Category: Europe

  • Semaine européenne de protestation et de solidarité: Suède

    Des militants de quatre syndicats et organisations socialistes de l’Alliance de Septembre se sont rassemblés à l’extérieur des bureaux de la Commission Européenne à Stockholm. Des rapports suivront bientôt d’Autriche, d’Irlande ou encore de Grèce.

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    Solidarité européenne!

    Manifestation ce samedi 26 juin – 13h30 – Place Van Meenen, Saint Gilles (Bruxelles) – Près de la Gare du midi, arrêt Horta

    • Agenda de la semaine d’action européenne
    • Appel du Front des Gauches
    • Tract du Front des Gauches
    • Europe – Initiative pour une "semaine de protestations et de solidarité"
    • Vidéo de le Gauche Unitaire Européenne pour la semaine d’action
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      "Nous exprimons notre profonde solidarité avec les travailleurs et les pauvres de Grèce et leur souhaitons de rencontrer le succès dans leur lutte. Nous sommes derrière vous contre l’Union Européenne et ses attaques sur le bien-être. Nous sommes entièrement conscients que les attaques auxquelles vous devez faire face, sous le couvert honteux de mensonges racistes, sont un test et que les mêmes attaques attendent les travailleurs et les jeunes à travers l’Europe dans un proche avenir si vous et nous de les stoppons pas ensemble maintenant" a déclaré Arne Johansson, un des porte-paroles de l’Alliance de Septembre et également représentant de Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède).

      La protestation s’est tenue sous une banderole déclarant "Non à l’UE du grand capital" et la déclaration des eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL) appelant à cette protestation a été distribué. La lettre de protestation a ensuite été donnée au bureau de la Commission Européenne. Il ne fait aucun doute que la lutte en Grèce est inspirante pour les travailleurs et les jeunes de Suède et cela aura un effet dans la période à venir.

      • Rapport du Danemark

  • Europe en crise: Chez nous bientôt aussi?

    L’euphorie de l’unification européenne qui régnait il y a de cela dix ans est devenue crise, tension et peur. La presse économique le reconnaît d’ailleurs avec beaucoup d’honnêteté. Tandis que le Financial Times écrivait il y a peu qu’ “Un spectre hante l’Europe: le spectre de la Grèce”, The Economist a eu une photo d’une manifestation grecque avec pour légende “Bientôt dans votre ville ?”

    Article tiré de l’édition de Lutte Socialiste de juin

    Tragédie grecque

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    Solidarité européenne!

    Manifestation ce samedi 26 juin – 13h30 – Place Van Meenen, Saint Gilles (Bruxelles) – Près de la Gare du midi, arrêt Horta

    • Appel du Front des Gauches
    • Tract du Front des Gauches
    • Europe – Initiative pour une “semaine de protestations et de solidarité”
    • Agenda de la semaine d’action
      [/box]Ceux qui prétendent que la crise grecque est le produit de la “fainéantise” ne font que mentir pour masquer leur propre responsabilité. Si la Grèce est un maillon faible de l’Union Européenne, ce n’est aucunement la faute aux travailleurs grecs, mais bien à la politique néolibérale de ces dernières années.

      La dette de l’Etat a bondi au-delà des 300 milliards d’euros, soit 112% du Produit Intérieur Brut(1) et elle pourrait même atteindre les 130% en 2013. Il est même probable que ces chiffres soient en dessous de la réalité, car il est difficile de se rendre réellement compte de l’ampleur des dettes, masquées sous de complexes montages financiers. Cette montagne de dettes est de plus aggravée par la spéculation financière et par la fraude fiscale des grandes entreprises. Les francs-tireurs de la dictature néolibérale – les hedge funds (fonds spéculatifs), les banques d’investissement et les grands actionnaires et les agences de cotation – ont assiégé l’économie grecque. Maintenant, la Grèce ne peut emprunter qu’à des taux très élevés, au grand bonheur des spéculateurs.

      Les institutions internationales exigent que ce soient les travailleurs grecs et leurs familles qui payent pour la crise et non pas les spéculateurs et les capitalistes. Le plan d’austérité qui y est prévu est un véritable bain de sang social, un massacre organisé des conditions de vie des travailleurs, des pensionnés, etc.

      750 milliards d’euros ne suffisent pas pour éviter la contagion

      La Grèce est virtuellement en faillite et sa garantie de crédit (ses capacités à rembourser ses dettes) est encore plus bassement estimée que celle de l’Islande, qui s’est économiquement effondrée en octobre 2008. Aujourd’hui, la question qui obsède les gouvernements et les économistes, c’est de savoir qui sera la prochaine victime des charognards financiers. Tous les pays européens sont dans la tourmente. Les banques et entreprises allemandes ont placé 390 milliards d’euros en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande, pays au bord du gouffre. Voilà pourquoi le gouvernement allemand a tout de même fini par accepter le plan d’aide à la Grèce en dépit de son opposition initiale.

      Ce plan d’urgence, d’une valeur de 750 milliards d’euros, a suscité l’euphorie sur les bourses… pendant un jour ! Le lendemain, le doute était revenu et l’euro a continué à perdre du terrain. Pour certains économistes et politiciens, 750 milliards d’euros, ce n’est toujours pas assez pour sauver la zone euro de façon structurelle: envoyer une bouée à un naufragé, cela ne veut pas encore dire qu’on l’a sorti de l’eau. Ces aveux ont encore plus aiguisé la soif de spéculation des vautours de la finance.

      Ce plan comporte de nombreux risques. Tout d’abord, pour la majeure partie, il s’agit d’un plan destiné à emprunter aux marchés financiers à de meilleures conditions. La dette ne disparaît donc pas, il ne s’agit que d’un emballage de celles-ci en répartissant les risques. Mais l’Histoire nous a appris que répartir des risques de faillite ne fait pas subitement disparaître les risques, cela ne fait que les éparpiller. On parle déjà de “contagion” au Portugal, en Irlande, en Italie et en Espagne. Certains attirent également l’attention sur la Belgique : l’économiste britannique David Roche a ainsi décrit notre pays comme une “vraie ruine”.

      La brève euphorie autour de “la quatrième plus forte hausse du Bel 20”(2) qui a suivi l’annonce du le plan d’urgence a précédé d’une seule journée une monumentale “gueule de bois” (selon la une du quotidien économique flamand De Tijd). Le capitalisme ressemble de plus en plus à un accro à l’héroïne pour qui chaque nouveau fix entraîne une brève euphorie mais qui, au fur et à mesure que la fin approche, ressent de moins en moins d’effets à chaque shot.

      Aucune alternative ?

      Les dirigeants européens répètent à l’envi qu’il n’existe aucune alternative aux coupes budgétaires et aux plans d’austérité, logique suivie par tous les partis traditionnels. En Grèce, l’austérité est appliquée par un gouvernement social-démocrate et, au Parlement Européen, si les Verts ont bien fait quelques remarques sur le plan d’austérité grec, elles ne portaient pas sur le contenu, mais uniquement sur la vitesse à laquelle ce dernier devait être appliqué pour qu’un “plus grand consensus” soit atteint. A les entendre, la seule solution, c’est de faire payer les travailleurs et leurs familles.

      Certains pensaient que l’Allemagne, moteur de l’économie européenne, pourrait empêcher l’approfondissement de la crise, mais cet espoir est vain. La bonne position concurrentielle de l’Allemagne face aux autres économies est basée sur de bas salaires (attractifs pour les patrons) ainsi que sur les dures coupes budgétaires de ces dernières années. Mais cela a impliqué une chute de la consommation interne du pays. Hors de question donc d’imaginer que la consommation allemande puisse sortir l’Europe d’affaire.

      Expulser la Grèce hors de la zone euro est encore moins une solution. Le gouvernement grec pourrait bien dévaluer sa nouvelle monnaie, mais si les dettes doivent être payées en euros, cela ne solutionnerait rien, tandis que toute réévaluation de la dette diffuserait d’autant plus la crise. Mais, par dessus tout, la désaffection de la Grèce aurait un effet de sape sur la zone euro.

      Le capitalisme subit une cuisante défaite idéologique. Il n’est plus question d’euphorie pour le projet européen ou le capitalisme. Si le mouvement des travailleurs ne formule pas ses propres réponses face à la crise, la bourgeoisie attendra gentiment la fin de la crise en nous la faisant payer dans le sang et la sueur. Le choix est simple : subir l’effondrement de notre niveau de vie ou entrer en lutte tous ensemble contre ce système.

