Category: Europe

  • Grèce: révolte ouvrière

    L’humeur de la classe ouvrière grecque est à la colère et est extrêmement explosive, et un « soulèvement » des travailleurs est possible. De nombreux milliers de travailleurs ont répondu à l’appel de SYRIZA (une large coalition de la gauche, dans laquelle participent nos camarades), du KKE (Parti Communiste Grec) et de la fédération syndicale du secteur public, ADEDY, à manifester le 4 mars devant le Parlement à Athènes contre le plan d’austérité qui devait y être voté ce jour-là.

    CIO-Grèce

    L’humeur de la classe ouvrière grecque est à la colère et est extrêmement explosive, et un « soulèvement » des travailleurs est possible. De nombreux milliers de travailleurs ont répondu à l’appel de SYRIZA (une large coalition de la gauche, dans laquelle participent nos camarades), du KKE (Parti Communiste Grec) et de la fédération syndicale du secteur public, ADEDY, à manifester le 4 mars devant le Parlement à Athènes contre le plan d’austérité qui devait y être voté ce jour-là.

    Toutefois, l’approche des dirigeants syndicaux semble être de vouloir « laisser échapper la vapeur », sans fournir aux travailleurs aucune alternative concrète aux attaques du gouvernement.

    Lors d’une interview télévisée, le Secrétaire Général du KKE, qui dirige une des grandes fédérations syndicales, s’est vu demander à trois reprises par le journaliste de donner une alternative aux coupes annoncées par le gouvernement PASOK. Le porte-parole du KKE n’est toutefois parvenu qu’à bredouiller quelque chose de très général au sujet de la nécessité d’une « économie alternative ».

    Les partisans de Xekinima (CIO en Grèce) mettent en avant une analyse de classe de ce qui se passe en Grèce, et aussi une politique socialiste afin d’empêcher les coupes et de transformer les conditions de vie des travailleurs.

    Ci-dessous se trouvent des extraits d’un communiqué de presse publié par Xekinima le 3 mars, quelques heures après que le nouveau plan anti-travailleurs brutal ait été annoncé, condamnant la nouvelle tournée de coupes et appelant à une direction audacieuse par les syndicats et la gauche en Grèce et à travers l’Europe.

    « Des raisons pour une rébellion ouvrière ! »

    Les travailleurs du secteur public partent en grève le 5 mars après l’annonce d’un nouveau plan d’austérité de 4,8 milliards d’euro

    Xekinima (CIO-Grèce) – Communiqué de presse

    Grève générale, 24 février 2009

    « Des raisons pour une rébellion ouvrière ! »

    Les mesures que le Premier Ministre grec Georgios Papandreou a annoncées aujourd’hui [3 mars] représentent une « cause de rébellion » de la part des travailleurs pour s’opposer à la politique du gouvernement PASOK et des banquiers – grecs et internationaux – qui sont maintenant en train de mener les plus grandes attaques sur les travailleurs de Grèce depuis la fin de la guerre, contre notre niveau de vie et nos droits.

    Le gouvernement a annoncé des plans afin de, dans les faits, supprimer de 2 à 3 mois de salaire aux travailleurs du secteur public ; d’augmenter la TVA de 19 à 21% ; d’imposer des taxes indirectes sur les biens de consommation de masse, tels que les cigarettes, l’alcool et le carburant, et de réduire de 12% les avantages en nature des travailleurs du secteur d’Etat [ces « avantages » étant en grande majorité fournis en tant que compensation pour les bas salaires].

    Ces mesures s’élèvent à un montant de 4,8 miliards d’euros de coupes budgétaires. Le gouvernement dit que ces coupes sont nécessaires et ne peuvent être faites d’aucune autre manière… Ce chiffre vaut moins que l’amende de 5,5 milliards d’euros qui a été imposée à la companie financière grecque « Acropolis » due au pillage des fonds de pension organisé par cette compagnie en 2007. Il vaut aussi moins que les 8 milliards d’euros d’évasion fiscale annuelle des grandes entreprises qui ne payent pas l’assurance-pension de leur personnel.

    Ce n’est pas un accident si la première figure publique à applaudir ces coupes sauvages a été Mitsotakis l’ancien Premier Ministre droitier tant haï (1990-1993), suivi par le Président de l’organisation des industrialistes grecs, et par le dirigeant d’un parti d’extrême-droite !

    Grève générale du 17 décembre 2009

    Toutes les meesures annoncées par le Premier Ministre Panadreou ne seront ni temporaires, ni la fin de l’histoire. Plus reste à venir. Selon les porte-parole du gouvernement et les médias, ces mesures permettront de « complètement sortir l’économie de la récession ». Mensonges ! Ces mesures ne vont qu’approfondir encore plus la récession en Grèce. On estime qu’en conséquence de cette politique, l’économie va chuter de -5% au cours de cette année (2010).

    Les grands capitalistes et le gouvernement soi-disant « socialiste » ont montré leurs véritables intentions. Il est temps à présent pour la classe ouvrière et la jeunesse de riposter ! Nous avons besoin d’un appel immédiat à une grève générale de 48 heures ! Jusqu’à présent, la fédération syndicale du public, ADEDY, a appelé à une grève générale des travailleurs du public pour le 16 mars. Ce n’est pas assez ! Nous devons développer une vague de grèves prolongée, incluant des manifestations de masse et des occupations d’entreprises et des bâtiments gouvernementaux, et aussi l’occupation par les travailleurs des stations radio et télé qui ne font que répandre la propagande du gouvernement.

    Nous devons nous préparer à une grève générale de 48 heures. La jeunesse, les paysans, les petits commerçants doivent également être impliqués dans des actions de masse. Il est important que les lycéens et étudiants organisent des occupations, et que les paysans bloquent les routes nationales. Il faut un plan de grèves générales à répétition – pas seulement une de plus – afin de forcer le gouvernement PASOK et les bureaucrates réactionnaires de Bruxelles à reculer.

    En même temps, il nous faut une mobilisation paneuropéenne et une coordination d’actions ouvrières de masse, de grèves contre la politique de l’UE, liées à la lutte des travailleurs grecs. Les luttes des travailleurs grecs d’Athènes, de Saloniki et d’autre villes, vont grandement déterminer la férocité des attaques sur le reste de la classe ouvrière à travers l’ensemble de l’Europe. Si les patrons grecs peuvent s’en tirer ainsi, ce sont les patrons de toute l’Europe qui vont en faire de même.

    Les partis de gauche et les syndicats en Grèce, comme sur le plan paneuropéen, doivent prendre des initiatives urgentes afin de mobiliser une action ouvrière de masse pour résister à ces attaques. Soit le gouvernement et le grand capital grecs seront vaincus dans les rues de Grèce par l’action ouvrière, soit la classe ouvrière sera confrontée à des attaques sans précédent. Ce n’est pas à nous de payer pour la crise qu’ils ont causée, ce n’est pas à nous de payer pour les déficits et les dettes qu’ils ont créés !

    Nous revendiquons :

    • Nationalisation des banques et des compagnies financières, sous le contrôle et la gestion par les travailleurs et la société
    • Taxes drastiques sur les profits, les grandes propriétés foncières et les immenses domaines de l’Eglise orthodoxe
    • Coupes drastiques dans les dépenses militaires
    • Refuser de payer la dette aux banques grecques et étrangères

    Nous appelons à la fin de la spéculation sur les marchés internationaux et aux scandales des banques-brigands – grecques et étrangères – qui amassent d’énormes profits sur le dos des contribuables (l’Etat a renfloué les banques grecques de 28 ùmilliards d’euro, à taux d’intérêt zéro, uniquement pour permettre à ces banques de « prêter » ces fonds au gouvernement à des taux de 6-7% !).

    Cette année comme pour les quelques prochaines années, ce seront 50 milliards d”euros qui seront remboursés chaque année aux sépculateurs des spéculateurs bancaires charognards, tandis que le gouvernement ne dépense que 10 milliards d’euro chaque année pour l’éducation et la santé prises ensemble !

    Devons-nous saigner pour leurs profits ? Non ! C’est à leur tour de saigner !

    [Publié par Xekinima (CIO – Grèce) le 3 mars 2010]

  • Pays-Bas: Le rôle de l’armée néerlandaise en Afghanistan déclenche la chute du gouvernement

    Les partis de l’establishment projettent d’immenses coupes budgétaires après les nouvelles élections

    Après une semaine de crise politique intense autour d’un rapport concernant le soutien du gouvernement néerlandais à la guerre en Irak et au sujet de la prolongation de la mission militaire néerlandaise en Uruzgan (province centrale d’Afghanistan), le gouvernement néerlandais est tombé. Les Ministres du Parti Travailliste (PVDA, social-démocrate) vont démissionner et un cabinet temporaire va être mis sur pied, incluant les Ministres du Parti Démocrate-Chrétien et de l’Union Chrétienne (un petit partenaire de coalition).

    Pieter Brans, Offensief (partisans du CIO aux Pays-Bas)

    La cause immédiate de la chute du gouvernement est l’ambition de Maxime Verhagen, Ministre des Affaires Étrangères (et peut-être prochain dirigeant des Démocrates-Chrétiens) de prolonger la mission militaire néerlandaise en Afghanistan. En 2007, le gouvernement avait décidé que cette mission se terminerait en août 2010. Sous la pression de Washington et de l’OTAN, Verhagen a œuvré en faveur d’une poursuite de la présence militaire néerlandaise (environ 2000 soldats en Uruzgan). Toutefois, selon les sondages, 50% de la population des Pays-Bas est opposée à la mission.

    Le PVDA s’en est tenu à l’accord précédent et a rejeté les arguments comme quoi la situation aurait changé à cause de la «politique d’offensive» menée par le Président Obama. Sous la pression populaire, le dirigeant du parti Wouter Bos (Ministre des Finances) s’est senti obligé de rejeter la requête de l’OTAN qui demandait que les forces néerlandaises prolongent leur «mission» militaire en Afghanistan, au sujet de laquelle il a déclaré ne pas avoir été informé. Le PVDA est aussi mis sous forte pression de part les sondages qui prédisent une défaite lors des élections communales du 3 mars.

