Category: Europe

  • En 2012, 100 personnes ont gagné de quoi en finir avec la pauvreté mondiale… quatre fois !

    Il semblerait bien que les chanteurs Bob Geldoff et Bono ainsi que d’innombrables organisations caritatives se soient lourdement trompés. Pour jeter la pauvreté dans les poubelles de l’histoire, organiser la charité de la collectivité se révèle bien moins efficace que de s’en prendre à la fortune colossale d’à peine 100 personnes à travers toute la planète.

    Selon un nouveau rapport de l’organisation bien connue Oxfam, le revenu des 100 plus grands milliardaires au monde pour l’année 2012 uniquement (une somme nette de 240 milliards de dollars!) représente quatre fois la somme que nécessite l’abolition de la pauvreté sur notre globe. La fortune combinée de cette infime élite représente pas moins de 1.900 milliards de dollars, c’est-à-dire à peine moins que la richesse totale produite en un an en Grande-Bretagne.

    De façon assez remarquable, ce rapport tranche nettement avec l’approche traditionnelle de la plupart des ONG, qui est de ne se préoccuper que de la moitié de l’équation (en finir avec l’extrême pauvreté) sans toucher à la question de la massive inégalité de répartition des richesses. Oxfam s’en prend aussi sévèrement à l’idée selon laquelle la richesse au sommet de la société finirait inévitablement par ‘‘ruisseler’’ vers le bas, une idée défendue depuis longtemps par les riches (bien entendu…), les gouvernements capitalistes et une bonne partie des ONG elles-mêmes. Cette illusion d’une richesse concentrée au sommet de la société et qui profiterait à tous est un pur non-sens, surtout en cette époque de crise où les super-riches gardent leurs fortunes dans leurs coffres et refusent d’investir, faute de garanties de rendements suffisamment alléchants. Oxfam constate à titre d’exemple que "en Afrique du Sud, même avec une croissance économique soutenue, un million de personnes supplémentaires seront poussées dans la pauvreté d’ici à 2020 si rien n’est fait."

    Ce rapport conteste la plupart des mensonges répétés par les divers gouvernements capitalistes depuis des décennies et notamment le principe du ‘‘mandat démocratique’’ des parlements nationaux, sensés représenter la majorité de la population. Dans le cas de la Grande-Bretagne, par exemple, le parti conservateur reçoit la grande majorité de son financement de la part d’entreprises du secteur financier. Pour servir ensuite le ‘‘bien commune’’ ? Toute l’idée de l’égalité des chances face à la fortune est écrasée dans le rapport, qui précise que ceux qui sont nés pauvres vont très probablement vivre et mourir dans la même condition. L’ascenseur social est bloqué en raison d’extrêmes inégalités de richesses.

    La question de l’environnement est également couverte. Oxfam dénonce que chaque individu membre de la tranche supérieure de 1% dans la société américaine a une empreinte carbone 10.000 fois supérieure à la moyenne américaine. Ce chiffre détruit à lui seul toute l’argumentation selon laquelle les écotaxes sur la population (poubelles, taxes sur l’eau, etc.) pourraient résoudre la crise environnementale.

    Ce texte est le bienvenu pour mettre en évidence l’énorme disparité de répartition des richesses, la corruption des gouvernements et l’extrême cupidité des 1% de super-riches. Mais aucune bonne conclusion n’est hélas tirée sur base de ce constat. Même si la principale leçon de ce rapport est tout à fait correcte (la pauvreté est causée par l’inégalité), la cause de ce constat n’est pas abordée : le capitalisme !

    La distribution inégale des richesses, la domination économique d’une minorité de super-riches, et le déficit démocratique du parlementarisme font partie intégrante de ce système capitaliste. Oxfam ne tient pas compte de la réalité de la situation économique mondiale actuelle et de la nature du système. Ainsi, faire référence au New Deal de Roosevelt est une erreur : aucune réforme de la fiscalité et de la politique ne peut conduire à la redistribution des richesses nécessaires pour mettre fin à la pauvreté, à l’exploitation et au désastre écologique sur l’entièreté de la planète. Il faut s’en prendre au système de production lui-même, et nationaliser les secteurs clés de l’économie (finance, sidérurgie, énergie,…) sous le contrôle de la collectivité afin de réellement en finir avec la domination de la soif de profit des vautours qui ont les leviers économiques entre leurs griffes.

    Pour parvenir à cette société débarrassée des parasites capitalistes, des activités de lobbying seront impuissantes : on ne peut espérer d’un tigre qu’il devienne volontairement végétarien ! Seule la mobilisation des masses des travailleurs et de pauvres peut ouvrir la voie vers un clair changement de société, vers une société socialiste démocratique basée sur la propriété et la gestion collective de la production des richesses et de leur répartition.

  • Grèce : La menace d’Aube Dorée

    La Grèce a une fière histoire antifasciste et pourtant, en 2012, un parti néo-fasciste, Aube Dorée, a remporté 7% des voix (400.000 votes) et su obtenir 18 parlementaires. Même dans des villages tels que Distomo et Kalavryta, villages anéantis par les Nazis durant la seconde guerre mondiale, Aube Dorée a récolté 6% en moyenne. Comment cela a-t-il pu être possible ? Comment stopper cette progression ?

    Par Amalia Loizidou, article initialement publié dans "Socialism Today", magazine du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Aube dorée est un parti néonazi, un gang de voyous et de criminels. Leur dirigeant, Nikolaos Michaloliakos, a un casier judiciaire chargé, principalement pour avoir posé des bombes dans des cinémas qui projetaient des films de gauche. Récemment encore, il a été révélé qu’il est copropriétaire d’un hôtel qui est en réalité d’un hôtel de passe. D’autres membres dirigeants d’Aube Dorée ont également été reconnus coupables d’actes criminels. Actuellement, des actions en justices sont en cours contre 4 de ses députés.

    Beaucoup d’analystes s’attendaient à ce qu’Aube dorée modère sa violence publique suite à son entrée au parlement. Dans les faits, son comportement de hooligan a augmenté. Quelque 63 attaques ont été dénombrées en 2 mois à peine. Le succès électoral de la formation d’extrême-droite a été suivi par l’incendie criminel de l’usine abandonnée de Patras, qui servait de refuge à des immigrés. Il s’en est fallu de peu qu’il y ait des victimes. Des rapports quotidiens font état d’attaques contre les immigrés et les militants antifascistes. Lors de prises de paroles au parlement, des députés d’Aube Dorée ont menacé les occupations des écoles tandis que ses membres ont inondé les bars gays de tracts portant la sinistre menace  ”vous êtes les suivants”.

    Même les médias internationaux ont été forcés de faire état de cette situation, notamment suite à l’attaque d’une troupe de théâtre et son public lors de la représentation d’une pièce jugée blasphématoire par Aube Dorée. Faisant écho aux années 1930, les membres d’Aube Dorée ont blessé des militants de divers partis et organisations de gauche lors d’actions de sensibilisation pour préparer la grève générale de 48heures des 6 et 7 novembre derniers. Cela fait suite à l’évènement tristement célèbre de cette émission de télévision où le porte parole d’Aube dorée, Elias Kasidiaris, s’en ait physiquement pris à Rena Dourou (candidate de la coalition de la gauche radicale Syriza) ainsi qu’à Liana Kanelli (députée du KKE, le parti communiste), en plein direct.

    Un tournant décisif

    Cependant, le tournant décisif pour Aube dorée, ce ne fut pas pas les dernières élections législatives de mai et juin, mais bien les élections communales d’Athènes en 2010. A celles-ci, son leader, Michaloliakos, fût élu en tant que conseiller avec 5,27% des suffrages – à comparer au 0,51% obtenu lors des élections nationales de 2009. Ce score a pu donner au parti une certaine légitimité aux yeux de quelques grecs, en modifiant l’image qu’ils rendaient auparavant : celle d’un simple groupe de voyous marginalisés.

    Indubitablement, la situation économique et sociale désespérée de la Grèce a alimenté la montée d’Aube dorée. Mais la crise à elle seule seule n’explique pas entièrement cette soudaine croissance. Il est aussi nécessaire de comprendre la tactique qu’a utilisé Aube Dorée ainsi que l’échec tant des partis traditionnels que des partis de gauche à offrir une voie de sortie de la crise. Tant qu’il y aura des régions complètement dépossédées connaissant une pauvreté généralisée et un taux de chaumage élevé, des problèmes liés à la criminalité et à détresse sociale apparaitront inévitablement. Dans ces conditions, Aube Dorée et les partis néofascistes en général ont une occasion en or pour se développer.

    Le succès électoral d’Aube Dorée en 2010 est le résultat de campagnes locales constantes lancées dans les quartiers défavorisés. A qui la faute si ces régions sont délaissées, ont-ils demandé sans cesse ? A qui la faute s’il y a une extrême pauvreté, un taux de chômage et une criminalité si élevés, sans espoir d’avenir ? La réponse d’Aube Dorée, bien entendu, s’est limitée à blâmer les immigrés et les étrangers, et non pas les grands patrons et les capitalistes. Sur base de cette propagande, Aube Dorée a fait des interventions dans des écoles, a lancé des pétitions, a fait du porte à porte et a organisé des manifestations. C’est ainsi qu’ils ont construit leur base électorale et qu’ils ont pu recruter de nouveaux adhérents.

    Une rhétorique anti-austérité

    Aube dorée a aussi été aidé dans son ascension par l’usage d’une rhétorique anti-austérité. En Grèce, le soutien populaire de l’extrême droite s’était dirigé ces dernières années vers un parti appelé LAOS (rassemblement populaire orthodoxe). Mais le LAOS a voté en faveur des premières coupes budgétaires (le premier Mémorandum) dictées par la Troïka (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International). Il a aussi participé à la coalition gouvernementale du premier ministre technocrate Lucas Papademos (en exercice de novembre 2011 à mai 2012). Après ça, le LAOS a été considéré comme un allié de la Troïka et comme étant favorable aux coupes budgétaires prévues dans le Mémorandum, en conséquence de quoi il a sombré dans la crise et a perdu son crédit au profit d’Aube Dorée. Les courants d’extrême droite plus traditionnels se sont tournés vers Aube Dorée en considérant ce parti comme la version la ”plus authentique” du nationalisme grec.

