Category: Métal

  • Nouveaux mouvements de protestations sur les lignes du froid à ArcelorMittal

    De nombreux arrêts de travail se sont déroulés cette semaine à Liège sur les différents sites de la phase à froid à ArcelorMittal, et plusieurs piquets se prolongeront jusqu’à la fin de la semaine. Pour cause, la négociation finale du plan social que direction et syndicats ont prévu normalement de clôturer le samedi 30 novembre. Pour rappel, c’est le 24 janvier 2013 qu’ArcelorMittal avait annoncé la fermeture de 7 lignes de la phase à froid. Sur les 3053 travailleurs concernés, il n’en restera plus que 845, dont 370 ouvriers. 260 externalisations sont également prévues.

    Par Cécile (Bruxelles)

    Ce mercredi 27 novembre, je me suis rendue sur trois piquets de grève, Flerbatil, Kessales et Flemalle afin de montrer le soutien du PSL avec les grévistes et pour m’informer de la situation.

    Un climat d’insécurité dans un contexte de chômage de masse

    C’est d’abord un climat d’insécurité et de crainte quant à l’avenir qui transparaît dans les discussions avec les travailleurs. A Flerbatil, il y a une dizaine de jours, les nouvelles structures de travail avaient été présentées aux travailleurs, ce qui avait provoqué au sein des travailleurs une quarantaine de malaises (1). C’est à ce moment-là que la direction annonçait la suppression de presque la moitié des emplois. Les ouvriers attendent pour l’instant anxieusement lesquels d’entre eux passeront à la trappe. Comme me l’exprime François (2), 51 ans, ouvrier sur le site de Tilleur depuis 10 ans, l’avenir a toujours été incertain à ArcelorMittal. Les ouvriers sont toujours dans la crainte qu’un jour ou l’autre on leur annonce la fermeture de l’usine. Aujourd’hui, cette peur est redoublée par le contexte de crise économique. Comment retrouver du travail ? La reconversion des ouvriers comme François est très difficile car ceux-ci n’ont pas de qualification autre que le boulot qu’ils ont toujours effectué à l’usine mais qui n’existe pas ailleurs. Christophe, délégué syndical FGTB sur le même site, me parle de ce contexte : la plupart des ouvriers du site sont déqualifiés par rapport au marché du travail et en plus, il y a une véritable chasse aux chômeurs qui est mise en place par le gouvernement. Il en résulte une situation plus qu’inquiétante pour les ouvriers et leur famille.

    Que faire ? ‘‘Pourquoi on lutte ?’’

    ‘‘Le monde politique ne reflète plus la société’’ affirme Christophe, ‘‘on ne cesse d’aider les patrons pour qu’ils créent de l’emploi mais ça ne marche pas, il y en a de moins en moins.’’ Les 138 millions que la Région Wallonne va ‘‘prêter’’ à ArcelorMittal pour investir les quelques lignes stratégiques restantes du froid en sont l’exemple même (3). Sur le piquet de Kessales, Marc, autre délégué syndical FGTB, m’explique également qu’ils n’ont aucune confiance dans les solutions que Jean-Claude Marcourt tente d’établir. Celui-ci, après qu’un bureau d’expertise ait prouvé que la sidérurgie liégeoise valait la peine d’être sauvée car elle possédait des outils de qualité, avait proposé un décret d’expropriation temporaire pour trouver un repreneur. Son plan est tombé à l’eau assez rapidement. ‘‘Notre première revendication était le rachat de l’outil, comme ils ont fait avec la FN à Herstal, c’était la seule solution pour sauver les emplois. Mais le plan industriel a été ficelé au mois de juillet, maintenant c’est trop tard pour ça’’, commente Marc.

    C’est sur le troisième piquet à Flémalle qu’Alain, qui travaille depuis 30 ans dans la sidérurgie, donne le même point de vue sur la situation politique et ses conséquences sur le syndicalisme : ‘‘On n’a plus de relai politique, c’est ça le grand problème, ici la structure syndicale de la FGTB est complètement inféodée au PS et à Marcourt, ils essayent de calmer la base.’’ Il m’explique que les piquets de grève actuels sont le résultat d’une pression de la base qui a poussé à mettre en place ces actions à la fois spontanées et organisées. Il m’explique également que ce qui se passe à ArcelorMittal, c’est la faillite du mouvement syndical et de son indépendance. On en conclut tout les deux que l’appel de Daniel Piron à construire une nouvelle alternative de gauche est dans ce contexte très important.

    Dans cette situation très difficile, revient souvent la question de ‘‘pourquoi faire grève, à quoi ça sert ?’’. Véronique, travailleuse à ArcelorMittal et militante très combative, me dit qu’il faut tout le temps expliquer aux travailleurs à quoi sert de lutter : ‘‘on ne lutte plus pour sauvegarder les emplois, c’est finit ça, mais on lutte pour garder nos acquis sociaux. Avec tout l’argent que Lakshmi Mittal s’est mis en poche, on peut bien avoir des plus grosses primes que ça !’’ Alain partage le même avis et ajoute que la lutte, c’est pour affirmer haut et fort qu’un changement politique et social est nécessaire et possible, qu’il faut changer les consciences. Il ajoute : ‘‘chaque jour de lutte est un jour de fête, parce que l’outil nous appartient.’’ La lutte, la grève, permet de mettre les conditions matérielles en place pour faire évoluer les consciences et pour affirmer au gouvernement que, cette politique, on en veut plus.

    Actuellement, le site de Flerbatil repart en grève pour 24h. Certains veulent une grève ‘‘au finish’’. D’autres camarades du PSL ont visité le piquet le mercredi soir (voir photos ci-dessus).


    (1) http://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/des-travailleurs-d-arcelormittal-font-un-malaise-apres-la-presentation-des-organigrammes-528275603570ea593db99246

    (2) Tous les noms sont fictifs.

    (3) http://www.7sur7.be/7s7/fr/1536/Economie/article/detail/1732569/2013/10/31/La-Wallonie-va-preter-138-millions-a-Mittal.dhtml


  • Nouvelle manifestation des métallos d'ArcelorMittal à Namur

    Ce lundi, quelques centaines de travailleurs d’ArcelorMittal se sont rendus à Namur afin de soutenir leurs représentants à la table de négociation avec des représentants de la direction de la multinationale et du gouvernement wallon.

    En mars dernier, suite à une autre manifestation des métallos, nous avions écrit dans notre rapport : “Nombreux sont ceux qui – en plus du manque de perspective claire pour la poursuite du combat – nous ont parlé de la présence particulièrement limitée à cette action. Le sort de l’acier liégeois concerne pourtant directement des milliers de personnes. L’égoïsme serait-il donc tellement répandu ? N’est-ce pas plutôt l’expression d’une lassitude et d’un découragement après avoir été baladés vers Namur, Strasbourg ou encore Bruxelles ? Depuis le début du conflit, en octobre 2011 déjà, beaucoup se sont sentis comme pris au piège dans un sombre tunnel sans percevoir la moindre lumière au loin, sans échéancier d’action clair, sans débat sur la stratégie à adopter, sans construction effective d’un véritable rapport de force. La lutte peut tenir un moment sur le sens du devoir et la colère, deux éléments qui sont très certainement présents chez les métallos, mais il est maintenant plus que temps de sérieusement organiser la lutte, au risque de voir le noyau dur se retrouver à courte échéance totalement isolé de la majorité des travailleurs.”

