Category: Europe

  • Victoire éclatante pour les grévistes de la raffinerie Lindsey (GB)

    Les travailleurs du chantier de construction à la raffinerie de Lindsey (LOR) appartenant à TOTAL, en grève pendant une quinzaine de jours, ont remporté une victoire retentissante. Toutes les revendications des travailleurs ont été satisfaites. Les patrons sont revenus sur les 51 licenciements qui avaient conduit à des actions de solidarité sur d’autres sites, ainsi que sur les 647 licenciements annoncés par le patronat en représailles aux premières actions. De plus, tous les travailleurs ont obtenus des garanties sur leur temps de travail à venir.

    Par Alistair Tice, du Socialist Party (notre parti-frère en Angleterre et Pays de Galles

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    Cette victoire est le résultat de la détermination militante des travailleurs qui n’ont pas hésité à partir spontanément en grève (chose particulièrement difficile en Grande Bretagne à cause des lois antigrève instaurées sous Thatcher et maintenues sous Blair et Brown) avec des actions de solidarité sur au moins 30 autres sites. Cela a exercé une pression énorme sur les permanents syndicaux des centrales GMB et Unite qui, tout en dénonçant l’action spontanée, ont été ensuite forcés de donner à la grève le statut de conflit officiel.

    Le rôle des délégués syndicaux de LOR et du comité de grève a été crucial en donnant une direction claire et intransigeante au mouvement. C’est sous la suggestion de Keith Gibson, membre de notre parti-frère le Socialist Party, que le comité de délégués syndicaux s’est tranformé en comité de grève, pour impliquer le plus de monde possible. A la fin, trois membres du Socialist Party y participaient.

    Le Socialist Party a produit un bulletin quasiment chaque jour présentant des propositions sur la voie à suivre pour continuer la grève, dont plusieurs ont été adoptées. Ces bulletins étaient aussi distribués par centaines sur les piquets d’autres sites, parfois fort éloignés. Les travailleurs étaient à la recherche d’idées et l’ont d’ailleurs démontré en étant très nombreux à acheter The Socialist, l’hebdomadaire du Socialist Party.

    Les lois anti-syndicales balayées

    L’action déterminée des travailleurs et la solidarité ont réduit à néant les lois anti-syndicales. C’était déjà la troisième fois cette année que les travailleurs de la construction ont entrepris des actions ‘illégales’. Les délégués syndicaux, le comité de grève et les réunions de masse quotidiennes où tous les travailleurs pouvaient participer à la discussion et poser des questions ont joué un rôle crucial dans cette victoire.

    L’action spontanée était forte, claire, et a réussi à mettre suffisamment de pression pour obtenir un soutien officiel des syndicats. Parvenir à ce résultat a constitué une source de confiance pour les travailleurs. Si la grève de janvier avait obtenu le soutien officiel des syndicats dès le premier jour, les bannières syndicales auraient mis de côté les slogans «Des emplois britanniques pour des travailleurs britanniques» qui étaient présents au début de la grève. Cela montre bien la nécessité de syndicats de combat, avec des permanents élus par la base et payés à des salaires de travailleur qualifié.

    A cause de ces panneaux défendant les «emplois britanniques», certaine organisations de gauche n’ont pas soutenu la grève de janvier et février, ne comprenant pas qu’il s’agissait d’une grève en défense des syndicats et contre les tentatives patronales de diviser les travailleurs en important de la main d’œuvre immigrée bon marché. A l’issue de la grève, tous les travailleurs – tant britanniques qu’italiens et polonais – avaient obtenu des droits identiques et les mêmes salaires. Cette victoire et les actions de solidarité ont donné aux travailleurs de LOR la confiance de mener cette action assez fortement pour qu’elle soit réglée en un peu plus de deux semaines.

    En janvier, les véritables socialistes présents dans le comité de grève avaient contré les slogans nationalistes avec des slogans réclamant une unité de classe, cet appel ayant d’ailleurs reçu le soutien de la délégation de Total à Anvers.

    Mais cette victoire n’est pas le point final du conflit. Si une bataille a été gagnée, la guerre ne l’est pas encore. Les employeurs ont toujours en vue de briser les syndicats. Mais cette victoire a renforcé la résistance des travailleurs. Les employeurs – TOTAL et ses sous-traitants – les ont complètement sous-estimé, les patrons sortent affaiblis de la lutte. Le licenciement de masse prévu en représaille des actions illustre clairement qu’il s’agissait de la place du syndicalisme dans l’entreprise.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Angleterre et Pays de Galles

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • VIDEO: L’euro-député Joe Higgins à une réunion de syndicalistes britanniques

    Le weekend drnier, le National Shop Stewards Network (NSSN) (Réseau national de délégués) a tenu à Londres une réunion de délégués combatifs de différents secteurs et entreperises. Une grande attention a bien entendu été consacrée à différentes luttes victorieuses de ces derniers temps: Lindsey Oil Refinery, Visteon et la réintégration du délégué Rob Williams à Linamar. Un des orateurs était le nouveau euro-député Joe Higgins. Voici son intervention (en trois vidéos).

  • Total cherche la confrontation avec les ouvriers Anglais.

    Il y a à nouveau de l’agitation sociale à la raffinerie de Total à Lindsey (au Royaume Uni). L’entreprise avait déjà voulu remplacer des travailleurs d’un chantier de construction par des ouvriers Italiens et Portugais, qui coûtent moins cher. Cela n’a pas réussi, mais les patrons n’ont pas encore digéré leur défaite. À cause de cela, ils ont licencié les travailleurs pour les remplacer par des collègues plus "conformes" à leurs vues. 900 travailleurs doivent être licenciés.

    Appel à la solidarité

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    > Février 2009: La grève rencontre la victoire à la raffinerie de Lindsey!
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    Le mardi, 9 juin, Shaw UK, sous-traitant de Total, a annoncé que 81 ouvriers "pourraient être licenciés" sur le chantier de Lindsey Oil Refinery. Le lendemain a suivi le licenciement de 51 ouvriers, qui ont dû partir directement, avec le salaire d’une semaine et sans négociation syndicale.

    RBC, un autre sous-traitant, avait entretemps embauché 60 ouvriers dès le 8 juin. Apparemment, RBC avait repris les places de Shaw, ce qui devait masquer le fait que c’étaient des militants syndicaux très combatifs qui avaient été licenciés. C’étaient eux qui ont dirigés les actions de cette année (voir encadré).

    Le 10 juin, un arrêt de travail a été décidé et des négociations ont été entamées entre délégués et management. Face à l’absence de résultats, il a été décidé de poursuivre la grève le lendemain. Des travailleurs d’autres entreprises de sous-traitants sont solidaires. De son côté, la direction de Shaw a affirmé que si le travail n’était pas repris le lundi suivant, l’entreprise serait retirée du chantier. Pour une menace, c’en était une bonne!

    Le lundi, l’entreprise était bloquée par des piquets. La direction de Shaw réfléchissait pour aboutir à un «lockout» (une fermeture décidée par l’entreprise pour casser une grève). De nouvelles négociations ont suivi, mais la direction a exigé la reprise du travail avant de discuter des licenciements. Les travailleurs n’ont pas accepté cet ultimatum et ont décidé de continuer la grève.

    Le mardi 16 juin, les représentants des syndicats UNITE et GMB sont venus sur le chantier pour parler avec les grévistes et apporter leurs revendications à la direction. Ils étaient très clairs : revenir sur les licenciements, stopper les heures supplémentaires et le partage du temps de travail restant sur le chantier (le projet HDS3.)

    La solidarité avec les travailleurs de Shaw s’est élargie. Suite à cela, Total (propriétaire de la raffinerie Lindsey) a décidé de licencier 900 travailleurs. Bien vite, la grève s’est étendue.

    Les grévistes demandent des messages de solidarité. Ceux-ci peuvent être envoyés à: geminis@geminis.karoo.co.uk ou par téléphone au 0044 7706 7 10041.

  • Grande-Bretagne: No2EU : Un pas en avant vers une voix politique ouvrière

    No2EU-Yes to Democracy a été lancé il y a sept semaines à l’initiative du syndicat des travailleurs du rail – le RMT – cette alliance électorale construite à la-va-vite est parvenue à recueillir 153.236 voix lors des élections européennes de juin : 1% des votes. Le vote de gauche combiné au niveau de tout le Royaume-Uni a été de 340.805 voix, soit 2,25%

    Hannah Sell, vice-secrétaire générale du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    No2EU-Yes to Democracy a rassemblé le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles), le Parti Communiste de Grande-Bretagne, l’Alliance pour un Socialisme Vert, certaines sections de Respect, et d’autres encore. Parmi ses candidats, on trouvait les dirigeants des luttes les plus militantes du Royaume-Uni de cette année, y compris les délégués des usines d’Enfield et de Basildon Visteon, des membres du comité de grève du chantier de Lindsey, et Rob Williams, délégué martyr de l’usine de pièces détachées automobiles de Linamar.

    Parmi beaucoup de travailleurs qui ont entendu parler de No2EU, c’était l’enthousiasme. Mais à cause de son très jeune âge, et en particulier du boycott médiatique qu’elle a subi, la liste No2EU n’a été capable d’avoir qu’un impact limité sur la conscience de la masse des travailleurs. No2EU a obtenu plus de couverture dans les médias capitalistes depuis le jour de l’élection qu’au cours de toute la campagne !

    Il est bien entendu qu’aucune nouvelle formation de gauche ne pourra instantanément gagner la confiance des travailleurs, même après avoir obtenu de la visibilité ou une certaine «reconnaissance»: les travailleurs préféreront toujours, à juste titre, tester cette formation dans l’action sur une certaine période. Le RMT est un des syndicats les plus militants de toute la Grande-Bretagne. De nombreux candidats No2EU, parmi lesquels les membres du Socialist Party ne sont pas les moindres, bénéficient d’un long curriculum de luttes dans les intérêts de la classe salariée dont ils peuvent être fiers. Toutefois, la campagne en soi était très nouvelle. Dans ce contexte, sa capacité à convaincre plus de 150.000 personne de voter pour elle indique les possibilités qui existent pour la création d’une alternative de gauche combative. Dans les régions où les candidats bénéficiaient d’un passé électoral conséquent, No2EU a reçu de meilleurs résultats, avec par exemple un score de 4,5% à Coventry.

