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Category: National
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Début du débat sur les fins de carrière
Début du débat sur les fins de carrière
Le débat sur les fins de carrière a commençé. La Ministre fédérale de l’Emploi, Freya Van den Bossche, a écrit une note sous le titre Vieillir activement. D’après cette note, il ne suffit pas d’encourager les salariés à travailler plus longtemps : il faut les forcer à travailler plus longtemps. Ceux qui arrêtent de travailler avant l’âge de la pension légale perdraient 4% du montant de leur pension par année de départ anticipé. Ceux qui arrêtent à 60 ans perdraient un cinquième de leur pension, sauf s’ils ont déjà une carrière de 40 ans. Les prépensionnés devraient rester disponibles pour le marché de l’emploi jusqu’à l’âge de 58 ans.
Anja Deschoemacker
La note ignore le fait que le marché de l’emploi actuel rejette les travailleurs âgés. Nombre de ceux qui arrêtent avant l’âge de la pension ne le font pas de leur plein gré, mais parce que leur employeur ne veut plus d’eux. D’autres, en revanche, sont usés bien avant l’âge de la pension à cause des cadences infernales dans leur secteur. De plus, 60% des pensionnés touchent actuellement une pension inférieure à 1.000 euros par mois – la diminuer encore davantage revient à obliger les aînés à travailler à n’importe quelles conditions.
Les patrons seront d’autant plus enclins à les engager que les travailleurs âgés pourront cumuler leur allocation de pré-pension avec un nouvel emploi à un salaire plus bas. De cette façon, on pourra désormais faire travailler les travailleurs âgés sans tenir compte de leur ancienneté. Le grand perdant du plan: la sécurité sociale dont on creuse savamment le déficit. Mais le gouvernement est en position de faiblesse: s’il n’est pas encore tombé, c’est qu’aucun parti ne veut d’élections. La mauvaise situation économique, l’asymétrie dans la politique belge,… ont affaibli le gouvernement et exacerbé ses contradictions internes. L’Europe, qui a si longtemps servi de prétexte idéal pour le démantèlement de l’Etat-Providence, se débat désormais dans une crise profonde.
Cette position de faiblesse devrait être exploitée pleinement par les syndicats pour éviter qu’on fasse payer la crise aux travailleurs et à leurs familles. Des mobilisations de masse peuvent mettre ce gouvernement à genoux. Même en l’absence de mobilisation, il semble exclu que le gouvernement parvienne à appliquer son plan sans la moindre concession. Mais à défaut de mobilisation, nous subirons de nouveaux reculs et ce d’autant plus que le débat sur les fins de carrière va être mené de pair avec la discussion sur les 4 milliards d’euros d’économies à réaliser.
La Cotisation Sociale Généralisée (CSG), que prônent le PS et les deux grands syndicats, est une exemple de recul négocié. La direction des ces organisations accepte l’idée que les charges sociales sont trop élevées en Belgique et qu’il faut les diminuer. En fait, la CSG est censée servir de correctif " social ", par opposition avec la proposition de financement alternatif du VLD qui veut faire reposer le coût principal de la Sécu sur les plus pauvres via des hausses de TVA. Mais la CSG n’en est pas moins elle aussi un pas de plus sur la voie du démantèlement total du système social qui a fait reculer la pauvreté en Belgique à un niveau historiquement bas dans la période d’après-guerre.
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“Plan Marshall”. Le crédo néo-libéral de Di Rupo
Dans son édition du week-end du 11 au 13 juin, le quotidien patronal L’Echo de la Bourse publie une interview du président du PS, Elio Di Rupo. Il appelle à un sursaut wallon sous la formule-choc d’un "Plan Marshall à l’échelle de la Wallonie". A l’en croire, nous serions même "à un moment charnière de l’histoire de la Wallonie".
Thierry Pierret
Le Plan Marshall était un plan de reconstruction à grande échelle des infrastructures de l’Europe détruites par la Seconde Guerre mondiale. Ce sont les Etats-Unis qui en avaient assuré le finance-ment en injectant des milliards de dollars d’argent public pour la reconstruction de l’Europe.
Di Rupo proposerait-il un plan massif d’investissements publics pour développer les services publics et construire des logements sociaux en grand nombre en Wallonie? Un tel plan créerait des milliers d’emplois tout en améliorant le bien-être de la population. Las! Il n’en est rien. Les recettes de Di Rupo ne s’écartent pas d’un iota du bréviaire néo-libéral. Loin de prôner des investissements publics, Di Rupo ne jure que par l’initiative privée. Lorsqu’on lui demande s’il n’a pas l’impression que la Wallonie stagne depuis 5 ans, Di Rupo répond notamment ceci: "(…) L’important aujourd’hui est le sursaut collectif. On a entendu récemment de nombreuses critiques sur la Wallonie, notamment de la part de professeurs d’université. Cette situation doit être considérée comme une opportunité, un électrochoc, pour en tirer les enseignements sans tabou".