    “(…) Si longtemps après le début du combat, tous les travailleurs ont un avis sur la manière dont la lutte a été orientée jusqu’ici. Pourquoi ne pas commencer par organiser des assemblées générales sur les différents sites, en plus petits nombre, afin de laisser la parole aux travailleurs ? Ce serait aussi un excellent moyen de remobiliser les nombreux métallos qui se sont mis sur le bord du chemin.”

    Il nous semble aujourd’hui que ces lignes ont gardé toute leur pertinence.

    • Pour des assemblées générales démocratiques et l’élaboration d’un plan d’action avec l’implication de l’ensemble des travailleurs !
    • Pour l’occupation des sites et leur transformation en centres névralgiques d’une campagne massive pour la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs, et en tant que premier pas en cette direction ! Organiser, mobiliser, occuper et exproprier pour nationaliser !
  • ArcelorMittal – Interview d’un délégué syndical : ‘‘Nous n’avions pas les bonnes stratégies’’

    Ce mois d’octobre, cela fera 2 ans déjà qu’ArcelorMittal a annoncé la fermeture de la phase à chaud liégeoise. Plus d’un an plus tard, la fermeture de 7 des 12 lignes de la phase à froid a également été annoncée. Nous en avons discuté avec un délégué de l’entreprise.

    Interview réalisée par Nicolas Croes

    Quel regard portes-tu sur ces deux années ?

    C’est un regard fort amer. Pourquoi? Je pense que nous avons manqué de certaines stratégies à mettre en place. Avec le front commun, que nous avons voulu soutenir le plus possible malgré les divergences, on n’a pas tout essayé. Il fallait y réfléchir quitte même à y passer des journées entières et des nuits blanches.

    Les médias, c’est un bon exemple. Il fallait mettre à mal l’image de Mittal, c’est un personnage qui tient beaucoup à son image de marque, et cela n’a pas été fait. Il tenait à ce qu’on dise de lui qu’il négociait bien, mais comment voulez-vous discuter avec une multinationale qui ne revient sur aucune de ses décisions et qui ne donne aucune garantie fiable ? Il se réfugie derrière le prétexte de la crise, mais elle a bon dos, la crise. Nous avons quand même un taux de rentabilité de 5 à 7%. Mais Mittal, lui, veut un rendement de 15% à 20%, à l’exemple de ce qui existe dans le secteur minier. Il a d’ailleurs beaucoup investi dans ce secteur.

    Mais nous avons surtout raté l’occasion de créer un précédent européen. Avec une solidarité et une cohésion convenable entre les sites des différents pays, il y avait moyen de freiner le tsunami Mittal. Le précédent aurait été créé si les ministres de l’industrie français, luxembourgeois et belge avaient clairement pris position pour les travailleurs.

    La stratégie syndicale a beaucoup reposé sur l’appel à l’aide aux partis politiques traditionnels, et particulièrement à Jean-Claude Marcourt. Une approche qui s’est révélée payante ?

    Jean-Claude Marcourt est le ministre en charge du dossier à la Région Wallonne, mais nous n’avons globalement pas eu l’appui des politiques du gouvernement wallon, du fédéral et de l’Europe ! Le PS n’est pas à gauche, on le sait. Marcourt a beaucoup joué sur l’espoir qu’il donnait aux travailleurs. Il avance en lançant de la poudre aux yeux. Ce gouvernement wallon est inodore, incolore, insipide !

    A la dernière réunion de la Task Force (qui réunissait des représentants syndicaux des métallos, du gouvernement wallon et de divers organismes publics), Marcourt a donné des espoirs qui ont stupéfait. Patrick Remacle, le journaliste de la RTBF qui a réalisé le reportage ‘‘Ni chaud, ni froid’’, était également présent avec nous et nous a dit ce jour-là ‘‘Marcourt s’est considérablement avancé.’’ Mais le fameux repreneur dont il a été question, Qatar Steel, c’était un mirage ! Aucune multinationale ne veut se mettre Mittal à dos.

    Marcourt avait analysé plusieurs schémas et celui qu’il voulait retenir était de garder l’ensemble du bassin avec un haut-fourneau en activité… Après, il n’est plus revenu sur ce schéma qui sauvait pratiquement tous nos emplois. C’est un véritable scandale de nous avoir traité comme ça. Ne sauver que le bassin avec les cinq lignes stratégiques dans le froid, c’est du court terme. Avec les 5 lignes du Froid qui restent, on ne parle que de sauver 845 ‘‘ETP internes’’ (Equivalents temps plein internes). Pourquoi parle-t-on ainsi et pas de CDI ArcelorMittal ? C’est parce qu’il y a des temporaires dans ce diktat de Mittal ! A cela il faut rajouter les emplois qui seraient prévus par la reprise de la cockerie et de l’énergie par le groupe Oxbow Mining LLC. Le discours de la direction d’ArcelorMittal, ce sont des phrases du genre : ‘‘Mettre en place une organisation LEAN et un nouveau fonctionnement permettant à Liège de retrouver une rentabilité positive.’’ Et quoi, ça existe la rentabilité négative ? Quant au LEAN (organisation du travail en structure allégée), ça veut dire une flexibilité et une externalisation à outrance.

    C’est sur ces 845 ETP que Mittal joue beaucoup maintenant afin de faire pression sur les syndicats pour qu’ils acceptent le plan social et industriel ?

    Mittal a joué sur le saucissonnage de notre entreprise avec une grande stratégie. D’abord l’annonce dans le Chaud en prenant l’emploi dans le Froid en otage, puis maintenant avec la fermeture de 7 des 12 lignes du Froid. C’était très tactique de sa part. Si tout avait été annoncé d’un coup, le choc aurait été trop grand, et la riposte aussi !

    Nos hauts dirigeants syndicaux ont eu peur d’actions plus résolues. Faire des manifestations, nous, on veut bien, mais il faut faire des actions intelligentes. Ça commence à bien faire. Nous étions d’accord pour aller au Parlement wallon à Namur, au Parlement européen à Strasbourg, voire même au siège d’ArcelorMittal au Luxembourg (où nous ne sommes finalement pas allés). Mais il ne fallait pas s’arrêter là. A Strasbourg, c’était certain que le comité d’accueil des CRS allait être violent après ce que l’on avait déjà subi à Namur.

