Category: Europe

  • Comment vaincre la machine d’austérité européenne ?

    Depuis le début de la crise de la zone euro, les mobilisations de masse n’ont pas manqué contre la politique d’austérité, avec toute une série de manifestations et de grèves mais aussi de grèves générales. Mais même si ces explosions de colère et de rage ne peuvent plus tout simplement être passées sous silence – malgré le contrôle des médias dominants et de l’information par la classe dominante – le bulldozer de la casse sociale n’en a pas moins poursuivi sa course, une course d’ailleurs destinée à devenir plus meurtrière encore avec l’adoption du ‘‘Traité européen d’austérité’’ (le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, TSCG). Quelle contre-attaque organiser et comment (re)mobiliser les découragés de la lutte sociale ?

    Par Nicolas Croes

    A faux diagnostique, faux remède

    La logique austéritaire ne fonctionne tout simplement pas. Tout y est faux, du début à la fin. Cette politique de bain de sang social est basée sur une explication totalement erronée : la crise de la zone euro proviendrait non pas de la faillite du secteur bancaire et de la collectivisation des pertes du privé – elles-mêmes conséquences des contradictions du système capitaliste – mais des dépenses publiques ‘‘impayables’’. Banquiers et spéculateurs ont en fait bénéficié de la complicité active et enthousiaste des politiciens capitalistes et des médias dominants pour se cacher, eux et leurs responsabilités, derrière les fonctionnaires ‘‘fainéants’’, les travailleurs ‘‘privilégiés’’, les chômeurs ‘‘parasites’’ et les pensionnés ‘‘destructeurs de sécurité sociale’’. A cette liste se sont rajoutés – au gré des besoins – les immigrés, les homosexuels, les femmes, les syndicats,… et l’extrême-droite est loin d’être la seule à avoir tenu la plume.

    Il a toujours été clair que cette politique n’allait rien arranger pour les masses, que nous serrer la ceinture n’allait pas nous préparer des jours meilleurs et qu’il nous faudrait au contraire percer de nouveaux trous. La maîtrise relative de la dette publique avant 2008 n’avait d’ailleurs pas empêché les divers pays européens de sombrer profondément dans la crise. S’il en était encore besoin, un bref coup d’œil porté aujourd’hui sur cette Union Européenne dévastée suffit à illustrer la faillite totale de l’austérité.

    En Espagne, après des années de coupes dans les budgets des autorités, d’augmentations de taxes (pour l’homme de la rue, pas pour ceux qui nous regardent du haut de leur tour d’ivoire) et de destruction des conditions de travail et des salaires, l’avenir du pays reste plombé par la récession. Le taux de chômage vient d’y franchir un seuil historique lors du premier trimestre de cette année en atteignant les 27,16%. Derrière ce chiffre, il y a 6.202.700 personnes plongées dans la misère (pas moins de 237.400 de plus qu’au trimestre précédent). Dans cette course macabre, l’Espagne ne cède la place qu’à la Grèce (27,2% de chômage officiel en janvier). Quant à cette fameuse dette publique dont la réduction justifie tous les sacrifices (pour autant qu’ils ne touchent pas l’élite de la société), elle a elle aussi atteint un nouveau record au premier trimestre de 2013 : 923,31 milliards d’euros, soit 87,8% de la totalité des richesses produites en un an dans le pays (le PIB, Produit Intérieur Brut). La Banque centrale prévoit qu’elle poursuivra son ascension vers les 91,4% du PIB en 2013 et les 99,8% en 2016. Et quand ça ne marche pas on fait quoi ? Et bien on continue !

    La saignée est inefficace, allons-y à la hache !

    En Grèce, l’austérité massive n’a pas empêché la dette publique d’atteindre les 159,9% de son PIB fin 2012 (une croissance de 8,6% entre 2010 et 2012). Ce taux aurait d’ailleurs largement dépassé les 190% si le tiers de la dette grecque (100 milliards d’euros) n’avait pas été annulé en mars 2012. Fin 2012 toujours, la dette souveraine de l’Irlande représentait 117,6% de son PIB (+ 25,5% entre 2010 et 2012) et celle du Portugal 123,6% (+ 29,6% entre 2010 et 2012).

    Ces trois pays sont ceux à avoir subi le plus directement la dictature des marchés, par l’intermédiaire de l’action dévastatrice de la troïka européenne (qui réunit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International). Afin de bénéficier de ‘‘l’assistance’’ du Fonds Européen de Stabilité Financière, puis du Mécanisme Européen de Stabilité, les gouvernements de ces pays se sont engagés à appliquer une politique antisociale extrêmement brutale. Le résultat de cette politique (explosion du chômage, des suicides, des expulsions de logements, de malades incapables de payer leurs soins,…) ne peut que faire froid dans le dos, notamment à la population chypriote dont le pays vient de rejoindre le club des Etats mis en coupe réglée par la troïka européenne. Il est pourtant question de mettre toute la population européenne au même régime à l’aide du TSCG, le ‘‘traité d’austérité’’ européen. Ce texte a été signé le 2 mars 2012 par 25 pays de l’Union Européenne (tous sauf le Royaume-Uni et la République tchèque) et prévoit de ‘‘renforcer le pilier économique de l’Union économique et monétaire en adoptant un ensemble de règles destinées à favoriser la discipline budgétaire au moyen d’un pacte budgétaire, à renforcer la coordination de leurs politiques économiques et à améliorer la gouvernance de la zone euro.’’ En gros, il condamne l’Union Européenne à une austérité permanente.

    TSCG : une dictature des marchés de plus en plus ouverte

    L’article 3 du Traité interdit de dépasser un ‘‘déficit structurel’’ de 0,5% pour le budget d’un gouvernement (doublé dans le cas où la dette publique se situe sous les 60% du PIB). Respecter cette règle signifiera d’opérer des coupes encore plus profondes dans les dépenses publiques à un moment où les investissements de l’Etat dans l’économie sont plus que jamais nécessaires. De plus, cette notion de ‘‘déficit structurel’’ est absolument arbitraire. En 2006, le Fonds Monétaire International avait par exemple estimé le déficit structurel irlandais à 5,4% du PIB, tandis que la Commission Européenne l’avait estimé à 2,2%. Et c’est la Commission Européenne – le quartier général européen de l’offensive antisociale – qui décidera du chiffre à garder, de même que des moyens à mettre en œuvre pour rester dans le cadre de la discipline budgétaire !

    Il ne s’agit là que d’un exemple, tout le reste du texte est du même acabit, uniquement basé sur une vision à court terme de l’économie capitaliste et sur la recherche du profit maximal le plus rapidement possible. L’élite européenne est tellement idéologiquement liée au néolibéralisme qu’elle est incapable de voir l’impact dévastateur qu’aura ce traité, même en considérant les intérêts des capitalistes à plus long terme.

    Ce traité est aussi une attaque anti-démocratique de taille. L’Union Européenne est déjà une institution anti-démocratique, ce n’est même pas une ‘‘démocratie parlementaire’’. Le pouvoir y est concentré dans la Commission Européenne et le Conseil Européen. Fin 2011, 6 mesures ont été adoptées (le ‘‘six-pack’’) pour transférer d’importants pouvoirs de décision des gouvernements élus vers la Commission Européenne non-élue, tandis que la prise de décision a été modifiée au sein du Conseil Européen afin de rendre les sanctions punitives quasiment automatiques en cas de non-respect des dictats néolibéraux.

    Le texte du Traité prévoit de considérer le néolibéralisme comme une obligation et non plus comme un choix économique. L’article 5 prévoit ainsi de placer un pays directement sous administration des autorités européennes. Actuellement, plus de vingt pays sur les 27 que comprend l’Union Européenne sont exposés à cette tutelle !

    Quel type de résistance ?

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Pourquoi l’austérité ?

    Comme expliqué ci-contre, l’austérité ne vise pas à ‘‘rééquilibrer les budgets des autorités’’. Dans le cadre de la crise de surproduction dans laquelle est plongée la totalité du système capitaliste (et pas uniquement l’Europe), il s’agit pour ‘‘nos’’ élites de restaurer par la manière forte le taux de profits des capitalistes, les détenteurs des moyens de production. A la manière dont Naomi Klein l’avait développé dans son livre ‘‘La stratégie du choc’’ (également disponible gratuitement sous forme film-documentaire sur internet), le choc de la crise a servi de prétexte pour accroitre l’offensive contre les acquis sociaux que le mouvement des travailleurs avait pu obtenir par le passé grâce à sa lutte.