Les professeurs d’université dont il parle sont ceux de l’IRES, un centre d’études de l’UCL, qui ont récemment fustigé le "manque de souplesse" du marché du travail, le coût excessif du travail, le manque d’esprit d’entreprise ou encore la part trop importante du secteur public en Wallonie.
Il faut se faire aimer… des patrons
Lorsqu’on lui demande quelles sont les mesures qu’il prône pour attirer les investisseurs étrangers, Di Rupo répond: "Il faut se faire aimer. C’est ce que je dis à tout le monde, singulièrement mes amis syndicaux. Nous avons des facteurs attractifs: la qualification des travailleurs, la qualité de vie, etc. Mais il faut donner confiance et assurer une sécurité juridique, fiscale et un climat social serein (…)."
Bref, il faut en finir avec les mouvements intempestifs, comme la dernière grève des TEC, qui font tache sur l’image de la Wallonie. Di Rupo en appelle à un grand élan de collaboration de classes pour éliminer toutes les entraves à la liberté d’exploiter. La Wallonie doit donc se faire aimer des investisseurs étrangers. Quant aux patrons wallons, ils doivent être plus dynamiques et les syndicats sont priés de ne pas leur mettre des bâtons dans les roues.
Pour Di Rupo, le salut passe par la création de nouvelles entreprises et la consolidation et l’agrandissement des entreprises existantes. Il feint d’ignorer que, sous le capitalisme, l’agrandissement des entreprises existantes va souvent de pair avec des licenciements et une pression accrue du travail pour le personnel qui reste. Face à ce crédo néo-libéral, les fameux accents "de gauche" du PS apparaissent mieux pour ce qu’ils sont: une posture politique visant à faire accepter la politique de régression sociale aux travailleurs et aux allocataires sociaux.
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Il faut un syndicalisme de combat. Ainsi qu’un véritable parti des travailleurs
Les politiciens préparent une nouvelle vague d’assainissements…
Le patronat a préparé une grande offensive depuis plusieurs mois. Il veut diminuer ses impôts, en finir avec les prépensions, nous faire travailler plus longtemps pour le même salaire et privatiser les services publics. Toute la panoplie de la propagande a tourné à plein régime pour préparer le terrain. Mais qu’apparaît-il à la fin de cette année politique? Les différents gouvernements n’ont pas réussi à faire avaler ce programme à la population. A la moindre menace d’actions ou de grèves, patrons et gouvernements battent en retraite. Cela démontre la force potentielle des travailleurs pour défendre leurs intérêts. Une force potentielle que le patronat s’efforce de rendre inoffensive. Par un flot continu de désinformation, de chantage et d’intimidation, par l’achat de "leaders" du mouvement ouvrier,…
Bart Vandersteene
Il faut donc s’attendre à une nouvelle offensive pendant l’été et à l’automne. Et celle-ci se prépare déjà dans les médias. Récemment, Alain Destexhe (MR), avait présenté un sombre diagnostic de la situation en Wallonie, relayé maintenant par les déclarations faites à la presse de plusieurs professeurs d’universités. Ainsi, l’on peut maintenant lire que le revenu moyen des Wallons est supérieur de 2% à la moyenne européenne, alors que la richesse produite par habitant est inférieure à cette moyenne de 22,7%. Solution esquissée ? Une plus grande flexibilité des horaires et une politique plus ferme pour remettre au travail les demandeurs d’emploi. Il est également proposé de diminuer plus encore les salaires wallons, pourtant déjà inférieurs de 4% aux salaires flamands, et ce afin de rendre la Wallonie plus attractive. Pour lutter contre la misère, on va donc l’accroître…
Ces propositions d’idéologues bourgeois sont bien entendu chaudement approuvées par le MR et le patronat, ce qui n’est que peu surprenant, mais le silence du PS à cette occasion est tout simplement scandaleux, et démontre, s’il le fallait encore, qu’entre le patronat et les travailleurs, le PS a clairement choisi le camp de l’égoïsme et de l’exploitation.
Les attaques se préparent aussi au Nord du pays. Le VLD et le Vlaams Belang, les plus chauds défenseurs des intérêts patronaux, accompagnés du SP.a et du CD&V, les deux partis flamands qui sont les plus liés au mouvement ouvrier, partagent cette logique selon laquelle le marché doit prendre plus d’importance dans tous les domaines. C’est soumettre la société tout entière à la soif de profits d’une petite minorité.
Face à ces futures attaques, plus que jamais, ce dont nous avons besoin, c’est d’un syndicalisme de combat qui argumente clairement vis-à-vis des membres et qui organise efficacement la lutte. Mais cela ne suffit pas. Il nous faut aussi un parti qui puisse relayer ces revendications sur le terrain politique. La discussion doit démarrer au sein des syndicats sur la question de savoir si on peut oui ou non continuer à soutenir indéfiniment des partis et des candidats qui agissent contre nos intérêts.
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Bruxelles-Hal-Vilvorde. Fin de la crise politique ou début d’une guerre de positions?
