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Category: National
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La Belgique n’est pas un paradis social
La fin d’un mythe!
UNE ETUDE récente du Centre pour une Politique Sociale (CSB) de l’université d’Anvers montre qu’un grand nombre de retraités perçoivent une pension plus basse que celle de la plupart des retraités des pays européens.
Karel Mortier
En Belgique, un couple de pensionnés recevait en 2001 près de 753 euros par mois. Le montant de la moyenne européenne est de 1.135 euros, soit presque 400 euros de plus. Au Grand Duché de Luxembourg un couple reçoit 1.379 euros, presque le double. En France et aux Pays-Bas respectivement 1.281 euros et 1.126 euros. Le pouvoir d’achat d’un couple de pensionnés en Belgique est inférieur de 34% à la moyenne européenne.
Il n’y a pas que les pensionnés. Beaucoup de gens vivant du minimex (maintenant appelé “revenu d’intégration sociale”) sont également dans une plus mauvaise situation que dans les pays voisins. Un couple percevant le minimex reçoit en Belgique 100 euros en moins que la moyenne européenne. L’étude montre également que l’argument du prétendu "piège au chômage" ne tient pas la route. L’idée que si les allocations augmentaient, les gens n’iraient plus travailler car ils ne gagneraient pas beaucoup plus qu’au chômage, se révèle fausse. L’écart entre les allocations et le salaire minimum est plus grand que dans la plupart des autres pays européens. Notre pays fait également partie des pays peu nombreux où le montant des allocations (chômage, invalidité, pensions du secteur privé) n’est pas couplé à l’augmentation des salaires.
De plus, la récente augmentation du prix du pétrole n’est plus répercutée dans l’index: depuis longtemps l’essence n’est plus reprise dans l’index santé. Les automobilistes dépensent donc plus pour se déplacer. Ces mesures d’austérité et beaucoup d’autres, ont été menées dans les années 90 pour respecter les normes de Maastricht. Ces normes devaient être atteintes pour pouvoir lancer l’euro en Belgique. Dans les années 90 le niveau de vie d’une grande partie de ceux qui doivent vivre d’allocations a régressé. Selon le rapport, l’image donnée de la Belgique ("le pays qui jouit d’une grande protection sociale") doit donc également être fortement nuancée.
La Belgique est aussi un des pays qui accorde le moins d’aide à ceux qui ont des difficultés financières pour se loger décemment. Ainsi beaucoup de gens sont obligés de consacrer une partie plus importante de leurs revenus au loyer. Le prix des loyers augmente plus vite que les salaires, et ne parlons pas des allocations!
Actuellement, certains responsables politiques ne parlent que de "l’Etat social actif" et avancent l’idée que la Belgique est en retard en matière de mesures d’austérité par rapport aux pays voisins. Dans les années 90 l’Etat providence a été rangé au frigo pour pouvoir lancer l’euro.
Quels niveaux vont atteindre nos pensions si nous laissons faire les gouvernements actuels, qui poursuivent leur logique néo-libérale?
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“Adieu, la prospérité!”
C’EST LE titre d’un article de l’hebdomadaire Knack du 25 août sur l’Allemagne. Le plan d’austérité de Schröder est un bain de sang social. Les chômeurs de longue durée vont par exemple se retrouver avec une allocation de moins de 350 euros par mois dès janvier!
Anja Deschoemacker
Et la Belgique va suivre la même voie. La bourgeoisie a mis toutes ses cartes sur la table: les patrons ont mis en avant une liste impressionnante de revendications afin que le gouvernement tente d’imposer des restructurations sociales très dures. Celles-ci n’ont qu’un but: accroître les profits, au détriment des travailleurs et de ceux qui vivent d’une allocation.
En Belgique si ceux qui siègent au gouvernement étaient d’authentiques représentants des travailleurs ils auraient mis en avant un plan d’action sérieux sur base des informations parues dans la presse au cours des dernières semaines. Ils s’apercevraient à juste titre que dans un des pays les plus riches du monde, plus de 2/3 des pensionnés (66,32%) vivent avec moins de 1.000 euros par mois, et 39,11% avec moins de 750 euros par mois. Et que la pension minimale est de 34% inférieure à la moyenne européenne. Il feraient tout pour résoudre ces problèmes, en commençant par mettre le holà à la politique de diminution des charges patronales qui vide les caisses de sécurité sociale.
Mais ce ne sont pas des représentants des travailleurs au gouvernement. Ce sont des arrivistes qui vivent dans un milieu «particulier». Bruno Tobback, par exemple, dit qu’il n’y a pas vraiment de problème concernant les pensions, mis à part le fait que «dans l’avenir» les pensionnés ne vont «plus» pouvoir passer de somptueuses vacances en Afrique. De quels pensionnés parletil? Ou plutôt: sur quelle planète vitil?
Il y a énormément de problèmes à résoudre. Cependant, si on suit les médias, le vrai problème en Belgique reste un problème communautaire. Il est donc probable que le gouvernement va en arriver à la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ou de quelque chose dans ce goût-là. Par contre tous les partis des deux cotés de la frontière linguistique s’accordent (même si certains parviennent à mieux l’emballer que d’autres) sur la nécessité d’une offensive contre la réglementation du travail, les services publics et la sécurité sociale. Quoiqu’il advienne, une chose est sûre: si les travailleurs ne descendent pas dans la rue pour défendre leurs acquis d’après-guerre, ceux-ci vont disparaître.
Nous espérons que les travailleurs de notre pays ne se laisserons pas détourner par les querelles communautaires. Si Vandenbroucke affirme qu’il ne pouvait aller plus loin dans ses mesures d’austérité et ses attaques contre les chômeurs flamands, c’est parce qu’il espère gagner cette offensive en Flandre pour l’imposer plus tard sur le plan national. Cette politique de chantage aide les partis francophones à vendre leur politique d’austérité, «parce qu’ils y sont contraints».
Et pendant que la question nationale est poussée à l’avant-plan par les médias, on peut retrouver derrière l’écran le patronat et leurs gouvernements main dans la main, en accord total sur le fait que l’état providence est devenu ingérable et qu’il doit donc être démantelé. Bref, si nous ne suivons pas l’exemple de résistance dont ont fait preuve les travailleurs français, espagnols, italiens et maintenant aussi allemands, les patrons l’emporteront!