    Étant donné le peu de temps disponible afin d’établir le profil de No2EU, le nom de la campagne était un certain désavantage par rapport à certaines personnes. Ce nom était très attractif vis-à-vis d’une couche de travailleurs mécontents de la manière dont la législation européenne est utilisée par les patrons et le gouvernement pour saper leurs salaires et leurs conditions de travail – comme ceux du chantier de Lindsey qui ont récolté 400£ pour contribuer au financement de No2EU. Cependant, il y avait d’autres travailleurs – consciemment à la recherche d’une alternative de gauche ou socialiste – qui, s’ils avaient entendu parler de No2EU, n’auraient pas réalisé ce que cela représentait. Il ne fait aucun doute que certains parmi eux ont voté pour le Socialist Labour Party d’Arthur Scargill, qui a récolté un petit peu plus de voix que No2EU.

    Bien que modeste, le vote combiné pour la gauche a été le meilleur qui ait jamais été réalisé sur une base nationale pour une élection européenne ; ce fait représente un pas en avant en direction de la construction d’une représentation politique indépendante pour la classe salariée de Grande-Bretagne.

    De nombreux travailleurs à la recherche d’une alternative à la gauche du New Labour sont déçus du fait qu’il y ait plus d’une liste de gauche qui se présente, ce qui est compréhensible. Parfois, de tels conflits seront inévitables ; malheureusement, le SLP n’a pas daigné rejoindre une campagne commune pour les élections européennes. Toutefois, le désir de créer une voix électorale pour la classe salariée qui soit la plus forte possible est entièrement correct. No2EU a été un bloc électoral qui visait justement à cela : rassembler différentes organisations autour d’un programme commun afin de maximiser son impact électoral. En conséquence, le programme de No2EU était bien entendu limité, sans toutefois être nationaliste, comme certains l’ont laissé entendre. Au contraire, il appelait à la «solidarité internationale des travailleurs».

    En même temps, les diverses organisations participantes avaient une liberté totale de produire leur propre matériel. Par exemple, le Socialist Party a produit des tracts qui mettaient en avant notre programme socialiste et qui expliquait que nos candidats, s’ils étaient élus, ne recevraient qu’un salaire de travailleur.

    Une approche similaire est nécessaire lors de l’élection générale. Nous voulons nous assurer que – dans autant de postes que possible – des militants socialistes et ouvriers soient disponibles en tant qu’alternative aux partis de l’establishment. Le Socialist party appelle tous les syndicalistes et les socialistes, y compris le SLP, qui veulent relever un tel défi à œuvrer pour créer un bloc électoral sur une échelle plus grande encore que No2EU a été capable de l’accomplir.

    Contre le BNP

    Une des principales motivations de No2EU était le désir de fournir une alternative de gauche au BNP, parti d’extrême-droite. Il est clair que, dans certaines communautés ouvrières, d’importantes couches de la population sont si dégoûtées de tous les partis traditionnels au service du grand patronat, qu’elles se sont tournées vers le BNP, qui cherche à se faire passer pour un parti de la «classe salariée blanche». A Barnsely, par exemple, qui est traditionnellement une région fortement Labour, le vote Labour s’est effondré de 45 à 25%, et le vote BNP a monté de 8 à 17%. En réalité, comme l’a montré leur opposition aux grèves dans le secteur public ou à la grève historique des mineurs, le BNP est antisyndical et antigrève, il ne remet aucunement en question la domination de la Grande-Bretagne par une minuscule bien classe capitaliste immensément riche.

    Toutefois, le BNP ne sera pas vaincu simplement en suppliant les travailleurs de ne pas voter pour lui. Il est nécessaire de commencer à créer un parti de masse qui soit véritablement en faveur des travailleurs, quelle que soit leur nationalité. No2EU a été un pas en avant vers la création d’une telle alternative. A l’annonce des résultats, Bob Crow, secrétaire général du RMT et tête de liste à Londres, a dénoncé le rôle des partis «pro-capitalistes, pro-UE» dans la responsabilité des gains du BNP, et a montré l’issue en avant :

    «Aux côtés de nos collègues du SLP et d’autres groupes de gauche, nous avons remporté presque un tiers de millions de voix. A partir de No2EU, nous avons remporté 150 000 sympathisants, malgré le blocage des médias. Ceci nous octroie une plate-forme solide sur laquelle bâtir. Nous avons maintenant de toute urgence besoin de discussions avec les partis et les campagnes politiques et avec nos collègues des autres syndicats tels que le CWU (Communication Workers Union), afin de développer une réponse politique face à cette crise.»

    Pour le Socialist Party, la prochaine étape est de construire une réponse de la classe salariée pour les élections générales face à aux partis de l’establishment. Pourtant, selon certains, No2EU n’aurait pas du se présenter aux élections européennes, surtout au Nord-Ouest, parce que si les électeurs de No2EU avaient voté Green, le BNP n’aurait pas été élu.

    La raison pour laquelle le BNP a obtenu deux parlementaires européens a été l’effondrement total du vote Labour. En conséquence, le BNP a remporté deux sièges, malgré le fait qu’ils aient obtenu moins de voix qu’en 2004, aussi bien dans le Nord-Ouest qu’au Yorkshire.

    De plus, il est faux de suggérer que No2EU devrait s’être abstenu au profit des Greens. Sur le plan national, le Green Party, n’a jamais accepté aucun accord politique avec des candidats de gauche ou socialiste, malgré les tentatives faites par le Socialist Party ou d’autres d’en discuter avec eux.

    Si No2EU ne s’était pas présenté, il est erroné de penser que l’ensemble de ses électeurs se seraient tournés vers les Greens. La majorité de ceux qui ont voté Green les ont certainement perçus comme une alternative de gauche. Bien que sur le plan local, les conseillers communaux Green ont soutenu des mesures néolibérales antisalariées, les Greens n’ont pas encore été testés sur le plan national, comme ils ont pu l’être en Allemagne et en Irlande où ils sont entrés dans des gouvernements néolibéraux, et ils sont donc toujours considérés par certains comme étant à «gauche».

    Toutefois, dans le Nord-Ouest, malgré l’effondrement du vote New Labour de plus de 240 00 voix par rapport à 2004, les Greens n’ont été capables d’accroître leurs voix que de 10 000. Dans le Yorkshire, les Greens ont gagné 14 000 voix de plus.

    Sur le plan national, le vote Green s’est accru de plus d’un demi-million, mais ce vote était concentré de manière disproportionnée dans des régions avec une grande classe moyenne urbaine. Au Yorkshire, les Greens ont remporté 104 000 voix contre 120 000 pour le BNP.

    Toutefois, le schéma n’est pas le même pour les villes ouvrières en ruine du South Yorkshire, où le BNP a réalisé sa plus grande percée. A Barnsley, où le BNP a reçu 17% des voix, les Greens ont obtenu 6%.

    Ceci reflète le fait que les Greens ne sont pas perçus par la plupart des salariés comme un parti qui défende leurs intérêts, et le fait qu’ils ne soient par conséquent pas capables d’empêcher la croissance du BNP.

    No2EU n’était qu’un pas en avant vers la création d’un parti de masse des salariés qui puisse saper le BNP, mais c’était néanmoins un pas important en ce sens.

    Pour la première fois depuis la fondation du Labour Party, un syndicat national a pris la décision de se présenter, au côté d’autres, dans des élections nationales et avec un programme de gauche.

    C’était le devoir des socialistes de soutenir une telle initiative. Le RMT a maintenant établi l’idée que le mouvement ouvrier peut présenter ses propres candidats aux élections.

    Le syndicat du service public, le PCS, discute en ce moment d’un départ vers une direction similaire. Tous ces pas en avant doivent être encouragés.

    Lorsque les salariés commencent à trouver leur propre voix politique, il est du devoir des socialistes de ne pas rester sur le côté pour critiquer, mais de s’impliquer et d’oeuvrer pour faire en sorte que ces premiers pas puissent se développer en un mouvement de masse.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Angleterre et Pays de Galles.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Elections européennes de 2009 – Tour d’horizon

    Peu ou pas de confiance dans les gouvernements, mais pas de veritable alternative socialiste

    Ces élections européennes ont donné un instantané de l’atmosphère anxieuse et de la méfiance, ou même de l’hostilité, éprouvée face aux gouvernements. Dans certains pays, comme la Grande-Bretagne, la Grèce, l’Irlande et la Hongrie, les partis au pouvoir ont subi de dramatiques revers. Mais généralement, à quelques exceptions près, cette situation n’a pas bénéficié aux forces de gauche ou même aux verts. Le mécontentement est surtout illustré par une faible participation et un soutien accru pour les nationalistes de droite ou les formations d’extrême-droite.

    Par Robert Bechert, Comité pour une Intenationale Ouvrière

    L’Europe s’enlise dans une profonde récession, la pire depuis les années ‘30. Juste avant les élections, la Banque Centrale Européenne avait d’ailleurs encore revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les 16 pays de la zone euro : une chute de 5.1% pour 2009.

    Voilà le contexte derrière la fonte du soutien de la plupart des partis au pouvoir et la recherche, parmi les électeurs, d’une alternative. Même le faible taux de participation illustre ce rejet des partis établis, au côté d’un rejet de l’Union Européenne et de la parfaite compréhension que le soi-disant Parlement européen est impuissant.

    Mais alors que les nationalistes de droite et l’extrême-droite ont pu capter une bonne partie des voix, la victoire de Joe Higgins, le candidat du Socialist Party (CIO-Irlande), qui a remporté un des sièges d’eurodéputé de Dublin, montre de quelle manière il est possible de construire un soutien conscient de la base profondément enraciné parmi la classe ouvrière, établissant ainsi une tradition de lutte revendiquant des politiques réellement socialistes. Malheureusement, cela ne constitue pas l’expérience générale de ces élections. Seul le Bloc de Gauche au Portugal et le Mouvement des peuples contre l’UE au Danemark, quoique sur base d’un programme politique plus faible, ont remporté des succès significatifs.