    Il s’agit de l’accentuation de la politique néolibérale de transfert de richesses de la collectivité vers le privé, initiée en leur temps par Pinochet au Chili, Reagan aux Etats-Unis et Thatcher au Royaume-Uni. Cette politique économique était devenue nécessaire suite à la crise économique des années ‘70 et a pris son plein essor suite à l’effondrement du stalinisme au début des années ’90. Depuis lors, les privatisations d’entreprises publiques, les réductions de moyens pour les budgets sociaux et les diminutions de taxes pour les grosses entreprises se sont suivies au pas de charge. Mais cela n’a pas pu empêcher la crise d’éclater.

    Quel programme contre l’austérité ?

    • Non à l’austérité ! Pour la défense des services publics et des pensions ! C’est aux patrons de payer pour leur crise !
    • Pour des syndicats combatifs et démocratiques et des partis larges de travailleurs combatifs !
    • Dans chaque pays : pour un plan d’action combatif, démocratiquement discuté à la base, afin de construire le meilleur rapport de force contre l’offensive antisociale et d’élever la conscience des masses par la discussion et l’action collective !
    • Pour un plan d’action vers une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne !
    • Non à la dictature des marchés ! À bas les agences internationales de notation de crédit et le FMI ! Stop au paiement des dettes de l’État aux capitalistes ! Arrachons la richesse des mains des spéculateurs super riches !
    • Nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie…) sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs !
    • Non au chômage de masse ! Pour la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Pour des programmes massifs de travaux publics afin de créer des emplois socialement utiles et de répondre aux besoins de la population
    • Non à l’Europe des patrons et des marchés ! Pour une Europe socialiste démocratique !

    [/box]

    Les pétitions, cartes blanches, déclarations,… n’ont pas manqué pour dénoncer ce traité. Les positions défendues dans ces critiques étaient souvent très bonnes, mais les moyens exposés pour vaincre le TSCG n’ont pas été à la hauteur de l’attaque. Le TSCG n’a été soumis au référendum qu’en Irlande, avec une offensive patronale et un chantage extraordinaire qui ont réussi à faire passer le ‘‘oui’’ de justesse. Dans les autres pays, ce sont les parlements nationaux qui étaient responsables de l’acceptation du texte ou de son rejet. En Belgique, cela signifie de passer devant le Parlement flamand et le Sénat (où le traité a déjà été approuvé), à la Chambre du Parlement fédéral, au Parlement wallon, au Parlement bruxellois, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au Parlement germanophone. Hélas, l’opposition à l’austérité européenne s’est limitée à un lobbying à destination de parlementaires qui appliquent quotidiennement la casse sociale…

    Ainsi, la centrale des employés de la CSC (CNE), malgré des prises de positions combatives ces derniers temps (notamment concernant la nécessité d’organiser une grève générale contre la politique des autorités belges ou face à la nécessité de construire un nouveau relais politique large pour les travailleurs aux côtés de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut), a appelé ‘‘tous les parlementaires belges à un sursaut de courage pour défendre notre démocratie. Ratifier ce traité serait comme choisir, en pleine mer, la ceinture de plomb plutôt que la bouée.’’ De même, le CEPAG (Centre d’Education Populaire André Genot, une ASBL d’éducation permanente liée à la FGTB et dont l’actuel administrateur général est Thierry Bodson, le président de la FGTB wallonne) a lancé une pétition déclarant notamment : ‘‘Nous devons agir pour que nos représentants élus ouvrent les yeux, refusent d’obéir à l’Europe de l’austérité et rejettent la Traité budgétaire. Mettons la pression sur les parlementaires afin qu’ils ne signent pas un texte en totale contradiction avec les intérêts de la population !’’ Ce lobbying est insuffisant, on ne peut convaincre les politiciens capitalistes d’agir dans nos intérêts que par la force. En ce sens, la manifestation appelée par la FGTB wallonne devant le Parlement Wallon le 29 mai dernier était un premier pas – tardif – dans la bonne direction, qui ne doit pas rester un acte isolé, doit être amplifié et être considéré dans le cadre de la lutte plus large contre l’austérité et les licenciements. Qu’attendre encore pour un vrai plan d’action avec grève(s) générale(s) ?

    Pas mal de gens se demandent comment combattre cette Union Européenne antisociale qui parait être si lointaine. De nombreux politiciens traditionnels se servent d’ailleurs de ce sentiment d’impuissance pour justifier leurs attaques, sur le mode ‘‘c’est pas nous, c’est l’Europe’’. Cette question est loin d’être neuve. Karl Marx répondait déjà à son époque que ‘‘la lutte de classes est internationale dans son contenu mais nationale dans sa forme’’. Il n’en va pas différemment aujourd’hui. La majeure partie des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs oppose directement ces derniers à la classe dominante de leur pays. Hélas, partout en Europe, nous sommes forcés de constater que les sommets syndicaux manquent d’audace et évitent soigneusement toute stratégie d’affrontement direct avec l’Etat capitaliste et les diverses bourgeoisies nationales.

    L’exemple de la Grèce est à ce titre des plus édifiants. Ces dernières années, les grèves générales se sont succédées comme nulle part ailleurs en Europe, mais décidées et stoppées d’en haut, sans aucun plan d’action, bien plus destinées à laisser échapper la pression de la base qu’à sérieusement bloquer l’économie pour aller chercher les moyens là où ils se trouvent : dans les caisses des grandes entreprises et des banques. Dans chaque pays, le mouvement des travailleurs doit lutter pour récupérer ses instruments de lutte de masse, ce qui signifie de lutter résolument pour une démocratie syndicale (entre autres parce qu’une lutte déclenchée par la base est plus difficile à stopper par le sommet syndical), pour la fin du syndicalisme de négociation et de concertation et pour le retour d’un syndicalisme de lutte.

    Pour nous, cette timidité dans la contre-offensive provient directement de l’absence d’idée concernant l’alternative à défendre contre la société capitaliste. ‘‘Nos’’ dirigeants syndicaux ont été tellement impliqués dans le ‘‘moindre mal’’ et dans la concertation avec les institutions capitalistes qu’ils refusent de sérieusement considérer qu’une voie de sortie existe en dehors du capitalisme. Revenir à un syndicalisme de lutte signifie donc aussi de s’armer d’un programme anticrise anticapitaliste basé sur la collectivisation des moyens de production et leur contrôle et gestion démocratiques. C’est la seule manière d’obtenir un plan de relance basé sur les nécessités sociales et écologiques et non pas sur la recherche de profit. Réclamer tout simplement une ‘‘fiscalité plus juste’’ est largement insuffisant, en plus de nier la possibilité de l’évasion de capitaux qu’il faut résolument saisir et donc exproprier. Cela nécessite aussi de disposer d’un prolongement politique large pour porter les exigences des travailleurs sur l’arène politique tout en étant un parti de lutte, qui ne se cantonne pas à l’activité électorale. Les PS, Partis Travaillistes, Pasok et autres sont totalement passés dans l’autre camp depuis belle lurette.

    Pour une grève générale européenne

    De même que la lutte internationale ne doit pas servir de prétexte à laisser sa propre classe dirigeante nationale tranquille, une coordination des luttes par-delà les frontières – et particulièrement au niveau européen – est absolument cruciale. A ce niveau aussi, la faiblesse de la direction du mouvement des travailleurs est criante : la Confédération Européenne des Syndicats (CES) reçoit ainsi une partie de ses subsides de la Commission Européenne, et a toujours considéré son action dans le cadre de la construction loyale d’une Union Européenne capitaliste ‘‘sociale’’. On en voit le résultat.

    Le mot d’ordre d’une grève générale européenne est aujourd’hui d’une extrême importance, et la journée d’action européenne du 14 novembre dernier en a illustré le potentiel. Cette action coordonnée de plus grande ampleur que par le passé était un reflet de la pression grandissante de la base syndicale sur les divers syndicats européens et sur la CES elle-même. En Espagne et au Portugal, des grèves générales de 24 heures ont eu lieu (ce fut la plus massive et militante depuis 1974 au Portugal tandis qu’un million de personnes avaient manifesté à Barcelone et à Madrid). Des actions de grève avaient aussi eu lieu en Italie, en Grèce, à Malte, à Chypre et en Belgique. Comme nous le disions à l’époque : ‘‘Le génie des actions de grèves internationales est sorti de sa lampe.’’

    La combativité nécessaire à la victoire est bel et bien présente. Mais toute cette énergie ne peut être que dilapidée si elle n’est pas canalisée au travers d’un plan d’action combatif, avec un échéancier clair capable de peu à peu (re)mobiliser tous ceux qui veulent se battre mais se rendent bien compte que nombre de responsables syndicaux ne sont eux-mêmes pas convaincus qu’il est possible d’inverser la tendance antisociale actuelle. Laisser cette situation perdurer équivaut à ouvrir grand la voie à la droite la plus réactionnaire et à l’extrême-droite. Avec les conséquences que cela implique.

  • Turquie : Rapport de Paul Murphy

    La solidarité est vitale

    Paul Murphy, le député européen du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Irlande), s’est récemment rendu à Istanbul afin de voir de ses propres yeux les manifestations qui s’y déroulent. Dans son journal de bord, il aborde la réponse brutale du Premier Ministre turc.