Bruxelles-Hal-Vilvorde
Beaucoup de gens ont été soulagés quand la fin (temporaire) de la saga de BHV fut annoncée. Le soutien parmi la population pour les manœuvres du gouvernement flamand était quasi nul. Du côté francophone, ce soutien était mobilisé en invoquant la peur de la scission de la sécurité sociale et même de la Belgique.
Anja Deschoemacker
Tous les partis flamands sont devenus des partis flamingants
Le CD&V sait très bien qu’une communauté ne peut pas unilatéralement imposer sa volonté à l’autre. Pourquoi s’est-il de lui-même compromis pour un dossier qui implique au maximum quelques dizaines de milliers de gens? Le CVP avait dans le passé une position dominante comme "parti populaire". C’était toujours un parti bourgeois, mais sa politique dans la période d’après-guerre était basée sur la collaboration de classes. Cette option n’est utilisée qu’en cas de croissance économique, et permet de lâcher des concessions à la classe ouvrière mais seulement si la bourgeoisie y est elle-même préparée.
A ce jour, aucune des deux conditions n’est remplie. Le dirigeant CSC Cortebeeckx a reproché publiquement au CD&V et au SP.a leur néolibéralisme et leur populisme. De plus, la bourgeoisie voudrait aujourd’hui soutenir un parti plus offensif, mais elle se heurte à des traditions bien implantées : la sécurité sociale, l’index, la concertation nationale,… Le seul parti qui reste encore dans la tradition de la " paix sociale " est le PS qui continue à emballer socialement des mesures asociales. Le CD&V a construit autour de lui un nouveau bloc sur base du nationalisme flamand, suivi par tous les partis flamands.
Mauvais timing
Le forcing autour de BHV ne semblait donc pas une mauvaise idée pour le CD&V afin de regagner du terrain électoralement. Le reste des partis flamands ont voulu éviter cela en sautant dans le train avec lui. Avec la condamnation de la situation actuelle par la Cour d’Arbitrage, il semblait faisable d’arriver finalement à une victoire flamande. De plus, cela pouvait servir de rideaux de fumée pour le débat sur les fins de carrières. Mais rien ne s’est déroulé comme prévu.
L’élément le plus important dans cette situation est la détérioration de l’économie belge, avec une croissance zéro dans le premier trimestre de l’année 2005. Sous cette pression, BHV ne pouvait pas servir de paratonnerre pour les dossiers socio-économiques, mais a fait e sorte que ces dossiers soient à nouveau postposés. Cela explique l’appel de la FEB et du Palais pour en finir avec le dossier BHV. Aucun parti ne veut d’élections aujourd’hui, car elles n’offriraient que des bonus électoraux au Vlaams Belang et au PS.
Pas de scission de BHV – victoire pour les politiciens francophones?
Non. Le quasi-accord final s’est heurté à la résistance de Spirit, parti de la majorité violette. Sans leur résistance, l’accord serait passé. CD&V et NVA auraient, dans cette situation, parlé de "concessions inacceptables", mais ils l’auraient quand même vendu comme une " demi-victoire ".
Aujourd’hui, le gouvernement flamand a mis en oeuvre une liste de " concessions inacceptables " : l’élargissement de Bruxelles, l’octroi de compétences pour la communauté française sur le terrain flamand, retirer la circulaire Peeters, etc. Cela promet pour les prochaines négociations sur une nouvelle réforme de l’état!
Lutter contre la régression sociale
Des services dans la langue maternelle sont nécessaires afin de pouvoir participer à la société. Dans certains cas, l’absence de ceux-ci peut mettre en danger de mort les personnes concernées. Les deux groupes linguistiques de Bruxelles et des environs subissent dans ce climat tendu toutes sortes de harcèlements. On a beau dire que les francophones doivent s’adapter dans les localités où ils vivent, mais Bruxelles s’étend inexorablement. Cette réalité connue ne va pas changer.
Les attaques sociales dans Bruxelles et ses alentours doivent être stoppées. Mais cela ne concerne en rien la langue, c’est un problème d’augmentation des loyers, d’achat de maisons et de terrains à bâtir. Ce problème ne peut être résolu qu’avec un programme massif de construction de logement sociaux. Les investissements du gouvernement flamand, stipulant que seuls les Flamands ont droit aux logements sociaux, ne sont manifestement pas assez efficaces pour résoudre le problème, mais en plus ils sont discriminatoires pour les francophones qui travaillent à Bruxelles et qui cherchent un logement dans les environs.
La politique de construction belge est totalement contrôlée par quelque grandes sociétés privées qui ne s’intéressent qu’aux profits. Il est évident que l’on peut faire plus de profits avec des lofts chics et des villas cossues qu’avec des logements simples pour des familles à faible ou moyen revenu. Ce n’est pas l’autre groupe linguistique qui est l’ennemi, mais bien les grandes sociétés privées qui contrôlent le marché immobilier et les multiples politiciens locaux qui leurs offrent leurs services.