    Il fallait aller vers les autres sites de Mittal. C’était ça, aller vraiment au combat. Il fallait mener la guerre à l’intérieur de son groupe, en arrêtant les lignes et en occupant les sites, en faisant des actions en même temps à Sidmar, Florange voire même Brème ou Dunkerque. Mais les délégations syndicales ont refusé d’étendre le conflit dans cette voie. La solidarité entre sites n’a jamais été construite. Chacun tire la couverture à soi, et Mittal sait jouer là-dessus. Mais avec un blocage de Sidmar et de Florange, il y avait moyen de le faire plier. En ayant mené ces actions, comme Mittal a des entreprises dans toute l’Europe, même la presse chinoise aurait parlé de nous ! Nous n’avions pas suffisamment d’experts de qualité en sidérurgie et d’avocats spécialisés pour nous appuyer dans notre combat ! Nous aurions dû nous inspirer du combat des travailleurs de Continental, les Contis, en France !

    Les politiques laissent couler les travailleurs comme à Carsid, à Caterpillar et à Ford-Genk. Pour ne prendre que le cas de la sidérurgie wallonne, nous n’avons plus aujourd’hui de haut-fourneau allumé. Il ne reste plus que ceux de Sidmar à Gand. C’est un véritable scandale.

    Que penses-tu du mot d’ordre de nationalisation des sites ?

    Aujourd’hui, nous payons les politiques menées dans le passé. En Wallonie, nous aurions dû avoir depuis des années une sidérurgie publique wallonne en rassemblant les deux grands bassins de Liège et de Charleroi, avec une stratégie à long terme. Cela signifie une synergie totale entre les deux sites. Nous possédons de grandes infrastructures fluviales, ferroviaires et routières. Nous avons la technologie, un grand savoir faire, nous sommes à la pointe, avec un centre de recherche très calé. Nous aurions pu développer des produits à haute valeur ajoutée dans les secteurs sidérurgiques et métallurgiques. D’ailleurs, Mittal ne veut que prendre tout notre savoir et le développer ailleurs.

    Mais il n’y a pas eu de stratégie industrielle ces trente dernières années, en Wallonie, en Belgique et en Europe. C’est ça le néolibéralisme, c’est violent, c’est une vision à court terme. L’Union Européenne n’a pas d’alternative à la mondialisation, elle n’a aucune volonté de revenir sur cela. La crise actuelle est pourtant révélatrice de l’échec de ce modèle. L’Europe n’a pas de volonté pour le bien-être des travailleurs, elle brade tous nos acquis sociaux sur l’autel de la course au profit. Bien sûr, nous devons commercer avec le monde entier, mais pas sur les bases du capitalisme.

    Je ne suis pas contre l’Europe. Mais on a un euro des spéculateurs et une Union Européenne de la Bourse. Par exemple, les services publics sont détruits par les directives européennes, cela crée d’énormes dégâts sociaux. Nous n’avons pas de bonnes lois de protection sociale, il n’y a même pas de discussions pour un salaire-minimum européen, tout est fait pour démolir les lois sociales existantes. On nous présente le Modèle allemand comme le meilleur, mais je suis content qu’on commence dans les médias à parler des salaires de misère en Allemagne et du nombre incroyable de travailleurs précaires. Ce modèle allemand vit au détriment de tous les autres pays européens et de ses propres travailleurs.

    Selon toi, que faut-il construire aujourd’hui pour renforcer le combat des travailleurs d’ArcelorMittal et d’ailleurs ?

    Nous n’avons pas d’Europe sociale, mais nous n’avons pas non plus d’Europe syndicale. C’est ça qui est triste. C’est le grand virage que nous avons raté à ce niveau là. Ce syndicalisme européen reste à construire mais pour cela il faut des dirigeants syndicaux combatifs au niveau national et européen.

    La question vient aussi de l’alternative politique, on doit construire – en Belgique et dans toute l’Europe – une vraie gauche, avec une vraie politique sociale, en regroupant les organisations de la gauche radicale. On a besoin d’une nouvelle gauche unie dans le combat.


    Le PSL défend, pour sauver l’emploi, la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle démocratique des travailleurs, sans rachat ni indemnité, avec comme première étape en ce sens l’occupation de l’entreprise par les travailleurs.

    Plus d’informations:

  • ArcelorMittal : Tout ce qu’il y a à gagner, nous l’arracherons par la lutte

    Aucune confiance envers les politiciens du capital !

    Cela fait plus d’un an et demi maintenant que l’on joue avec les pieds et les nerfs des travailleurs d’ArcelorMittal menacés de licenciement dans la filière chaude ou froide. La stratégie adoptée par le sommet syndical était de faire pression sur les politiciens de l’establishment et de se baser essentiellement sur Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’économie et figure de proue du PS. Quel bilan en tirer aujourd’hui ?

    Article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Une belle opération de com’ Tout d’abord que Jean-Claude est passé maître dans l’art de se faire passé pour le caliméro isolé au sein du PS et au sein du gouvernement wallon. La méthode du ‘‘je voudrais bien, mais je ne peux point’’ doit certainement faire l’objet de séances de formation au siège du PS, Boulevard de l’Empereur… Le fameux ‘‘décret expropriation’’ de Marcourt est à considérer dans ce cadre.

    Le ministre ‘‘ami des métallos’’ a présenté au gouvernement wallon un projet de décret qui permettrait à la Région wallonne de s’emparer des sites menacés de fermetures, mais uniquement pour lui retrouver un propriétaire au plus vite. Le principe même de ce ‘‘portage public’’ est déjà totalement vicié car basé sur le principe néolibéral selon lequel le rôle des autorités publiques doit se limiter au strict minimum.

    On se demande d’ailleurs quelles conditions seraient celles de ce ‘‘retour au privé’’. Diminution de salaire ? Réduction de personnel ? Augmentation des cadences ? Cadeaux fiscaux et aides publiques ? N’importe quel patron tirerait avantage de la situation, drapé derrière l’image du nouveau ‘‘sauveur de la sidérurgie’’, et sans pour autant garantir quoi que ce soit à long terme. Le précédent ‘‘sauveur’’ de la sidérurgie liégeoise, c’était en 2006, et il s’appelait Mittal. On sait ce qui l’en est advenu.

    Ce décret ‘‘expropriation’’ qui n’en a décidément que le nom (il n’est pas question de laisser Mittal sans indemnisation…) est surtout une bonne opération de publicité pour un ministre PS qui lui permet de se profiler ‘‘à gauche’’ sans que cela ne coûte grand-chose. C’est que le gouvernement régional est loin d’être chaud sur cette question, par crainte des foudres des marchés et des diverses institutions capitalistes qui ne manqueraient pas de s’abattre pour faire payer un dangereux précédent. L’Etat, même de façon très limitée, n’a pas à se mêler du sacro-saint droit à la propriété privée. Il y a bien eu le cas des banques, mais bon, là, il s’agissait de sauver les spéculateurs, c’était différent…

    Quelle stratégie syndicale ?