    Paul Murphy, député européen, Socialist Party (CIO-Irlande)

    ‘‘La confiance en soi est comme un virus’’ expliquait Eser Sandiki, une jeune professeure d’école et militante socialiste qui occupait la place Taksim vendredi soir. Ses mots ne sont pas seulement vrais sur la place Taksim, mais également à travers toute la Turquie dans laquelle le gouvernement autoritaire d’Erdogan est confronté à un soulèvement. Dans plus de 70 villes, des manifestations et des occupations de masses ont eu lieu, réunissant plus d’un million de personnes.

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Pour en savoir plus

    Meeting sur les mobilisations de masse en Turquie

    Ce vendredi 14 juin 2013, à 19h, notre camarade Tanja Niemeier (collaboratrice de l’eurodéputé Paul Murphy) livrera un rapport de son voyage en Turquie, au cœur des mobilisations qui ébranlent le régime de l’AKP. RDV ce vendredi à l’ULg, place du XX août, salle Wittert (trajet fléché).

    [/box]

    En de nombreux endroits, comme place Taksim, les places sont entourées de barricades érigées par les manifestants avec des matériaux de construction et des voitures de police brulées pour se protéger de la police. A l’intérieur de ces barricades, des conseils de volontaires organisent des distributions de nourriture et d’eau, des garderies d’enfants, la sécurité et les premiers soins.

    Aujourd’hui [le 9 juin, ndlt], alors que la place Taksim était déjà bondée de monde une heure après l’heure prévue pour une grande manifestation, des gens ont continué d’affluer de toutes les rues, certains estimant une foule de 300.000 personnes.

    La réponse du Premier Ministre Erdogan a été brutale, faite d’attaques policières féroces contre les manifestants. La police a recouru aux gaz lacrymogènes et a brûlé des tentes de participants à l’occupation. Des policiers en civil s’en sont d’autre part pris à des manifestants à coups de couteaux et de gourdins. Selon l’estimation la plus récente de l’Association médicale turque, plus de 4000 personnes ont été blessées, un nombre à certainement revoir à la hausse. Trois personnes sont décédées jusqu’ici.

    La violence physique a été justifiée par toute cette rhétorique qui a qualifié les manifestants de ‘‘capulcu’’ (pillard, ou vandale, en turc). En réponse à cela, sur les pancartes autour de la place, on pouvait lire ‘‘Nous sommes tous capulcu’’. Une chaine de télévision, ‘‘Capulcu TV’’ a été lancée sur le net. Erdogan a également attaqué les réseaux sociaux, décrivant Twitter comme une ‘‘menace pour la société’’.

    La raison est claire – alors que six journaux turcs avaient exactement le même titre jeudi matin et que la NTV diffusait un documentaire sur les manchots lors de l’assaut policier sur la place Taksim – plusieurs vidéos de brutalité policières se sont propagées à travers la toile.

    Le coup de grâce

    L’étincelle qui a provoqué cette révolte de masse fut l’arrivée de bulldozers dans le parc Gezi d’Istanbul, conformément à un plan qui prévoyait de remplacer l’un des rares espaces verts et publics du centre-ville par un centre commercial. Ce fut simplement ‘‘la goutte qui a fait déborder le vase’’, comme l’a expliqué Mucella Yapici, la Secrétaire de ‘‘Solidarité Taksim’’, l’une des dirigeantes de la Chambre des Architectes à Istanbul. Mucella a dénoncé ‘‘le pillage de la ville’’ de ces dernières années – la destruction d’espaces publics, l’expulsion de la population ouvrière de leurs quartiers et l’embourgeoisement de ces zones, ainsi que des projets de prestige comme la planification d’un troisième aéroport et d’un troisième pont massif.

    Ce processus conduit à l’enrichissement d’un secteur de la construction très proche du parti au pouvoir, l’AKP. Cette réorganisation de la ville a également été considérée comme une attaque contre les bâtiments historiques représentant les traditions laïques de Turquie.

    Un autre facteur est l’importance historique de la place Taksim pour le mouvement des travailleurs. Lors du 1er mai 1977, 34 travailleurs qui célébraient le 1er Mai furent tués par des tirs de polices sur la foule. Cette année, la permission pour les manifestations du 1er mai sur la place Taksim a été refusée. Ces éléments, combinés à la nature autoritaire du gouvernement d’Erdogan, notamment ses tentatives d’imposer des restrictions conservatrices sur la vente d’alcool et ses limitations de disponibilité de pilules contraceptives, ont installé le terreau pour une explosion sociale.

    Manifestations anti-gouvernement

    Les manifestants se sont réunis autours de 5 revendications :

    • Non à la destruction du parc Gezi
    • Le retrait des chefs de police et du Ministre de l’Intérieur impliqués dans la brutale répression policières
    • Une interdiction de l’utilisation de gaz lacrymogènes
    • Aucune restriction dans l’utilisation des espaces publiques pour les manifestants
    • La libération de tous ceux qui ont été arrêtés durant ces manifestations.

    Malgré ces revendications officielles, le slogan le plus populaire, qui résonne 24h sur 24 et qui surgit spontanément même au-delà de la place Taksim, est ‘‘Tayyip Istifa’’ (Tayyip [Erdogan] démissionne). Il est suivi par le chant qui entraine des milliers de personnes à sauter : ‘‘si tu ne sautes pas, tu supportes Erdogan’’. C’est maintenant un mouvement anti-gouvernement qui lutte pour des droits démocratiques et la liberté.

    Le mouvement de protestation a entrainé des centaines de milliers de personnes qui n’avaient encore jamais été politiquement actives avant ces actions. Un sondage des manifestants de Taksim montre que 57% n’avaient jamais participé à une manifestation avant et que 70% ne soutenaient pas de parti politique en particulier. Avec ces gens précédemment inactifs, le mouvement a également réuni des alliés hors du commun. Des groupes de supporters de football de trois équipes d’Istanbul – Besiktas, Fenerbahce et Galatasaray – réputés pour leurs affrontements entre eux, ont rejoint les forces de l’opposition pour les aider à repousser la police.

    Ils sont rejoints par des militants des partis et des syndicats de gauche qui ont une grande expérience de la nature répressive de l’État turc. Les militants féministes et LGBT sont des forces visibles et s’opposent notamment aux chants sexistes de certaines parties des manifestants.

    Place Taksim, des drapeaux du dirigeant kurde Abdullah Öcalan flottent aux côtés des drapeaux nationalistes turcs. L’expérience de la répression policière et de la censure médiatique a ouvert les yeux à certains militants turcs à propos de l’oppression des kurdes.

    Pour le moment, la police a renoncé à ses tentatives de reprendre la place Taksim [cet article date du 9 juin, ndt], mais les violences massives continuent à Ankara, partout en Turquie et dans les banlieues d’Istanbul. Samedi soir, en compagnie des journalistes du Rabble, Reuben et Gielty et des militants turcs, je me suis rendu dans un quartier ouvrier appelé Gazi dans lequel vit majoritairement des Kurdes et des Alévis. Là-bas, j’ai été témoin d’une énorme bataille de rue impliquant près de 10.000 personnes issues de la classe ouvrière contre la police. Les gaz lacrymogènes se mélangeaient avec la fumée des feux de joie pendant que les autopompes de la police nous tiraient dessus. Quelques jours avant, Turan Akbas, âgé de 19 ans, a reçu une bombe de gaz lacrymogène dans la tête.

    Lui, ainsi que 9 autres personnes victimes de blessures similaires, est actuellement dans une situation critique à l’hôpital. Pour les résidents de Gazi et beaucoup d’autres, ce soulèvement est une réaction aux décennies de répression et de brutalité par la police et l’absence de droits démocratiques.

    Et ensuite ?

    Ce qu’il se passera par la suite est incertain. Erdogan a choisit une ligne agressive, malgré que d’autres voies de l’establishment adoptent des discours plus conciliateurs. Le meeting de samedi des dirigeants du parti au pouvoir, l’AKP, a exclu des élections anticipées et a décidé d’organiser des grands rassemblements de ses partisans samedi et dimanche prochain. La place Taksim est en pleine effervescence suite à des rumeurs selon lesquelles la police va tenter de reprendre la place lundi.

    S’ils le font, ils devront faire face à une résistance extrêmement déterminée. Ayant senti leur puissance, la classe ouvrière turque et les jeunes ne sont pas près de renoncer à leur contrôle des espaces publiques sans se battre. Beaucoup étudient les leçons des révolutions égyptienne et tunisienne, cherchant à éviter les déboires rencontrés là-bas.

