Your cart is currently empty!
Portugal. Nouvelle explosion sociale contre l’austérité et le gouvernement : Que la Troïka dégage !
Ce 2 mars, environ 1,5 million de personnes ont manifesté dans les rues du Portugal. Même les medias ont dû parler de la mobilisation probablement la plus importante de l’histoire du pays. Ainsi, 800.000 personnes ont protesté à Lisbonne, 400.000 à Porto, et des dizaines de milliers d’autres encore dans plus d’une trentaine de villes portugaises, sous le slogan “Que la Troïka dégage, le peuple est le meilleur dirigeant”. Ces manifestations ont donné une claire illustration de la colère bouillonnante qui fermente dans la société portugaise en conséquence de la spirale mortelle que constitue la politique d’austérité brutale des marionnettes de la Troïka, le gouvernement de centre-droit dirigé par Passos Coelho (PSD, parti conservateur).
socialistworld.net
Un puissant message a été envoyé à la troïka – l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international – alors que ses représentants visitaient Lisbonne pour la septième fois afin d’y superviser les brutales coupes budgétaires imposées au pays. Devant le ministère des finances, des centaines de milliers de personnes ont protesté contre la troïka tout en exigeant également la chute du gouvernement. Un manifestant cité par Euronews.com a déclaré : "Je veux juste dire à Passos Coelho que j’ai le droit de crier et de montrer à tous à quel point je suis révolté contre son incompétence, sa médiocrité et sa malhonnêteté – contre tout.’’ Un autre a ajouté : ‘‘Si le gouvernement prête attention à ce qui se passe et comprend que les gens sont contre eux, ils doivent partir. Sinon, cela ne s’arrêtera pas."
Le quotidien Publico a cité un manifestant à propos de Passos Coelho (le nom du premier ministre, mais aussi le terme portugais pour ‘‘lapin’’): ‘‘Je préfère avoir du cheval dans mes hamburgers que des lapins [Coelhos] au gouvernement."
Ces manifestations, qui ont réuni travailleurs, pauvres et soldats dans chaque ville du pays, ont démontré que les Portugais sont prêts au combat et déterminés à pousser ce gouvernement et ses politiques hors de la scène de l’histoire.
Traduire la colère en stratégie vers la victoire
La tâche qui fait actuellement face au mouvement, afin de conduire cette massive volonté populaire pour un changement vers la victoire, est de se construire à l’aide d’une stratégie conséquente et combative pour faire tomber la coalition au pouvoir, armée des idées nécessaires et du programme nécessaire pour faire sortir les masses de la misère de la crise capitaliste.
Une grève générale de 24 heures est nécessaire en tant qu’étape immédiate de la lutte pour faire chuter ce gouvernement.
En septembre dernier, la même plate-forme avait réuni des centaines de milliers de personnes dans les rues. Le gouvernement avait été plongé dans le désarroi et avait même été forcé de revenir sur plusieurs importantes mesures d’austérité qui avaient été annoncées. Cet élan n’a toutefois malheureusement pas été saisi pour mettre en avant un calendrier d’action allant crescendo pour pousser le gouvernement vers la sortie. Cette erreur ne doit pas être répétée.
Armenio Carlos, le secrétaire général de la CGTP (la principale fédération syndicale) a déclaré dans son discours du 2 mars : "Aujourd’hui, il est clair que ce gouvernement n’a aucune légitimité politique, n’a aucune légitimité morale, n’a aucune légitimité éthique pour continuer à gouverner, parce que toute visite, par n’importe quel ministre, est suivie par des protestations et la revendication de la démission du gouvernement. Le gouvernement est devenu le problème qui empêche la solution’’ (Euronews.com). Cependant, Carlos ne donne actuellement aucune direction à la lutte.
L’organisation de ceux qui ont fait l’histoire ce 2 mars 2013 au sein de comités d’action démocratiques sur les lieux de travail dans les communautés, une campagne immédiate pour forcer les dirigeants de la CGTP (la principale fédération syndicale) à organiser une grève générale visant à renverser le gouvernement, l’occupation de bâtiments stratégiques et des principaux lieux de travail, etc., ne sont plus des rêves utopiques, mais des tâches urgentes. Compte tenu de l’esprit révolutionnaire et de la force du mouvement qui se sont exprimés le 2 mars, les militants n’ont pas seulement à faire pression sur les dirigeants syndicaux pour qu’ils lancent un tel appel, il faut aussi assurer que le mouvement soit construit de la base.
Si le gouvernement Coelho tombe, quelle alternative ?
Parallèlement à cela, les partis de gauche de masse (le Bloc de Gauche et le Parti communiste, qui se partagent déjà près de 30% dans les sondages d’opinion) ont été placés devant une responsabilité historique pour canaliser le mouvement avec un programme politique destiné à mettre un terme à la misère et à l’austérité du capitalisme. Ce qu’il faut est un programme qui refuse de payer la dette, qui refuse l’austérité, basé sur la nationalisation des banques et des principaux secteurs de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Un tel gouvernement pourrait immédiatement inspirer un nouveau développement des luttes en Grèce, en Espagne, en Italie et à travers toute l’Europe et pourrait par exemple réunir les travailleurs grecs, espagnols et italiens dans une lutte commune contre la dictature des marchés et de la Troïka.
Cela nécessite la création urgente d’un front unique des partis de gauche, des syndicats et des mouvements sociaux autour d’un programme orienté vers l’instauration d’un gouvernement des travailleurs et des pauvres afin de refuser de payer la dette et d’appliquer des politiques socialistes.
Les manifestations baignaient littéralement dans l’héritage de la révolution portugaise d’avril 1974, la ‘‘Révolution des Œillets’’, notamment autour du chant "Grandola Vila Morena", l’hymne de cette révolution. Cet air n’a cessé d’être chanté ces dernières semaines et a clôturé de nombreuses manifestations, dans des scènes émouvantes qui reflétaient la manière dont, 38 ans après, la crise capitaliste a ramené la révolution au premier plan de l’agenda. La seule façon de se saisir de cet héritage est de mener à bien la révolution socialiste aujourd’hui.