Category: National

  • De l’intérêt de la crise politique pour le mouvement ouvrier – Un regard réellement socialiste sur la crise politique persistante

    La tentative de conciliation de Vande Lanotte était qualifiée de tantième ”négociation de la dernière chance”. A nouveau, aucun accord n’a été obtenu, mais il apparaissait en même temps qu’il ne s’agissait pas de ”la dernière chance” non plus. Les négociations continuent sous la direction de Vande Lanotte, avec De Wever et Di Rupo, et de nouveaux pourparlers ”cruciaux” vont suivre. Le gouvernement en affaires courantes sous la direction d’Yves Leterme a entretemps reçu du Roi la demande d’élaborer un budget pour 2011 avec un déficit plus bas que prévu.

    Texte d’Anja Deschoemacker au nom du Bureau Exécutif du PSL

    L’homme et la femme de la rue ne savent plus que penser. La dépression, le cynisme et surtout le défaitisme sont aux prises avec le fou rire, bien que ce soit un rire jaune. Entretemps, les institutions internationales, y compris les institutions de crédit, commencent en avoir assez. Les journaux sont remplis d’articles consacrés à la menace issue des marchés financiers. Selon le bureau de recherche du marché CMA, le risque d’une faillite de la Belgique a considérablement monté au cours du dernier trimestre, jusqu’à atteindre 17,9% (site web du quotidien flamand De Tijd, 10 janvier 2011). Avec cela, notre pays occupe aujourd’hui la 16e place des pays à risque, contre la 53e il y a neuf mois.

    Cela doit être fortement nuancé. Même si la crise politique et l’absence d’un gouvernement stable attire évidemment l’attention et peut donner des idées aux spéculateurs, il est insensé de mettre la Belgique au même niveau que la Roumanie, comme fait le CMA. Ceci étant dit, il est évidemment correct de dire que le taux d’intérêt croissant que la Belgique doit payer sur ses emprunts coûte une masse d’argent, certainement au vu du fait que les intérêts que paie notre pays sur sa dette d’Etat représentent aujourd’hui déjà à peu près 11% du PIB.

    Si ces éléments sont actuellement très fortement mis en avant dans les médias et si les dangers sont encore souvent exagérés, c’est surtout afin de mettre pression sur les partis impliqués dans les négociations pour enfin conclure un accord et former un gouvernement. Si la NVA ne peut pas y être poussé, même pas quand la crise financière frappe à nouveau, cela constituera la donnée devant servir pour gouverner sans la NVA, car la NVA ne veut pas gouverner et ”nous ne pouvons pas entretemps voir sombrer le pays”.

    Au vu du fait que la Flandre – et donc aussi la Belgique – risque de devenir ingouvernable si les partis traditionnels perdent encore du soutien électoral et que la NVA l’emporte encore, la pression des marchés financiers et des institutions internationales va devoir être très grande avant que le CD&V ne soit prêt. Ce parti qui a durablement été le plus grand parti du pays, le meneur de jeu ultime, est aujourd’hui dans une situation où son existence même est menacée. C’est l’explication principale de son comportement capricieux.

    Le CD&V dit “non, sauf si” – ou était-ce quand même ” oui, mais”?

    Après la déclaration de Wouter Beke selon laquelle le CD&V ne voulait pas se mettre autour de la table avec les sept partis sur base de la note de Vande Lanotte, sauf si des adaptations fondamentales sur des points essentiels étaient préalablement adoptés, la confusion a totalement éclaté. Le bureau du CD&V aurait décidé de dire ”oui, mais” (selon Torfs et Eyskens), mais le G4 du parti (Kris Peeters, Yves Leterme, Steven Vanackere et Wouter Beke) aurait modifié cette décision après que des contacts aient eu lieu avec la NVA pour dire ”non, sauf si”. Wouter Beke a clairement été surpris des réactions et surtout de la décision de Vande Lanotte de démissioner. C’est du poker à haut niveau…

    Et en première vue, cela semble avoir marché. Vande Lanotte peut maintenant quand même continuer à négocier, bien qu’accompagné de deux ”belles mère”: De Wever et Di Rupo. Qu’il n’y ait maintenant aucune garantie que ce triumvirat ne parvienne à quelque chose, pour le dire le plus doucement que possible, peut être clair au vu des premières réactions. Tant la NVA que le CD&V voudraient maintenant emprunter un chemin où moins de thèmes seraient discutés, mais où les réformes concernant ces sujets seraient plus profondes. Le socio-économique est évident mais, pour la NVA, cela signifie par exemple de revendiquer la scission de toute la politique du marché de l’emploi. Les réactions du CDH, du PS et d’Ecolo ont clairement été ”non!” Le CD&V s’oppose d’ailleurs lui aussi à une scission de la sécurité sociale et de l’Onem, ce parti est aussi sous pression de l’ACW (le Mouvement Ouvrier Chrétien en Flandre) et de l’ACV (la CSC en Flandre) qui s’y opposent également.

