’affaiblir dangereusement les grèves dans les transports en commun. Les travailleurs grévistes devront « s’annoncer » à la direction 48 heures avant le début de l’action. Ceci donne évidemment d’énormes possibilités aux patrons pour intimider les grévistes et permet aussi au gouvernement d’organiser plus facilement un service minimum. Bref, tout est fait à l’avance pour casser les futures grèves. Sarkozy et Fillon prévoient aussi un vote obligatoire – organisé à des conditions qui peuvent être fixées par la direction – au cours de la grève pour déterminer si celle-ci doit continuer ou pas. Et le gouvernement français a déjà laissé transparaître qu’au-delà des transports en commun, la nouvelle loi pourrait aussi s’étendre à l’enseignement ainsi qu’à tout le secteur privé.
Des grévistes qui doivent « s’annoncer » à leur direction, des « sanctions » lorsque cela ne se fait pas, des votes organisés non pas par les membres des syndicats mais par la direction de l’entreprise… : il semble que les patrons et leurs politiciens veulent remonter la pendule des droits sociaux de plus de cent ans !
En Allemagne, le tribunal de Nüremberg a décidé, début août, d’interdire au syndicat des machinistes GDL de lancer une grève quelques jours plus tard. Ce même « juge impartial » a pu aussi décidé que cette interdiction restait valable jusqu’à la fin septembre. La force de frappe des syndicats allemands a été fortement affaiblie par la tendance à « décentraliser » la concertation sociale du niveau national au niveau des régions et des entreprises. Ceci a contribué à une baisse du pouvoir d’achat de la classe ouvrière allemande et à un net recul du nombre de syndiqués.
Ainsi, l’Etat essaie d’affaiblir la lutte des travailleurs en les divisant et, lorsque certaines sections combattives des syndicats passent quand même à l’action, on leur reproche, comme en Allemagne avec le GDL, de ne pas être « représentatifs ».
LE DROIT DE GRÈVE GÊNE LA POLITIQUE NÉO-LIBÉRALE
Les attaques contre le droit de grève ne sont pas un hasard. Nous sortons d’une période de croissance économique qui a pourtant amené aux travailleurs bien des fruits amers (davantage de flexibilité, moins de pouvoir d’achat, plus d’exploitation,…). Dans une situation où une nouvelle crise ou une récession économique est possible, le « filet de la sécurité sociale » sera de moins en moins efficace pour protéger les travailleurs. Les patrons pourraient bien se heurter à nouveau à une opposition plus large et plus déterminée.
A l’heure actuelle, aucun gouvernement n’est certain de disposer d’un soutien durable dans la population, même pas ceux de Sarkozy et de Merkel. La bourgeoisie ressent cette instabilité et prépare donc ses armes pour étouffer la résistance des travailleurs. Et l’arrogance des patrons et de leurs représentants se nourrit du manque de réaction des dirigeants syndicaux.
Ces tentatives de saper le droit de grève sont un test important. Les travailleurs ont dû lutter pour chaque droit démocratique et social qu’ils ont conquis. Ils devront encore le faire pour les conserver et briser la spirale vers le bas qu’on veut nous imposer.
-
Pays-Bas. Pour un SP démocratique et socialiste
Aux Pays-Bas existe depuis longtemps un petit parti à gauche du PvdA, le parti socialiste « officiel ». Ce parti, le SP, a connu ces dernières années une croissance importante : il a obtenu 16% aux dernières élections et s’est élargi jusqu’à compter aujourd’hui plus de 52.000 membres. Le SP montre ainsi qu’il y a un espace pour une initiative politique à la gauche de la social-démocratie et des verts. Mais ces progrès ne règlent pas tout. Car de nombreux problèmes se posent aussi dans le SP.
Bas de Ruiter
Début juin, le mécontentement dans le SP s’est exprimé publiquement suite à la manière dont la direction nationale s’est comportée lors de l’élection de Düzgün Yildirim au Sénat (dont les membres ne sont pas élus directement mais par les élus provinciaux). Yildirim a ainsi été élu sur base des votes de préférence exprimé par les 83 élus provinciaux du SP, au détriment d’une candidate soutenue par la direction. Les dirigeants du SP ont attaqué publiquement Yildirim dans les médias et ont voulu le forcer à démissionner.
Dans le SP existe une bonne tradition de laisser la base décider qui va représenter le parti. Mais la direction nationale restreint de plus en plus cette démocratie interne, ce qui limite la participation réelle des membres et leurs possibilités de faire entendre. Comme la direction bloquait toute possibilité de débat ouvert, Yildirim et ses partisans ont mis sur pied un Comité pour un SP Démocratique. Offensief, l’organisation soeur de MAS/LSP aux Pays-Bas, qui est aussi active dans le SP, collabore à cette initiative.
Il y a actuellement un fort mécontentement parmi les membres du SP, tant sur la question de la démocratie interne que sur l’orientation que doit suivre le parti. Dans de larges couches de la population, le SP est vu comme une nouvelle force conséquente de gauche. Mais cette image est néanmoins menacée par le cours actuel de la direction du parti qui s’oriente de plus en plus vers la transformation du SP en un parti de pouvoir social-démocrate mettant de côté son programme et sa base militante pour rechercher des postes et le pouvoir.