    Dès le début de cette crise, il a été absolument clair qu’elle était due au marché capitaliste lui-même. À aucune moment il n’a été possible pour la classe capitaliste de blâmer la classe ouvrière, les syndicats ou le ‘socialisme’. On se serait donc attendu à ce que cela débouche un soutien pour les partis qui se sont opposés au capitalisme, ou qui au moins ont offert une vision différente de la société.

    Nous avons déjà connu des protestations à une large échelle, avec des manifestations et des journées de grève générale ou nationale, dans une série de pays européens. En France, plus particulièrement, elles ont pris le caractère d’une marée croissante d’opposition à toute tentative des capitalistes et des gouvernements de faire payer la crise aux travailleurs et à la classe moyenne. Mais d’autres pays encore, comme la Belgique, la Grèce et le Portugal, ont également connu des actions significatives.

    Cependant, presque tous les dirigeants syndicaux à travers l’Europe n’ont en rien cherché à construire un mouvement plus large sur base de ces premiers pas. Au lieu de cela, les protestations ont été réduites à des actions isolées, employées souvent tout simplement pour laisser sortir la colère, et la pression, ou encore, comme avec certaines manifestations de la Confédération Européenne des Syndicats de ce mois de mai, pour tenter de soutenir les partis sociaux-démocrates.

    L’absence d’alternative pour les travailleurs ouvre la voie à la droite

    Ce frein sur les luttes s’explique par le fait que dans la grande majorité des pays de l’Union Européenne, il n’y a actuellement aucun grand parti ou parti de masse essayant de construire une opposition sérieuse face aux effets de cette crise. Ce fait n’est pas fortuit. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO – CWI) a expliqué depuis le début des années ‘90 que la plupart des pays n’ont plus aucun parti de masse ou de parti significatif qui s’oppose au capitalisme. C’est là le résultat d’une combinaison faite de l’offensive idéologique des capitalistes qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique et de la transformation de la plupart des anciens partis ouvriers bourgeois (des partis avec une base de classe ouvrière et une direction pro-capitaliste) en partis complètement capitalistes.

    C’est ce qui a jusqu’ici sauvé les capitalistes et qui a fait qu’il n’y a pas encore eu de d’opposition active à une large échelle contre le capitalisme lui-même en conséquence de la crise. Dans beaucoup de pays européens, les travailleurs, la jeunesse et des sections de la classe moyenne ont clamé : "Nous ne payerons pas votre crise". Cet appel est un bon point de départ pour construire une résistance contre les pertes d’emploi, la baisse du niveau de vie et les coupes dans les budgets sociaux. Mais ce n’est seulement qu’un commencement.

    Cette crise du capitalisme pose clairement la question de l’opposition au système capitaliste lui-même et de la lutte pour une alternative socialiste. Actuellement toutefois, mis à part le CIO, il y a en Europe très peu de forces présentes dans le mouvement des travailleurs qui lient activement la lutte contre l’impact de la crise et la construction d’un soutien pour une société socialiste. Cette lacune a ouvert la voie aux succès électoraux de la droite.

    Dans un certain nombre de pays, mais pas en Belgique, les partis de centre-droit ont gagné, ou ont moins souffert que d’autres partis. Souvent, comme dans le cas de Sarkozy en France, c’était aussi le résultat d’un changement de tactique, avec des critiques contre les excès du capitalisme ou, dans le cas d’Angela Merkel en Allemagne, sous l’effet d’une extension massive des fonds du gouvernement pour le chômage partiel afin de limiter les pertes d’emploi.

    Gains pour l’extrême droite

    Mais à travers l’Union Européenne, des partis plus à droite ont progressé, en pourcentage si ce n’est en nombre de suffrage. L’immigration est devenue une question clé, des partis de droite exploitant les craintes des travailleurs envers les immigrés, qu’ils soient issus de l’intérieur ou de l’extérieur de l’UE, vis-à-vis de l’emploi ou des services publics. Le racisme, l’hostilité contre les musulmans, les gitans et, en Autriche, un antisémitisme semi-voilé, ont été des éléments significatifs dans ces élections. De plus, il n’y avait souvent que les partis d’extrême-droite pour exprimer la colère populaire ressentie contre l’UE elle-même, son essence antidémocratique et la domination des grandes puissances européennes.

    En surface, cette élection semble illustrer une droitisation de l’Europe, et même un déplacement vers l’extrême-droite dans quelques pays. L’exemple le plus saisissant est constitué par les 769.000 voix (17%) remportées par le PVV d’extrême-droite aux Pays Bas, pour sa toute première participation aux élections européennes. Il s’agit maintenant du second parti du Pays. Mais les nationalistes de droite et les partis d’extrême-droite ont également obtenu des gains significatifs en Grande-Bretagne, en Finlande, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Roumanie et dans d’autres pays encore.

    En Allemagne toutefois, où Die Linke, en dépit de ses faiblesses, est encore regardé comme l’adversaire principal des attaques contre le niveau de vie des travailleurs, les suffrages de l’extrême-droite ont à peine changé, malgré quelques augmentations dans certaines élections locales qui ont eu lieu simultanément.

    Les commentateurs capitalistes peuvent partiellement décrire les résultats électoraux comme un décalage vers la droite parce que les ‘socialistes officiels’, qui ont souvent enregistré des pertes, étaient les anciennes partis ouvriers. Ces formations ont appliqué les politiques néolibérales et sont de plus en plus vues comme asssez similaires au centre-droit. Là où ces partis sont au pouvoir, comme en Autriche, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne, ils ont enregistré des pertes. Dans les trois premiers de ces pays, les resultats ont été des baisses record, malgré le fait qu’en Allemagne, le SPD a essayé d’adopter une image légèrement plus ‘amicale’ envers les travailleurs. Dans d’autres pays, où ces partis sont dans l’opposition, les sociaux-démocrates ont gagné, sous l’étiquette du ‘moindre mal’. Ainsi, en Suède, ils ont réussi à obtenir 24.6% et même 36.6% en Grèce. Toutefois, en France, le Parti Socialiste a souffert des souvenirs qu’il a laissé derrière lui après son passage au pouvoir. Avec 16.48%, il n’est plus que 0.20% avant les verts (Europe-Ecologie).

    Dans trois pays, les principaux partis de droite au gouvenrement sont arrivé en tête des votes. En France, Sarkozy parle d’un succès de 28% des voix, ignorant cependant que 72% des électeurs se sont opposés à lui et que l’abstention a atteint des records. En Allemagne, le CDU d’Angela Merkel a reçu 1.343.000 voix de moins qu’en 2004, mais reste n°1. Le gouvernement polonais a reçu le taux le plus élevé, 44%, mais comme seulement 24% des gens se sont déplacés pour voter, cela ne représente qu’un soutien actif de moins de 12% de l’électorat…

    Très peu de gouvernements ont maintenu leur soutien. Le gouvernement italien en fait partie, avec 45% des voix. Le nouveau PdL de Berlusconi a peu gagné comparé à il y a cinq ans, et a perdu quand on regarde les élections générales d’avril 2008, mais la ligue du Nord, d’extrême-droite, a doublé ses voix à plus de 10%. L’Italie illustre bien le thème de cette élection : la faiblesse ou l’absence d’une véritable alternative socialiste, malgré la crise économique capitaliste qui fait rage.

    La force de Berlusconi est fondamentalement basée sur la déception éprouvée avec les gouvernements de centre-gauche, comme récemment la coalition Olivier, et sur l’échec du PRC (Parti de la refondation communiste). Fondé en 1991, le PRC avait précédemment reçu un soutien important, pas simplement du point de vue électoral mais aussi dans les lieux de travail et dans la société, mais cela a été gaspillé quand les dirigeants du PRC ont rejoint les gouvernements capitalistes au lieu de combattre pour gagner du soutien en faveur de politiques socialistes. En conséquence, le PRC est proche de l’extinction. Comparé à 2004, le suffrage ‘communiste’ est tombé de 2.757.000 voix à 1.032.000 (soit de 8.47% à 3.37%), alors que le suffrage ‘gauche/vert’ (une opposition très douce…) est tombé de 1.467.000 voix à 955.000 (soit de 4.51% à 3.12%). Mais un bloc de gauche significatif existe toujours en Italie. Le RPC lui-même, en alliance avec les Communistes Italiens et la Gauche Européenne, a gagné 1.032.000 voix alors que les Travailleurs Communistes en ont remporté 166.000. Ce soutien constitue toujours une base puissante pour un parti basé sur les idées véritables du marxisme en Italie.

    Des gains pour la gauche dans quelques pays

    A contre-courant de ce contexte général, la victoire du Socialist Party (CIO-Irlande) de Joe Higgins en Irlande a été un contraste marqué face à ce qui s’est produit dans le reste de l’Europe. Le SP a gagné 50.510 voix de préférence à Dublin (12.4%), plus DU double de ses 23.218 voix de 2004. C’était un vote conscient pour le SP basé sur son programme. Le SP était en concurrence avec les parti travailliste irlandais? dans l’opposition, dont la première voix de préférence à Dublin a également monté de 54.344 à 83.741 et avec le Sinn Fein dont le soutien au député sortant est tombé de 60.395 à 47.928 voix.

    Le résultat de Joe est seulement comparable au Bloc de Gauche au Portugal, qui a plus que doublé ses voix pour en atteindre 381.000 (10.7%), rattrapant tout juste le CDU, l’alliance menée par le Parti Communiste et ses 379.500 voix. Le "Mouvement des peuples contre l’UE", au Danemark, a augmenté ses voix de 97.986 à 168.035 (7.18%).