    Aube Dorée a clairement compris que laisser la gauche monopoliser le mouvement anti-austérité donnerait à cette dernière un énorme avantage dans la bataille destinée à gagner le coeur et l’âme des Grecs. Se positionner contre les coupes budgétaires signifiait être du côté du massif courant anti-austérité qui se développe au sein de la société grecque. C’est comme ça qu’Aube Dorée a eu la chance d’acquérir, selon son propre website, sa ”section la plus militante agissant, jusque la, dans les ‘zones rouges’”.

    La plupart de ses sympathisants sont des jeunes qui n’ont plus rien à espérer, et plus rien à perdre. Actuellement, plus de la moitié des jeunes sont au chômage en Grèce. Et ceux qui travaillent, pour la plupart, le font dans d’horribles conditions, dans des emplois précaires et aux salaires extrêmement bas. Aube Dorée a réalisé ses meilleurs résultats parmi les étudiants et les jeunes (9,5%), les fermiers (9,3%) et les chômeurs (9,1%). Il est vu comme apportant des réponses simples à leurs problèmes – en rendant les immigrés seuls responsables – et comme un parti opposé aux politiciens corrompus.

    Pourtant, malgré sa vantardise, Aube Dorée n’a pas touché à un cheveu d’un politicien du gouvernement, d’un banquier, etc. Les seuls que ses membres menacent et attaquent physiquement sont des politiciens de partis de gauches. Un agent de police sur deux a voté pour Aube Dorée, ce qui est très alarmant. La police grecque est notoirement connue, particulièrement la police anti-émeute (MAT), pour entretenir des relations étroites avec Aube Dorée, ce qu’ont encore récemment prouvé divers documents. Cela s’illustre par le fait que lorsque les membres d’Aube Dorée sont dans la rue, ils ne sont pas attaqués par la police, comme les autres manifestants. Ils sont au contraire protégés par la MAT.

    Les slogans principaux d’Aube Dorée sont ”étrangers dehors” et ”la Grèce aux grec”. Le parti proclame aussi ”Aube dorée contre tous.” Ce slogan devrait en réalité être ”Aube dorée contre quiconque riposte”. Les autres – armateurs, propriétaires de grandes entreprises, et le capitalisme en général – n’ont rien à craindre. Au parlement, Aube Dorée a soutenu les nouvelles réductions d’impôts pour les armateurs alors qu’à Athènes, le parti a accepté que des parkings publics soient légués à l’usage d’entreprises privées. D’autres exemples similaires peuvent encore être cités.

    Le printemps dernier, des membres d’Aube Dorée ont provoqué des travailleurs du secteur des médias en encerclant leur manifestation sur leurs scooters, en insultant les travailleurs et faisant des saluts nazis et autres gestes obscènes. Le 7 novembre, à Volos, ils ont attendu des participants à la manifestation dans le cadre de la grève générale à l’extérieur de leurs bureaux, clubs de golf à la main. Cette fois, la manifestation était trop imposante pour qu’ils soient en mesure d’attaquer. Ils ont aussi menacé des dirigeant syndicaux à cause de leur soutien aux mouvements antifascistes.

    Cela s’exprime aussi de façon théorique. Dans un certain nombres d’articles, Aube Dorée affirme clairement être opposé aux grèves avec le prétexte qu’elles entraînent ”la haine entre compatriotes grecs”. Le parti a clairement déclaré s’opposer à toute grève, quelque soit le lieux de travail, l’usine,… Sa thématique dominante est que tous les Grecs sont issus d’une même nation, c’est le sang et la race qui prime, et non pas le fait qu’il existe des pauvres et des riches, des travailleurs et des patrons, des oppresseurs et des opprimés. Selon Aube Dorée, les Grecs doivent subir la situation actuelle tranquillement parce que lorsqu’ils font grève ou manifestent ”ils participent aux divisions que cherche à instaurer le système”. Cette position n’est pas différente de celle du gouvernement, des patrons, de l’establishment et du système lui-même. Ces dernières deux années et demi, Aube Dorée a systématiquement été absent des mobilisations de travailleurs et de jeunes, des manifestations de masse, des grèves générales, des occupations de places, etc.

    Réfugiés, immigrés et ultranationalisme

    L’ultranationalisme d’Aube Dorée trouve son expression dans une campagne virulente et xénophobe contre les réfugiés et les immigrés, en exigeant leur retrait total de Grèce. Le parti soutient que c’est la seule façon de mettre fin au chômage, à la pauvreté et à la criminalité.

    Aube Dorée tente de se présenter comme la solution à ces problèmes de façon complètement raciste. Ses membres accompagnent les vieilles dames aux automates et aux banques retirer leurs pensions en leur offrant ainsi une ”protection” contre les soi-disant ”malfrats étrangers”. Pourtant, ces deux dernières années, le chômage a triplé sans augmentation proportionnelle du nombre d’immigrés et de réfugiés. Au contraire, nombreux sont qui sont partis chercher une vie meilleure dans un autre pays.

    Aube Dorée affirme : ”A gros problèmes, solutions extrêmes. Une avant garde révolutionnaire est nécessaire pour détruire l’establishment politique pourri. Cette avant garde, après la disparition de la soi-disante ‘gauche révolutionnaire’, ne pourra qu’être nationaliste”. Sa démagogie est pleine de nationalisme, avec des scénarios dénonçant les ”traitres” et ”conspirations contre la nation”. L’ironie est que le capitalisme grec s’est déjà compromis avec le néocolonialisme de la troïka et des bailleurs de fonds. Cela n’est pas propre au capitalisme grec, mais est une caractéristique centrale de la façon générale dont fonctionne le capitalisme. Les classes bourgeoises plus faibles ont historiquement survécus en choisissant la protection de classes bourgeoises plus puissantes.

    La révolution d’Aube Dorée, et sa vision de la ”destruction” de l’establishment, ne voit aucun rôle pour les millions de travailleurs, d’opprimés et de jeunes. Le parti pense avoir le rôle de jouer ”l’avant garde nationaliste” qui va imposer le modèle de Mussolini, de Hitler et de la dictature des colonels (qui a dirigé la Grèce de 1967 à 1974). En réalité, le rôle d’Aube Dorée dans le cas d’une contre révolution serait celui d’un auxiliaire meurtrier de l’armée et des autres forces réactionnaires de l’Etat.

    En relation à la question centrale de la crise grecque et de l’austérité, la position réelle d’Aube Dorée est pour une renégociation des Mémorandums et des coupes budgétaires. Le parti n’appelle pas au refus de payer la dette parce qu’il ne veut pas affronter le capital grec, qu’il considère comme le moteur de l’économie. Le capital grec, pour sa part, ne veut pas et ne peut pas affronter ses patrons allemands, européens, américains, etc.

    L’échec de la gauche

    L’ascension d’Aube Dorée – et, dans l’ensemble, du racisme, du nationalisme, de l’extrême droite et du néo-nazisme à travers l’Europe et ailleurs – est aussi le résultat de l’échec de la gauche pour répondre aux besoins urgents de la classe des travailleurs dans cette crise du capitalisme ainsi que des défaites consécutives du mouvement ouvrier.

    En Grèce, Aube Dorée et ses dangers ont été sous-estimés. La gauche a souvent simplement dénoncé les attaques violentes, a parlé de l’histoire et du développement du nazisme, ou s’est limitée à un ”humanitarisme” étroit, sans analyse internationale de l’immigration et de ses différentes catégories.

    De plus, l’absence politique de la gauche dans les quartiers démunis a laissé un vide rempli par Aube Dorée, qui a eu une présence consistante et une activité quotidienne dans ces endroits. Il y a aussi eu la croyance, naïve, qu’une manifestation à travers ces quartiers suffirait à faire partir Aube Dorée.

    Par dessus tout, il y a eu le refus des principales factions grecques de la gauche à s’unir et à créer des comités locaux comprenant aussi bien des Grecs que des immigrés, pour développer des plans d’action destinés à faire face à leurs problèmes communs. La force combinée des différents partis et organisations de gauche n’a jamais été utilisée pour développer des initiatives et des actions capables d’unir les travailleurs et les jeunes, réfugiés et immigrés inclus.

    Comment stopper Aube Dorée ?

    Depuis plusieurs années, Xekinima (la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce) a été actif dans le mouvement antifasciste et antiraciste en appelant à un front unique de la gauche et des syndicats contre Aube Dorée, bien avant que ce parti ait pu s’installer au parlement. La situation actuelle est encore plus sérieuse. Ce qu’il faut, c’est un nouvel effort antifasciste, bien plus conséquent, dans lequel la participation unie et l’action commune de la gauche sera un élément crucial. Xekinima a, à plusieurs reprises, défendu une telle stratégie avec des propositions concrètes, comme avant ces dernières élections et l’énorme croissance électorale d’Aube Dorée.

    Après les élections, Xekinima a mis en avant les étapes à effectuer pour faire de ces propositions une réalité : la création de comités antifascistes dans chaque quartier, lieu de travail, école et université ; la création de groupes d’auto-défense dans les lieux devenus dangereux pour la gauche et les activistes antifascistes ; une campagne systématique contre la propagande néonazie quotidienne qui sévit dans les quartiers ; et la nécessité de l’unité entre Grecs et immigrés dans un combat commun afin de riposter face à leurs problèmes communs.

    Xekinima défend aussi l’adoption par les syndicats d’une motion dénonçant les membres d’organisations néonazies, particulièrement ceux Aube Dorée, et qu’ils en soient exclus. C’était devenu une tradition après la chute de la dictature des colonels dans les années 1970, aussi bien dans les lieux de travail que dans les syndicats. Il est important que de telles décisions soient prises dans les sections syndicales afin de protéger le mouvement ouvrier, en plein développement.

    Certains comités antifascistes se sont installés dans différentes zones d’Athènes et d’autres villes. Xekinima a pris l’initiative de la création de certains d’entre eux. Il faut noter que les activistes locales de différentes autres organisations soutiennent cet effort. De plus, le rôle qu’a joué le syndicat enseignant dans nombres de régions est significatif, avec notamment la prise de décision, officiellement, de prendre à bras le corps le problème de l’antifascisme dans les écoles, versles élèves.

