Category: Asile

  • Etats-Unis: immigrés en lutte!

    Aux Etats-Unis, des millions d’immigrés ont investi les rues pour défendre leurs droits. Du 10 mars au 10 avril, près de 4 millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté dans plus de 125 villes… Dans beaucoup de villes, il s’agissait des plus grandes manifestations jamais vues!

    Kristof

    Le motif de ces protestations est le vote par la Chambre de la proposition de loi HR 4437 déposée par le député républicain Sensenbrenner. Cette loi vise à lutter contre l’immigration illégale par l’extension de la gigantesque barrière qui s’étend déjà le long d’une partie de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le contrôle accru de l’immigration et la criminalisation de toute aide aux “illégaux” (même le fait de ne pas dénoncer l’existence d’un clandestin serait poursuivi par la loi!). Cette loi est un nouveau pas dans la longue liste des attaques lancées contre les étrangers depuis une quinzaine d’années et surtout depuis le 11 septembre 2001.

    En réaction, des centaines d’organisations d’immigrés (surtout d’origine latino-américaine), de groupes de solidarité avec les sans-papiers (ceux-ci seraient 12 millions aux Etats-Unis), de sections syndicales et d’iorganisations de gauche ont organisé des manifestations aux quatre coins du pays. Ces actions ont culminé le 1er mai. Alors que ce jour est aux Etats-Unis un jour de travail comme un autre, un appel a été lancé pour faire du 1er Mai 2006 “Un Jour sans Immigrés” au travail et à l’école. On estime que 10 millions de personnes ont participé à ce mouvement, et cela bien que cet appel n’était pas soutenu par la partie la plus conservatrice de la direction du mouvement et par beaucoup de dirigeants syndicaux.

    Sous la pression du mouvement d’opposition et devant la crainte d’une partie du patronat de perdre une main-d’oeuvre à bon marché, un autre projet de loi a été déposé, le Guest Worker Program (“ Programme pour les Travailleurs Invités “) qui prévoit de donner un visa de travail temporaire temporaire à certains immigrants. Mais l’application de ce projet impliquerait que des millions d’immigrants illégaux soient d’abord expulsés avant de pouvoir, par apès, demander un visa temporaire pour revenir travailler aux Etats-Unis ! Les patrons entendent ainsi ne garder que des travailleurs “utiles” et expulser tous les autres.

    Cette proposition trouve des partisans aussi bien chez les Républicains que chez des Démocrates comme Hillary Clinton. Mais les organisations de sans-papiers et le mouvement de solidarité continue à réclamer le retrait de toutes ces mesures et la régularisation des sans-papiers.

  • « Les pays occidentaux sont à 100% responsables de l’immigration »

    Témoignage de Tchatchoua Tchato Jules

    Si l’on parle beaucoup actuellement de la lutte pour la régularisation des sans-papiers, peu de gens savent vraiment ce que peut être la vie des candidats réfugiés ou des sans-papiers, de ceux qui sont en attentes d’un statut légal ou ont été rejetés dans la clandestinité. Jules nous raconte comment il a vécu pendant les mois où il attendait une réponse de sa demande d’Asile.

    Propos recueillis par Nicolas Croes

    Peux-tu te présenter ?

    Je viens du Cameroun et je suis en Belgique depuis le mois de septembre 2005. Je préfère ne pas parler de ce qui m’a poussé à quitter mon pays, j’y ai subi une situation très pénible, c’est un poids lourd à porter et j’essaye au maximum d’oublier cette période.

    Comment s’est déroulé ton accueil en arrivant ici?

    J’ai été conduit dans le centre ouvert de la Croix Rouge de Nonceveux après avoir fait ma demande. Le temps passé à ce centre est une période qui m’a beaucoup vieilli. J’ai rencontré là-bas beaucoup de personnes, et la seule chose que je partageais avec eux, c’était la souffrance, la galère. Penser que je suis parti en laissant là-bas des personnes que j’ai connu, que j’ai aimé, avec qui j’ai passé une partie très lourde de ma vie, me rempli de peine.

    Peux-tu nous décrire comment était la vie à ce centre ?

    La vie du centre est au-dessus des mots. On n’y vit pas, on y survit, même si c’était tout de même moins pire que ce que j’avais vécu avant de venir en belgique.

    J’ai partagé le quotidien avec des bébés, des enfants dont l’âge varie entre 1 an et 15 ans et qui sont là avec leurs parents. Je medemandais pourquoi ces enfants étaient là. C’est la chose qui m’a le plus frustré quand je suis sorti, cette question me revient toujours : qu’est ce que les enfants ont fait pour être là ?

    Il y a là-bas des gens de partout. D’abord, les communautés se regroupent ensemble, mais la même misère nous unis et une solidarité se développe rapidement. Il y a seulement de bêtes incompréhenssions de langage qui génèrent de grands conflits. Il faut comprendre que l’on est seul avec nos problèmes et, avec cette frustration, la moindre étincelle peut avoir de grandes conséquences. Parfois pour de petites choses, les gens s’en veulent. Mais si on a perdu l’espoir avec un avenir tellement sombre et incertain, c’est la seule chose que certains ont encore en plus de leur passé. Quand je pense qu’ils sont dans cette situation pour longtemps encore…

    Tout ceux qui vivent dans ces centres ont un passé très lourd, et la seule chose qu’ils cherchent c’est la paix et la liberté. Ils fuient la guerre, la torture, la famine,… J’ai du mal à comprendre pourquoi il est si difficile d’avoir cette paix et cette liberté. L’Afrique est le continent le plus pauvre et il doit rembourser des millions de dollars par jour. 30.000 enfants meurent chaque jour de maladies guérissables et je n’arrive pas à comrendre pourquoi on ne nous accepte pas ici, pourquoi on se méfie de nous. La seule solution qui est apportée à l’immigration est de renvoyer les gens d’où ils viennent avec tout les risques que cela comporte, ou alors de vivre exploité ici illégalement, pour revivre ainsi une part de ce qu’on a fuis.

