Category: Asile

  • Une avancée est-elle en vue ?

    Sans-papiers

    La déclaration gouvernementale a suscité des espoirs parmi les sans-papiers… et surtout parmi leurs défenseurs belges. Une avancée a en effet été obtenue. Désormais, on tiendra compte de l’ « ancrage local » comme critère de régularisation. Est-ce suffisant pour crier victoire ?

    Malheureusement, ce progrès reste très limité. Il n’y a toujours pas de loi qui reprenne les critères de régularisation. La commission indépendante qui devrait statuer sur les demandes de régularisation reste à l’état de projet. Il n’y a rien qui annonce un changement en matière d’expulsions et de détention dans les centres fermés (même pour les enfants) et encore moins de régularisation générale des sans-papiers. Et le dossier de l’asile et des sans-papiers reste dans les mains d’une ministre libérale flamande, Annemie Turtelboom.

    Or, son prédécesseur Patrick Dewael, lui aussi VLD, a bloqué toute avancée sur la régularisation pendant quatre ans, malgré les mobilisations massives des sans-papiers, les occupations de dizaines d’églises, le développement d’un large mouvement de soutien dans la population. L’arbitraire est resté total dans les décisions d’expulsions et de régularisation. La seule chose qui a pu faire fléchir partiellement le gouvernement, ce sont les grèves de la faim de plusieurs semaines menées par de sans-papiers. Et encore, bien des promesses faites solennellement à ces occasions n’ont pas été tenues par la suite.

    Pourquoi la droite, VLD en tête, est-elle aussi opposée à la régularisation ? Pour deux raisons principalement. L’une est politique. Mis sous pression par le Vlaams Belang, les libéraux flamands veulent garder l’image du shérif qui fait respecter la loi et expulse les clandestins. L’autre est économique. Une partie du patronat profite abondamment du travail clandestin, surtout dans la construction et l’horeca. Pour ces patrons, les sans-papiers sont la main-d’œuvre idéale, obligée d’accepter des bas salaires et des heures supplémentaires à gogo, de ne pas avoir de sécurité sociale,… et qui n’ose pas réclamer par peur de la police et des expulsions. Ces patrons font pression sur les partis de droite pour qu’ils bloquent toute régularisation parce que celle-ci ferait disparaître une grande partie des avantages qu’apporte la clandestinité aux patrons.

    Sous Leterme comme sous Verhofstadt, les actions et les manifestations resteront le meilleur moyen pour empêcher les expulsions et pour avancer vers une régularisation générale des sans-papiers. Mais face au blocage imposé par la droite et le patronat, la solidarité humanitaire ne suffit pas. C’est surtout par la syndicalisation des sans-papiers et en mobilisant les syndicats qu’on pourra construire un rapport de forces qui pourra imposer la régularisation générale des sans-papiers et le droit au travail et à une vie décente pour tous, quelle que soit la nationalité.

    Pour en savoir plus

  • Dérapage nationaliste au PS. La préférence nationale contre l’immigration choisie !

    Suite au récent accord sur l’immigration qui a eu lieu lors des négociations relatives à la formation du gouvernement, quelques réactions méritent d’être considérées. Tout d’abord, cet accord émanant de la dite orange bleue est un projet de droite, nous n’en n’attendions donc rien.

    Alain. (Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi, n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des articles, rapports d’actions, réflexions,…: redaction@lsp-mas.be)

    À épingler quand même, le recourt à l’immigration choisie (Sarkozy « l’homme au kärcher » est passé par là). Outre cela, quelques réactions sont autrement plus choquantes : les dirigeants du parti (dit) socialiste ont présenté leurs griefs contre ce plan. Mr Elio Di Rupo s’est dit inquiet par une telle ouverture des frontières (télétexte de la RTBF à la date du 09/10/2007) – j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour être sûr de ce que je lisais. Les présidents des régions Wallonne et Bruxelloise, eux, prônent la préférence nationale : Le Pen n’aurait peut-être pas dit mieux !