    Le problème, c’est que le sommet syndical s’est retrouvé complètement embourbé dans les manœuvres des autorités wallonnes et dans la ‘‘task force’’, le groupe de travail et de réflexion sur l’avenir de la sidérurgie liégeoise qui a réuni les syndicats, la région wallonne et d’autres acteurs. Pour de nombreux travailleurs, l’évolution des choses a été des plus opaques, sans qu’on leur demande trop leur avis…

    Certaines déclarations syndicales surprennent aujourd’hui. ‘‘Il ne faut pas une nationalisation pour une nationalisation’’ a ainsi déclaré le secrétaire général de la CSC Métal, Jordan Atanasov. De son côté, le président de la FGTB-Métal liégeoise Francis Gomez a dit que les choses seraient plus faciles si un repreneur privé se manifestait. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mot d’ordre de nationalisation des sites n’a pas le même contenu chez tous les syndicalistes…

    De cette absence de confiance envers la possibilité d’une sidérurgie intégrée publique a découlé un plan de lutte manquant particulièrement d’audace, où la construction d’un réel rapport de force a été balayée au profit d’un travail de lobbying auprès de ces mêmes politiciens qui appliquent l’austérité où qu’ils se trouvent. Comment faire confiance aux belles paroles de Jean-Claude Marcourt, un ministre qui parle d’expropriation face caméra, mais qui par ailleurs approuve le traité d’austérité européen (TSCG) ? De quoi est-il question dans les discussions ultraconfidentielles que Marcourt entretient avec Mittal ?

    Dans toute lutte syndicale, le mot d’ordre essentiel devrait être celui de l’indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’Etat capitaliste. Cela signifie de transformer les syndicats en véritables organes de lutte des masses avec l’objectif d’une sidérurgie nationalisée, non pas gérée par des fonctionnaires acquis à la logique de la dictature des marchés, mais gérée et contrôlée par les travailleurs eux-mêmes.

    Le premier pas idéal en cette direction devrait être l’occupation des sites par les travailleurs, qui pourraient ainsi disposer de quartiers généraux pour discuter démocratiquement de l’organisation de la lutte – ces discussions ne doivent pas rester confinées aux directions syndicales – et poser les jalons vers une sidérurgie publique et sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    La crise économique ne laisse aucune marge pour une ‘‘troisième voie’’ entre la rapacité capitaliste et la démocratie des travailleurs. En Europe, il ne reste plus que 360.000 sidérurgistes travaillant dans un secteur dont la production a chuté de 27 % depuis le début de la crise. Pendant combien de temps allons-nous assister à la mort de cette industrie sans rien faire de conséquent ?

  • Un délégué répond au président de la FGTB-Métal flamande

    En Flandre, un délégué FGTB anversois travaillant à New Holland (machines agricoles) a diffusé une lettre ouverte adressée au président de la centrale flamande des métallos, Herwig Jorissen, qui se plaint systématiquement qu’il y a trop d’actions et qui casse les actions menées par les autres centrales. ‘‘Nous n’en avons pas marre des grèves et des actions, mais nos dirigeants syndicaux n’ont plus rien à voir avec les manifestations et les actions’’, a répondu ce délégué, à fort juste titre. Afin de largement mener la discussion, il réclame la tenue d’une assemblée générale des militants. Nous publions ci-dessous une version abrégée de cette lettre ouverte.

    ‘‘Herwig Jorissen affirme que la centrale flamande des métallos n’a pas adhéré à la journée d’action du 25 avril menée par la FGTB sur le dossier de l’harmonisation des statuts ouvrier et employé parce qu’il y a ‘‘trop d’actions, nos militants ne sont plus attirés par elles.’’

    ‘‘En tant que délégué FGTB à New Holland à Anvers, je ne suis pas d’accord avec ce que dit notre président. Le SETCa [la centrale des employés de la FGTB] a raison de mener des actions contre la dégradation du statut des employés, car c’est de cela qu’il s’agit. Je n’ai pas entendu Jorissen dire le contraire. Pendant des mois, nous avons été bombardés de mails de notre centrale concernant la question du statut unique, à un tel point que nos délégués et militants ont constamment cliqué sur “supprimer”. Ils sont fatigués de n’entendre parler que de cela alors que nous n’entendons pas Jorissen au sujet de la casse sociale de ce gouvernement (nos amis socialistes).

    ‘‘Les militants de la FGTB sont fatigués de faire grève ? Nous n’en avons pas marre des grèves et des actions, mais nos dirigeants syndicaux n’ont plus rien à voir avec les manifestations et les actions. Il y avait 40.000 manifestants [le 21 février], mais n’avons plus rien entendu ensuite. A chaque action ou manifestation, la délégation de New Holland – Anvers était présente en nombre, mais nous ne pouvons pas continuer à mobiliser les travailleurs si notre syndicat craint l’étape qui suit. Dans [le journal flamand de la FGTB] De Nieuwe Werker, nous pouvons lire de bons articles et de bonnes prises de position, mais en pratique, on ne fait rien, car ils sont dans les faits en accord avec l’analyse du gouvernement et de l’Europe. Ils laissent les choses se faire.

    ‘‘Les métallos de la FGTB ont toujours été à l’avant-garde de la lutte, mais qu’en reste-t-il ? Rien, on a laissé fermer des usines comme Ford et Opel, des milliers de gens sont à la rue. Félicitations aux travailleurs des sous-traitants de Ford qui sont entrés en lutte, sinon ils se retrouvaient à la porte avec tout juste une aumône. La lutte paye, c’est ce que j’ai toujours appris au syndicat. Quelle est la réponse de Herwig à ce sujet ? Accepter le gel des salaires, accepter la flexibilisation du travail,… Même quand New Holland réalise de super profits, nous recevons comme consigne de la part de notre centrale de ne pas réclamer d’augmentation. Notre centrale nous impose elle-même un gel des salaires !

    ‘‘Pensez-vous vraiment que les entreprises vont rester ici si nous ne nous battons pas pour les y forcer ? La dégradation de notre pouvoir d’achat assure que la crise s’aggrave, que plus d’entreprises vont fermer, que plus de gens vont perdre leur emploi et que la crise va encore s’aggraver. Lutter pour nos droits ? Oui. Mais ce n’est pas possible avec des dirigeants qui ont peur se battre et qui ne croient pas dans la lutte. Bien sûr, notre industrie est durement touchée, mais quelle réponse défendons-nous ? La crise va s’aggraver et l’histoire nous montre que nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre.

    ‘‘Jorissen devrait le savoir. Très bien même. Au cours d’une rencontre de l’automobile à Melreux où était présentée l’introduction des méthodes japonaises, Jorissen a pris conscience que ces méthodes allaient être rejetées, et il était furieux. Pendant le dîner, il s’est écrié : ‘‘Je ne vous ai pas fais venir ici manger et boire pour entendre un ‘‘non’’, je veux entendre un ‘‘oui mais’’!’’ Le projet pilote, c’était Opel. Mais où en est Opel maintenant ? Bien joué !

    ‘‘Herwig a déjà assuré qu’il y ait une scission entre une centrale flamande et une autre Wallonie-Bruxelles, veut-il maintenant scinder l’ensemble de la FGTB ? Non Herwig, tu ne t’y prends pas bien. Si tu veux savoir ce que pensent vraiment tes militants et délégués, convoque une assemblée générale des militants et laisse-nous ouvertement discuter de la question.’’