-
Tour de France ou Tour de Farces ?
Tour de France ou Tour de Farces ?
Malgré l’héroïsme, la tension, les prestations des coureurs et le jeu d’équipe, ce n’est pas le sport, mais bien les affaires de dopage qui font depuis quelques jours l’actualité du Tour de France. Nombreux sont ceux qui, ces dernières années, sont tombés de leur piédestal ou nagent complètement la tête à peine hors de l’eau: pensons à Pantani et Vandenbroucke. Dans le cyclisme, le populaire, le social et l’authentique étaient avant de mise. Mais cette année encore, quelques favoris tombent au champ d’honneur au cours du Tour, certains peuvent d’ailleurs faire une croix sur leur carrière. Comment en est on arrivé jusqu’à ce point dans le cyclisme, et dans le sport d’une manière générale ?
Bart Vandersteene
Si les aveux et dévoilements de ces dernières années (Ullrich, Basso, Hamilton, Landis…) n’ont été – comme il l’est sous-entendu régulièrement – que le sommet de l’iceberg, il est raisonnable de se demander si quelqu’un a gagné le Tour au cours de ces 15 dernières années sans recourir au dopage. Bjarne Riis a par exemple avoué avoir gagné le Tour de ’96 avec l’aide d’EPO. Il est depuis 2000 manager de l’équipe Team CSC qui compte à chaque fois un favori pour remporter le Tour dans ses rangs. Si le responsable a agi de la sorte dans le passé, comment le considérer comme fiable pour l’accompagnement qu’il donne aux coureurs actuels ? C’est l’environnement presque total des coureurs d’aujourd’hui qui a participé aux années EPO, soit en tant que coureurs, soit en tant qu’accompagnateurs. Comment peuvent-ils maintenant être crédibles en déclarant vouloir sauver la course ? Comment veulent-ils faire le grand nettoyage ?
Par extension, on peut se demander si quelqu’un peut encore gagner une grande course sans dopage. A en croire le témoignage de l’ancien coureur Hedwig Van Hooydonck, cela est plus que douteux. Et pourquoi remettre sa parole en doute ? Il a quitté ce milieu après plus de trente années, fatigué d’avoir eu à engager le combat avec ses collègues qui volaient au-dessus des collines et des difficultés grâce à l’EPO. Son récit n’a pas été vendu à la presse à scandale et il n’a plus aucun intérêt dans le cyclisme.
Mais n’y a-t-il pas encore que peu de coureurs qui sont pris ? Effectivement, mais la question à poser est « qu’est-ce que le dopage » ? Uniquement ce qui est aujourd’hui repérable et qui figure sur les listes d’interdiction ? La recherche effectuée sur les produits dopant et donc la lutte contre le dopage n’est-elle pas toujours en retard sur les nouvelles méthodes utilisées ? Cela a toujours été comme ça, et ça sera toujours ainsi?
Dire que le dopage a toujours existé et qu’il en sera toujours ainsi est presque devenu un adage populaire. Les grecs anciens avaient déjà recours à des méthodes comme de boire du lait maternel pour améliorer leurs prestations. Mais était-ce d’une telle ampleur ou faut-il reconnaître un développement extraordinaire au cours de ces dernières décennies ? Et n’y a t il aucune différence entre des méthodes naturelles et populaires et des stimulants étrangers au corps humain ?
Les intérêts qui dépendent du sport, que cela soit dans le cyclisme, dans le football ou dans la Formule 1, ont augmenté de façon phénoménale. La masse d’argent concernée est gigantesque. Les sportifs ressemblent parfois bien plus à des panneaux publicitaires qu’à des athlètes. Le sport a changé pour ne devenir qu’un prétexte aux considérations et messages commerciaux. Investir dans le "sport" est pour les sociétés une décision commerciale qui n’a pas spécialement avoir avec l’amour du sport, mais bien avec les cours de la Bourse et les chiffres de bénéfices. Le sport ne concerne plus aujourd’hui la mesure du talent, l’effort, l’entraînement, la performance, le jeu d’équipe,… il est réduit à de pures considérations commerciales.
Chaque sponsor veut que l’un de ses coureur remporte le Tour, mais il n’y a malheureusement place que pour une personne dans le maillot jaune. Mais le monde économique sait très bien que pour peu d’y mettre suffisamment d’argent, aucun but n’est impossible. En ce sens, les coureurs ne sont jamais qu’autant de numéros, de moyens, de robots ou encore de petits jouets, tout comme c’est le cas avec les employés dans une société. Le pression monte donc énormément pour réaliser une bonne prestation et mène à l’utilisation de moyens interdits ou au moins à la prise de risques inconsidérés. Entre le blanc et le noir se trouve une zone grise d’ampleur qui comprend beaucoup d’étapes. Et la science n’est malheureusement pas libre d’émettre un jugement véritablement indépendant au sujet de ce qui est nuisible ou pas au corps humain.