    Il y a plusieurs façon d’envisager la question posée par les migrations. La manière socialiste de voir les choses se doit d’unir à travers les frontières linguistiques ou nationale, l’ensemble de la classe des travailleurs qui tous sont obligés de vendre leur force de travail aux capitalistes afin d’assurer leur survie et celle de leur famille. La question posée par l’immigration dans un pays quelqu’il soit est celle-ci : par leur présence physique, les sans-papiers, les immigrés nous posent la question de l’inégale répartition des richesses mondiales et plus précisément, la concentration de celle- ci de manière géographique et oligarchique. Les différentes réactions décrites ci-dessus, sèment la division des travailleurs sur des bases nauséabondes telles que la communauté linguistique et la nationalité.

    Il est important pour nous, marxiste révolutionnaire, de redire nos priorité pour ces questions : fermeture des centre fermés, légalisation de touts les sans papiers, arrêt des expulsions. Mesures qui vont dans le sens de l’intérêt des prolétaires. C’est la bourgeoisie et ses laquais (les Di Rupo, les Demotte et les Picquet) qu’il faut mettre dehors pas les immigrés.

  • Droit d’asile. 766 Angélica enfermées en Belgique

    L’affaire Angélica a fait souffler un vent d’indignation à travers le pays cet été. L’Equatorienne Ana Cajamarca (28 ans) et sa fille Angelica (11 ans) séjournaient « illégalement » en Belgique depuis 2003.

    Emiel Nachtegael

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    UN LYCÉEN DE TURNHOUT RISQUE D’ÊTRE EXPULSÉ VERS LE TIBET

    Francesco Picqueur

    Alors que la majorité des lycéens profitaient encore de leurs vacances, Tenzin, un de mes camarades de classe et demandeur d’asile tibétain, a vécu ces dernières semaines un véritable enfer. Il a reçu un avis lui annonçant que sa demande de régularisation était refusée ainsi qu’un ordre de quitter le territoire.

    Cela fait trois ans que Tenzin séjourne dans notre pays comme candidat réfugié et qu’il suit les cours à Turnhout. Il a terminé sa 5e année en secrétariat et devait rentrer en 6e. Il parle couramment le néerlandais, aime l’école et est un élève studieux comme le montrent ses résultats. Mais, pour l’Office des Etrangers, il n’était qu’un numéro de dossier sans avenir dans ce pays.

    A la rentrée, nous allons organiose rune réunion avec les lycéens pour organiser une manif et une action de protestation. Nous espérons que l’école et la direction collaboreront avec nous et, au-delà, une solidarité aussi large que possible. Belge ou immigré, luttons ensemble contre cette politique antisociale !
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    Angélica avait de bons résultats scolaires et allait chez les scouts. Leur présence ne semblait gêner personne, jusqu’à la fin du mois de juin. Elles ont été arrêtées, emprisonnées dans un centre fermé et ont failli être expulsées vers l’Equateur.

    L’enfermement d’Ana et d’Angelica a suscité beaucoup de protestations. Même le nouveau président équatorien, Rafael Correa, et sa femme qui est de nationalité belge se sont prononcés nettement contre la politique répressive de la Belgique en matière de droit d’asile. La Belgique a d’ailleurs déjà été condamnée deux fois par la Cour Européenne des Droits de l’Homme parce qu’elle enferme des mineurs dans des centres et à cause de sa politique d’extradition. Selon le rapport du psychologue qui l’a suivie, Angélica, comme beaucoup d’autres enfants enfermés, souffre de dépression et de cauchemars suite à la détention et à la tentative d’expulsion.

    Quant aux circonstances de cette tentative d’expulsion, elles demeurent floues. Un médecin a constaté des contusions aux genoux et des blessures aux tibias et aux mains. Le 31 juillet, Ana a montré quelquesunes de ses blessures à la presse. Le Service de l’Office des Etrangers et la Police Fédérale ont nié les faits. La police a prétendu ne pas avoir touché Ana et sa fille.