    C’était un centre dit « ouvert », il vous était donc possible de sortir ?

    C’était un centre ouvert, on était libre d’en sortir, mais il était fort éloigné de la ville. Il faut payer les tickets de bus pour y arriver et nous n’avions que 4 euros par semaine, même pas assez pour un voyage. Dans les faits, « ouvert » ou « fermé », c’est la même chose.

    Toute ta vie à ce moment, c’était donc le centre et son ambiance de désespoir?

    Oui. Le quotidien, c’est un repas le matin, un repas le midi, et un le soir. Et puis l’attente. Le personnel organisait bien des activités pour nous détendre comme du tennis, du vélo, du football,… mais le nombre de personnes était limité et on était laissés fort seuls avec le vide dans nos coeurs et un peu d’espoir pour certains. Je tiens cependant à remercier vivement le personnel de ce centre. Leur sympathie et leur amitié nous aidait, mais cela ne réduit malheureusement pas la souffrance.

    Ce qui nous aide tous le plus là-bas, c’est l’espoir. Mais beaucoup étaient déjà perdus, ils avaient oublié cet espoir. C’est malgré tout dans cette ambiance que j’ai trouvé l’inspiration pour écrire une histoire : « La salle à palabres ».

    L’histoire que tu nous as présentée à Socialisme 2006, donc. Tu peux nous en parler un peu ?

    Cela raconte les causes de l’immigration, ça parle de la guerre, de la misère, de la famine et de la responsabilité des puissances occidentales face à ça. Une bonne partie parle de la vie dans mon village et mon pays avant la colonisation. Je parle ensuite surtout de la manière dont l’occident gère une immigration dont elle est à 80, ou plutôt à 100% responsable. C’est basé sur mon expérience, mais j’ai voulu y mettre beaucoup d’humour.

    Tu as finalement eu tes papiers…

    Oui, j’ai reçu le statut et je suis parti du centre. J’ai eu plus de chance que les autres, mais je ne l’ai pas mérité plus qu’eux. La seule chose qui me réconforte maintenant et après tout ce que j’ai vécu, c’est de pouvoir tout recommencer à zéro. Comme je l’ai déjà dit, au centre, on ne vit pas, on survit.

    Je dois tout recommencer, mais je ne connais pas le rythme de la société, la culture, les habitudes, et je suis seul. A 25 ans, après tout ce que j’ai vécu, c’est dur. Ce n’est vraiment pas facile avec l’administration qui est totalement différente de celle de mon pays. Cette difficulté administrative est la raison de l’échec de beaucoup d’immigrés. Depuis que je suis sorti du centre, tous les jours je suis à l’administration: au commissariat, au forem, voir mon avocat pour vérifier mon état sur le territoire, je dois renouveler plein de papiers,… L’Afrique est le continent le plus illettré, faute de moyens suffisants, et tout ça est un poids énorme à porter pour des gens qui n’ont pas la chance d’avoir un niveau d’éducation très élevé.

    On arrive d’un pays ou l’Etat nous laisse comme ça et le changement est dur à assumer. Un rendez-vous raté avec l’administration a des conséquences énormes et le langage est différent. Je suis pourtant francophone…

    Au centre comme maintenant, je dois aller chaque matin à la boîte aux lettres avec une grande angoisse, je vais voir ce qu’on a décidé de ma vie.

    Tu es maintenant membre du Mouvement pour une Alternative Socialiste, peux-tu nous expliquer ce qui t’a poussé à nous rejoindre ?

    C’est parce que les causes qui m’ont amené ici, qui m’ont fait quitter les seuls être que j’aimais, qui m’ont fait partir – ce qui est la pire chose qui soit – et ce que j’ai vécu ici, tout cela est combattu par le MAS. Je ne pense jamais quitter le MAS ou arrêter la lutte, je peux maintenant faire quelque chose pour ceux qui sont restés au centre. Si la cause défendue par le MAS, le socialisme, était défendue dans mon pays, je ne pense pas que je serais ici.

  • Régularisation de TOUS les sans-papiers!

    500.000 sans-papiers vont être régularisés dans les prochains mois…en Italie. Par contre, chez nous, malgré la mobilisation massive des sans-papiers et l’amplification du mouvement de solidarité, le gouvernement ne bouge pas d’un poil. Faudra-t-il des morts pour qu’une régularisation s’impose enfin ?

    Jean Peltier

    Lancé par l’Union de Défense des Sans-papiers (UDEP) en mars, le mouvement d’occupation de bâtiments par les sans-papiers continue à s’étendre, même si le rythme a faibli depuis la mi-mai. 35 lieux sont occupés, en grande majorité des églises, mais aussi une mosquée, plusieurs centres laïques et même un local universitaire à Liège. Née de quasiment rien il y a deux ans, l’UDEP a été capable d’impulser une mobilisation qui implique directement les centaines de sans-papiers qui mènent les occupations depuis des semaines mais qui va bien au-delà. Plus de 45.000 sans-papiers se sont en effet présentés dans les lieux occupés et ont signé les registres pour demander leur régularisation. Et 45.000, cela signifie entre un tiers et la moitié des sans-papiers vivant en Belgique !