    Cette crise gouvernementale est arrivée après une longue série de petites crises politiques, y compris autour du contrat pour les avions «Joint Strike fighter» (les Démocrates-Chrétiens le voulaient, les travaillistes du PVDA non, mais l’ont finalement concédé), autour d’une réforme de la loi qui aurait facilité les licenciements (les Démocrates-Chrétiens en rêvaient, mais on dû laisser tomber), autour de l’évaluation de l’enquête sur la participation néerlandaise dans la guerre d’Irak (les Démocrates-Chrétiens ne voulaient pas de cette enquête et ont rejeté les conclusions de la Commission, qui incluaient entre autres le fait que cette guerre était illégale au regard du droit international, mais ont été finalement été contraints de reculer sur ce point), et la rehausse de l’âge des pensions à 67 ans (qui a constitué une pilule amère pour le Parti Travailliste et pour les syndicats). L’immense potentiel pour qu’un mouvement de protestation se développe contre ces enjeux a été saboté par la direction syndicale liée au Parti Travailliste.

    Les conflits et crises du gouvernement sont devenus de plus en plus difficiles à gérer, sur un fond de croissance du soutien pour les partis de droite, surtout pour le Parti de la Liberté populiste et anti-immigrants de Geert Wilder. Le Parti de la Liberté a déclaré qu’il ne participera pas aux élections communales de mars, tablant sur la continuation des frustrations populaires afin de se construire, et sur le fait que cela lui offrira un excellent tremplin pour les élections parlementaires nationales initialement prévues pour mai 2011. Maintenant il sera capable de se présenter pour les élections nationales anticipées en exploitant l’humeur anti-gouvernement avec un discours populiste de droite.

    Un enjeu plus fondamental est le programme de coupes budgétaires, d’environ 35 milliards d’euros, que le gouvernement était en train de préparer. Après avoir dépensé près de 90 milliards d’euros pour sauver les banques néerlandaises décrépites, le gouvernement se prépare à des coupes qui pourraient bouleverser la société néerlandaise. Comme de nombreux autres gouvernements européens, le gouvernement néerlandais cherche à démanteler des pans entiers de l’Etat-providence.

    Nouveau gouvernement – courte lune de miel

    En ce moment, la classe ouvrière néerlandaise n’a pas une direction qui est préparée à défendre ses intérêts de classe de manière adéquate. Les élections qui avaient au départ été prévues pour 2011 auraient dû fournir aux organisations de la classe ouvrière néerlandaise le temps de souffler après la défaite de la résistance contre la hausse de l’âge de la pension, pour pouvoir partir à l’offensive à la fois sur le plan politique et syndical. Les partis pro-marché néerlandais vont entrer dans la prochaine campagne électorale (les élections tombant probablement en juin) sur l’air de «d’immenses coupes sont nécessaires, inévitables et pour le bénéfice de «nous» tous». Ils vont tenter de cacher l’ampleur des attaques qu’ils comptent mener sur les droits et les conditions des travailleurs. L’enjeu des coupes sera gardé aussi vague que possible.

    Après cela, ils vont chercher à avoir une coalition gouvernementale aussi stable que possible afin de mettre en œuvre un plan d’austérité draconien. Mais ce ne sera pas si facile que ça. On ne peut plus compter sur le Parti Travailliste. Le Parti de la Liberté n’est pas un facteur stable, comme l’a montré son prédécesseur en 2002 lorsqu’il faisait partie du gouvernement national.

    Malheureusement, le mouvement ouvrier des Pays-Bas doit se développer et même être reconstruit en termes de programme, d’idées, d’organisations et de combativité (il y a eu de bons exemples récemment). Les syndicats vont se retrouver sous la pression de leur base qui voudra résister à de nouvelles « mesures de crise » (càd coupes, pertes d’emplois et gel salarial) par les patrons et par le gouvernement. Le Parti Socialiste néerlandais (un parti réformiste large qui attire des couches de travailleurs et de jeunes) a fait des ouvertures vers le Parti Travailliste et a viré vers la droite (y compris en attaquant les socialistes de lutte à l’intérieur de ce parti), mais une résistance ouvrière de masse face à l’agenda d’austérité pourrait changer le cours de ce parti.

    Avec une crise gouvernementale en février, des élections communales de mars et des élections nationales en juin, la situation aux Pays-Bas devient de plus en plus politisée. Sur le court terme, les parties conservateurs pro-capitalistes pourraient en être les principaux bénéficiaires sur le plan électoral. Mais les mesures qu’un nouveau gouvernement de coalition va sans aucun doute prendre afin de sauver le capitalisme vont commencer à modifier la situation, ce qui mènera à des collisions avec la classe ouvrière et à une radicalisation. Une chose est sûre, ce nouveau gouvernement deviendra très rapidement extrêmement impopulaire !

  • Lituanie: Quand le capitalisme fait faillite…

    En Europe de l’Est, la crise économique a frappé de manière particulièrement sévère. Les trois républiques baltes en particulier (Lituanie, Estonie et Lettonie – qui faisaient partie de l’URSS jusqu’en 1991) ont vu leur économie chuter avec des récessions économiques à deux chiffres. Ces pays sont presque en faillite. La pauvreté, des baisses salariales parfois très lourdes, des logements insalubres, un enseignement inaccessible,… touchent la plupart des travailleurs et leurs familles. Nous avons discuté avec Vyte, une lituanienne qui vit en Belgique. Elle est membre du PSL et a des contacts réguliers avec sa famille en Lituanie. L’histoire de la Lituanie pourrait bien se répéter à court terme dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal,…

    Interview par Peter Delsing

    « Je voudrais donner trois exemples de la crise en Lituanie: la situation des professeurs, des infirmiers et des journalistes. Ma sœur est professeure dans une école secondaire. Récemment, elle a été appelée par la direction. Celle-ci lui a proposé un nouveau contrat avec une baisse de salaire de 20% à cause de la crise ! Son salaire n’est que de 1000 litas par mois (à peu près 290 euros). Avec ça, elle doit payer son studio qui coûte 600 litas, sans compter l’électricité et le chauffage. Si la baisse de salaire est imposée, elle n’aurait que 200 litas par mois pour vivre, c’est-à-dire 2 euros par jour !

    « 10% des gens en Lituanie n’ont même pas assez d’argent pour acheter de la nourriture. En plus de cela, l’Etat impose un taux de TVA sur les produits alimentaires très élevé. Je suis allée une fois au supermarché en Belgique avec une autre de mes sœurs qui me rendait visite. Le prix d’un kilo d’oranges ou de la plupart des produits alimentaires ne diffère pas beaucoup du prix en Lituanie, alors que les salaires y sont beaucoup plus bas. Beaucoup de gens vont donc en Pologne pour y acheter des pâtes, des biscuits, du riz… La nourriture y est moins chère parce que la TVA y est plus basse. »

    « Le syndicat avait conseillé à ma sœur, la professeure, de ne pas signer le nouveau contrat parce qu’il n’était pas légal. La direction lui faisait simplement du chantage : «Il y a assez de gens pour te remplacer», lui a-t’on dit brutalement. C’est d’ailleurs un objectif général du gouvernement : diminuer de 20% les salaires des professeurs. Car les caisses de l’Etat sont vides. « Si l’on travaille et vit encore chez ses parents, la situation est encore plus ou moins gérable. Beaucoup de jeunes y sont forcés. Le minerval pour étudier à l’université coûte 3.500 litas par an (à peu près 1.000 euros). Pour les cours de médecine ou d’ingénieur, c’est encore plus. Si les parents sont de simples travailleurs, il faut oublier complètement l’idée de faire des études supérieures. Il n’y a simplement pas d’argent. A Vilnius, l’université possède des logements étudiants, où les étudiants sont logés à 4 ou 6 dans une chambre. Ce sont presque des casernes.

    « Les infirmiers gagnent encore moins que les professeurs: dans les hôpitaux publics, ils ne gagnent pas plus de 700 litas. Dans les hôpitaux privés, si tu as une spécialisation et si tu es l’assistant d’un médecin, tu peux gagner 1000 litas par mois. « Mon autre sœur en Lituanie est une journaliste free lance. Elle espère ainsi pouvoir payer ses coûts d’études. Si tu as un nom, tu peux gagner jusqu’à 2000 litas en tant que journaliste. Mais pour cela, on attend de toi que tu travailles 14 à 16 heures par jour. Il faut préparer les articles, participer à des réunions,… Il arrive même que les journalistes téléphonent encore après le boulot pour faire de la publicité pour leurs articles. Sinon leur salaire ne leur permet pas de vivre.

    « Ces derniers mois, il y a eu un scandale en Lituanie. Les ministres s’étaient octroyés, en pleine crise, des bonus de 30.000 euros par an ! Tout en recevant déjà un salaire mensuel de 3.000 euros. Comment osent-ils ? En même temps, ces politiciens veulent abolir les aides alimentaires pour les femmes divorcées. Beaucoup de gens en Lituanie ne vivent que de sarrasin et de riz parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de manger de la viande.

    « En septembre et octobre, les chauffeurs de bus ont mené des actions à Kaunas pour réclamer des augmentations salariales. Les travailleurs des bibliothèques sont également sortis dans la rue. A Vilnius, il est interdit de manifester devant le parlement. Ils ont donc été obligés de manifester dans le parc. Le 4 novembre, une grève générale avait été annoncée par les syndicats, mais elle a été postposée par la direction syndicale. Néanmoins, quelques groupes de travailleurs sont quand même partis en grève.

    « Le sentiment général est que, à l’époque de l’URSS, malgré la répression sévère, de nombreux services de base étaient accessibles à tous. Moi-même, je suis trop jeune pour me rappeler de ça. Maintenant, sous le capitalisme, le nombre d’habitants est tombé à 3 millions. 700.000 personnes ont quitté le pays. »

  • Grèce: Résistance contre l’austérité

    «L’aide» de l’UE s’accompagne de conditions impitoyables – la résistance de masse des travailleurs doit se poursuivre!

    Ce mercredi 10 février, des centaines de milliers de travailleurs du secteur public ont fait grève. Une démonstration de force particulièrement impressionnante contre le programme de coupes budgétaire draconien du gouvernement social-démocrate du PASOK.