    Fred Van Aelst, délégué FGTB New Holland Tractor – Anvers

  • Caterpillar, une nouvelle lutte commence

    Le mois dernier, la direction de Caterpillar annonçait 1400 pertes d’emplois sur le site de Gosselies. Ajoutés aux 200 CDD non renouvelés et aux 500 CDD perdus depuis mai 2012, c’est de plus de 2000 personnes dont se sépare la direction.

    Thomas (Namur)

    Un contexte explosif

    Rien qu’en février de cette année, 923 entreprises ont fait faillite. Après Arcellor, Ford, Duferco,… c’est maintenant l’usine de Gosselies qui est menacée. Le slogan des délégations syndicales, ‘‘non aux licenciements boursiers’’ pointe du doigt la raison majeure de la décision de la multinationale : engranger encore plus de profits au mépris des travailleurs qui, pourtant, ont créé la montagne de richesses sur laquelle sont assis la direction et les actionnaires.

    Avec l’unification des statuts ouvrier-employé ordonnée par l’Europe à partir de juillet, il est moins cher de virer des ouvriers aujourd’hui car les préavis ouvriers sont bien moins longs que pour les employés. Si l’intention des patrons est de niveler les statuts vers le bas (salaires et conditions de travail), ils savent que jamais les syndicats et les employés – force considérable en Belgique – n’accepteront des préavis au niveau d’un ouvrier actuel.

    La technologie de pointe dans un contexte de crise économique

    Les délégations soulignaient que Gosselies s’est tourné vers la construction de machines plus puissantes, plus performantes. Malgré leurs performances, la conjoncture économique les rend plus difficiles à vendre car plus chères. Une contradiction du système capitaliste, qu’on peut étayer par un exemple probant : Gosselies produit notamment des moteurs moins polluants, mais la vente ne rencontre pas les espoirs escomptés car 25% plus chers. Pourtant, la recherche et le développement de moteurs écologiques devraient être une priorité ! Ce ne sera le cas que lorsque les outils de production de pointe et les secteurs-clés de l’économie seront nationalisés, sous le contrôle des travailleurs !

    Nous rejoignons, sur ce point, Antonio Cocciolo, président des métallos Hainaut-Namur, qui nous disait en interview fin mars ‘’nous sommes hors de toutes décisions politiques, il faut revenir à une puissance publique locale et européenne et créer des liens avec les travailleurs d’autres pays européens (…) Des pans entiers de l’économie tels que l’énergie ou les banques doivent être placés sous contrôle public.’’

    ‘’La crise économique est une aubaine pour le patronat’’ rappelait-il, ‘’elle permet d’accélérer la politique du choc suivie aujourd’hui, chantage à la délocalisation pour flexibiliser au maximum, ou délocaliser la production afin d’augmenter les taux de profits.’’

    Effectivement, la direction de Caterpillar en profite pour remettre en cause les accords des conventions collectives passées : les acquis de la lutte syndicale interne. Les délégués avaient notamment réussi à interdire l’engagement d’intérimaires dans l’usine. C’est le moment de réintroduire les intérims, qui s’intégreraient très bien dans le CPS (Caterpillar Production System), sorte de toyotisme à la sauce Caterpillar qui comporte les mêmes ingrédients : l’ordre (les fameux 5S), les cercles de qualités, les primes individuelles, etc. Gosselies est même le centre européen du groupe en matière de formation au toyotisme. Le toyotisme, ou la production en just-in-time, vise à ne plus produire puis stocker pour vendre, mais produire selon le nombre de commandes passées. Cela s’accompagne d’une idéologie néolibérale dure exigeant une flexibilisation accrue des travailleurs visant à produire mieux, plus vite, de meilleure qualité, et avec le moins de temps de travail possible. Les cercles de qualités sont des centres de réflexions de quelques travailleurs, qui partagent leurs idées pour améliorer la production.

    En fait, nous mêmes socialistes révolutionnaires, nous sommes pour une production de meilleure qualité, qui nécessite moins de temps à la tâche et où les travailleurs auraient un rôle central dans l’élaboration du produit. Mais l’objectif du toyotisme, c’est de maximiser les profits avec moins de personnel. Le nôtre, de partager les richesses et le temps de travail. De remplacer la logique de la concurrence anarchique par la planification économique et produire pour l’usage.

    Aucun secteur n’échappe à la crise, construisons l’alternative

    Enseignement, fonctionnaires fédéraux, secteur de la santé, pensions, secteurs privés des services et de l’industrie, etc. : comme ailleurs en Europe, le mouvement ouvrier est en quête d’une alternative politique pour en finir avec l’avidité des financiers et des capitaines d’industrie ainsi qu’avec l’austérité budgétaire de leurs représentants politiques.

    Les syndicalistes de Caterpillar sont vus depuis longtemps comme un groupe de tradition ouvrière, présents aux manifestations et apportant leur solidarité aux travailleurs en crise. Des liens se sont d’ailleurs créés avec les travailleurs d’ArcellorMittal dans la même situation. On va peut-être vers une unification des luttes ouvrières. Construire la solidarité et disposer d’un plan d’action ambitieux est la seule alternative face à cette avalanche de perte d’emplois qui est loin d’être terminée.

    La concurrence, c’est l’arme des riches, solidarité celle des travailleurs

    Il suffit de marcher dans la région de Charleroi pour se rendre compte des manquements énormes dans la société, et du potentiel que représentent les nombreux outils abandonnés par le patronat qui ne les juge pas assez rentables. Nationalisons ces outils pour assurer des milliers d’emplois et que la main-d’oeuvre qualifiée de l’usine Gosselies puisse produire les engins, les moteurs, et autres ensembles mécano- soudés dont nous avons besoin !

  • Réorienter la lutte pour sauver l’acier liégeois et l’emploi

    ArcelorMittal

    Le 7 décembre 2011, la population liégeoise se réunissait dans le centre ville pour soutenir les travailleurs d’ArcelorMittal. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers à manifester aux cotés des métallos contre le sort qui leur a été alloué par la politique patronale. Depuis lors, aucune action n’avait été organisée à Liège pour sensibiliser la population au sort des travailleurs et l’impliquer dans la lutte.

    par Daphnée (Liège)

    Après des manifestations à Namur, Strasbourg et Bruxelles, les métallos sont ce 30 mars dans les rues de Liège au côté de travailleurs d’autres secteurs lors de la Marche pour l’emploi organisée en front commun syndical sous le mot d’ordre : ‘‘Combattons la logique capitaliste !’’ C’est l’occasion d’enfin impliquer la population locale dans la lutte des métallos liégeois. Ce combat ne leur est pas singulier, leurs camarades de Ford, de Caterpillar, de Duferco, de Meister et d’autres entreprises font eux aussi face aux conséquences néfastes de la logique patronale. La lutte doit désormais devenir le quotidien de tous les travailleurs, avec ou sans emploi, à Liège et ailleurs. Quand toute la collectivité est touchée, c’est unie qu’elle doit lutter.

    Quels moyens d’action ?

