Category: Europe

  • Non au terrorisme! Non au racisme! Non à la guerre!

    L’assassinat gratuit, barbare et vicieux d’un soldat désarmé à Woolwich avant-hier est un évènement terrible qui a du être profondément traumatisant pour les personnes qui y ont assisté et, bien sur, une effroyable tragédie pour la victime, sa famille et ses amis. Le voisinage a fait preuve d’une incroyable bravoure en intervenant pour tenter de secourir la victime.

    Déclaration du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles), section de Greenwich

    Le Socialist Party condamne totalement cette attaque, tout comme il a condamné les attentats de Londres et les évènements du 11 septembre à New-York ainsi que toutes les attaques similaires basées sur des massacres sans distinction. Ce dernier meurtre est apparu comme étant purement aléatoire, la victime n’ayant probablement été choisie que par le t-shirt ”Help for Heroes” qu’elle portait.

    Les responsables ont déclaré avoir agi au nom de l’Islam et en protestation contre les occupations en Irak et en Afghanistan. Cependant, la vaste majorité des musulmans a été elle aussi écœurée et horrifiée par cette attaque, tout autant que le reste de la population.

    Les occupations impérialistes brutales en Irak et en Afghanistan, qui ont conduit à la mort de plus d’une centaine de milliers de civils, ne sont pas de la responsabilité des soldats ordinaires, mais des gouvernements qui ont pris la décision d’envahir et ensuite d’occuper.

    Le Parti Travailliste a participé à l’invasion de l’Irak malgré l’opposition de la majorité de la population, avec notamment la plus grande manifestation de l’histoire britannique, à laquelle le Socialist Party avait participé.

    Le terrorisme

    Le terrorisme est une méthode de lutte complètement erronée et contre-productive. C’est le terrorisme de masse du 11 septembre 2001 qui a donné à George Bush l’occasion de se justifier pour envahir l’Afghanistan puis l’Irak.

    Un des responsables de l’attaque à Woolwich a appelé le peuple de Grande Bretagne à renverser le gouvernement. C’est ce dernier qui poursuit l’occupation de l’Afghanistan et qui applique de terribles mesures d’austérité sur les travailleurs britanniques. Cependant, cet assassinat brutal sera utilisé par le premier ministre David Cameron pour tenter de renforcer le soutien à son très impopulaire gouvernement faible et divisé.

    Dans le sillage de cet évènement, les voyous racistes de l’EDL (English Defense League) ont déjà tenté cyniquement d’utiliser ce meurtre pour attiser le racisme contre les musulmans. Deux attaques contre des mosquées ont déjà eu lieu dans la nuit du meurtre de Woolwich. Le Socialist Party est totalement opposé au fait de prendre les musulmans comme boucs émissaires à la suite de ce tragique assassinat.

    Pour combattre les méthodes erronées et dommageables de n’importe quelle section de la société, l’unique manière de faire est d’unir les travailleurs, de toutes origines, pour construire un mouvement contre le racisme, contre le terrorisme, mais aussi contre l’austérité incessante du capitalisme.

    Droits démocratiques

    Nous devons également résister à toutes les tentatives du gouvernement d’utiliser cet évènement comme excuse pour attaquer nos droits démocratiques. La législation anti-terroriste a été utilisée pour saper toutes les protestations contre l’austérité. De simples travailleurs se sont battus et ont péri pour ces droits par le passé.

    Ce n’est pas la première fois que les travailleurs de Greenwich ont du se dresser contre les tentatives de division. A deux minutes à pied sur la même route que le lieu de la dernière tragédie, l’IRA (Irish Republican Army) avait bombardé le pub Kings Arms en 1974. La communauté de Greenwich s’est alors opposée à ceux qui tentaient d’attiser le sentiment anti-irlandais de l’époque.

    En 1993, Stephen Lawrence fut assassiné à Eltham, à juste vingt minutes de là. Une campagne de masse contre le racisme fut mise sur pied par les membres du Socialist Party (alors appelé Militant) et d’autres. Cela a conduit à la fermeture des locaux de Welling de l’organisation d’extrême droite BNP (British Nationalist Party).

    Il est important aujourd’hui, plus que jamais, que les travailleurs de Woolwich et du pays dans son ensemble se souviennent de cette histoire de solidarité et de lutte.

    Nous devons nous dresser contre les tentatives de nous diviser dans le sillage de cet évènement tragique.

  • Le défi de la lutte contre Aube Dorée

    Le 2 mai dernier, le parti néo-fasciste grec Aube Doré a tenté de distribuer de la nourriture dans le parc Syntagma à Athènes, mais uniquement aux personnes présentant la preuve de leur nationalité grecque. Cette action nauséabonde a été stoppée par la police anti-émeute et le maire, mais comme cet article l’illustre, ce sont les militants marxistes et les autres activistes de gauche qui construisent quotidiennement l’opposition à l’extrême-droite. A côté d’actions caritatives racistes, Aube Dorée se caractérise par une extrême violence contre la gauche, les immigrés et les homosexuels.

    Photo ci contre : Marché alternatif organisé par des antifascistes 

    Lors des élections de juin 2012, le parti néo-fasciste Aube Doré a obtenu 7% des voix et est entré au Parlement grec pour la premières fois, avec 18 parlementaires. Aube Doré existe déjà depuis 1985 mais n’a réellement été actif qu’à partir de 1993. Depuis lors, ses principales activités consistent à organiser des manifestations ultra-nationalistes et à lancer des attaques physique contre les immigrés et leurs opposants politiques.

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    Soutenez les comités antifascistes grecs !

    La crise du capitalisme ne se limite pas à un seul pays, et le développement de la situation politique et sociale en Grèce est crucial pour le reste de la classe des travailleurs en Europe et au-delà. Utilisons notre arme la plus puissante – la solidarité – pour renforcer ce combat. Ce soutien doit être concret afin de permettre l’édition de tracts, d’affiches, les locations de salles,…

    Contribuez à ce combat antifasciste en effectuant une donation sur le compte n° 001-2282409-75 de notre campagne antifasciste Résistance Internationale avec pour mention : ‘‘Grèce’’.
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    Le chômage officiel est actuellement en Grèce de 26%. En réalité, cela tourne plutôt autour des 30-35% de la population active. Le taux de chômage officiel des jeunes est de 58% et celui des femmes de 30%. Le système de soins de santé est démantelé. La sous-alimentation, qui était inexistante il y a de cela trois ans, fait maintenant partie du paysage de la société grecque. Des enfants s’évanouissent dans les écoles parce qu’ils n’ont pas mangé depuis quelques jours ou pratiquement pas.