    Apparemment, la détention d’enfants dans des centres fermés (c’est-àdire en fait des prisons), est une donnée normale dans ce pays. L’année dernière, 242 familles avec 537 enfants ont été enfermées dans le centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel (près de l’aéroport de Bruxelles National),. A Merksplas, ce sont 229 enfants qui ont été enfermés. Au total, il s’agit donc de 766 enfants en un an !

    A l’exception des Verts et d’une poignée de députés PS et CDH, aucun parti ne réclame clairement une modification sérieuse de la politique d’extradition et de régularisation (lorsque les Verts étaient au gouvernement, il n’y a du reste pas eu beaucoup de changements…). Ils préfèrent rejeter la responsabilité sur les demandeurs d’asile eux-mêmes. Ainsi, on a reproché à Ana Cajamarca de ne pas avoir introduit de demande d’asile. Mais les Equatoriens ont peu de chances d’être régularisés. Des quelque 8.000 Equatoriens dans ce pays, seuls 2.000 sont en situation légale. Nous revendiquons la suppression immédiate des centres fermés et des expulsions et nous défendons la régularisation de tous les sans-papiers.

    Aujourd’hui, certains patrons avancent l’idée d’ouvrir l’accès au travail à des demandeurs d’asile mais uniquement dans certaines catégories professionnelles parce que cela pourrait leur rapporter une main d’oeuvre bon marché et flexible. Nous revendiquons au contraire que chaque emploi soit un véritable emploi déclaré et qu’à travail égal, le salaire soit le même pour tous, étrangers ou Belges.

    Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra éviter qu’un groupe de travailleurs soit utilisé pour faire pression sur les conditions de travail et les salaires d’autre groupes.

  • La chasse aux sans-papiers continue

    Un juge brugeois a décidé fin du mois dernier de suspendre temporairement l’expulsion d’une famille kazakhe qui habitait depuis déjà 7 ans à Blankenberge. Ce jugement s’est fait sur base des bons résultats scolaires obtenus par le fils (en première année secondaire) et la fille (en deuxième année ingénieur commercial) le juge estimant qu’une exclusion porterait dommage au parcours scolaire des enfants. Maintenant, la famille peut rester, jusqu’à 3 mois après le verdict du service des affaires étrangères.

    Eline

    Le Ministre des Affaires étrangères Patrick Dewael n’a pas hésité à réprimander le juge. Selon lui, il s’agit de « l’absurdité juridique »: « Dans ce cas ce magistrat est non-compétent. Le Conseil d’État, qui est compétent, a déclaré l’ordre d’expulsion valide. Le juge brugeois aurait dû se déclaré incompétent pour ce cas et pour ça nous allons en appel. » Il trouve aussi que les conseils communaux devraient activement coopérer à la chasse effective de ces personnes de leurs communes. La commune de Blankenberge a ainsi reçu 15 lettres du ministère au sujet de la famille kazakhe ces dernières années.

    Selon Dewael, une régularisation générale n’a aucun soutien au sein du Parlement, et une régularisation individuelle ne serait pas non plus une option étant donné que cela pourrait donner l’impression d’une récompense à l’illégalité.