    Si le mouvement s’est déployé avec une telle force, c’est parce qu’en accordant cet hiver une promesse de régularisation au groupe de sans-papiers qui menaient une grève de la faim à l’église Saint-Boniface à Bruxelles, le Ministre de l’Intérieur, le libéral flamand Dewael, a tout à la fois montré combien la procédure de régularisation était arbitraire et donné un immense espoir aux autres sans-papiers. Pour éviter que le mouvement des sans-papiers éclate en une multitude de grèves de la faim locales et de négociations pour des régularisations partielles, l’UDEP a lancé le mouvement d’occupation des églises. Le but était de faire pression sur la discussion qui allait commencé au parlement afin d’obtenir la mise en place d’une « Commission permanente de régularisation sur base de critères clairs ».

    Cette discussion a fini par s’ouvrir le 23 mai à la Commission de l’Intérieur de la Chambre où le gouvernement présente son projet de loi destiné à réformer les procédures de demande du droit d’asile. Cette réforme vise notamment à accélérer les procédures de jugement sur les demandes d’asile (tout régler, appels compris, en un an maximum au lieu d’avoir des procédures qui aujourd’hui durent souvent plus de trois ans) et, dans la foulée, à accélérer et intensifier les expulsions de ceux qui auront été déboutés. Le projet gouvernemental ne traite pas de la régularisation (puisque, pour lui, une procédure de décision plus courte supprimera la possibilité que des gens à qui est refusé le statut de réfugié « s’incrustent » en Belgique et nouent des liens sociaux qui rendent une expulsion plus difficile).

    Trois partis francophones – Ecolo, PS et CDH – ont déposé des propositions de loi visant à la régularisation de sans-papiers qui sont inspirées par la proposition de l’UDEP. Mais en face, c’est toujours le mur. Ni le MR, ni aucun des partis flamands ne veulent entendre parler d’une vraie régularisation. De son côté, Dewael le dit et le redit : pas question d’une régularisation générale ni de critères clairs et permanents. Le seul mécanisme doit rester celui des régularisations individuelles sur base de critères extrêmement stricts (médicaux, humanitaires ou de trop longue procédure de demande d’asile) pour lesquels la décision resterait dans les mains de l’Office des Etrangers et du Ministre, en tout arbitraire.

    Cette discussion en commission risque donc de ne rien donner. Elle va surtout durer des semaines et ce n’est qu’après cela qu’une discussion et qu’un vote d’une loi pourraient avoir lieu à la Chambre elle-même. Il est clair que le gouvernement et les opposants cherchent à reporter toute décision après les élections communales d’octobre. Et il est tout aussi clair que ceux qui s’opposent à une régularisation générale n’ont aucune solution à proposer, à part le maintien de la situation actuelle dans laquelle la misère et la clandestinité obligent des dizaines de milliers de sans-papiers à travailler pour des salaires de misère, à habiter des logements délabrés payés à un loyer excessif, à manquer de soin faute de sécurité sociale, à ne pouvoir se défendre légalement, à vivre en permanence dans l’ombre dans la crainte de contrôles d’identité policiers,… pour le plus grand bénéfice du patronat qui dispose ainsi d’une main d’œuvre à bon marché et sans moyen de défense.

    Ce refus du gouvernement et de la majorité des partis fait monter le désespoir parmi les sans-papiers. Deux groupes – un à Liège et l’autre au Petit Château à Bruxelles – ont commencé début mai une grève de la faim et d’autres risquent de suivre. Ces actions sont compréhensibles et elles font monter la pression sur le gouvernement mais elles risquent malheureusement de déboucher sur un fractionnement du mouvement en une multitude de groupes (organisés souvent sur base du pays d’origine) luttant chacun pour leur régularisation au détriment de la revendication d’une régularisation généralisée.

    C’est pourquoi il est essentiel que la mobilisation des sans-papiers et le mouvement de solidarité continuent à s’étendre. Et il faut en particulier que les syndicats s’impliquent beaucoup plus dans le mouvement en syndiquant les sans-papiers et en mobilisant les travailleurs aux côtés de ceux-ci.

  • Soutenons les sans-papiers!

    La politique de répression accrue contre les demandeurs d’asile se heurte à de la résistance. Malgré l’hostilité du monde politique, les actions reçoivent le soutien d’une large couche de la population, de groupes d’action et d’organisations chrétiennes. Les actions des personnes sans papiers proviennent souvent d’une situation désespérée. On en vient à des grèves de la faim et à des occupations d’églises. Les actions de désespoir ne mèneront pourtant pas à des résultats. Il faut un mouvement organisé et de grande ampleur pour imposer la revendication d’une régularisation généralisée.

    Tract du MAS

    Régulariser maintenant!

    La politique d’asile et d’immigration actuelle est de plus en plus sévère.

    Une attitude répressive n’enrayera pas le flux migratoire, elle ne fera que forcer de plus en plus de gens à vivre dans l’illégalité!

    L’exploitation du fait de conditions de travail épouvantables ou des marchands de sommeil n’entraîne pas seulement les demandeurs d’asile dans une spirale vers le bas, mais elle met sous pression les salaires et les conditions de travail et de logement de tout un chacun !