    Cette crise économique permet à Aube Doré de gagner du soutien. Ils utilisent des discours de haine contre les immigrés et le système politique, utilisant des slogans tels que ‘‘la Grèce pour les Grecs’’ et ‘‘Les étrangers, dehors.’’ Ils ont organisé des distributions de nourriture et de vêtement pour les personnes démunies mais destinées seulement aux Grecs. Les sondages politiques actuels montrent que 10% des électeurs comptent accorder leur voix à Aube Doré lors des prochaines élections nationales. Mais en même temps, un nombre significatif de personnes veut participer aux actions antifascistes.

    Depuis septembre 2012, Xekinima (la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et l’organisation-soeur du PSL) a lancé des campagnes antifascistes et participe également à d’autres dans les différentes communautés locales. Notre objectif est d’exposer les dangers des campagnes néo-fascistes. Nous ne voulons pas seulement organiser des actions antifascistes, mais également impliquer la population dans celles-ci à l’aide de meetings, de discussions publiques,…

    Divers évènements sont aussi organisés pour construire la solidarité, avec des repas collectifs gratuits ou peu couteux et des ‘‘marchés de rue sans intermédiaire’’, où les gens peuvent acheter des produits de base bon marchés, directement de leur producteur. Dans certains endroits, des familles reçoivent notre aide alimentaire gratuite régulièrement, puisqu’ils n’ont pas de revenu et ne peuvent subvenir eux-mêmes à leurs besoins.

    Cette aide concrète est directement à considérer dans le cadre d’une campagne destinée à combattre l’austérité et l’appauvrissement des masses. La solidarité et la coopération parmi la classe ouvrière est notre meilleure arme contre la dictature des marchés, et non pas par le développement de la haine et de la division parmi la classe ouvrière comme le préconise Aube Dorée.

    Mais ces actions sont insuffisantes pour vaincre la pauvreté et la croissance d’Aube Doré. C’est la crise du système capitaliste qui a plongé 4 millions de personnes dans la pauvreté et c’est le système capitaliste qui permet aux idées fascistes de paraitre séduisantes aux yeux de désespérés qui se trompent de colère.

    Pour nous, le combat antifasciste est lié au combat anticapitaliste orienté vers la construction d’une société socialiste démocratique, où la production économique serait orientée vers la satisfaction des besoins de tous et non pas vers l’avidité d’une infime élite de parasites capitalistes. C’est pourquoi nous défendons :

    • La lutte pour l’annulation de la dette et l’arrêt immédiat de son remboursement
    • La nationalisation du système bancaire
    • La suppression des dettes pour tous les ménages de travailleurs, les petites entreprises, les petites et moyennes exploitations agricoles, et pour tous ceux qui ont été frappés par la crise.
    • Une taxation lourde du capital, la fin du secret bancaire pour les gros dépositaires et une réduction massive des dépenses d’armement.
    • La nationalisation de tous les secteurs économiques stratégiques et de toutes les grosses entreprises.
    • Une démocratie réelle, avec un contrôle et une gestion des travailleurs, dans l’économie entière.
    • La création d’un plan de relance socialiste, dans l’intérêt des masses.
  • Contre l'austérité européenne, il nous faut riposter !

    L’avalanche d’austérité continue de déferler sur l’Europe. Même notre épargne n’est plus à l’abri. Les mesures qui ont menacé les comptes d’épargne à Chypre pourraient très bien être implantées ailleurs, comme l’a fait remarquer Jeroen Dijsselbloem, du Groupe Euro. Ceux qui ont pu mettre un peu d’argent de côté au cours de leur vie – et ils sont de moins en moins nombreux – peuvent voir leurs économies partir en fumée, contrairement à tous ces riches fraudeurs pour qui les îles Caïmans et autres paradis fiscaux constituent des forteresses pour mettre leurs profits à l’abri.

    par Clément (Bruxelles)

    C’est toujours aux mêmes de payer. Alors que Caterpillar, Ford, Duferco ou Mittal licencient à tour de bras, ces entreprises n’ont presque rien payé comme impôt, notamment grâce aux intérêts notionnels. Quant aux travailleurs, ils doivent en payer entre 30 et 45% suivant leurs revenus. Et bien que Di Rupo avoue à mi-voix que l’austérité n’est peut être pas ‘‘la meilleure solution finalement’’ cela n’empêche pas son secrétaire d’Etat Bogaert de couper dans les effectifs de la fonction publique, quitte à amoindrir encore plus les services rendus à la population.

    En fait l’actualité nous montre bien deux choses : l’absence de solutions des responsables politiques et les contradictions entre les actes et les paroles de ceux-ci. Pendant longtemps, on nous a vanté les mérites du modèle allemand. Mais une récente étude vient encore d’affirmer qu’ils sont parmi les travailleurs les plus pauvres d’Europe. De même, alors que les partis traditionnels ont appelé à ‘‘moraliser’’ le capitalisme, ce sont 27 des 30 premières fortunes du pays qui cacheraient entre 25 et 32 milliards d’euros dans des paradis fiscaux. Pendant ce temps là, les licenciements continuent : il y a eu 40 projets de licenciements collectifs entre janvier et mars 2013 (soit 4.673 travailleurs, sans compter ni les 2.600 de Caterpillar et de Mittal ni les sous-traitants qui vont en payer les frais).

    Alors que ces messieurs font dorer leurs pièces au soleil du paradis fiscal de Panama, au Portugal, on annonce la fin de la gratuité des écoles publiques. A Chypre, on avait envisagé de taxer 6,75% les comptes épargnes avant de se rétracter suite aux pressions populaires. Alors que l’austérité frappe les travailleurs de plein fouet dans la totalité des pays, ces responsables politiques qui voulaient ‘‘moraliser’’ le capitalisme, comme Jérôme Cahuzac, vont imiter leurs maitres financiers en allant mettre leur argent en suisse ! 7 autres ministres français ‘‘socialistes’’ sont millionnaires et le déclarent sans honte. Mais aux questions des travailleurs d’ArcelorMittal-Florange, ces responsables politiques disent qu’ils ne peuvent rien faire. Ils ont fait quelque chose cependant, ils ont envoyé la police charger et réprimer.