    Andreas Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce), Athènes

    Environ 75% des travailleurs des services publics ont participé à la grève, parfois même 90% sur les lieux de travail les plus peuplés. Malgré la forte pluie, deux manifestations de syndicalistes et de travailleurs se sont déroulées à Athènes, avec une participation d’environ 15.000 personnes, de grandes mobilisations en comparaison de protestations semblables au cours de ces dernières années, surtout avec une météo pareille.

    La grève des travailleurs du secteur privé prévue ce 24 février a été changée en une grève générale de 24 heures, la Confédération syndicales de travailleurs publics (ADEDY) ayant décidé de se joindre à cet appel.

    La colère est très profonde et très large face aux attaques prévues contre l’emploi, les salaires, les conditions de travail, les pensions et les augmentations d’impôts. Les mesures d’austérité comprennent un gel des salaires du secteur public et de sérieuses coupes dans les bonus (qui composent une grande partie des salaires grecs du secteur public, parfois jusqu’à 90% du salaire formel), une augmentations des impôts sur le carburant, le tabac et l’alcool, le remplacement d’un travailleur sur cinq dans la fonction publique ou encore l’augmentation de l’âge d’accès à la retraite de deux ans en moyenne et au-delà de 65 (âge actuel de l’accès à la retraite) par le moyens «d’incitations» pour que le travailleurs restent plus longtemps en place (ces incitations s’accompagnant de baisse des pensions afin de forcer les travailleurs à rester travailler plus longtemps).

    Les journalistes étrangers présents mercredi dernier ont décrit les manifestations principales comme autant de «fleuves de fureur». Un ouvrier a expliqué: «Ce qu’ils tentent de faire, c’est de revenir sur nos droits durement gagnés, comme la journée des huit heures et le droit à une pension décente après une vie de travail. Cette crise va rendre les pauvres encore plus pauvres et les riches encore plus riches. C’est totalement injuste.» Mais l’atmosphère est mixte, quelques travailleurs exprimant également du découragement et même du désespoir. Beaucoup de travailleurs sont également stupéfiés par le rapide développement de la crise en Grèce ainsi que sa profondeur.

    Les dirigeants de la fédération syndicale du secteur public (l’ADEDY) qui ont appelé à la grève affirment s’opposer au paquet sauvage d’austérité gouvernemental, mais ils ne proposent aucun programme concret pour que les travailleurs résistent aux attaques ou pour offrent une véritable alternative aux assainissements. Beaucoup de militants expérimentés pensent que cette grève était principalement destinée à laisser «échapper de la vapeur».

    Les votes du PASOK

    Bien que le gouvernement du PASOK (mouvement socialiste panhellénique) est responsable des coupes sauvages prévues, son soutien dans les sondages d’opinion est a toujours d’environ 40%, contre 30% pour le principal parti d’opposition, la nouvelle démocratie (ND, droite). C’est exactement ce que ces deux partis avaient reçu il y a six mois, quand le PASOK a remplacé la ND détestée au pouvoir. Les principaux parties de gauche, le parti communiste et SYRIZA, sont à environ 7% et 4% respectivement.

    Comment expliquer ce soutien électoral pour le PASOK, au beau milieu d’une crise économique profonde, de gigantesques plans de coupes budgétaires et de grèves? La classe dirigeante grecque a été très chanceuse (ou précise en prévoyant de tenir les élections plus tôt) avec le moment où la Nouvelle Démocratie a été évincée du pouvoir. Si la ND était restée au gouvernement et avait annoncé des coupes semblables au PASOK, la situation aurait été beaucoup plus explosive en Grèce. Au début des années ’90, un gouvernement de la Nouvelle Démocratie avait provoqué d’énormes mouvements de masse qui avaient fait trembler la société suite à un programme d’austérité.

    Au lieu de cela, le gouvernement actuel est jusqu’ici partiellement parvenu à faire porter la responsabilité des difficultés économiques du pays sur le dos du gouvernement précédent (qui a caché l’ampleur véritable des dettes de la Grèce), sur celui de la politique de l’UE et de la zones euro (qui réduit les options du PASOK pour faire face à la crise) ainsi que sur celui des actions prédatrices des fonds spéculatifs qui parient sur la Grèce et ses dettes.

    Le premier ministre George Papandreou affirme que le PASOK n’a d’autre choix que de revenir sur ses promesses électorales pour s’attaquer à la dette publique de 300 milliards d’euros de la Grèce et au déficit budgétaire de 12.7% pour permettre de rejoindre la limite «autorisée» de 3% dans la zone euro vers la fin de l’année 2012.

    Le gouvernement PASOK a également annoncé quelques mesures populistes contre les riches, y compris de s’en prendre à l’évasion fiscale (un gros problème en Grèce) et en déclarant que le gouvernement imposera plus fortement les couches les plus riches de la société (en annonçant par exemple d’imposer à 90% les bonus des banquiers et financiers). Ces politiques sont également à la mesure de se que les principales fédérations syndicales sont préparées à accepter à l’heure actuelle. Des deux principaux partis de gauche, seul SYRIZA (une coalition de gauche radicale) a proposé de nationaliser les banques et de nationaliser ou de renationaliser des pans de l’économie, sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Cependant, ces revendications sont généralement enterrées dans des articles de journaux, et les dirigeants de SYRIZA ne s’y réfèrent pas quand ils parlent à la télévision, par exemple. Dans les faits, cela signifie que la plupart des travailleurs ne savent même pas quelles sont les revendications de SYRIZA.

    Le parti communiste grec (KKE), en revanche – qui a un plus grand soutien électoral que SYRIZA et une base bien plus issue de la classe ouvrière – emploie une phraséologie assez dure pour dire que les travailleurs doivent défaire les attaques du gouvernement, de l’UE et des patrons, mais il n’existe pas comment faire pour stopper ces attaques. Le KKE ne fait aucune proposition concrète, que ce soit par rapport à la classe, au niveau politique, ou vis-à-vis de la façon dont les luttes devraient se développer. Sur le même temps, le KKE continue à appliquer sa tactique de division sectaire avec des manifestations séparées des autres organisations et en déclarant tous les autres (à gauche et dans les syndicats) sont des agents de la bourgeoisie.

    Les partisans de Xekinima (CIO-Grèce), en revanche, proposent clairement une alternative socialiste face à la crise. Le journal de Xekinima vendu lors des manifestations d’Athènes avait des articles et des slogans qui appelaient les travailleurs à riposter et à lutter, «aux patrons de payer!», «organisons une série de grèves» et exigeant «une riposte socialiste de la part des partis de gauche», expliquant que «les partis de gauche en Grèce sont confrontés à des responsabilités historiques». Tout cela a obtenu une très bonne réponse de la part des travailleurs, y compris de ceux qui sont clairement «fatigué» et plutôt désillusionné.

    Xekinima propose également des revendications plus détaillées: pas de coupe dans les salaires, aucune attaque contre les pensions, aucune augmentation de la fiscalité indirecte, stop à l’évasion fiscale des patrons, stop au remboursement de la dette, employer cet argent pour des investissements publics, pour relever le niveau de vie, faire payer aux patrons les 100 milliards d’euros volés dans les fonds de pension des travailleurs, pour le contrôle et la gestion des travailleurs afin de stopper la corruption endémique dans le secteur public, nationalisation des entreprises précédemment privatisées et de tous les secteurs stratégiques de l’économie.

    Une “aide” de l’Union Européenne?

    L’annonce faite ce jeudi 11 février par le Président Herman Von Rompuy selon laquelle les dirigeants de l’UE ont convenu d’une «aide» pour la Grèce peut entraîner des espoirs et des illusions parmi de nombreux travailleurs grecs. Certains vont penser que la crise peut être surmontée et que, peut-être, les plus mauvaises coupes peuvent être évitées.

    Cependant, l’action de l’UE n’est pas prévue pour aider les travailleurs, en Grèce ou n’importe où à travers l’Europe. L’UE craint que si la Grèce n’assume pas sa dette ou si elle quitte la zone euro, la contagion pourrait ensuite s’étendre à d’autres Etats membres qui ont de grands déficits publics – comme l’Espagne, le Portugal et l’Irlande – les spéculateurs financiers visant ces économies, et tout le «projet euro» pourrait ainsi sombrer.

    L’UE craint également que sans aucune aide apportée à l’économie grecque et en laissant au PASOK le soin de mener de très sévères coupes d’austérité sur fond de crise s’approfondissant, cela n’entraîne de fortes explosions sociales. Des mouvements de lutte de classe pourraient se développer comme un feu de forêt vers d’autres économies en crise et, plus généralement, à toute l’Europe.

    Les détails du plan d’aide de l’UE ne sont pas encore connus, mais il est clair des rapports de Van Rompuy qu’il sera assorti de conditions impitoyables pour s’assurant que le gouvernement applique l’austérité. Angela Merkell a ajouté que la Grèce «ne sera pas laissée seule, mais il y a des règles, et ces règles doivent être respectées».

    Il deviendra rapidement clair pour la classe ouvrière et la jeunesse de Grèce que les establishments de l’UE ne sont pas une alternative à l’austérité. En fait, la colère et l’animosité contre l’establishment européen se développeront très probablement, car les patrons exigeront les attaques les plus atroces contre la population grecque.

    Xekinima réclame une réponse internationaliste de la classe ouvrière en Grèce, liée avec les travailleurs du reste de l’Europe qui eux aussi font face à des attaques et à une souffrance semblables. Xekinima lutte contre l’Union Européenne des capitalistes et pour une Europe socialiste.

    Pour développer le mouvement contre le gouvernement et contre les dictats du club de patrons qu’est l’UE, Xekinima appelle à des grèves partielles de 24 heures et à une grève générale de 48 heures de tous les travailleurs, du public et du privé. Ces actions doivent être coordonnées et développées aux niveaux local, régional et national. Le PASOK ne représente pas d’alternative, il ne fait que blâmer tout le monde sauf lui-même.

    Une des tâches principales pour les véritables socialistes en Grèce est de lutter contre la tactique de division de la gauche grecque, en particulier de la part du KKE, et de faire campagne pour un front unique de la gauche, du KKE et de SYRIZA principalement, pour constituer une résistance puissante contre les attaques sociales.