      En Grèce, le mouvement de protestation est d’une grande importance. L’appel de parlementaires européens de la Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique pour une semaine d’action de protestations coordonnée à l’échelle européenne pour la fin du mois de juin est une excellente initiative pour renforcer l’idée de solidarité internationale. Mais cela doit absolument s’accompagner d’une campagne en faveur d’une réponse clairement socialiste face à la crise du capitalisme.


      (1) PIB: indicateur économique qui mesure les richesses créées dans un pays donné et pour une année donnée. Une dette de plus de 100% signifie donc que même toute la richesse créée en une année dans le pays ne suffirait pas pour payer les créanciers.

      (2) Bel 20 : principal indice boursier à la Bourse de Bruxelles, reprenant la valeur de 20 actions de Bruxelles (Colruyt, InBev, Dexia,…)

  • Grande-Bretagne: préparer la résistance

    Le bulletin d’informations "News at 10" de la BBC a réalisé cette semaine un reportage consacré à la résistance croissante contre les assainissements. Dans ce reportage, une certaine attention est accordée à nos camarades du Socialist Party. La BBC s’est rendue à Nottingham où les assainissements budgétaires sont déjà très concrets. La parole est donnée à des membres de comités d’action, à des cellules syndicales, à un groupe local de résistance contre la fermeture d’une bibliothèque mais aussi à des militants du Socialist Party. Voici ce reportage.

  • Allemagne : 45.000 manifestants contre le programme d’austérité

    5 jours seulement après l’annonce du plan d’austérité par la coalition conservateurs-libéraux en Allemagne, 45.000 travailleurs, chômeurs et jeunes ont occupé les rues de Berlin et de Stuttgart pour dire : nous n’allons pas payer pour votre crise !

    Sascha Stanicic, Sozialistische Alternative (SAV, CIO-Allemagne)

    Le plan du gouvernement d’Angela Merkel est de couper 80 milliards d’euros d’ici 2014 – principalement dans les dépenses sociales et la destruction d’emplois dans le secteur public. Selon un sondage d’opinion, 79 % de la population pensent que ce plan est inégal et injuste. Le Grand Capital et les supers riches ont obtenu des cadeaux fiscaux au début de cette année et ils n’ont même pas dû les reverser. C’est l’une des raisons qui explique l’impopularité croissante du gouvernement Merkel ainsi que les tensions au sein de sa coalition. Les sondages d’opinion démontrent que le soutien au gouvernement est largement descendu sous les 40%.

    Les manifestations, prévues depuis quelques mois déjà, avaient été appelées par une coalition large rassemblant Die Linke (un nouveau parti large à la gauche des sociaux-démocrates), le syndicat du secteur public ver.di ainsi que d’autres syndicats, les mouvements sociaux et les groupes de gauche. Sozialistische Alternative (SAV), la section allemande du CIO, est membre de cette coalition et a par exemple imprimé des milliers d’affiches, de tracts et d’autocollants pour aider à mobiliser. Cependant, les directions syndicales n’ont pas fait grand-chose, certains syndicats n’ont d’ailleurs même pas soutenu les manifestations. Voilà comment le potentiel pour une protestation de masse contre le programme d’austérité n’a pas été saisi. Mais 45.000 personnes, c’est tout de même un bon début, et cela pourrait constituer une ouverture pour un automne chaud dans la plus grande puissance capitaliste européenne.

    La manifestation de Berlin était dominée par des slogans anticapitalistes, ce qui illustre la radicalisation croissante parmi une couche de jeunes et de chômeurs. Die Linke avait une délégation relativement importante, avec environ 2.000 participants, et ce malgré une campagne de mobilisation limitée. Cela reflète le potentiel qui est présent pour Die Linke si la direction du parti met toute son énergie dans la construction d’un mouvement de protestation conséquent dans la rue. Mais l’orientation politique des dirigeants de Die Linke a été clarifiée par le discours de Gesine Lötzsch, nouvelle porte-parole du parti. Après avoir parlé des revendications du parti pour une plus grande taxation des riches et contre les coupes dans les budgets sociaux, elle a appelé les gens à continuer les protestations mais “par-dessus tout (!) à se souvenir de qui était à leur côté pour les prochaines élections” – ce que beaucoup de manifestants n’ont pas apprécié.

    Parmi les orateurs, il y avait également le syndicaliste socialiste Mustafa Efe, de l’usine berlinoise de Daimler. Il est l’organisateur d’un groupe de membres critiques du syndicat IG Metall appelé “Alternative” et est actuellement menacé d’expulsion de son syndicat parce que lui et son groupe se sont présentés indépendamment, contre la majorité de droite du syndicat lors des récentes élections sociales (en remportant tout de même 25 % des votes!). Mustafa a expliqué que les syndicats devaient redevenir des organisations de lutte, et il a appelé les syndicats à organiser une riposte européenne contre les assainissements budgétaires et à placer l’industrie sidérurgique sous contrôle public et démocratique, comme l’exigent les statuts syndicaux (“oubliés” par la direction).

    La manifestation de Stuttgart a vu une plus grande participation du secteur public, le syndicat ver.di y ayant concentré sa mobilisation. De façon honteuse, le SPD (l’équivalent allemand du PS, ndlt) et le Parti Vert ont essayé d’être présents et ont eu des orateurs sur l’estrade. Mais les travailleurs n’ont pas oublié que c’est un gouvernement réunissant les sociaux-démocrates et les verts qui a entamé la destruction de la sécurité sociale en 2003, avec l’introduction de l’‘Agenda 2010’. C’est pourquoi le parlementaire régional du SPD a été hué et a reçu des œufs.

    Les membres du SAV étaient présents aux deux manifestations dans les délégations jeunes, avec leur syndicat, proposant notre journal, criant des slogans, récoltant des signatures contre l’expulsion des travailleurs de Daimler hors de leur syndicat, récoltant de l’argent pour la coalition à la base de l’organisation des manifestations. Nous avons appelé les syndicats à commencer une champagne de masse contre le plan d’austérité avec une journée de grève générale en automne et, en même temps, en avançant une programme clairement contre la crise du capitalisme, un programme socialiste.

  • Espagne: Deux millions de travailleurs du secteur public en grève ce 8 juin

    Ce 8 juin, presque 2 millions de travailleurs du service public sont partis en grève en opposition au programme d’austérité du gouvernement espagnol du PSOE (l’équivalent espagnol de notre PS, NDLT). A côté d’autres attaques brutales contre les dépenses publiques, la sécurité sociale et les pensions, on trouve une diminution de 5% des salaires des travailleurs des services publics. Cette grève était la première réponse organisée et générale de la classe ouvrière espagnole depuis que le gouvernement a commencé à mettre en avant ses attaques vicieuses.

    Danny Byrne, CIO

    Le gouvernement Zapatero a ouvertement présentés ses véritables couleurs et s’est prosterné devant les dieux du marché international, des agences de notation et du Fond Monétaire International. Leurs diktats d’austérité ont révélé la peur profonde d’instabilité pour l’économie espagnole et la perspective d’un effondrement de type ‘grec’.

    Cette grève a eu un puissant impact, avec des manifestations dans les principales villes de l’Etat espagnol totalisant des centaines de milliers de personnes et avec environ 75% de participation selon les syndicats. A Barcelone, 150.000 manifestants ont pris les rues dans une démonstration militante de colère, d’indignation et de détermination. Les travailleurs du service public ont été rejoints par un grand nombre de jeunes et pensionnés.

    Cependant, au lendemain de la grève, malgré ce succès, les regards sont tournés vers les dirigeants des principaux syndicats nationaux (UGT et CC.OO). Le massacre des conditions de vie à cause de la crise du capitalisme espagnol, et ses essais afin de la faire payer aux travailleurs ont causé une profonde colère. La majorité des militants syndicaux ont été clairs quant à la réponse qu’ils estiment nécessaire : une grève générale ! Lors des manifestations de masse qui ont forcé Zapatero à retirer ses plans destinés à augmenter l’âge d’accès à la retraite, en février dernier, cette demande était déjà majoritaire dans le mouvement.

    Sur les bannières catalanes – "Pour la grève générale maintenant!"