    Cette manifestation du 30 peut constituer un nouveau départ pour restimuler la motivation des travailleurs vers une réelle victoire, avec le soutien actif de la population. En mars, la délégation avait organisé le blocage de la frontière à Visé et Aachen. Un des responsables syndicaux a déclaré à cette occasion à l’agence Belga : “On a marqué le coup! C’était une action importante pour sensibiliser les automobilistes aux enjeux de la fermeture d’un certain nombre de sites sidérurgiques liégeois.” Est-ce vraiment le meilleur moyen de gagner le soutien de la collectivité ? Pourquoi ne pas profiter du 30 et d’autres actions ou réunion pour distribuer largement des affiches de solidarité, des tracts à distribuer autour de soi,… ?

    Une large partie de la population est favorable à la nationalisation pour sauver l’emploi. Mais les politiques se concentrent encore et toujours sur la recherche d’un repreneur… alors que Mittal, lui, refuse de céder l’outil ! Mobilisons cette force au côté des métallos, qui ne doivent pas sentir qu’ils luttent seuls. C’est de l’emploi et de l’économie de toute une région dont il s’agit ici.

    Il faut être audacieux dans cette lutte, c’est la seule manière de contrer la démoralisation qui s’installe progressivement. A Namur, le 20 mars dernier, seuls 500 travailleurs étaient présents pour manifester. Beaucoup ne voient pas quelle est la stratégie actuellement suivie, il faut de toute urgence en rediscuter collectivement, en assemblées générales, avec prise de parole des travailleurs également et pas uniquement du sommet de la délégation. Les travailleurs ont leur mot à dire sur leur combat, ils doivent être acteurs de leur propre lutte. Pourquoi ne pas commencer par des assemblées générales démocratiques au sein des différents sites, pour finir vers une assemblée de tous les travailleurs, pour ainsi prendre le temps d’évaluer sérieusement ces 15 derniers mois et de fixer des objectifs clairs pour la suite, tant en terme de revendications que de méthodes d’action ?

    Il nous semble que l’occupation des sites serait un bon moyen d’assurer de disposer de quartiers généraux permanents où discuter de ces éléments, tout en constituant un excellent premier pas vers la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle et la gestion des travailleurs, avec expropriations sans rachat ni indemnités.

    Le bassin sidérurgique liégeois ne s’est pas construit avec la sueur du front de Mittal ! Les travailleurs pourraient ainsi donner l’exemple à d’autres entreprises qui subissent ou qui subiront les attaques de la dictature des marchés, et ainsi ouvrir une voie dans la lutte contre le capitalisme.

  • ArcelorMittal : ‘‘Assemblée générale’’ et manifestation à Namur. Et ensuite ?

    Hier, une ‘‘assemblée générale’’ des travailleurs d’ArcelorMittal s’est tenue au Centre Acier de Flémalle, avant qu’un demi-millier de participants ne parte vers Namur (où les ont rejoint des travailleurs de Caterpillar) pour une manifestation destinée à instaurer une pression sur les politiciens du Parlement wallon, avant que les conclusions de la Task force ne soient rendues fin du mois. Mais qui se fait encore des illusions sur ce qui en sortira ? Et comment instaurer une réelle pression ?

    Par Nicolas Croes

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    Socialisme 2013

    Commission le samedi 13 avril (15.00 – 17.30): "Leçons de la lutte chez Ford et ArcelorMittal : de la nécessité de la démocratie ouvrière, de l’unité des travailleurs et de la lutte pour la nationalisation sous contrôle ouvrier"

    Meeting le samedi soir (19.00 – 21.00) "Contre l’austérité et les pertes d’emploi QUELLE ALTERNATIVE POLITIQUE ?" Avec des témoignages de Ford et d’ArcelorMittal – Daniel Piron, secrétaire général FGTB Charleroi Sud-Hainaut – Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général CNE – Alex Gordon, syndicat des travailleurs du transport RMT, Royaume-Uni – Levi Sollie, FGTB BAYER et PSL – Eric Byl, membre de la direction du PSL.

    Plus d’infos et programme complet

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    Lorsque la délégation qui avait discuté avec les Parlementaires s’est adressée aux manifestants – en commençant par déclarer que chaque parti soutenait le combat des métallos – une clameur s’est élevée de la petite foule de militants. Bien sûr que les politiciens traditionnels ne vont pas ouvertement dire qu’ils envoient les travailleurs au diable ! Mais concrètement, que feront-ils après avoir versé des larmes de crocodile ? Il faudrait croire que ceux-là même qui approuvent la politique d’austérité (ou de ‘‘rigueur’’) et ont appliqué la politique néolibérale des années durant vont, tout à coup, s’en prendre au capital ?

    Tout au début de l’annonce de la fermeture de la phase à chaud, en octobre 2011, la revendication de la nationalisation a été soulevée. Cette revendication bénéficie d’un soutien fantastique : un sondage de La Libre/RTBF a dévoilé en février dernier que 43% de la population belge est favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). Hélas, il n’en a jamais véritablement été question depuis lors, particulièrement depuis que la Task force a été lancée à l’initiative du gouvernement wallon. Ce groupe d’étude aura-t-il finalement eu un autre objectif que celui de chloroformer les revendications les plus radicales du mouvement et le mouvement lui-même ?

    Hier, durant les discours des dirigeants syndicaux FGTB et CSC après leur rencontre avec les parlementaires, il semblait bien qu’une bonne partie des travailleurs voulait directement discuter de la manière de forcer ces politiciens à traduire ce ‘‘soutien’’ dans les faits. Des cris se sont élevés du type : ‘‘on ne se laissera pas faire, ok, mais comment ?’’ Il était toutefois difficile de se faire une idée exacte de ce qu’ils avaient en tête puisque la parole n’a malheureusement pas été donnée aux travailleurs présents – malgré un mécontentement pourtant bien visible – et que leurs cris ont été couverts par les micros.

    Nombreux sont ceux qui – en plus du manque de perspective claire pour la poursuite du combat – nous ont parlé de la présence particulièrement limitée à cette action. Le sort de l’acier liégeois concerne pourtant directement des milliers de personnes. L’égoïsme serait-il donc tellement répandu ? N’est-ce pas plutôt l’expression d’une lassitude et d’un découragement après avoir été baladés vers Namur, Strasbourg ou encore Bruxelles ? Depuis le début du conflit, en octobre 2011 déjà, beaucoup se sont sentis comme pris au piège dans un sombre tunnel sans percevoir la moindre lumière au loin, sans échéancier d’action clair, sans débat sur la stratégie à adopter, sans construction effective d’un véritable rapport de force. La lutte peut tenir un moment sur le sens du devoir et la colère, deux éléments qui sont très certainement présents chez les métallos, mais il est maintenant plus que temps de sérieusement organiser la lutte, au risque de voir le noyau dur se retrouver à courte échéance totalement isolé de la majorité des travailleurs.