    Malheureusement, les principaux partis de gauche (Syriza et le KKE) n’ont pas répondu à ce danger suffisamment promptement. Le KKE aborde ce problème avec son approche sectaire habituelle. Syriza a mentionné le besoin d’une action antifasciste mais sans initiative organisée, excepté celles prises par certains de ses composantes, séparément. Néanmoins, le secrétariat central de Syriza a récemment changé sa position et est maintenant en faveur de la construction de comités antifascistes.

    De surcroit, d’autres organisations de gauche plus petites soit ne comprennent pas l’importance d’un combat antifasciste ou, lorsqu’ils y participent, tentent de s’en accaparer ou font en sorte de bloquer le mouvement au lieu de l’aider (comme le fait le SWP grec par exemple)

    Historiquement, le nazisme a trouvé un sol fertile dans des temps d’austérité, de pauvreté de masse et de chômage. C’est pourquoi il est crucial de combiner notre programme et nos tactiques autour des coupes budgétaires et de l’austérité, contre le cœur du problème. Ce problème, en d’autres termes, c’est le capitalisme. Le capitalisme, en dernier recourt, pourra encore une fois se transformer en régime dictatorial pour se préserver. Les capitalistes ne vont pas passer le pouvoir aux fascistes tels qu’Aube Dorée, mais ils vont les utiliser comme auxiliaires militaires, comme police anti-émeute, etc., comme une arme mortelle orientée contre les organisations des travailleurs. La classe ouvrière en Grèce est loin d’être vaincue, mais des erreurs politiques peuvent conduire à des défaites, comme en Allemagne par le passé.

    Premièrement, la gauche doit patiemment expliquer le phénomène de l’immigration. A qui est-ce la faute s’il y a des quartiers défavorisés soumis à la pauvreté et avec également une population d’immigrés sans domicile ? La gauche doit expliquer pourquoi cette tendance ne s’arrêtera pas tant qu’il y aura pauvreté, famine et guerre. Si ce travail est correctement effectué, de telles explications peuvent même rallier des parties de la société qui avaient été touchés par la propagande d’Aube Dorée. De plus, la Grèce est un pays dont la population a migré par vagues dans le passé, et dont la jeunesse est encore en train de fuir (ou d’essayer de la faire) à cause de la crise.

    Cependant, il est aussi crucial de disposer d’un programme anticapitaliste socialiste. Il est nécessaire d’expliquer continuellement et patiemment qui est responsable de la crise et de l’austérité. Les véritables positions d’Aube Dorée doivent être systématiquement dénoncées : que ce parti n’est pas opposé aux Mémorandums, comme il tente de le faire croire, mais bien aux mobilisations ouvrières et aux mouvements de résistance contre l’austérité.

    Il est aussi nécessaire de s’opposer à toutes les coupes budgétaires et à l’austérité, de revendiquer des moyens pour satisfaire les besoins de la société et non la soif de profits des banquiers. Un Etat doit être organisé de telle façon que les réseaux de trafiquants de drogues et d’êtres humains soient punis plutôt que les victimes, avec un système judiciaire qui s’en prendra à tous les agents de police qui collaborent aux actes racistes ainsi qu’aux néonazis. Toutes ces prérogatives doivent être liées au besoin de développer une économie démocratiquement planifiée et géré, orientée vers la satisfaction des besoins de la grande majorité de la population et non d’une poignée de familles hyper-riches et de grandes multinationales.

    Les Grecs doivent refuser de payer la dette. Ensuite, ils doivent passer à la nationalisation du système bancaire et de tous les secteurs clés de l’économie, de toutes les grosses entreprises, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, avec une transparence absolue.

    Une telle solution agirait comme une source d’inspiration pour les autres travailleurs à travers l’Europe qui luttent contre l’austérité. Ce serait là le début de la construction d’une confédération socialiste d’Europe qui mettrait fin à l’existence cauchemardesque de l’Union Européenne capitaliste, unie uniquement par la pauvreté et le chômage.

  • Grèce : ‘Initiative 1000’ – Une initiative ambitieuse de la gauche grecque

    Construisons un front unique des forces de gauche sur un programme qui mette fin à la crise capitaliste!

    Xekinima (la section du CIO en Grèce) joue un rôle central au sein d’une initiative destinée rapprocher les différentes forces de la gauche grecque afin de lutter pour un front unique, essentiellement basé autour de Syriza, la coalition de la gauche radicale qui est actuellement le parti d’opposition de gauche au plus haut dans les sondages, et sur un programme qui rompt de manière décisive avec le capitalisme.

    Andros Payiatsos, Xekinima (CIO en Grèce)

    Cette initiative est appelée "Initiative 1000" en raison du nombre d’individus qui ont signé la "Déclaration de l’initiative" originelle.

    "L’initiative" a tenu son premier meeting public le 29 novembre 2012 à Athènes. Malgré la pluie battante, 600 personnes ont participé au lancement très réussi. Des meetings ont ensuite eu lieu dans beaucoup d’autres endroits en Grèce pour mettre en place des comités locaux de l’Initiative. Le texte qui suit est une traduction éditée d’un article d’Andros Payiatos, de Xekinima, publié en novembre, peu après une conférence de presse pendant laquelle ”Initiative 1000” a formellement été lancée.


    Le lundi 5 novembre 2012, les membres de différentes organisations de la gauche grecque et des militants indépendants ont lancé "Initiative 1000" qui tire son nom du millier de personnes qui ont signé une déclaration initiale.

    Ce lancement ambitieux prend place à une époque d’attaques sans précédent contre les conditions de vie, les droits et les vies de millions de Grecs menés au désespoir par les politiques de l’élite dirigeante et de la Troïka (le FMI, l’UE et la BCE). Dans une société en proie aux flux et reflux, aux tournants rapides et aux changements dans la situation, la gauche est confrontée à des tâches et à des défis gigantesques.

    Les travailleurs et les jeunes discutent ouvertement de la mesure dans laquelle la gauche grecque est capable d’offrir des réponses adéquates à la crise. ”Initiative 1000” a été mise en place pour intervenir dans ce débat, non pas comme "un parti de plus" essayant juste de recruter des membres et en concurrence avec le reste de la gauche (SYRIZA, KKE, ANTARSYA, etc.) et fragmentant encore plus la gauche; cette initiative appelle à la coopération sur base d’un programme qui fournisse une voie de sortie à la crise catastrophique, un programme basé sur la nécessité de défendre les intérêts de la classe ouvrière et des opprimés.

    Initiative 1000 – Les points fondamentaux

    Comme le stipule la déclaration de l’Initiative 1000, les points fondamentaux de l’accord sont résumés ainsi:

    Tous les signataires :

    • Pensent que toute solution à l’implosion sociale et économique qui prend place en Grèce en cette période ne peut être trouvée que sur base d’une rupture avec le système capitaliste actuel.
    • Une telle solution ne peut être trouvée que sur base d’un front unique des forces de gauche et sur base d’un programme qui appelle à la fin de cette crise qui engloutit les masses travailleuses ainsi qu’au renversement du régime capitaliste actuel.
    • La crise est à l’échelle mondiale et elle frappe toute l’Europe. Nous luttons pour un changement révolutionnaire en Grèce qui puisse être le déclencheur de processus similaires dans le monde entier. Ainsi, nous nous battons pour la coordination la plus large possible et pour une lutte commune des mouvements de masse qui se développent mondialement.
    • Nous soutenons la coopération la plus forte possible et l’unité dans l’action de toute la gauche grecque, sur base d’un tel programme politique radical, mais également la lutte quotidienne pour la survie de la population et sommes pour l’organisation d’actions de solidarité avec ceux qui sont le plus durement touchés par la crise.
    • Nous soutenons la perspective d’un gouvernement de gauche (dans la conjoncture actuelle, cela est identifiée généralement avec Syriza), tout en sachant que ce développement ne serait pas "le bout du chemin", mais le commencement de luttes de masse.
    • La gauche doit rechercher la coopération la plus large possible de ses forces dans la lutte contre les Memoranda, la Troïka et la classe dirigeante grecque, en commençant par la revendication de "Pas de sacrifices pour l’Euro!"
    • Nous appelons toutes les forces et tous les militants (dont les sans-parti) de gauche en accord avec les idées présentées par l’Initiative – indépendamment d’à quel parti (ou tendance politiques) ils appartiennent – à soutenir et à étendre la campagne pour les buts et les tâches mentionnés ci-dessus.

    Unité

    Une caractéristique centrale d”’Initiative 1000” est qu’elle vise à l’unité, en transcendant le "Mur de Chine" diviseur existant entre les différents partis politiques historiquement devenu, en particulier en Grèce, un obstacle presque insurmontable à la communication effective des différentes forces de la gauche.

    Cette Initiative a été lancée par:

    • Aristeri Paremvasi, ARAN (une tendance de ARAN – Renouveau de la Gauche et ANTARSYA, l’Alliance Anti-capitaliste)
    • Kommunistiki Ananeosi (Refondation Communiste – une des organisations constituantes d’ANTARSYA)
    • Paremvasi (Une nouvelle organisation de gauche mise en place par ceux qui ont été exclus de KOE, une organisation maoïste qui milite dans Syriza, au début de l’année 2012, et qui participe à MAA, formation créée par l’ex-dirigeant de Syriza, Alekos Alavanos)
    • Xekinima (section du CIO en Grèce)

    Peu après son initiation, un grand nombre "d’indépendants" (c’est-à-dire de gens qui ne sont membres d’aucun parti de gauche) ont exprimé leur soutien à l’Initiative et ont signé sa déclaration.

    L’accord d’un si grand nombre de camarades de parcours politiques à gauche différents sur base d’une telle structure commune (que ce soit politiquement et tactiquement) est sans précédent!

    Il existe certainement des difficultés, ainsi que des doutes sur ses perspectives d’avenir. Mais la question dominante pour tous ceux impliqués dans l’Initiative 1000 est la compréhension commune des tâches historiques auxquelles est confrontée la gauche grecque.