    Pour pouvoir exploiter encore davantage les demandeurs d’asile, on abuse de leur situation précaire. Si on veut y mettre un terme, il faut une régularisation complète.

    Ce n’est qu’alors qu’on pourra créer les conditions d’une situation d’ “à travail égal, salaire égal dans des conditions de travail égales”. C’est aussi la seule réponse à l’argument d’extrême droite que les travailleurs étrangers à bas prix volent les emplois des Belges.

    Le gouvernement abuse de la vulnérabilité des sans-papiers pour mettre en oeuvre une politique de diviser pour mieux régner.

    D’un côté il plaide pour l’ouverture du marché du travail aux travailleurs étrangers à bas prix, d’un autre côté pour une répression accrue contre les personnes sans-papiers. Cette attitude n’a d’autre but que de contrer la lutte pour l’amélioration des conditions de travail de tous les travailleurs.

    Stop à la violence raciste !

    La politique de régression sociale et la stigmatisation des réfugiés créent un terreau idéal pour le racisme dans la société. Le Vlaams Belang d’extrême droite l’alimente depuis des années.

    Tant le Vlaams Belang que la politique traditionnelle portent une responsabilité directe dans l’explosion de violence raciste de ces dernières semaines.

    Les personnes sans papiers sont un groupe vulnérable dans la société. Nous ne pouvons pas tolérer qu’il soit intimidé encore davantage par la violence d’extrême droite.

    Le mouvement des sans-papiers doit évidemment condamner la violence raciste, mais il faut en même temps y apporter une réponse politique. Une législation plus stricte sur les armes ne suffit pas et n’est pas l’essentiel. Les inégalités sociales, le chômage et la pauvreté sont un terreau idéal pour l’extrême droite. Tant que ces problèmes ne trouvent pas de solution, le racisme et la violence raciste continueront de faire des victimes !

    Il faut une lutte collective !

    Pour augmenter la force de frappe du mouvement, il faut tisser un maximum de liens de solidarité avec les travailleurs belges et leurs familles !

    Toute forme de division détourne l’attention des vrais problèmes: la richesse produite dans cette société ne sert pas à assurer un niveau de vie décent à la majorité de la population. Les entreprises récoltent des superbénéfices, les managers empochent des salaires exorbitants, tandis que les travailleurs autochtones et allochtones subissent la hausse du chômage. Nous avons besoin d’un mouvement unifié des travailleurs autochtones et allochtones et de leurs familles.

    Une réponse internationale!

    L’exode mondial est dû à la mainmise impitoyable des institutions capitalistes internationales sur les pays du monde néo-colonial.

    Les multinationales et les grandes entreprises recourent sans scrupules aux formes les plus brutales d’exploitation dans le monde néo-colonial et provoquent la désintégration de sociétés entières. L’OMC et le FMI utilisent les énormes charges de la dette pour imposer une politique néolibérale basée sur la régression sociale.

    Le patronat et le gouvernement se soutiennent mutuellement au niveau mondial. Il faut une opposition de gauche! Le MAS oeuvre à une lutte internationale pour une société socialiste où toutes les richesses de la société servent à satisfaire les besoinsddu plus grand nombre !

    Nous voyons aujourd’hui dans plusieurs pays d’Amérique-Latine comment un mouvement de lutte trouve une expression politique.

    La lutte des travailleurs en Bolivie, qui a mené à la victoire électorale d’Evo Morales, impose des réformes sociales qui brisent le pouvoir des multinationales spoliatrices.

    Avec la nationalisation des réserves de gaz et de pétrole, la Bolivie démontre comment on peut arracher les richesses des mains des multinationales.

    Les moyens ainsi libérés permettront de mener une politique qui s’en prenne vraiment à la pauvreté et à la misère qui sont la principale cause de l’exode des réfugiés

    Le MAS fait partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui oeuvre à la construction d’un mouvement ouvrier mondial qui lutte pour un programme socialiste.

    La lutte pour l’égalité des droits des personnes sans papiers est la même que celle pour de meilleures conditions de vie et de travail partout dans le monde.

    Le MAS est actif dans le mouvement des sans-papiers et sur beaucoup d’autres terrains. La construction d’une opposition de gauche conséquente est nécessaire. Ici comme au niveau international.

    Contactez-nous et rejoignez-nous !

    Nos revendications:

    – STOP A LA REPRESSION DES SANS-PAPIERS !

    -LE MAS soutient la revendication d’UNE REGULARISATION GENERALE comme le défend l’UDEP.

    -DES EMPLOIS DE QUALITE POUR TOUS!

    -PLUS DE MOYENS POUR LE SECTEUR SOCIAL

    – UNE LUTTE COMMUNE DES TRAVAILLEURS BELGES ET DES REFUGIES pour de meilleures conditions de vie et de travail pour tous les travailleurs et leurs familles sans distinction d’origine !

    – NON AU RACISME! NON A LA VIOLENCE FASCISTE !

    – S’EN PRENDRE AUX MULTINATIONALES ET A LEURS PROFITS, PAS A LEURS VICTIMES !

    – POUR UNE SOCIETE SOCIALISTE qui place les besoins de la majorité au centre de ses préoccupations plutôt que les bénéfices de quelques uns.

  • C’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer !

    Manifestation à Gand ce samedi 20 mai, 14h00 au « Zuid »

    Tandis que l’extrême-droite, à Anvers et ailleurs, démontre à quoi mène son discours raciste, le gouvernement continue de faire la sourde oreille aux revendications des sans-papiers. Il criminalise donc des gens dont le seul tort est d’avoir voulu fuir la guerre, la misère ou encore la famine que connaissent leur pays. En rendant ainsi criminels les victimes des politiques de pillage des puissances occidentales dans les pays du tiers-monde, le gouvernement se rend coupable lui-aussi de participer à la propagation des idées racistes au sein de la population.

    Face à l’indifférence du pouvoir en place, face à l’exploitation dont ils sont victimes en étant forcés de travailler au noir pour des salaires de misère, les sans-papiers se sont mobilisés, et ce sont aujourd’hui 33 endroits, principalement des églises, qui sont occupés. Plus de 45.000 sans-papiers ont laissé leurs coordonnées à l’UDEP (Union de défense des sans-papiers) sur les lieux d’occupations en vue de la régularisation pour laquelle ils luttent. Jeunes et travailleurs se mobilisent aussi pour obtenir la régularisation des quelques 100.000 sans-papiers qui vivent sur le territoire belge. Entre autres, près de 3.000 personnes s’étaient rassemblés à Liège contre les centres-fermés où sont détenus les sans-papiers dans des conditions infâmes. 10.000 personnes s’étaient également réunies à Bruxelles pour une manifestation en faveur de leur régularisation. Et cela au début du mouvement !

    La lutte doit continuer, car la régularisation des sans-papiers nous concerne tous. Leur exploitation par des patrons peu scrupuleux fait pression à la baisse sur les salaires de tous, et cela fait partie intégrante de la lutte anti-raciste.

    On avait déjà pu voir au moment du meurtre de Joe à quel point les propos racistes pouvaient librement être tenus par les politiciens et dans les médias.

    On voit maintenant que ce climat ne peut que rendre les fascistes plus confiants en eux pour commettre leurs crimes, comme à Anvers jeudi dernier.

    Mais stigmatiser une communauté, entretenir le racisme, est de loin plus facile que de mettre en lumière les véritables causes des problèmes que nous rencontrons. C’est l’enseignement aux moyens toujours plus modestes qui laisse chaque année plus de jeunes en décrochage, le manque d’emplois ou encore les conditions de travail sans cesse plus dures qui permet à la violence et au racisme d’émerger.

    Une telle situation n’existe pas à cause des étrangers, désignés comme responsables uniquement pour épargner les patrons d’entreprises qui réalisent de juteux bénéfices tout en attaquant nos conditions de vie ainsi que le gouvernement à leurs ordres.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit, mobilisons-nous contre le racisme !

    Soutenons les sans papiers dans leur lutte !

  • Suppression de tous les centres fermés pour étrangers et arrêt des expulsions !
  • Régularisation immédiate de tous les sans-papiers !
  • C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! Aide massive aux luttes du monde néo-colonial !
  • Sans-papiers : la lutte continue…

    Les sans-papiers Iraniens en 2003 ont obtenu leur régularisation. Qu’on ne s’y trompe pas pour autant ! Cette régularisation est exclusivement individuelle alors que le mouvement des sans-papiers ne cesse de revendiquer une régularisation généralisée sur base de critères permanents.

    Manifestation de l’UDEP à Verviers

    Le 1er avril, l’UDEP (Union de défense des sans-papiers) a organisé à Verviers une manifestation pour exiger la régularisation des sans-papiers.

    Cela avec l’objectif de maintenir la pression sur le monde politique au moment ou Patrick Dewael veut rendre légal l’enfermement de familles – et donc d’enfants – dans les centres fermés, au mépris des droits de l’enfance et des droits de l’homme. Les 500 manifestants formaient une troupe bigarrée et joyeuse qui a réveillé une population verviétoise quelque peu éberluée devant toute cette vie inhabituelle pour la saison. Dans la manifestation étaient présents associations (Entraide et Fraternité, Droits Devant,…) et partis (Ecolo, le MAS et la LIT-QI). Nous avons marché avec les sans-papiers jusqu’à l’hôtel de ville où nous attendait le bourgmestre qui a pris bonne note des revendications et des critiques du représentant des sans-papiers. Celui-ci a mis en lumière la responsabilité du système capitaliste dans la misère qui fait fuir les gens, qui les oblige à se faire exploiter de toutes les façons imaginables et qui les expose au risque d’être ensuite renvoyés chez eux, pour les punir de souffrir.

    Il faut remarquer l’absence de soutien visible de la part des syndicats qui s’étaient pourtant engagés à participer à la manifestation. Seul quelques syndicalistes ont pris part à la manifestation, à titre personnel.

    Et pourtant, poussés par le désespoir, d’autres sans-papiers multiplient les grèves de la faim et les occupations d’églises aux quatre coins du pays à Mons, Charleroi, Eterbeek et Ixelles. Obtiendront-ils gain de cause? On peut en douter!

    Une proposition de loi visant à définir des critères permanents de régularisation a été déposée au Parlement mais, à ce jour, elle n’a pas encore été examinée par le gouvernement qui a clairement décidé de faire la sourde oreille.

    Quand on sait que certains sans-papiers travaillent parfois pour moins de 2 euros de l’heure, on comprend l’enthousiasme pour le moins modéré des formations politiques les plus proches du patronat. La soif de profits de certains exploiteurs exige, c’est un fait, la formation d’un tiers-monde intérieur taillable et corvéable à merci… Tout ceci explique la réticence des libéraux flamands comme wallons à vouloir régler le problème.