    Nouvelles formations de gauche

    Depuis le début des années ’90, le CIO a expliqué que la transformation des anciens partis sociaux-démocrates et ‘communistes’ faisait que, en même temps que la construction des forces en défense du socialisme véritable, il fallait argumenter que des étapes seraient nécessaires par la construction de partis indépendants de la classe ouvrière. De tels partis indépendants pour les travailleurs pourraient fournir à la fois un point de ralliement pour s’opposer à l’offensive capitaliste et un endroit où les idées socialistes pourraient être discutées.

    Ces dernières années, nous avons assisté à différentes tentatives de construire de nouveaux partis de gauche. Ces élections européennes ont d’ailleurs connu le passage d’une étape importante en Grande-Bretagne quand le principal syndicat des transports a lancé une initiative électorale, "No2EU, Yes to Democracy", à laquelle ont notamment participé le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles) et le Parti Communiste de Grande-Bretagne (PCGB). Cette liste a remporté 1% des suffrages.

    Mais plusieurs de ces nouvelles formations n’ont pas combiné une activité sérieuse et les revendications politiques claires nécessaires pour construire de vraies forces durables. C’est une véritable lutte que de construire de nouveaux partis, en particulier quand l’habitude de voter pour les anciens partis ouvriers existe toujours et quand joue l’effet du ‘moindre mal’ ou le fait que quelques petites concessions peuvent être gagnées. Toutefois, la combinaison de certains événements, d’expérience et de nouvelles activités pour ces partis peut élargir la base pour l’établissement d’une nouvelle force significative, ce que Dublin a illustré.

    Mais, de façon générale, les nouveaux partis de gauche n’ont pas connu de résultat dramatique. Les mauvais résultats peuvent s’expliquer en partie par le fait que beaucoup ont viré vers la droite, en refusant de faire campagne comme des socialistes et en ne présentant pas leur programme et leurs revendications de façon claire et déterminée.

    En Allemagne, Die Linke, en comparaison avec l’ancien PDS en 2004, a gagné 390.000 voix et a reçu un pourcentage de 7.5%, mais ce chiffre est autour de la moitié de ce qu’il avait dans les sondages d’opinion, et sous son objectif de "10 + X %". De même, en Grèce, l’alliance de gauche Syriza a obtenu 4.7%, comparé à 4.16% en 2004, mais des sondages d’opinion avaient parlé de 18% en 2008.

    Malheureusement, une situation semblable s’est développée avec le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) en France, qui a reçu 4.8% des voix, chiffre qu’il faut comparer aux 9% des sondages lors du lancement de la formation en janvier 2009. Une force clé derrière le NPA est l’ancienne LCR, et les suffrages du NPA sont une augmentation par rapport aux 2.56% gagnés en 2004 en alliance avec LO (LO a remporté 1.2% dans ces élections). Mais ces 4.8% sont une déception comparés aux 4.25% que le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, avaient gagné pour la LCR aux élections présidentielles de 2002, élections auxquelles LO avait reçu 5.72%.

    Une partie des ‘anciennes’ nouvelles formations stagne, comme le Socialistische Partij aux Pays Bas, dans ce cas-ci partiellement en raison du mouvement vers la droite de la direction du parti, avec une opposition de type nationaliste face à l’UE et une participation aux coalitions gouvernementales locales avec des partis capitalistes. De tels développements peuvent handicaper l’avenir de ces nouvelles formations, soit en termes d’effondrement, comme cela semble se produire avec le PRC en Italie, soit en termes de transformation en petits partis avec peu de perspective de se développer en tant que forces de masse.

    Dans quelques pays, la faiblesse de ces nouveaux partis a donné un espace pour le développement de partis ‘verts’, particulièrement en France, où Europe-Ecologie a gagné 16.2%, mais également en Grande-Bretagne, aux Pays Bas et dans la région francophone de Belgique. Les 7.1% gagnés par le parti pirate en Suède, un parti contre la surveillance d’Etat et pour le téléchargment libre d’internet, est une indication de l’atmosphère anti-éstablishment, particulièrement parmi les jeunes.

    Des opportunité à venir pour les véritables socialistes

    De façon générale, ces élections donnent une indication de l’instabilité qui se développe en Europe. La victoire du Socialist Party à Dublin et le doublement des voix du Bloc de Gauche au Portugal, avec ailleurs des augmentations plus modestes de voix à gauche, donnent une idée du potentiel qui est actuellement présent. Le résultat du SP à Dublin prouve qu’il est possible de gagner du soutien pour des idées socialistes même lorsque beaucoup de travailleurs et de jeunes votent pour le ‘moindre mal’, tandis que le résultat du Bloc de Gauche montre ce qui est possible quand un ‘moindre mal’, le Parti Socialiste Portugais dans ce cas-ci, est au pouvoir et applique des politiques capitalistes.

    Beaucoup de travailleurs européens, de jeunes et de membres de la classe moyenne craignent pour leur avenir et espèrent que cette crise économique sera bientôt terminée. Malheureusement, ce ne sera pas le cas.

    Au fur et à mesure qu’il sera compris qu’un retour des hauts taux de croissance économique n’arrivera pas, que le chômage de masse demeurera et que les capitalistes exigeront d’autres coupes dans les budgets sociaux et le niveau de vie de la majorité, la nécessité de lutter commencera à être comprise. Cela donnera l’opportunité à l’établissement de forces significatives capables de lutter pour le socialisme. Mais ce ne sera pas automatique. Cela exigera un programme clair et une stratégie consciente. Les voix pour l’extrême-droite lors de ces élections sont un avertissement : les forces réactionnaires peuvent gagner du soutien sur base de l’agitation sociale faute d’alternative pour les travailleurs.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Cette évaluation a été rédigée par le CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Royaume-Uni : Une révolution très britannique ?

    Pour une extension de la démocratie authentique

    “Une révolution très britannique” a bruyamment titré le Telegraph, après l’expulsion de Michael Martin, Président de la Chambre des Communes, une première depuis 1695. Jonathan Freedland poursuivait dans le Guardian : «Le Président de la Chambre sort, tandis qu’une odeur de révolution se répand dans l’air. I say, tant mieux… Nous vivons en effet une époque révolutionnaire – et ce changement radical, anticonventionnel est possible».

    Peter Taaffe, Secrétaire Général du Socialist Party, CIO-Angleterre et Pays de Galles

    Car article est la suite d’un précédent texte paru sur socialisme.be: Raz-de-marée de scandales politiques au Royaume-Uni : à bas les voleurs et leur système!

    Est-ce là le spectre du “jacobinisme”, ou juste une hyperbole journalistique ? Pas si on écoute les voix enragées de la “rue”, dans les transports en commun, dans les conversations sur les lieux de travail ou sur la BBC à «Question on Time». Qui plus est, plutôt que de retomber, la vague de colère et d’amertume de masse, face à l’avidité sans gêne de leurs «représentants parlementaires» a grandi sans cesse avec les révélations quotidiennes de nouveaux faits de pillage de notre argent par les parlementaires. Par exemple, le parlementaire Tory Douglas Hogg, qui avait réclamé des milliers de livres pour le nettoyage des douves de son château, a maintenant été mis de côté pour les prochaines élections. Un travailleur, résumant l’humeur générale, a déclaré au Sunday Times que «L’électorat britannique doit envier Ali Baba. Lui n’a eu affaire qu’à quarante voleurs!» Un autre faisait ce commentaire : «A partir de maintenant, je vais utiliser le mot «parlementaire» au lieu de «grippe-sou»».

    La parlementaire New Labour Margaret Moran a conservé sa propriété, mais a maintenant promis de rembourser l’argent dépensé sur sa résidence secondaire à Southampton. Mais cela n’a nullement adouci le commentaire d’une personne interrogée par le Sunday Times : «C’est bien simple. Elle devrait être arrêtée. Ils devraient tous être arrêtés».

    Comme le Socialist (journal du Socialist Party, NDLR) l’a fait remarquer, les révélations du Telegraph ont totalement discrédité la soi-disant élite de la «classe politique», constituée des dirigeants et de l’immense majorité des parlementaires des trois principaux partis politiques. Afin de détourner l’attention, ces dirigeants ont eu recours à des mesures cosmétiques – la démission du Président de la Chambre, la «mise à pied» d’une poignée de parlementaires, y compris des démissions et la promesse de «se tenir à l’écart» des prochaines élections générales, et la promesse de Gordon Brown d’une «enquête extérieure» concernant les demandes de remboursement de frais des parlementaires dans le futur. Mais seule une «enquête» par des comités impliquant des travailleurs ordinaires peut réellement commencer à constituer une menace pour les parlementaires. Il est probable qu’aucune des mesures proposées ne sera capable de satisfaire la masse des gens, totalement dégoûtée des parlementaires qui ont demandé le remboursement de «télévisions à écran plat» – comme l’inénarrable parlementaire New Labour de droite Gerald Kaufman – ou un «matelas pour enfant» – comme Michael Glove, ce «vautour de la culture» -, etc.

    En réalité, le Telegraph n’a pas appelé à une révolution – pas même à une «révolution politique» dans le cadre du capitalisme – mais à des mesures minimales. Tout en jetant des accusations à la tête des parlementaires, l’ancien propriétaire du Telegraph – un des journaux les plus à droite du Royaume-Uni, si pas du monde – languit en ce moment dans une prison de Floride pour une corruption d’une ampleur qui fait de l’ombre même aux actions honteuses des parlementaires britanniques. Dans les faits, le Telegraph, les médias capitalistes et les dirigeants des trois grands partis capitalistes ne souhaitent que retoucher quelque peu leur système. Ils ont ouvertement utilisé le licenciement du Président de la Chambre afin d’échapper à leur responsabilité dans des pratiques douteuses du même acabit ; eux aussi ont bénéficié de «remboursement de frais» inacceptables.

