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Tag: United Nations
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MEETING : Après le massacre de Marikana : Solidarité avec la lutte des mineurs !
Les mineurs sud-africains contre le capitalisme sauvage
UN DIRIGEANT OUVRIER PREND LA PAROLE – TÉMOIGNAGE DE SEBEI MAMET, PRÉSIDENT DE LA COORDINATION NATIONALE DES COMITÉS DE GRÈVE
En août dernier, l’assassinat brutal de 34 mineurs sud-africains a choqué le monde entier et a rappelé à la mémoire de cruels souvenirs du régime d’Apartheid. Cet événement dramatique a révélé que, malgré la fin officielle de l’Apartheid en 1994, le régime en place reste impitoyable et brutal.
Evènement Facebook
La société sud-africaine a véritablement été ébranlée. Les grèves des mineurs et leurs revendications ont pris de l’ampleur et sont devenues des sujets de société. Le mécontentement social y a trouvé un moyen d’expression, il s’est cristallisé. De plus en plus est exigé un changement fondamental tandis que l’élite politique corrompue et leurs amis au sein des syndicats sont rejetés.
L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde. Près d’un quart de la population se couche affamée chaque jour. La grande majorité de la population vit dans de misérables conditions. Mais il existe une infime élite de super-riches qui, alliée aux entreprises occidentales, pille les ressources naturelles.
Depuis l’été, la crédibilité de l’ANC au pouvoir a définitivement été ébranlée. Il partage une même crainte avec les patrons concernant l’arrivée d’un mouvement des travailleurs sud-africains avec des revendications propres. Comme le quotidien britannique The Guardian l’écrivait le 7 septembre : ‘’L’ANC faisait partie de l’esprit noir, de l’âme noire, avec un caractère quasi mystique. Mais maintenant, ils ont perdu leur aura. Le lien a été rompu et cela a été retransmis en direct à la télévision’’. Mais que faire maintenant?
EGA et le PSL sont très fiers d’inviter Mametlwe Sebei – porte-parole de la Coordination Nationale des Comités de Grève – pour quelques réunions publiques en Belgique. Sebei est également membre du Democratic Socalist Movement, organisation-soeur du PSL en Afrique du Sud. Il a pu parler des exigences et aspirations des mineurs sud-africains, et de la population en général, dans les médias nationaux et internationaux.
Venez écouter ce témoignage unique d’un militant sud-africain réellement socialiste au sujet des conditions de vie et de travail dans le pays, de la brutalité du capitalisme et de l’élite sud-africaine, des changements intervenus depuis l’abolition de l’Apartheid en 1994 et enfin des solutions que son mouvement met en avant.
Le Wall Street Journal a cité Sebei le 13 septembre: ‘’L’ANC ne représente plus la classe ouvrière d’Afrique du Sud. Dimanche prochain, nous organisons une grève massive pour faire en sorte que les profits ne priment plus sur le peuple.’’
Mardi 11/12 ANVERS 19H30 MULTATULI ( LANGE VLIERSTRAAT 5 )
Mercredi 12/12 GAND 19H30 GEUZENHUIS ( KANTIENBERG 9 )
Jeudi 13/12 BRUXELLES 19H30 RANDSTAD ( 45 RUE DU JARDINIER, MOLENBEEK )
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Journée d'action européenne contre l'austérité à Mons
Ce 29 février, la Confédération Européenne des Syndicats avait appelé à organiser une action devant la Banque Nationale pour dénoncer les responsables de la crise dont nous faisons les frais. Réunis en front commun, les syndicats ont dénoncé les millions d’Européens souffrant de la crise économique et sociale qui a été provoquée par les banques et les spéculateurs.
par Aurore (Mons)
- Un syndicalisme de concertation et de service ou un syndicalisme de combat et démocratique ?
- Bruxelles, photos de Karim
- Charleroi, rapport de Gilles
- Verviers, Namur, Luxembourg
- Gand, photos de Jean-marie
- Action de solidarité avec les luttes étudiantes de Valencia
Partout en Europe, le taux de chômage explose. Les chiffres mis en avant sont choquants : on constate que dans certains pays, un jeune sur deux est sans emploi. UN sur DEUX! 115 millions d’Européens, soit 23,5% de la population, sont menacés par la pauvreté ou l’exclusion sociale.
Les dirigeants européens et le gouvernement belge ont encore renforcé les mesures d’assainissement alors qu’on sait pertinemment que l’austérité ne peut pas et ne réussira pas à nous sortir de la crise. Tous les pays européens sont obligés d’assainir leur finances, ce qui va engendrer des coupes sombres dans les budgets les plus essentiels : soins de santé, enseignement,… Là où justement on a besoin de plus de moyen, il va falloir faire avec moins… et pour une demande croissante. Les demandes d’aides sociales explosent mais les caisses seront vides et une foule de gens laissés dans la misère.