    Le CD&V et la NVA veulent plus de responsabilisation des gouvernements régionaux et des adaptations dans la note sur Bruxelles, où joue surtout la veille contradiction entre régions et communautés. L’existence de ces deux structures est une exemple typique de ce qu’on appelle le compromis belge : les communautés ont étés créés sur demande de la Flandre qui voulait mener une politique culturelle propre (la Communauté Germanophone utilisant ce développement pour pouvoir elle aussi disposer de compétences communautaires), les régions ont étés créés sur demande de la Wallonie pour pouvoir mener sa propre politique économique. Les deux s’imbriquent et entraînent une structure d’Etat très compliquée.

    Pour les politiciens flamands, les communautés sont les plus importantes. C’est pour cela que les politiciens et les journalistes flamands parlent tout le temps de deux ”Etats régionaux” et que des propositions reviennent pour que Bruxelles soit gérée à partir de la Flandre et de la Wallonie. Ils nient donc que la création d’une Région de Bruxelles a créé une nouvelle réalité qu’on ne peut pas simplement éviter et que l’application d’un Bruxelles géré par les communautés peut conduire dans la capitale à de grandes différences, et même à une politique de séparation. Ils laissent aussi de côté le fait qu’à peu près la moitié de la population bruxelloise ne se considère comme faisant partie ni d’une communauté, ni de l’autre.

    Pour les politiciens francophones, les régions sont la structure de référence, de manière à ce que deux régions (la Wallonie et Bruxelles) se retrouvent face à la Flandre, ce qui renforce évidemment leur position. Ils refusent le développement de ”sous-nationalités” à Bruxelles, ce avec quoi le PSL est d’accord, mais ils passent à côté de la réalité historique que les Flamands ont dû se battre pour avoir, par exemple, le droit à un enseignement néerlandophone, car les compromis qui étaient conclus à ce sujet avant la création des communautés n’ont jamais été réellement appliqués et la politique visant à repousser le néerlandais et à privilégier le français continuaient tout simplement.

    Maintenant que des nouveaux compromis doivent être conclus, ces vielles contradictions continuent à jouer parce que les compromis du passé n’ont pas résolu l’affaire, mais l’ont seulement temporairement ”concilié”.

    Est-ce que ça va finir un jour?

    Les partis francophones ont évidemment tous négativement réagi face au refus du CD&V et de la NVA de se remettre autour de la table à sept. Car eux aussi veulent des adaptations à la note de Vande Lanotte, mais en direction inverse. Ecolo a déclaré être d’accord pour continuer de négocier autour de cette note, avec des amendements, mais le PS et le CDH ont attendu jusqu’aux déclarations du CD&V et de la NVA pour laisser entendre un ”oui, mais”. Le découragement monte : est-ce qu’un accord finira par arriver un jour ?

    Dans sa première déclaration après l’échec de la note Vande Lanotte, Elio Di Rupo a créé une ouverture envers le MR. Cette ouverture a été de suite refermée – les propositions du MR de travailler sur base de l’article 35 de la constitution et de commencer à discuter sur ce que nous voulons encore faire ensemble à partir d’une feuille blanche n’ont pas aidé Reynders à se réimposer – mais c’était un manœuvre tactique importante. En fait, Di Rupo disait ainsi que le PS n’est pas seulement préparé à fonctionner avec la NVA dans un gouvernement qui est de centre-gauche pour le reste, mais également au sein d’un gouvernement de centre-droit. La NVA a fait savoir auparavant qu’elle préférait impliquer les libéraux afin de pouvoir mener une politique sociale (plus) à droite.

    La NVA a aussi laissé savoir qu’elle était en faveur d’une augmentation des compétences pour le gouvernement sortant et être préparée à donner un soutien de tolérance à plusieurs mesures budgétaires, entre autres autour du dossier du droit d’asile et de l’immigration, ce qu’ils avaient déjà proposé à Leterme en octobre. Il est donc clair que pour la NVA, un gouvernement de (centre) droit est un objectif important, un objectif qu’on ne sait pas obtenir sans les partis libéraux comme tant les sociaux-démocrates que les chrétiens-démocrates, et dans une moindre mesure les verts, sont gagnés à l’idée d’une politique d’austérité socialement emballée et accompagnée au lieu d’une thérapie de choc qui conduirait sans doute à une lutte du mouvement ouvrier. Mais il est très clair qu’avec le MR, il serait encore beaucoup plus difficile d’arriver à un accord autour du dossier symbolique par excellence – la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde – au vu des intérêts électoraux du MR/FDF dans la périphérie de Bruxelles. Si Vande Lanotte échoue à nouveau, une tentative de formation d’un gouvernement de centre-droit sans les verts et avec les libéraux n’est pas exclue.