    Alors que les entreprises européennes cotées en Bourse refusent d’investir les 788 milliards d’euros qui dorment sur leurs comptes, les responsables politiques préfèrent aller chercher l’argent chez les travailleurs, ce qui continue d’enrichir cette minorité qui vit de la productivité des autres. Cela montre encore une fois quel camp ont choisi ces responsables politiques : celui du patronat. Pas étonnant alors de voir que la pilule du consensus -qu’ils nous ressortent à chaque fois qu’il y a des licenciements- s’avère être beaucoup plus dure à avaler pour les travailleurs que pour les patrons.

    Créer un rapport de force ou se laisser étouffer

    Ce que nous montre l’actualité c’est que le rapport de force actuel n’est pas favorable pour ceux à qui l’on fait payer la crise. Pire, il est tellement accaparé par la classe dominante que celle-ci continue à faire passer ses mesures en se justifiant à peine. Il est grand temps d’avoir une réponse efficace et unifiée. Les chypriotes ont réussi à éviter de se faire taxer leurs comptes épargne mais actuellement leur gouvernement négocie un nouveau prêt européen que la population devra rembourser. Cela montre la force que nous avons pour changer la donne mais cela montre aussi que les travailleurs belges, chypriotes, grecs ne peuvent infléchir durablement la volonté de la classe dominante s’ils sont isolés. Il faut donc que nous créions un rapport de force à l’échelle européenne, à plus forte raison quand nos politiciens nous disent qu’ils ont les mains liées par l’UE. Pour créer ce rapport de force, une grève générale de 24h à l’échelle européenne pourrait être un premier pas qui n’augurerait rien de bon pour la classe dominante.

  • A Chypre, la Troïka veut étrangler la population pour éponger les pertes du capitalisme-casino

    En cette période de l’année, à Chypre, il fait chaud, avec une brise rafraichissante soufflant sur l’île. Ce plaisant décor n’est pas d’application au niveau économique, car là, c’est la crise. En mars dernier, le gouvernement chypriote dirigé par le président Nicos Anastasiades a accepté un plan de sauvetage de 10 milliards d’euros de la part de la Troika (le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne et l’Union Européenne). En échange, Chypre est obligé de trouver 5,8 milliards d’euros.

    Par Niall Mulholland, de retour de Chypre

    L’accord prévoit que les dépôts bancaires de plus de 100.000 euros pourraient être soumis à des prélèvements importants, ce qui touche beaucoup de petites entreprises. La deuxième plus grande banque du pays, Laiki Bank, a été fermée et ses dettes (d’une valeur de 9 milliards d’euros) reprises par la Banque de Chypre. Après une fermeture de deux semaines, les banques ont réouvert le 28 mars, mais avec des contrôles stricts sur la somme quotidienne que peuvent retirer les gens.

    Comme si cela ne suffisait pas, il fut annoncé aux Chypriotes grecs déjà stupéfaits que le plan de sauvetage était passé de 17 milliards à 23 milliards d’euros. Chypre doit maintenant trouver 6 milliards d’euros de plus que les 7 milliards prévus lors de l’accord préliminaire conclu le 25 mars!

    Le gouvernement de droite du président Anastasiades avait déjà décidé d’imposer des mesures drastiques d’austérité, la fermeture de banques, des impôts fonciers, la privatisation des trois plus grosses entreprises semi-étatiques les plus rentables (l’électricité, les télécommunications et les ports) et des pertes d’emplois dans beaucoup de secteurs. Il envisage même de vendre une partie de l’approvisionnement en or de la Banque centrale, d’une valeur de 400 millions d’euros.

    Le scandale politique pèse sur le gouvernement. Anastasiades a été obligé de nier avec vigueur le fait de savoir qu’un projet de loi était en préparation en vue de la très impopulaire mesure sur les dépôts bancaires avant la réunion du Groupe Européen en mars. La colère populaire est attisée par le fait que des fuites en interne ont permis aux riches de retirer des millions de leurs dépôts bancaires avant le 15 mars.

    Officiellement, l’économie chypriote devrait chuter de 8,7% cette année et de 3,9% en 2014. Mais beaucoup d’économistes pensent que cette chute tournera plutôt autour de 10% en 2013, et prévoient une chute libre d’entre 15 et 25% pour la fin de l’année prochaine.

    Le gouvernement tente de contrer l’opposition populaire à l’austérité en déclarant que les mesures ne seront pas aussi rudes que prévues parce que certaines privatisations seront repoussées à 2018, qu’il y aura moins de coupes budgétaires dans l’éducation et que le remboursement des prêts de renflouement ne commenceront qu’après 10 ans et s’étendront sur 12 ans (au total, Chypre sera sous le contrôle effectif de la Troïka pour les 22 prochaines années).

    Pour la classe ouvrière et la classe moyenne, cela équivaut à des années d’austérité, de pertes d’emploi et d’émigration. Le chômage est déjà chiffré à 14%. Des “marchés sociaux” (version moderne des soupes populaires) fleurissent un peu partout. Les travailleurs s’attendent aussi à ce que, comme en Grèce, la Troïka s’installe tous les mois à Nicosie, la capitale, en demandant de nouvelles coupes en échange de nouvelles conditions de renflouement. Les journaux sont remplis de désespoir. Il est communément ressenti que la crise est la pire depuis l’invasion armée turque de 1974.

    Les syndicats et la gauche doivent s’assurer de mener des luttes de masse contre l’austérité, sinon le danger est que les forces nationalistes et même l’extrême droite ne puissent saisir cette opportunité. Ce combat ne doit pas faire l’économie d’un approfondissement des relations avec les travailleurs du nord de l’île (la partie turque) qui ont souffert de leurs propres coupes d’austérité depuis des années. De manière plus large, il est crucial d’unir les travailleurs des autres pays de l’Europe du sud dans une lutte commune, car tous sont frappés par la politique d’austérité de la Troïka.

    Jusqu’ici, à part l’organisation de manifestations durant la crise de mars, les syndicats n’ont pas donné de réelle direction. Les syndicats de droite sont en discussion avec le gouvernement à propos de la gestion de la crise. Les syndicats de gauche, lié à l’AKEL (Le Parti Communiste Grec Chypriote) s’opposent aux coupes budgétaires dans leurs discours, mais ils ne mobilisent concrètement pour aucune action.

    Les membres de la Nouvelle Gauche Internationale (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Chypre et organisation soeur du PSL) participent à une large campagne contre l’austérité principalement initiée par les forces affiliées à l’AKEL, le “Mouvement contre la privatisation et l’austérité”, mais critiquent le manque de combativité du programme.

    La crise économique est profonde et ne fera qu’empirer. Une alternative radicale doit, par conséquent, être posée. Si les syndicats et la gauche échouent à résister de manière effective, d’autres campagnes, populistes, nationalistes, “anti-austérité” pourront progresser.