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LE CAPITALISME MÈNE À LA CRISE
En 20 ans la valeur des biens et des services produits annuellement en Belgique a plus que doublé (de 106 à 268 milliards d’euros). Cependant les statistiques montrent que les pauvres officiellement recensés représentent 13% de population, contre 6% il y a 20 ans. Les listes d’attente pour les institutions de soins et pour les habitations sociales n’ont jamais été aussi longues. Le nombre de chômeurs, malgré les promesses de Verhofstadt, a progressé de 7% en un an. Le MAS pense que c’est le capitalisme lui-même qui crée ces contradictions.
Eric Byl
Dans toutes les sociétés précapitalistes la production était principalement organisée pour se procurer des biens utiles. L’argent n’était qu’un moyen d’échange. Le capitalisme a fait en sorte que la valeur d’usage d’un bien est devenue subordonnée à sa valeur d’échange. Les biens sont devenus des marchandises: non pas produits pour leur utilité mais pour la vente et pour en tirer plus d’argent qu’ils n’avaient coûté. L’argent est devenu le but, la marchandise un moyen.
Les marchandises contiennent une valeur d’usage. Cet usage dépend d’un individu à l’autre, en fonction des besoins. Bien que la valeur d’usage soit la base pour l’échange – un fumeur achète des cigarettes pour leur usage – cette valeur d’usage ne peut expliquer pourquoi un fumeur paiera autant qu’un non-fumeur. De même pour ceux qui achètent des parfums. A côté de la valeur d’usage existe donc une seconde valeur d’une marchandise: sa valeur d’échange.
Les valeurs d’usage peuvent aussi être trouvées dans la nature sans intervention du travail humain. L’air que nous respirons, par exemple. La valeur d’échange est par contre exclusivement produite par la force humaine de travail dans des conditions historiques spécifiques.
La formation du prix
A chaque fois la surproduction La valeur d’échange d’une marchandise est déterminée par la quantité moyenne de travail nécessaire pour la produire. Nous parlons ici de temps de travail moyen socialement nécessaire. Travailler plus lentement ou avec des outils vétustes n’ajoute pas un gramme de valeur d’échange, on parle alors de temps de travail superflu. Le degré d’instruction est aussi important. Le travail qualifié exige du temps de travail pour la formation et est donc égal à plusieurs unités de travail simple. Le prix naturel d’une marchandise est sa valeur d’échange.
La formation de monopoles et la pénurie peuvent momentanément faire grimper le prix au-dessus du prix naturel. D’autre part, une offre abondante de marchandises peut faire baisser le prix en-dessous du prix naturel. Mais cela n’explique pas pourquoi un cure-dents coûte immanquablement moins cher qu’une voiture.
Plus-value
Pendant longtemps on a pensé que le bénéfice était réalisé en vendant cher quelque chose que l’on avait acheté bon marché. Si c’était ainsi, chacun vendrait plus cher. Ce que l’on gagnerait alors en tant que vendeur d’une marchandise, on le perdrait en tant qu’acheteur d’une autre marchandise. Seul le travailleur est roulé de cette manière, car la force de travail est la seule force de production qui fournit plus que sa valeur d’échange originelle. Pour les machines, les immeubles et les matières premières le capitaliste paie à son fournisseur le prix correspondant à la valeur d’échange nécessaire pour produire ces marchandises. Il ne fait ni profit ni perte. Seul le fournisseur a fait du profit.
Le secret de l’exploitation capitaliste réside ailleurs. Le capitaliste achète la force de travail comme n’importe quelle autre marchandise: à la valeur nécessaire de (re)production de cette force de travail. Cela s’appelle le salaire. C’est la somme du salaire brut et des cotisations dites «patronales» à l’ONSS. Il n’achète pas le résultat du travail mais un nombre d’heures de capacité de travail. Il organise la production de telle sorte que le travail rembourse le plus vite possible ce qu’a coûté son salaire. Le temps restant pendant lequel le travailleur continue de produire, il offre gratuitement sa force de travail. On appelle cela la plus-value ou encore le travail non rémunéré.
Le taux d’exploitation
Le rapport entre le travail non-payé et le travail payé détermine le taux d’exploitation. Les capitalistes essaient constamment d’élever ce taux d’exploitation en allongeant la durée du travail ou en installant des machines plus performantes pour réduire le temps de travail nécessaire (qui sert à couvrir le salaire). Aujourd’hui on essaie d’augmenter le taux d’exploitation en éliminant les temps morts (comme le temps pour aller pisser) et en faisant appel au travail intérimaire quand il y a beaucoup de travail.
L’Institut National de Statistiques (INS) donne un aperçu du rapport entre les coûts salariaux (le travail payé) et la valeur ajoutée (le travail non payé) en 2000. Dans toute l’industrie les entreprises ont reçu en moyenne 100 euros de travail non payé pour 60 euros de travail payé: un taux d’exploitation de 166%. Le coût salarial moyen par travailleur s’élève annuellement à 39.594 euros, la valeur ajoutée s’élève quant à elle à 65.991 euros! Dans la chimie, le taux d’exploitation se chiffre à 217%. Dans le textile: 165% (http:/ /statbel.fgov.be/figures/d422_fr.asp).
Ces chiffres sont des moyennes. Les traitement des managers sont compris dans le coût salarial. Au Benelux, les managers doivent se «contenter» en moyenne d’1,4 million d’euros par an. Cela permet cependant d’expliquer comment Albert Frère, le seul Belge figurant sur la liste des 500 personnes les plus riches au monde, a pu amasser une fortune estimée à un milliard d’euros. Il a commencé sa carrière sans diplômes comme marchand de ferraille. Il a aujourd’hui 77 ans. Il a donc amassé à ce jour 13 millions d’euros pas an, depuis sa naissance. Et cela on ne peut pas le faire uniquement en travaillant dur.
Surproduction
Parce que les travailleurs fournissent du travail gratuit, ils ne peuvent jamais acheter tout ce qu’ils ont produit. Les capitalistes, une petite minorité qui se restreint, ne sont pas non plus capables de le faire. On peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure les capitalistes sont prêts à acheter la camelote produite par leurs usines. Résultat: un penchant constant à la surproduction.