    Une grande frustration était donc présente à Namur. Celle-ci, combinée aux grossières provocations policières, permet de comprendre les débordements qui ont eu lieu. Mais la réaction policière face à quelques jets de peinture et de cannette a été démesurée et particulièrement violente, à coups de jets d’autopompes, de jets de gaz au poivre,… Un travailleur a quitté les lieux le visage ensanglanté, touché à l’œil par un puissant jet d’eau (il aurait depuis lors perdu l’usage de cet oeil), tandis qu’un autre a brutalement été saisi. Ce n’est qu’ensuite que quelques pavés ont été lancés, des événements grossièrement exagérés dans la presse afin de criminaliser les travailleurs. Finalement, les métallos s’en sont retournés vers leurs cars après avoir obtenu la libération du camarade arrêté.

    Et maintenant ?

    Deux dates ont été annoncées du podium dressé à Namur : le 30 mars, à l’occasion de la Marche pour l’emploi qui se tiendra à Liège, et le 4 avril, où devrait se tenir une action concertée des travailleurs d’ArcelorMittal de toute l’Europe.

    Hélas, alors que le matériel du front commun syndical existe déjà pour la manifestation du samedi 30 mars, des paquets de tracts et d’affiches n’ont pas été distribués. Cela pourtant aurait été une bonne occasion de donner une approche concrète aux militants pour aller discuter avec les collègues absents, mais aussi avec tout leur environnement, de la buvette du club de foot du petit au voisinage immédiat. Ce samedi 30, pour la première fois depuis le mois de décembre 2011, il sera possible à la population liégeoise de venir soutenir et encourager les métallos dans leur combat, en plein centre de la Cité Ardente. C’est une occasion à saisir. Pourquoi ne pas prévoir des affiches de solidarité à distribuer en grand nombre sur place, dans le cortège et sur le côté de celui-ci ? Sortons la lutte du cadre strict de l’usine, et cherchons à impliquer la population, dont la solidarité est largement acquise à la cause des métallos !

    Si longtemps après le début du combat, tous les travailleurs ont un avis sur la manière dont la lutte a été orientée jusqu’ici. Pourquoi ne pas commencer par organiser des assemblées générales sur les différents sites, en plus petits nombre, afin de laisser la parole aux travailleurs ? Ce serait aussi un excellent moyen de remobiliser les nombreux métallos qui se sont mis sur le bord du chemin.

    • Pour des assemblées générales démocratiques et l’élaboration d’un plan d’action avec l’implication de l’ensemble des travailleurs !
    • Pour l’occupation des sites et leur transformation en centres névralgiques d’une campagne massive pour la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs, et en tant que premier pas en cette direction ! Organiser, mobiliser, occuper et exproprier pour nationaliser !

  • ArcelorMittal : Construire la confiance et la solidarité par un plan d’action !

    Ce 21 février, à Bruxelles, les métallos d’Arcelor-Mittal et de Ford étaient en tête des quelque 40.000 manifestants qui ont défilé contre l’austérité et les pertes d’emploi. A corps et à cris, eux aussi réclamaient d’aller plus loin qu’une ballade Bruxelles-Nord / Bruxelles-Midi. Une véritable stratégie de combat discutée à la base est plus que nécessaire pour éviter que la colère ne devienne frustration et démoralisation. Ce 21 déjà, les métallos liégeois étaient bien moins nombreux que pour les manifestations de Namur et de Strasbourg : seuls 10 cars étaient partis du Centre Acier de Flémalle, contre 25 pour Strasbourg et Namur (le 6 février et le 29 janvier). La force des travailleurs est pourtant la seule sur laquelle nous pouvons nous baser pour sauver l’emploi.

    Article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Le ‘‘front européen contre Mittal’’ et la task force

    ‘‘Mittal a toujours utilisé les gouvernements et les syndicats les uns contre les autres. Là, il a en face de lui un front uni de la Commission européenne, des syndicats et des États membres’’a expliqué le ministre français du Redressement Productif Arnaud Montebourg. ‘‘Pour les soldats de l’emploi que nous sommes, Jean-Claude (Marcourt, ndlr) et moi, recevoir un appui aérien de l’aviation européenne est appréciable.’’ De belles phrases très martiales qui peinent à masquer l’impuissance…

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    Répression et criminalisation des métallos

    A Namur comme à Strasbourg, tout a été fait pour présenter les métallos comme des sauvages avec qui il est impossible de discuter. A Namur, la police a directement attaqué le cortège de manifestants à coups d’autopompes, sans justification. A Strasbourg, les cars ont été vidés et fouillés – avec fouille corporelle des manifestants ! – avant leur arrivée en ville, pour se retrouver finalement enfermés sur une place, sans la moindre possibilité de bouger tandis que la police tirait sur la foule à coups de flash-balls et de grenades lacrymogènes.

    Dans les deux cas, les métallos ont réagi, ce qui a permis à la presse de publier des photos présentant les métallos agressés comme des agresseurs ! La palme de l’ignominie revient sans aucun doute à cette journaliste de RTL qui a tout fait (en vain) pour faire dire à John David, ce jeune métallo qui a perdu un œil à Strasbourg des conséquences des tirs de la police, que c’était ses collègues qui étaient au final responsables de sa situation !

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    Ce fameux ‘‘appui aérien’’ n’est rien d’autre qu’une succession de phrases en l’air. Le commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani (un ancien porte-parole de Silvio Berlusconi !) a juste demandé à Lakshmi Mittal de suspendre son plan de restructuration jusqu’en juin, où sortira un plan européen destiné à relancer la sidérurgie.

    Mais ArcelorMittal a directement rétorqué qu’il était ‘‘impossible’’ de retarder ses plans. Et maintenant ? Que vont faire les ‘‘soldats de l’emploi’’ ? Et qu’en sera- t-il de ce fameux plan européen élaboré par ceux-là même qui constituent l’état- major de l’austérité européenne ?

    En Belgique, une Task Force a été constituée pour trouver des alternatives aux fermetures annoncées. Mais l’effort de ce groupe (réunissant les gouvernements fédéral et wallon, les syndicats, le Forem, la Sogepa, la Spaque, des représentants de la banque d’affaires Degroof,…) se concentre sur la recherche d’un repreneur… alors que Mittal refuse de céder l’outil ! Poudre aux yeux, poudre aux yeux, poudre aux yeux.

    Mobiliser la force des travailleurs

    Nous n’avons rien à attendre de ces politiciens qui appliquent l’austérité d’un côté, et se disent prêts à défendre les travailleurs de l’autre. Pour les pousser à poser le moindre acte concret, il faudra leur forcer la main. Pour cela, la mobilisation de la collectivité sera cruciale et le potentiel est bien là : un sondage de La Libre/RTBF a encore dévoilé le 22 février que 43% de la population belge est favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). De tels chiffres – avant même que la moindre campagne de masse ne soit lancée sur cette question ! – sont extraordinaires.

    Les métallos sont allés manifester à Namur, à Strasbourg et deux fois à Bruxelles. A quand une mobilisation massive à Liège afin de directement impliquer la famille, les voisins,… ? De nombreux travailleurs sont actuellement démoralisés. Sur les lieux de travail, l’atmosphère est lourde, même si beaucoup veulent profiter de la présence de leurs collègues et éviter de se retrouver seuls face à leurs problèmes. Une manifestation massive dans les rues de Liège démontrerait quelle est la solidarité de la population locale tout en permettant de sortir la lutte hors de l’entreprise.