    Le génie est sorti de la bouteille pour le gouvernement Erdogan – ce soulèvement a le potentiel de devenir un mouvement révolutionnaire capable de le renverser et de poser les possibilités d’un changement radical démocratique et socialiste. Les actions de solidarité sont aujourd’hui indispensables pour montrer que les manifestants ne sont pas les seuls et que le monde a les yeux tournés vers eux.

  • Turquie : Erdogan a choisi l’épreuve de force, mais les ‘‘pillards’’ continuent de riposter

    Ce lundi 10 juin, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait accepté de parler aux manifestants et de les écouter. Mais le lendemain, tôt le matin, il a envoyé la police anti-émeute évacuer brutalement les manifestants de la place Taksim à Istanbul, en utilisant des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des bulldozers.

    Par Kai Stein, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Durant deux semaines de protestation, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues. Le slogan ‘‘Tayyip istifar’’ (Erdogan démissionne) a rassemblé les manifestants des travailleurs du secteur public à ceux qui refusaient la répression du gouvernement contre la consommation d’alcool et les baisers en public. Les masses kurdes, qui continuent à subir l’oppression de l’Etat, se sont jointes aux mobilisations. Parmi les rangs des protestataires, on trouve des militants syndicaux, des écologistes – qui ont initié les manifestations place Taksim – des jeunes de banlieue et la classe ouvrière.

    Erdogan tente de se mobiliser un certain soutien parmi les couches les plus conservatrices et religieuses du pays. Il a décrit les centaines de milliers de manifestants comme ‘‘une poignée de pillards’’ ou de ‘‘vandales’’. Erdogan a annoncé la tenue de manifestations de masse en faveur du gouvernement le samedi 15 juin à Ankara et le dimanche 16 juin à Istanbul. Ce calendrier n’est pas un hasard.

    Des confrontations épuisantes avec la police

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Pour en savoir plus

    Meeting sur les mobilisations de masse en Turquie

    Ce vendredi 14 juin 2013, à 19h, notre camarade Tanja Niemeier (collaboratrice de l’eurodéputé Paul Murphy) livrera un rapport de son voyage en Turquie, au cœur des mobilisations qui ébranlent le régime de l’AKP. RDV ce vendredi à l’ULg, place du XX août, salle Wittert (trajet fléché).

    [/box]

    Près de deux semaines durant, les travailleurs et les jeunes ont dû quotidiennement se défendre contre la police. En plus des principales places des villes, des centaines de quartiers ont également connu des occupations sans recevoir beaucoup d’attention médiatique. Mais à chaque rassemblement, les contestataires ont été attaqués avec des gaz lacrymogènes.

    Hélas, la grève du secteur public des 4 et 5 juin n’a pas été suivie par d’autres actions de la classe ouvrière organisée. Des militants de groupes de gauche organisent les camps sur les places et, à plus d’un titre, organisent le mouvement au jour-le-jour. Mais aucune des grandes organisations, parti ou syndicat, ne met en avant une stratégie pour faire avancer la lutte.

    Des comités d’action ou des comités de défense des protestations ont été constitués, mais essentiellement pour faire face aux questions urgentes et ils sont principalement composés de membres de groupes de gauche. Cela laisse la majorité des manifestants sans voix.

    Comment faire chuter Erdogan ?

    Une stratégie audacieuse est nécessaire pour construire le mouvement avec des assemblées générales et des comités à tous les niveaux : pour défendre les protestations mais aussi pour coordonner la lutte et construire un rapport de force capable de renverser le gouvernement et d’offrir une alternative dans l’intérêt des travailleurs, des jeunes et pauvres. Au lieu de laisser l’espace à Erdogan pour mobiliser le soutien des conservateurs sur des thèmes religuieux, un tel mouvement pourrait porter atteinte à ce soutien et gagner la faveur de tous ceux qui souffrent de la politique antisociale d’Erdogan en développant des revendication portant sur l’emploi, l’arrêt des privatisations, les conditions de travail, le logement,…

    Malheureusement, même à gauche, les revendications défendues sont assez limitées et portent sur la défense du Parc Gezi, sur le respect des droits démocratiques et sur la condamnation des responsables des brutalités policières. Tout cela doit être défendu, mais limiter le mouvement à ces questions – sans développer les questions sociales – sacrifie la stratégie nécessaire pour se battre efficacement pour les aspirations qui ont conduit les masses à descendre dans les rues.

    La majorité des manifestants sont des jeunes, éloignés de tous partis. Ce vide doit être rempli par la création d’un nouveau parti de masse démocratique, armé d’un programme socialiste et où les forces de gauche existantes (HDK, Halk Evleri, etc.) pourraient collaborer.

    Le nombre de manifestants était légèrement à la baisse ce lundi 10 juin. Erdogan cherche à exploiter cette faiblesse pour reprendre le contrôle de la situation, mais cela peut à son tour provoquer une nouvelle vague de luttes.

    Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie) plaide pour protester aujourd’hui contre les attaques de la police et pour l’organisation de manifestations de masse dans toutes les villes samedi prochain, avant une manifestation nationale le dimanche à Istanbul afin de riposter contre la tentative de démonstration de force d’Erdogan. Cela pourrait préparer le terrain pour une grève générale – des secteurs privé et public – d’une journée en tant qu’étape ultérieure du mouvement.

  • Fermeture brutale de la télévision publique grecque – Manifestation de solidarité à Bruxelles et grève générale ce jeudi en Grèce

    Les trois chaines de télévision publiques grecques ERT viennent ce mardi soir d’être unilatéralement éteintes. C’est là la dernière mesure d’assainissement du gouvernement grec, pour le moins très brutale. En effet le gouvernement, sans préavis, a pris cette décision avant de couper toute retransmission. Une mesure derrière la quelle se cache également toujours la troïka en visite au même moment en Grèce.

    Par Nico M. (Bruxellles)

    On ne compte plus les mesures radicales d’assainissements mise en place par le gouvernement grec. Les autorités ainsi que l’establishment grec et européen ne semblent pas en démordre : les cures d’austérité ne cessent de s’amplifier comme unique remède à la crise économique. Malgré l’absence de résultats, les politiciens bourgeois s’accordent tous pour continuer à poignarder les travailleurs à travers l’Europe. Avec la fermeture d’ERT (2.656 emplois), le gouvernement atteint les exigences de la troîka qui sont de supprimer à nouveau 2000 emplois publics… radical !

    Face à ce choc les premières réactions s’enchaînent : ‘‘Du jamais vu, même au temps des colonels.’’ Pour accélérer l’austérité, l’élite capitaliste multiplie les mesures anti-démocratiques. Et comme à chaque fois depuis le début de la crise, les travailleurs grecs et la population se mobilisent. Devant les locaux d’ERT, des milliers de manifestants se sont réunis en solidarité pour protester contre cette nouvelle mesure. A l’intérieur des locaux, les travailleurs d’ERT ont commencé une occupation des installations et continuent les programmes, relayés vers une chaine locale du PC grec.

    Ces mouvements illustrent une nouvelle fois la combattivité et la solidarité existant chez les jeunes et les travailleurs face à l’avidité capitaliste relayée par les politiciens traditionnels et les élites corrompues. C’est là que réside la clé et la force qui doit permettre de faire reculer ces politiques qui minent toujours plus les conditions de vie et de travail à travers l’Europe. Cette combattivité et cette solidarité doit s’organiser et être canalisée autour d’un plan d’action capable de forcer le retrait des politiques d’austérité et des gouvernements qui les appliquent.

    Une fois de plus en Grèce, ces mesures trouvent une réponse. Des manifestations prennent place aux abords des bâtiments d’ERT et les syndicats appellent à une grève générale ce jeudi contre cette fermeture. Une nouvelle fois, la combattivité s’illustre. Des actions de solidarité prennent place dans différents pays comme ici à Bruxelles ce mercredi après midi lancée par l’Initiative en solidarité avec la Grèce qui résiste.

    Durant toute la dernière période nous avons vu les mouvements héroïques des travailleurs grecs dans une succession impressionnante de grèves et de grèves générales. Il devient plus que nécessaire que ces sacrifices portent leurs fruits.

    Comme nous pouvons le voir dans différents pays, y compris en Belgique, il est contre-productif de laisser la colère s’essouffler dans les actions sans mettre à l’ordre du jour des discussions sur un plan d’action coordonné capable de forcer l’élite en place à reculer.

    Cette nouvelle attaque pourrait être la nouvelle étincelle qui pousse l’ensemble des travailleurs à ressortir pour faire reculer l’ensemble des attaques reçues durant les dernières années. De telles discussions seraient une occasion pour tous de discuter dans les entreprises, dans les services publics, dans les écoles et unifs, dans les quartiers, etc. de la manière de coordonner l’ensemble de la colère contre ce système et ses conséquences.