    La pression sur la NVA augmente aussi dans les médias flamands, et il est clair que ce parti constitue un obstacle sérieux pour parvenir à la formation d’un gouvernement. Mais est-ce qu’il y a la possibilité d’arriver à un accord, avec ou sans la NVA ? Les commentaires dans les médias sur les contradictions de la note de Vande Lanotte montrent qu’il s’agit des même qu’il y a trois ans : la responsabilisation des gouvernements régionaux et la place des Communautés à Bruxelles face à celle de la Région.

    Dans le passé, ces contradictions ont toujours été – temporairement – conciliées dans les structures belges sur base de compromis où chaque côté recevait partiellement ce qu’il voulait en échange de concessions de l’autre côté. Cette tradition de compromis – pas seulement sur la question nationale et la langue, mais aussi en conciliant les contradictions entre travail et capital et celles entre les piliers catholiques et laïque – fait que la politique en Belgique est fortement caractérisée par le pragmatisme.

    En Belgique, tous les commentateurs disent unanimement : ”la politique c’est l’art de faire des compromis”. Les coalitions sont ici la forme gouvernementale traditionnelle. Participer aux coalitions était déjà l’objectif du Parti Ouvrier Belge avant la Première Guerre Mondiale (sur le plan communal), et toutes les forces flamingantes ou régionalistes wallonnes ou bruxelloises ont dans le passé été prises dans des coalitions, une récompense pour leur volonté de compromis.

    Maintenant, il semble que la NVA ne veut pas s’inscrire dans ce processus, ou du moins veulent ils visiblement en faire monter le prix tellement haut que ce ne soit plus acceptable du côté francophone. Mais nous ne devons pas nous tromper : pour la bourgeoisie aussi, par la voix de ses organisations comme la FEB, nombre de revendications de la NVA sont inacceptables. Le dernier rapport du FMI également appelle bien à la responsabilisation des gouvernements régionaux, mais appelle également à éviter que la concurrence entre les régions ne fasse des dégâts à l’unité du marché de l’emploi. Comme le rédacteur en chef du magazine Knack l’écrivait il y a des mois, la Belgique fonctionne pour le patronat comme la vache à lait parfaite, il ne veut en aucun cas s’en débarrasser. A la table des négociations, le PS n’est pas seulement le représentant de la Communauté francophone, mais aussi celui de ces cercles du Grand Capital.

    La NVA reçoit un soutien pour son refus de rentrer dans ce jeu: une rupture avec cette politique des coulisses. Les études du comportement électoral illustrent toutefois que de grandes parties de l’électorat gagné par la NVA n’a rien à voir avec le programme de ce parti, on vote pour la NVA après avoir déjà conclu qu’on ne doit rien attendre des autres partis si ce n’est plus de la même chose. Plus de la même chose, c’est encore quelques décennies de modération salariale, une politique menée ces trente dernières années et qui conduit à ce qu’aujourd’hui, une famille a besoin de deux salaires afin de maintenir le niveau de vie de vie qui pouvait dans le temps être assuré par un salaire. Encore quelques décennies de sous-financement de toute l’infrastructure et de tous les services publics, avec comme résultat des crevasses dans les routes, des retards dans les transports publics, les listes d’attente dans chaque secteur des soins,… Encore quelques décennies d’augmentation de la pauvreté (de 6% dans les années ’80 à 15% aujourd’hui), de sous-emploi et de chômage, d’insécurité sur l’avenir,…

    Mais avec la NVA, tout ça ne s’arrêtera pas, bien au contraire. Le parti peut bien se poser idéologiquement comme parti conservateur et non pas libéral, ses revendications socio-économiques sont par contre ultralibérales. Il semble totalement échapper à la NVA que c’est cette politique libérale qui a conduit à la crise mondiale actuelle. Ou est-ce que la NVA pense que le néolibéralisme mène partout à un bain de sang social et à l’appauvrissement, mais que par une ou autre magie la population flamande peut être sauvée ? Il semble aussi échapper à la NVA que leur idée que l’Europe se développera vers une sorte d’Etat national pour les régions européennes – dans laquelle peut pacifiquement s’évaporer la Belgique et la Flandre pacifiquement et presque automatiquement devenir indépendante – a toujours été utopique et qu’avec la crise financière-économique, la direction que prend aujourd’hui l’Union Européenne est plutôt une direction qui disperse les pays européens plutôt que de les rassembler pour la construction d’une véritable fédération européenne.