    Le programme

    Voici ci-dessous certains des points-clé du programme politique pour lesquels lutte Initiative 1000 (extraits du texte fondateur de l’Initiative):

    • Non-reconnaissance de la dette et cessation de paiement immédiate.
    • Abolition de tous les Memoranda et de toutes les mesures d’austérité appliquées.
    • Abrogation de tous les contrats de prêts et des accords néo-coloniaux.
    • Nationalisation du système bancaire.
    • Allègement de la dette drastique pour tous les foyers de la classe ouvrière, les petits patrons, les agriculteurs aux exploitations de petite et moyenne taille et pour tous ceux qui ont été touchés par la crise.
    • Taxation élevée du capital, fin du secret bancaire pour les gros dépositaires et réduction massive des dépenses d’armement.
    • Nationalisation de tous les secteurs stratégiques de l’économie et des entreprises stratégiques.
    • Démocratie réelle, avec l’institutionnalisation du contrôle et du management sociaux par les travailleurs, dans tous les secteurs de l’activité économique.
    • La création, sur les bases mentionnées ci-dessus, d’un plan progressif de reconstruction de l’économie au bénéfice et dans l’intérêt de la classe ouvrière et du peuple.

    C’est seulement à l’aide d’un tel programme que la société grecque peut éviter le désastre social et économique dans lequel nous sommes entraînés par la classe dirigeante grecque, l’Union Européenne et le FMI. Ce n’est que de cette façon que les salaires des travailleurs, les retraites, les acquis sociaux (comme la santé et l’éducation) et les relations de travail et les droits démocratiques essentiels peuvent être sauvés.

    Initiative 1000 et le reste de la gauche

    Le programme politique avancé et défendu par l’Initiative 1000 et cité plus haut la distingue des politiques exprimées par la majorité à la direction de Syriza.

    L’Initiative se distingue du sectarisme et de l’isolationnisme du KKE (le Parti Communiste Grec) et d’Antarsya (l’Alliance Anti-Capitaliste) en mettant en avant la nécessité de la coopération dans la gauche et d’un ”Front Unique”.

    L’Initiative 1000 ne met pas en avant son programme en concurrence avec les forces de gauche existantes, en essayant de recruter des membres des partis existants, mais essaie d’intervenir et d’influences les débats politiques qui prennent déjà place dans les rangs de la gauche.

    Elle veut aider et unir ses forces avec les individus et les courants d’idées, dans les partis et formations de gauche actuelles, qui luttent pour des idées similaires à celles de l’Initiative.

    L’Initiative 1000 a déjà gagné beaucoup de partisans mais aussi un certain nombre ”d’ennemis”. Les idées de l’Initiative sont déjà attaquées à l’intérieur de Syriza, d’Antarsya (où il y a déjà eu des menaces d’expulsions émises afin d’effrayer d’éventuel signataires de la Déclaration de l’Initiative) et ailleurs.

    Nous demandons à tous ces camarades qui ont attaqué l’Initiative d’essayer de rester ouvert d’esprit et de permettre l’expression libre et l’échange d’idées parmi les membres du parti afin qu’ils puissent se faire leur propre idée sur ces questions.

    Ils devraient avoir confiance en la capacité des membres de base et des cadres des organisations et des partis de gauche. Ils devraient aussi montrer de la confiance envers la capacité des travailleurs ordinaires de juger de ce qui est bien ou pas, en particulier parce que les ”gens ordinaires” sont ceux pour qui la gauche est sensée se battre.

    La gauche doit avoir confiance dans les instincts de classe des opprimés. Leur droit à décider de ce qu’ils pensent est le cours normal des choses. Ce devrait être une valeur fondamentale de la gauche. Sans cela, la gauche a perdu la guerre avant même d’entamer la première bataille. De ce point de vue, Initiative 1000 devrait être bien accueillie par toutes les forces de la gauche.

    Besoin de coordination et d’action

    L’Initiative 1000 ne cherche pas à se limiter aux idées et aux débats. Les discussions à travers les blogs, les sites internet et les autres médias sociaux sont nécessaires et importantes mais ont aussi de sérieuses limites : elles n’incluent pas largement les opprimés et sont limitées aux cadres et aux dirigeants de gauche qui ont la capacité, le temps, etc., d’y participer.

    L’Initiative 1000 a besoin du sang frais des mouvements réels. C’est pourquoi il est important d’avoir fixé l’objectif de construire des comités locaux de groupes de sympathisants ou de partisans de l’Initiative 1000 et de prendre des initiatives audacieuses que ce soit à un niveau local, dans les lieux de travail ou dans le parti de gauche auquel on appartient.

    Xekinima (section du CIO en Grèce) participe activement à cette initiative précisément parce que nous pensons que seule une politique de gauche est apte à fournir une sortie de crise ainsi qu’à défier le pouvoir du capital (national et multinational) sur base de la reconstruction socialiste de l’économie et d’une société socialiste.

    La crise économique actuelle est une crise internationale qui a commencé aux USA, en 2007, et n’est pas près de se terminer. Le capitalisme implosant mène maintenant des sociétés entières à la barbarie, y compris des sociétés qui pensaient appartenir au ”monde développé”. La perspective socialiste est la seule solution pratique et réaliste à la crise pour la société grecque, pour l’Europe du Sud, l’Europe elle-même et le monde entier.

    Toutes les composantes de la gauche en accord avec ces vues doivent se rassembler, communiquer et coordonner leurs activités, au-delà des divisions d’organisations et de partis. C’est le seul moyen pour que le mouvement des travailleurs et des opprimés affronte l’avenir avec optimisme, confiant de ses capacités à remporter les batailles à venir.

    Les membres de Xekinima ont déjà signé la Déclaration de l’Initiative 1000 et nous discutons de la meilleure voie pour continuer, toucher une audience plus large, etc. Nous demandons à tous nos amis et lecteurs à faire de même.

  • Solidarité internationale contre une nouvelle loi homophobe en Russie

    Le PSL/LSP appelle à se rassembler ce mardi 22 janvier à 12h devant l’Ambassade de la Fédération de Russie à Bruxelles contre un projet de loi qui vise à interdire la prétendue “propagande homosexuelle parmi le jeunes”. De nombreuses associations LGBT belges ainsi que la FGTB-Bruxelles soutiennent l’initiative.

    La crise économique et ses conséquences désastreuses pour une très grande majorité de Russes ont poussé ces derniers à manifester en masse contre le régime de Poutine durant la dernière période qui s’est écoulée. Pour maintenir sa position au pouvoir, les autorités en place cherchent des boucs-émissaires afin de dévier l’attention des Russes des vrais problèmes : salaires de misère, manque de logements, de crèches, d’hôpitaux publics… sans parler des multiples affaires de corruption qui touchent le gouvernement et la hiérarchie de l’Eglise orthodoxe russe.

    Le régime de Poutine fait passer cette nouvelle loi homophobe en même temps que d’autres lois antidémocratiques et antisociales. La Douma a voté une loi interdisant l’adoption d’orphelins russes par des familles américaines. C’est aussi dans ce contexte que les membres du groupe de rock Pussy Riot ont été condamnées à 2 ans de prison pour avoir manifester pacifiquement dans une cathédrale.

    Cette loi homophobe existe déjà dans 8 régions russes et notamment à Saint-Pétersbourg où le parlement local a voté cette loi il y a un an. Depuis lors, les agressions contre des personnes LGBT y ont fortement augmenté selon les organisations de défenses des droits de l’homme. La loi contre ”la propagande homosexuelle parmi les jeunes” prend place dans une série de lois visant à ”protéger les jeunes”. Cette loi assimile de manière très malsaine et honteuse l’homosexualité et la transsexualité à la pédophilie.

    Les autorités politiques profitent de nombreux préjugés existant dans la société russe pour faire accepter cette loi auprès de l’opinion publique. Une fois que la loi sera votée, le simple fait de parler des diversités sexuelles en bien pourra être sanctionné par des amendes allant jusqu’à 12.000 euros et par des peines de prison. Cette loi ne vise pas que les personnes LGBT mais toutes les personnes qui en parleront en bien. Le côté pervers de cette loi est qu’il sera tout à fait autorisé de parler d’homosexualité ou de transsexualité comme quelque chose de malsain, de nuisible, de dangereux. Il faut donc bien comprendre que restreindre les droits d’une minorité, c’est restreindre les droits de tous !

    Venez manifester votre solidarité contre ce projet de loi homophobe et transphobe! Toute protestation pour les droits LGBT en Russie est systématiquement réprimée dans la violence, la police étant souvent très complaisante avec des groupes d’intégristes orthodoxes et d’extrême-droite qui attaquent physiquement les activistes LGBT dont nos camarades russes du CIO (voir notre article).

    Rendez-vous devant l’Ambassade de Russie à Bruxelles avenue de Fré 66 1180 Bruxelles (Uccle) à 12h. Pour y aller : tram 4, 92 (arrêt Héros), bus 38, 41, 43 (arrêt Statuaires ou Zeecrabbe).

  • Présidence irlandaise de l'Union Européenne : Un gouvernement d'austérité à la tête de l'austérité en Europe

    Le premier ministre Enda Kenny a déclaré que la présidence irlandaise du Conseil européen est celle d’un ”pays en reprise pour diriger la reprise de toute l’Europe”. Pure rhétorique. Ni la classe ouvrière, ni classe moyenne ne sentent la ”reprise” de Kenny. 2012 a marqué la cinquième année de récession pour l’Irlande, et ce fut aussi l’année du retour de la récession pour la zone euro.

    Par des correspondants du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Si les politiques d’austérité étaient réellement destinées à provoquer une reprise économique, elles auraient été abandonnées depuis longtemps au vu de leur échec patent. Au lieu de cela, elles sont appliquées avec plus d’énergie encore, car elles marchent très bien pour les détenteurs d’obligations qui ont bénéficié de plus de 25 milliards d’euros pour 2012 et 2013 au détriment des contribuables d’Irlande.

    Alors que la présidence de l’UE est en grande partie une position de cérémonie, cela signifie tout de même que le gouvernement irlandais va aider la Commission européenne à coordonner la poursuite des politiques d’austérité à travers l’Europe.

    La prétendue priorité du gouvernement est de se concentrer sur l’emploi, et ce n’est là encore que pure rhétorique. Les plans annoncés à grand bruit, notamment concernant l’emploi de la jeunesse, et les diverses tentatives d’attirer les investissements des États-Unis ne parviendront pas à cacher la réalité de la grève de l’investissement des super-riches. Pour vraiment s’attaquer à la crise du chômage dans l’Union européenne, avec ses 25 millions de travailleurs sans emploi, l’austérité doit être stoppée et remplacée par un programme massif de création d’emplois en utilisant les fonds qui, autrement, enrichiront à nouveau les spéculateurs.