    Contrairement à la Grèce qui a, dans les faits, souffert de 28 années d’austérité, beaucoup de chypriotes n’étaient pas préparés à l’atterrissage brutal après des années de croissance économique. Mais la lutte de classe qui se profile radicalisera de plus en plus les Chypriotes dans les mois et les années à venir.

    Dans l’anticipation des luttes à venir, la Nouvelle Gauche Internationale défend une alternative socialiste contre la société capitaliste, au travers de revendications telles que le refus de payer la dette, la nationalisation des banques sous contrôle public et gestion démocratique, le refus des privatisations, la rupture avec les patrons européens et la propriété publique des principales industries et services, afin de permettre à l’économie d’être démocratiquement planifiée. De cette manière, il serait possible de répondre aux besoins de la majorité et non pas seulement aux profits des banquiers et de la minorité de spéculateurs.

    Une nouvelle gauche puissante doit être construite à Chypre, avec pour but de constituer un gouvernement basé sur les besoins des travailleurs. La situation à laquelle fait face la société chypriote est désespérante. Seul un audacieux programme socialiste et internationaliste peut résoudre la crise dans l’intérêt de la majorité.

  • Europe : chasser le chômage, pas les chômeurs !

    Des chiffres de chômage dramatiques

    Avec plus de 26 millions de personnes sans emploi, le taux de chômage dans l’Union Européenne s’est élevé à 10,9% en février 2013 (1). En une année d’austérité, près de 2 millions de personnes ont été grossir les rangs d’un marché de l’emploi déjà saturé.

    Par Loïc (Liège)

    La logique capitaliste nous pousse à croire que l’austérité est la seule issue à la crise, mais c’est tout le contraire qui s’est produit et même les plus pessimistes ont dû réévaluer leurs prévisions. Les effets de la crise systémique du capitalisme poussent nombre d’entreprises à fermer volets. En Belgique, pas moins de 30 entreprises par jour se sont écroulées en 2012, portant le nombre de faillites à 10.587. Avec de telles statistiques, il serait grand temps de changer d’optique…

    Dans ce schéma, nous sommes déjà plongés dans un cercle vicieux qui ne pourra que continuer à porter des effets négatifs sur nos conditions de vies. Licenciements de masses, coupes budgétaires, réformes sociales, sauvetages de banques,… voici les seules solutions proposées par nos dirigeants. C’est n’est qu’en sacrifiant nos acquis qu’ils peuvent conserver les leurs.

    Avec un nombre de chômeurs en expansion constante, il est clair que les grands capitaux pourront profiter d’une réserve de main-d’œuvre qui est de plus en plus poussée au travail précaire et à la concurrence. C’est ce que Marx appelait ‘’l’armée de réserve du Capital’’.

    Nos dirigeants se disent garants des générations futures, en voulant, disent-ils, se sacrifier afin de sauvegarder les possibilités d’émancipation de notre génération. C’est évidement tout le contraire qui se produit, ils sont d’ores et déjà à l’œuvre afin de détruire tous les acquis que nous ont transmis nos grands-parents. Sécurité sociale, sécurité de l’emploi, accès à l’éducation, accès aux logements,… toutes ces choses nous sont progressivement retirées. Partout en Europe, les jeunes perdent tout espoir d’une qualité de vie meilleure, ou du moins égale, à celle de leurs parents. Les pays les plus touchés sont l’Espagne et la Grèce avec respectivement 55,7% et 58,4% de chômage parmi les moins de 25 ans !

    Cela a de nombreux effets directs sur cette catégorie de la population. C’est ainsi que depuis 2008, le taux de suicide a explosé en Europe, le suicide restant la première cause de mortalité chez les jeunes. Autre répercussion alarmante, l’augmentation d’infections par le VIH, qui est notamment due aux coupes budgétaires dans les programmes d’échange de seringues pour les drogués et la distribution de préservatifs. (2) Quand on sait que plus d’1,35 millions d’Européens connaissent des problèmes liés à la consommation de drogues, principalement l’héroïne, on ne peut que s’alarmer sur les prochains taux de mortalité. (3)

    Cette crise a également des répercussions sur le nombre de migrants parmi les jeunes à la recherche d’un avenir meilleur. Les montées du nationalisme, du racisme, de la concurrence entre travailleurs en Europe ne seront qu’accrues avec de telles solutions.

    Bref, voici comment nos dirigeants comptent préserver nos possibilités d’émancipations. Mais ce n’est pas comme cela que nous pourrons espérer de meilleures vies. Mais bien en acceptant la confrontation avec la classe dominante afin de remédier à tous les effets néfastes de cette crise et ses mesures d’austérité.

    Ce qu’il nous faut, c’est accepter la nécessité d’imposer une alternative à ce système qui ne peut trouver de solutions. Et cette alternative s’appelle le socialisme, le véritable, non celui de la sociale-démocratie qui, depuis longtemps, est complice de la droite. Ce qu’il nous faut, c’est s’allier à la classe des travailleurs qui est la seule classe opposée depuis toujours à la classe dominante. Ce qu’il nous faut, c’est prendre le contrôle des moyens de production afin de pouvoir satisfaire les besoins de la population et non les envies de la classe exploiteuse.


    (1) Eurostat

    (2) Selon Elias Kondilis, chercheur à l’université Aristote

    (3) Observatoire européen des drogues et des toxicomanies.

  • Soutenez les comités antifascistes grecs !

    Récemment, 34 travailleurs agricoles immigrés ont été blessés par balle en Grèce, pour avoir simplement réclamé leurs salaires impayés depuis 6 mois. Cette agression infâme est une expression du climat de racisme largement entretenu par l’activité du parti fasciste grec Aube Dorée. Ses membres publient fièrement des images d’attaques paramilitaires contre des immigrés, commettent nombre d’agressions racistes – jusqu’à l’assassinat de temps à autre – tandis que les homosexuels et les militants de gauche sont eux aussi attaqués, en toute impunité.

    La catastrophe humanitaire qui prend place en Grèce est orchestrée par le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne et la Commission Européenne (qui constituent ensemble la ”Troïka”). L’austérité et les privatisations se poursuivent imperturbablement et l’ensemble de la classe des travailleurs est profondément frappé. 250.000 personnes dépendent quotidiennement de colis alimentaires. 27% de la population sont au chômage, dont près de 60% des jeunes. Le taux de suicides explose. Bien des cancéreux ne reçoivent plus leurs médicaments. Des enfants s’évanouissent à l’école des suites de leur sous-alimentation. Voilà le désespoir sur lequel le fascisme veut prendre son envol.