A Mons, l’action, qui a rassemblé près de 300 personnes, était une manifestation qui a démarré de la gare de Mons à 10h15 et s’est déplacée jusqu’au siège de la Banque Nationale, avenue Frère Orban, où les discours ont été virulents à l’égard de nos politiques. La crise sert d’alibi pour démanteler les droits des travailleurs et la sécurité sociale. La réponse des syndicats belges et européens est sans équivoque : Nous ne nous laisserons pas faire !
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Conférence à l’ULB: Hier et aujourd’hui, luttons pour nos droits !
Ce mardi soir, à l’Université Libre de Bruxelles, une soixantaine de personnes sont venues assister à une conférence destinée à commémorer le 50e anniversaire de la grève générale de l’hiver 1960-61. Le film ‘‘Combattre pour nos droits’’ de Frans Buyens y a également été projeté.
Par EGA-ULB
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TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG
“La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”
A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir. Ce dossier est intégralement basé sur ces quelques 350 passionnantes pages d’expériences et d’enseignements, richement documentées. N’hésitez pas et passez commande à la rédaction de socialisme.be.
==> Rubrique "60-61" de ce site
‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.
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Après la projection du film, différents orateurs ont pris la parole avant le débat. Gustave Dache, militant ouvrier de l’époque et auteur d’un livre sur ces évènements, a bien entendu parlé de la grève générale de 60-61 et de l’expérience de lutte qu’il y avait acquise, mais a surtout tenu à préciser qu’aujourd’hui, les travailleurs peuvent encore se révolter. Gustave fut très applaudi et de nombreux participants sont venus par la suite le féliciter.
Après lui, Corine Gobin (membre du département de science politique de l’ULB) et Guy Van Sinoy (délégué CGSP Finances) ont aussi abordé la nécessité de lutter aujourd’hui et, dans le cas de Guy Van Sinoy, du manque actuel d’un outil politique pour les travailleurs.
Au cours du débat, les questions et interventions ont porté sur ce qu’était le réformisme à l’époque, sur les mobilisations d’aujourd’hui,… Les Etudiants de Gauche Actifs ont approfondi la question de la nécessaire construction d’un relais politique pour les travailleurs mais ont aussi défendu la nécessité d’un parti révolutionnaire capable d’offrir une orientation politique vers le renversement du capitalisme et la construction d’une société socialiste démocratique.
Ce débat a été organisé par Attac-ULB, les Etudiants FGTB de l’ULB, EGA-ULB, les JAC, Ecolo-ULB, les ES, Amnesty-ULB, le Librex et le BESPO.
Tournée de meetings de Gustave Dache
Gustave Dache va se rendre à Louvain, Gand, Bruxelles, Anvers, Liège,… pour y présenter son livre et discuter de l’actualité des leçons de cette lutte extraordinaire. N’hésitez pas et venez vous aussi discuter de la grève générale de l’hiver 60-61, pour mieux se préparer pour les luttes à venir! Plus d’informations.
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50e anniversaire de la grève générale de l’hiver 60-61: Retour sur le Programme des réformes de structures
Face aux divers programmes d’austérité qui frappent les pays européens, il nous faut opposer un programme anti-crise favorable aux travailleurs. A ce titre, il est intéressant de revenir sur le Programme des réformes de structures adopté par la FGTB en 1954 et par le Parti Socialiste Belge (PSB) en 1959 ainsi que sur le débat qui a concerné la façon de l’utiliser.
Par Nicolas Croes
A l’époque également, l’économie belge était en crise. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la bourgeoisie belge avait préféré investir ses profits en banque plutôt que dans son appareil de production et, face au développement de nouvelles technologies à l’étranger (électronique, chimie,…), les entreprises belges devenaient de moins en moins compétitives. C’est l’un des éléments qui plus tard a conduit à la batterie de mesures d’austérité comprises dans la Loi Unique, contre laquelle devait se déclencher la grève générale de 60/61.
Afin de réagir face à cette situation, la FGTB a élaboré ce fameux Programme des réformes de structures, qui comprenait notamment l’instauration d’un bureau de planification, d’un conseil national de l’énergie, d’une société nationale de gestion des charbonnages, d’une société nationale de l’électricité, d’une société nationale du gaz, d’une commission de contrôle pour la distribution des produits pétroliers, d’un conseil supérieur des finances,… et surtout d’un contrôle sur les holdings (les grandes entreprises). Mais derrière ce terme de ‘’contrôle’’, assez vague, quand certains entendaient la nationalisation de ces grandes entreprises, d’autres n’y voyaient qu’une proposition allant vers un simple contrôle comptable.
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TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG
“La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”
A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir. Ce dossier est intégralement basé sur ces quelques 350 passionnantes pages d’expériences et d’enseignements, richement documentées. N’hésitez pas et passez commande à la rédaction de socialisme.be.
==> Rubrique "60-61" de ce site
‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.