    Peu de publicité a été donnée au fait que la belle-mère de Cameron (le porte-parole des Tories) a offert des meubles à un parlementaire Tory qui, à son tour, en a réclamé le remboursement au bureau de la Chambre des Communes ! Clegg, le dirigeant Libéral-Démocrate, est lui aussi impliqué, de même que Gordon Brown lui-même. C’est chez les anciens électeurs Labour – broyés par le chômage de masse, les coupes dans le niveau de vie et dans les salaires – que se fait ressentir le plus grand dégoût aux hypocrites du New Labour.

    Il y a également une acceptation tacite, inexprimée, qu’il ne faut s’attendre à rien d’autre venant des «aristos» dans les Tories. Mais de nombreux travailleurs et personnes de la classe moyenne, surtout ceux de l’ancienne génération – malgré l’expérience brutale de Blair pendant la guerre d’Irak et les attaques menées par Blair et Brown sur les droits des travailleurs – gardaient un vague espoir que le New Labour était quelque peu « différent ». Cet espoir a maintenant été totalement mis en pièces, avec la révélation que le New Labour ne diffère en rien des Tories et des Libéraux-Démocrates, remettant en cause son droit à être considéré comme une représentant des travailleurs.

    La plupart des “mécréants” qui se retrouvent dans cette situation – en réalité, des gens plongés jusqu’au cou dans la corruption – ne subissent d’autre blâme qu’un appel à «rembourser» ce qu’ils ont volé. Mais comme le disait un pensionné, «Si moi j’allais au magasin et prenait une bouteille de shampoing sans la payer, on ne me demanderait pas seulement de la rembourser, mais je serais aussi arrêté et je devrais payer une amende». Assiégé par cette rage de masse, le gouvernement, poussé par les Tories et la presse, y compris le Telegraph, souhaite concentrer la discussion sur la manière dont on pourrait «améliorer» le Parlement, plutôt que de mettre un terme au «déficit démocratique» criant du Parlement dans sa forme actuelle. Un allié de Gordon Brown a confié à Seamus Milne, chroniqueur du Guardian, que «Il y a un dangereux vide. Si l’élite au pouvoir ne saisit pas l’opportunité, les gens vont la renverser».

    Mais le besoin pressant de changer le Parlement est maintenant mis à l’avant dans la vision du peuple britannique. Le fait de remplacer Martin avec n’importe quel autre parlementaire parmi les candidats au poste de Président de la Chambre – de la manière la plus incroyable, certains parlementaires New Labour ont mis en avant pour ce poste John Bercow un ancien Thatchérien de la ligne dure, qui se trouve maintenant au centre-gauche des Tories – ne va pas changer la situation d’un iota. Le dégoût de masse ressenti vis-à-vis des parlementaires de tous les partis, et même du Parlement lui-même dans sa forme actuelle, ne pourra pas être atténué par des mesures dérisoires, même déguisées en «révolution».

    Le Socialist Party se bat pour l’établissement d’une société socialiste démocratique et d’un Etat ouvrier démocratique gérés et contrôlés à tous les niveaux par les travailleurs. Même sans les récents développements, la masse des gens au Royaume-Uni accepte et soutient le concept de démocratie, y compris le Parlement, dans un sens général. Mais ce que nous avons au Royaume-Uni est une démocratie capitaliste, dans laquelle la classe salariée peut dire ce qu’elle veut – et même cela est attaqué par la «société de surveillance» – tant que les grands capitalistes et leurs représentants politiques restent ceux qui prennent les véritables décisions.

    N’est-ce pas ce que nous avons vu avec trois partis quasiment identiques, qui défendent encore le «marché libre» qui est en train de causer tant de dévastation économique pour le peuple britannique ? Les élections au Parlement sont des choix périodiques afin de savoir lequel des trois principaux partis capitalistes aura la chance d’opprimer et d’attaquer la classe salariée et les pauvres pendant les cinq prochaines années. Les «gagnants» sont récompensés avec la plus grosse part du butin : prestige, limousines gouvernementales, salaires énormes, etc. Mais même les «losers» se retrouvent dans une situation de «gagnant-gagnant», comme l’a révélé le récent scandale. Non contents de faire partie des 5% des plus hauts salariés du pays – sur base de leur salaire uniquement – ils ont «rehaussé» ce traitement grâces aux pratiques répugnantes révélées par le Telegraph.

    Nous défendons tous les droits démocratiques acquis par les travailleurs à travers la lutte, y compris l’élection de représentants à un Parlement, ce qui est le niveau actuel de compréhension et de perspective de la majorité des gens au Royaume-Uni. Toutefois, la réalité est, comme tous les analystes sérieux l’admettent maintenant, que le Parlement actuel n’est rien de plus qu’un grand parloir, et encore. Les parlementaires ne sont qu’un bétail votant pour la politique décidée par une petite cabale du gouvernement et son armée de Ministres, chefs de cabinet, secrétaires privés parlementaires – le « personnel votant ». Les véritables affaires sont dirigées par le gouvernement et, de plus en plus, par une petite cabale autour du Premier Ministre lui-même. Ils règnent à travers l’Etat y compris la fonction publique, qui exécute leurs décisions. Mais, comme l’Histoire l’a montré, des périodes de grandes convulsion sociale – et nous traversons une telle période en ce moment – voient la classe salariée se mettre en branle pour tenter de combler le fossé entre le «législatif» – le Parlement – et l’«exécutif» – le gouvernement et la machine d’Etat.

    La réponse face à la situation antidémocratique que nous vivons à présent n’est pas de se débarrasser des institutions de représentation telles que le Parlement, mais de mettre en oeuvre une démocratie plus généreuse, une expansion des moyens d’implication de la masse des gens dans la formulation et dans la mise en œuvre des décisions, avec un contrôle direct sur leurs représentants. Ceci signifierait, en premier lieu, l’abolition de la Chambre des Lords (la «Chambre des Fraudes») et de la monarchie. Ces institutions ont été gardées en réserve, pas pour des raisons décoratives ou historiques, mais en tant qu’armes potentielles qui peuvent être utilisées contre un Parlement ou un gouvernement radical qui menacerait le pouvoir des grandes entreprises à l’avenir.

    Sous le capitalisme, un système bicaméral – deux chambres parlementaires – n’est pas un sceau «démocratique» sur la législature principale. Ce système peut être utilisé afin de contrecarrer la volonté populaire, en particulier au cours d’une période radicalisée, révolutionnaire, en utilisant la «Chambre supérieure» ou le «Sénat» contre les mesures dans la législature qui menaceraient les intérêts des classes possédantes.

    Par conséquent, ce dont le Royaume-Uni a besoin est d’une Assemblée unique, qui combine les pouvoirs législatifs et exécutifs. Celle-ci devrait être élue par un élargissement de la franchise électorale, en particulier en impliquant les jeunes en leur donnant le droit de vote dès l’âge de seize ans.

    Le fait d’élire des parlementaires pour une période de quatre ou cinq ans à un poste où ils reçoivent un salaire indécent mène inévitablement à la situation qui scandalise en ce moment le peuple britannique. Une forme de représentation proportionnelle véritablement démocratique devrait immédiatement être mise en œuvre afin de briser le monopole des trois partis pro-capitalistes, et permettre à ce qu’une authentique voix des travailleurs émerge, en particulier via l’édification d’un nouveau parti de masse des travailleurs.

    Les capitalistes n’ont aucun fétiche par rapport aux arrangements électoraux. Ils vont passer de l’un à l’autre, en fonction de quelle forme d’élections servira le mieux leurs intérêts et leurs partis. Voyons par exemple l’étourdissant carrousel organisé par les capitalistes italiens lors des cinquante dernières années, passant sans arrêt d’une forme de représentation proportionnelle à une autre et vice-versa, avec maintenant la tentative de Berlusconi de créer un système «bipartite» à l’américaine.

    Leur position est déterminée non pas par «principe», mais par la meilleure manière de s’assurer que la majorité soit détenue par les partis de droite pro-capitalistes (y compris la social-démocratie). De la même manière, les véritables socialistes luttent pour la meilleure et la plus équitable forme d’expression pour le point de vue de la majorité de la population.

    Dans les années ‘70 et ‘80, lorsque la menace d’un gouvernement Labour de gauche – mené par une figure publique telle que Tony Benn – était une réelle possibilité, les capitalistes se préparaient à abandonner au vénéré système du «tout au premier», pour le remplacer par un système de représentation proportionnelle. La plupart de leurs suggestions ont pris la forme du Vote Alternatif, qui visait à mettre au pouvoir les coalitions pro-capitalistes, avec un «cordon sanitaire» autour d’un Labour alors radicalisé.

    Nous rejetons toute forme d’élections antidémocratique telle que celle-ci, qui a la faveur des Libéraux-Démocrates et même aujourd’hui de certains analystes capitalistes. Des élections organisées une fois tous les deux ans seraient un avantage par rapport au cycle actuel de cinq ans. Mais même des élections organisées sur une base encore plus régulière – comme la revendication des Chartistes qui voulaient des élections chaque année – ne pourraient surmonter l’absence frappante de tout contrôle au jour le jour sur les représentants au Parlement qui a été révélée par cette crise.

    Le fait d’élire les parlementaires via des assemblées locales démocratiquement organisées et élues (plutôt que par une campagne d’affichage et dans les médias) serait un grand pas en avant. De même en ce qui concerne le suivi et le contrôle permanent des parlementaires par leurs électeurs, et le droit de révocation immédiate par ces mêmes gens.

    Dans certains pays – comme les Etats-Unis ou le Venezuela – il existe des mesures permettant la “révocation” des représentants du peuple, essentiellement à travers toutes sortes de référendums. Mais un moyen plus direct d’exercer la révocation n’est pas nécessaire dans le système actuel, ce qui fait que le Parlement et les parlementaires actuels restent hors de contrôle.