    La résistance contre la croissance des forces fascistes en Grèce est directement liée à la lutte contre les causes profondes de son essors : l’austérité. Dans ce combat, les travailleurs et les pauvres ne peuvent compter que sur leurs propres forces. Aujourd’hui, des dizaines de comités antifascistes existent déjà en Grèce. En dépit de leurs ressources extrêmement limitées, ils tentent d’organiser l’auto-défense contre la violence fasciste, de mettre en place divers projets sociaux destinés à atténuer les difficultés sociales extrêmes, d’organiser une lutte commune des travailleurs et de leurs familles (Grecs ou immigrés) contre la politique de casse sociale de la Troïka. Xekinima – l’organisation-sœur du Parti Socialiste de Lutte (PSL), des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et de leur campagne ”Résistance Internationale” – a mis tout son poids dans la construction de ces comités antifascistes.

    La crise du capitalisme ne se limite pas à un seul pays, et le développement de la situation politique et sociale en Grèce est crucial pour le reste de la classe des travailleurs en Europe et au-delà. Utilisons notre arme la plus puissante – la solidarité – pour renforcer ce combat. Ce soutien doit être concret afin de permettre l’édition de tracts, d’affiches, les locations de salles,…

    Contribuez à ce combat antifasciste en effectuant une donation sur le compte n° 001-2282409-75 de notre campagne antifasciste Résistance Internationale avec pour mention : ‘‘Grèce’’.

  • Property tax : Une attaque de plus envers les travailleurs irlandais

    Partout dans les médias traditionnels internationaux, la convalescence de l’économie irlandaise est mise en exergue. L’Irlande, après un ‘passage à vide’ (de 5 ans, faut-il le préciser ?!) se porterait mieux. Le 13 mars encore, Le Monde titrait son article ‘L’Irlande réussit son retour sur les marchés’ expliquant que le pays était un véritable modèle de redressement économique pour ses voisins européens. En se référant à la presse, on en viendrait presque à lancer un ‘fair play’ à Enda Kenny, Premier ministre d’un gouvernement formé de Fine Gael (centre-droite) et du parti travailliste.

    Par Stéphanie (Bruxelles)

    Pourtant, dans les faits, on observe que, face à ces fractions de croissance, les salaires, les conditions de travail et le niveau de vie sont en baisse constante. Selon une analyse du Credit Union irlandais, près 1,4 millions d’Irlandais seraient en train de survivre avec moins de 50 euros après le payement de leurs factures. Pire encore, 600.000 d’entre eux n’auraient plus rien après avoir payé leurs factures mensuelles. Et c’est en tenant compte de ces faits que le budget de décembre 2012 a pris place, projetant ainsi de soutirer 1000 euros de plus par famille et ce à l’aide d’attaques régressives comme les coupes dans les allocations familiale ou la récente taxe sur la propriété.

    C’est dans ce contexte qu’a pris place la manifestation de samedi dernier. Rassemblant près de 10.000 personnes à Dublin, cette marche contre l’austérité et la taxe sur la propriété coïncidait avec une réunion des ministres européens des finances pour discuter des futurs plans d’austérité à imposer à travers l’UE.

    Contrairement à la manifestation précédente appelée par le Congrès irlandais des syndicats (ICTU) en février, on a pu ressentir toute la colère et la combativité des Irlandais. En effet, deux mois plus tôt, on avait pu observer un manque flagrant d’alternatives proposées par l’ICTU qui n’avait donné aux gens aucune perspective d’action future après la protestation.

    La manifestation de samedi était différente dans le sens où elle était appelée par la campagne contre les taxes sur la maison et l’eau (CAHWT) combattant l’austérité depuis 2 ans et dans laquelle nos camarades du Socialist Party (SP, parti-frère du PSL en Irlande) jouent un rôle prépondérant. C’est d’ailleurs cette campagne qui a permis le boycott massif de la taxe sur les ménages de la part de 50% de petits propriétaires.

    A travers toute la manifestation, on a pu observer à quel point le gouvernement et en particulier le parti travailliste n’inspirait que le dégoût parmi la population. Slogans, pancartes, bannières, déguisements et cartes rouges ont démontré au Labour que les récents sondages où on voit le parti dégringoler à 7% nationalement étaient plus qu’avérés. (1)

    Ce sont nos camarades du SP qui ont principalement mis en avant le fait que la campagne devait mettre l’accent sur la pression nécessaire à imposer au Labour. Le SP a également mobilisé les gens à manifester de manière massive en organisant à travers tout le pays différents meetings, campagnes d’affichage (posters et autocollants) et ‘road-show’ (mégaphone sur le toit d’une voiture).

    Si jusqu’ici, le gouvernement s’est permis d’imposer les politiques d’austérité vicieuses concoctées par la Troïka, on a observé samedi que les Irlandais n’étaient plus d’humeur à jouer aux sages petits moutons. Et les directions syndicales n’ont qu’à bien se tenir.

    En effet, l’absence de ces dernières, sur le champ de bataille n’a fait qu’alimenter la colère des travailleurs.

    Autant dire que la campagne détient là une excellente opportunité pour mettre la pression sur le parti travailliste. Nos camarades appellent non seulement les gens à ne pas payer la taxe (29% des petits propriétaires disent qu’ils ne payeront pas la taxe) mais également à mettre une pression telle sur le parti travailliste qu’il se voit obliger de revoir ce véritable vol qui implique une déduction directe à la source (sur le salaire ou les allocations) en cas de non-paiement. Dans certains endroits, la campagne a ainsi pris une telle ampleur que ses militants font du porte-à-porte demandant ainsi aux gens de signer une pétition affirmant qu’ils ne voteront plus pour Labour.

    Le Socialist Party indique aussi qu’il est nécessaire que la campagne prenne les devants en présentant de futurs candidats anti-austérité lors des prochaines élections locales en juillet 2014.

    Les Irlandais sont clairement prêts à riposter contre l’austérité. ça a encore été prouvé ces deux derniers jours par les votes ‘anti-Croke Park II’ par les militants syndicaux. Une grande partie des différentes délégations syndicales irlandaises est entrain de voter ‘Non’ à 300 millions d’€ de coupes budgétaires dans le secteur public (principalement éducation et soin de santé) qui étaient censés ‘relancer l’économie’ et une fois de plus faire payer aux travailleurs irlandais la crise capitaliste. Mais ces derniers n’en peuvent plus et ont besoin de pallier au manque d’alternatives auquel ils font face.