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C’est tout le débat qui touchait l’ambigüité du programme des réformes de structures. Celui-ci pouvait être vu sous deux angles diamétralement opposés. Pour certains, le problème de la situation d’alors du capitalisme belge résidait simplement dans une mauvaise gestion de l’économie sous la direction des holdings, qui privilégiaient leurs propres intérêts à l’intérêt général. Pour d’autres, il ne pouvait y avoir ‘‘d’intérêt général’’ dans une société divisée en deux classes sociales aux intérêts contradictoires, la classe des travailleurs qui crée les richesses, et celle des capitalistes qui se l’approprie. Donc, quand un groupe pensait qu’il ne fallait que réformer le système, d’autres défendaient qu’il fallait le révolutionner et assurer que la propriété des moyens de production (les secteurs-clés de l’économie comme les banques, l’énergie,…) soit collectivisée et gérée démocratiquement.
C’est pourquoi les militants les plus conscients et radicaux parlaient d’un programme anticapitaliste de réformes de structures. Pour eux, appeler à la nationalisation d’une entreprise ou d’un secteur ne signifiait pas de simplement le placer sous le contrôle de l’État capitaliste, ce qui ne change pas grand chose à sa gestion (comme on peut le voir actuellement avec les grandes banques qui ont été nationalisées dans divers pays suite à l’effondrement du secteur financier). Ce qu’ils entendaient par ‘‘nationalisation’’, c’était des nationalisations sous le contrôle des travailleurs, avec l’objectif de parvenir à une planification de l’économie.
Un tel mot d’ordre n’était pas considéré comme une simple proposition de loi à défendre au Parlement, mais comme un programme avant tout destiné à être un moyen de mobilisation des travailleurs, une façon de construire un rapport de forces axé sur la lutte et non sur la voie parlementaire. Plus fondamentalement, il s’agissait d’avoir un programme faisant le pont entre les besoins immédiats des travailleurs et la nécessité de renverser le capitalisme pour instaurer une société socialiste.
C’est dans cet esprit que le PSL défend aujourd’hui, par exemple, la nationalisation du secteur financier sous le contrôle des travailleurs et non simplement la création d’une banque publique (ce qui ne changerait pas grand chose à la manière dont agit le secteur financier). C’est aussi pour cela que nous défendons la diminution du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires comme étant la meilleure façon de lutter contre le chômage. C’est encore pour cette raison que nous mettons en avant la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs et non simplement une proposition de loi visant à interdire les licenciements.
Toutes ces propositions ont la particularité d’entrer frontalement en conflit avec la logique du capitalisme et d’orienter la contestation vers la collectivisation de moyens de production et non simplement vers une critique du capitalisme ou une ‘‘meilleure répartition des richesses’’. Ce n’est que de cette façon que l’énergie de la colère des travailleurs et des jeunes ne sera pas déviée vers de faux-semblants, mais pourra au contraire constituer une véritable menace pour le système d’exploitation actuel.
Ce débat, qui a fait rage avant la grève générale de 60/61 et après, est toujours d’actualité. A l’époque, en conséquence du refus de considérer la voie révolutionnaire, c’est le fédéralisme qui a été vu par la direction de l’aile gauche de la FGTB comme le moyen d’obtenir l’application de ce programme, sur base de la prépondérance du PSB en Wallonie. Outre l’élément de division que cela a constitué dans le mouvement des travailleurs, nous pouvons clairement voir aujourd’hui qu’il ne s’agissait que d’une impasse. Le capitalisme ne peut pas être domestiqué, il doit être renversé.
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Charleroi: Inauguration d’une exposition de photographies sur la grève générale de 1960-61
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TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG
“La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”
A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir.
==> Rubrique "60-61" de ce site
‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.
Meetings et présentation du livre dans votre région
Gustave Dache va bientôt commencer une tournée de meetings afin de présenter son livre et d’aborder l’expérience de cette grève et se rendra à Bruxelles, Liège, Namur, Charleroi, Mons, Gans, Anvers,… Plus d’informations suivront bientôt sur ce site.
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Ce samedi a été inaugurée l’exposition de photos de la grève générale de l’hiver 60-61 organisée par diverses associations (CenForSoc ASBL, la FGTB régionale de Charleroi et Sud Hainaut et le Centre de documentation de la mémoire ouvrière de Cenforsoc) à l’Université du Travail de Charleroi. L’inauguration a été l’occasion d’une conférence débat sur le rôle de cette lutte ouvrière avec les historiens Jean-Louis Delaet et Pierre Tilly ainsi que Gustave Dache à laquelle ont participé environ 80 personnes.