    Ce qui est moins compréhensible, c’est l’attitude des soi-disant progressistes sur cette question. D’un côté, PS et Ecolo se battent comme des chifonniers, chacune des deux formations faisant des propositions similaires mais sans jamais parler d’une seule voix. Cela en dit long sur le manque de volonté politique visible dans le chef du PS de se mettre en porte-à-faux par rapport à son partenaire libéral. On retrouve, par ailleurs, cette attitude dans d’autres questions qui attendent désespérément un coup de barre à gauche. L’attitude des sociaux-chrétiens francophones est, par contre, beaucoup plus claire. Le CDH n’envisage, en effet, qu’une politique de « régularisation conjoncturelle ». Mais, justement, régulariser au cas par cas, c’est exactement ce que veut faire ce gouvernement. Sur ce dossier, on peut dire que les « humanistes » auront, en définitive, réussi à se faire mousser sans jamais se départir d’un profil de parti de gouvernement.

    Au total, si on fait le compte, en additionnant les militants des milieux associatifs chrétiens aux électeurs socialistes et écologistes solidaires des sans-papiers (et sans oublier ces derniers bien sûr), ça en fait du monde en quête objective d’alternative. A bon entendeur,…

  • Somos los Estados Unidos

    Il n’y a pas que chez nous que les sans-papiers s’organisent. Aux Etats-unis, le pouvoir est confronté à une déferlante d’illégaux, majoritairement latinos, manifestant dans toutes les villes du sud du pays. Ces centaines de milliers d’immigrants protestent contre un projet de loi adopté à la chambre qui vise à réprimer l’immigration clandestine.

    Simon Hupkens

    A juste raison, ils rappellent qu’ils constituent une main d’œuvre salariée à bas-prix dont le pouvoir économique profite amplement. Ce sont 11 millions de travailleurs clandestins qui font fonctionner l’économie américaine aujourd’hui, dans des conditions non-moins précaires que les clandestins européens, surtout au sein de secteurs comme l’agriculture et l’horeca.

    Des travaux durs et mal payés… Pour maintenir ces travailleurs dans une situation de précarité, pour les empêcher de revendiquer de meilleures conditions, le patronat américain à recours à son complice le pouvoir politique afin d’accentuer la répression. Il n’est pas de meilleure méthode pour faire taire un travailleur que de le faire traquer par la police.

    Mais les travailleurs clandestins n’ont pas l’air de vouloir se laisser faire. Ils s’organisent et prévoient, à l’occasion du 1er mai, une journée de boycott national. Il en faudra évidemment bien plus pour faire plier le gouvernement. Le mouvement doit trouver le lien avec les travailleurs légaux américains et renouer avec cette tradition séculaire de la classe ouvrière qu’est la grève.

    Le chemin est long pour en arriver à cette conclusion mais les travailleurs illégaux ont déjà a leur actif l’organisation de manifestations de masse comme on en avait plus vu depuis longtemps aux Etats-Unis : jusqu’à 500.000 personnes ont manifesté à Dallas, ils étaient 500.000 à Los Angeles et 100.000 à Phoenix.

    Ils ont déjà obtenu le soutient de dignitaires religieux et de personnalités politiques. Si cela appuie leurs revendications, il n’en reste pas moins que le mouvement pourrait bien être récupéré. Mais si les travailleurs trouvent la voie de l’opposition de classe, ils ont toutes les chances de voir leur lutte aboutir à une issue victorieuse.

  • A Bruxelles comme à Dublin, qu’ils viennent de Varsovie ou de Kinshasa, avec ou sans papiers, … Unité de tous les travailleurs!

    Si, pour le moment, la porte d’entrée de la Maison Belgique reste fermée pour les travailleurs d’Europe Orientale, la porte de derrière, par contre, est grande ouverte. Mais il faut se baisser très fort pour entrer…

    Dagmar Walgraeve

    La discussion sur l’ouverture du marché de l’emploi en Belgique pour les travailleurs venant des « nouveaux Etats membres de l’UE » s’est terminée sur un compromis… typiquement belge. La Commission Européenne voulait savoir pour le 1er mai si la Belgique allait prolonger l’interdiction d’accès ou la supprimer. Puisque les services du gouvernement fédéral n’ont pas encore terminé l’élaboration du document détaillant la politique à suivre (enregistrement obligatoire, contrôles,…), l’Etat ne veut pas encore ouvrir les frontières. Mais le ministre de l’Emploi, Peter Vanvelthoven, affirme que cela devra pouvoir se faire « le plus tôt possible ». Il est déjà acquis que la procédure de demande d’un permis de travail sera réduite de 30 à 5 jours pour les 104 professions où il y a une pénurie de candidats sur le marché belge. C’est le dernier en date des cadeaux que le gouvernement fait au patronat afin de lui livrer des travailleurs à bon marché. Le gouvernement belge est d’ailleurs leader en Europe en ce qui concerne « les aides financières à la création d’emplois » (lisez: les cadeaux au patronat). Par contre, il est bon dernier pour les investissements en formations professionnelles!

    Avec l’adoption récente par le Parlement européen de la directive Bolkestein « aménagée », des entreprises polonaises peuvent maintenant s’installer en Belgique, surtout dans le secteur de la construction où de nombreux travailleurs polonais sont déjà « détachés ».