Les travailleurs et jeunes flamands, wallons et bruxellois ont besoin d’unité dans la lutte contre le démantèlement social
BHV n’a pas été scindé. Mais la pression pour une politique encore plus néo-libérale s’accentuera en Wallonie. La régression sociale qui en découlera dans la région ouvrira ensuite la voie à un nouveau tour de vis en Flandre. Depuis la communautarisation, l’enseignement dans les deux parties du pays a été victime d’assainissement : aucune lutte n’a été depuis lors assez massive pour arrêter le démantèlement. L’unité dans la lutte est absolument nécessaire.
Il est positif qu’un front commun national se développe- FGTB, CSC et PS – pour éviter qu’un éventuel refinancement de la sécurité sociale ne se fasse à travers la TVA, une mesure totalement anti-sociale. Mais une Cotisation Sociale Généralisée (CSG) ne serait qu’un recul négocié.
Le poids de la force potentielle de la classe ouvrière belge, une des plus organisées dans le monde, pèse sur toutes les décisions. Si ce poids n’est utilisé que de façon passive, il ne servira qu’à emballer “socialement” la régression avec une mesure comme la CSG.
S’il est utilisé activement, cela empêcherait des réformes structurelles. Le maintien de la sécurité sociale telle qu’elle est aujourd’hui – un système de droits acquis, basé sur la solidarité dans la classe ouvrière- est mieux que la CSG. La lutte unifiée de la classe ouvrière peut stopper la régression, pourvu qu’il y ait un plan d’action, une stratégie et une mobilisation digne de ce nom.
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Le gouvernement peut-il nous faire payer la crise?
Verhofstadt et sa bande au fédéral ont survécu à Bruxelles-Hal-Vilvorde. Pour cela, ils ont littéralement dû faire appel au ‘Roi et au Capital’. Et cela, sous la forme de l’ancien président de la FEB Van Steenkiste qui, à la télévision flamande, a lancé un appel au monde: ‘BHV doit se résoudre, il y a des dossiers économiques important sur l’agenda qui ont déjà pris assez de retard’. Leterme et ses complices peuvent commencer à nouveau. Une vieille maxime aurait pu leur dire "qui sème le vent…"
Eric Byl
Van Steenkiste a raison sur un point, depuis quelques mois, l’économie tourne au ralenti. En comparaison avec le dernier trimestre de 2004 où la croissance était de 0,5% (1), l’économie a crû de 0% au premier trimestre de 2005. Ainsi les prévisions pour la croissance de 2005 (d’abord de 2,5 % revu plus tard vers les 2,2 %) vont peut-être encore devoir être revues fortement à la baisse. ING prévoit maintenant une croissance de 1,9% et l’ Ires – dans son ‘analyse économique et prévisions’- de 1,5 %. Mais cela seulement sous l’improbable condition que les prix du pétrole restent plus ou moins stables et que le dollar ne se déprécie pas plus. Dans ce cadre, les ‘chiffres de croissances’ signifient une croissance ultérieure du chômage et donc des dépenses sociales. Dans son estimation budgétaire, le gouvernement avait prévu une réserve de 200 millions, mais avec une croissance de 1,5 %, 1890 millions d’euros seraient nécessaires…
Nous pouvons déjà deviner où le gouvernement va récolter cet argent. Les quatre années précédentes, le budget fut à chaque fois en équilibre. La KBC explique cela dans ses perspectives (2), attribuant cela à un taux d’intérêt bas et aux opérations ‘one shot’, lisez : ventes et/ou assainissements des richesses collectives du pays. Comme un mauvais père de famille, le gouvernement fédéral a vendu la maison par-dessus notre tête pour maintenir son budget annuel en équilibre.
Et le résultat, que cette politique va amener dans les prochaines années, sera de nouveau la perte de milliers d’emplois dans le secteur public. A partir de septembre, tant La Poste que les chemins de fer et l’enseignement vont foncer vers la libéralisation, la privatisation et la commercialisation. Les travailleurs vont devoir payer la note en terme de pertes d’emplois et l’accentuation de la flexibilité. Les consommateurs vont dorénavant payer très cher ces anciens services.
Là où le gouvernement essaye encore de dissimuler ses attaques sur les conditions de vie et de travail le patronat reporte sans vergogne la crise sur le dos des travailleurs du secteur privé sous peine de délocalisation. Jamais auparavant il n’y a eu autant de gains entassés et jamais autant d’argent partagé entre les actionnaires et les directions d’entreprises. Leur devise est: ‘tire-toi avec le butin, tant que tu le peux encore’. Ils veulent combattre la crise en privant les travailleurs de la possibilité de prendre leur prépension, en détachant le salaire de l’ancienneté, en faisant encore plus de baisses de charges patronales et en limitant les dépenses pour les soins de santé. Ils exigent que le gouvernement diminue l’allocation des chômeurs et les obligent à accepter n’importe quel travail à n’importe quel salaire avec n’importe quel statut.