    Les parlementaires ne devraient pas recevoir plus que le salaire moyen d’un travailleur qualifié. Il est remarquable de noter que cette revendication, qui a constitué une pierre d’angle du programme du Socialist Party trouve maintenant un écho dans certaines couches de la presse capitaliste. Par exemple, Aditya Chakrabortty, dans l’article «Une nouvelle politique» paru dans le Guardian, a écrit que «Le salaire de 64.766 £ par an les place confortablement parmi les 5% des personnes au plus grand revenu. Le salaire médian au Royaume-Uniest de 25.100 £ ; mais si on regarde du côté des pensionnés et des allocataires sociaux, on se rend compte que la moyenne de la population vit avec 16.000 £ par an». Sa solution est de «lier les salaires des parlementaires au revenu moyen. Mettons-les, disons à deux fois le salaire moyen, et n’augmentons leur salaire que en fonction de l’évolution du revenu moyen. Ceci devrait rappeler aux politiciens que leur job est de représenter leur électeurs – et leur donner un intérêt dans l’amélioration du sort de ces électeurs».

    Nous applaudissons cette proposition. Sa suggestion ne va sans doute pas le mettre dans les petits papiers des parlementaires, mais trouvera sans doute un écho parmi la population, de même que les positions de Dave Nellist, Terry Fields et Pat Wall (d’anciens parlementaires du Labour, représentants de l’aile marxiste qui existait alors en son sein et qui est le prédécesseur du Socialist Party, NDLR) ont pu en trouver un, et constituent encore maintenant un véritable exemple. Chakrabortty est trop généreux en suggérant qu’un parlementaire devrait recevoir deux fois le salaire moyen – puisqu’il montre bien que la plupart des gens vivent sous le salaire moyen – mais il se dirige dans la bonne direction.

    Nos suggestions sont là pour aider à faciliter la lutte des travailleurs contre l’offensive du capital, qui ne peut que s’aggraver à cause de la crise organique du capitalisme. Il ne fait aucun doute qu’il y a dans la campagne menée par le Telegraph un élément de tentative de «coup d’Etat» contre le gouvernement Brown, campagne reprise par l’ensemble de la presse capitaliste et par la direction Tory. L’effondrement probable du soutien au Labour lors des élections de juin sera utilisé comme un levier non seulement pour se débarrasser de Gordon Brown, mais aussi en tant que plaidoyer pour des élections nationales anticipées, qui pourraient maintenant être organisées bien avant que le mandat parlementaire actuel se termine en juin 2010.

    Un gouvernement Cameron est maintenant clairement perçu par les patrons comme la meilleure option pour leur système. Dave le «Compatissant» appartient au passé, vu qu’avec chaque jour qui passe, Cameron ressemble un peu plus à une réincarnation de Thatcher. Les analystes capitalistes parlent ouvertement de la nécessité d’un gouvernement Cameron, le seul qui serait prêt à lancer l’offensive contre le mouvement ouvrier et la classe salariée. Selon leur raisonnement, ceci sera nécessaire afin de résorber le gigantesque déficit budgétaire, qui s’élèvera probablement à 12-13% du PNB, pour une valeur de 175 milliards de livres. Ils sont forcés de tolérer ce déficit pour l’instant, afin d’éviter une dépression totale. Mais sur une base capitaliste, ce déficit ne peut être réellement résorbé que par une offensive brutale, en particulier contre les salaires des travailleurs du secteur public et le massacre à la tronçonneuse généralisé des services publics.

    Comme dans la période qui a précédé l’arrivée au pouvoir de Thacther, c’est là l’objectif conscient des capitalistes britanniques. Par conséquent, un gouvernement Cameron serait bien pire dans ses intentions que ne l’était même celui de Thatcher à son début. Un tel objectif garantit une confrontation ouverte entre le gouvernement les classes qu’il représente d’une part, et la masse des travailleurs d’autre part. D’énormes conflits sociaux, y compris la grève générale, seront à l’ordre du jour.

    Par conséquent, dans la crise actuelle, nous nous battons pour la forme la plus large possible, la plus extensive, de démocratie, afin de rehausser la lutte de la classe ouvrière. Mais nous reconnaissons aussi que, du point de vue de la classe salariée et du mouvement ouvrier, il n’existe dans le cadre du capitalisme aucune forme « parfaite » de démocratie ou d’arrangement électoral. Par exemple, la Chambre des Représentants américaine organise des élections tous les deux ans, mais ne représente d’aucune manière que ce soit la majorité de la population américaine. La masse de la classe salariée américaine est confrontée à près de 500.000 licenciements par mois, un nombre incroyable de saisies immobilières, et l’intention de massacrer les emplois et les services dans le secteur public, comme on peut le voir en ce moment en Californie.

    Mais aucune véritable solution ne peut provenir n’aucune des deux chambres du Congrès américain. La «démocratie» américaine est dominée par de gigantesques machines capitalistes bâties autour des partis républicain et démocrate, lesquelles sont à leur tour au service des milliardaires et de leur «démocratie du dollar», agissant comme un écran de protection pour leur système. Tout comme au Royaume-Uni, il y a un besoin urgent de l’alternative d’une nouvelle opposition radicale de masse pour la classe salariée, qui peut alors chercher à utiliser cette démocratie électorale théorique en sa faveur.

    La même tâche se pose aujourd’hui au Royaume-Uni. La classe salariée disposait dans le passé une voix politique de masse, jusqu’aux années ‘70 et ‘80, dans la base ouvrière du Labour Party, lequel s’est aujourd’hui effondré dans son avatar du New Labour, sous la coupe de Blair et Brown. Par conséquent, si on doit même se contenter de la mise en œuvre des revendications démocratiques nécessaires, le facteur le plus urgent pour contribuer à cette réforme est la création d’un nouveau parti des travailleurs de masse. Sans cela, toutes sortes de faux prophètes, de démagogues irresponsables de la droite, et toute une série d’ «indépendants» vont apparaître pour s’installer dans le vide politique qui existe aujourd’hui.

    La tentative d’Esther Rantzen (une présentatrice télé active dans des programmes de charité pour les enfants maltraités ou pour la Birmanie) de prendre le siège de Margaret Moran (une parlementaire Labour dont le total des «remboursements de frais» s’élève à 168.569 £) – “Je suis une célébrité, donnez-moi un siège” – pourrait être le signe avant-coureur de l’arrivée de toutes sortes de soi-disant «indépendants» – Martin Bell (un célèbre reporter de guerre, qui a été en 1997 le premier élu indépendant au Parlement britannique depuis 1951) est lui aussi en train de dépoussiérer son costume blanc – ce qui montre le dangereux vide qui existe à l’heure actuelle. Mais ces indépendants ne seront capables d’occuper le vide que s’il un nouveau parti des travailleurs de masse, ou des pas en avant vers la création d’un tel parti, ne sont pas urgemment entrepris. C’est pourquoi la campagne «No2EU, Yes to Democracy» soutenue entre autres par le Socialist Party et le RMT (le syndicat des transports), est si importante. De même, la décision du PCS (le syndicat du secteur public et des ex-secteurs publics) d’entamer une discussion quant à la présentation et au soutien de candidats syndicalistes est une nouvelle étape cruciale dans la création d’une telle force.

    Le New Labour a démontré encore et encore – et de manière encore plus évidente dans cette crise-ci – qu’il se tient fermement dans le camp du capitalisme. Alice Mahon a enfoncé le clou en prenant la décision de quitter le New Labour après dix-huit ans au Parlement, déclarant que le New Labour est «irréformable». Par conséquent, dans ce débat autour Parlement, les véritables socialistes et les travailleurs doivent réclamer une extension de la démocratie réelle, en luttant pour des réformes démocratiques et pour la forge d’armes politiques, et par-dessus tout la création d’un parti des travailleurs de masse, capable de défier les partis capitalistes et leur système, en combattant pour une démocratie socialiste véritable.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Cet article est issu de la section Angleterre et Pays de Galles du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Allemagne : 100.000 participants à la manifestation syndicale du 16 mai

    Ce 16 mai, l’Allemagne a connu une des plus grandes manifestations syndicales depuis le début de la crise économique mondiale. Près de 100.000 personnes ont répondu à l’appel de la fédération syndicale allemande, la DGB, en tant que participant à la Journée Européenne d’Action qui a aussi vu des manifestations à Prague, Madrid et Bruxelles.

    Sascha Stanicic, Sozialistische Alternative (SAV, CIO-Allemagne)

    Bien que 100.000 personnes soit un afflux massif, en réalité, un tel taux de participation est loin derrière le potentiel qui existe pour une réponse massive de la part des travailleurs face aux licenciements, fermetures d’usines, et coupes sociales prévisibles. Mais pour cela, il faudrait que la direction des syndicats donne une direction combative. Le 28 mars, deux manifestations organisées par des syndicalistes de gauche, des mouvements sociaux et des groupes socialistes, ont mobilisé près de 60.000 personnes. Elles étaient bien plus énergiques et combatives que la manif de la DGB du samedi 16.

    A la manifestation DGB, des groupes de travailleurs réclamaient une grève générale. L’atmosphère était combative parmi les contingents de la jeunesse syndicale, qui chantaient des chants ouvriers traditionnels, et appelaient même à la «révolution» et à un «changement de système». Mais les dirigeants officiels des syndicats ont détourné la manifestation à leur profit, pour appeler à un renouvellement du pacte avec le SPD (le Parti Social-Démocrate, l’équivalent de notre PS, qui fit partie du gouvernement de la grande coalition). Quelques jours seulement avant la manifestation, la DGB et le SPD avaient publié une déclaration commune.

    Les principaux politiciens du SPD, de même que ceux du Parti Vert, ont défilé sur le tout devant de la manifestation, aux côtés des dirigeants syndicaux, et les orateurs officiels se sont limités à critiquer le CDU (parti chrétien au pouvoir avec le SPD) et le FDP (parti libéral). En même temps, un appel a été fait pour voter en faveur d’un salaire minimum européen lors des prochaines élections européennes (une revendication maintenant reprise par le SPD et les Verts).

    Tandis qu’un des slogans à la manifestation était «Faisons payer la crise aux responsables», un autre appelait à un «pacte social». Dans la logique de cogestion et de défense de l’économie de marché capitaliste qui est mise en avant par les dirigeants syndicaux, ceci signifie que ce sera à la masse des travailleurs de supporter les conséquences de la crise. Ceci est reflété par le président du syndicat des métallos, Huber, qui a déclaré : «Il faut perdre le moins d’emplois possibles».