    Un plan d’action a besoin d’une alternative politique à brandir collectivement. Une alternative qui valorise la solidarité, repense le système vers les intérêts de la majorité. Les grands capitalistes sont épargnés, ici la fermeture de la TV publique laisse un marché encore plus large pour les chaînes privées. Revendiquons la nationalisation des grands pans de l’économie, et notamment de l’ensemble du secteur financier, afin de décider démocratiquement, sous le contrôle des travailleurs, des orientations de la société.

    Occupons, saisissons et exproprions les leviers économiques afin de réorganiser et de planifier la production en fonction de nos intérêts : sauvegarder et créer des emplois décents, construire des services publics de qualité et accessibles à tous. Face aux délabrements de la société et de l’échec des mesures capitalistes, construisons une société socialiste démocratique.

  • Paris : Marche des femmes contre l'austérité

    Ce dimanche, plusieurs centaines de personnes ont défilé dans les rues de Paris pour les droits des femmes et contre l’austérité. La foule était essentiellement militante, composée de membres du Front de Gauche (Parti Communiste Français, Parti de Gauche,…), du NPA, de divers groupes de défense des droits des femmes, de défense des sans-papiers,… ayant répondu à un appel initié tout d’abord par le Front de Gauche. Une délégation du PSL était également à Paris, aux côtés de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire.

    Grâce aux luttes passées, de grandes avancées ont pu être obtenues, comme le droit à la contraception ou à l’avortement, les lois sur l’égalité salariale, les lois contre la violence envers les femmes,… Mais il faut systématiquement se battre pour que ces droits soient appliqués et accessibles. La veille de la marche des femmes contre l’austérité, une étude du ministère de l’Intérieur faisait encore état d’une hausse des violences conjugales en 2012 : 174 personnes en sont décédées l’année dernière en France (148 femmes et 26 hommes). Le gouvernement Hollande a voulu faire bonne figure et a réinstallé un ministère des droits des femmes, mais les femmes sont en première ligne des victimes des politiques d’austérité et de l’offensive patronale défendue par tous les partis capitalistes. Seules nos luttes permettront de revendiquer des salaires décents pour tous et égaux entre hommes et femmes.

    Le gouvernement affiche sa volonté de poursuivre et d’étendre les coupes dans les budgets sociaux et publics, une politique qui a des conséquences très concrètes. Ainsi, à Paris, suite aux restrictions budgétaires et à d’autres mesures, il n’y a plus un seul hôpital qui assure réellement les Interruptions Volontaires de Grossesses (IVG) sans risque que le délais n’expire avant d’avoir pu en bénéficier. D’autre part, une majorité des travailleurs des secteurs publics sont des femmes, directement touchées par cette politique d’austérité.

    Avec la montée du chômage et l’appauvrissement général, de plus en plus de couples se retrouvent sans pouvoir réellement divorcer. De nombreux foyers sont obligés d’avoir deux salaires pour vivre ou d’accueillir encore leurs enfants trentenaires. De cette situation de paupérisation, les femmes et les jeunes sont les plus touchés car ils sont davantage touchés par les sous-emplois (temps partiel imposé), les bas-salaires et les contrats précaires. Dans ces conditions, il n’existe pas un réel choix à rester mariés.

    Sous le système capitaliste, les travailleurs doivent se battre pour chaque acquis social et démocratique, qui sont sans cesse remis en cause. Ce système économique est basé sur l’exploitation de la majorité au profit d’une minorité, il ne peut donc nous offrir des conditions de vie décentes, ni une quelconque sécurité. Un système qui se nourrit des inégalités et les renforce ne peut pas se permettre l’émancipation et encore moins celle des femmes.

    Tous ensemble pour une grève générale – Pour une opposition de gauche au gouvernement

    Pour mettre fin aux problèmes économiques, aux violences et à la discrimination, nous devons lutter ensemble, hommes et femmes, pour une société où l’économie serait tournée vers la satisfaction des besoins de tous, une société où les services publics incluraient des crèches, des restaurants et des laveries gratuites pour que la "double tâche" (avoir à gérer le travail ménager en plus d’un emploi) n’ait plus lieu d’être, où le financement des hôpitaux et de la recherche permettrait une contraception efficace, gratuite et sans danger, et ce sans que les questions de rentabilité ne rentrent en ligne de compte. Cela induirait que chacun puisse avoir accès à ces services où qu’il vive!

    Une fois les bases matérielles installées, un travail de fond pourra véritablement avoir des résultats afin de profondément changer les mentalités et de déjouer des siècles de domination idéologique où la femme a systématiquement été considérée comme inférieure.

    Pour obtenir cette société – une société socialiste – nous devons aujourd’hui nous unir – hommes et femmes, jeunes, travailleurs, chômeurs – pour en finir avec l’austérité, ces lois qui ne servent que les riches et les patrons. La marche des femmes contre l’austérité de dimanche dernier fait partie d’un processus de mobilisation contre la politique au service des riches et des patrons menée par le gouvernement Hollande. Mais il ne faut pas s’arrêter là et au contraire intensifier la mobilisation. Une journée de grève générale permettrait de défier ces politiques et d’imposer un rapport de force pour un réel changement.

  • Manifestations Blockupy en Allemagne : Répression policière dans l'antre de la bête

    ”Nous voulons montrer qu’il y a aussi une résistance contre Merkel et la Troïka dans l’antre de la bête” commentait l’un des manifestants qui avait pris part aux ”Journées d’action Blockupy” du 1er juin à Francfort, en Allemagne. 15.000 personnes étaient présentes lors de cette marche. Le jour précédent, plus de 3.000 personnes avaient participé au blocage du siège de la Banque Centrale Européenne et d’autres institutions. Ces institutions sont considérées comme un symbole de la dictature des marchés, de la politique raciste d’immigration en Europe et de l’industrie textile basée sur la course aux profits, qui a été responsable de la mort de milliers de travailleurs encore récemment au Bangladesh.

    Par Sascha Stanicic, SAV (CIO-Allemagne)

    Répression d’État

    ”Blockupy” est une alliance de différentes organisations de gauche, le Parti de Gauche (DIE LINKE), certaines structures syndicales, Attac et d’autres groupes du mouvement social qui ont été créés l’année dernière pour construire la résistance contre les politiques d’austérité en Europe et en Allemagne.

    En 2012, la ville de Francfort avait légalement interdit toutes les protestations, les manifestations et les rassemblements lors des deux jours durant lesquels les occupations et les blocages étaient censés se tenir. Même les manifestations qui n’avaient rien à voir avec Blockupy avaient été interdites. Cela a conduit à une vague de solidarité et des milliers de personnes se sont spontanément rendues à Francfort pour participer au seul évènement qui avait été autorisé : la manifestation de masse du dernier jour de la période d’actions.

    Cette année, la situation a été renversée par la police. Le camp de protestation a été autorisé et les manifestations et les blocages du 31 mai ont également pu se tenir avec relativement peu de répression policière. Le gouvernement fédéral d’État, dirigé par les conservateurs, et les dirigeants policiers avaient cependant bien retenu la leçon de l’année précédente et avaient planifié la répression pour la journée de la manifestation de masse.

    20 minutes à peine après le début de la manifestation, elle fut réprimée par la police et le contingent anticapitaliste de groupes d’extrême gauche à la tête de la manifestation a été encerclé. La police a pris pour excuse l’utilisation de pétards et le fait que des manifestations se cachaient le visages pour justifier ses actions répressives. En réalité, il est devenu clair – et cela a même été confirmé par un officier de police anonymement dans la presse – que cette répression avait été planifiée bien à l’avance. Un officier de police a d’ailleurs déclaré à un membre du SAV (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne et organisation-soeur du PSL) : ”Pensiez-vous vraiment que nous allions vous laisser simplement marcher, après la défaite que vous nous avez infligez l’année dernière ?”

    1.000 manifestants ont été encerclés pendant plusieurs heures durant lesquelles ils n’avaient pas accès aux toilettes. Les avocats ne pouvaient avoir de contact avec leurs clients et les premiers secours n’ont pas pu entrer dans la zone d’encerclement pour rejoindre les personnes blessées, au nombre de plus de 200. Le reste de la manifestation n’a pas pu avancer et est resté aux côtés de ceux qui étaient encerclés par la police, en solidarité. Ce n’est que que tard dans la soirée, quand beaucoup de manifestants étaient déjà partis prendre leur bus ou leur train pour rentrer, que la police a libéré les manifestants encerclés.

    Malgré cela, ces journées d’action ont été un réel succès. L’Allemagne ne partage pas les mêmes problèmes économiques et sociaux que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou d’autres pays pour le moment. Cela signifie aussi que la conscience est différente et qu’il y a moins de mobilisations et de luttes qui se mettent en place. Étant donné ce contexte, les journées d’action Blockupy ont principalement mobilisé des militants de gauche. Cependant, ces actions ont permis de montrer qu’il y avait aussi une résistance sociale en Allemagne. Le plus impressionnant de tout fut la participation de 500 militants de Stuttgart qui viennent du Mouvement contre Stuttgart 21 (la nouvelle gare prévue qui soulève des manifestations de masse depuis plusieurs années).