Le gouvernement ne peut y arriver qu’en s’appuyant sur la division des travailleurs et en se basant sur le fatalisme des dirigeants syndicaux. Peut-être le gouvernement va-t-il de nouveau déballer à l’automne un sévère plan d’austérité sur le dos des travailleurs, tandis qu’ils vont distribuer des cadeaux fiscaux à tous ceux qui s’abstiennent depuis longtemps d’investir leurs richesses dans l’économie. Le fossé ente les richesses énormes que nous produisons annuellement et la part misérable que les travailleurs en reçoivent doit cependant inévitablement mener à des mouvements de lutte. Au cours de ces mouvements, la quête d’alternatives réelles va s’intensifier. Le MAS s’est bien positionné les années précédentes pour intervenir dans ce processus.
(1) Voir http://www.plan.be/nl/pub/stu/STU0501/STU0501.pdf (en anglais)
(2) http://kbc-pdf.kbc.be/uploadpdf/EVB2ekwartaal05N.pdf (en néerlandais)
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Garde des enfants. Quelles solutions pendant les congés scolaires ?
C’est pendant environ 15 semaines par an que les travailleurs ou les personnes qui cherchent un emploi doivent trouver une solution pour faire garder leurs jeunes enfants. Ceci a un coût élevé pour les parents. A côté de cela, les salariés disposent d’une vingtaine de jours de congé (auxquels on ajoute selon les secteurs d’autres jours de congé légaux), soit une base de quatre semaines.
Cécile Mangin
Comment s’organisent les travailleurs aujourd’hui pour faire garder leurs enfants pendant les vacances scolaires ?
Le stress commence à grandir quelques semaines avant les congés et les parents (souvent les mères) se mettent en quête d’une solution. Au même moment fleurissent les propositions de stages attractifs : sport, apprentissage d’une langue sur un mode ludique, cirque, théâtre, infrastructure super moderne, etc …. Prix de l’un d’entre eux : 240 euros par semaine par enfant ! C’est bien sûr inaccessible pour la plupart des parents. De plus, les horaires sont parfois incompatibles avec ceux des travailleurs (il faut par exemple aller rechercher son enfant à 16h).
Certaines communes organisent des activités à un prix plus démocratique pendant les vacances. Parfois il s’agit simplement d’une garderie au sein d’une école communale. D’autres fois, les activités proposées aux enfants sont plus intéressantes mais les places sont rares.
Du coup certains parents s’arrangent pour prendre congé chacun à leur tour et garder eux-mêmes leurs enfants. Ils ne sont dès lors peu ou jamais en congé ensemble et la totalité des vacan-ces scolaires n’est de toute façon pas couverte. De cette façon, le couple cède la place aux nécessités parentales. D’autres font appel à la famille élargie. Mais cela crée une situation de dépendance qui peut être source de conflits.
Les parents sont mis devant l’obligation de trouver une solution et à leur frais ! Un salaire entier y passe facilement. Le coût peut aussi être d’ordre relationnel. On laisse la cellule familiale se débrouiller avec ce problème alors qu’il s’agit d’une nécessité sociale!
Il est nécessaire d’organiser l’accueil des enfants dans des structures de qualité, accessibles à tous.
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Di Rupo et Stevaert: une rhétorique de gauche doit cacher la politique de droite
Frank Vandenbroucke pour l’emploi à la Marche des Jeunes ; Di Rupo et Stevaert contre la directive de Bolkestein et pour l’inscription dans la Constitution des droits sociaux ; attaque frontale de Demotte contre l’industrie pharmaceutique… La social-démocratie virerait-elle à gauche ? Un seul coup d’œil sur la réalité balaie cette illusion.
Anja Deschoemacker
Que Frank Vandenbroucke ose se montrer à la Marche des Jeunes signifie soit qu’il ne comprend pas le sens de cette manifestation, soit qu’il n’est qu’un crâneur arrogant. Grâce à lui, les allocations de chômage de centaines de jeunes ont déjà été suspendues et on dit aux jeunes mères célibataires lors de leur contrôle à l’ONEm que se plaindre de la difficulté de trouver une crèche est un signe de mauvaise volonté dans la recherche d’emploi!
Qu’ont pensé les postiers des déclarations de Di Rupo et Stevaert contre Bolkestein ? En effet, dans le même temps, Vande Lanotte ferme 500 bureaux de poste après avoir déjà imposé, à travers « Géoroute », un rythme de travail infernal. Quant aux ex-travailleurs licenciés à Belgacom, ils doivent encore vivement se rappeler que le ministre responsable de la privatisation – et du bain de sang social l’accompagnant – était Di Rupo. Les sociaux-démocrates sont les meilleurs dans l’application d’un programme d’austérité parce qu’ils abusent de leurs liens avec la direction syndicale.
De l’”attaque frontale” contre l’industrie pharmaceutique de Demotte il ne reste plus grand chose : tout juste l’application du « modèle kiwi » aux médicaments génériques.