    Actuellement, avec le second tour d’austérité du gouvernement (qui représente les plus grosses attaques contre les travailleurs espagnols depuis la chute du régime franquiste) et le projet gouvernemental d’imposer unilatéralement de profondes réformes du travail (avec des licenciements d’ampleur dans un pays où plus de 20% de la population est déjà au chômage!) et d’attaques contre la classe ouvrière organisée, la pression d’en bas pour une grève générale a finalement trouvé sa voie dans les discours des dirigeants syndicaux. Fernando Toxo, le dirigeant du CC.OO, a annoncé que son syndicat était “déjà en train de se préparer” pour une grève générale.

    Le développement d’une grève générale en Espagne, à la suite de la grève réussie du 8 juin, représenterait un moment important pour que le mouvement ouvrier entre en lutte de façon décisive. Cela serait le début d’un puissant mouvement de classe qui ébranlerait les bases du capitalisme espagnol. Le gouvernement Zapatero est d’ores et déjà extrêmement faible, et n’a réussi à faire passer sa dernière tournée d’attaques au Parlement que d’une voix!

    Des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont participé à ces protestations massives du 8 juin dans plusieurs villes de l’Etat espagnol. Nous y avons défendu un programme et des perspectives clairs pour que le mouvement aille de l’avant, en mettant en avant la nécessité de construire une alternative réellement socialiste face à ces attaques, au chaos et à la crise du capitalisme ainsi qu’à la dictature des marchés financiers internationaux.

    Le prochain pas doit être l’organisation immédiate d’une grève générale de 24 heures dans toute l’Espagne. Mais, comme l’a démontré la lutte courageuse des travailleurs et des jeunes en Grèce, une grève générale ne peut en elle-même être suffisante pour forcer le gouvernement à faire marche arrière.

    Les gouvernements capitalistes veulent très clairement frapper les travailleurs et les jeunes pour sauver le système de profit et satisfaire leurs véritables maîtres : le marché capitaliste. Un mouvement de masse militant et unifié est nécessaire. C’est dans ce sens que le CIO propose la formation de comités d’actions démocratiquement élus sur les lieux de travail, les universités, les écoles, et dans les différentes communautés, pour organiser une grève générale de 24 heures et discuter et débattre de la meilleure manière d’aller de l’avant pour la lutte ainsi que d’une alternative à la crise et à la misère capitalistes.

  • La crise de la dette fait trembler l’euro

    Jusqu’à il y a quelques semaines, la dissolution de la zone euro était encore considérée comme une histoire à dormir debout. Mais depuis la crise de la dette grecque, les menaces et les avertissements s’empilent les uns sur les autres. Il est évident que l’on fera tout pour empêcher cela ; ce qui signifierait une énorme défaite politique et économique pour le capitalisme en Europe. A terme, ce scénario est cependant inévitable, du fait des contradictions entre une monnaie unique et les rivalités entre 16 Etats-nations.

    Par Eric Byl

    D’un côté, les capitalistes européens ont été forcés de travailler ensemble pour tenir tête face aux blocs commerciaux nord-américain et asiatique. D’un autre côté, aucune bourgeoisie nationale en Europe n’est prête à sacrifier à cette tâche ses propres intérêts nationaux. Tant que l’économie connaissait une croissance modérée, c’est la tendance à la coopération qui dominait. Celle-ci a d’ailleurs été bien plus loin que ce que le Parti Socialiste de Lutte pensait être possible sous le capitalisme, en grande partie en conséquence du fait que les dirigeants officiels du mouvement ouvrier n’ont pas réellement organisé la résistance contre le projet libéral de l’Union Européenne.

    Le Parti Socialiste de Lutte n’a jamais pensé que l’unification de l’Europe était un processus à sens unique. Nous n’avons jamais cru à l’idée que les Etats nationaux s’évaporeraient et céderaient la place à une «Europe des régions». Nous avons au contraire été d’avis qu’en cas de récession profonde, ce seraient les contradictions nationales qui prendraient le dessus et que la chaîne romprait d’abord à son maillon le plus faible – dans le cas présent, la Grèce.

    L’euro lie des économies disposant d’un grand surplus sur la balance des payements (plus d’exportations que d’importations) à des économies avec un déficit important. Avec différentes monnaies, ce déséquilibre serait réparé par une hausse des cours de la devise des économies les plus fortes et une baisse de celles des économies les plus faibles. A l’intérieur de l’Eurozone, c’est impossible.

    En outre, la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne est entre les mains des économies les plus fortes, en premier lieu l’Allemagne. Depuis des années, cela a assuré un euro fort et une politique des taux modérée. Pour les pays avec un surplus commercial, ce n’était pas un problème. Dans les pays avec un déficit commercial, cela a stimulé une croissance basée sur le crédit.

    La sûreté apparente de l’euro a permis à ces pays d’emprunter avec un taux d’intérêt plus bas. Avec leur propre monnaie, ces pays auraient pu gonfler leurs taux d’intérêt pour contrecarrer la formation de bulles financières. «La crise à la périphérie de l’Eurozone n’est pas un accident : elle est inhérente au système», nous confirme Martin Wolf du Financial Times. Même si la Grèce est le maillon faible, elle n’est certainement pas le seul pays européen avec un grand déficit budgétaire et d’énormes dettes tant pour l’Etat que pour les entreprises et les particuliers. La reprise des pertes des banques d’investissements spéculatrices a fait plonger tous les budgets dans le rouge.

    La possibilité que certains Etats ne puissent plus surseoir à leurs engagements financiers a forcé l’Union Européenne et le FMI à mobiliser un bon de 750 milliards d’euros. Sans quoi les innombrables banques qui ont des intérêts en bons d’Etat de pays sud-européens menaçaient de se faire emporter. Cela n’a pas pu convaincre «les marchés». En échange de cela, c’est un raz-de-marée d’attaques sur les acquis des travailleurs et de leurs familles qui a été exigé. En Grèce, comme ailleurs en Europe, cela a suscité une réponse sous la forme de manifestations massives et de grèves nationales. Si les capitalistes parviennent à faire passer ces plans d’austérité drastiques, cela n’évitera quand même pas le plongeon de l’économie dans la récession.

    L’euro peut encore tenir bon pendant un moment, parce que son éclatement plongerait le capitalisme européen dans une crise économique et politique encore plus profonde. La crise économique prolongée et les révoltes politiques vont aviver les conflits entre les pays de l’Eurozone, lesquels à, un moment donné, vont inéluctablement mener cette zone à la déchirure.

  • Relations commerciales Etats-Unis / Union Européenne : Echange entre l’ambassadeur américain et Joe Higgins

    Ce premier juin, dans la Commission du Parlement Européen consacrée au commerce international, l’eurodéputé Joe Higgins (CIO-Irlande) s’est adressé à l’ambassadeur américain auprès de l’Union Européenne. Il y a abordé la crise économique actuelle et le rôle de l’administration Obama. Voici la vidéo de cet échange, ainsi que la traduction de cette discussion en français.

    Joe Higgins :

    ‘‘Merci Président.

    ‘‘M. l’Ambassadeur, vous avez dit qu’un des plus graves problèmes sur base de laquelle nous, je veux dire la génération actuelle, serons jugés, est la manière dont nous nous occuperons de la crise économique et financière actuelle.

    ‘‘Cependant, comme vous le savez, ce désastre économique a été précipité par la spéculation et par la soif de profit téméraires de la part d’institutions financières américaines et internationales, qui ont été facilitées par la folie de la dérégulation et de la libéralisation mise en place coûte que coûte par les administrations américaine et européenne.

    ‘‘Et donc, que va faire l’administration Obama quant à cette situation, si l’on prend en compte que des hedge funds surpuissants sont toujours en train de mener le même type d’activités sur les marchés financiers et sur le plan international ?

    ‘‘Ou en train de spéculer, par exemple, contre le peuple grec et exigeant un prix énorme de la part de la classe ouvrière grecque qui est en train de payer pour les superprofits engrangés par la spéculation de ces mêmes personnes.

    ‘‘La plupart de ces requins sont basés sur la côte Est des Etats-Unis, les hedge funds, et plus à Londres.

    ‘‘Donc, que pense faire votre administration contre ce que j’appelle la dictature de ces hedge ffunds et de ces institutions financières ?

    ‘‘Deuxièmement, vous avez mentionné le fait que le libre-échange était considéré avec suspicion par la population laborieuse des Etats-Unis. Les accords de libre-échange.