    C’est face à cela que la campagne contre les taxes sur la maison et l’eau doit aller plus loin et s’imposer en réelle force politique représentant les travailleurs et leur famille et mettant ainsi en avant la nécessité d’une société égalitaire, une société socialiste.


    (1) Chiffres officiels, Sunday independant, qui n’équivaudrait plus qu’à 4% si on retire les gens votant pour le Labour sans aucune confiance. Dans certains endroits du pays où le parti obtenait 21% des votes, les sondages indiquent carrément une chute à 4,5% !


  • Résistance internationale contre l'Europe des banques et des multinationales !

    Pour une riposte anticapitaliste et socialiste contre l’austérité !

    La population chypriote est la plus récente victime de la crise brutale du projet capitaliste européen. La crise de l’Union Européenne est loin d’être terminée, contrairement à ce que certains avaient prétendu. Toute la zone euro est en récession économique. Pas moins de 120 millions d’Européens sont menacés de pauvreté. Un million de personnes sont venues rejoindre les rangs des chômeurs au cours de l’an dernier uniquement, portant le chiffre officiel à plus de 26 millions de travailleurs sans-emploi. Mais il y en a encore des millions d’autres dans les faits. Tout indique qu’un nouveau dramatique épisode de la crise est en cours.

    Par Bart Vandersteene

    Ce n’est nullement un hasard si les pays d’Europe du Sud sont les plus fortes victimes de cette crise. Le projet néolibéral européen a accru la concurrence entre les divers États-membres. Afin d’attirer les investissements, les pays d’Europe du Sud ont réduit l’impôt sur les sociétés et créé des paradis fiscaux. Les banques chypriotes étaient de véritables casinos, notamment pour les milliardaires russes. Le secteur bancaire chypriote a récemment été estimé représenter une valeur annuelle égale à huit fois le produit intérieur brut du pays, soit huit fois la totalité des richesses produites en un an ! La faillite d’une de ces banques peut infecter l’ensemble du secteur financier de l’Union Européenne.

    La logique de la politique dominante est un refrain désormais bien connu : c’est aux travailleurs chypriotes de saigner alors qu’ils ne sont pas responsables de la crise, à eux de supporter les pertes du casino de la spéculation. Mais sous la pression formidable du mécontentement et de l’opposition populaires, la mesure qui prévoyait de s’en prendre aux livrets d’épargne a été balayée. Les solutions de rechange du gouvernement chypriote reviennent toutefois aux mêmes conséquences à grands coups de privatisations, de vente des réserves de gaz, des taxes supplémentaires,…

    La situation sociale est très tendue dans tout le sud du continent. L’establishment politique a vu son autorité compromise par l’application de la politique d’austérité. Le 2 mars, 1,5 million de Portugais ont manifesté. En Italie, les partis établis ont reçu une claque monumentale de la part du comédien Beppe Grillo, qui a reçu un quart des voix à partir de rien. Ce n’est qu’une question de temps avant que de nouveaux dominos économiques ou politiques ne tombent dans la région.

    Les travailleurs et leurs familles à Chypre, en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande, en Italie,… n’ont qu’une seule option pour protéger leur niveau de vie des attaques vicieuses des autorités européennes et nationales: la lutte pour la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion publics démocratiques. Tous les fonds spéculatifs et les profits monumentaux du passé doivent revenir à la collectivité. Aujourd’hui, ce sont les dettes de jeu des requins de la finance qui reviennent à la population, mais ce ne sont pas nos dettes. Le non-paiement des dettes publiques et la mise sous statut public du secteur financier et des autres secteurs-clés de l’économie peuvent poser les bases d’un programme d’investissements publics pour répondre aux besoins sociaux actuellement en souffrance tout en créant une masse d’emplois socialement utiles.

    Chaque dégradation du niveau de vie au sud de l’Europe sera utilisée comme argument pour s’en prendre à notre épargne, à nos salaires et à nos acquis sociaux. De la même manière, chaque victoire de nos camarades du sud renforcera la lutte chez nous. Nous sommes solidaires des luttes de la classe des travailleurs, de la jeunesse, des chômeurs et des pensionnés qui, dans toute l’Europe, s’opposent à l’offensive antisociale qui assombrit notre avenir !

  • La crise européenne est loin d’être terminée

    Il nous faut une grève générale à l’échelle européenne !

    Le délai supplémentaire accordé à la Grèce pour rembourser sa dette a temporairement retardé un défaut de paiement. En décembre, François Hollande déclarait à Oslo : “la crise de la zone euro est derrière nous”. Mais, à chaque fois, l’euphorie n’est que momentanée, l’establishment est systématiquement rattrapé par la réalité de cette crise profonde pour laquelle il n’a aucune solution.

    Par Boris Malarme, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Chypre sous perfusion

    Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, c’est au tour de Chypre (avec son secteur financier fortement exposé à la dette grecque) d’être également mis sous perfusion et tutelle de la troïka (le FMI, la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne). Le parti Communiste (AKEL, qui était le premier parti politique depuis 2001) a été sanctionné pour sa politique d’austérité aux élections de février (26,9%) au profit de la droite (45,5%). Mais le candidat conservateur Nicos Anastasiades a fait part de sa volonté d’accélérer le rythme de l’austérité. Cependant, même une victoire surprise de l’AKEL au second tour sur base d’un soutien au ‘‘moindre mal’’ ne changerait pas fondamentalement la donne pour les travailleurs chypriotes [depuis lors, le second tour a eu lieu et les conservateur l’ont emporté, NDLR]. Tous les partis acceptent le chantage de la Troïka et les attaques contre les salaires et les pensions, les privatisations et les hausses d’impôts. Le plan de sauvetage d’au moins 17 milliards d’euros ne représente que 0,2% du PIB de l’Europe, mais cela équivaut au PIB de l’île chypriote !

    L’Europe craint l’instabilité en Italie

    A côté de cela, l’Italie (troisième économie de la zone euro) est un autre morceau sur lequel l’establishment peut se casser les dents. Cette crainte a été illustrée par les propos du président du Parlement européen, Martin Schulz, qui mettait en garde contre un retour de Berlusconi aux affaires. Ce dernier a connu une remontée dans les sondages qui l’a placé directement derrière Bersani, le candidat du Parti Démocrate (au moment d’écrire cet article, les résultats des élections n’étaient pas encore connus). Pour l’establishment européen, Berlusconi est un franc-tireur incontrôlable qui pourrait à nouveau saboter la confiance retrouvée des marchés suite à l’action du gouvernement non-élu de Mario Monti.