L’exploitation de l’homme, de son travail et de son corps
On est en train d’épuiser et de piller les ressources humaines et cela se voit aussi dans le sport de haut niveau. Mais ce qui arrive dans le sport, n’est en aucune manière un hasard. Ce n’est qu’un reflet de ce qui se passe dans le reste de la société. La société capitaliste est basée sur le profit à court terme, l’exploitation, la corruption et la fraude et elle englobe sous son contrôle par sa politique néo-libérale l’ensemble des aspects de la vie ; le sport ne fait pas exception.
Pression, vous avez dit pression ?
Le sport ne peut pas être détaché des développements sociaux. Le dopage ou les moyens visant à améliorer les prestations des individus ne sont pas présents uniquement dans le sport. Combien de personnes ne sont pas tombées sous l’emprise des somnifères, des anti-dépresseurs, des calmants,… pour poursuivre leur vie ? La charge de travail, le stress et la pression ont énormément augmenté ces dernières années et cela se remarque partout dans la société.
Le nombre de personnes atteintes de problèmes mentaux, physiques et/ou émotionnels augmente lui aussi rapidement, de même que l’utilisation de drogues, de stimulants et de médicaments (où se trouve d’ailleurs la frontière ?). Au sein des entreprises, les drogues sont même consommées pour pouvoir tenir le rythme de travail. Parmi les étudiants, on alterne de plus en plus des boissons énergisantes comme RedBull avec des drogues dangereuses, tandis que pour laisser de côté les soucis quotidiens et trouver le sommeil, on fait sans cesse plus appel aux somnifères.
Depuis notre plus jeune âge, nous sommes éduqués dans un système de prestation où de temps en temps les moyens utilisés pour atteindre les objectifs fixés sont détestables: l’influence (avoir le bras long), la force de persuasion (aussi bien le chantage que la corruption), la fraude (quel étudiant écrit encore lui-même son mémoire si l’on entend les histoires sur l’ancienne ministre du budget Freya Vandenbossche (SP.a) ou de Marie Rose Morel (parlementaire du Vlaams Belang) qui sont soupçonnées d’avoir payé quelqu’un pour faire ce travail à leur place ?).
Il ne suffit pas uniquement de regarder les intérêts matériels directs pour analyser ce qui se déroule dans le sport de haut niveau, des phénomènes plus difficiles à cerner sont à regarder également de plus près, comme le prestige, la reconnaissance ou la satisfaction. Selon la moralité dominante, cela ne peut être obtenu que par des prestations clairement visibles et rentables. D’où la tendance à frapper fort quelque-part , à briller, à être le meilleur. Ceci explique aussi pourquoi le dopage est également utilisé dans le sport amateur. Il ne s’agit pas là d’obtenir une récompense matérielle, par ailleurs quasi-inexistante, mais surtout d’avoir une reconnaissance sociale à laquelle beaucoup d’individus aspirent.
Dans le sport de haut niveau comme le Tour de France, les aspects matériels jouent naturellement aussi un grand rôle. La récompense du Tour est d’environ 450.000 euros, le licenciement de Rasmussen n’est donc pas une décision bon marché.
Quel est le but du sport ?
Aussi longtemps que les fins commerciales règneront dans le sport, on obtiendra les même effets que dans le reste de la société. Les socialistes luttent pour chaque garantie qui permet au sport de rester sous une forme saine, et de détente, aussi bien pour le sportif que pour le spectateur.
Nous sommes donc partisans des différentes formes de lutte contre le dopage. Mais nous savons que cela ne pourra se faire dans le sport à la condition que l’homme se libère des lois économiques qui dictent aujourd’hui sa vie et son existence. C’est la seule lutte contre le dopage qui pourra être véritablement appliquée et efficace. A l’heure actuelle, presque rien ne peut être fait. Les investissements et contrats d’une valeur de plusieurs millions d’euros pour les éditions suivantes du Tour sont déjà fixés. Même si l’idée de faire une édition avec des coureurs amateurs serait appliquée, les intérêts commerciaux demeureraient encore centraux.
Un monde socialiste peut libérer le sport de toutes les caractéristiques du capitalisme qui tiennent l’humanité sous sa poigne: l’animosité, l’égoïsme, l’hypocrisie, l’avidité, les mensonges et la tromperie. Sous le socialisme – où une progression énorme du temps libre est possible – de réelles conditions où chaque individu aura l’occasion et le temps de faire du sport, de découvrir ses talents et de se mesurer aux autres de façon saine peuvent être créées. Tout cela dans une ambiance de compétition amicale emplie du respect et de l’admiration de soi.
Nous ne pouvons pas laisser l’énorme enthousiasme qui existe aujourd’hui pour les sports populaires comme le cyclisme et le football sombrer dans le cynisme et l’acceptation des excès actuels. Cela ouvre la porte pour des populistes de droite comme Dedecker en Flandre qui de temps en temps mettent en lumière un problème spécifique. Mais à un moment où les “affaires” pleuvent, ce n’est pas en soulevant simplement un coin du voile que l’on peut résoudre le problème, car le système en lui-même n’est pas remis en question.
Un changement fondamental est nécessaire. Les socialistes pensent que le sport et la détente appartiennent aux masses et doivent être radicalement ôtées des mains du "big business".
-
La droite a-t-elle gagné sur le long terme ?