Aujourd’hui celle-ci a atteint un point structurel. L’application des sciences modernes et des techniques atteint les limites du marché capitaliste qui ne peut déjà pas absorber tout ce qui est produit. Nous sommes arrivés à ce que l’on appelle une dépression: une longue période de croissance économique faible, de stagnation et de récessions périodiques caractérisées par un chômage structurel élevé.
La bourgeoisie essaie de repousser devant soi la crise en incitant les travailleurs, les entreprises et les pouvoirs publics à acheter à crédit. Ce qui provoque un amoncellement de dettes qu’il faut un jour apurer, mais cela peut aussi étrangler totalement l’économie. La bourgeoisie agit donc comme le ferait un toxicomane: se donner un dernier «shoot» de crédit.
Le taux de profit
Le capitaliste n’est pas seulement intéressé par le taux d’exploitation mais aussi par le rapport entre le travail non payé et la totalité de ce qui a été investi en capital. On appelle cela le taux de profit ou la quantité de profit par unité de capital investie. Celui-ci a constamment tendance à baisser ce qui signifie qu’il faut investir de plus en plus de capitaux pour maintenir les profits. La concurrence oblige les capitaliste a installer des machines de plus en plus performantes, qui coûtent de plus en plus chers et qui doivent être amorties de plus en plus vite. C’est pour cela que les patrons instaurent le travail en équipes et le travail en continu. Leurs investissements doivent tourner 24h sur 24. La demande croissante de capitaux à investir se fait au détriment des dépenses en force de travail, seule source de plus-value.
La bourgeoisie essaie de rétablir le taux de profit en augmentant le taux d’exploitation. Cela a pour conséquence de réduire le pouvoir d’achat. Résultat: les progrès scientifiques et techniques ne se traduisent pas dans la société capitaliste par plus de bien-être, mais par le chômage et l’affaiblissement du marché. Le taux de profit est tellement bas que la spéculation en bourse rapporte souvent plus.
La crise est structurelle. Chaque solution se heurte aux limites du capitalisme. Ne nous demandons pas comment prolonger l’agonie de ce système, mais comment satisfaire les besoins des travailleurs et de leur famille.
Le MAS est pour un partage équitable du travail disponible entre toutes les mains par l’application des 32 heures. Sans perte de salaire car nous ne voulons affaiblir le pouvoir d’achat et parce qu’il y a déjà suffisamment de travail salarié non payé. Nous n’avons rien contre le fait de consacrer une partie de notre travail pour les soins, l’enseignement et les services publics mais par pour remplir les coffres-forts d’une poignée de riches. Seule une société socialiste démocratique en est capable.
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Les réponses des grands partis ne tiennent pas la route
Il n’y a pas beaucoup d’obserteurs qui font le rapport entre le score de l’extrême droite du 13 juin et les problèmes liés au travail. Cela fait pourtant 25 ans que la bourgeoisie est à l’offensive sur ce front.
Peter Delsing
1975-’81: travail et capital sont en équilibre
En 1975, la crise atteint la Belgique. Le chômage double quasiment: de 96.933 à 174.484. Frappés de plein fouet par la crise pétrolière, les patrons exigent la suppression de l’index qui adapte les salaires à la hausse des prix. La puissance des syndicats y fera obstacle pendant des années. Les grands mouvements de grève du début des années 70 toute l’Europe s’était radicalisée dans la foulée de Mai 68 avaient mis sous pression les bénéfices des entreprises. De 1970 à 1975, les salaires réels ont crû de 44%, la productivité «seulement» de 31%.
La crise de surproduction était pourtant déjà annoncée. La hausse des salaires des années 60 et du début des années 70 n’avait pas empêché les investissements de croître énormément.
A tel point que, à cause de la répartition inégale des richesses entre les capitalistes et le reste de la population, la croissance du marché ne pouvait plus suivre celle de la capacité de production.
Dans un premier temps, le gouvernement cherche la parade dans une politique keynésienne: stimuler la demande. De 1974 au début des années 80, près de 200.000 emplois sont créés dans la fonction publique. On emprunte sans compter pour financer des «programmes d’embauche» et subsidier les industries en crise. Toutes ces mesures n’ont pourtant pas fait baisser le chômage. Elles n’ont fait que limiter les dégâts.
La bourgeoisie a mis les pouvoirs publics à contribution pour faire face à la crise, ce qui a donné lieu à des déficits budgétaires galopants, une charge de la dette écrasante et de fortes hausses de prix. Tandis que le gouvernement faisait fonctionner la planche à billets, la production cessait d’être rentable: la phase d’expansion généralisée était terminée. Dans les années 60, la croissance économique réelle était de 4,8% en moyenne. Dans les années 70, c’était 3,4%. Dans les années 80, ce n’était plus que 2% malgré la forte croissance de la dette publique. Dans les années 90, elle est passée sous la barre des 2%. Depuis la crise économique de 2001 aux Etats-Unis, les chiffres de la croissance pour l’économie belge sont encore plus faibles.
1982: l’offensive néo- néolibérale libérale
C’est le gouvernement Martens V qui a donné le coup d’envoi de la politique d’austérité drastique en 1982. Dès le mois de février, les dirigeants syndicaux pliaient le genou. Le président de la CSC, Jef Houthuys, avait alors permis au gouvernement de dévaluer le Franc belge de 8,5% afin de stimuler la croissance et les exportations. Le pouvoir d’achat des travailleurs a durement accusé le coup.
Pour achever de les prendre à la gorge, on a effectué plusieurs sauts d’index. De 1981 à 1985, les salaires réels baisseront de 13% à 21% selon les catégories!
Comment le gouvernement comptet- il résorber le chômage? L’idée de départ est qu’il faut rétablir les profits et la compétitivité des entreprises. Dans cette logique, il faut comprimer les coûts salariaux pour diminuer les frais d’embauche. A côté des attaques directes comme les sauts d’index, il y a eu le plan Maribel de 1981: les cotisations «patronales» à la sécurité sociale faisaient pour la première fois l’objet d’une réduction généralisée. C’est une atteinte au salaire indirect des travailleurs qui doit couvrir le chômage, la maladie et la vieillesse. La politique néo-libérale signifie aussi une percée de la flexibilité au milieu des années 80: on fait table rase des limitations au temps partiel et et au travail en équipes, du congé du dimanche, de la durée maximale du temps de travail,…D’autres mesures contre le chômage étaient les programmes de mise à l’emploi: stages des jeunes, Cadre Spécial Temporaire, Troisième Circuit de Travail, Agents Contractuels Subventionnés,… Il s’agit de statuts subsidiés totalement ou partiellement par les pouvoirs publics.
L’introduction de différents systèmes de prépension devait aussi contenir le chômage. Tous ces statuts continuent pourtant de dépendre des allocations de chômage.Tous ces cadeaux au patronat n’ont pas fait reculer le chômage. Même pendant le bref regain de croissance de 1986-89, le chômage réel est resté au même niveau (phénomène de la «croissance sans emploi»). Ceci alors que le gouvernement falsifie les chiffres en recourant aux suspensions du droit aux allocations (près de 110.000 exclusions temporaires ou définitives entre 1983 et 1985) ou en évacuant des statistiques les chômeurs âgés, les stages d’attente, les prépensionnés, les chômeurs à temps partiel contre leur gré, les pausescarrières,…
Plusieurs de ces catégories continuent pourtant de dépendre des allocations de l’ONEm.Si le chômage n’a pas reculé, ces mesures n’ont cependant pas été un coup d’épée dans l’eau pour tout le monde. Les bénéfices des entreprises sont passés de 20 milliards de FB en 1980 à 169 milliards en 1987 (en valeur de 1980).
La chute du stalinisme (’89- ’92) et ses effets sur le mouvement ouvrier
L’offensive néo-libérale a été entamée par des politiciens ouvertement de droite : Verhofstadt, Martens, Thatcher, Reagan, etc. Après la chute du stalinisme et l’offensive idéologique de la bourgeoisie en faveur du marché libre, les dirigeants de la socialdémocratie, eux, n’ont pas hésité non plus à saisir cette occasion pour mener une politique antisociale.Dans le cadre de la réalisation des normes du Traité de Maestricht (1993), visant à introduire l’euro, le gouvernement belge ébaucha le Plan Global, un programme d’austérité sévère. Ce plan officialise le lien entre l’emploi et la baisse des ‘charges patronales à la sécurité sociale’. Cette recette s’est déjà avérée inefficace dans les années quatre-vingt. Le Plan Global comprenait les plans d’entreprise qui lient partage du travail, flexibilité et allègement des charges patronales.
Mais, même lors du boom des années 90, les dépenses de la Sécurité Sociale ont continué à grimper. Entretemps, le taux de chômage n’a pas baissé. La politique d’austérité mise en place dès le début des années 80, comprenant la baisse des salaires réels et des allocations sociales, n’a fait qu’appauvrir le pouvoir d’achat et aggraver la crise de surproduction. A quelle situation était-on confronté à la fin des années 90 ? 35 pc des salariés avaient un statut flexible (travail de nuit, du soir, du week-end, en équipe).
En 1998, 17,8% des salariés travaillaient à temps partiel (contre 3% en 1973). Seuls la moitié des embauches à temps plein étaient à durée indéterminée. Les entreprises avec 10% d’intérimaires sont devenues la règle. Entre 1993 et 1997, 130 mille personnes, surtout des femmes, ont été virées du chômage. Après 2001, une année de crise, le nombre de sansemplois (de toutes sortes) était supérieur à un million, soit 25% de la population active. En 1970, il n’y avait encore que 71.000 personnes sans emploi, soit 1,9%. La crise du capitalisme est devenue structurelle.
L’Etat social actif (1999): bosser pour son allocation
Avec le gouvernement arc-en-ciel, la mise au travail forcée – sous peine de perdre leur allocation – des chômeurs de longue durée et des minimexés est devenue la norme (ce processus avait déjà été inauguré par les emplois-Smet et les ALE). Il s’agit ainsi de veiller à ce qu’ils soient « disponibles sur le marché du travail » et à ce qu‘ils acquièrent une « discipline de travail ».
On veut insuffler l’idée que les individus doivent faire un effort d’adaptation pour décrocher un emploi. Selon les statistiques du VDAB (l’organe de placement en Flandre) publiées en 2003, il y a 6 chômeurs pour chaque offre d’emploi.Le sommet européen de Lisbonne (2000), qui voulait faire de l’Europe la zone la plus compétitive du monde capitaliste d’ici 2010, fournira une nouvelle occasion d’imposer aux chômeurs n’importe quel emploi-bidon. Le taux d’activité doit augmenter pour pouvoir financer à terme le coût du vieillissement et maîtriser les dépenses de la sécurité sociale. Le but est de démanteler le système des prépensions et de jeter les chômeurs en pâture à un marché du travail répondant aux normes américaines de flexibilité et de coût salarial. Les entreprises devraient ainsi être incitées à investir davantage dans l’emploi dès que l’économie manifestera des signes de reprise. Cette politique ne fera qu’élargir le fossé entre riches et pauvres, comme aux Etats-Unis.
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Appel pour une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi
Actuellement, selon l’ONEm il y a officiellement 536.662 demandeur d’emploi en Belgique, parmi lesquels 426.071 chômeurs complets indemnisés. Si on y ajoute les nombreux chômeurs à temps partiel, les prépensionnés, et tous ceux qui ont un statut Aprécaire, on dépasse le million.
Nikei De Pooter
1 jeune sur 5 est officiellement au chômage
En 2003, le gouvernement violet avait promis la création de 200.000 emplois d’ici 2007 et de s’attaquer au chômage des jeunes…beaucoup de bruit pour rien, à l’image des plans d’embauche des jeunes des 10 dernières années. Les chiffres du chômage des jeunes ne cessent de grimper d’année en année. En décembre 2003, près d’un jeune sur cinq était officiellement au chômage; une hausse de 4501 unités par rapport à décembre 2002, soit +13 % en Flandre, + 8 % en Wallonie et +9 % à Bruxelles. Dans certaines villes de Wallonie, plus de 30% des jeunes qui sortent de l’école atterrissent au chômage. A Charleroi, ce chiffre grimpe à 43 % chez les jeunes filles!
En réponse à l’augmentation du chômage, le gouvernement a créé toutes sortes d’emplois précaires couplés à des baisses de charges supplémentaires pour les entreprises. Citons par exemple la carte-emploi du Ministre flamand de l’Emploi Renaat Landuyt. Cette carte donne droit à une soi-disant formation dans une entreprise, c’est-à-dire que le jeune travaille 6 mois dans une entreprise.
Entre-temps, il continue de toucher ses allocations de chômage, la différence avec le salaire net réel étant compensée par l’ONEM. Un autre exemple, ce sont les plans Rosetta successifs dont Laurette Onkelinx a exécuté la troisième version. Avec tous ces plans d’embauche, l’emploi des jeunes est largement subsidié par les pouvoirs publics. Aucun patron ne va recruter des jeunes chômeurs s’il n’a pas besoin de main d’oeuvre. Ce n’est donc rien d’autre qu’un cadeau aux entreprises. La stratégie du gouvernement est de faire en sorte que les travailleurs âgés puissent être licenciés le plus vite possible, car ils coûtent plus cher du fait de leur ancienneté. On dresse ainsi les travailleurs âgés contre les plus jeunes. Le patronat va utiliser les jeunes pour faire pression sur les conditions de travail et les salaires de l’ensemble des travailleurs.
Les jeunes sont de plus en plus considérés comme une main d’oeuvre flexible et sous-payée. Aujourd’hui, plus d’un jeune sur cinq trouve son premier emploi dans une agence d’intérim. Ces emplois intérimaires dépendent particulièrement de la conjoncture: quand l’économie entre en crise, ce sont ceux-là qui disparaissent en premier lieu. Cela ne va pas s’améliorer avec la proposition de Frank Vandenbroucke (SP.a) de créer 25.000 “emplois” par le truchement des titresservices. D’après Vandenbrouke, les agences d’intérim devraient pouvoir en fournir également. C’est la négation de toute idée d’emploi fixe avec un salaire digne de ce nom.
Les allocations ont également été soumises à forte pression ces 20 dernières années. Alors que les allocations de chômage représentaient 42 % du salaire moyen il y a 20 ans, ce n’est plus que 28 % aujourd’hui. L’allocation d’invalidité est tombée de 44% à 33 % du dernier salaire.
Le gouvernement veut exclure 30.000 chômeurs
Les mesures d’austérité du gouvernement signifient des profits plus élevés pour les entreprises, des salaires plus bas et des conditions de travail plus flexibles pour les jeunes. Ceux qui ne sont pas disposés à fonctionner dans cette logique sont sanctionnés. Le journal De Tijd a publié des notes internes de plusieurs cabinets qui font état du projet de radier 30.000 chômeurs d’ici 2007. En outre, le gouvernement a per-mis à l’ONEm d’accéder aux données des organismes de placement régionaux, ce qui constitue une sérieuse rupture avec le passé. Cela ne va pas servir à “accompagner” les chômeurs, mais bien à mettre en oeuvre un mécanisme d’exclusion et de suspension pour des dizaines de milliers de chômeurs. Ce genre de mesures va acculer à la pauvreté une couche encore plus large de la population. En 2003, 19.000 jeunes entre 18 et 25 ans ont demandé un revenu d’intégration au CPAS. C’est quatre fois plus par rapport à 1990!
Le gouvernement a annoncé ces mesures avant les élections de juin. Cela doit nous faire craindre le début d’une offensive plus générale contre les acquis de la classe ouvrière. Le gouvernement a maintenu son budget en équilibre par le bradage de son «argenterie» et par la reprise du fonds de pension de Belgacom. Nous nous attendons à ce que le gouvernement lance après les élections un plan d’austérité comparable à ceux des Pays-Bas, de France et d’Allemagne.
La privatisation des services publics est également à l’agenda. La Poste se transforme en une “entreprise rentable, compétitive”, ce qui implique la perte de 10.000 emplois. La SNCB est désormais scindée en deux parties, ce qui ouvre la voie à la privatisation du transport de marchandises et du transport international de voyageurs. Ici aussi on parle de milliers de pertes d’emploi. La privatisation des services publics signifie qu’ils ne seront plus des services à la population: le profit passe avant tout. Cela se fera aux dépens des conditions de travail et de la qualité du service à la population.
Les acquis de la classe ouvrière sont clairement dans la ligne de mire du gouvernement. Pour résoudre fondamentalement le problème du chômage, il faut des mesures structurelles. Il faut s’en prendre au chômage et non aux chômeurs ! Cela ne peut se faire qu’en luttant contre la politique néo-libérale : pour une semaine de travail de 32 heures sans perte de salaire avec embauches compensatoires, pour que l’emploi disponible soit réparti parmi tous les travailleurs. De cette façon le progrès scientifique et technique ne mène plus à une augmentation du chômage et à plus de profits pour les entreprises, mais à garantir plus de temps libre et un revenu décent pour tout le monde. Si une même quantité de richesse peut être produite en moins de temps de travail, il n’y a aucune raison d’échanger ce temps de travail gagné par des salaires plus bas.
Fait campagne avec nous pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi.
Si nous voulons empêcher les mesures du gouvernement et apporter de vraies solutions au chômage galopant, nous devons construire un rapport de force.
En ’82 et ’84, il y a eu des marches de jeunes pour l’emploi contre les plans anti-sociaux du gouvernement. La dernière marche des jeunes a eu lieu le 24 octobre 1993. Blokbuster avait pris pour cela l’initiative de contacter une série d’organisations, en tenant compte des expériences des années ’80. 10.000 jeunes avaient alors manifesté pour l’emploi et contre le racisme. Le FAF, les jeunes-FGTB flamands et les Jeunes Socialistes flamands avaient participé à l’organisation de cette marche des jeunes.
En 1993, il y avait officiellement 107.000 jeunes de moins de 25 ans au chômage et le gouvernement avait lancé une attaque contre les chômeurs. L’article 80 avait été introduit, qui permettait de suspendre les chômeurs cohabitants de longue durée. Durant la première moitié de l’année 1993, 67.000 chômeurs furent privés d’allocation. Ce sont surtout des jeunes et des femmes qui en furent les victimes. En 10 ans, pas moins de 193.000 femmes ont perdu leurs allocations. A l’apogée du mouvement anti-raciste, nous pensions qu’il était nécessaire de combiner la lutte contre le racisme avec la lutte pour des emplois stables et un revenu décent pour tous. Nous ne voulions pas nous laisser diviser sur base de la crise économique.
Nous pensons qu’aujourd’hui il est nécessaire de renouer avec ces traditions comme premier pas vers la construction d’un rapport de force. C’est dans ce cadre que nous avons écrit une lettre aux organisations jeunes des syndicats. En ce moment nous attendons leur réponse…mais dès maintenant, nous appelons toutes les personnes intéressées à nous donner leurs coordonnées pour pouvoir commencer la campagne à pleins tubes dès que nous aurons reçu le feu vert.
Aidez-nous à faire de cette marche des jeunes une réussite !
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Ni les partis traditionnels ni les fascistes N’ONT DE SOLUTIONS!
Chômage, pauvreté, listes d’attente, services publics
LA DEFAITE électorale du MR a rendu politiquement impossible le maintien de la coalition violette. En sanctionnant le MR et en plébiscitant le PS, les travailleurs et leurs familles ont voulu voter contre la politique néo-libérale. Pourtant, la nouvelle coalition entre le PS, le CDH et Ecolo – l’Olivier – ne remettra pas en cause le "Contrat d’Avenir pour la Wallonie".
Anja Deschoemacker et Thierry Pierret
Le Contrat d’Avenir vise à "redresser la Wallonie" en faisant table rase des obstacles – syndicaux et environnementaux – aux profits des entreprises. Le PS et le CDH refusent de réclamer un refinancement de l’Etat fédéral pour répondre aux besoins criants de l’enseignement. Sous prétexte de ne pas déforcer leur position face aux revendications des partis flamands.
Les mois qui viennent seront chauds sur le plan communautaire. Cette nouvelle poussée de fièvre n’aura pas d’autre but que de jeter un rideau de fumée sur un fait capital : à défaut de parler la même langue, les partis établis du pays parlent tous le même langage, celui de faire payer la crise à la population laborieuse. Dès le mois d’octobre, quelque 90.000 jeunes chômeurs seront convoqués à l’ONEm en vue de contrôler leur disponibilité. Plusieurs milliers d’entre eux seront suspendus les mois suivants. Ensuite, ce sera le tour de la tranche d’âge supérieure. Aucun parti ne s’y oppose. Si personne ne s’y oppose, les chômeurs seront un oiseau pour le chat. La perte de leurs allocations les forcera à accepter n’importe quel emploi, des emplois précaires, mal payés et /ou ultra-flexibles.
La population laborieuse – y inclus ceux que le manque d’emplois force à vivre d’une allocation – ne pourra utiliser aucun des partis établis comme instrument pour défendre ses intérêts. Pour lutter contre la course à la flexibilité et le détricotage de toute protection des salariés contre l’arbitraire patronal. Pour lutter pour le maintien et même de la nécessaire extension de la sécurité sociale et des services publics. Depuis 1991, le MAS lie la lutte contre l’extrême droite à celle pour un programme social qui puisse éliminer le terreau du Vlaams Blok et du Front National. Les voix pour ces partis ne sont pas des voix pour le fascisme. Nombre d’entre elles sont des votes de protestation. Les sentiments racistes qui vivent dans une partie de la population laborieuse sont dus à la manipulation. On crée l’illusion – pas seulement l’extrême droite – qu’on peut s’en sortir en excluant les immigrés ou en larguant les Wallons. En réalité, ce serait encore pire.
Si la population laborieuse veut en finir avec la politique de droite, elle devra lutter de façon unifiée. Cette lutte pourrait donner lieu à des initiatives susceptibles de mener à terme à la création d’un parti qui défende réellement les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Le MAS a déjà pris langue avec les organisations de jeunes des syndicats et des dizaines d’autres organisations afin d’organiser ensemble une nouvelle marche des jeunes pour l’emploi.
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La politique néo-libérale repose sur du sable
Elections du 13 juin
Les élections ont signifié en Flandre une victoire pour la droite et surtout pour l’extrême droite, mais cette dernière gagne également du terrain à Bruxelles et en Wallonie. Ce sont de tristes nouvelles pour tous les gens de gauche qui voient les choses en termes de solidarité, d’égalité et de bien commun. La radicalisation de la droite a triomphé – notre peuple d’abord, nos entreprises surtout, moi d’abord, le reste après. Normalement cela devrait être une excellente nouvelle pour le patronat. La victoire de la droite lui laisse pourtant un arrière-goût amer. Le pays devient comme ingouvernable alors que le patronat désire actuellement un fort plan d’austérité.
La coalition violette a néanmoins fait un bon calcul. En 2003 tous les partis de la coalition actuelle avaient gagné les élections fédérales avec brio. Le « renouveau », l’attention pour l’emballage, la mise en avant de ce qui en terme moderne est appelé « la perception » avait porté ses fruits. Les bureaux de communication faisaient merveille. Entre-temps, les partenaires de la coalition violette avaient plus que mouillé les verts dans le bain de la participation gouvernementale; ils les avaient presque noyés. Agalev disparaissait du parlement fédéral, Ecolo perdait plus de la moitié de ses élus. La coalition violette estimait avoir fait du bon boulot. Apporter un message positif diminue la pression sur les aspects négatifs, c’est le mode d’emploi de la coalition violette. La politique des gouvernements Verhofstadt I et II peut se résumer à ces quelques points: une politique néo-libérale de privatisations, de poursuite de la flexibilité, de baisse d’impôts pour le patronat. Cette politique a été atténuée par les revenus de la vente des biens collectifs comme les bâtiments et les entreprises publiques. Le Ministre du budget Vande Lanotte a encore pu, année après année, équilibrer les budgets par le bradage ahurissant des biens collectifs. Verhofstadt mène, a un rythme plus modéré, essentiellement la même politique que Balkenende aux Pays-Bas, Raffarin en France et les sociaux-démocrates Blair et Schröder en Grande-Bretagne et en Allemagne
La pression du patronat pour la poursuite d’une politique libérale encore plus dure a cependant eu des effets. Il s’est avéré qu’en dépit de toutes les affirmations les impôts ne diminuaient pas sous Verhofstadt; la fameuse amnistie fiscale n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau, la communauté internationale a rappelé la Belgique à l’ordre pour sa politique de mesures uniques destinées à maintenir la croissance. L’augmentation du nombre de chômeurs de 35.000 unités, soit 7.1 %, depuis mai 2003 constitue un douloureux écho à la promesse de Verhofstadt de créer 200.000 emplois. Pour redresser la situation, la coalition avait organisé les supers-conseils des ministres (les conclaves). Il en a résulté de nombreux cadeaux fiscaux pour le patronat mais également plus de contrôle des chômeurs, le FOREm et l’ORBEm devenant de véritables machine à suspendre du fait qu’ils sont désormais associés à ces contrôles. En outre, Frank Vandenbroucke a permis le retour de la journée des 10 heures en accord avec le secteur de la construction. Cela peut nous donner un avant-goût de ce qui nous attend après le 13 juin.
La « perception » peut créer un sentiment illusoire de satisfaction pendant un certain temps, mais on finit tôt ou tard par être rattrapé par la réalité. La politique traditionnelle fustige le négativisme (dénonciation que « rien ne va » dans la société), l’anti-politisme sur lequel le Vlaams Blok construit son fond de commerce. Le Blok ne pourrait pourtant pas se repaître de ce négativisme sans que ce sentiment ne trouve une base matérielle quelque part. Celle-ci n’est pas difficile à trouver : il suffit de constater l’augmentation du chômage et de la pauvreté, l’augmentation de la durée du travail, l’allongement des listes d’attentes pour des logements sociaux et des institutions de santé, la flexibilité croissante du marché du travail, l’état des bâtiments scolaires, les licenciements à La Poste et à la SNCB pour préparer l’ouverture à la concurrence, etc…
Contrairement à ce que certains espèrent et/ou affirment, la population n’est pas bête. Elle sait que les mesures prises seront drastiques pour ses conditions de travail et pour son niveau de vie. Elle sait également que ni les patrons ni les politiciens ne feront les frais de cette politique. Dans une telle situation il n’y a pas 36.000 solutions. La lutte collective devrait offrir une issue, mais avec le sommet de la FGTB qui, en la personne de Mia de Vits, s’est littéralement conduit en vassal du pouvoir gouvernemental, il semblait ne pas y avoir de solutions. S’en remettre au SP.a/Spirit pour empêcher une nouvelle détérioration n’était pas plus réaliste: les ministres SP.a sont les meilleurs gestionnaires que le patronat puisse imaginer. En Wallonie et à Bruxelles, le PS l’a emporté malgré sa participation gouvernementale et bien qu’il ne fasse qu’un avec la politique néo-libérale. Comme le PS se présente comme le seul frein aux mesures brutales d’austérité dans le gouvernement, il a pu être le seul parti de la coalition à enregistrer une forte avancée.
Groen!. C’est avec une copie de la campagne de Tobback « le SP est nécessaire » qu’il a pu se rétablir spectaculairement de sa défaite de 2003. Vera Dua et Cie sont assez réalistes pour ne pas rempiler au gouvernement. Ce n’est pas le cas d’ECOLO qui souhaite une pariticipation malgré leur défaite des législatives en 2003 et malgré qu’ils n’aient pas su rétablir leurs position autant qu’ils le voulaient (ils perdent 11 sièges au parlement wallon et 7 sièges au parlement bruxellois). Une fois que l’on a gôuté au pouvoir, il est difficile de s’en passer! Si ils participent effectivement au gouvernement régional, ils auront fort à faire pour défendre leur positions dans des formations où ils auront le moins bon rapport de force. Groen! se rend compte qu’il lui serait fatal de participer à un gouvernement qui sera de toute façon fortement instable. Imagine-t-on pour autant que Groen! va organiser la résistance contre le pillage néo-libéral ? Groen! est contraint de rester dans l’opposition. Son plus grand concurrent, le SP.a/Spirit, est en position difficile. Groen! espère ainsi se refaire une santé avant de tenter à nouveau une participation gouvernementale.
En bref : la résistance collective semble en rade. Dans ces circonstances, beaucoup de gens se tournent – dans l’espoir de ne pas devenir une victime – vers de fortes figures qui tirent profit de l’offensive antisociale. Dewinter et le Vlaams Blok s’en sont fait une spécialité. Dehaene également, avec sa mine bourrue et son profil de bûcheur acharné. Si Le cartel CD&V-NV-A devient bel et bien la plus grande formation, il doit avoir le triomphe modeste. En 1999, le CVP récoltait seul 30 sièges, la Volksunie 12. Aujourd’hui le cartel doit se satisfaire de 35 sièges, dont 6 sièges pour le partenaire NV-A. Pour former une majorité, il faut 63 sièges. Seule une coalition CD&V-NV-A Vlaams Blok permettrait d’avoir une majorité avec deux formations. Le Blok devrait cependant faire beaucoup de concessions pour que le sommet du CD&V et surtout Yves Leterme, son président, se résolvent à rompre le cordon sanitaire. Vu que Groen! a fait le choix de l’opposition – à moins que, mis sous la pression, il ne retourne sa veste – il ne reste comme option qu’une tripartite classique.
Di Rupo a toute latitude de choisir entre le MR et le CDH. En guise de clin d’oeil vers le MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien), de toute manière moins lié avec le CDH qu’en Flandre, une coalition rouge-romaine serait peut-être la meilleure option pour lui. Quoi qu’il en soit, le cartel CD&V-NVA est dans une position difficile pour manœuvrer dans les négociations communautaires comme la régionalisation d’une partie de la sécurité sociale et la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Un PS puissant va se positionner comme leader de la Communauté française. Il va argumenter que le gouvernement flamand veut imposer à la Communauté française une politique d’austérité antisociale. Si le PS est déjà d’accord avec une nouvelle réforme de l’état, il en exigera le prix fort dans les négociations. Avec de l’autre côté de la table une tripartite qui a comme seule opposition le Vlaams Blok et la petite fraction Groen!, Di Rupo sait que le gouvernement flamand ne dispose pas d’une assise solide. De plus, le patronat n’a pas non plus intérêt à voir s’installer une crise communautaire de longue durée.
Quel que soit le gouvernement qui émergera, les résultats électoraux n’offrent pas de base stable à la bourgeoisie pour prendre les mesures d’austérité qu’elle aurait souhaitées. Sa seule consolation est qu’il n’y a pas un seul parti dans le(s) parlement(s) qui soit prêt à défendre les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Le contrôle de la base par les appareils syndicaux n’est pourtant pas total. Et cela se voit encore plus dans les faibles résultats de Mia De Vits pour le SP.a aux élections européennes. Si les travailleurs descendent massivement dans la rue, ils pourront contrarier temporairement l’offensive néo-libérale. Cependant, tant que nous n’aurons pas de nouveau un grand parti des travailleurs, l’offensive de la bourgeoisie repartira de plus belle
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Le PS et le logement. Marchands de sommeil et poudre aux yeux
LE PS SE fait fort de construire 3.000 logements sociaux par an. A Bruxelles, le Secrétaire d’Etat régional PS Alain Hutchinson cultive l’image de «Monsieur Logement social». Son Plan pour l’avenir du logement prévoit la création de 5.000 logements publics en 5 ans.
Thierry Pierret
C’est largement insuffisant pour résorber la pénurie de logements sociaux: 25.000 ménages bruxellois sont sur les listes d’attente! De plus, à y regarder de plus près, ces 5.000 logements ne seront publics que dans la mesure où ils seront bâtis sur des terrains publics que la Région mettra à la disposition du privé. Mais le privé n’acceptera de construire des logements que s’il peut en retirer des bénéfices, ce qui est incompatible avec la notion même de logement social.
Hutchinson se vante d’avoir obtenu une hausse de 12 millions d’euros pour la politique du logement en 2003. Mais de ces 12 millions d’euros, 6,9 millions seront affectés au Fonds du Logement qui accorde des prêts hypothécaires à des taux avantageux aux ménages à faibles revenus. Il est infiniment moins coûteux pour la Région d’accorder des prêts hypothécaires, fût-ce à des taux très bas, que de construire de nouveaux logements sociaux. Cette politique d’accès à la propriété n’augmente pas l’offre de logements alors que, de l’aveu même d’Hutchinson, il y a un manque criant de logements à Bruxelles. Les 5,1 millions restants ne serviront pas pour autant à construire de nouveaux logements sociaux. Le budget des Agences immobilières sociales, qui louent des logements privés pour le compte de leur propriétaire, a été quintuplé. De plus, le nouveau Code bruxellois du Logement prévoit un droit de gestion publique pour les logements laissés à l’abandon.
C’est-à-dire que la Région les met d’office en location et les rénove au besoin… aux frais du contribuable. Le loyer est versé au propriétaire indélicat qui s’en tire à bon compte. Le budget pluriannuel 2002-2005 prévoit une enveloppe de 198 millions d’euros pour la politique du logement à Bruxelles, soit une hausse de 21%. Cet argent sera versé aux Sociétés immobilières publiques (SIP) pour qu’elles rénovent leur parc de logements sociaux. En contre-partie, les SIP devront signer avec la Région un contrat de gestion où elles s’engagent notamment à atteindre l’équilibre budgétaire et à promouvoir la «mixité sociale». Cela signifie qu’elles vont rehausser le plafond de revenus pris en compte pour avoir droit à un logement social afin d’attirer des ménages plus fortunés.
Vu que l’offre globale de logements sociaux n’augmentera pas, ou si peu, cette politique ne fera que restreindre encore plus l’accès des plus pauvres au logement social. Bref, les marchands de sommeil ont encore de beaux jours devant eux.
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Procès du Vlaams Blok. Rien d’essentiel n’est réglé
La récente condamnation pour racisme de trois asbl liées au Vlaams Blok a été largement répercutée par les médias. Elle relance le débat sur la stratégie pour lutter contre le fascisme car après cette condamnation le Vlaams Blok se présente comme une victime. Pire: le Vlaams Blok semble progresser dans les intentions de vote.
Geert Cool
Voilà ce qui arrive quand on essaie de résoudre un problème politique – la croissance électorale de l’extrême-droite – par des procédés juridiques. Depuis des années, nous répétons que l’on ne peut lutter validement contre la croissance électorale de l’extrême-droite que sur le terrain politique: en prenant le mal à la racine, en donnant une réponse aux problèmes sociaux (chômage, pauvreté, habitat,…) engendrés pas la crise capitaliste et qui forment le terreau sur lequel grouille l’extrême-droite.
Dans une certaine mesure le verdict représente une menace pour Vlaams Blok si cela signifie un premier pas vers la suppression du financement de ce parti. Pour l’instant le Vlaams Blok a besoin de ce financement car il tente de se donner un profil «acceptable» en menant une campagne politique «soft». Par exemple les gants de boxe ont disparu des affiches du Blok. A l’instar des autres partis bourgeois il revendique «moins d’impôts».
Manifestement le Blok tente d’attirer les voix de nouvelles couches d’électeurs. Le 1er Mai il a organisé à Mortsel (Anvers) un rassemblement devant la statue d’un industriel (Lieven Gevaert), et Freddy Van Gaever (ex-patron d’une compagnie aérienne flamande et Blokker convaincu) y prononcé un discours dénonçant «les chômeurs profiteurs». En même temps le Blok espère ne pas perdre sa popularité parmi les chômeurs. Il est clair que les contradictions de classes vont rendre de plus en plus difficile ce double jeu du Vlaams Blok.
Le verdict contre le Blok est un handicap provisoire pour courtiser la droite réactionnaire. A Anvers il y a ouvert une permanence téléphonique où l’on pouvait dénoncer les illégaux, mais il a dû faire marche arrière car cela rappelait les pratiques des nazis pendant la guerre. Il est clair que la Vlaams Blok tâtonne à mi-chemin entre un profil «radical» et une image «respectable».
Du côté francophone, le verdict contre le Vlaams Blok a donné lieu à une série de conférences où les partis traditionnels sont venus, la main sur le coeur, clamer leur «antifascisme»… tout en étant prêt à mener la même politique néolibérale qui fabrique des électeurs d’extrême-droite à tout de bras!
Nous n’avons pas besoin de jugement pour désigner le Vlaams Blok comme étant un parti raciste et pour mobiliser contre leurs méfaits racistes. Il faut en même temps mener campagne pour que chacun ait un emploi, un logement convenable à un prix abordable, pour que les services publics ne soient pas privatisés. Ce n’est qu’avec un programme anticapitaliste radical et une organisation de combat pour le socialisme que l’on pourra à la fois stopper l’offensive patronale et faire reculer électoralement l’extrême-droite.