    Cela doit être lié à un programme socialiste pour stopper les attaques et pour la planification et la gestion démocratique de l’économie par les travailleurs, pour les travailleurs, les pauvres et la jeunesse et pour établir une société socialiste.

    Xekinima appelle à la construction d’une gauche massive, internationaliste et révolutionnaire et à un gouvernement des travailleurs menant une politique socialiste pour en finir avec la crise et pour améliorer le niveau de vie des travailleurs et des jeunes.

  • Allemagne: les néo-nazis reçoivent une claque à Dresde

    Des milliers d’antifascistes stoppent la marche de l’extrême-droite

    La plus grande mobilisation de néonazis d’Europe s’est terminée en défaite. Ce samedi 13 février, des milliers d’antifascistes ont stoppé l’extrême-droite. Avec cette marche, les néonazis allemands essayent d’instrumentaliser la commémoration du bombardement de Dresde (les 13 et 14 février 1945) afin de modifier la manière avec laquelle les gens regardent l’histoire. En se servant des milliers de morts de Dresde, ils veulent essayer de réhabiliter les nazis. Les fascistes d’aujourd’hui confondent délibérément le régime nazi et tous les Allemands. Ainsi, l’Allemagne nazie responsable de millions de morts durant la seconde guerre est présentée comme une victime. Mais ils ont été empêchés de diffuser leurs mensonges et leur propagande raciste grâce à d’énormes protestations antifascistes.

    Daniel Behruzi, Dresde

    Les églises et les partis établis ont organisé «une chaîne humaine contre l’intolérance et la stupidité» au centre-ville, loin des fascistes. Mais les groupes de gauche, les militants antifascistes et le parti de gauche Die Linke avaient mobilisé pour faire des blocages autour du point de rassemblement des néonazis. Le SAV, la section allemande du CIO en Allemagne, a participé aux manifestations, de même que des gens venus de tout le pays. Les points stratégiques de l’itinéraire de la marche fasciste avaient été bloqués par des milliers de manifestants.

    Il y avait tellement de manifestants que la police, présente avec environ 7.000 hommes, a décidé de ne pas autoriser la marche fasciste. Ils ont expliqué que la sécurité des néonazis ne pouvait pas être garantie. Par conséquent, la marche des fascistes – contrairement aux années précédentes – n’a pas pu démarrer. Frustrés, les néonazis ont dû partir après être restés plusieurs heures devant la gare principale, où ils ont chanté des slogans comme la «gloire et honneur aux Waffen SS» et «national socialisme, maintenant, maintenant, maintenant». Mais les néonazis étaient frustrés.

    Cette victoire du mouvement antifasciste a été obtenue grâce à la plus grande mobilisation connue depuis longtemps. Cela malgré – ou en raison de – la répression d’Etat contre les organisations de gauche les semaines ayant précédé le 13 février. Des bureaux ont été fermés, de même que le site Web antifasciste Dresde Nazi-free. Néanmoins, des autobus sont venus de toutes les villes importantes d’Allemagne afin de stopper la marche des néonazis.

    Le SAV a joué un rôle actif dans ces mobilisations, certains militants étant même blessés durant les conflits avec la police tout en essayant de bloquer la marche néonazie. Durant cette journée, nous avons pu discuter avec de très nombreuses personnes et avons expliqué le lien entre fascisme, racisme et capitalisme. Le racisme est utilisé par les élites dirigeantes afin d’affaiblir la résistance contre les coupes budgétaires, les pertes d’emploi, les fermetures d’usines,… Nous avons appelé au développement d’un mouvement fort et uni, non seulement contre les fascistes mais également contre le système capitaliste, qui nourrit le racisme et le fascisme.

    Nous nous opposons bien entendu également aux tentatives des néonazis de récrire l’histoire. La dictature nazie n’était pas une victime. Le régime d’Hitler a assassiné des millions de juifs, de Romanichels, d’homosexuels, de syndicalistes, de socialistes et de communistes et a essayé d’asservir d’autres nations. La guerre contre les nazis – dans laquelle l’Union Soviétique a joué un rôle décisif malgré sa déformation stalinienne – a largement été soutenue internationalement. Mais, à la différence de la masse des travailleurs, les élites dirigeantes de Grande-Bretagne, de France et des USA n’étaient pas intrinsèquement antifascistes, loin de là. Au milieu des années ’30, la Grande-Bretagne a soutenu le programme de réarmement d’Hitler et, pendant longtemps, le premier ministre britannique Winston Churchill a soutenu Hitler en tant que «rempart contre le communisme». Des décennies durant, après 1945, ces puissances ont collaboré avec la dictature fasciste de Franco en Espagne et elles ont permis à beaucoup de nazis de maintenir leurs positions à la tête des entreprises, de la justice, de la fonction publique et de la police en Allemagne de l’Ouest.

    Vers la fin de la deuxième guerre mondiale, les principales craintes des puissances impérialistes occidentales concernaient une nouvelle vague de révolutions socialistes en Europe ainsi que le renforcement du régime stalinien d’Union Soviétique après la défaite d’Hitler. Le bombardement de Dresde, dans lequel environ 35.000 personnes ont perdu la vie, doit être considéré dans ce contexte. Ce bombardement n’était pas nécessaire d’un point de vue militaire et n’a pas du tout affaiblit le régime hitlérien. C’était une démonstration de force à destination de l’Union Soviétique et un avertissement à la classe ouvrière allemande pour ne pas prendre en main leur propre destinée. Le régime nazi était étroitement lié à la classe capitaliste allemande et a été instauré par le grand capital afin d’empêcher toute révolution socialiste et afin de se préparer à la guerre. Des sentiments et mouvements anticapitalistes très forts existaient après 1945 en Allemagne de l’Ouest et de l’Est. Le bombardement de Dresde visait ces mouvements et ces sentiments, pas le régime nazi qui, dans les faits, était déjà vaincu.

    Les néonazis allemands veulent tordre l’histoire. Mais ce 13 février, des milliers d’antifascistes et de véritables socialistes ont clairement fait entendre à Dresde: nous ne les laisserons pas faire!


    Des emplois, pas de racisme! Manifestation Anti-NSV le 4 mars à Anvers

    Le 4 mars 2010, comme chaque année, l’association des étudiants nationalistes (NSV – Nationalistische Studenten Vereniging), l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang (tous les membres principaux du Vlaams Belang furent membres du NSV lors de leur parcours étudiant), organisera une marche de la haine dans une ville étudiante. Cette année, elle se tiendra à Anvers, où ils tentent d’attiser les problèmes de société. Comme chaque année Blokbuster organisera une contre-manifestation. Nous voulons montrer, avec les étudiants et les habitants du quartier, que nous sommes plus nombreux que le NSV et que nous cherchons ensemble de réelles solutions.

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  • Eurodéputé Joe Higgins: «Pourquoi j’ai voté contre la commission européenne».

    Cette semaine, le Parlement européen a voté pour la nouvelle Commission Européenne. Joe Higgins a bien entendu voté contre celle-ci puisque cette nouvelle commission signifie clairement la poursuite de la politique néo-libérale de ces dernières années. Nous publions ici la déclaration de Joe qui explique son vote, ainsi qu’une vidéo de son intervention à ce sujet dans la séance plénière du parlement.

    «Une nouvelle Commission Européenne néo-libérale a été approuvée par le Parlement européen. Cela s’est fait avec le soutien des groupes politiques les plus importants au sein du Parlement. L’establishment politique européen a choisi que la même politique de libéralisations et de privatisations soit poursuivie ces cinq prochaines années. C’est précisément cette politique qui a conduit à cette énorme crise économique dans les pays européens. Par conséquent, j’ai voté contre cette nouvelle commission.

    «La nouvelle commission est composée de divers politiciens traditionnels. Ce qui les lie est leur position commune selon laquelle les travailleurs ordinaires doivent payer le prix de la crise économique et du soutien à la militarisation ultérieure de l’Europe. Nous le voyons une fois de plus avec la manière dont l’UE est utilisée pour imposer une politique qui signifie une baisse du niveau de vie en Grèce.

    «Les avertissements donnés par ceux qui ont mené campagne contre le Traité de Lisbonne en Irlande sont maintenant confirmés. Le Ministre des Affaires étrangères de la plus grande puissance européenne, l’Allemagne, a expliqué qu’il est partisan d’une armée européenne. Récemment, la Cour Européenne de Justice a jugé que la TVA devait être appliquée sur des services publics essentiels offerts par des autorités locales, comme les sacs poubelles ou l’accès aux piscines. C’est une nouvelle fois une attaque contre la population active.

    «A la place de l’Europe des grandes entreprises, je suis pour une Europe qui défend les intérêts des travailleurs et de leurs familles.»


    Au Parlement Européen cette semaine

    Cette semaine, Joe Higgins a parlé en session plénière du Parlement Européen au sujet des mesures de l’UE pour la Grèce. Il a parlé de la poursuite de la crise économique et a tenu – peut-être pour la première fois dans l’histoire de ce parlement – un plaidoyer pour le socialisme démocratique en tant que réponse à la crise du capitalisme.

  • Europe. Un continent perclu de crises économiques, sociales et politiques

    Bien que les développements économiques, sociaux et politiques varient à travers toute l’Europe, aucun pays n’est parvenu à éviter les effets de la pire crise économique depuis la Grande Dépression des années 30. La discussion du Comité Exécutif International du CIO a examiné les conséquences de la situation pour les travailleurs, de même que les luttes pour défendre les conditions de vie, face aux tentatives de faire payer le prix de la crise aux travailleurs et aux jeunes.

    Sarah Sachs-Eldridge, Socialist Party (CIO Angleterre et Pays de Galles)

    Dans son introduction à la discussion, Tony Saunois, du Secrétariat International du CIO, a décrit la morosité des perspectives économiques pour la région. Les perspectives d’une reprise économique sur le court terme sont au mieux anémiques dans certains pays, totalement exclues pour les autres.