Il y a notamment beaucoup été question de l’impasse des propositions fédéralistes faites par André Renard au cours de la grève ainsi que du caractère insurrectionnel et révolutionnaire de cet évènement (voir notre dossier sur cette grève générale). Après la présentation des trois orateurs, un débat a suivi avec la salle, qui a permis d’approfondir l’un ou l’autre aspect de cette lutte. Il est à noter que la nécessité de tirer les leçons de cette grève pour se préparer face aux défis actuels des travailleurs a été souligné par différents intervenants. Dans ce cadre, le livre de Gustave Dache édité par le PSL, ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61” a été particulièrement bien accueilli, et plus de vingt exemplaires ont été vendus.
Cette exposition est accessible du lundi au vendredi de 9h à 16h et le samedi de 8h30 à 12h30, du 13 au 26 novembre 2010 à la bibliothèque de l’Université du Travail de Charleroi, Boulevard Roullier n°1. Une rencontre intergénérationnelle aura également lieu le 26 novembre à 14h sur le sujet des grèves et de leur message pour les jeunes.
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[DOSSIER] Retour sur la “grève du siècle”
50 ans après la grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61
Ces cinq semaines d’un combat implacable, mené en plein hiver, constituent rien de moins que l’évènement le plus grandiose à ce jour de l’histoire des luttes de la classe ouvrière belge. A la base de ce conflit qui a puissamment ébranlé les fondations du système capitaliste, se trouvait un plan d’austérité particulièrement brutal, la Loi Unique. A l’heure où les plans d’austérité pleuvent sur les travailleurs partout en Europe et ailleurs, à l’heure où reviennent à l’avant-plan les grèves générales (voir notre dossier du mois dernier), les leçons à tirer de ce conflit sont inestimables.
Par Nicolas Croes, sur base du livre de Gustave Dache
LE CONTEXTE
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’appareil de production de la bourgeoisie belge était quasiment intact, un énorme avantage pour une économie belge basée sur l’exportation face à des économies voisines à reconstruire. La machine économique belge tournait donc à plein rendement mais, face au développement progressif de nouvelles industries à l’étranger, cet avantage a progressivement disparu.
De plus, la bourgeoisie belge avait délibérément négligé des branches industrielles qui s’étaient récemment développées, comme la chimie ou encore l’électronique, pour conserver une structure industrielle basée sur l’industrie lourde (sidérurgie, extraction de charbon,…). Plutôt que d’investir dans leur appareil de production, les capitalistes belges investissaient leurs profits en banque. Disposant d’un très puissant capital financier, la Belgique était alors qualifiée de ‘‘banquier de l’Europe’’. Cette fonction de banquier a toutefois été fondamentalement remise en question par la crise de l’industrie. A cela s’ajoutait encore le coût de la perte du Congo, devenu indépendant le 30 juin 1960.
Pour assurer ses profits, la classe capitaliste belge devait donc prendre des mesures radicales. Comme toujours, c’est aux travailleurs et à leurs familles que l’on a voulu faire payer la crise avec les mesures d’austérité de la Loi Unique. Mais la prudence s’imposait. Un certain climat de lutte régnait à ce moment, et la grève générale insurrectionnelle de 1950 concernant la Question Royale (le retour du roi Léopold III) n’était pas encore oubliée… C’est pour cette raison que le gouvernement avait choisi de commencer la discussion au Parlement sur la Loi Unique le 20 décembre, en comptant sur les préparatifs des fêtes de fin d’année afin d’affaiblir la mobilisation des travailleurs.
De leur côté, la direction du Parti Socialiste Belge et de la FGTB comptaient également sur cette période pour éviter de prendre l’initiative et déclencher les hostilités. Les bureaucrates du PSB et de la FGTB étaient pris entre deux feux. Une défaite significative des travailleurs aurait signifié que la bourgeoisie aurait sérieusement commencé à s’en prendre à ses positions et à ses privilèges, mais une victoire de la classe ouvrière était tout aussi menaçante pour ces mêmes privilèges.
La direction du PSB avait déjà démontré à plusieurs reprises sa servilité à la ‘raison d’Etat’. Quand s’était déroulée la grève des métallurgistes de 1957, le ‘socialiste’ Achille Van Acker, alors premier ministre, n’avait pas hésité à la réprimer. Cependant, la très forte base ouvrière active en son sein forçait la direction du PSB à imprimer des accents plus radicaux à sa politique. Début octobre 1960, le PSB a donc pris l’initiative de mener campagne dans tout le pays au sujet de la Loi Unique. C’était l’Opération Vérité, dont le but était d’assurer qu’une fois la Loi votée et appliquée, la colère et le mécontentement des travailleurs se traduisent en soutien électoral. Partout, l’assistance était nombreuse et les salles souvent trop petites. Ce n’était pas son objectif premier, mais cette campagne aura joué un effet non négligeable dans la préparation de la bataille de l’hiver 60-61.
Au niveau syndical, les directions voulaient elles aussi éviter la grève générale et une lutte dont elles pouvaient perdre le contrôle. La Centrale Syndicale Chrétienne, proche du PSC au pouvoir, a dès le début freiné la contestation de tout son poids. Au cours de la grève générale pourtant, de très nombreux militants de la CSC, tant au nord qu’au sud du pays, ont rejoint la lutte.