Et en définitive, l’inscription des droits sociaux dans la Constitution est-elle crédible ? Il faut pour cela une majorité de deux tiers, ce que la social-démocratie n’a pas, même avec les verts. Ce n’est donc qu’une proposition gratuite, qui n’a pas pour but d’être efficace, mais de permettre à la social-democratie de se profiler comme « sociale ». La Constitution nous garanti le droit au travail? Nous voilà bien avancé, tout comme le million de sans-emplois. Les droits ne sont que des mots sur papier si on ne prévoit pas les moyens nécessaires pour les réaliser. Et cela, la social-democratie ne le fait pas – au contraire elle suit une politique budgetaire stricte qui ne garantit en réalité que le droit de faire des profits.
Le but est clairement de jeter de la poudre aux yeux. Entre-temps l’attaque suivante est préparée: celle contre nos pensions. Une rhétorique de gauche, combinée au charmant sourire de Di Rupo et aux bons mots de Stevaert, seront l’emballage de cette attaque.
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Pas d’argent? et les profits records? et les salaires des managers? Assez d’austerite!
Pas d’argent? et les profits records? et les salaires des managers?
Le nombre de travailleurs qui descendent dans la rue pour faire entendre leurs revendications n’a fait qu’augmenter ces dernières semaines. Ils ont raison. Les besoins sont de plus en plus criants en raison de la frénésie d’économies qui s’empare des pouvoirs publics et des entreprises. Et ce alors que les bénéfices n’ont jamais été aussi élevés qu’en 2003 et 2004 et que la Belgique figure parmi les meilleurs élèves de la classe européenne. Qui est le dindon de la farce?
Els Deschoemacker
Le personnel des soins de santé est en sous-effectif de 25.000 unités et gagne en moyenne 10% de moins que dans le privé. La lutte a permis d’engranger une partie des revendications, mais le compromis est loin de satisfaire l’ensemble des besoins. Les travailleurs de l’industrie alimentaire ont suivi l’exemple du non-marchand en descendant dans la rue à leur tour. La productivité y a crû de quelque 9,3% alors que la hausse de la masse salariale se traînait à 1,2% et que les salaires des membres de la direction augmentaient de 30%! Ils ont même dû faire grève pour obtenir les 4,5% autorisés par la norme salariale. La tension est aussi palpable dans l’enseignement supérieur. Alors que le nombre d’étudiants augmente d’année en année, le nombre d’enseignants stagne. Le financement par enveloppe fait reposer la responsabilité des économies sur les hautes-écoles elles-mêmes. Suites aux grèves et aux manifestations des étudiants et des enseignants du Supérieur, le gouvernement Arena-Simonet n’a accordé qu’un rabiot de 5 millions d’euros… dont une partie est conditionnée par la mise en œuvre de plans d’économies internes!
On pourrait multiplier les exemples à l’infini. Dans leur frénésie d’économies, les entreprises ont sacrifié le niveau de vie des petites gens pour sauvegarder leurs profits. Les pouvoirs publics ne sont pas en reste. Les baisses de charges patronales prennent des proportions démesurées alors que les besoins dans la société sont de plus en plus important.
Il n’y a pas d’argent? On ne nous la fait pas! Pendant que nous nous serrons la ceinture, d’autres se remplissent les poches. Jamais auparavant les profits et les salaires des managers n’avaient connu de telles hausses. Belgacom, qui a vu son chiffre d’affaire croître de 1,6% pour atteindre les 5,2 milliards d’euros, n’a pu obtenir ce résultat qu’en sacrifiant 3,5% de ses effectifs et en vendant son fonds de pension à l’Etat. Ses actionnaires ont reçu un petit bonus de 500 millions d’euros, soit bien davantage que ce que les 220.000 travailleurs du non-marchand ont obtenu après un an de grèves et d’actions diverses.
Il est plus que temps de réclamer notre dû. Participez aux campagnes du MAS!
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Implosion au FN: début de la fin ou nouveau départ?
La marmite en ébullition a fini par éclater : le Front National belge, déchiré par des rixes internes depuis des mois, vient de se scinder en deux. Le parti – qui n’a de parti que le nom – n’en est certes plus à sa première fracture…à dire vrai, il les collectionne : plus de 30 scissions ou mouvements de dissidence l’ont traversé depuis sa création en 1985.
Cédric Gérôme
Jusqu’à présent, le président à vie et créateur du FN, Daniel Féret, politicien médiocre et magouilleur professionnel, était toujours retombé sur ses pattes, écartant sans trop de peine tous ceux qui lui faisaient de l’ombre. Mais le big boss semble cette fois-ci en plus mauvaise posture, et il n’est pas exclu que son nouveau concurrent, « Force Nationale », lui ravive le leadership et entreprenne une véritable structuration du parti.