    Que cette régularisation puisse être prise comme une récompense nous semble assez improbable au regard de la vie quotidienne qu’implique le fait d’être sans-papiers. L’échine courbée, dans leur propre pays, sous les excès étouffant du système capitaliste, ces personnes ont eu le courage d’abandonner leur vie derrière eux pour se diriger vers un avenir incertain avec pour unique résultat de se retrouver, dans un pays étranger, entièrement isolés du monde extérieur. Depuis leur arrivée, leur détresse ne trouve que des réponses froides illustrées par le traitement sans pitié qu’ils subissent comme s’ils étaient des criminels responsables de leur propre situation. Si ils se retrouvent dans la majorité expulsée, il ne leur reste que peu de choix, étant donné que retourner au pays d’origine n’est souvent pas (ou plus) une option. Si on choisit de rester dans notre pays on tombe alors dans cette fameuse « illégalité » et on est définitivement taxé de criminel, cette manière de penser est d’ailleurs renforcée par l’utilisation du terme « illégal ». Une fois arrivé à cette situation, ils sont abusés par des entreprises qui saisissent avec plaisir cette opportunité de faire pression sur les salaires autochtones. Ces gens ont alors déjà tellement subit qu’ils ne vont pas poser beaucoup de conditions sur leurs salaires et conditions de travail. Dans le domaine du logement, ce sont les marchands de sommeil qui tentent de tirer le plus de profit de cette situation.

    D’un autre côté, le gouvernement proclame la nécessité d’avoir une immigration économique contrôlée pour attirer uniquement les étrangers « utiles » vers notre pays . Tout ceci implique encore naturellement une pression accrue sur nos conditions de salaire et de travail, étant donné l’ampleur énorme de cette immigration choisie de travailleurs sur le marché du travail belge, une plus grande baisse des salaires belges et des droits sociaux (en comparaison à l’impact réduit des réfugiés « non désirés ») surviendra en conséquence. Cela d’abord dans certains secteurs ciblés mais, par leur intermédiaire, ensuite également dans d’autres secteurs.

    Tout ceci démontre encore clairement que ce système se comporte de façon injustifiable et inhumaine avec des innocents au profit d’un très petit groupe de gens qui continue à revendiquer pour elle-même la plus grande partie des richesses de cette planète. La politique de diviser-pour-mieux-régner n’a pas encore atteint sa date de péremption. Aussi longtemps que nous continuerons à tolérer la propangande quotidienne, donnée à la petite cuillère par les médias traditionnels, la situation perdurera. Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

  • Vottem: manifestation contre les centres-fermés pour sans-papiers.

    Vottem: manifestation contre les centres-fermés pour sans-papiers

    Vottem: Dimanche 22 avril 2007, un soleil radieux, des militants de toute la gauche sont rassemblés dans un parc, des familles aussi, etc. Le tableau décrit semble une journée parfaite. Cependant, non loin de là une prison remplie d’innocent se dresse depuis 8 ans déjà.

    Stéphane Ramquet

    Moins nombreux que l’année passée (où l’aile pour enfant venait d’ouvrir), de nombreuses familles s’étaient néanmoins déplacées pour, une fois de plus, dire non aux centres fermés pour sans-papiers. De nombreux habitués de cette lutte, comme le CRACPE, la ligue des droits de l’homme, les femmes en noir étaient présents mais aussi de nombreux jeunes, venus pour la première fois, dégoutés par ce système inhumain qui en Belgique condamne à la prison des gens ayant pour seul crime celui de chercher un avenir meilleur pour eux et leur enfants.

    Nos militants socialistes-révolutionnaire étaient évidemment présents eux-aussi accompagnés de leur journaux. Mettant en avant une optique anti-capitaliste de la problématique et liant systématiquement le problème de l’immigration à celui de l’impérialisme, notre stand a écoulé un nombre conséquant de journaux. Cette intervention a aussi permis à notre organisation de récolter un peu plus de 60€ (avec la vente de badges contre les centres fermés et d’auto-collants anti-racistes) afin de contribuer à l’achat de notre matériel (tracts et affiches).

    Le CAP n’était pas en reste puisqu’il disposait de son propre stand où boudant les élus écolo peu présent, les gens se pressaient afin de découvrir son programme. De nombreuses signatures ont également été réalisées afin de permettre au CAP de présenter sa liste au sénat.

    Face à cette prison de la honte, les résistances s’organisent…

  • Ni centres fermés, ni expulsions. Régularisation des sans-papiers

    Les récentes déclarations de médecins et d’infirmières ayant travaillé au centre fermé de Vottem ont remis en lumière la réalité de ces centres : des prisons où les droits élémentaires des détenus sont encore moins respectés que dans les autres prisons.