Au syndicat socialiste, différentes ailes s’affrontaient, ce qui s’est exprimé lors du Comité National Elargi du 16 décembre 1960. La gauche syndicale groupée autour d’André Renard y avait proposé de voter pour un plan comprenant une série de manifestations allant vers une grève générale de 24 heures le 15 janvier 1961 (soit après le vote de la Loi Unique, beaucoup trop tard). De son côté, la droite proposait de simplement organiser une journée nationale d’action quelque part en janvier 1961. Au final, la gauche syndicale a reçu 475.823 voix, la droite 496.487. Mais, en moins de quatre jours, ces deux positions ont complètement été dépassées par l’action de la base.
LA BATAILLE COMMENCE – L’APPAREIL SYNDICAL EST DÉBORDÉ
Les services publics étaient particulièrement touchés par la Loi Unique et, le 12 décembre, la Centrale Générale des Services Publics de la FGTB avait appelé au déclenchement d’une grève générale illimitée pour le matin du 20 décembre.
Dans tout le pays, la grève des services publics a très bien été suivie. A Gand, par exemple, les ouvriers communaux ont bloqué la régie de l’électricité, privant de courant le port et toute la région. Des milliers de syndiqués chrétiens ont rejoint le mouvement, contre l’avis de leurs dirigeants. Dès ses premières heures, le mouvement n’est pas resté limité au service public, de nombreuses grosses entreprises ont été mises à l’arrêt. Souvent, les travailleurs ont dû menacer leurs délégués, qui tentaient d’appliquer les consignes des sommets syndicaux.
En quelques heures, l’action spontanée des travailleurs a ébranlé tout le système capitaliste et surpris ses agents dans le mouvement ouvrier. Le lendemain, désolé, le secrétaire général de la FGTB Louis Major (également député socialiste) s’est lamentablement excusé à la Chambre en disant : ‘‘Nous avons essayé, Monsieur le premier ministre, par tous les moyens, même avec l’aide des patrons, de limiter la grève à un secteur professionnel.’’
Le 21 décembre, tout le pays était paralysé. Ce jour-là, on pouvait lire dans La Cité: ‘‘on signale qu’en plusieurs endroits, les dirigeants de la FGTB euxmêmes auraient été pris de court (…) Il semble bien qu’en certains endroits du moins, le contrôle du mouvement échappe à la direction de la FGTB.’’ Pour pallier au manque de direction, les travailleurs se sont petit à petit organisés avec des comités de grève, qui ont commencé à se coordonner. Voilà très précisément ce que craignait le plus la direction syndicale : qu’une nouvelle direction réellement basée sur la lutte collective des travailleurs se substitue à elle. La droite de la FGT B nationale, qui s’était opposée par tous les moyens à la grève générale, s’est déchargée de ses responsabilités sur les régionales en leur laissant le choix de partir ou non en grève.
Ainsi, ce n’est qu’après que la grève générale ait été effective dans tout le pays que les régionales ont lancé un mot d’ordre de grève générale et tenté de dissoudre ou de récupérer les comités de grève (qui contrôlaient 40% de la région de Charleroi par exemple).
TRAVAILLEURS FRANCOPHONES ET FLAMANDS UNIS DANS LA LUTTE
La grève s’est étendue partout, les débrayages spontanés surgissant dans tout le pays. Les métallurgistes, les verriers, les mineurs, les cheminots, les dockers, etc. étaient tous en grève, toute la Wallonie était paralysée. En Flandre, le développement de la grève était plus lent et plus dur, mais bien réel. Des secteurs entiers y étaient en grève. D’ailleurs c’est en Flandre que s’est trouvée la seule entreprise à avoir été occupée par les grévistes lors de cette grève générale (la régie de l’électricité de Gand, du 20 au 30 décembre).
Contrairement à ce que certains affirmeront par la suite, les travailleurs flamands ont largement démontré qu’ils étaient fermement engagés dans la lutte, malgré toutes les difficultés supplémentaires rencontrées dans une région où n’existaient pas de bassins industriels comparables à ceux de Charleroi ou de Liège, où le poids réactionnaire du clergé était plus important, où la CSC était dominante et où la direction de la FGTB était plus à droite.
Dans ce cadre, la constitution sous la direction d’André Renard du Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB, le 23 décembre, a représenté une véritable trahison. En plus d’être une manoeuvre destinée à assurer que la direction de la lutte n’échappe pas à l’appareil de la FGTB en faveur des comités de grève, la formation de ce Comité a divisé les forces de la classe ouvrière face à un gouvernement, des forces de répression et une bourgeoisie unie nationalement. Toujours à l’initiative d’André Renard, cette politique de division des travailleurs a été encore plus loin quand, au moment le plus critique de la lutte, la gauche syndicale a introduit la revendication du fédéralisme.