Deux lettres sont arrivées le même jour dans les mains du président du Parlement régional Bruxellois. La première, envoyée par Paul Arku et trois autres piliers du FN, l’informait du fait que le bureau politique du parti avait exclu Daniel Féret ; la deuxième était signée de Féret et annonçait l’exclusion de Paul Arku ! En réalité, c’est la majeure partie de l’appareil politique wallon, soutenue par de nom-breux membres, qui semble avoir coupé avec le chef historique du FN et ses lieutenants. Ils préparaient visiblement leur coup depuis longtemps : une asbl dénommée Force Nationale avait déjà été créée en décembre dernier. Fin janvier, le groupe dissident annonce la création d’une nouvelle formation politique du même nom, tout en appuyant le réquisitoire de la Cour d’Appel visant à suspendre les dotations publiques de l’asbl FN (la « vraie », celle de Féret). Une lutte pour la récupération du label FN s’engage, dans laquelle Féret, croulant sous les ennuis judiciaires, n’est pas certain de sortir vainqueur.
L’extrême-droite francophone, plus bête que méchante ? A voir. D’une part, les partis traditionnels, avec leur politique de démolition sociale, lui balaie le terrain. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les derniers sondages du Soir qui montrent un FN encore en hausse, devançant Ecolo en Wallonie avec 8,1% des intentions de vote. D’autre part, il ne faut pas sous-estimer les capacités politiques des cadres dissidents, tel Paul Arku, transfuge du Vlaams Blok et responsable de parti hors pair. Daniel Féret régnait d’une main de fer sur le parti, barrant la route à toute idée d’en faire autre chose qu’un ramassis d’escrocs inactifs et de politiciens ratés uniquement prêts à se remplir les poches et à récolter les voix des électeurs mécontents. Il n’est pas exagéré de dire que cet homme constituait un des principaux obstacles au développement d’un parti néo-fasciste digne de ce nom dans le sud du pays. C’est pourquoi l’éviction de ce pion gênant et l’arrivée sur la scène de meneurs d’hommes aux perspectives plus ambitieuses pourrait radicalement changer la donne.
Le nouveau parti se proclame « nationaliste, pas nazi ni raciste » Se distanciant de Féret, le nouveau FN veut ainsi se donner une façade moins repoussante et une organisation plus efficace. C’est pourtant Paul Arku qui avait écrit : «Il est temps de créer un grand Syndicat National où se regrouperont les travailleurs, les entrepreneurs et tous les acteurs socio-économiques, par secteur d’activité. Un syndicat belge, pour les Belges, où, tous unis, ils réapprendront la solidarité entre nationaux, enfin débarrassés de la gangrène étrangère ». Bref, un style qui s’inscrit dans la plus pure tradition fasciste.
« Force Nationale » : nouveau coup d’épée dans l’eau ou premier pas vers un scénario à la flamande ? La question reste en suspens. Quoiqu’il en soit, le combat contre l’extrême-droite ne pourra réellement porter ses fruits que par la construction d’une véritable opposition. Une opposition de gauche active, combative et résolue.
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Le gouvernement et le patronat veulent dévaliser les pensions
A lire: 50 mensonges sur le vieillisement
"Tous les gouvernants ébauchent déjà des scénarios catastrophes pour décrire notre avenir démographique… Le moment fatidique est déjà fixé: 2010. La génération du baby-boom d’après-guerre arrivera alors officiellement à l’âge de la retraite et la population active commencera à décliner». Citation de Gilbert De Swert, le chef du service d’étude de la CSC. Pour les syndicalistes et les socialistes, ce livre est une mine d’informations et nous ne pouvons que le recommander chaudement à nos lecteurs. Mais on y cherchera en vain des alternatives et des perspectives de lutte.
Anja Deschoemacker
Briser le mythe !
On entretient savamment un climat d’angoisse depuis des années. Un ministre après l’autre entonne le même refrain: une fois que la génération du baby-boom sera partie à la retraite, les pensions deviendront impayables. De Swert prend le contrepied de ce qu’il nomme le «simplisme» sur la question du vieillissement qui tient lieu de vérité pour nombre de politiciens et «d’experts».
Il répond aux 50 mensonges qui résonnent de partout. Un exemple: faut-il redouter un manque de main d’œuvre? Si c’était vrai, ce serait une « bénédiction » pour les salariés: la pression continuelle à la baisse sur les salaires et les conditions de travail serait stoppée net. Mais s’il est vrai que la population en âge de travailler (16-64 ans) baissera après 2010, le nombre de gens réellement actifs ne baissera pas pour autant. Il n’y a que 60% de la population en âge de travailler qui travaille à l’heure actuelle contre 2,8 millions qui n’ont pas d’emploi. « De plus, cette population active ne diminue que lentement à partir de 2011 pour perdre 375.000 unités en 2030. 375.000 – c’est moins que le nombre de chômeurs complets indemnisés aujourd’hui».
De Swert s’inscrit en faux contre une scission communau-taire de la Sécurité sociale. Il ramène les prépensions à leurs justes proportions : «seuls 5,9% des personnes entre 50 et 65 ans étaient en prépension en 2003». Il enfonce le clou: non seulement «les prépensions ne sont pas ‘impayables’», mais elles sont «la formule de fin de carrière anticipée la moins coûteuse pour la Sécurité sociale». D’autres formules coûtent moins cher aux patrons, mais alors c’est nous qui payons la note.