    Jean Peltier

    Dans son appel à manifester à Vottem le 22 avril, le CRACPE rappelle que ces centres enferment des personnes étrangères qui n’ont le plus souvent commis d’autre délit que de ne pas avoir de papiers et que des enfants y sont aussi enfermés au mépris des conventions internationales signées par la Belgique. Il décrit la situation qui règne dans ces centres : « La violence y est banalisée : il s’agit de centres de rapatriement qui ont comme fonction de préparer l’expulsion et de briser toute résistance à celle-ci. Ainsi chaque jour des personnes qui se rebellent sont mises en isolement et au cachot. La veille d’une tentative d’expulsion, les personnes sont systématiquement placées au cachot. Des personnes désespérées en arrivent à des tentatives de suicide, elles aussi se retrouvent au cachot…

    « Les expulsables sont menottés aux poignets, parfois complètement ligotés pour pouvoir être embarqués de force dans l’avion, avec parfois un casque de kick-boxing sur la tête pour amortir les coups… Des coups qui sont portés sur tout le corps, comme en attestent de nombreux certificats médicaux établis et plaintes déposées…

    « Fin novembre 2006, quatre gardiens du centre fermé de Vottem ont dénoncé d’autres graves maltraitances, en particulier le sort réservé aux personnes détenues malades ou atteintes de troubles psychiatriques : placement en isolement au cachot, sans soins, pendant des jours, voire des semaines! En mars, ce sont deux infirmières qui témoignent d’injections de neuroleptiques dangereux pour calmer les « résidents » (en plus de l’administration fréquente de « tranquillisants » par voie orale, déjà dénoncée par le passé).

    Un élément-clé de la répression

    Les centres fermés ne sont pas un accident ou une horrible verrue sur le corps sain de la politique d’immigration de la Belgique et de l’Europe. C’est au contraire une pièce centrale de ce dispositif. Le quasi-arrêt de l’immigration légale depuis 25 ans et les restrictions grandissantes au droit d’asile depuis 10 ans forces de plus en plus ceux qui fuient la dictature, la guerre, la misère,… à plonger dans la clandestinité. Ils deviennent ainsi des proies faciles pour les patrons qui les embauchent en noir (à bas salaire sans sécurité sociale ni protection syndicale) et pour les marchands de sommeil qui leur louent des logements (et souvent des taudis) à prix d’or.

    Les centres fermés, étape entre les rafles policières et les expulsions, sont comme eux un moyen de maintenir l’arbitraire qui nourrit la peur et casse les possibilités de résistance. Espérer « humaniser » les centres fermés et les expulsions n’a pas de sens. La seule solution qui défende réellement les sans-papiers – mais aussi les Belges et les immigrés ayant leurs papiers – c’est la régularisation massive des sans-papiers. Seule celle-ci peut leur permettre de sortir de la clandestinité et de la précarité et conquérir des droits élémentaires et de ne plus constituer – bien malgré eux – une pression à la baisse sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail des « avec-papiers ».

    Dimanche 22 avril 2007, manifestation:

    Vottem, 8 ans déjà…, je ne l’accepte pas!

    Rassemblement : 14h rue des Glacis (Liège, Citadelle) et manifestation jusqu’au centre fermé de Vottem.

  • Les autorités ne veulent pas des Romanichels à Gand … ni des sans-papiers à Verviers

    Faute de meilleures possibilités d’accueil, un groupe itinérant de familles de Romanichels occupe depuis quelques mois des batiments vides appartenant à la ville de Gand. Mais il semblerait que même cette « solution » soit jugée encore trop lourde par les autorités communales.

    Par deux fois, ce groupe a été mis à la porte des maisons qu’il occupait. Certaines familles ont dû dormir dans des parcs publics.