    De plus, le mouvement “5 étoiles” de l’humoriste Beppe Grillo serait destiné à devenir la troisième force politique du pays, brouillant ainsi les cartes. Sa campagne populiste autour du slogan “renvoyez les tous [les politiciens] à la maison” a largement recueilli le suffrage du mécontentement, faute d’une alternative sérieuse et crédible issue du mouvement des travailleurs. La campagne de la liste “Révolution citoyenne”, une alliance formée autour du PRC (Partito della Rifondazione Comunista) avec des éléments fortement à sa droite, est embourbée dans le discrédit et l’électoralisme. Ce n’est qu’une mauvaise copie de la campagne du Front de Gauche en France. Beppe Grillo, qui déclare que son mouvement n’est “ni de gauche ni de droite”, défend des propositions radicales lors de véritables one-man-show qui remplissent les places italiennes : nationalisation des banques, revenu minimum de 1000€, semaine de travail de 20h,… Mais d’autres mesures proposées sont à l’opposé : augmentation du nombre de privatisations, suppression des syndicats,…

    La classe capitaliste, avec le soutien de l’Eglise et des élites européennes, voulait disposer d’un gouvernement stable pour appliquer son programme, autour d’une coalition du PD de Bersani et de la liste de Monti. Cet essai est voué à l’échec car ces forces sont considérées comme les responsables de la politique de casse sociale. La remontée du spread italien (c.-à-d. l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et l’Italie pour emprunter sur les marchés financiers) illustre la crainte des marchés d’un possible blocage institutionnel. Mais quels que puissent être les résultats, le gouvernement sera ‘au mieux’ une équipe Bersani-Monti très faible qui devra alors affronter le mouvement des travailleurs.

    Vers des explosions sociales

    Toutes les contradictions s’accentuent. La spéculation atteint des sommets et produit de nouvelles bulles. Les plans d’austérité gonflent les dettes publiques et plongent le continent dans la récession. Les annonces de fermetures d’usines et de plans de restructuration massifs s’enchaînent. Il y a désormais 19 millions de sans-emploi dans la zone euro, soit 2 millions de plus qu’il y a un an. Le taux de chômage atteint 11,8%. La crise économique, sociale et politique s’amplifie.

    C’est dans ce contexte que le Ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, a récemment donné des instructions aux services de renseignement de la police pour suivre “au plus près” les conflits sociaux afin d’anticiper une “radicalisation”. Dans la presse, il s’est inquiété du fait que l’on assiste aujourd’hui “moins à des mouvements sociaux, qu’à des implosions ou explosions sociales”, le lendemain de la brutale répression des travailleurs d’ArcelorMittal à Strasbourg, tout en assurant que la police ‘‘ferait son travail’’. Manuel Valls exprime simplement par là sa bonne compréhension du caractère de la période dans laquelle nous nous trouvons, et clarifie le camp qu’il a choisi. En Grèce, rien que cette année, le gouvernement a déjà recouru par deux fois à la loi martiale pour réprimer des grèves de travailleurs.

    Le récent mouvement de masse qui a ébranlé la Bulgarie illustre le climat semi-insurrectionnel qui se développe dans l’opposition à l’austérité appliquée à l’échelle du continent. Après 10 jours de manifestations massives dans 35 villes du pays, le gouvernement de Boiko Borisov est tombé. Les factures d’énergie avaient plus que doublé en 2012 pour atteindre parfois les 100€ dans un pays où le salaire moyen est de 350€, le salaire minimum de 150€ et la pension moyenne de 75€ ! L’étroite collusion existant entre le gouvernement et les trois entreprises qui détiennent le marché de l’énergie a été dénoncé. Dans un contexte de succession de mesures d’austérité, l’augmentation des prix de l’énergie a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les promesses de diminutions des factures (de 8%) et le retrait de la licence de la compagnie tchèque CEZ d’une part, et la répression brutale d’autre part, ont soufflé sur les braises du mouvement qui a su faire chuter le gouvernement.

    Le Sud de l’Europe, maillon faible

    Les pays du Sud de l’Europe sont les plus exposés. Le chômage atteint les 26% en Grèce et en Espagne et respectivement 60% et 56,5% pour les jeunes de moins de 25 ans. Ce sont des niveaux dignes de la grande dépression des années ‘30. 2013 sera la sixième année de récession en Grèce, la troisième au Portugal et la cinquième en Espagne. La Grèce vient de connaitre sa 20e grève générale. De nouvelles manifestations sont encore prévues le 2 mars au Portugal.

    En Espagne, le gouvernement de droite de Rajoy est affaiblit par les scandales de corruption et est retombé à 23,9% dans les sondages, devançant à peine le PSOE (23,5%). Pendant 20 ans, des enveloppes d’argent provenant d’entreprises privées ont été distribuées au sein du PP. Rajoy lui-même aurait touché 25.200€ par an de cette manière. Cela illustre les liens étroits qui existent entres les politiciens et les patrons sous le capitalisme. Le 23 février, des centaines de milliers d’Espagnols ont manifesté contre “le coup d’Etat financier”, le jour anniversaire de la tentative de coup d’Etat de 1981. Les protestations contre l’austérité s’amplifient. Des manifestations de masse contre les expulsions des maisons (350.000 depuis 4 ans) et de la part des travailleurs du service public national de santé contre sa privatisation avaient encore pris place une semaine plus tôt. Le mécontentement et la volonté de lutter sont présents à la base de la société, mais les directions syndicales sont incapables de riposter à hauteur de ce qu’exige la situation.

    Vers une grève générale européenne ?

    Après le succès de la plus grande journée d’action coordonnée en Europe contre l’austérité, le 14 novembre dernier, les syndicats devraient élaborer un véritable plan d’action allant crescendo. Une grève générale coordonnée des pays du Sud de l’Europe et d’autres pays (comme la Belgique, la France, l’Angleterre, etc.) avec des manifestations de masse partout en Europe à l’occasion du sommet européen de la mi-mars constituerait une bonne prochaine étape pour transformer la colère en un rapport de force favorable aux masses. Cette journée de grève générale devrait être bien préparée et élaborée sur chaque lieu de travail.

    Quelle alternative politique ?