LE DANGER DE LA RÉVOLUTION
Au départ, il ne s’agissait que de la Loi Unique mais, très rapidement, c’est la question de la prise du pouvoir qui s’est posée. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que n’apparaissent dans les nombreux et massifs cortèges de manifestants des slogans revendiquant une Marche sur Bruxelles. Ce que les travailleurs entendaient avec cet appel, ce n’est pas une simple manifestation à Bruxelles, mais un rassemblement ouvrier massif dans la capitale pour une confrontation ouverte avec le régime.
Ce mot d’ordre avait été décisif en 1950 lors de la grève générale sur la Question Royale. Le roi Léopold III avait abdiqué la veille de la tenue de cette Marche afin de désamorcer un mouvement qui n’aurait pas seulement fait basculer la monarchie, mais aurait également fait courir un grand péril au régime capitaliste lui-même. En 60-61, si les bureaucrates ont refusé d’organiser la Marche sur Bruxelles, c’est qu’ils comprenaient fort bien que ce mot d’ordre signifiait l’affrontement révolutionnaire des masses ouvrières et de l’Etat bourgeois.
Face à l’ampleur du mouvement de grève, le gouvernement a réagi par l’intimidation, par de nombreuses arrestations arbitraires et par la violence des forces de l’ordre. Le gouvernement craignait que les grévistes ne parviennent spontanément à s’emparer des stocks d’armes et de munitions entreposées à la Fabrique Nationale, occupée militairement. L’armée a été envoyée renforcer la gendarmerie afin de surveiller les chemins de fer, les ponts, les grands centres, etc. Des troupes ont été rappelées d’Allemagne.
Mais les forces de répression se déplaçaient lentement à cause des routes parsemées de clous, des rues dépavées ou encore des barrages. De plus, les troupes n’étaient pas sûres et subissaient la propagande des comités de grève les appelant à rejoindre la lutte. A certains endroits, les femmes de grévistes apportaient de la soupe et de la nourriture aux soldats. Le pouvoir bourgeois avait grand peur de cette fraternisation avec les grévistes.
Les dirigeants syndicaux étaient systématiquement plus fortement hués lors des meetings de masse, car ils ne faisaient qu’inlassablement répéter en quoi la Loi Unique était néfaste alors que les travailleurs criaient ‘‘A Bruxelles ! A Bruxelles !’’ C’est dans ce cadre qu’il faut considérer les très nombreux actes de sabotage de cette grève générale. Ces actes ne sont que la conséquence de la frustration, de la colère et de l’impatience des travailleurs suite au refus des responsables de donner une perspective au mouvement.
André Renard, le leader de l’aile gauche de la FGTB, a partout été réclamé pour prendre la parole. Sa rhétorique plus radicale correspondait mieux à l’état d’esprit des grévistes mais derrière son discours se cachait la volonté de ne faire qu’utiliser la force des travailleurs pour forcer la bourgeoisie à faire des concessions et non pour renverser le régime capitaliste. En cela, il a surestimé la marge de manoeuvre dont disposaient les capitalistes et a été forcé de trouver une voie de sortie honorable.
LE FÉDÉRALISME : L’ÉNERGIE DES MASSES DÉTOURNÉE
Le mouvement était placé devant un choix : la confrontation directe avec le régime capitaliste ou la retraite derrière un prétexte capable de sauver la face à une partie au moins de l’appareil syndical. C’est dans ce cadre qu’il faut voir l’appel au fédéralisme lancé par André Renard, un appel fatal à la grève générale. Le 31 décembre, le Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB publiait un communiqué déclarant que la grève était essentiellement localisée en Wallonie, ce qui est faux. Alors que, partout, les travailleurs réclamaient des actions plus dures, le Comité a répondu en semblant prétendre que seule la Wallonie luttait.
Le 3 janvier, André Renard s’est ouvertement prononcé contre une Marche sur Bruxelles. Le même jour, il a déclaré « Le peuple Wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons plus que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple. » (Le Soir du 4 janvier 1961) Le 5 janvier paraissait le premier numéro de l’hebdomadaire dirigé par André Renard, Combat. Son slogan de première page était : « La Wallonie en a assez. »
Peu à peu, et sans consultation de la base, c’est ce mot d’ordre, une rupture de l’unité de front entre les travailleurs du pays, qui a été diffusé par l’appareil syndical. A ce moment, des dizaines de milliers de travailleurs flamands étaient encore en grève à Gand et Anvers, mais aussi dans des villes plus petites comme Bruges, Courtrai, Alost, Furnes,…
Finalement, faute de mots d’ordre et de perspective, le mouvement s’est essoufflé. La grève s’est terminée le 23 janvier 1961.