    Dès l’annonce de la fermeture de la phase à chaud, le PSL a défendu l’occupation des sites, pour les transformer en quartiers généraux d’une campagne pour la nationalisation des outils sous contrôle des travailleurs et comme premier pas en cette direction. Ce serait une excellente méthode pour que les travailleurs soient côte-à-côte au quotidien et évitent de se retrouver seuls face à leurs problèmes, dans la lutte, pas pour poursuivre le travail et remplir les poches de Mittal.

  • Nouveau massacre social chez Caterpillar : Ripostons ensemble, stoppons l’avalanche de pertes d’emplois !

    caterpillar

    La direction de Caterpillar, le deuxième employeur privé de Wallonie, a annoncé la suppression de pas moins de 1.400 emplois. Cette nouvelle s’ajoute aux multiples annonces de fermeture et de licenciements collectifs qui ont fait l’actualité de ces derniers mois. Caterpillar, ArcelorMittal, Ford, NMLK, Photo Hall, Belfius,… et les autres : seuls, nous sommes perdus, ensemble, nous pouvons vaincre. Le potentiel est là, et il a été illustré par la présence massive à la manifestation nationale du 21 février dernier.

    Par Nicolas Croes

    A Caterpillar, l’avenir du site est loin d’être assuré. Les licenciements représentent 37,8% du personnel actuel, comment assurer la poursuite de l’activité dans ces conditions ? ‘‘Nous sommes dubitatifs sur ce plan industriel. Comment assurer la pérennité de Caterpillar à Gosselies avec une telle restructuration?’’ a déclaré le ministre wallon de l’Economie Marcourt. Et sur base de ce constat, on fait quoi ? Tous les représentants des partis traditionnels peuvent bien se dire solidaires aujourd’hui, et dire qu’ils feront tout pour aider les travailleurs, rien de concret n’est attendu…

    Un offensive généralisée contre nos salaires

    Dans la presse, il est très fortement question des ‘‘coûts salariaux’’. L’éditorialiste en chef du Soir, Béatrice Delvaux, titre ainsi son article ‘‘Et si on essayait le choc de compétitivité ?’’. Le premier point qu’elle développe est une attaque contre le salaire brut des travailleurs. D’autres articles du même journal font la part belle au modèle allemand de modération salariale. Dans ce pays, 7,5 millions de travailleurs (le quart d’entre eux) gagnent des salaires qui se situent sous le seuil de pauvreté. 4 millions de travailleurs reçoivent moins de 7 euros de l’heure et 1,4 million moins de 5 euros de l’heure. Jusqu’où faudra-t-il donc laisser s’effondrer nos conditions de travail et de vie pour satisfaire les vautours des marchés et des multinationales ? Un économiste d’ING cite même l’Espagne et l’impact monstrueux de la politique d’austérité sur les salaires en exemple…

    Caterpillar est très loin d’être une entreprise en difficulté. En 2012, elle a réalisé un profit record net de 4,2 milliards d’euros. Et les autorités publiques ont été plus que généreuses, notamment avec le mécanisme de la Déduction des Intérêts Notionnels et autres cadeaux fiscaux : Caterpillar n’a payé en 2011 qu’un impôt de 3,3 % au lieu du taux normal de 33,99 % (soit 221.191 euros d’impôts pour un bénéfice de 6,8 millions). D’autre part, en 2011, l’entreprise a bénéficié d’une prime à l’investissement de 21 millions d’euros accordée par la Région wallonne. La multinationale a également pu profiter des conditions du plan Activa – WinWin pour engager des travailleurs. Le public, la collectivité, a donc pris en charge une bonne partie des salaires ! Le site L’avenir.net reprend ainsi les propos tenus il y a quelques mois par le président de la délégation FGTB de Caterpillar, Yvan Del Percio : ‘‘On parle d’une aide donnée par l’État pouvant aller jusqu’à 1 100 euros nets par mois. C’est-à-dire presque 90 % du salaire net mensuel perçu par le travailleur.’’

    Dans ces conditions, parler du problème des ‘‘coûts salariaux’’, ce n’est tout simplement rien d’autre qu’une manœuvre cynique où l’on tente d’instrumentaliser un drame social pour attaquer l’ensemble des salaires et des travailleurs du pays, au moment précis où l’on diminue déjà sérieusement le montant des allocations de chômage pour plus d’un tiers des travailleurs sans-emploi.

    Pour une lutte unifiée !

    Caterpillar n’est hélas qu’un exemple de plus qui illustre la profondeur de la crise systémique du capitalisme. Il illustre l’échec de la politique des partis de l’establishment qui a été de constamment céder au chantage exercé par les grandes entreprises. Maintenant, tous font appel à un plan industriel européen. Mais que doit-on réellement attendre comme stratégie industrielle de la part de la Commission européenne, aux commandes de l’austérité drastique imposée à la Grèce ou à l’Espagne ?

    A Ougrée, une assemblée générale de l’ensemble des travailleurs d’ArcelorMittal avait suivi l’annonce de la fermeture prochaine de 7 des 12 sites de la filière froide. Ce principe des assemblées générales est une excellente opportunité de discuter collectivement d’un plan d’action sérieux et offensif, en liaison avec les luttes des autres sites menacés par des fermetures et des procédures de licenciements collectifs. Aujourd’hui, une délégation de métallos liégeois s’est déjà rendue à Gosselies, c’est un très bon premier pas qui ne doit pas rester symbolique.

    Nous pensons que les travailleurs devraient occuper le site de Caterpillar dans le cadre d’une lutte exigeant le maintien de chaque emploi et le retrait pur et simple du plan de licenciements. L’argent ne manque pas dans les caisses de l’entreprise pour payer un salaire plein aux travailleurs, même si leur temps de travail doit être revu à la baisse pour faire face à la diminution de la demande.

    A côté de cette question, une autre doit être soulevée. Même s’il n’est pas encore question de la fermeture pure et simple du site, la revendication de la nationalisation de l’outil sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs nous semble être la meilleure manière de garantir l’emploi à long terme. Un sondage de La Libre/RTBF a encore dévoilé le 22 février dernier que 43% de la population belge est favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). De tels chiffres sont extraordinaires et illustrent le potentiel que pourrait avoir une campagne nationale massive pour la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Une occupation du site de Gosselies pourrait d’ailleurs également être un premier pas dans cette direction.

    La date du 14 mars prochain, journée d’action à Bruxelles contre le Sommet Européen, est une date à saisir pour massivement mobiliser en vie d’une manifestation en défense de chaque emploi, aux côtés des collègues de Ford, d’ArcelorMittal et d’ailleurs. Rien ne devrait d’ailleurs s’opposer à ce que cette journée devienne une journée de grève générale contre l’austérité et pour l’emploi, un mot d’ordre que devraient soutenir et défendre les délégations syndicales des différents sites.

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