    La manière dont se prépare l’ouverture du marché de l’emploi pour les travailleurs des nouveaux Etats membres et la directive Bolkestein montrent comment la classe capitaliste européenne essaie de répondre à la concurrence croissante entre pays et entreprises. L’élargissement de l’Europe est un élémentclé de cette stratégie puisqu’elle va permettre aux grandes entreprises d’exploiter plus facilement les nombreux travailleurs hautement qualifiés et bon marché des pays d’Europe de l’Est. Ceci se fera, d’une part, en délocalisant des entreprises d’ici dans ces pays et, d’autre part, en amenant ici des travailleurs bon marché venant de là-bas.

    Le patronat veut utiliser les salaires plus bas et les conditions de travail et de sécurité sociale moins bonnes dans ces pays afin de s’attaquer au niveau de vie de tous les travailleurs en Europe. Car, même si les conditions de travail et de salaire en vigueur chez nous sont respectées lors de la réalisation des contrats d’embauche des travailleurs venus de Pologne ou d’Estonie, il suffira aux entreprises de remplacer les contrats fixes à salaire convenable par du travail précaire au salaire minimal pour doper leurs profits. C’est ce qui s’est passé récemment en Irlande. La direction des Irish Ferries a voulu faire naviguer ses bateaux sous pavillon étranger, ce qui lui permettait de licencier 543 travailleurs irlandais syndiqués et de les remplacer par des travailleurs lithuaniens non-syndiqués, qu’elle comptait payer 3,76 € l’heure – soit moins d’un tiers du salaire officiel actuel – et faire travailler 84 heures par semaine ! Les bateaux ont été occupés par des travailleurs en grève et les syndicats ont été obligés d’organiser une manifestation en solidarité. 100.000 personnes sont descendues dans la rue pour protester contre les licenciements et l’exploitation des travailleurs immigrés. Malheureusement, les syndicats n’étaient pas prêts à engager une lutte décidée et à l’organiser de façon efficace. Ils ont accepté un compromis qui conserve le statut aux travailleurs actuels mais autorise l’embauche de travailleurs étrangers au salaire minimum légal (7,65 €). Une légère amélioration pour ces travailleurs, mais Irish Ferries economisera ainsi annuellement 11,5 millions d’€ en coûts salariaux!

    Un autre avantage qu’offre aux patrons l’engagement de travailleurs étrangers avec des contrats à durée très limitée, c’est l’affaiblissement des syndicats dans les entreprises. Tout comme les travailleurs précaires, les travailleurs étrangers sont difficiles à organiser à cause du taux d’exploitation élevé et de la grande insécurité du travail. De plus, beaucoup ne connaissent ni leurs droits, ni la langue du pays. L’initiative de la CSC de distribuer des tracts en polonais pour informer les ouvriers polonais du bâtiment sur leurs droits est un pas en avant important, mais c’est loin d’être suffisant.

    Si nous voulons faire face à ces menaces, il faut aller à leurs racines. Partout dans le monde, les patrons cherchent à s’attaquer aux salaires et aux conditions de travail afin de maximaliser les profits. Ils sont continuellement à la recherche de nouveaux travailleurs à bon marché. Dans le passé, ils ont utilisé les femmes pour miner les salaires des hommes, et aujourd’hui les femmes gagnent toujours en moyenne 25% en moins que les hommes. Des travailleurs “coûteux” sont remplacés par des jeunes meilleur marché au moyen du travail précaire et des plans d’embauche style Rosetta et Activa. Diviser pour régner, c’est la politique préférée de la bourgeoisie pour sauvegarder son système. C’est pourquoi nous devons résister à toute tentative de division des travailleurs. S’il n’y avait pas de travailleurs immigrés, les patrons inventeraient bien d’autres moyens de s’attaquer à nos salaires. Il faut défendre les travailleurs étrangers tout autant que les travailleurs dits illégaux. L’UDEP (Union de Défense des sans-papiers) affirme avec raison : « Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs ». Et comme le dit Claude Matuba, un des porte-parole de l’UDEP: “Le travail en noir mène à des salaires plus bas pour tout le monde, la régularisation mène à des salaires plus élevés pour tous.”

    Ce n’est qu’en défendant de façon déterminée le niveau de vie de la classe des travailleurs et en se battant systématiquement pour que chaque nouveau travailleur – qu’il soit belge, polonais ou congolais – soit engagé aux ‘anciennes’ conditions que la spirale vers le bas pourra être arrêtée. Nous devons lutter pour que les syndicats organisent aussi les couches les plus opprimées de la classe des travailleurs (les femmes, les jeunes, les immigrés, …). Ce n’est qu’en ayant des syndicats démocratiques et combatifs qui organisent toutes les couches des travailleurs que nous pourrons nous défendre contre les attaques de la bourgeoisie.

  • Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs

    10.000 personnes ont participé le samedi 25 février à la manifestation de soutien des sans-papiers à Bruxelles et, parmi elles, il y avait une forte proportion de sans-papiers. Pour l’Union de Défense des Sans-Papiers et tous ceux qui soutiennent ce combat, c’est donc un grand succès. Mais, pour parvenir à une régularisation de tous les sans-papiers et obtenir la suppression des centres fermés, le chemin à parcourir reste encore long. Car cet objectif va à l’encontre de toute la politique menée en Belgique et en Europe depuis plus de trente ans.