Cette défaite ne doit rien au génie ni à la force du patronat et de son gouvernement, mais tout à la trahison des dirigeants du PSB et de la FGTB, de droite comme de gauche, qui ont préféré la défaite à la poursuite de la lutte contre le capitalisme et pour une autre société.
Comment la défaite aurait-elle pu être évitée ?
Ce combat historique a été caractérisé par la gigantesque volonté d’en découdre de la part du mouvement ouvrier. Il n’a manqué qu’une chose pour que le mouvement aboutisse à sa conclusion logique, c’est-à- dire le renversement du régime capitaliste, il aurait fallu une direction réellement révolutionnaire aux masses en mouvement. Dans son Histoire de la révolution russe, Léon Trotsky (l’un des dirigeants de cette révolution avec Lénine) a expliqué que “Sans organisation dirigeante, l’énergie des masses se volatiliserait comme de la vapeur non enfermée dans un cylindre à piston. Cependant le mouvement ne vient ni du cylindre ni du piston, mais de la vapeur.” C’est exactement ce qui s’est produit ici, l’énergie des masses s’est volatilisée. Une organisation, même petite, aurait pu réaliser de grandes choses si elle était décidée à prendre ses responsabilités.
Concrètement, cela aurait signifié d’appuyer sans réserve la constitution des comités de grève et d’appeler à un Congrès national des comités de grève – premier pas vers l’instauration d’un gouvernement ouvrier basé sur les comités de grève – tout en défendant un programme socialiste et révolutionnaire. Cela aurait signifié de vigoureusement dénoncer le refus des directions syndicales d’offrir une voie en avant et les manoeuvres telles que le fédéralisme. Cela aurait aussi signifié d’appuyer concrètement l’appel à la Marche sur Bruxelles. Hélas, cela, personne ne l’a fait. Le Parti Communiste Belge est ainsi essentiellement resté à la remorque du PSB et de la FGTB (il faut toutefois préciser que bon nombre de ses militants ont joué un rôle important dans les entreprises pour déclencher la grève).
Un autre groupe de gauche radicale existait, au sein du PSB, groupé autour du journal La Gauche (Links en Flandre). Ce groupe était essentiellement dirigé par des militants se réclamant du trotskysme et dont la principale figure était Ernest Mandel. Ils prétendaient défendre une politique révolutionnaire, mais ses dirigeants étaient très fortement influencés par la pratique réformiste de la direction du PSB et des appareils bureaucratiques de la FGTB. Dans les faits, ce groupe a suivi la tendance d’André Renard, n’a pas dénoncé la création du Comité de coordination des régionale wallonnes, n’a pas appelé à la convocation d’un Congrès national des comité de grève et a limité son soutien à la Marche sur Bruxelles à de vagues propositions irréalistes. Concernant les propositions fédéralistes de Renard, La Gauche aurait dû réagir en opposant le renversement du gouvernement et de l’Etat bourgeois. A la place ne s’est manifesté qu’un silence complice.
TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG
“La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”
A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir. Ce dossier est intégralement basé sur ces quelques 350 passionnantes pages d’expériences et d’enseignements, richement documentées. N’hésitez pas et passez commande à la rédaction de socialisme.be.
==> Rubrique “60-61” de ce site
‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.
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Jeunes en lutte pour l’emploi – Faites votre choix : le chômage ou un job de misère
Dans les pages de Lutte Socialiste ous ur ce site, nous avons déjà abordé la problématique du chômage des jeunes dans de nombreux articles, notamment avec le chiffre alarmant d’un jeune de moins de 25 ans sur trois au chômage en 2011 ou encore avec la perspective de 800.000 chômeurs en Belgique pour la même année.
Par Nicolas Croes
A NOUS DE PAYER NOS EMPLOIS PRÉCAIRES
Pour les politiciens traditionnels, tout n’est qu’une question de volonté et de formation du sans-emploi… ainsi que d’incitants à l’employeur bien entendu. Johan Vande Lanotte, ancien président du SP.a (le PS flamand), insiste sur l’expérience. Quand on reste au niveau du principe, là, comme ça, ça peut paraître sympa. Qui pourrait dire qu’on n’a pas besoin d’expérience? Sauf que, concrètement, c’est vraiment, mais alors vraiment loin d’être sympa. Son idée, c’est de transformer la période de stage d’attente (1) en une ‘‘période d’expérience au travail’’.
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PARLER, OK, MAIS AUSSI AGIR !
NOUS – POUR DES MARCHES DES JEUNES POUR L’EMPLOI !
Le PSL participe à des comités ‘‘Jeunes en lutte pour l’emploi’’ avec les jeunes FGTB de différentes villes et d’autres organisations comme la Jeunesse Ouvrière Chrétienne pour organiser des manifestations locales sur le thème de l’emploi des jeunes.