    ‘‘Et l’instinct de la classe ouvrière américaine est ici correct, parce que les accords de libre-échange, selon moi, n’ont pas été faits dans leur intérêt, mais dans l’intérêt des grandes corporations internationales qui bénéficient du libre-échange, forçant par-là une spirale vers le bas des salaires et des conditions de travail pour la population laborieuse.

    ‘‘Ceci s’est très certainement vérifié aux Etats-Unis, comme ailleurs dans le monde.

    ‘‘Maintenant, puis-je vous demander, M. l’Ambassadeur – comme vous le savez, dans les années 60, 70, et 80, les administrations américaines ont soutenu pratiquement chacune des dictatures puantes qui ont émergé en Amérique latine et ailleurs, au nom de la facilitation du commerce, avec un immense profit pour les grandes entreprises américaines.

    ‘‘Pourtant, qu’est-ce qui a changé dans l’approche de l’administration Obama par rapport au commerce ?

    ‘‘Le commerce est-il toujours une activité « neutre », qui ne doit pas se mêler des Droits de l’Homme et autres ?

    ‘‘Ou bien, qu’est-ce qui a réellement changé avec la nouvelle administration ?

    ‘‘Et si quelque chose a réellement changé, pourquoi votre administration continue-t-elle toujours à accorder un soutien économique et un traitement énormément favorables à des Etats qui violent les Droits de l’Homme à la face du monde entier, tels qu’Israël, et que sera le résultat du désastre et du massacre de ces gens qui apportaient de l’aide humanitaire à Gaza ?

    ‘‘Et ceci va-t-il causer une quelconque modification de vos relations commerciales avec Israël, par exemple ?

    ‘‘De la même manière, avec le Honduras, comment justifiez-vous le maintien de relations ouvertes avec un gouvernement boiteux, provenant au départ d’un coup d’Etat ?

    ‘‘Et pour terminer, MM. le Président et l’Ambassadeur : vous vous êtes référés au désastre de la marée noire dans le Golfe du Mexique, qui constitue bien entendu une énorme source d’inquiétude pour le peuple américain, pour les travailleurs, pour les écologistes, pour tout le monde.

    ‘‘Quelles en sont les implications pour le forage pétrolier à grande profondeur, après ce désastre ?

    Réponse de William E. Kennard, Ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union Européenne :

    ‘‘M. Higgins, vous avez soulevé un certain nombre de problèmes et posé un certain nombre de questions.

    ‘‘Une sur la régulation financière, et vous avez émis le commentaire que les Etats-Unis sont responsables de la crise financière.

    ‘‘Je pense que nous avons passé le stade où nous pouvons chercher à savoir sur qui mettre la responsabilité de qui a causé cette crise et de qui ne l’a pas causée.

    ‘‘Vous voyez, nous y sommes tous ensemble, et on doit résoudre cela tous ensemble.

    ‘‘Une anecdote familiale – mon père était un petit entrepreneur. Il avait un petit partenariat. Mon père est un Afro-Américain, et son partenaire était un Blanc. Et je me souviens d’une époque, où ils avaient du mal, ils avaient des difficultés avec leur entreprise et ils se demandaient comment ils pourraient rentrer dans leurs frais. Et mon père s’est tourné vers son partenaire et lui a dit « Tu sais, on n’est pas arrivé ici sur le même bateau, mais maintenant, on est tous les deux dans la même galère ».

    ‘‘Voilà où nous en sommes. Je pourrais dire que la crise de l’Eurozone est un produit de l’Europe, mais en quoi cela va-t-il nous aider ?

    ‘‘En quoi cela va-t-il nous aider à résoudre le problème ? La réalité, est que nous sommes tous emmêlés dans un réseau financier mondial et interconnecté, et que nous devons travailler à cela tous ensemble. Vous avez aussi dit que nous n’avons rien fait pour réformer la finance.

    ‘‘Je prends assez mal ceci. Nous sommes très près de faire passer au Congrès Américain une des plus importantes réformes de nos lois financières depuis la Grand Dépression. Nous en sommes très près.

    ‘‘Et il est très important que, tandis que nos lois passent à travers le Congrès Américain, il y ait une coordination étroite avec l’Union Européenne. Parce que, à nouveau, ceci est un système interconnecté.

    ‘‘M. Abory était à Washington et à New York récemment, pour justement parler de cet enjeu, et je suis conforté dans l’idée que nous pouvons agir ensemble – si pas en harmonie, au moins en coordination au fur et à mesure que notre réforme financière sera mise en place.

    ‘‘De même, je ne suis pas du tout d’accord avec votre thèse selon laquelle la politique de libre-échange ne prend pas en compte les enjeux sociaux et environnementaux.

    ‘‘Le Président Obama a mené campagne autour d’une plate-forme visant à s’assurer que les négociations commerciales soient sensibles aux enjeux sociaux et environnementaux.

    ‘‘Il a donné une directive à l’ensemble du gouvernement, et c’est quelque chose auquel nous pensons chaque jour au gouvernement des Etats-Unis.

    ‘‘Israël, je m’excuse, je n’en ai pas parlé. Hier, nous avons tous été témoins d’une tragédie en haute mer autour d’une tentative d’amener un convoi d’aide humanitaire à Gaza. Le Président a tout de suite émis une déclaration.

    ‘‘Je ne sais qu’en dire de plus, à part que, avant de tirer une quelconque conclusion, il nous faut bien nous renseigner sur ce qui s’est passé.

    ‘‘Je pense qu’à chaque fois que qu’une telle chose se produit, il est important de comprendre ce que sont les faits, ce qui s’est réellement produit, et ensuite d’agir en conséquence.

    Joe Higgins MEP:

    ‘‘Un acte de piraterie dans les eaux internationales, M. l’Ambassadeur, ce qui s’est produit est assez clair.

    Ambassadeur américain:

    ‘‘Eh bien, nous verrons. Tous les faits ne nous sont pas encore parvenus.

  • Grèce: Une nouvelle situation pour la gauche après une scission à la conférence de Synaspismos

    Nous publions ci-dessous une déclaration de Xekinima (CIO-Grèce) concernant la scission qui s’est produite le week-end dernier durant le Congrès de Synaspismos (SYN) ces 4, 5 et 6 juin. SYN est le principal parti au sein de Syriza, une alliance de gauche à laquelle participe Xekinima.

    Déclaration de Xekinima (CIO-Grèce)

    Près de 20% des 1.350 délégués du Congrès extraordinaire de SYN ont appelé SYN à quitter l’alliance de gauche Syriza qui, selon leurs critiques, comprend ‘trop de radicalisme de gauche’. Cette minorité, dans une atmosphère d’extrême polarisation, a refusé de prendre part aux élections du Congrès, qu’elle a quitté.

    Ceci représente une scission de droite au sein de SYN. Les ‘modernisateurs’ (comme ils s’appellent eux-mêmes) qui sont partis veulent se rapprocher du Pasok, le parti au pouvoir, et constituer un parti des travailleurs qualifié de “socialiste” mais qui, dans les faits, serait un pas vers des coupes sociales énormes et des attaques contre le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles.

    Socialistworld.net

    Conférence de Synaspismos : la scission de droite au sein de Synaspismos créé une nouvelle situation pour la gauche grecque

    Déclaration de Xekinima

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    • Europe – Initiative pour une "semaine de protestations et de solidarité"
    • Grèce: L’eurodéputé Joe Higgins prend la parole lors d’un meeting crucial de Syriza à Athènes
    • Proposition pour un mouvement de protestation européen du 21 au 26 juin
    • Manifestation de solidarité avec le peuple grec à Bruxelles
    • Message de solidarité du GUE/NGL
    • Joe Higgins "Unité des travailleurs et contre-attaque contre la dictature du marché"
    • Grèce: La lutte doit se poursuivre et s’intensifier!
    • Devant le Parlement Européen: Solidarité avec les travailleurs grecs!
    • L’austérité capitaliste doit être contrée par l’action des travailleurs
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      La scission de la plus grande part de “l’Aile Renouveau ” à la conférence de Synaspismos la semaine dernière constitue l’événement le plus important de cette conférence.

      Un tel développement était prévisible. Cela faisait des années que Xekinima expliquait que les différences existant au sein de Synaspismos entraîneraient tôt ou tard une scission. Ce n’est pas un hasard si cette scission survient à un moment d’exacerbation de la lutte des classes, en conséquence de la crise profonde qui ébranle la société grecque. Dans de pareilles conditions, la base pour des généralisations et des compromis entre les ailes de gauche et de droite dans le parti a disparu.