    Les Romanichels font désormais officiellement partie de l’Union Européenne. Cependant, leur accès au marché de l’emploi en Belgique reste problématique. De plus, le Forem ne veut même pas les accompagner. Les situations de chômage et de pauvreté sont monnaie courante. Pour cause d’absence d’une adresse fixe, nombreux sont les Romanichels qui perdent leur permis de séjour.

    La Ville de Gand a trouvé une solution au problème : elle a proposé de les accueillir un mois dans une grande tente dans une caserne militaire…

    Verviers

    D’après les Maisons médicales qui les soignent, il y aurait 300 familles «sans papiers» à Verviers. Jusqu’en décembre 2006, la Ville accordait une aide financière limitée aux familles qui en faisaient la demande. Mais, depuis lors, toute l’aide du CPAS «sur fonds propres» a été supprimée, ce qui a plongé de nombreuses familles de sans-papiers dans un désarroi total.

    Le Comité de Soutien des Sans-Papiers tente de colmater les brèches en organisant des soupers dont les bénéfices vont aux familles en difficulté : certaines attendaient les quelques dizaines d’euros qui feraient patienter leur propriétaire pour ne pas être jetées à la rue … Mais un souper de temps en temps ne peut pas régler le problème. A l’heure actuelle, des gens ont faim et froid à Verviers et ne savent pas s’ils pourront se loger au mois de mars.

    Les mesures prises par le CPAS de Verviers ne sont pas exceptionnelles : il semble que partout, on coupe les vivres pour contraindre les sans-papiers à quitter le territoire.

  • Centre fermé de Vottem, le Guantanamo belge !

    Un quotidien et un hebdomadaire ont rapporté le témoignage d’un des gardiens du Centre fermé de Vottem, qui traitent de la non-prise en charge des sans papiers souffrant de problèmes psychologiques, le plus souvent liés à leur détention. Voici ce qu’il en est. Le Soir (17/11) titre en page 5 : ” Maltraitance grave au centre fermé de Vottem”. Il s’agit d’un article qui rapporte un témoignage offert au Ciné Télé Revue. Voici ce que Le Soir a écrit.

    Alexandre

    Tout d’abord, du concret. “Un africain qui mourrait littéralement de trouille et restait immobile, serré dans une couverture.” Il a été mis en cellule d’isolement car il ne se lavait pas. ” Cet homme n’était plus en état de contrôler ses actes. Au point qu’il déféquait et urinait sous lui. Il a été laissé dans sa cellule pendant des semaines.” Encore ? A propos de la maltraitance des policiers envers les sans-papiers ” un Pakistanais avait refusé de monter à bord à Zaventem. Ce gars est revenu tellement cassé qu’il ne pouvait plus marcher. Il a passé plus d’un mois à l’infirmerie.” Heureusement que nous sommes dans un pays démocratique et respectueux des droits de l’homme… Il y a UN psychologue qui sert aussi de directeur adjoint et aucun psychiatre…

    Les sanctions sont généralement des mises en cellule d’isolement (comprenez cachots), c’est notemment de cette façon dont on puni les tentatives de suicide. Tandis que le CDH, Amnesty International et Ecolo (Zoé Genot d’Ecolo désire un ” contrôle démocratique dans les centres”) demandent, ou plutôt “ne renoncent pas à l’idée d’exiger” une enquête indépendante, le CECLR (Centre de l’égalité des chances) s’inquiète surtout de la rationnalisation responsabilités des employés du Centre. En somme, aucune aide immédiate ni solution tendant à la justice età l’égalité. C’est d’autant plus difficile que Dewael (Ministre de l’Intérieur, VLD) a interdit l’entrée à toute personne étrangère au centre.

    En outre, ça n’a pas l’air de déranger beaucoup le monde politique. Ce témoignage prouve pourtant la necessité d’une action de masse contre les véritables actes de torture mentales et physiques, et enfin, une régularisation de TOUS les sans-papiers, qui sont aussi, combien de fois l’a-t-on déjà rappellé, des humains comme vous et moi.