Pour nous, il s’agit clairement d’aider à construire un rapport de forces en faveur des travailleurs et des jeunes. N’hésitez pas et participez avec nous : pour avoir un avenir, il nous faudra lutter! Contactez nous! (02/345.61.81)
EUX – MAQUILLAGE CONTRE CHÔMAGE
Deux communes du nord des Pays-Bas ont mis en place un plan destiné à relooker les chômeuses pour les aider à trouver un mari riche qui les dispenserait de devoir toucher les allocations de chômage! Difficile de trouver plus absurde comme méthode de lutte contre le chômage. On doit aussi dénoncer le caractère extrêmement sexiste de cette mesure qui considère que les femmes ne sont pas beaucoup plus que de jolis objets à vendre.
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Derrière les mots, la ‘‘période d’expérience au travail’’ consiste à forcer un jeune à accepter un stage en entreprise, qu’il ne peut refuser, tout comme il serait obligé d’accepter une offre d’emploi dans cette entreprise après le stage. En guise de ‘‘salaire’’ le jeune recevrait une allocation d’attente considérée comme subside à l’emploi. Expliqué plus brutalement, il s’agit d’aller puiser dans les caisses de la collectivité (c’est-à-dire notre argent, celui de nos impôts) pour que des patrons puissent bénéficier de travailleurs quasigratuits, forcés d’accepter n’importe quelle condition.
Ça ne reste qu’une proposition en l’air nous direz-vous. Mais Joëlle Milquet, la ministre de l’emploi du précédent gouvernement, a suivi exactement la même logique avec l’application de son plan win-win (2) : payer des salaires de misère avec l’argent des caisses de l’Etat.
Les diminutions de charges et autres cadeaux aux entreprises ont permis de donner plus d’argent aux patrons tout en laissant ces derniers libres de presser un travailleur comme un citron pour le jeter ensuite quand il n’y a plus assez de ‘‘subside à l’emploi”” pour le soutenir. Cette somme gigantesque, plusieurs milliards d’euros par an, aurait pu être consacrée au développement des services publics, en engageant des travailleurs avec de bons statuts. Il y aurait ainsi moins de chômage, et plus de service à la population. Pas mal hein ? Attendez, parce qu’il y a moyen d’aller encore plus loin.
UN CHOIX DE SOCIÉTÉ
Partout en Europe, les gouvernements regardent les pensions le couteau entre les dents. On parle partout d’élever l’âge d’accès à la retraite. En France, on estime que le projet du gouvernement Sarkozy de repousser l’âge de départ à la retraite représente l’équivalent d’un million d’emplois de jeunes… En Espagne, le gouvernement (dirigé par l’équivalent local du PS) aimerait bien faire pareil, dans un pays où 40% des moins de 25 ans sont au chômage !
Toujours selon Philippe Defeyt, ‘‘le chômage n’a jamais été aussi élevé, il augmente de manière tendancielle, depuis 30 ans, il touche aujourd’hui, quasiment 15% de la population active (…) comment peut-on vivre dans une société, quand de manière aussi structurelle et durable, il n’y a pas assez d’emplois pour tout le monde ? Il est peut-être temps de voir s’il n’est pas possible de s’organiser autrement, sur le plan économique et sur le plan social.”
Pour le PSL, la solution est simple : partager le temps de travail disponible en fonction des forces disponibles. Aujourd’hui, chaque avancée technologique met plus de gens à la rue, alors que cela devrait permettre d’avoir plus de temps à consacrer pour soi et pour la société. Concrètement, le PSL revendique les 32 heures de travail par semaine, avec embauches compensatoires et sans perte de salaire. L’argent existe! Vous vous souvenez des banques qui ont été sauvées à coups de milliards par la collectivité ? Et bien les quatre banques belges ont réalisé ensemble un bénéfice de 1 milliard d’euros uniquement au cours du premier trimestre 2010. Si le secteur financier était placé sous contrôle démocratique des travailleurs et non pas sous celui de requins capitalistes, ces moyens n’iraient pas finir dans les poches de parasites actionnaires et spéculateurs, mais seraient investis pour les besoins de la société.
On est loin d’entendre de telles choses de la bouche des partis traditionnels, et c’est normal. Pour le PS, le MR, Ecolo ou le CDH, ce sont les patrons qui créent la richesse. Pour nous, ce sont les travailleurs : le patron a besoin des travailleurs, les travailleurs n’ont pas besoin de patron.
C’est pourquoi nous luttons contre le capitalisme, pour une société où les richesses extraordinaires dont dispose notre monde seraient consacrées à la satisfaction des besoins de chacun dans le respect de notre environnement. C’est ce que nous appelons une société socialiste démocratique.
- Stage d’attente : période comprise entre la demande d’allocations de chômage et le premier versement, généralement de 9 mois
- Plan win-win : mesure entrée en vigueur le premier janvier et faisant bénéficier les patrons de diminutions de taxes énormes pour un jeune de moins de 26 ans. Dans certains cas, les patrons n’ont même plus rien à payer à l’Etat.