Suite aux résultats des dernières élections en élections présidentielles en France, aux résultats des législatives belges,… certains parlent “d’un vent de droite qui souffle sur l’Europe”. La « droite décomplexée » est-elle l’avenir de l’Europe ? Y-a-t-il effectivement moins de place pour la solidarité ? Qu’expriment ces victoires de forces ouvertement de droite ?
Peter Delsing
La faillite de la social-démocratie
En 1981, lorsqu’il a été élu président de la république française, Mitterand croyait encore que certaines activités économiques devaient être aux mains de la communauté. Il a ainsi nationalisé différentes banques et quelques groupes industriels. Son programme voulait plus s’en prendre aux grandes fortunes au profit des gens ordinaires.
C’était un programme classique du réformisme: l’idée que les services publics, dans une certaine mesure, doivent protéger et être élargis, que l’élite riche doit être plus imposée en faveur de la majorité,… bref, que des acquis durables peuvent être obtenus sans changer directement de système.
La crise du capitalisme depuis 1974-75 a cependant instauré une pression pour une politique de casse sociale, pression renforcée par la chute du Mur en 1989. La social-démocratie dans l’Europe entière alors pris un sérieux coup de barre à droite. Les réformes sociales de la période d’après-guerre sont alors devenues des « contre-réformes » asociales à la sauce moderne. La chute du stalinisme, caricature totalitaire du véritable socialisme, a été utilisée abusivement pour une offensive sournoise de la bourgeoisie.
Une politique néo-libérale peut-elle être de “gauche”?
Les anciens “partis de gauche” se sont de plus en plus compromis dans des gouvernements de casse sociale, néo-libéraux. Logique adoptée : même en cas de stagnation de la croissance économique, les bénéfices doivent continuer à augmenter. Les salaires en font les frais, tout comme les dépenses sociales (retraites, allocations), tandis que La Poste, les télécommunications, l’électricité… doivent être soldées au privé. La pauvreté et l’insécurité face à l’avenir augmentent fatalement.
Pire encore, SPa et PS (dans une moindre mesure) n’ont pas seulement accepté la casse sociale, ils en ont été le fer de lance pour nombre de privatisations, pour le “suivi” – lire: la chasse – des chômeurs, pour la suppression du droit à la prépension, pour l’enseignement élitiste, … tout en présentant ces mesures comme « progressites » et même « sociales » ! Les travailleurs et les syndicats sont d’un coup devenus « conservateurs ». Différents médias ont même présenté la coalition violette comme « le gouvernement le plus à gauche ».
Quand une telle confusion règne sur ce qu’est la droite et la gauche, quand on constate quelle politique asociale a été portée par la « gauche » officielle – y compris les verts -… Comment la droite peut-elle être pire ?
De plus, tous les partis qui ont gagné ces élections ont fait campagne bien plus sur le “changement” et l’opposition au gouvernement violet (ou au PS dans le cas du MR) que sur leur véritable programme économique. Est-ce vraiment révélateur d’un virage à droite dans les esprits ?
“Gauche, droite, gauche, droite,…” La direction est la même !
À défaut d’une alternative de masse pour les travailleurs, et avec la faillite du réformisme, aucune solution collective ne peut se répandre largement et par la force des choses, se sont les solutions individuelles qui se renforcent.
C’est ce qui explique le score de Sarkozy en France aux présidentielles et qui s’est exprimé par le slogan « ceux qui travaillent plus doivent gagner plus », mêlé à des propos sécuritaires populistes. L’original – Sarkozy – a été plus attractif et crédible que la pâle copie de Ségolène Royal.
Mais les travailleurs et les jeunes n’ont pas besoin de moins de sécurité sociale, mais de plus. Déjà au deuxième tour des élections législatives françaises, la vague bleue de l’UMP a relativement put être contenue suite à la proposition d’introduire une « TVA sociale » (une augmentation de la TVA pour financer les baisses de taxes pour les riches).
Face à l’instabilité du système, la réalité rattapera les illusions.
-
France. La Sarkolande s’installe
Sarkozy est donc devenu Président et les élections législatives de juin devraient normalement lui donner une majorité parlementaire confortable. Le “peuple de gauche” est sonné, le PS est dans les cordes, le PC et les Verts sont laminés. La France va-t-elle donc devenir durablement la Sarkolande?
Par Jean Peltier, Dernier sur la liste pour la Chambre à Liège
Comment expliquer qu’un type qui a été ministre pendant cinq ans dans les gouvernements de droite de Raffarin et Villepin et qui se présente comme candidat avec un programme encore plus libéral et autoritaire que ceux-ci réussisse à se faire élire dans un pays où des millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté et fait grève contre des mesures de ces gouvernements (attaques contre les pensions en 2004, CPE en 2006) et rejeté le projet de constitution européenne en 2005 ?