    Le gouvernements des conservateurs et des sociaux-démocrates est en train de tenter de reporter pour après les élections générales de septembre les grosses attaques qu’il voudrait infliger à la population. Mais dans les secteurs industriels, les annonces de licenciements massifs et de fermetures d’usines se suivent. Il n’est pas exclu que de grosses batailles industrielles puissent faire irruption avant même que ne se déroulent les élections. Mais ce qui est certain, c’est qu’après les élections, les luttes industrielles vont se rassembler au cours des attaques massives contre la sécurité sociale, et le potentiel pour une contre-attaque unifiée de la classe ouvrière va considérablement augmenter. La question d’une grève générale va arriver sur le devant de la scène.

    Attaques physiques des délégués syndicaux officiels contre les stands de gauche

    Le caractère de la direction syndicale a été révélé par les attaques physiques organisées par des délégués syndicaux officiels contre plusieurs stands d’organisations de gauche qui étaient présents sur la place où le rassemblement final a été tenu, y compris contre le stand de Sozialistische Alternative (SAV – CIO-Allemagne). Alors que «l’aile ouvrière» du CDU, le parti conservateur, avait la permission de tenir son propre stand, les stands des groupes politiques de gauche ont été bannis par les dirigeants syndicaux. Lorsque les activistes de gauche ont expliqué qu’ils n’étaient pas question pour eux de quitter leurs stands, ils ont été physiquement attaqués par des délégués syndicaux officiels, et les tables ont été endommagées.

    Les membres du SAV ont participé à la manifestation sous le slogan «Pour un grève générale d’un jour», et ont participé à diverses activités. De nombreux jeunes membres du SAV ont rejoint le contingent des jeunes, fort de 500 personnes – principalement des jeunes membres de Die Linke – et qui appelait à une grève dans l’enseignement. D’autres membres du SAV ont aidé à distribuer les pancartes appelant à une grève politique (c-à-d générale) et disaient «La lutte, pas les concessions!». D’autres partisans du SAV encore participaient à un petit contingent de syndicalistes d’opposition de la corporation automobile Daimler.

    Les photos de la manif peuvent être trouvées sur le lien suivant.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le SAV – Sozialistische Alternative – est la section-soeur du PSL/LSP en Allemagne. Depuis la fondation de Die Linke, nouveau parti large de gauche, le SAV collabore au sein de ce parti pour en renforcer son aile socialiste et révolutionnaire, au même titre que nos camarades de la Gauche Révolutionnaire au sein du NPA en France

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Raz-de-marée de scandales politiques au Royaume-Uni : à bas les voleurs et leur système !

    Le poisson pourrit en premier par la tête

    La puanteur qui s’élève de la corruption la plus pure et du vol à l’état brut des “deniers publics” par l’écrasante majorité des «(dés-)honorables membres» de la Chambre des Communes offre un spectacle nauséabond. Cette puanteur discrédite non seulement le Parlement et ses occupants, mais encore l’ensemble du système capitaliste.

    Editorial du Socialist, journal du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Parfois, un événement agit comme un catalyseur qui ramène à la surface tout le mécontentement. C’est un tel effet qu’a été produit par les révélations du Daily Telegraph. Alors que le spectre du chômage de masse s’étend sur la classe salariée et que la pauvreté est pire encore que du temps de Thatcher, les parlementaires se sont remplis les poches au moyen de «demandes de remboursement de frais» grotesquement exagérées. Certains journalistes «respectables» ont été jusqu’à demander l’arrestation de certains parlementaires.

    Les parlementaires ont réclamé de l’argent pour des femmes de ménage, des tapis, des saunas, des piscines, des jardiniers, des barbecues, de la nourriture pour chien, des coussins – en soie, bien évidemment – «pour se reposer». John Selwyn Gummer, parlementaire Tory et ancien Ministre, s’est fait rembourser un chasseur de taupes, d’autres ont poussé la mesquinerie jusqu’au point de se faire rembourser un KitKat ou un sac plastique à 5 pence! Comme le disait Andrew Rawnsley de l’Observer : «Il a probablement besoin de quelque chose pour ranger ses reçus».

    Une parlementaire Libéral-Démocrate a reçu de l’argent pour ses produits de beauté, et il y a même UN parlementaire Tory qui a demandé des tampax! John Prescott, ce soi-disant «héros» New Labour de la classe ouvrière, a sur sa liste de demandes de remboursement «trois fausses poutres Tudor pour son château à Hull». Il a aussi demandé deux sièges de toilettes.

    L’imposture de la “démocratie parlementaire” britannique a été révélée au grand jour. Chaque parti majeur est impliqué dans cette véritable «conspiration criminelle». Certaines pointures parlementaires, telles que l’ancien Vice-Président de la Chambre, ont suggéré que le «Parlement devra peut-être être dissous».

    L’ampleur de la désilluion publique est résumée par le chroniqueur de l’Observer, Rawnsley, qui utilise le langage de la «rue» afin d’exprimer cette large désillusion : «Et le parlementaire qui a demander le remboursement de crottin? Eh bien, pourquoi pas, vu que lui et les autres ne sont que des merdes!»

    A quelques exceptions près, ce discours est opposé à celui de la majorité des parlementaires. Ceux qui ont déjà des brouettes entières remplies d’argent en veulent apparemment plus, comme Barbara Follett, ou Shaun Woodland, parlementaire Tory renégat et maintenant Ministre New Labour, qui a un majordome mais demandait à ce que soient réglées ses «dépenses». Les parlementaires clament qu’ils avaient besoin de demander tout ça, à cause de «l’inadéquation» de leur salaire parlementaire, qui s’élève à «seulement»… 64 000 livres par an! (soit 5.300 livres par mois, environ 7.650 euros)

    Quel contraste au regard des anciens parlementaires socialistes et marxistes, tels que Dave Nellist et feus Terry Fields et Pat Wall, qui ne conservaient que le salaire moyen d’un travail et donnaient le reste. Mais ça, c’était à l’époque où le Labour était du côté des travailleurs.

    Comparez aussi le sort des parlementaires à celui de cette femme accablée de misère qui était interviewée par le Guardian la semaine passée, contrainte de nourrir sa famille avec un budget de 3 livres (un peu plus de 4 euros) par personne et par jour ! Et pourtant, le Ministre James Purnell, tentant de plonger son propre groin dans la mangeoire, cherche encore à poursuivre en justice et à punir les bénéficiaires d’allocations sociales comme elle, qui ne sont pourtant pas responsables de leur situation. Tout cela alors que les parlementaires et les banquiers vont probablement s’en tirer sans rien d’autre qu’une petite remontrance !

    Lorsque l’on combine tout cela au scandale des bonus des banquiers et à la faillite complète de ces dirigeants à donner un emploi, un logement et un revenu décent à des millions de travailleurs dans ce pays, c’est l’ensemble du système parlementaire et du capitalisme qui est montré du doigt.

    Les «institutions» de ce système – y compris le Parlement, comme le confirment ces révélations – sont discréditées. Si un parti des travailleurs de masse existait aujourd’hui au Royaume-Uni, la révulsion ressentie par toutes ces mesures qui récompensent les riches tout en punissant les pauvres pourrait être utilisée pour construire une vague d’opposition de masse qui pourrait représenter une véritable alternative. La campagne «No2EU» (une liste portée par le syndicat des transports et soutenue par le Socialist Party, NDLR) pour les élections européennes est le début d’une telle alternative.

    Les véritables socialistes et le mouvement ouvrier se sont battus pour et soutiennent les conquêtes démocratiques qui existent aujourd’hui. Nous et nos prédécesseurs avons fait les plus grands sacrifices pour le droit de vote, la liberté de la presse, les droits syndicaux et des systèmes de représentation sur les plans local et national, qui puissent refléter la «volonté du peuple». Mais on se rend compte que ce «Parlement» actuel se trouve à des millions de kilomètres de cet idéal.

    La presse et les medias sont contrôlés par une poignée de riches magnats, tandis que la voix des personnes ordinaires est noyée sous la cacophonie en faveur du «marché», qui a totalement abandonné la majorité de la population. Trois partis quasiment identiques – le New Labour, les Tories et les Libéraux-Démocrates – sont, comme ces révélations l’ont montré, submergés par la corruption, et n’offrent absolument aucune issue.

    Le Parlement lui-même, avec des élections tous les cinq ans de parlementaires jouissant d’énormes salaires et avantages, est complètement non-représentatif. Deux siècles plus tôt, le philosophe français Rousseau critiquait déjà le système parlementaire britannique : «Si le peuple anglais pense qu’il est libre, il se dupe lui-même ; il n’est libre que lors des élections des membres du Parlement ; aussitôt que ces personnes sont élues, le peuple est esclave, il ne compte plus pour quoi que ce soit… Ainsi, les députés du peuple ne sont et ne peuvent être les représentants du peuple». Quel beau tableau de la démocratie actuelle !

    Les pionniers de la démocratie au Royaume-Uni, les Chartistes – qui ont formé le tout premier parti ouvrier indépendant de l’Histoire – revendiquaient des élections parlementaires annuelles. Lorsque le tout premier élu Labour, Keir Hardie, est entré dans la Chambre des Communnes, il n’était pas payé, ni lui, ni aucun autre parlementaire. Toutefois, au contraire de Hardie, les parlementaires étaient essentiellement des Tories ou des Libéraux qui disposaient de «revenus indépendants». Le strict minimum qui devrait être aujourd’hui demandé est qu’un parlementaire ne bénéficie d’aucun «intérêt extérieur», telles que des positions de directions ou de conseiller auprès de compagnies privées.

    Comme l’a fait remarquer Mark Lawson, un critique artistique et télévisuel, pourquoi ne pas aller plus loin, et demander qu’un parlementaire ne reçoive pas plus que le salaire moyen? Ceci éclaircirait certainement les rangs des parlementaires et aspirants parlementaires en provenance des «échelons supérieurs» de la société, mais laisserait plus de place pour ceux qui sont plus à l’écoute de la population, càd des travailleurs.