  • L'asile scolaire reçoit de plus en plus de soutien

    L’Union pour la Défense des sans papiers (UDEP), qui lutte pour des critères de régularisation clairs et permanents, a annoncé fin juillet qu’elle interpellerait les directions d’écoles et les comités de parents sur la possibilité de l’asile scolaire. L’enseignement catholique a déjà apporté son soutien. Cette prise de position intervient après qu’une école d’Eeklo a donné asile à une famille qui était menacée d’expulsion vers plusieurs pays. L’enseignement officiel a décliné la proposition.

    Emiel Nachtegael

    L’asile scolaire est une expression de la solidarité croissante de la population envers les sans-papiers. Il y a eu ces derniers mois des manifestations d’ampleur qui ont reçu notamment le soutien d’évêques, des syndicats et maintenant aussi de directions d’écoles et de comités de parents.

    Le ministre Dewael a déjà fait part de son mécontentement en rappelant qu’une institution scolaire doit s’en tenir aux lois. Il a malheureusement été suivi par la direction de l’enseignement officiel. Le soutien explicite de l’enseignement catholique a déjà suscité une vague de protestations parmi les politiciens et les éditorialistes.

    La pression qui s’exerce actuellement sur certaines écoles n’est cependant pas due au hasard. Le cas d’Eeklo était très poignant. Un couple avec enfants où l’homme vient du Yémen et la femme d’Azerbaïdjan ; la femme et les enfants devraient être expulsés vers l’Azerbaïdjan et l’homme vers le Yémen… Les enfants qui sont scolarisés peuvent souvent compter sur le soutien de leurs camarades de classe et d’autres connaissances dans la résistance aux expulsions. C’est important que les écoles fassent savoir qu’elles veulent soutenir cette solidarité et non la briser.

    Il y a un mouvement analogue en France où la solidarité avec les enfants scolarisés et leurs familles devient très concrète avec " l’adoption " par des familles françaises. Les syndicats devraient aussi mettre la pression sur le gouvernement. Des milliers d’illégaux, qui ont fui leur pays pour échapper à l’oppression politique ou au désespoir économique, travaillent dans notre pays dans des conditions indignes et, sans permis de séjour, ils sont livrés à l’arbitraire des patrons.

    Nous soutenons les actions dans les écoles et nous appelons à une large solidarité. A côté de cela, nous menons la lutte pour une société socialiste débarrassée de la pauvreté, du chômage, de l’exploitation ou de la guerre, une société où les raisons de fuir, que ce soit pour des raisons politiques ou économiques, n’auront plus lieu d’être. Ce sont notamment les conditions de vie et de travail épouvantables dans le monde néo-colonial qui poussent ces gens à chercher une issue dans la fuite.

    Mais le gouvernement belge est muet là-dessus. Comme le disait Walter Roggeman, le directeur du Sint-Jozef-Klein-Seminarie à Sint-Niklaas, dans les colonnes du journal De Standaard: "Qu’ont donc fait ceux qui se retranchent maintenant derrière la législation pour mettre un terme à cette répartition foncièrement injuste des moyens et des biens dans ce monde ? Quand des soins de santé dignes de ce nom et un enseignement de qualité seront-ils un droit pour chaque enfant dans ce monde?"

  • Sans-papiers. Vers une grève de la faim généralisée ?

    La troisième manifestation nationale des sans-papiers a réuni plus de 10.000 personnes à Bruxelles le 17 juin, signe que le mouvement de lutte et la solidarité ne faiblissent pas. Pourtant, le lendemain, l’UDEP a pris la décision d’appeler à une grève de la faim généralisée dans les lieux occupés. Les responsables de l’UDEP reconnaissent que c’est là l’arme du désespoir parce que, malgré cette mobilisation des sans-papiers et le soutien qu’ils reçoivent, ils se trouvent toujours face à un mur.