Néo-conservateur
Sarkozy est certainement un tacticien particulièrement doué, un politicien capable de tous les coups bas et un démagogue qui ne recule devant rien. Il a aussi bénéficié d’un soutien total – et généreux – de tout le patronat et, en particulier, des magnats de la presse (Bouygues, Lagardère) dont les journaux lui ont déroulé le tapis rouge pendant toute la campagne. Mais les raisons de son succès sont plus profondes et plus dangereuses. Mieux que tous ses prédécesseurs, il a réussi à exploiter les divisions (“Des millions de travailleurs bossent courageusement pour un petit salaire pendant que beaucoup de chômeurs touchent des allocations pour glander”) et les peurs (“Les honnêtes gens n’osent plus sortir le soir parce que les jeunes délinquants immigrés font la loi dans les cités et rêvent de mettre à feu les centre-villes”) pour vendre un programme de flexibilisation à outrance du travail, d’“américanisation” de la société et de répression accrue qui accentuera encore ces problèmes.
En face, la réponse de la gauche a été pathétique. Pour pouvoir contrer Sarkozy, le PS aurait dû mettre en avant un programme permettant de réunifier les travailleurs en montrant que les vrais responsables de la situation ne sont pas les jeunes immigrés et les chômeurs mais le grand patronat dont les profits explosent et les impôts chutent. Ce que le PS ne pouvait évidemment pas faire puisqu’il lui aurait fallu pour cela remettre en cause toute la politique qu’il a, lui aussi, menée au pouvoir sous Mitterrand et Jospin.
Royal a donc choisi d’accentuer au contraire le virage libéral du PS, au nom de la “modernisation” du parti. Là où Sarkozy faisait dans le néo-libéralisme “pur et dur”, Royal a donc fait dans le néo-libéralisme “social” tout en glissant à la suite de Sarko sur le terrain du patriotisme retrouvé (la Marseillaise dans les meetings et le drapeau français aux fenêtres) et des réponses répressives (l’encadrement militaire des jeunes délinquants). Cette stratégie n’avait rien de convaincant et de mobilisant à proposer aux couches populaires – sauf la peur de Sarkozy – et Royal est restée sur le carreau.
Eté décisif
Sarkozy veut aller vite. Les premières attaques – vraisemblablement contre le droit de grève (par l’obligation d’assurer un service minimum dans les services publics en cas de grève) et l’autonomisation accrue des universités (pour mieux les mettre en concurrence financière et ouvrir la voie à leur privatisation) tomberont avant et pendant l’été. Elles seront un test crucial. Si elles rencontrent une résistance massive et déterminée, Sarkozy devra mettre le pied sur le frein. Si ce n’est pas le cas, la démoralisation amorcée par les élections pourrait entraîner une vraie démobilisation.
Deux grands enjeux vont dominer la gauche dans les prochains mois. Le PS va-t-il conserver son unité (et à quel prix, si ce n’est celui de l’inertie ?) ou les dirigeants de son aile droite (Royal, Strauss-Kahn) vont-ils se rapprocher du centriste Bayrou – abandonnant les dernières références au socialisme et les derniers liens avec le mouvement ouvrier – dans la perspective de créer ensemble un nouveau parti ouvertement pro-capitaliste sur le modèle du Parti Démocrate américain, comme c’est aussi en train de se passer en Italie ?
Et, plus important sans doute pour l’avenir, l’intérêt pour la campagne de Besancenot, l’afflux dans ses meetings (le double de participants comparé à 2002) et son bon score montrent clairement le potentiel qui existe, bien au-delà de la LCR et de la gauche radicale, pour la création d’un nouveau parti avec un programme combatif et anticapitaliste.
Il est véritablement crucial que des initiatives soient prises rapidement pour avancer dans cette direction afin que les centaines de milliers de travailleurs et de jeunes qui sont prêts à engager la lutte contre Sarkozy aient un outil efficace pour discuter collectivement d’une stratégie pour les luttes, de leurs revendications et plus généralement d’une alternative au système.
-
La Russie de Poutine fait couler du sang homosexuel
"Pédés, pervers!" "Renvoyez les tapettes dans les camps de concentration"… Voilà les cris qui ont déchaîné Moscou lors du 14ème anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité en Russie. Rien (ou presque) ne laissait présager que ce dimanche d’apparence ordinaire serait marqué par des violences homophobes dans la capitale ni que les visages en sang des rescapés homosexuels allaient horrifier l’Europe toute entière à la veille du sommet du G8 en Allemagne.
Tout remonte à l’année dernière, au moment où des centaines de militants LGBT (lesbiennes, gays, bi’s, trans-genres ou hétéros) se sont rassemblés à Moscou pour la première Gay Pride russe. Cette manifestation avait été interdite. Devant la ténacité des homos à faire valoir leurs droits, celle-ci a quand même eu lieu, mais fût violement réprimée (un article de notre Internationale publié sur ce site relate ces évènements).
Aujourd’hui, les plaies ayant cicatrisé, les homos ont décidé de revenir à la charge. Au programme cette année, manifester devant le bureau du maire de la ville et lui remettre une pétition pour protester contre l’interdiction de la Moscow Pride 2007.