      La principale critique que Xekinima a formulé contre la majorité de gauche qui a dominé la direction de Synaspismos durant toute la période passée était le fait qu’elle avait adouci son programme au nom de l’unité, en faisant des compromis avec “l’Aile Renouveau”. En conséquence, cela est devenu – comme Xekinima l’avait prévu – un obstacle pour le développement de Syriza. Les compromis au sein de Synaspismos se reflétaient par ailleurs dans les positions prises par Syriza, rendant Syriza incapable de répondre aux exigences d’un programme de gauche radical, ce qui est crucial dans le contexte de cette crise du système capitaliste.

      Maintenant, Synaspismos est libéré des contraintes du passé. C’est une opportunité historique pour se diriger de façon décisive vers la gauche. Cela nécessite de répondre aux questions du moment et de jouer un rôle important dans le mouvement des travailleurs, en offrant une perspective de résistance et de lutte non seulement en Grèce, mais aussi au niveau européen (comme avec la semaine d’action du 21 au 26 juin). Dans ce sens, cela pourrait revitaliser Syriza.

      Cependant, la scission de droite ne signifie pas automatiquement que Synaspismos va se transformer en un parti plus radical : c’est un enjeu qui dépend de la volonté politique de la direction actuelle, la nouvelle majorité gagnée à la conférence. Les partisans de Syriza ont observé ces derniers développements avec espoir, et ils attendent de voir quels seront les prochains pas de la direction de Synaspismos.

      A notre avis, il serait contre-productif, pour ne pas dire complètement catastrophique, que la création de la ‘Plateforme 2010’ (le nouveau nom des restes de l’Aile Renouveau au sein du parti) devienne une excuse pour la direction de Synaspismos afin de poursuivre la politique du compromis, ce qui n’aboutirait à rien d’autre qu’à un programme vague.

      Cela serait la recette pour la continuation de la crise au sein de Syriza, et cela conduirait finalement à une scission ainsi qu’à l’effondrement de la plus importante initiative unitaire que la Grèce a été capable d’organiser dans l’histoire récente.

      Syriza fait face à de grandes opportunités. Il lui faudrait abandonner son passé apolitique et constitué de confrontations personnelles entre membres de la direction, et adopter un nouveau programme clairement de gauche, ce qui serait une attraction pour le mouvement et pour la gauche en général.

  • DOSSIER: Le Portugal au bord de l’incendie

    Préparons-nous à une lutte de masse

    ‘‘Vladimir Lénine a dit un jour qu’une révolution se développe lorsque ceux d’en haut ne peuvent plus gérer les choses comme avant et que ceux d’en bas ne peuvent plus subir les choses comme avant.’’ Ces paroles n’ont pas été prononcées par un membre du Parti Communiste, mais par Pedro Aguiar-Branco, député du PSD (Partido Social Democrata, le principal parti d’opposition de droite au Portugal), lors de la session commémorative de l’Assemblée Nationale du 36ème anniversaire de la Révolution d’Avril 1974. Il a également, entre autres, cité la dirigeante révolutionnaire allemande Rosa Luxemburg, terminant son discours par ‘‘Donnons au peuple le pouvoir de produire, de choisir et de décider.’’

    Cédric Gérome, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Le fait qu’un membre dirigeant d’un des partis les plus réactionnaires du Portugal ait déclamé un discours aussi populiste donne une idée de la vague de déroute qui affecte l’establishment au pouvoir, avec pour toile de fond la crise organique à laquelle est confrontée le pays. Le militantisme croissant des travailleurs portugais lors de la période récente, et l’impact toujours influent de la révolution de 1974-75 dans leurs esprits, sont des facteurs importants dans les calculs cyniques de tels politiciens de droite. Mais par-dessus tout, ce discours illustre le fait que l’élite politique a perdu toute boussole idéologique pour justifier de manière populaire sa poursuite d’un brutal agenda anti-travailleurs.

    Le gouvernement du PS intensifie l’austérité

    Après l’adoption du PEC (Plan de Stabilité et de Croissance), un plan déjà gigantesque de bain de sang social, très justement renommé par les travailleurs portugais ‘‘Plan d’Exploitation Capitaliste’’, l’ensemble de l’establishment européen a clairement affirmé que ce plan était ‘‘insuffisant’’.

    Après la nouvelle dévalorisation des bons d’Etat portugais par l’agence de cotation Standard and Poor, le gouvernement du PS (Partido Socialista) est confronté à une intense pression pour accélérer les mesures d’austérité. Malgré leurs lamentations quant aux ‘‘attaques spéculatives injustifiées contre notre pays’’, le Premier Ministre José Sócrates et le Ministre des Finances Teixeira de Santos ont promptement révélé leurs véritables intentions en annonçant leur disponibilité pour faire ‘‘tout ce qui est nécessaire’’ afin d’apaiser les marchés, présentant avec entrain avec un nouveau plan destiné à couper les allocations de chômage.

    La base de ce plan, adopté dans un contexte de taux de chômage officiel record, à son niveau le plus élevé depuis le début des statistiques, est de restreindre les conditions par lesquelles les chômeurs seraient forcés d’accepter un travail. A partir du 13ème mois de chômage, un travailleur sans emploi doit accepter n’importe quel travail, même s’il est sous le salaire minimum officiel (475€), ou risquer de perdre ses allocations.

    Mais, évidemment, ce n’était pas assez. Moody’s, une autre agence de cotation, a annoncé qu’elle allait probablement procéder à une dévalorisation de la cote des bons d’Etat portugais. Jouant le rôle de pantins entre les mains des spéculateurs et des banques, Socrates et le dirigeant du PSD, Pedro Passos Coelho, ont arrangé une réunion en commun afin de mettre sur pied un nouveau tour de mesures d’austérité. Ces nouvelles mesures incluent une hausse de 1% la TVA, à 21% au lieu de 20%, y compris sur les produits de base, une hausse de 1,5% de l’impôt sur le revenu, une coupe de 5% des salaires du personnel senior du service public et des politiciens, et le gel des grands travaux publics, tel que le nouvel aéroport de Lisbonne qui avait été projeté.

    Tout comme son prédécesseur, ce ‘‘PEC 2’’ ne résoudra aucun des problèmes auxquels est confrontée l’économie capitaliste du Portugal. En attaquant la demande domestique, le gouvernement ne fait qu’appliquer exactement les mêmes recettes que celles qui ont plongé le pays dans l’abysse pour commencer. Un dirigeant conservateur a correctement caractérisé la nouvelle version du PEC comme un ‘‘bombardement de l’économie’’.

    Qui plus est, alors que les mesures précédentes ont essentiellement ciblé le secteur public, ces nouvelles hausses de taxes ont un caractère général, attaquant l’ensemble de la classe ouvrière sans distinction. Ceci jette les bases d’un autre type de ‘‘bombardement’’ : un bombardement social.

    Crise politique

    Malgré ses gesticulations populistes, le PSD est tout à fait d’accord avec le PS sur l’idée fondamentale que la crise actuelle doit être ‘‘résolue’’ par le massacre des acquis et du niveau de vie des travailleurs et des pauvres. En fait, le PSD aimerait même aller plus loin et plus vite dans cette direction : la principale direction du parti ces derniers mois a été de plaider pour un changement de la Constitution ouvrant la porte à un démantèlement encore plus poussé et à la privatisation de la sécurité sociale, de l’éducation et des soins de santé.

    Lors de la dernière période, divers pactes nationaux ont été conclus entre Sócrates et Pedro Passos afin de s’assurer que le programme d’attaques du gouvernement PS minoritaire ne serait pas bloqué au Parlement par l’opposition de droite. Des parties importantes de la bourgeoisie aimeraient voir une coalition formelle impliquant ces deux partis, une sorte de gouvernement d’urgence nationale, afin d’assurer un exécutif plus stable, afin de resserrer les rangs pour les féroces batailles de classe à venir, auxquelles la thérapie de choc imposée au pays va immanquablement mener.

    Mais la faisabilité d’un tel scénario est incertaine. Plutôt que d’adoucir la crise politique, les accords entre les deux partis ne font qu’aiguiser les tensions entre leurs propres rangs. La révolte sociale émergente ne va que contribuer à affûter ces traits, et à ouvrir de nouvelles divisions entre et à l’intérieur des partis dominants, quant à la route à suivre.