    En même temps, la relative stabilité économique allemande est payée par des millions de travailleurs sous-payés et par la détérioration des conditions sociales. Les travailleurs du secteur de la distribution ont commencé des actions de grève pour de meilleurs salaires et contre les attaques des patrons.

    Les membres du SAV ont participé à ces journées d’action. C’est aussi le cas du Parti de Gauche (DIE LINKE) et de ses organisations de jeunes qui avaient leur propre contingent qui ont été rejoint par les membres du SAV. 350 personnes ont assisté à un meeting public de DIE LINKE dans la nuit du premier jour d’action ou sont intervenus des orateurs de Grèce, du Portugal et d’Allemagne.

    Pour beaucoup de manifestants, la répression policière arbitraire est une preuve supplémentaire de la véritable nature du capitaliste : la démocratie est accordée tant que rien ne menace les profits des banques et des grandes industries.

  • Anvers : Action de solidarité avec le mouvement de protestation en Turquie (2)

    Ce dimanche, quelques centaines de personnes se sont rendues sur la Groenplaats à Anvers pour mener une action de solidarité avec les protestations de masse qui se déroulent actuellement en Turquie. Au cours de la semaine écoulée, il y a eu au moins un million de manifestants à Istanbul. A Anvers étaient présents nombre de militants progressistes d’origine turque, mais une délégation de solidarité du PSL était aussi présente et a distribué un tract en néerlandais et en turc.

    Photos de Geert Cool


    Liège : Meeting sur les mobilisations de masse en Turquie

    Ce vendredi 14 juin 2013, à 19h, notre camarade Tanja Niemeier (collaboratrice de l’eurodéputé Paul Murphy) livrera un rapport de son voyage en Turquie, au cœur des mobilisations qui ébranlent le régime de l’AKP. RDV ce vendredi à l’ULg, place du XX août, salle Wittert (trajet fléché).


  • Turquie : Un mouvement de masse défie le gouvernement Erdogan

    Les travailleurs du secteur public entrent en grève contre les violences policières – Pour une journée de grève générale, prochaine étape pour renverser le gouvernement !

    KESK, la Confédération des Syndicats des Travailleurs du Secteur Public en Turquie, a annoncé une grève générale nationale contre les violences policières les 4 et 5 juin. Depuis lors, la DISK, Confédération des Syndicats Révolutionnaires de Turquie (une fédération syndicale d’environ 350 000 membres) appelle aussi maintenant à une grève le mercredi 5 juin, contre la violence policière On s’attend à des centaines de milliers de manifestants. Malgré cela, la police continue à utiliser les gaz lacymo et à attaquer violemment les manifestants.

    Par des correspondants de Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie)

    La violence policière continuelle, qu’on a d’abord vu sur le parc Gezi, sur la place Taskim à Istanbul, montre une fois de plus l’arrogance et la violence policière arbitraire sur lesquelles reposent le gouvernement AKP (Parti de la Justice et du Développement). Des centaines de personnes ont été blessées, certaines gravement. Au cours du mouvement de masse, deux manifestants ont été tués.

    La politique envers le Parc Gezi a été l’étincelle qui a déclenché l’explosion. Maintenant, la colère qui s’accumule depuis des années est devenue visible. Les manifestations n’ont pas lieu qu’à Istanbul. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans toute la Turquie, à Ankara, à Izmir et à Bodrum, Il y aurait eu des manifestations de masse dans 67 villes au total. Il y aurait même des divisions au sein de l’appareil d’État, des militaires ayant distribué des masques et certains officiers de police ayant soutenu les manifestants.

    Il existe un potentiel pour le développement d’un mouvement qui remette en cause l’élite capitaliste turque.

    La Turquie est à la croisée des chemins. Le gouvernement AKP, confronté à une forte chute du taux de croissance économique cette année, est maintenant considérablement remis en cause par un mouvement de masse. La montée de l’AKP sur cette dernière décennie était basée sur plusieurs facteurs.

    Ces facteurs incluaient la frustration des masses envers les forces Kémalistes, une crise économique profonde au début de ce siècle, l’aliénation de beaucoup de personnes envers la bureaucratie d’État et l’Histoire d’interventions de l’armée dans la vie politique, parfois par des coups d’États violents. L’AKP a été capable de se présenter comme une ”alternative” à l’establishment islamique ”modérée” et de mener une certaine politique sociale populiste. Mais les événements de ces derniers jours ont ébranlé le pouvoir de l’AKP et d’Erdogan.

    Le mouvement de masse a d’abord été dominé par les couches les plus basses de la classe moyenne frustrée. Elles ont rapidement été rejointes par des jeunes des banlieues ouvrières. Maintenant, il y une implication croissante du mouvement ouvrier organisé (même si elle commence seulement). Tout cela se dirige vers une entrée en action de plus en plus de couches de la société. Cela peut être un signe avant-coureur de luttes de masse encore plus grandes, vers une situation révolutionnaire ou pré-révolutionnaire. Des scissions à la tête du régime, au sein du parti d’Erdogan, commencent aussi à apparaître.

    Le mouvement turc et le courage des manifestants a été accueilli avec sympathie par la classe ouvrière et les jeunes du monde entier. L’aile droite du régime turc, un allié de l’OTAN avec ses ambitions de devenir une puissance régionale, est remise en cause par un soulèvement de colère et de l’opposition. Le cauchemar de la guerre civile en Syrie, de plus en plus sectaire, avec l’ingérence de puissance impérialistes et régionales, et son dangereux débordement dans toute la région, est devenue une menace pour l’aboutissement des soulèvements des peuples contre les dictatures et pour un changement social dans la région. Le régime turc est intervenu cyniquement dans le conflit syrien dès ses débuts, pour essayer de le capitaliser dans ses propres intérêts. Mais maintenant, le début d’un ”été turc” potentiel offre de nouveaux espoirs de revitalisation des mouvements par en-bas dans toute la région, encourageant un renouveau des luttes de masse pour les droits démocratiques, tout comme le besoin d’un changement fondamental dans l’intérêt de la classe ouvrière.

    “Tayyip istifa” – “Erdogan, démission!”

    Cela a commencé par des actions de militants écologistes contre un abattage d’arbres destiné à permettre à des promoteurs proches du Premier Ministre Erdogan de construire un centre commercial de plus au centre d’Istanbul. Avec toute la force de la violence policière, ils ont essayé d’imposer ce chantier pour les profits de quelques uns. Aux yeux de millions de Turcs, cela a très bien résumé le programme du gouvernement néo-libéral AKP.

    “Tayyip istifa” – “Erdogan démission” est devenu le slogan rassembleur du mouvement. Une partie du CHP (Parti Républicain du Peuple), la principale opposition pro-capitaliste, et même les fascistes, le MHP, ont essayé de capitaliser ce mouvement. Jusqu’ici, le caractère radical du mouvement de masse n’a pas permis au CHP de dominer.

    Cependant, au sein du mouvement, il est essentiel d’avoir un débat sur le chemin à suivre. Comment une force politique de masse peut-elle être construite pour servir les intérêts des travailleurs, des jeunes et des pauvres, qui serait capable de renverser le gouvernement d’Erdogan et de proposer une alternative ?

    Ce mouvement ne peut rien avoir en commun avec la vieille élite du CHP. Une nouvelle force politique est nécessaire, rassemblant la classe ouvrière et les jeunes. On a donc besoin d’un programme politique qui mette en avant les droits démocratiques et la lutte pour les emplois, un logement décent, une augmentation des salaires et la sécurité sociale ; un programme socialiste qui n’a pas peur de s’attaquer aux intérêts de l’élite capitaliste et des multinationales.

    Stop à la violation des droits par le gouvernement AKP !

    Trop, c’est trop ! Depuis des années, le gouvernement viole les droits démocratiques, les droits des travailleurs, des syndicats et des minorités. La violence au Parc Gezi n’est que la partie visible de l’iceberg. Environ 8000 syndicalistes, militants de gauche, journalistes et politiciens kurdes sont en prison. Et les médias turcs diffusent (sûrement sous les ordres d’Erdogan) des émissions de cuisine, pendant que le peuple essaie de savoir ce qu’il se passe dans leur propre pays par les médias étrangers !