    L’establishement politique irlandais vont sans aucun doute profiter de la présidence de l’UE et du quarantième anniversaire de l’entrée de l’Irlande dans l’Union européenne pour peindre un tableau idyllique d’une Union Européenne ”social”. Cette image trompeuse sera dissipée de façon spectaculaire par l’expérience concrète de ce que signifie l’austérité européenne. L’UE est une force motrice dans la destruction des vies des travailleurs et de leurs familles en Irlande et ailleurs en Europe.

    En 2013, il faudra rappeler à nous l’esprit de la lutte héroïque de 1913 dirigée par Connolly et Larkin [la plus sévère grève de l’histoire d’Irlande, portant sur le droit de se syndiquer, NDT]. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une lutte vigoureuse plutôt que d’appels à la modération du mouvement syndical et des travailleurs, afin de vaincre les politiques d’austérité et de donner un ferme coup de pied à la troïka de la part de l’Irlande et des autres pays d’Europe. Il nous faut lutter pour une Europe des masses opposée à cette Europe des milliardaires, pour une Europe socialiste.

    Le député européen du Socialist Party, Paul Murphy, sera l’hôte d’un contre-sommet à Dublin les 15-17 février prochain, avec l’implication de militants socialistes et de syndicalistes de toute l’Europe. Ce sera l’occasion de mener le débat sur la nature de l’Europe et sur la façon de construire une opposition unie au delà des frontière pour mettre un terme à l’austérité.

  • Russie : Nouvelles attaques contre la communauté LGBT

    Solidarité contre l’homophobie – les droits de la communauté LGBT et les droits des travailleurs sont menacés

    Igor Yashin, membre du CIO et militant pour les droits LGBT, a été arrêté et mis en prison ainsi que d’autres manifestants alors qu’ils protestaient contre les lois anti-LGBT adoptées par le parlement russe en novembre dernier. Igor, libéré depuis lors, décrit dans le texte ci-dessous ce que lui et d’autres manifestants ont vécu ce 19 novembre, et aborde également les questions plus larges autour de cette nouvelle législation répressive.

    Par Igor Yashin, CIO-Moscou

    Une quinzaine de personnes avaient été arrêtées à l’extérieur de la Douma d’Etat (le parlement russe) à Moscou le 19 novembre 2012, le jour où le parlement tenait la première lecture d’une loi qui vise à interdire la prétendue ‘‘propagande homosexuelle parmi les mineurs d’âge.’’ Cette loi, en réalité, restreindra les droits et libertés de la communauté LGBT, conduira à la menace de la croissance des préjugés homophobes et créera des difficultés réelles pour les adolescents LGBT.

    La Russie détient un des plus hauts niveaux de violence domestique et de suicides d’adolescents au monde. Il est déjà connu que, dans les pays occidentaux, le taux de suicide parmi les adolescents LGBT est de 3 à 4 fois supérieur à celui des jeunes hétéros. Mais en Russie, aucune étude n’a été lancée pour disposer de cette information. Sous couvert du prétexte de la ‘‘moralité’’, la Douma frauduleusement élue essaye d’exploiter les préjugés répandus dans la société afin de servir ses propres intérêts politiques. En agissant ainsi, elle ignore complètement le bien-être des enfants et des adolescents.

    Au moment même de l’adoption de cette nouvelle loi, la Douma vote une autre loi interdisant l’adoption d’orphelins russes par des familles américaines. En Russie, les orphelins souffrent d’un sort peu enviable, mais les législateurs trouvent nécessaire de prendre une ‘‘revanche’’ contre les USA qui ont promulgué la ‘‘loi Magnistkii’’ qui sanctionne les bureaucrates russes impliqués dans des affaires de corruption. Ces orphelins sont donc utilisés comme des pions dans le conflit entre Poutine et l’Occident. Les ‘‘patriotes’’ du Parti Communiste russe ont presque tous voté pour ces nouvelles lois !

    Le régime de Poutine fait passer cette nouvelle loi homophobe en même temps que d’autres lois antidémocratiques et antisociales. L’élite dirigeante tente de maintenir sa position au pouvoir face aux protestations de masse.

    Au niveau régional, de telles lois ont été votées avant les élections parlementaires de décembre 2011 et avant le début des protestations de masse. Sentant que sa position dans la société s’affaiblit, le parti au pouvoir, Russie Unie, a décidé d’exploiter ces préjugés pour ses propres objectifs politiques.

    Il n’est pas anodin que la loi homophobe ait été discutée par le pouvoir législatif régional à Saint-Pétersbourg en même temps que d’autres lois concernant la ‘‘protection’’ des enfants. Mais après les élections, le gouvernement régional a rejeté toutes ces lois sauf celle limitant les droits des LGBT.

    Des attaques réactionnaires

    Les autorités n’arrêtent pas leurs attaques réactionnaires. Les membres du groupe rock Pussy Riot ont été condamnés à 2 ans de prison pour une manifestation pacifique dans une cathédrale ; le gouvernement réfléchit actuellement à une nouvelle loi qui protégerait ‘‘les droits des croyants’’. Les autorités politiques mette en place une censure sur le net pendant que les scandales de corruption dans le gouvernement et au sommet de la hiérarchie de l’église continuent.

    Les effets négatifs de ces nouvelles lois se font déjà sentir dans de nombreuses régions. Les lois elles-mêmes ont tellement été mal écrites qu’elles sont pratiquement impossibles à exécuter, mais leur existence même crée des difficultés énormes pour les organisations LGBT. Les gens ont tout simplement peur de soutenir des actions LGBT ou de parler ouvertement des droits LGBT par crainte de représailles. Il y a eu aussi ouvertement des attaques physiques contre des militants LGBT et contre différents évènements culturels et sociaux sur des thématiques LGBT.

    Même à Moscou, où, jusqu’à ce jour, aucune loi anti-LGBT concrète n’a été votée, les autorités refusent aux militants LGBT l’autorisation d’organiser des protestations contre la nouvelle loi en discussion. Pour se justifier, elles déclarent que les manifestations ‘‘causeront une réaction négative dans la société’’ et qu’elles ‘‘sont provocantes, nuisent aux enfants et aux adolescents, offensent les sensibilités religieuses et morales et font du tort à la sensibilité humaine des citoyens.’’

    Le mercredi 19 décembre 2012, des militants du CIO ont rejoins des activistes LGBT dans une ‘‘manifestation individuelle’’ devant la Douma d’Etat (une ‘‘manifestation individuelle’’ est la seule forme de protestation qui ne demande pas d’autorisation de l’Etat, cela consiste à une seule personne tenant une pancarte). On pouvait lire sur nos pancartes ‘‘On n’a pas besoin de lois homophobes, mais des crèches, écoles et hôpitaux gratuits’’ et ‘‘L’homophobie est l’ennemi des travailleurs – unité contre la division, pour des droits démocratiques et sociaux.’’ Nous sommes restés là pendant une heure et demie dans le froid glacial en tentant de transformer cette manifestation individuelle en manifestation collective.

    Vers midi, une trentaine d’activistes et de sympathisants de la cause LGBT se sont rassemblés et, pour exprimer leur protestation, ils ont décidé d’organiser un flash-mob en s’embrassant sur les marches de la Douma d’Etat. Cependant, au même moment, les ‘‘activistes russes orthodoxes’’ pro-gouvernementaux ont commencé à lancer des œufs pourris sur les manifestants. Au début, les policiers n’ont pas réagi et puis ils se sont avancés vers nous. J’ai été arrêté par la police juste parce que je me suis plaint auprès d’eux qu’ils ne faisaient rien contre les agresseurs. Cela s’est terminé par l’arrestation – pendant plusieurs heures – de 10 militants LGBT et de 5 agresseurs.

    ‘‘Hooliganisme’’

    Nous avons été détenus 30 heures dans les cellules de la police. Malgré une puissante campagne de protestation contre notre arrestation, peu de personnes seulement ont été relâchées après quelques heures. Ils nous ont dit que nous étions accusés de ‘‘hooliganisme’’ et menacés de 15 jours de prisons. Ce n’est que le soir suivant notre arrestation que nous avons été autorisés à voir le document relatant notre arrestation, qui stipulait que nous nous étions battus en hurlant !

    Les policiers eux-mêmes étaient mal à l’aise avec cette situation et ont ouvertement admis qu’ils ne voulaient pas nous garder en détention. Un coup de téléphone ‘‘d’en-haut’’ leur a toutefois fait changé d’avis. Ce n’est qu’à l’aube que la police a relâché l’une d’entre nous, la journaliste Elena Kostyuchenko, notamment connue pour son courage et son reportage concernant le massacre de Jhanaozen, au Kazakhstan. Le 16 décembre 2012, cette journaliste russe a pris la parole lors de la manifestation moscovite de commémoration des victimes de ce massacre.

    Le jour après notre arrestation, ils nous ont attaqués en justice mais nos avocats et nous mêmes avions réussi à rassembler plus de 10 témoins oculaires ainsi qu’une vidéo pour assurer notre défense. La Juge Borovkova, célèbre pour son enthousiasme à envoyer des opposants en prison, a simplement refusé d’entendre notre cas parce que la police avait commis des erreurs dans la feuille de charge. Nous avons été renvoyés vers le commissariat de police. Finalement, nos avocats sont parvenus à un accord avec la police qui a bien voulu nous relâcher. Nous avons dû payer chacun une amende de 500 roubles (12 euros) pour ‘‘hooliganisme’’ et, après 30 heures, nous avons enfin été libérés.

    Le 22 janvier prochain, la première lecture du projet de loi se poursuivra. Des militants LGBT et leurs sympathisants seront encore une fois dans l’opposition. Pour beaucoup de militants LGBT, il est devenu clair que la politique homophobe des autorités est complètement liée à la crise politique et économique du pays. Il est donc nécessaire de chercher la solidarité avec d’autres groupes qui luttent en ce moment.

    Maintenant, plus de militants LGBT se tournent vers diverses protestations sociales et de défenses d’autres droits démocratiques. Cette année, lors du défilé du 1er Mai, des douzaines d’activistes LGBT et féministes ont rejoint la délégation du Comité pour une Internationale Ouvrière qui portait des banderoles avec des slogans sociaux et des revendications pour l’égalité des droits.

    Nikolai Kavkazskii – plusieurs mois dans les geôles de la police

    La répression contre l’opposition frappe les militants LGBT. Un des militants les plus connus des droits LGBT, Nikolai Kavkazskii, a déjà passé plusieurs mois dans les geôles de la police suite à des arrestations liées à la manifestation de masse du 6 mai, laquelle a été brutalement attaquée par la police. Il a été arrêté juste après son retour de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière. Un autre activiste LGBT a été forcé de fuir en Europe après qu’il soit devenu clair que son arrestation était imminente.

    Malheureusement, les préjugés anti-LGBT sont répandus parmi la Gauche russe et dans les mouvements de protestations. Cela freine leur développement. Le 7 novembre (le Jour de la révolution) un nombre de ‘‘militants de gauche’’ ont attaqué un des militants qui portait un drapeau arc-en-ciel, criant que ‘‘le mouvement LGBT est bourgeois’’. Ironiquement, l’activiste qui a été attaqué, un sympathisant du CIO, était un jeune ouvrier électricien qui avait tout juste quitté l’extrême-est de la Russie pour Moscou à la recherche de travail. Mais alors que ces ‘‘militants de gauche’’ s’inquiètent de la présence de militants LGBT, ils ne se plaignent pas de la présence d’un grand nombre de nationalistes d’extrême-droite dans les mêmes défilés !

    Cet incident a néanmoins provoqué une discussion à large échelle sur les préjugés homophobes et nationalistes sans les partis de gauches traditionnels. Des représentants des syndicats indépendants ont approchés les LGBT pour proposer une lutte commune pour l’égalité des droits.

    Aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les droits des LGBT qui sont menacés mais les droits et libertés de la majorité – les travailleurs, les étudiants et les retraités. Aujourd’hui, comme jamais auparavant, nous devons dépasser les vieux préjugés pour être unis dans une lutte commune afin d’obtenir nos droits.

    Nous appelons donc toutes les organisations LGBT, les militants et les sympathisants à manifester des actes de solidarité le 22 janvier en soutien de la lutte en Russie.

  • General Motors / Opel annonce la fin de la production de voitures à Bochum d'ici 2016

    Les fermetures de sites de construction de voitures se poursuivent en Europe. Organisons la lutte pour la défense de Bochum, de Genk, d’Aulnay-sous-Bois, de Southampton et de Dagenham ! Unifions le combat pour la protection de l’emploi et des usines !

    Par Stephan Kimmerle, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Les dirigeants d’Opel ont joué la carte de la sécurité en postant 50 gardes supplémentaires pour la protection d’un meeting du conseil d’entreprise, tant pour se protéger que pour intimider. Ils se sont aussi assurés que la police soit aux abords de l’usine le 10 décembre 2012, au moment de l’annonce de la fin de l’usine d’automobiles de Bochum, en Allemagne, d’ici 2016.

    En moins d’une minute, le patron d’Opel, Thomas Sedran, a exprimé son intention de faire payer aux 3000 travailleurs et à leurs familles la crise d’Opel et de l’industrie automobile en général (voir notre dossier : Industrie automobile européenne : Une autre crise est en cours…)

    Les vagues promesses d’une future production de composants n’ont pas réussi à dissiper la colère des 2300 travailleurs qui se sont rassemblés dans la centrale de la Ruhr. Des sifflets et des insultes ont interrompu le discours de Sedran, alors qu’il tentait de justifier l’attaque contre les travailleurs en mettant en avant la surproduction de voiture et la baisse de la demande sur le marché européen. Il a ensuite immédiatement quitté l’usine par la porte de derrière. Un délégué syndical d’IG-Metall a été jeté à terre et quasi étranglé par les gardes de sécurité alors qu’il tentait de lui poser des questions.

    La centrale de Bochum a une tradition militante. Une précédente grève avait permis de minimiser les tentatives de la direction pour diviser la main d’œuvre et sous-traiter certaines parties de l’usine en 2000. En 2004, une grève sauvage de 6 jours a été lancée pour protester contre le licenciement de milliers de travailleurs. Pourtant, à présent, Rainer Einenkel, le président du comité d’entreprise d’IG Metall, a appelé à la prudence et a déclaré que les travailleurs ne devaient pas céder à la provocation.

    Malgré cela, le lendemain matin, 200 travailleurs ont cessé de travailler et on manifesté devant les portes de l’usine pour exiger plus d’informations au comité d’entreprise, comme nous l’a communiqué le SAV (section du CIO en Allemagne). Dans l’urgence manifeste de montrer qu’ils ‘‘font quelque chose’’, les membres du comité ont enfin arrêté la ligne de production le vendredi 14 décembre pendant quelques heures afin d’informer les travailleurs.

    Cela fait un moment que l’équipe de management s’est préparée à cette situation, en réduisant notamment la dépendance d’autres sites de General Motors vis-à-vis de celui de Bochum. A cause de la pause de Noël dans la production et de la réduction forcée des heures de travail en janvier, les travailleurs ne se sentent plus aussi forts que durant leurs précédentes batailles. Des années de réductions d’effectifs ont épuisé les travailleurs restants et réduit leur pouvoir économique. De plus, l’échec de la stratégie des dirigeants syndicaux et du comité d’entreprise, qui consistait à accepter sans cesse des concessions, a intensifié le sentiment de démoralisation.

    Cependant, il reste une grande colère qui pourrait provoquer une riposte. Les travailleurs sont conscients que si cette décision est acceptée sans protestation massive, les perspectives de sauvegarde de leurs emplois et de l’usine seront en grand danger. Une stratégie de combat est nécessaire pour organiser et construire le mouvement de grève de Bochum et envoyer des délégations dans d’autres usines pour augmenter la pression sur le syndicat IG Metall afin d’accroitre la lutte.

    Une grève à Bochum, ralliée par des délégations de toutes les autres usines menacées de fermeture en Europe ainsi que par des délégations d’autres usines de General Motos et d’Opel, aurait le potentiel de commencer à mobiliser l’une des plus puissantes sections de la classe ouvrière européenne. Les travailleurs du secteur automobile de tout le continent savent très bien que leur avenir est aussi en péril. Les chaînes de production de Ford à Dagenham et Southampton (Grande-Bretagne) et à Genk (en Belgique) sont menacées de fermeture (voir: Ford Genk. Pas de funérailles mais un plan d’action ! Nationalisation et reconversion du site !). En Italie, les patrons de Fiat parlent sans cesse de la nécessité de faire des coupes dans le budget. Ce qu’il faut, c’est une stratégie de lutte pour sauver l’emploi.

    Chute libre

    Les ‘‘experts’’ allemands de l’automobile critiquent la direction de General Motors, qui aurait dû selon eux fermer l’usine d’Ellesmere Port en Grande-Bretagne à la place de celle de Bochum. Cette stratégie a également été utilisée par des ‘‘experts’’ français suite à la fermeture de l’usine de Ford d’Aulnay-sous-Bois près de Paris. Ils avaient déclaré qu’il aurait mieux valu fermer les usines espagnoles.

    Les différents États-Nations en Europe se concentrent sur la défense de l’économie de leur propre pays en se fichant royalement de ce qui se passe ailleurs. Le seul point sur lequel ils se rejoignent, c’est sur le fait que les travailleurs doivent payer et que l’environnement doit être sacrifié pour assurer les profits des entreprises automobiles. Le Commissaire en charge de l’énergie Guenther Oettinger a déjà confirmé dans une lettre à Volkswagen que les limites d’émission de carbone pour les entreprises automobiles en Europe ne changeront quasiment pas. D’autres conflits entre les divers États-nations n’excluront pas une tendance commune qui intensifierait les dangers du réchauffement climatique pour augmenter les profits.

    Défendons tous les emplois et toutes les usines !

    Malheureusement, ce point de vue nationaliste a aussi été adopté par les dirigeants syndicaux de General Motors, d’Opel et de Vauxhall. Ces entreprises ont fait chanter les travailleurs. Les dirigeants syndicaux de la centrale de General Motors – Vauxhall à Ellesmere Port ont accepté de travailler plus d’heures, pour des salaires moindres et plus de flexibilité, en mai dernier. Cela a été perçu comme le coup de grâce porté aux sites de Bochum et de Rüsselsheim.

    Les travailleurs d’Ellesmere Port se sont peut-être sentis soulagés lorsque les dirigeants syndicaux leur ont annoncé qu’ils avaient fait ça pour sauvegarder les emplois. Mais 5 mois plus tard, General Motors a annoncé qu’il ferait travailler 2000 d’entre-eux 4 jours par semaine seulement. En septembre, les centrales de Vauxhall à Ellesmere Port et Luton ont toutes deux cessé le travail pendant une semaine.

    La stratégie de concession des syndicats pour ‘‘sécuriser’’ l’emploi a totalement échoué. Les travailleurs de Bochum ont donné des millions d’euros pour obtenir des garanties de production jusqu’en 2016, et à présent ils sont de nouveau la cible d’autres attaques, en plus de faire face à la fermeture de leur usine à cette date.

    Il nous faut une stratégie de lutte pour protéger chaque emploi. Avec une réduction de temps de travail sans perte de salaire, des emplois seraient immédiatement sauvés, et payés par les patrons et les propriétaires d’entreprise.

    Chaque usine frappée de licenciement doit être nationalisée sous le contrôle des travailleurs. Vu les relations entre les usines et la crise de l’industrie automobile dans le monde et particulièrement en Europe, l’industrie tout entière doit être nationalisée, et la production réorganisée de telle manière que s’il y a trop de voitures, d’autres marchandises nécessaires pourront être produites.

    Ces forces de travail talentueuses très éduquées doivent être utilisées pour créer de la richesse qui bénéficiera aux 99% et non pas rejoindre les files de millions de chômeurs européens pour maintenir la richesse des 1%.

    C’est dans cette direction que les syndicats doivent mobiliser. Un mouvement de grève issu de la base pourrait faire écho aux exigences de défense des travailleurs et de leurs familles tout en défiant les dirigeants syndicaux en se battant pour des syndicats combatifs et démocratiques.

  • [INTERVIEW] ITALIE : ''La crise systémique a fait exploser le paysage politique. Les travailleurs ont besoin d’un parti sérieux et combatif pour les aider à résister à l’austérité.''

    Même si l’Italie est l’un des pays européens les plus touchés par la crise, les évènements qui s’y passent actuellement sont moins connus que ceux d’Espagne, du Portugal ou de Grèce, notamment à cause de l’absence de lutte de masse contre l’austérité brutale. Nous en avons discuté avec Giuliano Brunetti, membre de ControCorrente, le parti-frère du PSL en Italie. Dans cette interview, il nous parle de la situation de crise que subissent les travailleurs et leurs familles, du processus de décomposition/recomposition du paysage politique ainsi que des luttes récentes et en cours, en développement.

    Interview réalisée par Stéphane Delcros

    Socialisme.be : Que signifie l’austérité pour les Italiens ?

    Giuliano : D’un point de vue général, la crise a fortement frappé en Italie. En 2012, le niveau de consommation est tombé à son niveau le plus bas depuis la deuxième guerre mondiale. La production industrielle a chuté et le nombre de travailleurs sans emplois a explosé. La situation est surtout difficile pour les pensionnés, les jeunes travailleurs du Sud, et spécialement les femmes.

    Selon l’institut national des statistiques, 52% des pensionnés italiens reçoivent moins de 1.000€ par mois. Le nombre de travailleurs sans emplois s’élève officiellement à 2,9 millions, soit 11,1% ; chez les jeunes, le chiffre est de 36,5%. Mais il faut considérer que les gens qui travaillent ne serait-ce qu’une heure par semaine ne sont pas considéré comme sans emplois. Dans le Sud du pays, plus d’une femme sur deux est sans emploi.

    C’est devenu incroyablement difficile de trouver un job pour un jeune ou un travailleur sans-emploi. Les petites entreprises familiales, qui représentent 90% des entreprises du pays, sont chaque jour en train de fermer par centaines, parfois par milliers, car la production fonctionne pour moins de la moitié de la capacité de production. Les travailleurs de l’usine de Fiat à Melfi (Turin), par exemple, travaillent deux jours par mois. Dans le secteur public, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui sont supprimés, et on attend une nouvelle suppression d’une centaine de milliers d’emplois, avec les 30 milliards d’euros d’économie budgétaires prévues dans le secteur des soins de santé.

    Le gouvernement Monti, soutenu par toutes les fractions politiques principales de la classe capitaliste italienne, a assuré, en un an, l’introduction d’un nombre extraordinaire de réformes antisociales sur les pensions et les salaires. Le gouvernement a réussi le démantèlement de l’article 18 du statut des travailleurs. Cette article de la législation sociale sauvegardait les travailleurs des grosses entreprises contre les licenciements illégaux menés par les patrons. Mais aussi, et peut-être même pire, le gouvernement a réussi à faire passer une réforme constitutionnelle, qui est la traduction, dans la législation nationale, du Pacte budgétaire européen (le Traité d’austérité), avec la nécessité de réduire la dette publique italienne au niveau de 60%, ce qui veut concrètement dire qu’entre 40 et 45 milliards d’euros d’économies vont être mises sur la table chaque année d’ici à 2020 par la coalition gouvernementale qui va diriger le pays.

    Ceci, bien sûr, si on ne prend pas en compte la possibilité d’une lutte généralisée qui développera inévitablement du moment que les conséquences de la crise deviendront de plus en plus visibles et que des couches de jeunes activistes et de travailleurs rentreront dans l’arène politique.

    D’un point de vue social, du fait de l’échelle des attaques et de la crise, du fait de l’appauvrissement généralisé de la population italienne, l’Italie, avec la Grèce, l’Espagne et le Portugal, est l’un des pays européens les plus touchés, même si nous n’y avons pas encore vu le même type de réaction généralisée comme celles qui se sont développées dans les autres pays PIIGS.

    Pourquoi justement, contrairement aux autres pays du Sud de l’Europe, n’y a-t-il pas encore eu de grand mouvement contre l’austérité en Italie ?

    Il n’y a pas d’explication simple à cela, il faut prendre plusieurs éléments en compte. Tout d’abord, il faut se rendre compte que Berlusconi n’a pas été chassé du pouvoir sur base d’une fronde du peuple. Son gouvernement était une coalition entre des représentants du grand capital et du petit capital, avec la Ligue du Nord. Après les nombreux scandales et provocations dont il usait largement, il n’avait pas la force de résister à une mobilisation de masse contre l’austérité nécessaire pour les intérêts des capitalistes italiens.

    Les classes dominantes italienne et européenne ont donc décidé à l’unanimité de trouver un outil plus respectable pour imposer l’austérité. Ils ont alors choisi un vieil homme poli et respectable, Monti, mais en dessous de l’image du bon grand-père se cachent les intérêts de la Troïka et des grandes banques et entreprises qu’il représente. Aujourd’hui, c’est donc seulement un gouvernement du grand capital. Les ministres sont presque tous des grands banquiers. Le ministre de la justice, par exemple, a un patrimoine de 7 milliards d’euros. Mais la bourgeoisie se rend compte qu’elle n’a pour le moment pas d’outil politique. L’euphorie après le départ de Berlusconi a en fait été très courte.

    Le sentiment général qui existe aujourd’hui dans la société est la peur. Ceux qui ont le privilège d’avoir un emploi défendent leur salaire, qui est souvent un moyen de survie pour trois générations, et ils le défendent à tout prix, souvent en acceptant une réduction de la paye, ou une limitation de leurs droits si c’est la condition pour pouvoir ramener du pain à la maison.

    L’entièreté du système politique est en décomposition. Tous les partis principaux, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, sont confrontés à des scandales de corruptions. Cette situation nous ramène au grand chamboulement politique d’il y a 20 ans, quand la classe dominante, la presse et le système judiciaire ont détruit le système politique qui avait géré l’Italie après 1945. Les partis politiques qui sont aujourd’hui en désintégration avaient alors été mis sur pieds.

    L’Italie des Valeurs, un parti populiste et moraliste dirigé par le l’ancien magistrat Antonio Di Pietro, a beaucoup perdu. Son dirigeant fait face à à des accusations de vols ; il est notamment accusé d’avoir acheté une douzaine de propriétés avec l’argent du parti.

    Le Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Berlusconi, tout puissant il y a si peu, a perdu près de 70% de ses votes dans la récente élection régionale en Sicile. Le parti est sévèrement touché par une montagne sans précédent de scandales qui impliquent également les gouvernements régionaux du Latium (Rome) et de Lombardie (Milan) où les directions locales du PDL ont été forcées à démissionner après avoir admis le vol de millions d’euros des caisses régionales pour leur usage personnel. Berlusconi semble maintenant incapable de revitaliser son parti, qui est en désintégration visible et en proie à des luttes de factions.

    Même la Ligue du Nord , le parti raciste d’Umberto Bossi, qui avait construit sa crédibilité politique ces deux dernières décennies en attaquant ‘les voleurs de Rome’, est devenue une organisation de voleurs, le type même d’organisation qu’il dénonçait. L’argent du parti a été investit dans l’achat de diamants en Angola, et le jeune fils idiot de Bossi, le chef du parti, a été promu conseiller régional de Lombardie alors qu’il n’avait que 21 ans et qu’il a raté trois fois ses examens finaux à l’école.

    Dans cette situation complexe et rapidement mouvante, une partie de l’élite italienne qui a des doutes sur Bersani, le nouveau leader de la coalition de centre-gauche (PD), essaie désespérément de reconstituer son propre parti politique. Après les gros scandales de corruption des années ’90, la classe capitaliste n’a jamais réussi à avoir son propre outil politique pour remplacer la Démocratie Chrétienne, pour parler en son nom.

    Montezemolo, précédent président de l’organisation des patrons, et propriétaire de Ferrari, a organisé la conférence de fondation de son nouveau mouvement appelé ‘Italia Futura’, en présence de 5.000 personnes, dont le secrétaire général pourri du syndicat CISL, qui a ouvertement lancé l’idée de la nécessité de reconstituer un gouvernement ‘technique’ sous la direction de Mario Monti lui-même.

    Cette perspective, étant donné l’augmentation des soutien pour le Parti Démocrate, ne semble pas la plus probable au stade actuel, mais ne peut être complètement exclue. Monti lui-même a déclaré qu’il était prêt, si on lui demandait, à servir une nouvelle fois le pays après les élections générales du printemps prochain.

    C’est la situation qui a mené à la spectaculaire percée du Mouvement Cinq Étoiles du comédien milliardaire et populiste Beppe Grillo qui est devenu le premier parti politique à Palerme dans le Sud profond et qui est crédité de 20% des votes dans les élections à venir. En fait, même le Mouvement Cinq Étoiles fait face à des complications internes, mais qui ne devraient pas affaiblir leur soutien électoral en ce moment.

    Il y a un manque total de confiance dans toute forme de parti politique et d’institution, y compris dans les confédérations syndicales qui sont vues comme faisant partie de l’establishment. Il y a le sentiment que des grands changements sont en train de se faire et les travailleurs et les gens ordinaires ont peur de ces changements, qui signifient habituellement une chute dramatique des standards et conditions de vie.

    Même le Parti Démocrate (PD), qui a vu son soutien dans la société augmenter autour des élections primaires, est vu avec scepticisme, et certainement sans enthousiasme. La popularité de Monti a brutalement chuté, même s’il reste le politicien le plus populaire. Les membres du Parti Démocrate ont choisi Bersani, un ancien communiste, pour mener le PD aux prochaines élections. Mais il ne faut avoir aucune illusion dans ce Bersani. Il a déjà plus d’une fois prouvé sa capacité à défendre sa classe, et ce n’est pas la nôtre. Ancien ministre du gouvernement Prodi, Bersani s’est rendu responsable du processus de privatisation, notamment des pharmacies et des taxis. Et lui et son parti, ensemble avec le parti de Berlusconi, ont soutenu toutes les mesures antisociales du gouvernement Monti.

    Cette situation politique complexe et l’absence totale d’instrument politique pour les gens ordinaires est une des raisons qui explique l’absence relative de réponse des masses ou, pour être plus précis, la guerre de classe unilatérale que les banquiers et les patrons ont lancé contre les travailleurs et leurs familles.