    Là où certains gouvernements parlent de « reprise », ceci ne sera pas un retour aux niveaux d’avant « crise financière ». En réalité, la faible croissance dans des pays tels que l’Allemagne ne créera aucun emploi et sera basée sur des plans de stimulus à court terme, tels que les primes à la casse pour l’automobile et autres mesures spécifiques.

    La trame générale est un malaise économique, avec des dettes nationales brisant tous les plafonds, et un chômage en hausse. En fait, le timing du retrait des mesures stimulus, qui ont permis à ce stade de repousser le spectre d’une crise économique encore plus prolongée, pourrait être le déclencheur d’un nouveau plongeon.

    Pendant la discussion, Danny Byrne a rapporté que l’Espagne a prédit un retour à la croissance en 2011, et prévoyait d’annuler son plan de relance à ce moment-là – ce qui présage des attaques massives sur les travailleurs. Mais le gouvernement espagnol devra pour cela passer sur le corps du gros de la classe ouvrière espagnole, et il y a un potentiel pour d’énormes explosions dans cette situation.

    Les plans de relance ont été introduits en tant que « mesures-réflexes » par les gouvernements qui tentaient d’éviter un effondrement économique complet. Tony a montré en quoi les nationalisations des banques ne représentent pas une rupture avec la politique néolibérale des privatisations. Le gouvernement britannique a affirmé que son intention est de vendre dès que possible toute partie profitable du secteur bancaire nationalisé. Encouragés par la politique anti-ouvrière des institutions de l’Union Européenne, les gouvernements britannique et français poursuivent la privatisation des services postaux.

    L’Irlande et l’Espagne, qui jusqu’à très récemment constituaient des « success stories » européennes, lorsque leur croissance économique a atteint des records, traversent maintenant une crise profonde. Le gouvernement irlandais emprunte 500 millions € par semaine et la jeunesse espagnole est confrontée à un taux de chômage de 38%. Avec le Portugal, la Grèce et l’Europe de l’Est, ces pays forment un « arc d’instabilité ». En guise d’avertissement quant à ce qui pourrait bientôt se produire ailleurs, la moitié des hôpitaux de Lettonie ont été fermés, et le secteur public y a été réduit de 40%, ces mesures brutales étant la contrepartie au prêt d’urgence accordé par le FMI.

    Des lendemains qui déchantent

    Derrière les données de croissance nationale en Allemagne, les détails de la situation trahissent la perspective de problèmes dans le futur, et même sur le court terme. Aron a expliqué que dans le sud-ouest, une région principalement productrice d’équipement industriel et d’automobiles, 30% des usines vont faire faillite, ce que l’on décrit comme « Detroit s’invite à Stuttgart ». L’industrie automobile connaît une surcapacité de 40-50%, mais les nouvelles industries telles que le secteur des hautes technologies ont elles aussi été durement touchées.

    Alors que des pays tels que l’Islande font faillite, ce sont des éléments d’instabilité habituellement associés aux économies sud-américaines qui apparaissent en Europe. Ces éléments ne doivent pas seulement être vus sur le plan économique, mais aussi sur le plan social. Un tableau très vivant de la misère qui frappe les travailleurs et les jeunes a été donné avec la description d’une bande de terre à l’entrée de Madrid, en Espagne – un pays qui a été un des principaux bénéficiaires de la croissance – où un bidonville est maintenant apparu. Les traficants de drogue y exploitent jusqu’à 30 000 misérables tous les jours.

    Cédric Gérôme a donné une image tragique du Portugal, le « grand malade » de l’Europe. Trente-cinq ans après avoir obtenu son indépendance du Portugal, l’Angola voit maintenant débarquer des immigrés de son ancienne puissance colonisatrice, avec 60 000-100 000 Portugais partis chercher du travail dans leur ancienne colonie. Près de 92% des Portugais considèrent que les perspectives économiques sont mauvaises, et la majorité est insatisfaite de sa vie.

    Sascha, d’Allemagne, a décrit certaines des conséquences psychologiques de la récession, avec une forte hausse du stress causé par l’insécurité que ressentent les travailleurs concernant leur emploi et leur salaire. La vague de suicides qui a touché les employés de France Télécom et la sympathie large envers le gardien de l’équipe nationale de football allemande après son suicide sont des exemples qui illustrent la pression que doivent affronter les gens.

    Instabilité

    Aucun gouvernement européen ne peut plus prétendre à la stabilité sur le long terme. Il est impossible de citer un seul gouvernement stable ou fort. Certains en ce moment ne sont confrontés à aucune alternative sérieuse, et le manque d’une alternative politique ouvrière affaiblit le potentiel de riposte de la classe ouvrière. Toutefois, en faisant porter le coût de la crise aux travailleurs et aux jeunes, les gouvernements ne vont faire qu’approfondir la crise et à un certain stade seront confrontés à une opposition de masse et à des explosions sociales. Le gouvernement d’Angela Merkel en Allemagne a été récemment réélu, mais déjà des failles commencent à apparaitre. Le nouveau Ministre du Travail, Franz Josef Jung, a dû démissionner suite à un scandale où il s’est vu accuser d’avoir caché des informations quant à un sanglant raid aérien de l’OTAN en Afghanistan.

    En France, 64% de la population pense que le gouvernement de Nicolas Sarkozy se dirige dans la mauvaise direction. Malgré l’intervention étatique pour renflouer les banques, la principale direction de son administration a été une continuation d’un brutal programme néolibéral. Alex de France a décrit la réalité des 60 000 nouveaux chômeurs qui attendent la pris en charge de leur dossier au Pôle Emploi, de la crise de la pénurie d’enseignants, et des grèves générales qui ont eu lieu.

    Même en Russie, où Poutine bénéficie d’un soutien de 65%, il y a des signes de tensions accrues. Igor, de Moscou, a décrit la résistance aux interventions étatiques faite par les grands patrons, et le potentiel d’une scission parmi l’élite dirigeante.

    La « quête du moindre mal » est une caractéristique de cette période, par laquelle des gouvernements détestés sont élus et réélus, sur base qu’ils ne sont pas aussi détestés ou craints que les autres partis capitalistes. Au Royaume-Uni, le New Labour, bien que haï, pourrait bien ne pas totalement se ramasser – simplement du fait que les Tories ont affirmé leur attention d’accomplir des coupes sociales sauvages et brutales, et aussi du fait que le souvenir du cauchemar Thatcher est toujours bien présent – même s’il n’y a en réalité pas de différence fondamentale entre la politique de ces deux partis.

    Octobre 2009 a vu l’élection d’un nouveau gouvernement en Grèce. Sur base de la haine envers le gouvernement de droite, plutôt que sur base d’un soutien populaire pour sa politique, c’est le PASOK, le parti social-démocrate, qui a été élu. L’autre facette de la victoire du PASOK a été la faiblesse de la Gauche en Grèce dans sa réponse à la crise. Ce n’est que trop souvent que les partis de gauche ont limité leurs revendications et leur programme.

    Les nouveaux partis des travailleurs

    Avec le virage à droite des anciens partis sociaux-démocrates, les travailleurs sont confrontés dans la plupart des pays à un immense vide politique. Là où de nouvelles formations de gauche ont été lancées, telles que Syriza en Grèce, le Nouveau Parti Anticapitaliste en France (NPA), ou Die Linke en Allemagne, une bataille est en cours afin d’assurer l’avenir de ces partis en tant que partis de lutte.

    Syriza est devenu une véritable référence pour la Gauche grecque, et à un moment a bénéficié de 18% de soutien dans les sondages, mais n’a reçu que 4,8% lors des élections européennes. Nikos de Grèce a décrit comment Syriza a payé pour son incapacité à jouer un rôle actif dans les luttes de la classe ouvrière et de la jeunesse. Lorsque les mouvements de la jeunesse ont paralysé le pays à la fin 2008, Syriza était la seule organisation qui soutenait les jeunes, mais n’est pas parvenue à s’engager de manière active dans le processus et a en conséquence perdu du soutien. La droite de Syriza a été capable d’avoir une influence. Mais les membres du CIO dans Syriza participent à la « Deuxième Vague », un bloc de gauche au sein de Syriza, afin de tenter de démocratiser et de restructurer le parti, et lui donner une base plus politique. Le futur de Syriza n’est pas encore joué, mais cela va dépendre de sa capacité à s’orienter vers les luttes à venir.

    En France, le Nouveau Parti Anticapitaliste a également subi une chute dans son soutien lors des élections européennes. Virginie de France a décrit comment la réponse de la direction n’a pas été de s’impliquer dans les luttes des travailleurs pour gagner leur soutien, mais de virer à droite. L’ampleur du manque de confiance dans la lutte peut être vu dans le programme proposé par le NPA pour les prochaines élections régionales. Il se limite à amener des revendications pour les gouvernements régionaux plutôt que sur le plan national – refusant par là de s’opposer aux licenciements et aux coupes salariales qui requièrent une action auprès du gouvernement national. Les membres du CIO participent maintenant à une alternative de gauche dans le NPA, mettant en avant un programme de lutte.

    Judy Beishon a décrit le processus qui est en cours au Royaume-Uni, par lequel les composantes de « No2EU-Yes to Democracy », une coalition électorale impliquant un syndicat national, le RMT (syndicat des transports), qui a participé aux élections européennes, sont maintenant en train de discuter d’une coalition de syndicalistes et de socialistes pour les élections générales qui s’annoncent au Royaume-Uni.

    Là où les travailleurs ont une alternative de gauche, il peut se trouver un large soutien pour une politique socialiste. Un cinquième de l’électorat portugais a voté pour le Bloc de Gauche et pour le Parti Communiste. Malheureusement, en ne parvenant pas à concrétiser leur potentiel, ces partis risquent maintenant de saper le soutien pour la gauche et pour le socialisme. Le Bloc de Gauche se concentre sur les élections plutôt que de s’impliquer dans la lutte des travailleurs. Le PC, malgré ses 40% de voix dans certaines importantes zones industrielles, n’a pas utilisé sa position pour mener des luttes.

    Die Linke en Allemagne a connu un certain succès électoral et a été dans une certaine mesure capable de faucher l’herbe sous les pieds de l’extrême-droite au niveau national, mais a aussi mis de côté une bonne partie de son caractère anticapitaliste. La question de participer à des coalitions avec des partis capitalistes est maintenant posée.