    Nous appelons :

    • A la libération immédiate de toutes les personnes emprisonnées pendant les manifestations et de tous les prisonniers politiques
    • A une commission indépendante de la classe ouvrière formée par les syndicats et les représentants élus du mouvement pour mener des investigations sur la répression policière et mener les responsables devant la justice.
    • Aux pleins droits démocratiques, dont le droit à manifester et à former des syndicats et des partis politiques
    • A l’abolition de toutes les lois antiterroristes et des cours spéciales, et de toutes les lois réactionnaires et répressives introduites par l’AKP ces dernière années
    • A la fin de la répression des Kurdes

    Le gouvernement s’attaque aussi aux travailleurs du secteur public. Il projette de mettre fin à la sécurité de l’emploi dans le public, en faisant des coupes d’emplois et en réduisant les salaires. Le principal syndicat du secteur public, le KESK, avait déjà planifié une grève sur ces questions (dont la date devait encore être déterminée) avant le début des grandes manifestations.

    En même temps, le gouvernement Erdogan fait passer des privatisations à grande échelle. La société est dominé par la corruption, le piston et l’enrichissement d’une poignée.

    Nos revendications :

    • Non à tous les plans (même « modifiés ») du gouvernement pour « développer » la Place Tskim
    • Non aux privatisations – pour la renationalisation des propriétés publiques privatisées !
    • Augmentation du salaire minimum pour répondre aux besoins de la population !
    • Arrêt de toutes les attaques contre les travailleurs du secteur public
    • Arrêt des politiques qui sont dans l’intérêt des banques et des grandes entreprises

    ‘Diviser pour mieux régner’

    Ceux des patrons turcs et des entreprises internationales qui sont proches d’Erdogan ont pu s’enrichir depuis des années. Les politiques de privatisation, les attaques néo-libérales et la répression des manifestations servent l’enrichissement d’une poignée. En réponse, nous avons besoin d’une résistance unie des travailleurs, des jeunes et des pauvres.

    Pour pouvoir appliquer ces politiques, l’AKP essaie de se présenter comme le défenseur des valeurs islamiques. C’est pour cela qu’il adopte des mesures de division, comme l’étendue des espaces où l’alcool ne peut être vendu légalement et l’interdiction de s’embrasser en public. Avec ces mesures et beaucoup d’autres, l’AKP essaie de trouver du soutien parmi les couches les plus conservatrices de la population. C’est une tentative de couvrir la politique et les attaques réelles du gouvernement. C’est absolument cynique.

    En relançant le débat sur la construction d’une mosquée sur la place Taksim, Erdogan essaie de provoquer les personnes qui penchent vers la laïcité. La semaine dernière, il a été annoncé que le troisième pont construit sur le détroit du Bosphore porterait le nom du Sultan Selim I, le massacreur de la minorité Alévite il y a 500 ans. Ces provocations culturelles doivent s’arrêter immédiatement.

    Erdogan a fait des menaces voilées de mobiliser les couches conservatrices dans les rues pour contrer le mouvement contestataire. Il met en avant sa majorité parlementaire et pense que l’AKP peut obtenir un soutien réel dans la société. Le mouvement de masse a besoin de défendre des politiques qui peuvent gagner les ruraux et les pauvres des villes, pour saborder les tentatives du gouvernement de diviser pour mieux régner. Les travailleurs et les jeunes ne peuvent se permettre d’être divisés dans leur résistance aux attaques néo-libérales et la lutte pour un travail bien payé, un logement décent pour tous et les pleins droits démocratiques.

    Les tâches du mouvement ouvrier et de la gauche

    L’appel du syndicat du secteur public KESK à une grève nationale contre la violence policière est la bonne décision. Les autres syndicats devraient suivre cet exemple et élargir la grève. Une journée de grève générale dans toute la Turquie peut être le prochain pas pour développer le mouvement de masse et mettre la plus grande force possible contre Erdogan – le mouvement ouvrier organisé – au centre de la contestation.

    Les syndicats et les partis et groupes de gauche, comme le HDK (Congrès Démocratique du Peuple- un parti de rassemblement qui incluse des partis kurdes et des groupes de gauche), Halk Evleri (Maisons du Peuple) et d’autres, peuvent contribuer, à tous les niveaux, à transformer cela en une grève avec une participation maximum des travailleurs, des jeunes et des communautés ; les comités basés sur des assemblées de masse dans les usines et les quartiers sont nécessaires pour se défendre contre la violence policière, pour organiser la solidarité pour la réussite de la grève, et pour encourager les débats politiques à tous les niveaux. Rassembler les représentants élus de toutes ces assemblées au niveaux local, des villes, régional, ainsi qu’au niveau national, permettrait de construire le mouvement de manière démocratique, avec une responsabilités devant les électeurs et le droit de révoquer tout représentant. Cela peut être la base d’un gouvernement des travailleurs et des pauvres.

    En se basant sur ces étapes, il est possible de construire un mouvement non seulement pour renverser le gouvernement Erdogan, mais aussi pour lutter pour une alternative dans l’intérêt de la classe ouvrière, des jeunes et de tous ceux qui travaillent en général. Un parti de masse de la classe ouvrière, avec un programme socialiste, est nécessaire.

    Nous revendiquons :

    • Le renversement du gouvernement AKP – pour un gouvernement des travailleurs et des pauvres !
    • La fin de la dictature du grand business et de ses politiciens
    • La nationalisation des entreprises qui dominent l’économie, sous le contrôle et la gestion des travailleurs
    • Pour une planification démocratique et socialiste de l’organisation et du développement de l’économie dans les intérêts de la population
  • NON au gouvernement Erdogan et NON à l’AKP, le parti du capital !

    Pour obtenir satisfaction de nos revendications et organiser la fin du règne de l’AKP, il nous faut une grève générale ! Unifions la résistance !

    Le gouvernement AKP de Tayyip Erdogan réprime brutalement la moindre volonté d’opposition. L’intervention violente de la police contre une manifestation pacifique opposée à la démolition du parc Gezi à Istanbul n’a été que la goutte qui a fait déborder le vase.

    Tract de Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie). PDF

    Le règne dictatorial de Tayyip Erdogan assure que tous les droits démocratiques sont systématiquement bafoués. Erdogan n’a pas hésité à répondre à chaque protestation démocratique à coups de matraques, de gaz lacrymogène, de canons à eau et d’arrestations massives. Des militants écologistes au mouvement ouvrier, tout doit être balayé pour satisfaire les intérêts d’une poignée de capitalistes.

    Il y a à peine un mois, le jeune étudiant Dilan avait été visé par la police quasiment tué sous le choc des tirs de grenades lacrymogènes pour avoir pris part à la manifestation contre l’interdiction de célébrer le 1er mai place Taksim. Peu de temps avant, il y a eu le massacre de Reyhanli en riposte à la politique impérialiste de l’AKP. Et ceux qui ont donné l’ordre de bombarder les enfants kurdes de Roboski restent introuvables.

    Cette accumulation de colère a poussé une mobilisation de quelques centaines de manifestants au Parc Gezi à devenir une protestation de millions de personnes.

    Assez c’est assez!

    Aujourd’hui, les jeunes, les travailleurs et des personnes issues de toute la société crient massivement le slogan ‘‘Tayyip démission!’’ A Istanbul, Izmir,… un peu partout en Turquie, les masses laissent libre cours à l’expression de leur colère. Les protestations ont spontanément surgi, il est maintenant nécessaire de très vite lancer des comités de résistance afin de coordonner les protestations et de développer des revendications politiques.

    Ces comités doivent organiser les protestations pour par exemple éviter le pillage des magasins et aussi pour organiser la circulation de l’information et l’assistance médicale. Nous avons également besoin d’un plan d’action politique. Erdogan ne démissionnera pas simplement sous la pression des manifestations. Faire chuter son régime nécessite de développer la résistance au moyen d’une grève générale. Cela pourra annoncer la fin d’Erdogan et de son gouvernement AKP qui ne sert que les intérêts du capital.

    Une grève générale vers l’obtention des revendications suivantes :

    • Toutes les personnes arrêtées dans les mobilisations de ces derniers jours doivent être immédiatement libérées !
    • Les agresseurs et leurs commanditaires qui ont attaqué les manifestants au Parc Gezi et dans toute la Turquie doivent être directement mis de côté. Ils ont voulu restreindre le droit de manifester et sont responsables des nombreux blessés.
    • NON aux plans qui destinent la place Taksim à n’être qu’une caserne et non aux autres projets qui pillent l’espace public !
    • NON à la volonté du gouvernement d’imposer ses positions à l’aide des forces de l’Etat !
    • NON à la défense des intérêts d’une poignée de capitaliste, rien n’est plus important que le droit à de bonnes conditions de vie dans un environnement sain !
    • NON aux attaques contre les droits syndicaux et les droits des travailleurs !
    • Tous les prisonniers politiques doivent être immédiatement libérés. NON aux arrestations de toute personne ne partageant pas les vues du gouvernement !
    • NON à la violence policière, aucune limitation du droit de manifester !
    • Stop à la répression contre les Kurdes !