De Swert démasque les politiciens et leurs «spécialistes» de service. Leurs propres perspectives de croissance économique, d’évolution démographique, d’augmentation de la productivité démentent l’assertion que les pensions deviendraient «impayables». C’est donc un mensonge délibéré. Tous les partis en prennent pour leur grade; seul le PS d’Elio Di Rupo et sa proposition de cotisation sociale généralisée trouvent grâce à ses yeux.
Que faut-il faire alors ?
Le livre laisse cette question sans réponse satisfaisante. De Swert plaide pour une hausse accrue de la productivité, mais aussi pour le développement du secteur non-marchand, ce qui ferait augmenter le taux d’emploi global. D’accord, mais si on ne désigne pas la force politique ou sociale qui peut réaliser tout ça, on reste au stade de l’utopie.
Il s’égare définitivement en terrain mouvant lorsqu’il développe ses propositions alternatives. La CSC plaide ainsi depuis longtemps pour la scission des soins de santé entre un pilier basé sur les revenus du travail et un pilier basé sur un financement alternatif. En proposant de faire financer ce deuxième pilier « alternatif » par la CSG de Di Rupo, De Swert se rallie en fin de compte au discours qui veut que la baisse des charges salariales soit une bonne chose.
D’après nous, De Swert ouvre la boîte de Pandore avec ses propositions alternatives. Bien que le système de sécurité sociale comporte pas mal de failles – et le bas niveau des allocations n’en est pas la moindre – nous pensons que c’est une lourde erreur d’ouvrir aujourd’hui le débat là-dessus avec le gouvernement et le patronat. Les syndicats devraient refuser résolument de participer à des négociations sur la problématique des fins de carrière. Dans les circonstances actuelles, toute négociation ne peut porter que sur les modalités de la régression sociale.
Il vaudrait mieux se préparer à une campagne de grande ampleur en direction des travailleurs, des aînés et des jeunes pour mener la lutte contre la régression sociale. Les classes ouvrières française et italienne ont démontré à plusieurs reprises ces dernières années que la lutte pouvait donner un coup d’arrêt à l’offensive contre les pensions.
En effet, les pensions ne sont pas tant menacées par l’évolution démographique, comme l’explique magistralement De Swert, que par l’offensive du patronat. Et si cette offensive est à l’œuvre, c’est parce que l’économie se trouve dans une période prolongée de dépression où la surproduction affecte à peu près tous les secteurs de l’industrie et où le taux de profit baisse à long terme, ce qui pousse les patrons à multiplier les restructurations et les fermetures.
Le système de sécurité sociale s’est construit dans la plus longue période de croissance économique de l’histoire moderne. La reconstruction de l’Europe a mené à une situation de plein emploi où la classe ouvrière – grâce notamment à la forte tension du marché du travail et à l’existence d’une alternative, toute déformée qu’elle fût, sous la forme du Bloc de l’Est stalinien – a pu imposer aux patrons de substantielles améliorations de leur niveau de vie. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de marge pour les concessions. Sur le plan politique, la classe ouvrière est aussi affaiblie par une baisse de la conscience de classe, qui découle surtout de la chute du stalinisme, et par le changement de la nature de classe de la social-démocratie.
De Swert parle comme s’il y avait une majorité politique pour soutenir ses propositions. Mais où cela donc? Le SP.a ne vaut plus la peine qu’on s’y attarde après les propositions de Frank Vandenbroucke et de Johan Vande Lanotte. Mais même le PS est davantage préoccupé par la façon dont il peut vendre la régression sociale sans trop de casse électorale que par la lutte contre elle. Et qu’en est-il du CD&V ? Dans la période d’après-guerre, le PSC/CVP était un «parti populaire» de masse où il fallait tenir compte d’une puissante aile ouvrière. La CSC a obtenu toutes sortes de petites concessions pour éviter la conquête d’acquis plus fondamentaux par une classe ouvrière consciente de sa puissance sociale. Cette période est révolue elle aussi.
Aucune discussion sur un aspect important de l’Etat providence ne peut faire indéfiniment l’impasse sur la question de savoir avec quels instruments nous allons pouvoir défendre nos acquis. De Swert ne pose même pas cette question. Et le mal ne serait pas si grand si la CSC n’était pas une force importante. La prédisposition à la négociation dont fait preuve la direction de la CSC ne peut mener qu’à lâcher une fois de plus la proie pour l’ombre.
De Swert démonte les mythes l’un après l’autre, il faut lui rendre ce qui lui revient. Mais le rôle du syndicat est de défendre les intérêts de la classe ouvrière, non seulement en paroles, mais aussi en élaborant une stratégie et un plan d’action. Et c’est là que le bât blesse dans le chef de la direction de la CSC comme de la FGTB. Si les franges les plus combatives des deux syndicats ne commencent pas à s’organiser pour faire de leurs organisations des organes combatifs et démocratiques, les pensions seront alors vraiment en danger.