    Militantisme en hausse

    ‘‘Le Portugal n’est pas la Grèce’’, voilà une phrase qui, au cours de cette dernière période, est devenue un véritable leitmotiv pour l’establishment portugais. Au-delà du risque d’un défaut sur sa dette, ce qui est en jeu ici est la peur de la classe dominante portugaise que, sous la pression d’une intensification ininterrompue des mesures d’austérité contre leurs conditions de vie, le militantisme des travailleurs portugais se développe de la même manière que celui des travailleurs grecs.

    ‘‘Malgré quelques actions dans le secteur public, l’opposition aux coupes budgétaires est moins bruyante qu’en Grèce’’, écrivait The Economist du 22 avril. Mais cela a bien plus l’air d’être un commentaire auto-satisfaisant qu’une perspective réaliste. Tout dans la situation indique que le peuple portugais ne va plus rester calme très longtemps. Et en fait, il ne l’est déjà plus.

    Nous avons déjà publié plus tôt sur le site du Comité pour une Internationale Ouvrière un article sur la manifestation qui a été organisée à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution des Œillets. ‘‘On ne s’est pas battu il y a 36 ans pour en arriver là’’ était un sentiment très vivant lors de la manifestation. Un grand nombre de personnes considéraient cette manifestation comme partie intégrale de la riposte contre l’offensive du gouvernement et des patrons.

    La semaine suivante a été accompagnée par des grèves quasi chaque jour. Les facteurs ont organisé un arrêt de travail du 27 avril au 7 mai. La compagnie nationale des chemins de fer est partie en grève le 27, anticipant sur la grève générale des transports du lendemain, avec la participation massive – 95% nationalement – des travailleurs du rail, des chauffeurs de bus, des équipages des ferries et des bateaux, etc.

    Le jour suivant, la session parlementaire n’a pas pu se tenir, à cause de la grève des travailleurs du Parlement ! Le 1er Mai, 130.000 manifestants se sont rassemblés dans les rues de Lisbonne, sous la bannière de la lutte contre le PEC. Les travailleurs de la compagnie pétrolière Galp ont déjà, à deux reprises, bloqué les deux raffineries et autres installations de la compagnie en avril et en mai, autour d’un conflit salarial.

    Le nombre de conflits locaux est en augmentation lui aussi. A Lisbonne, plus de 3.000 nettoyeurs ont organisé une grève de deux jours, et 90% des égoutiers, des éboueurs, des chasseurs de vermines et même des jardiniers de cimetières se sont unis pour une hausse des subsides de sécurité, qui n’ont pas été ajustés à la l’inflation et aux salaires en hausse depuis 2003. ‘‘C’est pas parce qu’on ramasse les déchets qu’on doit se faire traiter comme tels !’’ a déclaré un des travailleurs qui menait la lutte et qui est également actif avec deux autres collègues dans Socialismo Revolutionario, la section portugaise du CIO. Les travailleurs ont obtenu une importante victoire, avec l’obtention d’une hausse des subsides de sécurité pour cinq ans, et une hausse des salaires pour 2010.

    Les infirmières, qui ont déjà organisé plusieurs jours de grève depuis le début de l’année, se préparent à de nouvelles actions dans leur lutte pour une hausse des salaires. Les enseignants ont menacé de partir ‘‘en guerre’’ contre le gouvernement. Et ils savent de quoi ils parlent, comme l’a clairement démontré leur long et massif conflit de 2008.

    ‘‘Em April, aguas mil’’ est un proverbe portugais qui signifie ‘‘En avril, mille pluies’’. Un journal portugais l’a transformé en ‘‘Em april, greves mil’’! En effet, le mois d’avril de cette année a connu le plus grand nombre de grèves dans le pays depuis seize ans. La classe capitaliste est de plus en plus effrayée par la possibilité de troubles sociaux. Le 27 avril, le plus grand journal d’affaires, Diario Economico, écrivait cet avertissement dans son éditorial: ‘‘Les actions de grève sont en hausse après 15 ans de calme. Si les syndicats poursuivent leur stratégie, nous allons droit vers un suicide collectif’’. Toutefois, du point de vue des travailleurs, le problème de la stratégie des syndicats… est plutôt le fait qu’il n’y en a pas.

    La CGTP-IN doit utiliser ses forces de manière efficace – construisons la grève générale !

    Après les nouvelles mesures d’austérité annoncées par le gouvernement, Carvalho da Silva, secrétaire général de la plus grande centrale syndicale, la CGTP-IN, a déclaré que ‘‘Soit nous organisons une très forte riposte, soit nous serons tous au pain sec et à l’eau’’, ajoutant que ‘‘probablement, on adoptera des décisions en vue d’une mobilisation exceptionnelle des travailleurs.’’ Malheureusement, il n’a pas spécifié en quels termes cette ‘‘mobilisation exceptionnelle’’ serait organisée, à part le fait d’appeler à la manifestation nationale déjà prévue, le 29 mai.

    Ceci, malgré le fait qu’un grand nombre de travailleurs ont montré qu’ils sont prêts à se battre et attendent désespérément un plan d’action sérieux. Quiconque ne reconnaît pas cette réalité basique, est soit aveugle, soit criminel. Lors du meeting national des délégués des syndicats de la CGTP, qui s’est tenu le 15 mai, 500 délégués de différents syndicats étaient présents. La direction syndicale a été forcée de convoquer ce meeting à cause des nouvelles attaques de la classe dominante portugaise, mais aussi à cause de la pression croissante de la base des syndicats. La majorité des personnes présentes désiraient utiliser le 29 mai en tant que première étape vers la mobilisation pour une grève générale. Mais la direction syndicale a tenté d’employer une attitude prudente et, malgré un discours militant, a décidé d’attendre jusqu’à après le 29 mai avant de prendre ou d’annoncer de nouvelles actions.

    Da Silva est en train de dire que ‘‘Il y a beaucoup de choses à faire avant la manifestation nationale prévue pour le 29 mai’’. Ceci est tout à fait vrai, mais lorsqu’on arrive à la question de que faut-il faire, rien de concret n’a été proposé. La direction syndicale devrait appeler immédiatement à une grève générale de 24 heures, et utiliser les prochaines semaines pour préparer sérieusement la mobilisation dans toutes les entreprises et toutes les usines. La manif du 29 mai doit être utilisée en tant que tremplin pour ce blocage, avec des meetings et manifestations de masse dans toutes les régions et toutes les villes, en invitant les travailleurs, les jeunes, les étudiants, les chômeurs, les pensionnés, etc. à se rassembler dans cette réponse massive contre l’agenda de misère concocté par le gouvernement capitaliste. Il ne fait aucun doute qu’un tel appel recevrait une réponse enthousiaste de la part des centaines de milliers de personnes partout dans le pays.

    La Gauche et la nouvelle période

    Un nombre important de travailleurs et de jeunes sont en train de se diriger vers les deux grands partis de gauche, le Bloc de Gauche (Bloco de Esquerda – BE) et le Parti Communiste Portugais (PCP), cherchant une réponse à l’impasse capitaliste actuelle. Avec leur influence dans les mouvements sociaux et au Parlement, ces partis ont des occasions uniques pour soulever à une échelle de masse la nécessité d’une perspective et d’un programme socialistes.

    Le grand soutien dont le PCP dispose toujours dans la classe ouvrière et, dans une certaine mesure, parmi la jeunesse, est d’une grande importance. Il montre que le langage du marxisme est en train de trouver plus de quelques oreilles ouvertes dans le pays. Mais le fait de fournir un programme et une approche marxistes corrects en direction de ces couches est encore plus important.

    Dans son dernier communiqué, le PCP a parlé de la nécessité de promouvoir l’investissement, ‘‘surtout l’investissement public’’. Il s’y disait en faveur de la création d’emplois, de hausses des salaires et des pensions, et d’une extension des allocations sociales. Nous soutiendrons toutes ces revendications. Mais ce parti n’explique pas comment ces mesures pourraient être mises en œuvre, à part par la proposition d’une taxe sur les banques à hauteur ‘‘d’au moins 25% de leurs profits’’, de même que d’une taxe sur les transactions boursières.

    Ces mesures, bien que constituant des pas en avant, restent totalement insuffisantes et, en outre, très théoriques. Tant que le pouvoir politique et économique reste entre les mains des banques, des grandes corporations, et de leurs laquais au gouvernement, de telles mesures ne seront jamais mises en œuvre. La classe ouvrière doit de manière indépendante élaborer son propre agenda de luttes, avec pour but de placer ces banques, de même que les secteurs-clés de l’économie, sous contrôle public. Une économie planifiée, démocratiquement contrôlée et gérée à tous les niveaux par les travailleurs, créerait la base matérielle pour l’accomplissement de toutes les revendications précitées. Malheureusement, malgré les discours sur le ‘communisme’, le PCP ne tente quasi pas d’élaborer un programme concret de revendications transitoires afin de réaliser un tel objectif.

    Le PCP dénonce tout à fait justement l’hypocrisie de la phraséologie PS et PSD, tous deux prônant l’‘‘intérêt national’’ afin d’attaquer les travailleurs et leurs familles. Mais pourquoi, ayant dit cela, le même PCP parle-t-il d’‘‘accroître la production nationale’’, de défense de la ‘‘souveraineté nationale’’, de l’affirmation d’une ‘‘gauche patriotique’’, etc. ? Les socialistes s’opposent aux dictats du marché, du FM, de l’UE, etc., mais, dans une société capitaliste, la ‘‘défense de l’économie nationale’’ ne signifie rien d’autre que la défense des intérêts et des profits des capitalistes et patrons nationaux. Nous savons que ce n’est pas pour cela que se battent les militants du PCP. Mais le PCP devrait clarifier ce point : il devrait se positionner en faveur de la nationalisation des secteurs-clés de l’économie et pour un monopole d’Etat sur le commerce extérieur afin de briser l’emprise du marché, mais aussi pour une réponse internationaliste face à la crise.

    Comme l’a clairement démontré l’exemple de l’Union Soviétique, même une économie où la production a été nationalisée ne peut pas être durable si elle reste limitée à des frontières nationales et sans démocratie ouvrière.

    Dans une situation où, partout en Europe, les travailleurs sont confrontés à une avalanche de propagande nationaliste, et où l’establishment politique tout entier ne parle plus que d’‘‘unité nationale’’ afin de lier les intérêts des travailleurs à ceux de leurs maîtres capitalistes, une réponse puissante et unie de la part de la classe ouvrière internationale afin de couper court aux tentatives de division n’a jamais été aussi nécessaire.

    Récemment, un nombre important de membres du Parlement Européen du groupe GUE/NGL a pris une initiative en commun pour soutenir des actions paneuropéennes contre les programmes d’austérité, sous la forme d’une Semaine d’Actions et de Solidarité du 21 au 26 juin, en tant que première étape. La participation active du PCP à une telle initiative aurait un impact immense au Portugal.

    D’un autre côté, alors que le CIO salue le fait que les parlementaires du Bloc de Gauche soutiennent une telle initiative, ce même parti doit rester consistant dans ce qu’il prône et s’assurer que ce soutien ne reste pas cantonné à de belles phrases sur papier. On ne peut pas parler de solidarité avec les travailleurs grecs tout en votant en même temps au Parlement National en faveur du plan de sauvetage de la Grèce de l’UE et du FMI, conditionné par l’imposition d’un programme d’austérité massif contre la population grecque, comme l’a honteusement fait l’ensemble du groupe parlementaire du Bloc de Gauche il y a à peine quelques jours.

    Un autre exemple de ce genre de ‘‘schizophrénie politique’’ a été mis en évidence par le soutien officiel que la direction nationale du Bloc de Gauche a décidé de donner à la candidature de Manuel Alegre pour les élections présidentielles de 2011.

    Manuel Alegre est une figure dirigeante historique du PS, qui est en train de se présenter comme candidat ‘indépendant’ pour ces élections. Le CIO pense que ce positionnement de la part du Bloc de Gauche est un dangereux précédent. A part le fait que cette décision n’a pas été prise sur base d’un débat démocratique à l’intérieur du parti, Manuel Alegre, malgré ses soi-disant différences avec la direction du PS, insiste toujours sur le fait que le PS reste sa ‘‘famille politique’’. Pire que ça, le même Alegre a accordé le 15 mai une interview au journal Expresso, dans laquelle il s’est explicitement dit d’accord avec le fait que les mesures d’austérité sont ‘‘dures, peu agréables et douloureuses, mais inévitables’’, avant d’ajouter qu’il ‘‘aimerait un accord politique autour de ces mesures, qui impliquerait les autres partis et les partenaires sociaux, y compris les syndicats’’.

    Les résultats que le BE a obtenus lors des dernières élections ont représenté un signal positif de la part d’un certain nombre de gens qui recherchent une formation en tant qu’outil pour le changement. Mais, comme le CIO l’a commenté à ce moment-là, plutôt que de lorgner sur sa droite, le Bloc de Gauche devrait plus regarder à gauche et avoir plus de dialogue avec la seule force capable de changer la société et de réaliser un programme socialiste – la classe ouvrière.

    Le Bloc de Gauche, malgré ses discours occasionnels sur un ‘‘socialisme populaire’’, se contente en général de critiques très vagues sur la politique du gouvernement, et n’utilise pas sa position pour formuler un agenda clairement anticapitaliste. Il ne fait rien ou pas grand-chose dans les syndicats et dans la classe ouvrière industrielle, et concentre de plus en plus l’ensemble de ses activités sur le terrain parlementaire.

    Juste après que les bons d’Etat portugais se soient faits dévaloriser par Standard & Poor, Francisco Louça, le principal porte-parole du Bloc de Gauche, a donné une conférence de presse devant les caméras de la télévision nationale. Il n’a pas parlé de la nationalisation des banques et du système financier, ni même de la mobilisation des travailleurs. Il a parlé d’une ‘‘économie plus décente’’, sans spécifier comment et par qui ceci pourrait être réalisé, et la seule revendication concrète et discernable qu’il a mise en avant était ‘‘une agence de cotations publique européenne.’’

    Pour un gouvernement ouvrier, basé sur un socialisme authentique et démocratique

    Il est regrettable que ni le PCP, ni le Bloc de Gauche ne donnent une indication claire sur ce qu’il faut pour construire la mobilisation, ni n’offrent un programme qui lie la lutte actuelle à la nécessité d’une société socialiste de manière détaillée. Cependant, la Gauche devrait être préparée pour les batailles sociales qui sont en train de se développer. Il est inévitable que les traditions révolutionnaires du prolétariat portugais vont ressurgir, plutôt tôt que tard. ‘‘Jamais depuis 1974 le pays n’a été si proche de l’explosion sociale’’, disait une dame qui travaille dans une association d’aide sociale à Lisbonne, dans une intervew au Monde du 28 avril.

    Malgré leurs limites, le BG et le PCP sont considérés par toute une couche de travailleurs radicalisés et de jeunes comme étant une alternative aux partis capitalistes actuels. Le CIO est en faveur d’une alliance entre ces deux partis, avec le mouvement syndical, qui puisse forger ensemble un programme de lutte capable de servir comme un point de ralliement, et donner la confiance et des perspectives à la masse du peuple qui montre en ce moment sa volonté de se battre, dans chaque coin du pays. Un appel clair pour une grève générale de 24 heures serait un premier pas important dans une telle direction.

    Nous sommes en faveur de la mise sur pied de comités d’action démocratiques dans les entreprises et dans les quartiers afin de construire ce qui sera une bataille prolongée, afin de préparer la base pour l’établissement d’un gouvernement ouvrier, basé sur des représentants démocratiquement élus et révocables par les travailleurs, les syndicats et les organisations sociales, dans les entreprises et dans les quartiers. Un tel gouvernement placerait les secteurs bancaire et financier dans le domaine public, de même que dans les autres secteurs-clés de l’économie, et rédigerait un plan rationnel de production basé sur la satisfaction des besoins sociaux de la majorité. Les points de départ pour la construction d’une nouvelle société, libre de l’avidité, de l’exploitation et de la spéculation, serait alors possible et représenteraient un exemple immensément inspirant pour tous les travailleurs d’Europe.