    Contactez Sosyalist Alternatif (section du CIO en Turquie), le Parti Socialiste de Lutte (CIO-Belgique) et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) pour poursuivre le combat. Le CIO est présent dans plus de 45 pays et veut organiser la lutte pour une société socialiste. Non à la pauvreté, au chômage et à l’exploitation ! Lutte – Solidarité – Socialisme !

  • Émeutes dans la banlieue ouvrière de Stockholm : Le néolibéralisme et la violence policière ont créé une bombe à retardement sociale

    Husby, une banlieue ouvrière de Stockholm, a connu ces derniers jours des troubles généralisés qui ont attiré l’attention du monde entier. Certaines soirées et nuits, un grand nombre de voitures ont été brulées, des actes de vandalismes et des jets de pierres ont été perpétrés, impulsés par une intervention brutale des forces de police équipées contre les émeutes.

    Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Le mercredi 22 mai, Rättvisepartiet Socialisterna (la section sœur du PSL en Suède) a lancé un mouvement de protestation, à travers un réseau local, avec 500 personnes rassemblées sur la place d’Husby. Ce rassemblement a expliqué les origines de ces émeutes – les politiques de droite attaquent les conditions de vie et les services publics dans la région – en critiquant la police et en précisant que le vandalisme n’était pas la bonne voie à adopter.

    Répandu sur Stockholm

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Lors de la manifestation de Husby le mercredi, Arne Johansson, rédacteur en chef d’Offensiv (l’hebdomadaire de Rättvisepartiet Socialisterna) et habitant de Husby, était le pricnipal orateur.

    Enzo Costa, Rättvisepartiet Socialisterna, orateur lors de la manifestation de Husby

    Banderole de Rättvisepartiet Socialisterna : "Stop à la violence policière – pour une enquête indépendante"

    “Ces événements sont une alarme politique. Ce dont Hammarkullen et d’autres quartiers ont besoin, c’est de bons emplois pour tous, d’un enseignement de qualité et gratuit et de logements abordables”, a déclaré Kristofer Lundberg, Rättvisepartiet Socialisterna – Gothenburg, lors de la manifestation qui y a pris place.

    [/box]

    Les émeutes ont débuté dans la nuit du 20 mai. Depuis lors, les voitures incendiées, les actes de vandalisme dans les centres commerciaux et les attaques contre les postes de police se sont propagés dans d’autres banlieues de Stockholm. Ces zones, construites dans les années ‘70 et abritant majoritairement des travailleurs précaires dont une forte proportion d’immigrés, sont depuis longtemps attaquées par les politiques néolibérales et cela dans tous les domaines – chômage, coupes sur les allocations de chômage, pénuries de logement, privatisation des écoles et coupes budgétaires constantes dans les services publics locaux.

    A Husby, le centre de santé public a été fermé et remplacé par un centre privé plus petit. Les écoles et les centres de jeunes, entre autres, ont été fermés. Les jeunes ont été particulièrement touchés par ces mesures. 570 jeunes âgés de 20 à 25 ans (38% !) n’ont ni emploi ni études à Husby.

    Le fossé de la pauvreté s’élargit

    Un rapport récent de l’OCDE a montré que la Suède avait le plus rapide taux de croissance du fossé qui existe entre les riches et les pauvres. Elle est passée de la première place sur l’échelle de ‘‘l’égalité’’ à la 14ème place (sur les 34 pays que compte l’OCDE). Les résultats des écoles suédoises ont également chuté, passant des meilleures moyennes vers des résultats moyens ou inférieures à la moyenne.

    Ce qui a déclenché les évènements dramatiques de cette semaine est sans aucun doute l’intervention policière et le tir mortel sur un homme de 69 ans qui semblait être à l’origine d’une certaine agitation dans sa propre maison lundi dernier.

    Cette situation a soulevé de vives critiques et la colère chez beaucoup d’habitants, notamment chez les jeunes qui expérimentent souvent la brutalité et le harcèlement policiers. ‘‘Une chose comme celle-là n’arriverait jamais dans les quartiers riches’’ est un sentiment très répandu à Husby.

    Une organisation locale jeune, les Megafonen, ont organisé une petite manifestation revendiquant une enquête indépendante concernant le tir de la police ainsi que des excuses publiques pour les proches de la victime et les résidents locaux. Rättvisepartiet Socialisterna a pris part à cette manifestation et a appuyé ces revendications en y ajoutant l’exigence du contrôle démocratique sur la police.

    Lorsque les violences ont éclaté dimanche soir, la police est intervenue brutalement en proférant des insultes racistes contre les jeunes et les habitants. Des témoins crédibles affirment que la violence ne s’est intensifiée qu’après le moment ou un chien policier ait attaqué une mère venue pour éloigner son fils de 14 ans des lieux. Les habitants adultes ont également été sujets à des coups de matraques et des coups de poing dans le visage de la part des policiers. Ils ont également été victimes d’un flot d’insultes et à des termes tels que ‘‘singes’’, ‘‘imbéciles’’, ‘‘blackies’’,…

    Accuser les immigrés

    Les médias traditionnels et les politiciens ont rapidement condamné les émeutes. Le premier ministre, Fredrik Reinfeldt a souligné que les habitants de Husby devaient apprendre les règles ‘‘suédoises’’, ce qui sous-entend que ce sont les immigrés qui sont à l’origine des violences. Le chef du sous-conseil local, un conservateur, a déclaré que les habitants de Husby ne devaient être que reconnaissants et a qualifié ses jeunes de ‘‘voyous’’.

    Les médias en général n’ont aucun lien avec ces zones et ne peuvent comprendre ce qui s’y déroule. Bien sur, la population d’Husby est aussi apeurée, en colère et frustrée concernant les incendies de voitures. Tout en expliquant les origines politiques des émeutes, les militants marxistes doivent prendre positions.

    Lundi, dans la première déclaration de Rättvisepartiet Socialisterna sur ces évènements, nous écrivions : ‘‘Bien que beaucoup peuvent considérer le vandalisme comme une forme de protestation, c’est malheureusement complètement erronée, destructeur et diviseur pour la population locale. Beaucoup de ceux qui ont vu leur pizzeria vandalisée, leur voiture brulée et les 50 personnes qui ont été contraintes d’évacuer un garage en feu sont maintenant susceptibles de revendiquer simplement plus de police.’’

    Nous avons également expliqué qu’il est faux d’espérer que les simples protestations spontanées pourront transmettre un message qui pourrait inciter les dirigeants à faire des concessions.

    Les luttes de Husby

    Lors de la manifestation à Husby mercredi, Arne Johansson, rédacteur en chef de Offensiv (l’hebdomadaire de Rättvisepartiet Socialisterna) et habitant d’Husby, était le principal orateur. Il a condamné la brutalité policière et a ajouté ‘‘La solution n’est pas de brûler les voitures des autres. Ce qui est nécessaire, c’est une lutte unifiée contre le gouvernement et le conseil communal. Nous avons toujours eu un esprit de solidarité à Husby, un sentiment de fierté vis à vis de notre quartier. Nous sommes habitués à lutter ensemble pour ce que nous voulons.’’

    Dans les faits, jusqu’à ces derniers jours, Husby a été relativement épargné par les incendies de voitures et le vandalisme. Une des raisons qui permet de comprendre cette situation est qu’il y a eu beaucoup de luttes locales à Husby.

    Les habitants d’Husby ont une longue tradition de luttes pour leurs intérêts, dans lesquelles Rättvisepartiet Socialisterna a joué un rôle prépondérant. Un plan du conseil communal pour la démolition de maisons, leur restauration luxueuse et une hausse de 70% de leurs loyers a été repoussé par la lutte en 2007-2008. La même localité (Järvas Framtid) s’est également battu et est sorti victorieux d’une lutte contre la privatisation de la piscine publique et contre un plan local de changement routier qui aurait été dangereux pour les piétons. D’autres luttes, comme celle contre la fermeture du centre de santé, ont été perdues, mais ont donné à la population impliquée une expérience certaine de l’activisme et du combat collectif.

    Lors de la manifestation de rue, la population locale a été encouragée à parler et tout le monde fut invité à d’autres meetings et manifestations de campagne.

    Rättvisepartiet Socialisterna soutient les revendications mises en avant par le réseau local de la campagne :

    • Une enquête indépendante et des excuses de la police – avec la fin de la brutalité policière et l’utilisation de méthodes militaire !
    • Une action immédiate pour des emplois et des formations pour tous les jeunes – Un emploi pour tous !
    • Une réhabilitation des services publics et la rénovation des logements sociaux sous nos conditions – la fin des privatisations et des coupes budgétaires !

    Rättvisepartiet Socialisterna milite pour unir les luttes entre elles et pour la création d’un nouveau parti des travailleurs combatif qui soit le prolongement des luttes de la classe des travailleurs, armé d’un programme socialiste en réponse aux politiques de droite actuelles.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop