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Category: National
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Logement social: discrimination
A Anvers, les sociétés de logements sociaux veulent introduire le critère de la connaissance du néerlandais pour pouvoir accéder à un logement social. Selon eux, cette connaissance est nécessaire pour améliorer la viabilité dans les quartiers. Une société l’applique déjà, alors que c’est interdit. Mais actuellement, le gouvernement travaille sur une nouvelle loi qui devrait vite permettre à ces sociétés de faire comme bon leur semble.
Karel Mortier
Avec cette nouvelle loi, les localités devraient pouvoir disposer de plus de marge de manœuvre, et ainsi pouvoir fixer leurs propres critères déterminant les conditions d’accès aux logements sociaux, tout en prétextant que la réforme servira mieux les besoins locaux. En réalité, il s’agit d’un certificat donné aux localités pour évincer les immigrés et les personnes à bas revenu. En s’orientant vers la connaissance de la langue néerlandaise, la véritable discussion (celle sur la pénurie de logements sociaux en Flandre) est évitée. Le sous-financement structurel, la qualité des logements, la façon aberrante dont on construit les logements sociaux afin de réduire les coûts…. : voilà des problèmes dont les locataires doivent se soucier et qui sont bien plus importants que la connaissance défectueuse du néerlandais.
Au lieu d’investir dans plus de logements sociaux, le gouvernement divise pour mieux régner, c’est-à-dire qu’il dresse ceux qui ont besoin de logements sociaux les uns contre les autres. Pourquoi ne va-t-il pas chercher l’argent dans les entreprises qui ont doublé leurs profits en 2003 ? Entretemps, les chiffres montrent que les loyers de ces logements ont augmenté de 13,8 % sur ces trois dernières années. Sur celle que l’on vient d’entamer, les loyers des logements sociaux vont plus augmenter que sur le marché privé ! Mais pour lutter contre cette injustice, on ne peut pas compter sur les politiciens qui négligent les besoins des plus vulnérables dans la société.
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Le gouvernement sauvé par les directions syndicales
Le fait que le gouvernement fédéral ait pu imposer l’accord interprofessionnel sans trop de résistance lui enlève une grosse écharde du pied. Mais à présent vient le lourd dossier de la problématique des fins de carrière, les négociations dans les secteurs et évidemment le non-marchand qui continue à agir et à mobiliser pour obtenir ses revendications.
Bart Vandersteene
Le gouvernement n’est pas vraiment en bonne santé. Dans tous les sondages, les partis gouvernementaux reculent. Un avenir stable et durable est loin de leur être assuré…Mais pas de soucis, c’est dans le besoin qu’on reconnaît ses amis : la direction syndicale a sorti le grand jeu pour faire passer l’accord interprofessionnel et a ainsi pu dépanner le gouvernement.
Verhofstadt n’avait pas encore fini sa conférence de presse -où il annonçait que le gouvernement allait appliquer intégralement l’accord interprofessionnel- que le patronat, avec le soutien de quelques ministres, annonçait déjà ses nouvelles attaques.
Vande Lanotte a présenté un nouveau plan en douze points pour “impulser une nouvelle dynamique à l’Etat-social actif”. Enseignement, formation des travailleurs et transports publics, tels sont les thèmes à l’agenda du gouvernement pour la période à venir. L’essentiel de ce plan, c’est la “modernisation de la législation du travail”, à travers de nouvelles règles sur le travail intérimaire et la résorption du “handicap salarial” avec les pays voisins. Les salaires doivent donc baisser, les travailleurs être encore plus flexibles et leur sécurité revue à la baisse.
La Fédération des Constructeurs d’Automobiles en Belgique a annonçé que, si les salaires dans le secteur ne baissaient pas de 10 à 12%, l’emploi, après 2010, ne pourra pas être garanti. Et ce malgré les profits monstrueux dans ce secteur en 2004: 3,55 milliards d’euros pour Renault, 716 millions pour Volkswagen. Les patrons veulent faire croire aux travailleurs que rien ne va plus. Pourtant, les entreprises américaines font leurs plus gros profits depuis 75 ans, tandis que les entreprises européennes réalisent les plus beaux chiffres depuis 25 ans. Les patrons et le gouvernement, ministres sociaux-démocrates en tête, chantent et rechantent sans cesse les mêmes refrains. La sécurité sociale: trop chère ; les salaires: trop hauts. On doit tous travailler plus et plus longtemps, etc. Il partent de l’idée que si on répète un mensonge 1000 fois et qu’il n’y a personne pour le contredire, la population va finir par l’avaler.
On a besoin d’une représentation syndicale qui brise ces mensonges à chaque fois qu’ils montrent leur tête. Une représentation syndicale qui ne fonctionne pas dans la logique néolibérale et qui défende de façon résolue les intérêts des travailleurs. Une nouvelle génération de jeunes, avec le soutien de syndicalistes combatifs, va devoir se battre pour cela. Utilisons la Marche des Jeunes pour l’Emploi comme un premier pas dans cette direction.
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Le travail intérimaire remplace de plus en plus les emplois stables
Le travail intérimaire, en principe réservé aux PME confrontées à du personnel absent ou à un accroissement de travail temporaire, est de plus en plus utilisé à grande échelle pour remplacer les emplois fixes. De ce fait, les entreprises disposent d’une main-d’œuvre très flexible. Il n’est plus question d’emplois de qualité. Aujourd’hui, on remplace souvent un contrat à plein temps et à durée indéterminée par des contrats de travail flexibles.
Yves Drieghe
Le travail intérimaire est un développement incontrôlé du travail flexible avec un statut très précaire. Et ce alors que la plupart des travailleurs aspirent à la sécurité de l’emploi. Cette précarité mène aussi à une plus grande vulnérabilité. Les intérimaires qui luttent pour leurs droits sont tout simplement écartés à l’expiration de leur contrat. Les patrons utilisent le travail intérimaire pour briser la solidarité des travailleurs et tirer la lutte sociale vers le bas.
Les intérimaires n’ont pas de droits bien déterminés. Les entreprises ne peuvent normalement recourir au travail intérimaire qu’en cas d’accroissement temporaire du travail, pour l’exécution de tâches exceptionnelles ou pour remplacer un travailleur fixe dont le contrat est suspendu (congé, maladie,…). Aujourd’hui, nombre d’entreprises considèrent pourtant le travail intérimaire comme la norme établie.
Chez Tupperware, des travailleurs prestent du «travail temporaire» depuis 8 ans. Les travailleurs fixes qui partent en pension ne sont plus remplacés par des contrats fixes. Bonne nouvelle pour l’agence d’intérim Vedior qui a un siège à l’intérieur de Tupperware.
En chiffres absolus, c’est La Poste qui utilise le plus d’intérimaires. D’où la présence de bureaux d’intérim dans les bâtiments de La Poste.
Les propositions de Vandenbroucke inspirent confiance à Federgon!
Federgon, la fédération professionnelle des bureaux d’intérim et d’embauche, et le ministre de l’Emploi pour la Région flamande, Frank Vandenbroucke, veulent confier aux sociétés d’intérim un rôle plus important sur le marché de l’emploi sous prétexte que le travail intérimaire permet à beaucoup de travailleurs d’accéder à un emploi fixe. C’est pourquoi ils veulent la levée «de l’interdiction du travail intérimaire dans certains secteurs». Une levée de l’interdiction du travail intérimaire dans les services publics sonne agréablement aux oreilles de Federgon. C’est pourquoi Frank Vandenbroucke a reçu le tout premier «Prix Federgon Intérimaire» pour sa «contribution pro-active à l’amélioration du fonctionnement du marché du travail». Federgon ne cherche donc pas à cacher que les propositions du ministre SP.a sont taillées sur mesure pour les sociétés d’intérim.
C’est un scandale qu’une ouvrière de chez Tupperware n’ait toujours pas de contrat fixe après 8 ans de travail dans l’entreprise. Mais Federgon le dit sans ambages: «Combien coûte un collaborateur fixe? Salaire brut + pécule de vacance + 13ème mois + charges patronales + … la liste continue. Bref, le recours au travail intérimaire est plus compétitif et meilleur marché que l’embauche de travailleurs fixes». Donner une sécurité de revenu à un travailleur ne figure pas à leur agenda!
Adecco est une entreprise aux bénéfices plantureux, le résultat de la fusion entre le groupe suisse Adia et le groupe français Ecco. L’entreprise avait une valeur de 2,2 milliards € au moment de la fusion. 4 ans plus tard, le groupe Adecco compte 5.800 bureaux dans 65 pays, 28.000 employés et place chaque jour 650.000 intérimaires dans 100.000 entreprises. En 2002, ils avaient un chiffre d’affaire annuel de 16 milliards €. Ils ont engrangé un bénéfice net de 255 millions € dans les 3 premiers trimestres de 2003.
L’intérim belge est un secteur en pleine extension qui place 316.000 intérimaires par an. Cela signifie que ces travailleurs n’ont pas la garantie d’un revenu fixe, pas d’horaires fixes, pas de congé de grossesse. Et s’ils tombent malades?
Les bureaux d’intérim imposent une flexibilité scandaleusement élevée à leurs intérimaires. « Pendant les quelques mois où j’ai travaillé chez Tupperware, j’ai reçu à plusieurs reprises un coup de téléphone à 12h m’invitant à être sur mon lieu de travail à 14h. A d’autres moments, on me disait que je ne devais pas venir travailler, car il y avait trop peu de travail. Je devais travailler tantôt dans l’équipe du matin, tantôt dans celle de nuit pendant la même semaine. En outre, je devais attendre le vendredi pour signer le(s) contrat(s) pour les jours où j’avais déjà travaillé ».
Les services de médiation pour le secteur privé ont traité en 2003 environ 163 plaintes d’intérimaires. Les plaintes relatives au travail intérimaire affluent aussi chez les syndicats. La plupart des plaintes tournaient autour des « relations humaines ». Un bureau d’intérim n’a aucune obligation de fournir du travail à un intérimaire. La discrimination est donc monnaie courante. D’autres plaintes portent sur des questions administratives (notamment la prime de fin d’année), sur l’incapacité de travail,…
Non seulement les sociétés d’intérim font des bénéfices, mais elles aident les entreprises à maximaliser leurs profits. Le travail intérimaire est l’arme idéale contre l’unité des travailleurs. On exige des travailleurs une flexibilité scandaleusement élevée qui ne leur offre absolument aucune sécurité de revenu et leur cloue le bec avec des contrats à la journée. La seule solution, c’est de créer des emplois dignes de ce nom de telle sorte que les travailleurs jouissent d’un bon statut et de la sécurité d’emploi. Il faut abolir le travail intérimaire au rabais !
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Logement. C’est à Gand que le prix des maisons augmente le plus vite
L’enquête de l’agent immobilier Century 21 démontre que le prix moyen d’une maison à Gand a doublé cette dernière décennie, passant de 46.258 euros en 1993, à 91.775 euros en 2003, soit une augmentation de 98%.
Kristof Bruylandt
Gand est donc la ville où les prix immobiliers augmente le plus, mais reste relativement “bon marché” par rapport à Anvers, Bruges, Bruxelles, Louvain et Hasselt, où une maison coûte au moins 100.000 euros. A Courtrai et Malines, on paie un peu moins.
L’échevine gantoise de l’urbanisme Karin Temmerman pense savoir pourquoi à Gand les prix ont tellement grimpé, Par ses projets prestigieux de renouvellement, la ville est redevenue attractive et « tendance » pour des habitants plus aisés qui veulent à nouveau vivre dans la veille ceinture du 19e siècle. Le nombre d’habitants progresse légèrement chaque année et la demande fait grimper les prix.
Elle reconnaît ainsi que la rénovation de la ville provoque l’éviction sociale. Les bas revenus qui pouvaient encore se permettre une petite maison, sont maintenant simplement éjectés par le marché, ou alors sont expropriés par la ville pour faire de la place aux revenus élevés. On appelle cela « créer un mix social sain » et cette politique est évaluée positivement par des géographes comme le professeur gantois Saey comme « courageuse et nécessaire pour pouvoir continuer à financer les services du centre-ville (bibliothèques, écoles, culture,…) ».
Voilà le cynisme asocial des pseudo « réalistes »! Que dire de Groen ! (ex-Agalev), s’inquiétant tellement de la qualité de l’habitat que selon Dirk Holemans (éphémère président des verts) les maisons du 19e siècle peuvent toutes être démolies parce qu’elles ne remplissent pas les normes actuelles de qualité. Nous sommes les derniers à nier que la qualité d’habitation dans la ceinture du 19e siècle doit être améliorée. Mais on ne peut le faire en chassant les pauvres pour les remplacer par des familles plus aisées. Au contraire, il faut des investissements massifs dans la construction d’habitations sociales de bonne qualité, éparpillées dans toute la ville.
Dans le quartier gantois de Brugse Poort, 89 maisons modestes vont être démolies pour n’être remplacées que par 60 habitations (surtout des appartements) pour un autre public. Les habitants actuels sont expropriés vers des buildings gris et peu attractifs, éloignés du centre.
Le loyer de ces « habitations sociales » a augmenté au cours des 3 dernières années de 9% parce que les sociétés de logements sociaux sont à court d’argent. On a fait payer le déficit par les socialement faibles. Gand fourmille de projets, mais ils rencontrent la résistance des habitants lésés. Le projet le plus récents « des ponts vers le Rabot », un projet de prestige près du nouveaux palais de justice, est désapprouvé même par l’administration, qui le juge futile.
La rénovation de la ville doit se faire en premier lieu en dialogue avec les habitants des quartiers concernés. On doit leur offrir une alternative attractive en cas de démolition. Pour pouvoir faire cela, il faut une politique de logement qui peut faire baisser les prix en augmentant l’offre sociale. Et pour cela il faut de l’argent.
A Gand, il y a maintenant une dizaine de projets de construction à grande échelle, dont la construction du port de yacht Portus Ganda, ouvrir le Nederschelde, le forum de musique, etc. En soi il n’y a peut-être rien à dire contre ces projets, si ce n’est qu’ils sont prioritaires sur un besoin humain important, un logement abordable et de bonne qualité. Une ville comme Gand peut tirer de son port et de son industrie assez de moyens pour remplir ses caisses afin que le centre-ville soit fonctionnel tout en donnant aux habitants un logement de qualité et d’autres services publics. Mais l’establishment politique ne demande rien au capital, privatise même ses services et présente la note aux revenus les plus bas. J’aimerais bien qu’on m’explique ce qu’il y a de «courageux» dans cela et pourquoi cette politique, personnalisée par le bourgmestre Frank Beke, mérite le Prix de la Démocratie !
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Les tensions communautaires cachent les vrais voleurs
Une lettre d’un habitant francophone de Linkebeek dans Le Soir (15/01/2005) parle des nombreuses lettres en néerlandais qu’il reçoit – mais qu’il ne comprend pas – entre autres pour des taxes communales et régionales. Il doit demander chaque formulaire en français, et ce, dans une commune dans laquelle la majorité des habitants est de son propre groupe linguistique ! Il donne aussi l’exemple d’un francophone dans une autre commune à facilités qui n’a pas droit à une procédure francophone dans un procès où il fait figure d’accusé.
Anja Deschoemacker
Il est antidémocratique de priver les gens des facilités linguistiques dont ils ont besoin pour participer à la vie de la société. Mais de cette réalité, rien ne transparaît dans les médias flamands. On y parle surtout des « accords territoriaux » qui doivent être « respectés ». Le problème est que de tels compromis ne peuvent se faire sauf s’ils sont interprétés différemment des deux cotés, puisque les deux cotés doivent pouvoir se présenter comme le vainqueur.
La Belgique marche sur un modèle classique de partage de pouvoirs. Un tel modèle – la seule « solution » pour la question nationale dans une société capitaliste – pousse les politiciens toujours dans le rôle du défenseur des intérêts de son propre groupe religieux, national ou linguistique. Partout dans le monde, de l’Irlande du Nord au Congo en passant par Israël/Palestine, cela mène à une amplification des contradictions nationales et, finalement, à une impasse. Un exemple « réussi » n’est toujours qu’un cas où l’impasse n’est pas encore visible.
Pourquoi la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) prend-elle une telle envergure dans la politique belge? Selon plusieurs enquêtes, la majorité de la population en Wallonie et en Flandre ne s’en préoccupe pas. Dans la région de Bruxelles et à Hal-Vilvorde l’intérêt pour la question est évidemment plus grand, mais là aussi, c’est loin d’être la première priorité dans la liste des problèmes à résoudre. Pourquoi alors? Parce que les partis doivent pouvoir se profiler, se présenter comme le meilleur défenseur des « gens ». Et en l’absence d’un parti ouvrier qui défende les intérêts de tous les travailleurs, de n’importe quelle langue, la question nationale est devenue le thème de démarquage par excellence. Quand une politique d’austérité est imposée, on parle surtout sur des «gaspilleurs wallons» et des «flamands non-solidaires et égoïstes».
Tous les partis, des deux cotés de la frontière linguistique, veulent éviter coûte que coûte que l’on comprenne que les coupes budgétaires ne servent qu’à alimenter les coffres des entreprises et de leurs actionnaires. Là où les travailleurs et ceux qui vivent d’une allocation ont dû accepter une réduction de leur pouvoir d’achat, les entreprises ont fait des bénéfices record année après année. En cas de déficit, c’est toujours le personnel qui doit payer le prix et/ou l’état, l’argent des impôts payés par les travailleurs. La question nationale en Belgique est d’un coté une réalité que la classe dirigeante ne peut nier, où elle s’est retranchée derrière des positions opposées, mais c’est aussi la façade derrière laquelle une réalité sociale se cache qui doit être dissimulée pour pouvoir défendre de la meilleure manière les intérêts de la classe dominante, flamande ou francophone (pour elle, la question nationale n’a aucune importance!).
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70 millions d’euros pour les victimes du tsunami. 250 millions d’euros pour les patrons. Sur la solidarité et la cupidité
70 millions d’euros pour les victimes du tsunami
250 millions d’euros pour les patronsLa vie sourit décidément aux impudents et aux rapaces. Pendant que toute la Belgique se mobilise pour rassembler 70 millions € pour les victimes du tsunami, plus du triple de ce montant, soit 250 millions €, disparaît dans les poches du patronat… parce que les entreprises seraient dans une mauvaise passe! Pourtant, des chiffres récents publiés par Trends, un hebdomadaire flamand de droite, démontrent le contraire: en 2003, le bénéfice cumulé des 30.000 plus grandes entreprises du pays a doublé pour atteindre les 27,8 milliards €, ce qui fait environ 300.000 francs belges par habitant actif.
Eric Byl
La solidarité avec les victimes du tsunami a montré que la grande majorité de la population n’est ni individualiste, ni égoïste, ni raciste. Au contraire, la plupart compatissent avec ceux qui ont été touchés. Le pays entier s’est mobilisé: le monde des organisations non-gouvernementales, tous les médias – presse écrite, radio et télévision – le secteur public et commercial. Parmi les gens connus : des acteurs, des musiciens et des sportifs. Il y a eu surtout 1.600 initiatives locales de personnes comme vous et moi. Tous ensemble, nous avons récolté le montant le plus important connu à ce jour. Mais nul n’ignore qu’il en faudra bien davantage pour satisfaire l’ensemble des besoins.
Les politiciens, qui doivent se faire réélire, en tiennent compte. Même le Vlaams Belang a, une fois n’est pas coutume, eu la sagesse de laisser tomber son slogan “Notre peuple d’abord !”. Les provocateurs de la NV-A ont laissé au garage les camions qu’ils avaient loués pour protester contre la solidarité entre le Nord et le Sud du pays. Les politiciens ont compris qu’il valait mieux suivre le courant. Le gouvernement a donné environ 30 millions € de nos impôts pour marquer sa solidarité. Les politiciens ont pris des appels dans les call-centers à l’occasion des grandes émissions communes de l’action 12-12 de la RTBF, de RTL-TVI, de TV1 et de VTM. Tous les partis “démocratiques” ont appelé leurs militants à verser de l’argent sur le compte bancaire 12-12. Seul le Vlaams Belang a d’abord refusé de contribuer au consortium des ONG à cause de l’organisation «communiste» Oxfam/Solidarité, mais il a dû finalement revoir sa position.
Pour les patrons belges, qui ne doivent pas se faire élire, il y a des limites à la solidarité mais pas à l’avidité. Pour la forme, la FEB a appelé ses membres à verser de l’argent sur le compte 12-12, mais, en même temps, l’organisation patronale a demandé de multiples compensations dans le cadre de l’Accord interprofessionnel. Le patronat belge juge que si on sait dépenser autant pour la solidarité, on n’a pas besoin d’augmentation de salaire et on peut travailler un peu plus longtemps. Les patrons comptaient sur un montant de 360 millions €, soit 5 fois le montant des fonds récoltés en faveur des victimes du tsunami. Même le gouvernement violet a compris que c’était immoral. Il a finalement décidé de n’offrir «que» 250 millions € aux entreprises.
La grande majorité de la population de notre pays est très solidaire. Les égoïstes et les individualistes ne forment qu’une très petite minorité. Tant que cette minorité et ses représentants politiques contrôlent la société, la solidarité des uns devra s’incliner devant l’avidité des autres, quel que soit le prix à payer en termes de vies humaines et de pauvreté.
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Plus de pouvoirs répressifs aux communes
Dans le but officiel de mieux lutter contre les incivilités, les communes pourront bientôt imposer de nouvelles interdictions et sanctions, avec toutes les facilités que cela comporte pour les habitants, qui ne peuvent ignorer une loi… différente dans chaque commune!
S’il est bien entendu nécessaire de se préoccuper de la sécurité des gens, punir plutôt que prévenir n’est en rien une solution. De telles méthodes donnent l’impression que la sécurité est à isoler des autres problèmes, alors qu’elle va de pair avec la situation économique et la misère. Ce n’est pas ce nouveau système qui changera quelque chose au problème des « incivilités ».
Par contre, une telle politique possède de nombreux avantages pour les bourgmestres qui peuvent ainsi renflouer les caisses communales. Et le pire est à craindre pour les prochaines élections communales, où le Vlaams Blok pourrait être repris dans la majorité d’une localité…
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Contre le Vlaams Belang! Pour une alternative socialiste!
LA QUESTION d’une stratégie efficace contre le Vlaams Belang revient dans toutes les discussions. Faut-il donner raison au cynisme de la presse traditionnelle? Est-ce qu’on a vraiment tout essayé en vain? Selon nous: non. L’élaboration d’une stratégie est une question sérieuse où il faut tenir compte à la fois du score électoral du Vlaams Belang et du noyau dur fasciste qui dirige ce parti.
Geert Cool
Pour lutter contre un parti qui progresse à partir du mécontentement d’une partie de la population envers la politique antisociale de l’establishment, on ne peut pas s’en remettre à cet establishment. Crier victoire après une décision de justice ou après des déclarations de politiciens sur la dotation des partis ne mène à rien. Nous devons convaincre les électeurs du Blok que ce parti n’a pas de solutions à leurs problèmes. Edulcorer notre discours pour gagner des partisans dans l’establishment n’a non seulement aucun sens, mais est contreproductif.
Bien au contraire, nous devons construire une force qui s’oppose au système, non seulement en paroles, mais qui est aussi prête à l’affronter lors de campagnes concrètes.
Nous devons tirer les leçons des défaites de l’extrême-droite en Europe. L’Italie en 1994, la France en 1995, récemment l’Autriche – où l’extrême-droite a subi des – défaites électorales après les protestations de masse contre la politique néolibérale.
En Italie, à la fin 1994, des centaines de milliers de travailleurs ont manifesté contre les plans de retraite du premier gouvernement Berlusconi. Le mouvement fondait son espoir sur la gauche politique pour mettre fin à la politique antisociale. La base sociale du gouvernement de droite (auquel participaient aussi l’Alliance Nationale “postfasciste” et la Ligue du Nord) était totalement sapée et le gouvernement est tombé. Berlusconi et Cie ne sont revenus au pouvoir qu’après quelques années. En fin de compte, cela n’a été possible que grâce à la politique tout aussi néolibérale de la coalition de “l’Olivier” de centre-gauche.
En Autriche, le FPÖ a perdu le soutien de la population après la grève quasi générale de l’an dernier. Alors qu’après sa première participation au gouvernement, le FPÖ avait même vu son score augmenter. Ce qui contredit l’idée que la participation au pouvoir leur coûterait de toute façon des voix.
Ces exemples montrent qu’une stratégie antifasciste doit reposer sur la résistance active contre la politique antisociale. La croissance de la pauvreté, mais aussi la crainte des gens relativement plus aisés de voir chuter leur niveau de vie, mènent à un sentiment d’insécurité sociale et font douter de l’avenir. Tant que la résistance à tout cela ne parvient pas à s’exprimer activement dans des mobilisations et à s’organiser dans une formation politique ouvrière, elle continuera à s’exprimer passivement par un vote de protestation pour le Vlaams Belang.
Nous appelons tous les jeunes et les travailleurs qui veulent combattre l’extrême-droite à commencer la lutte dans les quartiers, les écoles, les entreprises, les universités,… C’est là qu’on doit construire la résistance active à la politique actuelle. Une bonne façon de le faire, c’est de participer à la campagne pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi du 19 mars.
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Comment combattre le Vlaams Blok?
LE 2 DÉCEMBRE nous organisons une manifestation contre le NSV raciste à Gand. Chaque nouvelle victoire électorale du Vlaams Blok relance la discussion sur la Lmeilleure manière de le combattre. On ne compte plus les mouvements antiracistes et tous les partis traditionnels qui jurent la main sur le coeur qu’ils sont contre le racisme. Cela n’empêche pas le Blok de continuer à progresser.
Boris Van Acker
Une grande partie du mouvement anti-raciste s’imagine pouvoir faire reculer le Blok avec des fêtes multiculturelles, des grands débats académiques, des actions symboliques ou en faisant signer des plate-formes par les organisations sociales. Ceux qui votent pour le Vlaams Blok sont les grands absents de ces actions ou de ces débats. On se contente trop souvent de pointer sur eux un doigt accusateur: «C’est mal d’être raciste, vous êtes contre la politique, vous avez peur, vous vous plaignez pour un rien». Si le mouvement antiraciste est à bout de souffle, c’est justement parce que sa stratégie est trop souvent la même que celle des partis traditionnels. Qu’il puisse y avoir quelque chose d’erroné dans la politique de ces partis leur effleure rarement l’esprit. La question de savoir comment le Vlaams Blok parvient à faire autant de voix reste finalement sans réponse. On cherche alors des solutions qui n’en sont pas.
C’est ainsi que Frank Beke, le bourgmestre de Gand, a reçu le Prix de la Démocratie des mains d’Eric Goeman, le porte-parole d’ATTAC/ Flandre et de Démocratie 2000. Le Vlaams Blok est le deuxième parti à Gand où il a obtenu 22,8% des voix en 2004 et 19,4% en 2003. C’était 2% de moins qu’aux élections de 1999. L’idée qui sous-tend la remise du Prix de la Démocratie … à Beke est que c’est la bonne gouvernance de la ville qui a fait reculer le Vlaams Blok. Une étude de l’université de Gand démontre pourtant qu’une des principales raisons que les électeurs du Vlaams Blok invoquent pour expliquer leur vote est le sentiment «d’impuissance politique». Le constat que la politique de la ville ne prend pas leurs intérêts en compte. Ce sentiment a encore augmenté entre 2003 et 2004. Les raisons pour lesquelles le Blok a obtenu moins de voix en 2003 seraient dues à des facteurs externes comme des changements dans la population gantoise et la présence d’un grand nombre de figures politiques de premier plan. En effet, il y a beaucoup d’étudiants qui s’installent à Gand tandis que nombre de personnes à bas revenus doivent déménager à cause du prix des loyers.
Les gens ont raison lorsqu’ils disent que la ville ne s’intéresse pas à leurs problèmes. Le dernier exemple en date est la volonté de la ville d’utiliser 20 millions d’euros du Fonds des communes pour un parking souterrain en-dessous de la Place Saint-Pierre. Cet argent est pourtant destiné à des projets sociaux. La politique qui consiste à démolir des quartiers ouvriers pour faire place nette … à des logements de standing, histoire d’attirer des ménages à plus hauts revenus, n’est pas moins antisociale.
Cette politique ne diffère pas fondamentalement de celle des villes hollandaises où on exige des gens qui veulent s’installer dans certains quartiers qu’ils aient un revenu minimum. Frank Beke ne mérite pas le Prix de la Démocratie. C’est même un scandale qu’il le reçoive des mains de ceux-là même qui se targuent d’être la conscience de la gauche.
A l’approche de la manifestation anti-NSV, nous espérons que d’autres organisations partageront notre analyse et cesseront de chercher leur salut dans des procès contre le Vlaams Blok ou dans des actions symboliques censées démontrer l’absurdité du racisme et de flirter avec le SP.a et Groen! Ce serait un tournant.
Le MAS agit depuis quelques années déjà dans des quartiers plus populaires. Nous avons su unir des électeurs du Vlaams Blok et des immigrés dans des campagnes concrètes contre la politique antisociale. Des campagnes comme celle que nous avons menée contre la démolition de 89 maisons dans un quartier de Gand leur font comprendre que leur véritable ennemi n’est pas celui qui habite dans la même rue qu’eux, mais bien celui qui prend de telles décisions dans le salon de sa villa cossue. On ne peut que regretter que la plus grande partie de la gauche soit restée au balcon dans ces moments-là.