Evidemment, les déclarations des politiciens et des religieux ne se sont pas faites attendre. Le mufti suprême de la région de Talgat Tajuddin a également déclaré: "S’ils vont dans la rue, il faudra les frapper. Tous les gens normaux le feront, qu’ils soient musulmans ou orthodoxes." Il a ajouté que le Prophète Mahomet a ordonné de tuer les homosexuels, car "leur comportement conduirait à la fin de l’espèce humaine". Selon l’évêque orthodoxe Daniel Yuzhno-Sakhalinsk, cette marche n’est qu’une "plaisanterie cynique", il a comparé l’homosexualité à la lèpre et a mis en garde la population contre "la propagande du vice".
Lors de la première Gay Pride, un député nationaliste criait fièrement: "J’ai une solution pour les homos: la Sibérie!". Depuis l’an dernier déjà, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, affirme que toute tentative pour organiser une Gay Pride (qu’il qualifie d’"acte satanique" sic!) serait "résolument écrasée". Issu de la droite dure, Igor Artioumov a tenté de légitimer sa récente attaque contre une boîte homo de Moscou en déclarant: "Je proteste contre ces sodomites qui rampent comme des cafards!". Le président russe a lui même sous-entendu lors de sa conférence de presse annuelle que "les homosexuels nuisent à la cause nationale en ne participant pas au renouvellement des générations" etc.
Les organisateurs de la Gay Pride avaient quant à eux invité les journalistes internationaux, des VIP’s et plusieurs députés d’Angleterre, de Belgique, de France, des Pays-Bas, d’Italie, du Brésil et du Parlement européen, croyant naïvement que leur présence empêcherait que le mouvement soit à nouveau réprimé.
Mais rien à faire, la Russie de Poutine se la joue dure. Comme en 2006, la disproportion entre le dispositif policier et le petit nombre de manifestants était évidente.
La presse de droite colporta si bien les menaces homophobes que le rassemblement dégénéra en une véritable chasse aux homosexuels. Des néo-fascistes ont rué de coups les manifestants aux cris de "morts aux homosexuels". A chaque fois, les policiers ont tardé à intervenir. Le député européen Marco Cappato a été agressé par un groupe de néo-nazis alors qu’il parlait à des journalistes. "Que fait la police? Pourquoi ne nous protégez-vous pas?", a-t-il lancé aux policiers qui l’ont ensuite arreté malgrè son immunité parlementaire puis placé dans le même camion que plusieurs militants d’extrême droite.
En Russie, le climat anti-gay a en effet donné confiance aux fascistes pour entrer en jeu et laisser sortir toute leur haine, sans scrupule. Un groupe de jeunes hommes solidement bâtis se sont présentés équipés de masques chirurgicaux, destinés selon leurs termes à les protéger de la "maladie homosexuelle". D’autres, brandissant fièrement des photos d’Hitler, faisaient le salut nazi en beuglant "nous sommes pour un véritable amour (sic!)". Un homme muni d’un crucifix "venu aider les policiers" a menacé de s’en servir pour frapper tout homosexuel qui croiserait son chemin.
En plus de recevoir des coups, les homosexuels qui défendaient leurs droits ont été arreté manu militari, jetés dans un camion de la police et emmené sous les yeux de dizaines de journalistes. Plusieurs fachos ont également été interpellés (puis immédiatement relachés) pour avoir frappés des homos ou des députés. La lenteur de l’intervention des policiers leur laissait cependant tout l’espace pour asséner plusieurs coups rapportent les témoins. Selon Scott Long, un militant de Human Rights Watch, ONG de défense des droits de l’homme: "La police n’a pas vraiment essayé de séparer les deux camps et, par conséquent, des gens ont été passés à tabac. Je conseillerais aux autorités russes de protéger la liberté de rassemblement et la liberté d’expression, et de protéger les manifestants."
"Nous défendons simplement nos droits" a déclaré un jeune homosexuel qui saignait du nez après avoir reçu un puissant coup de poing au visage par un homme hurlant "les homos sont des pervers". "C’est atroce, mais cela ne me fait pas peur. C’est un endroit assez effrayant, un pays assez effrayant pour les homosexuels. Mais nous persisterons jusqu’à ce qu’ils nous permettent d’exercer nos droits", a-t-il ajouté.
"Il faut que nous nous battions pour faire valoir nos droits!" insistait Lena, toute jeune lesbienne qui avec un groupe de copines aura tenu plusieurs minutes face à des néo-nazis qui les couvraient d’insultes. "Vous êtes des animaux!", "Sales putes!" leur lançaient les crânes rasés, bavant de rage. "C’est plutôt vous les animaux!" répondaient bravement les filles. Cette scène-là s’est achevée par des crachats et quelques coups de pieds dans le dos quand elles ont finalement battu en retraite. "Mais nous reviendrons l’année prochaine, et jusqu’à ce qu’on puisse enfin s’affirmer homo en Russie !" assuraient-elles au journal français LIBERATION.
Les deux chanteuses russes du groupe TATU qui ont bâti leur célébrité en s’affichant lesbiennes étaient également présentes à la manifestation, assaillies tant par les néofascistes que par les journalistes, celles-ci ont rapidement dû fuir la mêlée. Quelque secondes après son arrivée, le leader du mouvement gay, Nikolaï Alexeïev, a été "emmené sans explication" dans un poste de police du centre de Moscou.