    Mais à un moment, il faudra aller encore plus loin que cela. L’élection de tout représentant à une institution comme le Parlement actuel et ce, pour une durée de cinq ans, est par nature antidémocratique. Ces parlementaires ne doivent pas rendre de comptes aux électeurs qui les ont élus plus d’une fois tous les cinq ans, et même alors leurs actions ne sont pas examinées correctement.

    Les socialistes soutiennent tous les droits démocratiques, y compris l’élection d’un Parlement. Nous nous battrons aux côtés des travailleurs contre toute tentative de renverser un gouvernement élu démocratiquement, comme cela s’est passé au Chili en 1973, ou en Espagne dans les années ‘30. Mais un système plus représentatif, plus responsable que le système actuel est nécessaire.

    La Chambre des Lords doit être abolie ; il ne devrait y avoir qu’une seule assemblée qui combinerait les pouvoirs exécutifs et législatifs qui sont jusqu’ici divisés au Royaume-Uni.

    Les membres de cette assemblée devraient être élus pour une durée de deux ans au maximum, sur base d’assemblées locales démocratiques, avec un droit de rappel par les personnes qui les ont élues, et devraient recevoir le salaire d’un travailleur qualifié. L’âge minimum des électeurs devrait être abaissé à 16 ans.

    Une démocratie comme celle-ci mènerait à une plus grande participation par la masse de la population. Un changement du système électoral dans le sens d’une représentation proportionnelle constituerait également une amélioration.

    Comparé au système actuel antidémocratique – qui maintient le pouvoir entre les mains d’une élite – les changements exprimés ci-dessus représenteraient un important pas en avant. En l’absence aujourd’hui d’un parti des travailleurs de masse au Royaume-Uni, de telles revendications et slogans sont sans doute en avance de ce que la plupart des gens, même des travailleurs, pourraient soutenir à l’époque actuelle. Mais la nausée qui monte à la suite des révélations du vol du Parlement par les parlementaires est en train de préparer le terrain pour l’adoption de telles demandes audacieuses dans le futur.

    En attendant, le salaire des parlementaires doit être réduit au niveau du salaire moyen. Là où des remboursement de frais sont requis, ils devraient être strictement nécessaires – de la même manière que certains ouvriers du bâtiment sont payés pour se déplacer à travers le pays sur base de leur travail. Qui plus est, plutôt qu’un « corps extérieur » qui contrôle et audite les frais demandés, pourquoi ne pas établir des commissions de contrôle constituées de travailleurs, de chômeurs, d’allocataires sociaux, de petits commerçants et d’entrepreneurs menacés par la récession actuelle ?

    Le scandale des demandes de remboursement de frais des parlementaires va mener à la conclusion qu’un système basé sur la production pour les profits de quelques-uns – les millionnaires et milliardaires – plutôt que pour les besoins sociaux de la majorité – les millions – produit inévitablement la pourriture et la corruption dont nous sommes témoins. Nous défendons tous les droits démocratiques – qui doivent inclure également l’abolition des lois antisyndicats héritées de Thatcher. Mais en même temps, nous visons à une extension de la démocratie, à un Etat socialiste démocratique, au lieu de la caricature de «dictature élue» qu’est le Parlement à présent.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Cet article est issu de la section Angleterre et Pays de Galles du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Lettonie : Effondrement économique sans précédent

    Le chantage du FMI et de l’UE signifie la misère pour les travailleurs

    Le PNB letton a chuté de 18% en un an entre le premier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009. Au cours de la même période, la production industrielle a chuté de 22% et les ventes dans la distribution de 25%. Ces données sont catastrophiques. «La Lettonie est devenu un enfer capitaliste», écrivait au début de l’année Veckan Affärer, le journal économique suédois. L’économie lettonne est en train de s’effondrer à une vitesse et avec une ampleur sans précédent.

    Par Per Olsson, Rattvisepartiet Socialisterna (Parti de la Résistance Socialiste – CIO-Suède)

    Au cours des trois premiers mois de cette année, la contraction annualisée du PNB était de -30%. Avec l’effondrement de l’économie, les cadres du FMI et de l’UE ont exigé que le gouvernement letton coupe son budget coupe de 40% – une mesure drastique, qui ne peut qu’étrangler un pays déjà à genoux.

    Jusqu’à ce que le gouvernement présente son plan de coupe budgétaire avec l’objectif de réduire son déficit en-dessous de 7% du PNB, le FMI et l’UE refusent de payer les prêts d’urgence déjà promis à la Lettonie. L’exigence du FMI était que le déficit budgétaire soit réduit sous les 5% du PNB ; le gouvernement maintient toutefois qu’ils ont réussi à négocier ce déficit à 7% (personne ne sait encore si cette affirmation est vraie ou pas). Mais même si le gouvernement letton supprime 40% de son budget pour cette année, cela ne permettra pas de satisfaire les exigences du FMI et de l’UE.

    «C’est pire que nous avions imaginé dans nos pires cauchemars. La Lettonie n’a aucune chance de pouvoir ramener son déficit budgétaire sous les 7% du PNB. Nous pensons qu’il s’élèvera à environ 15%» confiait Lars Christensen, analyste en chef de la Danske Bank, au journal suédois Dagens Nyheter du 13 mai.

    En décembre dernier, le FMI, l’UE et le gouvernement suédois ont promis de donner à la Lettoie un prêt de près de 8 milliards d’euro. Le gouvernement suédois a promis 750 millions d’euro – «Entièrement à destination des banques suédoises – Swedbank, SEB et Nordea, qui ont ensemble prêté au total environ 50 milliards d’euro aux Etats batliques» (Dagens Nyhter, 13 mai).

    Chantage

    La promesse d’un prêt est devenue un outil de chantage visant à protéger des intérêts tels que ceux des grandes banques suédoises, et d’éviter la dévaluation de la monnaie lettonne. Déjà en mars, le FMI a postposé le versement de près de 200 millions d’euro, et menace maintenant de postposer le prêt qui devrait arriver en juin.

    «Afin de recevoir le prochain versement du prêt de soutien européen, la Lettonie doit mettre en oeuvre les réformes budgétaires et structurelles promises», a déclaré la semaine passée le Commissaire européen Joaquin Almunia.

    La dévaluation interne que le FMI et ses pairs veulent imposer à la Lettonie est vouée à l’échec, et si le gouvernement devait malgré tout la tenter, il signerait alors son propre arrêt de mort. Les prévisions de coupes qui ont été jusqu’ici rendues publiques parlent d’elles-mêmes. La moitié des enseignants du pays pourraient perdre leur emploi, le nombre d’hôpitaux serait quasi réduit de moitié, et une nouvelle baisse des salaires des fonctionnaires et des allocations pour les enfants sont comprises.

    Pendant ce temps, le chômage est monté à 14% et continue à monter. La moitié des près de 200.000 chômeurs ne reçoivent pas d’allocation de chômage, et ceux qui en reçoivent ne bénéficient que d’une allocation minimale pendant tout juste neuf mois.

    Le 2 mai, le correspondant du Dagens Nyheter a rencontré une famille d’enseignants de Lettonie qui bénéficiaient d’un revenu combiné de 3.000€ bruts par mois, ce qui est relativement élevé pour la Lettonie. Mais depuis l’automne dernier, chacun d’eux a perdu son deuxième boulot, et leur salaire de prof a été réduit par deux fois, de près de 40%. En seulement six mois, le revenu familial est tombé à un médiocre 1.000€ par mois. Dans un tel climat, demander des coupes budgétaires est la recette d’une destruction sociale et humaine majeure.

    Les protestations augmentent

    Les protestations se sont accrues : les enseignants, les fermiers, et même la police ont défilé dans les rues. Un tollé parmi les parents s’est élevé contre les coupes dans le budget des allocations familiales.

    Il y a peu, plus de 1.000 étudiants ont pris part à une manifestation dans la capitale, Riga, contre les coupes dans l’éducation, pour la deuxième fois en un mois. Cette fois, les manifestants ont apporté une couronne funéraire à la porte du Département de l’Education, afin de symboliser le fait que les coupes sont en train d’enterrer le système scolaire du pays.

    La Lettonie sera probablement forcée de dévaluer sa monnaie, ce qui sera inévitablement suivi par des dévaluations similaires dans les deux pays baltes voisins, l’Estonie et le Lituanie, qui ont aussi connu un effondrement de leur économie.

    Ceci va à son tour approfondir la crise bancaire en Europe occidentale, puisque de moins en moins de pays vont être capables de repayer leurs dettes en euro (plus de 80% des emprunts lettons le sont en euro). Qui plus est, la dévaluation n’est pas une solution : elle frappe la classe salariée sous la forme de prix plus élevés, et ne sera pas une garantie contre de nouvelles coupes budgétaires.

    Aucune « politique capitaliste » ne peut arracher la Lettonie de l’emprise que les banques, les grandes entreprises et les institutions capitalistes ont sur le pays. Une lutte est nécessaire afin d’affaiblir cette emprise et de se battre pour : la fin des remboursements d’emprunts, la fin des versements aux banquiers, l’annulation de la dette, la fin du chantage du FMI et de l’UE, un nouveau gouvernement des travailleurs qui se positionne sur une plateforme démocratique et socialiste.

  • MEETING du NPA à Lille

    Ce vendredi, juste après la conférence de presse de Tournai où Olivier Besancenot est venu apporter son soutient à la liste LCR-PSL, nous sommes allés à un meeting du NPA à Lille. Environ 700 personnes étaient là, dont nos camarades de la Gauche Révolutionnaire, un courant au sein du NPA, qu’une quinzaine de camarades du PSL étaient venus rejoindre. Le meeting étaient très intéressant, et la prise de parole d’Olivier Besancenot, très dynamique, politique et combative, résonne encore dans nos têtes…

    Photos par Mandy et Nico

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