    Die Linke ferait bien d’étudier les leçons de l’échec du Parti de la Refondation Communiste (PRC) en Italie, où la participation au gouvernement capitaliste et l’administration de coupes et d’attaques contre les travailleurs sur base d’un soi-disant « pragmatisme » a mené à l’effondrement total de ce parti. Le CIO en Italie et ses sympathisants de Contra Corriente, aux côtés de militants syndicaux de gauche, vont participer à un débat au sein d’une des plus grandes fédérations syndicales d’Italie, la Cgil, concernant un document appelant à un syndicalisme de combat qui a été mis en avant par le syndicat des métallurgistes.

    Sectarisme et racisme

    En Ecosse, le gouvernement de minorité du Scottish National Party, élu en 2007, a évoqué l’idée d’un arc de prospérité, composé de l’Ecosse, de l’Irlande, de l’Islande et de la Norvège. Cette image est maintenant quelque peu entaillée. Mais Philip, de Dundee, a prédit que l’élection d’un gouvernement Tory à Westminster (Parlement fédéral du Royaume-Uni) pourrait donner suite à une forte hausse du sentiment indépendantiste.

    En l’absence de partis des travailleurs de masse, et d’une direction décidée à la tête des syndicats, les organisations sectaires, racistes et de droite ont été capable de trouver une audience pour leur slogans simplistes visant à faire des boucs émissaires des immigrés et des minorités. Beaucoup des partis traditionnels leur ont donné une légitimité en reprenant certains aspects de leur programme raciste.

    De nombreuses villes en Irlande du Nord ont connu un doublement du taux de chômage et, comme Gary l’a expliqué, avec un travailleur sur trois employé directement dans la fonction publique, ce taux de chômage va définitivement continuer à augmenter après les élections générales, où on annonce de grosses coupes dans le budget d’Etat. La Fondation Joseph Rowntree estime que 50% des enfants d’Irlande du Nord vivent sous le seuil de pauvreté. Il y a eu une hausse tragique du sectarisme sur le terrain, la violence s’étant maintenant propagée dans le centre ville de Belfast.

    En France, un débat sur l’« identité nationale » donne une opportunité pour la diffusion d’idées racistes et d’extrême-droite. Au Danemark et en Autriche, les partis racistes et d’extrême-droite échauffent les esprits par leur agitation et cherchent à susciter un référendum anti-musulmans « à la Suisse » sur la question des minarets.

    En Italie, Berlusconi a adopté le programme néofasciste de la Liga Nord sans aucun amendement, et d’importantes attaques y sont menées contre les immigrés et contre la classe ouvrière en général.

    Quel avenir pour l’Union Européenne ?

    Les institutions de l’Union Européenne vont subir une pression intense du fait de la sévérité de la crise économique. Entre 2007 et 2010, le nombre de chômeurs s’est accru de huit millions dans l’Eurozone, et on prévoit une chute du PIB de 4% cette année.

    L’Europarlementaire Joe higgins et le Socialist Party d’Irlande du Sud ont été capable dans leur pays de recentrer le débat autour du Traité de Lisbonne sur la question des conditions de vie des travailleurs. Malgré une excellente campagne pour le « Non », le Traité est tout de même passé. Malgré cette « victoire » pour le patronat européen, la crise amène la possibilité que des pays tels que la Grèce soient forcés de quitter l’Eurozone.

    Andros d’Athènes a argumenté qu’il pourrait s’avérer très difficile pour la Grèce de demeurer dans l’Eurozone, étant donné les contraintes imposées par les taux d’intérêts et les limites aux gouvernements qui ne peuvent utiliser la dévaluation de leur devise en tant que mesure à court terme pour éviter la crise. Mais Andros a également expliqué que le gouvernement grec serait en difficulté s’il était éjecté. Auparavant, lorsque l’économie grecque traversait une mauvaise passe, le gouvernement a brutalisé la classe ouvrière grecque pour la forcer à accepter des attaques sur ses conditions, avec la promesse que ces coupes permettraient l’entrée dans l’UE et que cela sauverait tout le monde. Cela n’est plus possible. Et si le gouvernement grec décidait de lui-même de quitter l’Eurozone, il ne pourrait plus utiliser les exigences de la législation européenne en tant qu’excuse pour ses coupes budgétaires ou pour privatiser les services publics.

    Un grand point d’interrogation est maintenant posé sur les perspectives d’expansion européenne. Per-Åke de Suède, qui a récemment visité la Lettonie, a décrit à quel point la situation économique y est désastreuse. La Lettonie est passée d’une croissance de +9% à une chute de -18%, et le taux de chômage est maintenant officiellement de 19,7%. Le FMI exige des coupes sauvages en échange d’un prêt. Etant donné les mouvements de colère qui ont déjà eu lieu, le gouvernement est hésitant, mais n’a que peu d’options. La devise lettonne, le lat est en ce moment indexé sur l’Euro afin de préparer l’entrée du pays dans l’Eurozone. Toutefois, l’adhésion à l’Euro limiterait les options de la Lettonie dans sa lutte contre la crise, et annihilerait la possibilité d’utiliser la dévaluation.

    Différentes phases de lutte

    Tony a décrit comment, en réponse à la crise, la classe ouvrière est passée à travers différentes phases. Il y a eu dans de nombreux cas un choc initial, lorsque l’horreur de la crise a été tout d’abord ressentie. Il y a eu de la colère, lorsqu’il a été clair pour tout le monde qui allait en payer le prix. Il y a eu de grandes manifestations d’étudiants et de pensionnés en Irlande fin 2008, et des grèves et manifestations des travailleurs du public cette année. Fin 2008, nous avons vu les mouvements de la jeunesse en Grèce. Des sections entières des travailleurs, auxquels on a enlevé leurs droits et qui n’ont aucun autre choix, ont clairement exprimé leur colère et leur frustration. Parfois, des mesures désespérées ont été employées, telles que les séquestrations patronales en France. Les travailleurs des usines françaises appartenant à Sony, Caterpillar, 3M et au fabricant automobile allemand Continental, ont maintenu leurs patrons en ôtages en guise de protestation contre les plans de licenciements et de fermetures de leurs usines. A Vigo, en Espagne, les métallurgistes ont érigé des barricades et ont affronté la police d’émeute, afin de défendre leur manifestation dans le cadre de leur grève pour les salaires. En France, des routiers ont menacé de faire sauter leurs camions après qu’on leur ait annoncé leur rachat par un employeur mauvais payeur.

    Malgré cela, le développement des luttes qui se sont déroulées a été limité, à cause du rôle lâche joué par les dirigeants syndicaux, et à cause de l’espoir parmi toute une couche de travailleurs que la crise pourrait n’être que temporaire. Cependant, ceci ne va pas durer, et la situation va changer au fur et à mesure que les effets de la crise continuent à frapper de plus en plus fort. Ceci pourrait déboucher en une nouvelle phase de lutte.

    La participation de travailleurs jeunes et jusqu’ici inorganisés a aussi été une caractéristique des luttes, telle que celle menée par les travailleurs qui ont occupé l’usine d’éoliennes de Vestas sur l’Ile de Wight au large du Royaume-Uni, ou des employés des agences de voyage Thomas Cooke à Dublin en Irlande. Il y a aussi eu les mouvements estudiantins en Autriche et en Allemagne, qui ont suici les occupations d’universités et les manifestations étudiantes de 2008 en Espagne, en Grèce, et en Italie. En Allemagne, certains des slogans des étudiants avaient un caractère de classe : « Des parents riches pour tous ! ». Mais en l’absence d’une direction combative, un sentiment de fatalisme pouvait être ressenti parmi les 5000 étudiants qui ont protesté en Lettonie contre la hausse des frais d’inscription à l’université, une des banderoles proclamant « Le dernier étudiant à partir éteindra la lumière à l’aéroport ».

    En France, les lycéens ont poursuivi la lutte et n’ont toujours pas été vaincus.

    Il y a eu un certain délai avant une réponse généralisée, vu le fait que les travailleurs espèrent que la situation reviendra « à la normale » et que cette crise économique n’est qu’un passage à vide temporaire. Bien sûr, cette chimère est renforcée par les rapports de « jeunes pousses » d’une éventuelle reprise économique promus par les gouvernements, tout désespérés qu’ils sont devant la perspective de luttes de masse des travailleurs.

    Judy a rapporté la hausse subite du niveau de lutte industrielle au Royaume-Uni. Les travailleurs ont été forcé de partir en action pour défendre leurs droits, même alors que les dirigeants syndicaux refusaient de les soutenir, et il y a eu toute une série d’occupations et de grèves, certaines d’entre elles ignorant les brutales lois antisyndicales.

    Les directions syndicales mises à l’épreuve

    Les dirigeants des syndicats irlandais sont maintenant fortement mis à l’épreuve, alors que le gouvernement irlandais cherche à couper 4 milliards € de son budget. Après deux décennies de « paix sociale » entre les syndicats et le gouvernement irlandais, la direction et les structures syndicales sont peu équipées pour le conflit épique afin de défendre leurs membres nécessité par ces attaques. Les travailleurs irlandais ont prouvé leur énorme colère et leur désir d’un mouvement, par la participation massive des travailleurs du public dans les grèves et manifestations qui ont été organisées jusqu’ici. Mais maintenant, la direction syndicale les a vendus. En fait, elle a même proposé d’offrir aux travailleurs de partir douze jours en congé non-payé – ce qui revient à une coupe salariale !

    Mais ce n’est pas qu’en Irlande que les dirigeants des syndicats se sont montré à côté de la plaque. La nécessité d’organisations ouvrières qui soient « adaptées » à cette période d’assaut brutal contre le niveau de vie des travailleurs est une des tâches qui sont posées.

    Joe Higgins, Euro-parlementaire du Socialist Party irlandais, a décrit la préférence de nombreux dirigeants syndicaux pour des compromis obtenus avec les patrons. Mais comme Joe l’a averti, avec une citation du grand marxiste irlandais James Connolly : « La timidité chez l’esclave induit l’audace chez le tyran » ! L’expérience a prouvé que lorsque les travailleurs acceptent une baisse de leur salaire et de leurs conditions, les patrons reviennent à la charge peu de temps après.