    Une autre faiblesse provient de l’absence de forces de gauche ou de leur timidité programmatique. Le drame que vivent les masses face à l’actuelle véritable guerre de classe exige des solutions radicales. Aucune demi-mesure n’est apte à réponde aux enjeux de la situation présente. Le non-paiement des dettes, la nationalisation sous contrôle des travailleurs du secteur financier et des autres secteurs vitaux de l’économie, de même que des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs, permettraient de réaliser un plan massif d’investissements publics pour sauver les emplois, en créer d’autres et rompre avec cette Europe du Capital pour la remplacer par une confédération socialiste européenne sur base volontaire.

  • Portugal. Nouvelle explosion sociale contre l’austérité et le gouvernement : Que la Troïka dégage !

    Ce 2 mars, environ 1,5 million de personnes ont manifesté dans les rues du Portugal. Même les medias ont dû parler de la mobilisation probablement la plus importante de l’histoire du pays. Ainsi, 800.000 personnes ont protesté à Lisbonne, 400.000 à Porto, et des dizaines de milliers d’autres encore dans plus d’une trentaine de villes portugaises, sous le slogan “Que la Troïka dégage, le peuple est le meilleur dirigeant”. Ces manifestations ont donné une claire illustration de la colère bouillonnante qui fermente dans la société portugaise en conséquence de la spirale mortelle que constitue la politique d’austérité brutale des marionnettes de la Troïka, le gouvernement de centre-droit dirigé par Passos Coelho (PSD, parti conservateur).

    socialistworld.net

    Un puissant message a été envoyé à la troïka – l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international – alors que ses représentants visitaient Lisbonne pour la septième fois afin d’y superviser les brutales coupes budgétaires imposées au pays. Devant le ministère des finances, des centaines de milliers de personnes ont protesté contre la troïka tout en exigeant également la chute du gouvernement. Un manifestant cité par Euronews.com a déclaré : "Je veux juste dire à Passos Coelho que j’ai le droit de crier et de montrer à tous à quel point je suis révolté contre son incompétence, sa médiocrité et sa malhonnêteté – contre tout.’’ Un autre a ajouté : ‘‘Si le gouvernement prête attention à ce qui se passe et comprend que les gens sont contre eux, ils doivent partir. Sinon, cela ne s’arrêtera pas."

    Le quotidien Publico a cité un manifestant à propos de Passos Coelho (le nom du premier ministre, mais aussi le terme portugais pour ‘‘lapin’’): ‘‘Je préfère avoir du cheval dans mes hamburgers que des lapins [Coelhos] au gouvernement."

    Ces manifestations, qui ont réuni travailleurs, pauvres et soldats dans chaque ville du pays, ont démontré que les Portugais sont prêts au combat et déterminés à pousser ce gouvernement et ses politiques hors de la scène de l’histoire.

    Traduire la colère en stratégie vers la victoire

    La tâche qui fait actuellement face au mouvement, afin de conduire cette massive volonté populaire pour un changement vers la victoire, est de se construire à l’aide d’une stratégie conséquente et combative pour faire tomber la coalition au pouvoir, armée des idées nécessaires et du programme nécessaire pour faire sortir les masses de la misère de la crise capitaliste.

    Une grève générale de 24 heures est nécessaire en tant qu’étape immédiate de la lutte pour faire chuter ce gouvernement.

    En septembre dernier, la même plate-forme avait réuni des centaines de milliers de personnes dans les rues. Le gouvernement avait été plongé dans le désarroi et avait même été forcé de revenir sur plusieurs importantes mesures d’austérité qui avaient été annoncées. Cet élan n’a toutefois malheureusement pas été saisi pour mettre en avant un calendrier d’action allant crescendo pour pousser le gouvernement vers la sortie. Cette erreur ne doit pas être répétée.

    Armenio Carlos, le secrétaire général de la CGTP (la principale fédération syndicale) a déclaré dans son discours du 2 mars : "Aujourd’hui, il est clair que ce gouvernement n’a aucune légitimité politique, n’a aucune légitimité morale, n’a aucune légitimité éthique pour continuer à gouverner, parce que toute visite, par n’importe quel ministre, est suivie par des protestations et la revendication de la démission du gouvernement. Le gouvernement est devenu le problème qui empêche la solution’’ (Euronews.com). Cependant, Carlos ne donne actuellement aucune direction à la lutte.

    L’organisation de ceux qui ont fait l’histoire ce 2 mars 2013 au sein de comités d’action démocratiques sur les lieux de travail dans les communautés, une campagne immédiate pour forcer les dirigeants de la CGTP (la principale fédération syndicale) à organiser une grève générale visant à renverser le gouvernement, l’occupation de bâtiments stratégiques et des principaux lieux de travail, etc., ne sont plus des rêves utopiques, mais des tâches urgentes. Compte tenu de l’esprit révolutionnaire et de la force du mouvement qui se sont exprimés le 2 mars, les militants n’ont pas seulement à faire pression sur les dirigeants syndicaux pour qu’ils lancent un tel appel, il faut aussi assurer que le mouvement soit construit de la base.

    Si le gouvernement Coelho tombe, quelle alternative ?

    Parallèlement à cela, les partis de gauche de masse (le Bloc de Gauche et le Parti communiste, qui se partagent déjà près de 30% dans les sondages d’opinion) ont été placés devant une responsabilité historique pour canaliser le mouvement avec un programme politique destiné à mettre un terme à la misère et à l’austérité du capitalisme. Ce qu’il faut est un programme qui refuse de payer la dette, qui refuse l’austérité, basé sur la nationalisation des banques et des principaux secteurs de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Un tel gouvernement pourrait immédiatement inspirer un nouveau développement des luttes en Grèce, en Espagne, en Italie et à travers toute l’Europe et pourrait par exemple réunir les travailleurs grecs, espagnols et italiens dans une lutte commune contre la dictature des marchés et de la Troïka.

    Cela nécessite la création urgente d’un front unique des partis de gauche, des syndicats et des mouvements sociaux autour d’un programme orienté vers l’instauration d’un gouvernement des travailleurs et des pauvres afin de refuser de payer la dette et d’appliquer des politiques socialistes.

    Les manifestations baignaient littéralement dans l’héritage de la révolution portugaise d’avril 1974, la ‘‘Révolution des Œillets’’, notamment autour du chant "Grandola Vila Morena", l’hymne de cette révolution. Cet air n’a cessé d’être chanté ces dernières semaines et a clôturé de nombreuses manifestations, dans des scènes émouvantes qui reflétaient la manière dont, 38 ans après, la crise capitaliste a ramené la révolution au premier plan de l’agenda. La seule façon de se saisir de cet héritage est de mener à bien la révolution socialiste aujourd’hui.

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