    Jean Peltier

    Les sans-papiers attendaient une ouverture des partis de la majorité en faveur d’une régularisation à l’occasion de la discussion au parlement de la nouvelle loi sur le traitement des demandes d’asile. Pour rappel, celle-ci vise notamment à ramener le temps d’examen des demandes à un an maximum, ce qui est présenté comme une mesure humanitaire mais ce qui vise surtout à empêcher que les candidats réfugiés trouvent un travail en noir, nouent des liens avec les habitants de leur quartier, mettent leurs enfants à l’école,… toutes choses qui rendent plus difficile leur expulsion. Cette accélération de la procédure fait dire hypocritement au gouvernement que, puisque les gens à qui le statut de réfugiés aura été refusé devront quitter rapidement le pays, ceux-ci n’auront plus le temps de devenir des sans-papiers durables et la question de la régularisation de ceux-ci ne se posera plus vraiment.

    Le gouvernement se félicite aussi de la baisse du nombre de demandes d’asile (il a diminué de 75% entre 2000 et 2005 !). Mais ce qu’il oublie de dire, c’est que les conditions de reconnaissance comme réfugiés sont devenues tellement dures que beaucoup d’étrangers ne demandent même plus ce statut et plongent de suite dans la clandestinité. Le nombre de sans-papiers est ainsi estimé aujourd’hui entre 100.000 et 150.000 personnes.

    Un mois de discussions en Commission de l’Intérieur de la Chambre n’aura débouché sur rien. Le ministre Dewael (libéral flamand) n’a pas fait la moindre concession sur la revendication de régularisation. Les partis flamands (effrayés à la perspective de faire un « cadeau » au Vlaams Belang) et les libéraux (les plus sensibles aux pressions des patrons qui souhaitent garder l’usage de travailleurs peu payés et n’ayant pas de moyens de se défendre puisque clandestins) ont bloqué la discussion. Le PS, officiellement favorable à une régularisation mais minoritaire dans le gouvernement sur ce sujet, a été extrêmement discret dans ce débat. Seuls Ecolo et le CDH ont défendu des propositions de régularisation. Il n’y a évidemment aucune chance que la situation soit différente dans les prochaines semaines lorsque le projet arrivera à la Chambre et au Sénat.

    Bien que le mouvement ait commencé il y a déjà quatre mois, la mobilisation des sans-papiers se maintient de manière impressionnante. Il y a actuellement 40 lieux occupés (surtout des églises mais aussi des centres laïques, une mosquée, des locaux universitaires,…). La solidarité continue aussi à s’élargir. Les syndicats apportent aussi un soutien plus actif que lors des actions menées les années précédentes, notamment en syndiquant de plus en plus de sans-papiers et en apportant un soutien matériel aux actions. Mais les directions syndicales sont loin d’avoir mis le paquet pour organiser la solidarité et la mobilisation dans les entreprises et les centrales, particulièrement dans des secteurs comme la construction et l’horeca où travaillent beaucoup de sans-papiers. Le 17 juin, la FGTB a distribué des centaines de casquettes rouges avec son sigle aux manifestants et il y avait de petites délégations syndicales dans la manif.

    Le slogan de l’UDEP « Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs » n’est malheureusement pas encore devenu une réalité pour le mouvement syndical. Dans ces conditions, la grève de la faim apparaît être la seule forme d’action dont disposent encore les sans-papiers pour se faire entendre et pour obtenir une régularisation massive à travers une loi (et plus à la tête du client comme c’est le plus souvent le cas aujourd’hui) avec des critères clairs et permanents. Bien que nous ne soutenons pas ce genre de méthodes, nous ne pouvons que comprendre la réaction des sans-papiers et poursuivre le soutien à leur lutte. Nul ne sait sur quoi cette grève de la faim peut déboucher et si le gouvernement pourrait faire un pas sous cette pression.

    Mais, ce qui est certain, c’est que la solidarité avec les sans-papiers est plus indispensable aujourd’hui que jamais.

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