    En Allemagne, où neuf millions de travailleurs vont l’an prochain se retrouver impliqués dans des négociations salariales, la seule alternative des dirigeants du syndicat de la métallurgie face aux pertes d’emploi est une plus courte semaine de travail avec perte de salaire. Le CIO revendique une plus courte semaine de travail mais sans perte de salaire, en tant que partie d’un programme contre le chômage de masse. Le CIO met en avant une stratégie afin de défendre les salaires et les conditions de travail.

    Els de Belgique a relaté la lutte des travailleurs de la chimie de Bayer à Anvers. Ces travailleurs étaient menacés d’un gel salarial sur quatre ans et d’une tentative d’allonger leur semaine de travail. Un membre du CIO qui se trouve à une position de direction dans le syndicat des travailleurs de Bayer est parvenu à remporter un soutien pour sa position que le personnel n’accepterait pas une minute de plus, pas un cent de moins. La lutte a été élargie et a remporté l’adhésion de l’ensemble de l’industrie chimique à Anvers, et finalement celle de la direction syndicale.

    Pas de retour « à la normale »

    Dans sa conclusion à la discussion sur l’Europe, Niall Mulholland, du Secrétariat International du CIO, a souligné le fait que nous ne sommes encore qu’à la première phase de la crise et de ses conséquences, et qu’il serait erroné de croire que les choses vont rester comme elles le sont.

    La gueule du bois qui a suivi la Chute du stalinisme et l’impact que cela a eu sur la conscience des masses doit toujours être combattu, de même que doit encore être combattu le rôle joué par les directions syndicales.

    Des sondages effectués l’an passé ont révélé que, malgré les beaux discours de gens tels que Tony Blair qui voudraient que nous nous considérions tous comme étant membres de la « classe moyenne », les travailleurs sont aujourd’hui plus conscients de leur position de classe dans la société. De larges sections des classes moyennes sont aussi terriblement frappées par la crise, avec, par exemple, des milliers d’avocats qui ont perdu leur emploi dans la City de Londres.

    Bien que la conscience de classe soit encore bien loin d’être mûre, la discussion a montré que de grosses sections des travailleurs sont prêtes au combat contre les attaques auxquelles elles sont confrontées. Tandis que les restes d’un espoir à un « retour à la normale » s’évaporent et que de plus en plus de gens comprennent quel est la nature du futur qui les attend, les luttes de masse et l’opposition au capitalisme vont croître.

    Nikos de Grèce a décrit les mouvements de la jeunesse de la fin 2008. L’élément déclencheur de ces mouvements a été le meurtre d’un adolescent par la police, mais les raisons sous-jacentes étaient les conditions de vie des jeunes, qu’ils soient au travail ou aux études. Bien que ces conditions puissent être extrêmes en Grèce, où on a 25% de chômage des jeunes, le reste étant souvent occupé dans des jobs à temps partiel, mal payés et précaires, les conditions de la jeunesse à travers toute l’Europe se rapprochent de plus en plus de cette situation, et des mouvements similaires sont possibles. En Irlande, les moins de 23 ans vont perdre un quart de leurs allocations de chômage. Ceci n’a pas encore déclenché une opposition ou des manifestations de masse, mais des campagnes telles que Youth Fight for Jobs fourniront un outil aux jeunes pour pouvoir se rassembler et riposter.

    Joe Higgins a exprimé le fait que maintenant, lorsqu’apparaissent des mouvements de la classe ouvrière, le programme de lutte de classe et pour une alternative socialiste mis en avant par le CIO a acquis un sens plus concret pour les travailleurs et pour les jeunes, et obtient une plus grande audience.

    Le CIO va jouer un rôle important dans le processus de radicalisation des travailleurs et de la jeunesse, avec par exemple Joe Higgins au Parlement Européen, des Conseillers communaux CIO dans un certain nombre de pays européens, et avec l’importance que le CIO accorde à la lutte de masse, à travers nos rôles dans les nouveaux partis de gauche et dans les syndicats.

    Tandis que de plus en plus de gens partout en Europe tirent la conclusion qu’une autre manière d’organiser la société est requise afin de mettre un terme au chaos du capitalisme, de plus en plus de travailleurs et de jeunes vont se mettre en quête d’une alternative socialiste.

  • Joe Higgins au sujet de la chute du capitalisme en Europe de l’Est

    Cette semaine, le Parlement européen s’est réuni à Strasbourg. Lors d’une des discussions, l’euro-député Joe Higgins, de notre parti-frère irlandais le Socialist Party, a parlé du rôle néfaste de la restauration du capitalisme en Europe de l’Est, 20 ans après la chute du stalinisme. Voici la vidéo de son intervention.

  • Traitements dégradants à Copenhague – “Quelque chose de pourri dans le Royaume de Danemark”

    Ce samedi, la police est intervenue de façon scandaleuse et totalement arbitraire contre les manifestants non-violents qui manifestaient à Copenhague. La police a isolé une partie de la manifestation et a tout simplement arrêté chaque personne qui s’y trouvait, soit quelques 968 personnes. Parmi eux figuraient une quarantaine de membres du Comité pour une Internationale Ouvrière, tant des jeunes que des personnes plus âgées. Nous avons parlé avec Thomas, un membre du PSL-Anvers qui a lui aussi été arrêté.

    Par Thomas (PSL-Anvers)

    «Nous sommes arrivés à Copenhague ce vendredi, avec un groupe de Belgique, et nous avons participé aux campagnes menées par nos camarades suédois, qui diffusaient leur journal au point central d’informations. Nous avons reçu beaucoup de bonnes réactions et avons récolté pas moins de 400 euros avec notre matériel. Ensuite, alors que nous nous rendions vers notre voiture, nous avons été une première fois contrôlés. La police trouvait qu’un sac à dos était déjà quelque chose de suspect, et nous avons dû tout ouvrir. Je portais un foulard de rouge de la FGTB, ce qui visiblement posait problème aux agents. Apparemment, au Danemark, une loi interdit de manifester «masqué», et un simple foulard syndical sur le cou est déjà de trop…»

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    Détruire le capitalisme… avant qu’il ne détruise la planète!

    • VIDEO: Interview – "Notre terre n’est pas à vendre, battons-nous pour la défendre!"
    • Copenhague: Tract du CIO
    • A Copenhague… et à reculons
    • CHANGEMENT CLIMATIQUE: Beaucoup de discussions, pas de solution
    • Capitalisme et environnement sont irréconciliables Dossier de Mattias Bernhardsson
    • Détruire le capitalisme… avant qu’il ne détruise la planète! Brochure du PSL
    • Rubrique "Environnement de ce site"

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    «Le samedi s’est tenue une immense manifestation. Plus de 100.000 personnes étaient présentes, avec de grandes délégations d’ONG et d’organisations telles que Greenpeace. Autour de nous marchaient différentes autres organisations de gauche. Derrière notre délégation se trouvait par exemple un groupe d’anarcho-syndicalistes qui manifestaient pacifiquement. Aucune pierre n’a été lancée, et personne ne cherchait de problème. Par la suite, la police l’a prétendu, mais si des pierres avaient été lancées et des vitres brisées, je l’aurais remarqué.»

    «A un moment, des bus de police sont venus diviser la manifestation en deux. Des camionnettes sont encore arrivées par l’arrière et une partie de la manifestation a donc complète été encerclées. Le reste de la manifestation a stoppé sa marche en solidarité, mais rien n’était clair sur ce qui allait ensuite arriver.»

    «Nous avons été enfermés durant deux heures, sans savoir ce qui se passait exactement. Tout le monde est resté calme, sans violence, mais nous n’avons pas pu partir. Nous n’étions pas arrêtés, mais simplement bloqués sans pouvoir aller ailleurs. Parmi les manifestants se trouvaient des familles avec des enfants ou des personnes âgées. C’étaient des terroristes potentiels peut-être?»

    «Si nous avons été retenus si longtemps, c’était afin de provoquer des heurts. C’était très clair, les autorités cherchaient une excuse pour réduire au silence une bonne partie des délégations de la gauche radicale et étaient prêts à créer cette excuse. Finalement, aucun trouble n’arrivant, la police a tout de même décidé d’arrêter tout le monde, un par un. Nous avons dû rester là assis six heures sur le sol, en rangées.»

    «Au cours de ces six heures, nous avons dû restés attachés sur un sol glacial. Certains ont demandé une assistance médicale, d’autres ont simplement demandé de se rendre aux toilettes, mais autant s’adresser à un mur. Certains manifestants n’ont pas pu se retenir au bout d’un moment. Évidemment, nous n’avons reçu aucune nourriture et pas de boissons. Sur le plan médical, rester 6 heures assis sur un sol gelé sans pouvoir faire le moindre mouvement, ce n’est pas sans conséquences! Aujourd’hui encore (lundi matin) ma main est toujours endormie et j’ai toujours mal partout.» 

    «Nous avons crié des slogans tels que «quelque chose est pourri dans le royaume de Danemark» et «nous sommes non-violents, et vous?». Les menottes avaient été tellement serrées que certains ont saigné. Des manifestants ont rampé les uns vers les autres pour se réchauffer les uns sur les autres et ainsi éviter de tomber sans connaissance. Les Droits de l’Homme et les droits démocratiques sont visiblement interprétés différemment au Danemark…»

    «Après six heures, nous avons été conduit à un commissariat, avec insuffisamment de place que pour ‘accueillir’ tout le monde. Un petit nombre de manifestants avait entre-temps été libéré, deux camarades suédois dont le rédacteur en chef de notre hebdomadaire suédois Offensiv qui avait une carte de presse. Les médias n’étaient certainement pas les bienvenus face au traitement bestial appliqué par la police danoise. Nous avons souvent demandé pourquoi nous avons été arrêtés, mais personne n’a jamais pu nous donner de réponse sérieuse. Nous avons tous obtenu des raisons différentes, il m’a ainsi été dit que nous étions soupçonnés de former une organisation terroriste! Si c’est de cette façon que l’on lutte contre le terrorisme au Danemark, Al Qaeda a un boulevard lui: la police danoise est incapable de faire la différence entre des manifestants non-violents et des terroristes!»