Un député Vert allemand, Volker Beck, déjà roué de coups lors de la première Gay Pride l’an dernier, a de nouveau été battu par des néo-nazis puis interpellé par la police. Une fois libéré, il a déclaré à la presse avoir été ensuite roué de coups par les policiers. Le député allemand a ajouté que lui et ses compagnons d’infortune s’étaient fait confisquer leur passeport au cours de leur détention. La présidente de son parti a exigé que la chancelière Angela Merkel évoque la question des droits de l’homme avec le président russe lors du sommet du G8 prévu le mois prochain en Allemagne.
Un célèbre défenseur britanique des homosexuels, Peter Tatchell, à été jeté au sol et frappé à deux reprises. Quand il s’est relevé, couvert de sang, il a été frappé une nouvelle fois à l’oeil et embarqué par deux policiers anti-émeutes qui n’étaient visiblement pas génés par les caméras filmant la scène.
Des nationalistes ont lancé des oeufs sur une député transexuelle de Rifondazione Comunista, Vladimir Luxuria, qui, tremblante, déclarait après coup: "Dès mon retour, je vais faire pression sur notre parlement pour que le président italien évoque ce grave incident avec Vladimir Poutine lors de sa prochaine visite. Malheureusement Nikolaï Alexeïev (le leader du mouvement) restera cette nuit au poste de police et il y aura un procès lundi car il est accusé d’avoir résisté à la police".
Cependant, ces réactions homophobes ne reflètent pas forcément l’opinion publique car, selon un sondage récent, 51% des russes pensent que les gays et les lesbiennes devraient avoir les même droits que les autres. Mais il est clair que les déclarations politiques ou autres propagent la haine et la violence dans le pays tout entier. Poutine est d’ailleurs arrivé au pouvoir en attisant la haine et les divisions dans son pays (Tchétchénie, terreur, assassinats politiques, magouilles financières…). Le sommet du G8 nous a montré que sa doctrine était: "diviser pour mieux régner". Tenter de faire pression sur la Russie à cette occasion n’est pas sérieux.
Que faire, alors?
Nous devons bien sûr nous organiser pour combattre le racisme sous toutes ses formes. Pour changer la donne, nous devons dépasser le chacun pour soi et rester unis: homos et hétéros, hommes et femmes, travailleurs et chômeurs, flamands et francophones, belges et immigrés… mais ce n’est qu’un début.
Aucun changement radical n’est possible tant que nos vies seront dirigées par des puissances économiques, comme le G8. Notre rôle en tant que socialistes est de prouver que c’est seulement en combattant le système capitaliste, ainsi que toutes les pourritures toxiques qui émannent de lui et en mettant sur pied une nouvelle société basée cette fois sur la solidarité et l’égalité -une société socialiste-, que ces problèmes seront réglés une fois pour toutes.
-
France. 1ère circonscription de Seine-Maritime (Rouen) : Votez Leïla Messaoudi
De plus en plus de travailleurs subissent la précarité du travail, les bas salaires et des conditions de vie qui se dégradent. Pour les jeunes, l’accès à l’éducation et à un véritable emploi est de plus en plus difficile.
> http://leilamessaoudi.zeblog.com/
Les services publics sont cassés pour être plus rentables, les licenciements et le chômage maintiennent plusieurs millions de travailleurs et leurs familles dans la précarité. Une personne sur trois sans domicile fixe travaille, ce sont le plus souvent des ouvriers ou des employés. C’est le résultat de plusieurs décennies d’attaques contre nos conditions de travail et de vie en matière de santé, de logement et d’emploi. Cette société fonctionne pour les profits d’une poignée de riches, elle ne peut pas répondre à nos attentes d’un vrai boulot, d’un logement décent et d’une bonne qualité de vie pour nos enfants et nous. Les travailleurs, quelque soit leur origine, leur âge ou leur sexe pour gagner durablement de meilleures conditions de vie doivent s’en prendre au système qui crée ces inégalités : le capitalisme. Avec Sarkozy, les attaques vont redoubler en premier contre ce que nous avons réussi à sauver par nos luttes les années précédentes. La Gauche révolutionnaire se présente aux élections législatives à Rouen pour défendre un programme clairement anticapitaliste et combatif pour les élections et les luttes à venir.
Contre les bas salaires, la flexibilité accrue et les licenciements : résistance !
Sarkozy s’offre quelques jours sur le yacht d’un milliardaire pour 150 000 euros. Pendant ce temps, 6 millions de travailleurs vivent des minima sociaux et il ya 2,7 millions d’intérimaires. Sarkozy est le représentant des capitalistes. Pour combattre les plans de destruction de nos conditions de vie et de travail, il faut se retrouver ensemble sur un programme de résistance des travailleurs et des jeunes qui s’en prend aux profits des capitalistes, un programme combatif pour les luttes.
Dès à présent, battons-nous pour :
- De vrais emplois avec un salaire permettant réellement de vivre. Les entreprises du CAC 40 ont fait environ 100 milliards de profit en 2006 ! Réclamons notre dû : dès maintenant nous pouvons nous battre pour 300 euros d’augmentation des salaires et pas de salaire en dessous de 1500 euros net.