    Xavier Dupret

    Depuis le choc pétrolier de 1974, les frontières de la Belgique et des autres pays européens sont, en effet, officiellement fermées aux migrations de nature économique. Cependant, loin de se tarir, les flux migratoires se sont, au contraire, intensifiés. Le démantèlement des politiques sociales en Europe de l’Est et en Afrique en est la principale raison. Les grandes institutions financières internationales (FMI et Banque Mondiale) ont imposé à l’ensemble de ces pays toute une série de plans d’assainissement des finances publiques, qui ont durement touché l’emploi, la santé, l’enseignement,… avec pour conséquence logique une détérioration des conditions de vie des populations.

    Une nouvelle couche de travailleurs clandestins s’est ainsi constituée dans les pays capitalistes avancés. Les «sans-papiers» sont en réalité des ouvriers fragilisés par les orientations restrictives des politiques migratoires. Ils travaillent souvent dans le bâtiment, la plonge des restaurants et autres métiers pénibles dans des secteurs connus pour leur recours au travail au noir. Les sans-papiers partagent donc – en plus dur encore – le sort de la masse des travailleurs précaires de chez nous, contrairement à ce qu’affirment patrons et racistes qui essaient de les faire passer pour des parasites et des concurrents des travailleurs belges.

    Au total, la multiplication des travailleurs sans-papiers apparaît comme un des éléments de la grande stratégie de précarisation du monde du travail qui, à des degrés divers, nous touche tous. Depuis la fin des années 80, c’est à. un mouvement de régression géénralisée que nous assistons. Une partie des précaires d’hier (femmes, jeunes, immigrés) devient les exclus d’aujourd’hui. Et ceux qui pouvaient espérer occuper un emploi fixe doivent le plus souvent se contenter d’un emploi flexible. Voilà le résultat de 20 ans de politique néolibérale.

    Dans ces conditions, comment le mouvement des sans-papiers peut-il continuer à avancer ? Nous pensons qu’une stratégie axée sur le lobbying auprès des partis représentés au parlement risque d’épuiser le mouvement parce que les partis traditionnels ne veulent pas réellement modifier la situation actuelle.

    Le combat le plus important est, en dépit des difficultés, d’ancrer la lutte des sans-papiers à l’intérieur du mouvement ouvrier belge, parce que celui-ci est le meilleur allié dans la construction d’un rapport de forces avec le gouvernement. Cette lutte n’est pas que syndicale. Elle est aussi politique.

    La lutte des sans-papiers doit être incluse dans la construction d’une nouvelle force de gauche défendant résolument les intérêts de tous les travailleurs, qu’ils soient belges, immigrés ou sans-papiers.

  • “Les sans-papiers ne sont pas des criminels”

    Nous avons interrogé Abdeslam lors de l’action menée au centre fermé de Merksplas dimanche 19 février, qui s’est déroulée dans une ambiance combative .

    Propos recueillis par Emiel Nachtegael

    Qu’est ce que l’UDEP?

    L’UDEP est une organisation créée récemment par des sans-papiers, l’idée étant que les sans-papiers s’organisent eux-mêmes pour réclamer leurs droits. Nous proposons trois revendications principales : la régularisation de tous les sans-papiers, l’arrêt immédiat des expulsions et la fermeture des centres fermés.

    Depuis le 19 octobre, nous menons des actions à l’église St Boniface à Ixelles. Lors de cette lutte, trois personnes ont été arrêtées en 10 jours et enfermées dans un des centres fermés : David et Vincent à Merksplas et Barry à Vottem. Le 7 février, 2500 manifestants ont défilé à Vottem pour soutenir les sans-papiers. Aujourd’hui, nous sommes ici non seulement pour réclamer la libération de Vincent et de David, mais de tous les sans papiers emprisonnés ici (y compris douze mineurs !).

    L’atout de l’UDEP, c’est que c’est une organisation où les sans-papiers décident eux-mêmes des actions à mener. Evidemment, nous collaborons et nous nous réunissons souvent avec les autres organisations qui se soucient du sort des sans-papiers. Pour élargir notre lutte, des comités de soutien à l’UDEP se sont mis sur pied.

    Que pensez-vous de l’accélération de la répression et des attaques du gouvernement (et en premier lieu du ministre de l’Intérieur Dewael) contre les sans-papiers?

    Nous sommes convaincus que tout cela n’est pas un hasard. Pour vous donner un exemple: David qui est le responsable de l’UDEP à Bruxelles, a été arrêté alors qu’il était chez le médecin. Ce jour-là, deux tentatives d’expulsion ont eu lieu, ce qui est exceptionnel. David a-t-il été visé en particulier? Nous ignorons exactement comment il a été arrêté mais il est clair qu’il a été traqué. Le jour de son arrestation, nous avons organisé une conférence de presse.

    Nous nous opposons aux déclarations de Dewael. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout. Nous ne sommes pas des criminels simplement parce que nous réclamons nos droits!

    Le gouvernement veut raccourcir la procédure de demande d’asile et restreindre les possibilités de porter recours contre une décision négative. En réaction, nous avons rédigé une proposition de loi qui devrait simplifier cette procédure. Nous exigeons des critères clairs et permanents comme la régulation automatique des réfugiés gravement malades. Actuellement, la commission pour la régularisation n’a traité (traité ne signifie pas approuvé) qu’un nombre très limité des dossiers introduits depuis 1993. Par conséquent, les sans-papiers sont contraints de vivre dans des conditions atroces sans couverture médicale ni permis de travail. En bref, l’illégalité complète!

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