    • Renflouer les pauvres, pas les spéculateurs et les requins de la finance ! Nous ne payerons pas pour la crise, nous ne payerons pas la dette !
    • Non au gel des salaires dans le public comme dans le privé !
    • Non aux hausses d’impôts, à part pour les grosses entreprises et pour les banques ! Abolition de la TVA sur les produits de base !
    • Combattre le chômage, pas les chômeurs ! Nationalisation sous le contrôle des travailleurs et de leurs organisations des industries et des compagnies qui menacent de licencier des travailleurs ou de fermer ; pour la semaine de 35 heures, sans perte de salaire, afin de partager le travail !
    • Halte aux privatisations et aux partenariats public-privé ! Pour le financement d’un Service de Santé National, de l’éducation publique et de la sécurité sociale !
    • Nationalisation des services bancaire et financier sous le contrôle des travailleurs et de leurs organisations, afin d’utiliser la richesse pour satisfaire les besoins de la population, et non les profits privés d’une minorité !
    • Nationalisation des secteurs-clés de l’économie, sous contrôle et gestion démocratiques, avec compensation payée pour les actionnaires uniquement sur base de besoins prouvés !
    • Halte à la dictature des marchés boursiers, des banques et des riches ! Pour une société socialiste authentique et démocratique, avec une économie planifiée afin de satisfaire les besoins de tous, et pas les profits des riches !
    • Solidarité avec les travailleurs du reste de l’Europe et du monde entier, dans une lutte commune contre le capitalisme qui ruine nos vies et détruit la planète !
  • Roumanie : Manifestations de masse contre le plan de l’UE et du FMI

    ‘‘Les dirigeants affament nos enfants’’ – les syndicats menacent d’une grève générale pour le 31 mai

    Ce 19 mai, des dizaines de milliers de travailleurs et de pensionnés ont manifesté dans les rues de la capitale roumaine, Bucarest, contre le massacre des salaires, des emplois et des services publics exigé par le Fonds Monétaire International (FMI) et par l’Union Européenne en tant que précondition pour un nouveau prêt au gouvernement roumain. Cela illustre une nouvelle vague de troubles et de protestations en Europe de l’Est, après la faillite complète du capitalisme et deux décennies de stagnation et de déclin.

    Par Olsson, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO – Suède)

    La manifestation, forte de quelques 60.000 participants, était l’une des plus grandes qu’ait connu le pays depuis la lutte de masse qui a renversé la dictature stalinienne de Nicolae Ceausescu en 1989. Y ont pris part des travailleurs de l’automobile, des mineurs et des fonctionnaires, y compris plusieurs milliers de policiers, de même que des étudiants et des pensionnés.

    “C’est eux ou nous”

    La manifestation de masse a été marquée par une énorme colère contre le gouvernement et une détermination de se battre jusqu’à la chute du gouvernement. ‘‘Nous voulons la chute du gouvernement, sans quoi ils vont nous détruire. C’est eux ou nous’’, a confié un manifestant à l’agence Reuters. Il existe encore la compréhension que si ces coupes budgétaires devaient passer, elles seront à nouveau suivies de coupes encore plus brutales et de hausses des taxes. ‘‘Nous sommes conscients que le gouvernement ne va pas s’arrêter après ces mesures. Dans quelques mois, ils vont augmenter la TVA et la taxe sur le revenu’’, a déclaré un enseignant âgé de 64 ans.

    ‘‘A bas le gouvernement des menteurs !’’, ‘‘Vous avez bradé notre avenir’’, criaient les manifestants.

    ‘‘Les gens sont désespérés et nous encouragent à ne pas céder, nous sommes prêts à stopper l’économie la semaine prochaine afin de nous faire entendre du gouvernement’’, a clamé le président de Cartel Alfa, le syndicat du secteur public. Un autre président syndical a symboliquement déchiré l’accord de prêt du gouvernement et du FMI, et Marian Gruia, chef du syndicat de la police, a appeler les Roumains à s’unir, ‘‘Comme on l’a fait en 1989, lorsque nous avons renversé la dictature.’’

    L’atmosphère pendant la manifestation a forcé les dirigeants syndicaux à annoncer une grève générale pour le 31 mai, si le gouvernement ne se retire pas. S’il veut poursuivre ses plans, cette grève générale pourrait être la plus grande mobilisation de masse depuis 1989.

    Mouvements de protestation dans les ex-pays staliniens

    Le même jour, des dizaines de milliers d’étudiants ont manifesté à Ljubljana, brisant la façade du Parlement slovène. L’instabilité des régimes capitalistes dans la région peut être vue en Kirghizie, où une insurrection révolutionnaire a renversé le gouvernement en avril, en une seule journée. Les développements au Kazakhstan illustrent le potentiel de ces luttes où les travailleurs soulèvent les idées de nationalisation et de contrôle ouvrier durant leur contre-attaque.

    Les promesses non-tenues, selon lesquelles le capitalisme allait développer ces pays entraînent à présent une vague de rage et de colère. Beaucoup de confusion vit dans la conscience des masses des travailleurs, et de la population laborieuse en général, sur la question de savoir comment sortir de la misère du capitalisme. Mais l’expérience de l’inaptitude du stalinisme, puis la faillite complète du capitalisme, pousse maintenant les travailleurs et les jeunes à tirer des conclusions politiques qui vont dans le sens du socialisme.

    Plans d’austérité pour la Roumanie

    Le plan de coupes budgétaires qui est proposé, et qui est sans doute le plus draconien jamais proposé par aucun gouvernement européen jusqu’ici, inclut une coupe de 25% des salaires dans le public, une coupe de 15% dans les pensions, de 15% pour les allocations sociales ; la réduction des allocations familiales de 15%, et des coupes pour le personnel des entreprises d’Etat. Si le gouvernement triomphe, les coupes sont censées débuter le mois prochain – ce qui est loin d’être certain après l’action de hier et la proposition d’une grève générale pour le 31 mai.

    De plus, ce plan réduira le nombre de fonctionnaires d’un nombre compris entre 80.000 et 150.000 d’ici 2011, ce qui signifie par exemple que 15.000 enseignants perdraient leur emploi. Le secteur public est le plus grand employeur du pays, employant 1,3 millions de personnes.

    La Roumanie est le pays le plus pauvre de l’UE ; le salaire moyen n’y dépasse pas 350€, et la pension minimale est d’à peine 80€ par mois. De nombreux travailleurs gagnent beaucoup moins que le salaire moyen officiel.

    ‘‘Nos salaires sont trop bas. Ils n’étaient déjà pas bons avant, mais avec ces coupes, on ne voit rien de bon pour le futur’’, a dit à l’agence Associated Press Valentina Voina, une infirmière âgée de 33 ans qui gagne 900 lei (260€) par mois, et qui participait à la manifestation.

    Les nouvelles coupes budgétaires menacent la population de tomber dans la misère et la décrépitude. ‘‘Nous vivons dans un pays dont les dirigeants affament les enfants, affament leurs parents, et condamnent les pensionnés à la mort’’, disait un des calicots à la manifestation.

    Même avant que le nouveau plan d’austérité ne coupe les salaires des fonctionnaires, les bonus ont été gelés et nombre d’entre eux ont été forcés à partir sans recevoir leur salaire, au moment où le secteur public a été ‘‘dégraissé’’.

    En automne de l’an passé, les mesures d’austérité du gouvernement, inspirées par le FMI et l’UE, ont provoqué toute une série de manifestations de masse et de grèves impliquant jusqu’à 800.000 personnes début octobre. Confronté à la menace d’une grève générale, le gouvernement a chuté. Mais une nouvelle coalition, comprenant en gros les mêmes ministres que la précédente, a été formée peu avant Noël.

    C’est ce gouvernement faible qui désire maintenant instaurer de bien pires attaques que celles prévues par le gouvernement précédent qui a été forcé de démissionner en automne 2009.

    Pour une réponse socialiste face au déclin économique

    Le soi-disant ‘‘marché’’ a déjà commencé à compter sur la chute du gouvernement. ‘‘Les commentateurs et les investisseurs (les spéculateurs) craignent apparemment que le gouvernement perde son sang-froid et cède face aux manifestants. Un peu plus tôt ce mois-ci, une mise aux enchères de la dette du gouvernement a échoué à attirer assez d’attention.’’ (BBC, ce 20 mai)

    Au fur et à mesure que le temps passe, l’économie roumaine s’enfonce de plus en plus bas et l’Etat n’a même pas l’argent pour les dépenses courantes.

    Les syndicats et les autres mouvements sociaux doivent maintenant poursuivre la lutte pour renverser le gouvernement et le FMI, et débattre et mener campagne pour la construction d’une alternative ouvrière, sous la forme d’un véritable parti socialiste de masse.

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