- Pour un logement décent et pas cher ! Assez des profits sur le logement, pour la nationalisation des parcs immobiliers privés ! Réquisition des logements vides et construction de logements publics décents pour tous !
- Pour de véritables services publics gratuits et de qualité ! L’organisation des services publics actuellement ne prend pas en compte nos besoins vitaux mais de plus en plus la loi de la rentabilité : moins de lits d’hôpitaux, moins de personnels et des travailleurs précaires. C’est à nous, travailleurs et usagers des services publics de décider quels sont les besoins. Pour une embauche massive dans les services publics !
- Contre le racisme et les lois sécuritaires qui veulent nous diviser : résistance ! Depuis plusieurs années et quels que soient les gouvernements, des lois sécuritaires et s’en prenant aux immigrés ont été votées et appliquées. Les expulsions se multiplient et les centres de rétention où sont parqués les immigrés arrêtés s’agrandissent chaque année un peu plus. Les rondes de la BAC et des CRS dans de nombreux quartiers populaires, les nombreux contrôles d’identité sont le lot quotidien d’une partie des travailleurs. Ces mesures cherchent à diviser les travailleurs francais et étrangers par peur que l’on s’unisse, en faisant des immigrés et des jeunes des quartiers populaires des indésirables et des dangereux. Ceci n’empêche pas à certains patrons de faire des profits sur le dos des travailleurs bon marché que sont les sans papiers.
- Pour l’égalité des droits entre francais et étrangers, pour la régularisation de tous les sans papiers !
- Abrogation des lois sécuritaires !

Contre Sarkozy, le PS n’est pas une vraie alternative !
Sur toutes ces questions la gauche gouvernementale continue de proposer des emplois précaires de plus (emplois tremplins), des allégements de charges pour les entreprises…En bref d’aménager, de concilier les intérêts des uns et des autres. Mais aucune conciliation n’est possible entre les intérêts des capitalistes et ceux des travailleurs. Une minorité, les capitalistes veulent accroitre leurs profits sur le dos de la majorité. Le Parti socialiste se place dans la gestion du système en favorisant finalement les profits des patrons sur le dos des travailleurs.
Construisons la résistance anticapitaliste !
Nos revendications ne sont pas des promesses électorales mais des axes de lutte. Ce programme que défend la Gauche révolutionnaire, dans les luttes et dans les élections a été abandonné depuis longtemps par les partis qui disaient représenter les travailleurs et les jeunes ainsi que par les dirigeants à la tête des syndicats. Pour réellement se battre pour les droits des travailleurs et des jeunes, il nous manque un outil au quotidien, dans les luttes, contre les licenciements, dans les batailles sur les salaires, un lieu de discussion qui serait un cadre pour nous unir et agir ensemble. Il nous faut un parti combatif des travailleurs et des jeunes qui permette de traduire sur le terrain politique les revendications pour de meilleures conditions de vie et de travail en s’en prenant au capitalisme. Ce parti pourra porter une réelle alternative face au capitalisme, pour une société débarrassée de la loi du profit, de la misère et du chômage, une société où les décisions sont prises collectivement, une société socialiste.
La Gauche révolutionnaire a décidé de présenter sa candidature aux élections législatives à Rouen, en Seine-maritime où nous sommes militants et avons deux sections. Notre objectif est de populariser notre programme en discutant et en s’organisant contre les attaques des capitalistes. Soutenez la candidature et le programme de la Gauche révolutionnaire, n’hésitez pas à nous rejoindre ! Votez Leila Messaoudi et Virginie Prégny !
Il faut une nouvelle force anticapitaliste !
Ces élections, après la victoire de Sarkozy et la menace que sa politique représente, auraient pu être un bon moyen de commencer à avancer dans cette direction. Dans ce sens, nous avons fait la proposition que les organisations anticapitalistes ne se présentent pas les unes contre les autres. Nous avons donc proposer que les organisations trouvent un accord, soit sous la forme d’une répartition des circonscriptions, soit en essayant des candidatures communes.
LO avait annoncé qu’ils se présenteraient partout où c’était possible. La LCR après avoir appelé les forces qui le souhaitent à avancer ensemble vers une nouvelle force anticapitaliste a en fait refusé de trouver un accord avec nous.
Pour nous, les élections ne sont pas déconnectées de notre activité qotidienne aux côtés des travailleurs, des jeunes, et dans les luttes. C’est avant tout un moyen de continuer sur le terrain électoral ce que nous faisons au quotidien. C’est pour cela que nous nous présentons à Rouen, pour construire la Gauche révolutionnaire et permettre à tous ceux qui le souhaitent de militer avec nous.
Leïla Messaoudi est notre candidate à ces élections législatives. Elle a 31 ans, est enseignante dans un collège classé en Zone d’Education Prioritaire. Militante active de la Gauche révolutionnaire depuis de nombreuses années, elle a été impliquée dans les récentes luttes en défense des retraites, contre le CPE etc. Elle avait été candidate lors des cantonales de 2004 sur le canton de Rouen 5 (comprenant notamment le quartier des Sapins) et avait recueilli 4,12 %. Virginie Prégny est elle aussi militante depuis de nombreuses années, elle avait notamment été l’une des principales animatrices du comité contre la guerre en Irak.