    «La répression était très forte et partout présente. Au commissariat, nous avons essayé de parler avec quelques agents, qui nous ont dit qu’ils devaient prester des shifts de 16 heures. Naturellement, cela conduit à des débordements. Après contrôles d’identité au commissariat, nous avons été conduits en camionnettes vers différents endroits de la ville, arbitrairement choisis. Nous nous sommes donc retrouvés au beau milieu de la nuit sans savoir comment rejoindre le centre ville!»

    «Certains arrêtés ont été détenus dans le port, où là aussi il n’y avait pas assez de place. Les conditions de détentions y étaient véritablement inhumaines et il s’y est presque déroulés des émeutes, la police devant avoir recours à des gaz lacrymogènes.» 

    "J’ai déjà participé à beaucoup de manifestations et n’ai jamais eu recours à la violence. Pourtant, j’ai déjà vu beaucoup de répression et de violence de la part de la police. Mais je n’ai jamais assisté à une telle insolence et à des situations aussi avilissantes. C’est un scandale que nous devons dénoncer mondialement. Il est très clair qu’en laissant le sort de la planète aux mains de ceux qui sont responsables de cette répression, aucun changement n’arrivera.»

  • Interview du député européen irlandais Joe Higgins

    "Le ‘Oui’ au Traité de Lisbonne sera utilisé pour faire payer aux gens ordinaires le lourd prix de la crise dans les années à venir"

    Au lendemain du second vote sur le Traité de Lisbonne en Irlande, nous avons discuté avec Joe Higgins, député européen du Socialist Party en Irlande, notre parti-frère au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière. Le Socialist Party a joué un rôle prépondérant dans la campagne du référendum pour le « No » au Traité – en diffusant plus de 6.000 affiches et de 500.000 tracts. Joe Higgins a figuré quotidiennement en bonne place dans les médias.

    Propos recueilli par Paul Murphy

    Peux-tu expliquer pourquoi il y a eu 67% de «Oui» au traité de Lisbonne cette année?

    Il est très important de comprendre que le vote « Oui » ne signifie pas un soutien pour le gouvernement ou pour le Traité de Lisbonne. Une campagne massive exploitant la peur face à la crise a été menée par l’ensemble de l’establishment: le grand patronat est intervenu de manière très directe, l’ensemble des partis politiques de l’establishment et la majorité des dirigeants syndicaux ont brandi la menace de désastreuses conséquences économiques si le « Non » l’emportait une nouvelle fois. Dans le contexte de crise économique profonde, ils ont réussi à effrayer les gens en les poussant à voter « Oui » par peur des conséquences d’une victoire du « Non », et à utiliser l’espoir que l’adoption du traité pourrait améliorer les perspectives d’une reprise économique en Irlande.

    Mais cette victoire au référendum se révélera sûrement une victoire à la Pyrrhus pour les partisans du Traité. Le peuple irlandais a été inondé de promesses de redressement économique, d’investissements et d’emplois si le vote positif l’emportait. Mais Lisbonne ne pourra évidemment pas offrir tout cela. En lieu et place de cela, le résultat du référendum sera utilisé pour faire payer aux gens ordinaires le lourd prix de la crise dans les années à venir. Le mensonge de la reprise économique et les méthodes d’intimidation de la campagne du « Oui » reviendront hanter l’establishment et augmenter la colère dans la société. Une des caractéristiques les plus notables de la campagne a été son caractère inégal. J’estime que les partisans du Oui ont dépensé pour leur campagne 10 fois plus que ceux qui défendaient le Non. Ryanair et Intel ont, à eux deux, dépensé jusqu’à un million d’euros. Le caractère partisan des médias était également flagrant. Une étude a montré que, dans la dernière semaine de campagne, 65% de la couverture de la presse écrite appelait à voter « Oui » et seulement 15% plaidait pour un vote négatif.

    Peux-tu nous en dire plus sur la crise économique actuelle en Irlande?

    L’économie s’est effondrée de manière spectaculaire en Irlande. Le dernier rapport de la Commission Européenne dit que l’économie se contractera de près de 9% cette année. Pour bien comprendre l’impact de cette chute, il faut savoir que les taux de croissance du soi-disant « Tigre celtique » atteignaient régulièrement 8 ou 9% par an.

    La situation actuelle est due à une double crise du capitalisme irlandais. D’un côté, la récession internationale a eu un impact très important sur l’Irlande en tant qu’économie dépendante des exportations et des investissements étrangers directs. D’un autre côté, il y a également eu l’effondrement d’une énorme bulle immobilière interne, analogue à celle des États-Unis. La réalité est que les deux principales sources de la croissance économique dans les première et deuxième phases du boom précédent – les investissements étrangers directs, puis le boom de la construction – ont toutes deux été interrompues par la crise internationale et l’éclatement de la bulle immobilière. L’Irlande est aujourd’hui confrontée à une longue période de crise économique.

    Cela a entraîné une baisse significative du niveau de vie des travailleurs. Le chômage a explosé : il atteint maintenant le chiffre de 390.000 personnes. D’ici la fin de l’année prochaine, il pourrait s’élever jusqu’au chiffre ahurissant de 575.000 – c’est-à-dire, en pourcentage, plus qu’aux États-Unis pendant la Grande Dépression !

    Ceux qui ont encore un emploi, que ce soit dans le secteur privé ou les services publics, ont subi une série d’attaques. Les employeurs ont utilisé la récession pour tenter d’augmenter la rentabilité en attaquant les salaires et les conditions de travail.

    Quelle a été la réaction du gouvernement et des patrons face à cette crise?

    Le gouvernement repose sur une coalition du Fianna Fail, qui est le principal parti capitaliste, et du Parti Vert. Il a mené une politique néolibérale très dure, assurant le renflouement des banques tout en faisant payer la charge à la classe ouvrière. Pendant qu’ils proposaient de donner 54 milliards d’euros aux banques pour racheter les créances à risque, ils ont procédé à des milliards d’euros de réductions dans les services et les allocations publiques. Le budget de décembre contiendra sans aucun doute une nouvelle vague de coupes.

    Le gouvernement a commandé un rapport qui recommande des réductions de dépenses à hauteur de 5,4 milliards d’euros. Si toutes les coupes conseillées étaient mises en œuvre, il y aurait plus de 17.000 suppressions d’emplois dans le secteur public. Les soins de santé subiraient des réductions spectaculaires, avec plus de 6.000 suppressions d’emplois envisagées. Il existe également un plan visant à réintroduire des taxes sur l’eau, qui avaient été précédemment combattues par une campagne massive de non-paiement dirigée par le précurseur du Socialist Party.

    Comment ont réagi les travailleurs et les syndicats à cette politique?

    Il y a une colère énorme parmi les travailleurs contre la politique de ce gouvernement. Malheureusement, la direction syndicale a joué un triste rôle. Le Secrétaire général du Congrès irlandais des Syndicats a, de manière honteuse, marqué son accord avec la nécessité de réduire les dépenses et s’est juste montré en désaccord avec le calendrier – les coupes devraient, selon lui, être étalées sur une plus longue période.

    Le mouvement syndical a pourtant appelé ces derniers temps à de grandes manifestations nationales. Du point de vue de la direction syndicale, il s’agit de gagner une influence pour préparer la négociation avec le gouvernement afin d’atténuer les aspects les plus néfastes de ces assainissements. En février 2009, une manifestation particulièrement nombreuse a rassemblé 120.000 personnes et a débouché sur le projet d’une journée de grève générale, mais qui a ensuite été annulée par la direction syndicale.

    Le Socialist Party appelle à transformer de telles mobilisations en de véritables plans d’action pour combattre les plans budgétaires du gouvernement. Un appel de ce type de la part du mouvement syndical recevrait un appui massif des travailleurs et pourrait jeter les bases d’une chute du gouvernement sur la question du budget.

    Comment vois-tu les perspectives pour la gauche en Europe dans les années à venir?

    Au Parlement européen, sur la plupart des questions, une grande coalition s’opère entre les deux grands blocs, les « Socialistes & Démocrates » et le Parti Populaire Européen (démocrates-chrétiens et conservateurs). Cela a été illustré de manière frappante dans le débat sur Lisbonne, tant en Irlande qu’au niveau européen. En Irlande, le Parti travailliste [l’équivalent de notre PS dirupien – NDLR], en collaboration avec des secteurs de la direction syndicale, a joué un rôle délétère en essayant de créer l’illusion que Lisbonne créerait une Europe sociale. Au Parlement européen, ils ont collaboré avec les autres grands groupes pour proclamer à plusieurs reprises la nécessité vitale pour l’Irlande de faire passer Lisbonne.

    La principale question politique dans toute l’Europe est donc la nécessité de construire de nouveaux partis de masse des travailleurs. La dernière série d’élections a montré que les travailleurs cherchaient une alternative. Les médias avaient annoncé que les élections en Allemagne seraient une défaite pour la gauche et une victoire pour la droite. La réalité a été pourtant très différente. Tant le SPD (social-démocratie) que la CDU (démocratie-chrétienne) ont subi un recul, mais Die Linke a réalisé des résultats très importants, obtenant près de 12% des voix. De même au Portugal, où le Bloc de Gauche a fait une percée électorale importante, emportant près de 10% des voix, tandis que le Parti Communiste Portugais obtenait 8%. Le Bloc de Gauche et Die Linke ont désormais de grandes opportunités, mais seulement s’ils mettent en avant une stratégie indépendante, qui inclut l’opposition aux politiques pro-capitalistes de la social-démocratie.

    Ces résultats donnent de fortes indications du soutien potentiel qui existe pour les idées de gauche et socialistes parmi les travailleurs. Ils doivent être utilisés pour plaider en faveur de la nécessité et de possibilité de construire de nouvelles formations ouvrières dans d’autres pays. Je pense que le Comité pour une Internationale Ouvrière peut jouer un rôle important dans ce processus – en participant au développement de ces partis, et aussi en appuyant la nécessité cruciale d’un programme socialiste clair.

    www.joehiggins.eu

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