    Des luttes, plus locales et sectorielles, se sont tout de même développées récemment.

    Oui, d’importantes batailles ont été menées dans le secteur industriel comme la lutte victorieuse des mineurs du Sulcis en Sardaigne qui ont occupé le puit, avec de la dynamite collé à leurs corps pour défendre le seul puit de charbon qu’il reste dans le pays. Ils ont gagné là un répit temporaire.

    La bataille est encore en cours entre les travailleurs, les patrons, les institutions et le système judiciaire à l’Ilva à Tarente, une gigantesque usine de production d’acier en Europe, représentant 40% de la production sidérurgique d’Italie. On y a notamment vu des occupations des usines. C’est une expression de l’énorme colère qui vit parmi les travailleurs. Les juges ont ordonné la fermeture d’Ilva à Tarente à cause de problèmes environnementaux. L’usine est ultra-polluante, des centaines de travailleurs sont morts de cancer dans cette région. Mais fermer Ilva signifierait la décapitation complète de la production industrielle de l’Italie du Sud, la disparition de 20.000 emplois à Tarente et des licenciements sur les autres sites d’Ilva à Gênes et près de Turin.

    Chez Fincantieri à Gênes, les travailleurs ont stoppé avec succès un plan de privatisation qui aurait signifié la fermeture du chantier naval de Sestri. Nos camarades ont été impliqués dans cette lutte majeure et ont joué un rôle-clé dans la défense de ces emplois.

    Dans toutes ces luttes, la FIOM (syndicat des ouvriers du métal de la fédération syndicale CGIL) a joué un rôle important même si elle était assez isolée dans la société. La direction de la FIOM est confrontée à une contradiction majeure : d’un côté elle fait partie de la direction collective de la CGIL, qui tente de freiner les luttes, et de l’autre, elle doit répondre à l’avant-garde des travailleurs la plus combattive et la plus avancée. Cette contradiction va inévitablement devenir plus aiguë à un certain moment.

    Le 14 novembre dernier, la grève générale européenne a été très bien suivie dans certains pays d’Europe du Sud. Comment était la mobilisation en Italie ?

    Le 14 novembre, on a connu 4 heures de grève générale organisée par la Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, CGIL), la principale confédération syndicale. C’était beaucoup trop peu au regard de l’ampleur de la politique d’austérité du gouvernement. La FIOM, le secteur public et les télécommunications, qui sont les secteurs les plus importants, ont eux étendu leur grève jusqu’à 8 heures de grève générale.

    Les autres confédérations syndicales (CISL, UIL et UGL) n’ont pas pris part à la grève, pas plus que l’USB, un syndicat dont la base est plus radicale et qui attire quelques-uns des membres les plus militants de la CGIL et des jeunes travailleurs précaires.

    La participation générale à la grève du 14 était assez faible, étant donné la faiblesse de la mobilisation qui était improvisée. Beaucoup de travailleurs se sont demandés quel était l’intérêt de prendre part à la grève de la CGIL, puisque ce même syndicat n’a rien fait lorsque le gouvernement Monti, soutenu pas le Parti Démocrate, a procédé à des attaques sur les pensions, les salaires et la législation sociale.

    De ce que nous savons de sections importantes du syndicat qui n’ont pas pris part aux actions de grève, c’est que les travailleurs ont mis en question la raison même de la grève: ”pour quoi faisons-nous grève?” Et pour beaucoup: ”quel intérêt à faire grève aujourd’hui, alors que mon syndicat n’a même pas levé le petit doigt quand mon salaire a été attaqué?”

    La jeunesse a-t-elle pris part à cette grève ?

    Même si le mouvement étudiant n’est pas directement concerné, durant la semaine passée, on a vu une vague d’occupations d’écoles et d’instituts par des étudiants en colère. L’État italien dépense 1,2% du PIB pour l’éducation, ce qui a pour conséquences une situation où l’école tombe littéralement sur la tête des étudiants, où le papier toilette et le savon manquent et où on impose aux étudiants de contribuer ‘volontairement’ à certaines dépenses. Le mouvement étudiant est une expression claire de la colère qui se développe parmi les jeunes, mais il n’est pas encore certain que ce mouvement se généralise pour le moment.

    Les dernières initiatives prises à gauche vont-elles dans la voie de la formation d’un nouveau parti des travailleurs ?

    La question d’un nouveau parti politique est un aspect important de la stratégie de la classe capitaliste dominante. Mais c’est une question réellement vitale pour le mouvement ouvrier et les secteurs progressistes de la société dans la période turbulente dans laquelle nous entrons.

    Les différentes tentatives qui ont été lancées ces derniers mois pour construire une nouvelle arme pour coordonner et organiser la résistance dans la société ont malheureusement toutes résulté en confusion et alliances politiques contre-nature. Le Comitato No Debito (Comité contre le payement de la dette) dans lequel nous intervenons et dans lequel nous jouons un rôlé-clé, surtout à Bologne et à Gênes, aurait pu être un bon outil. Malheureusement, le sectarisme de certains de ses membres fondateurs (Sinistra Critica et FalceMartello, sections italiennes respectivement du Sécretariat Unifié de la Quatrième Internationale et de la Tendance Marxiste Internationale) et l’incapacité de traduire le refus du payement de la dette aux banquiers en revendications politiques concrètes ont conduit à une situation de faiblesse. Le comité a organisé une manifestation nationale contre le gouvernement en octobre, qui s’est révélée être un certain succès politique. Mais il est peu probable que ce comité puisse émerger comme une force motrice pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs dans la période à venir.

    Une autre tentative de créer une formation de gauche a été initiée par un groupe d’intellectuels de gauche regroupés autour du journal national Il Manifesto. L’initiative a organisé une conférence de fondation de l’ALBA (Alliance, Travail, Biens Communs, Environment) qui tente de remplir le vide politique à gauche.

    Le parti de la Refondation Communiste (RC) a essayé de construire son propre outil politique pour revenir au Parlement. Ils ont lancé la Fédération de la Gauche, une alliance électorale avec un autre parti communiste et deux forces plus modestes. Mais cette alliance était mort-née, et la RC essaie maintenant de construire une autre alliance politique sous le nom de ‘Le changement, c’est possible’, autour de Luigi De Magistris, ancien député européen et actuel maire de Naples. Malheureusement pour la RC, un tel développement va probablement pousser leur crédibilité un peu plus vers le bas. Ils avaient déjà perdu énormément lors de leur engagement dans les gouvernements néolibéraux sous la direction de Romano Prodi.

    Toutes ces tentatives ratées de lancer une nouvelle formation politique de gauche ont résulté en faillites complètes. Cela va peut-être ralentir le processus de construction d’un outil politique pour les travailleurs combatifs dans la prochaine période, mais cette question reste ouverte dans la société et ne peut pas être évitée. Les luttes industrielles et sociales seront la clé dans le développement d’une telle force.

    La crise systémique du capitalisme a fait exploser le paysage politique. Toutes les formations politiques majeures paient en fait le prix de leur participation à la défense des intérêts capitalistes ces vingt dernières années. Ces chamboulements politiques et l’austérité paralysent temporairement la majorité des travailleurs. Mais nul doute que notre classe se mettra en mouvement dans la prochaine période. Les travailleurs auront alors plus que jamais besoin d’un parti sérieux et combatif pour les aider à résister à l’austérité. Et nous serons présents, avec ControCorrente, pour stimuler la mise sur pied d’un tel outil, tout en avançant la nécessité de balayer ce système pour une société qui défende les intérêts de tous.

  • Protestations internationales contre la législation anti-avortement en Irlande

    Hier était une journée d’action internationale en faveur du droit à l’avortement et du droit des femmes à disposer de leur corps, droit fondamental toujours illégal en république irlandaise. Très récemment, une femme enceinte est décédée des complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué par les médecins. Des actions ont eu lieu du Parlment européen jusqu’à Hong-Kong.

    Parlement européen

    Une trentaine de députés européens issus de quatre groupes politiques différents et de bien splus de pays ont protesté face au parlement européen en faveur de la légalisation de l’avortement en Irlande.

    Après cette action, notre camarade le député européen irlandais Paul Murphy (élu du Socialist Party, le parti-frère du PSL en république irlandaise) a déclaré : ”Cette protestation face au parlement européen n’est qu’une parmi des dizaines d’autres tenues à travers le monde aujourd’hui. Les député européens présents ici ont ajouté leur voix, avec cette action et la lettre de protestation, aux dizaines de milliers d’Irlandais qui réclament une action immédiate pour introduire une législation concernant l’avortement en Irlande. Des protestations se tiennent ce soir aux ambassades irlandaises de New York, Seoul, Hong Kong, Londres, Bruxelles, etc., et une action aura lieu au Dail [le parlement irlandais, NDT] à 18h.”

    Depuis que la mort de Savita a été connue, des actions de protestation ont déjà eu lieu en Irlande, avec notamment une manifestation de 20.000 personnes à Dublin samedi dernier. Cela doit constituer le début d’une campagne large qui mobilisera dans les rues afin d’imposer au gouvernement de légiférer sur cette cette question en faveur du droit des femmes de disposer de leur corps.

    Paul Murphy

    Paul Murphy en compagnie de Jean-Luc Mélenchon

    Manifestation à Dublin samedi dernier

    Protestation à Hong-Kong, face à l’ambassade d’Irlande

    Suède

    Belfast

    New York

    Edinbourg

  • Action devant l'ambassade irlandaise à Bruxelles pour le droit à l'avortement

    Le droit à l’avortement sauve des vies. C’est ce qui ressort clairement du drame de la mort de Savita Halappanavar en Irlande. Dette jeune indienne aurait pu être sauvée si l’on avait pratiqué un avortement lorsqu’elle est arrivée à l’hôpital, gravement atteinte par des complications rencontrées lors de sa grossesse. De nombreuses actions de protestations ont eu lieu depuis, en Irlande et ailleurs. A Bruxelles, beaucoup de monde était présent lors de l’action. Parmi les orateurs figuraient notamment Anja Deschoemacker et Tanja Niemeier, collaboratrice de la fraction de la Gauche Unitaire Européenne au Parlement Européen. Des activistes iraniens de gauche étaient également présents, et leur camarade Azar a pris la parole.

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