    Ce qui échappe aussi à la NVA, c’est le fait que ”la Flandre” est tout sauf unanime – même si les partis flamands le sont – sur la nécessité d’un démantèlement des dépenses sociales et des services publics. En 2008, les fonctionnaires flamands ont protesté contre la diminution de leur pouvoir d’achat et, maintenant, ces mêmes fonctionnaires devraient accepter sans lutter qu’on mette fondamentalement un terme à leurs pensions?

    Si la NVA n’est pas préparée à avaler un accord qui satisfait la bourgeoisie – une réforme d’Etat répartissant l’austérité sur différents niveaux – ce parti ne va pas prendre place au gouvernement. Si ce n’est vraiment pas possible autrement, elle serait éventuellement reprise mais seulement le temps nécessaire pour lui brûler les ailes au gouvernement. A côté de ce chemin, il ne reste à la bourgeoisie que la stratégie de pourrissement, où la NVA est brûlée justement en la gardant hors du pouvoir, si nécessaire avec le prix d’encore quelques années de crise politique et, entre autres, des élections se suivant rapidement.

    Un accord est donc possible si De Wever peut imposer un compromis à son parti et si les “pragmatiques” l’emportent sur les ”romantiques flamands”. Si ce n’est pas le cas, le feuilleton va sans doute encore continuer quelque temps pour alors inévitablement conduire à un certain moment à des élections. La pression externe – de la part de l’Europe, des institutions internationales, la menace des marchés financiers,… – va sans doute être nécessaire pour forcer tous les partis à un accord (et pour en même temps donner l’excuse au fait que cet accord sera sans doute en-dessous du seuil minimum aujourd’hui mis en avant par les partis concernés).

    La Belgique a-t-elle encore un avenir ?

    Comme cela a déjà été dit, dans le passé, des compromis ont été conclus conduisant à chaque fois à une période de pacification. Ces compromis étaient possibles sur base de l’énorme richesse produite par la classe ouvrière belge et qui créait la possibilité d’acheter un accord. Les partis régionalistes ou nationalistes flamands ont toujours obtenu des concessions partielles, et on s’assurait en même temps que toutes sortes de verrous étaient instaurés pour éviter la désintégration du pays. L’attribution de plus de pouvoir et de poids des structures belges vers la Flandre en pleine floraison économique et vers la Wallonie frappée de désindustrialisation, s’accompagnait de doubles majorités et d’autres mesures de protection pour les minorités nationales comme les mesures de conflits d’intérêt et la procédure de la sonnette d’alarme. La pleine reconnaissance du bilinguisme à Bruxelles s’est accompagnée d’une Région bruxelloise, qui constitue aujourd’hui la pierre d’achoppement la plus importante contre la désintégration du pays. L’élite flamande ne sait unilatéralement proclamer l’indépendance que si elle accepte la perte de Bruxelles, ce qui n’est pas en train de se faire immédiatement, qu’importe à quoi peuvent bien rêver nombre de membres de la NVA.

    De l’autre côté, il est aussi clair qu’il devient toujours plus difficile de conclure des compromis. Ces trente dernières années, une partie de plus en plus grande de la richesse est allée vers les couches les plus riches de la population, les capitalistes. Les presque 90% de la population qui vivent de salaires et d’allocations ne reçoivent aujourd’hui même plus la moitié des revenus qui sont produits avec le travail de la classe ouvrière en Belgique. Les salaires et les allocations ont été de plus en plus vidées pour faire à nouveau monter les profits, mais les revenus de l’Etat – impôts et sécurité sociale – ont aussi été toujours plus écrémés. Aujourd’hui, l’Etat fédéral n’est plus dans la position d’acheter n’importe quoi. La question actuelle n’est pas de savoir si on sait parvenir à atteindre une situation ”gagnant-gagnant”, et même pas ”gagner un peu, perdre un peu”, mais à un équilibre sur ce qui est perdu, et donc à une situation ”perdant-perdant”. Cela explique la difficulté.

    Mais le plus probable à ce moment est que – finalement – un compromis soit trouvé. Un compromis bancal qui ne va pas conduire à la stabilité – seulement à plus de coupes dans les dépenses sociales et les services publics, alors que les manques y sont déjà grands. Un compromis donc, dont on peut dire avec certitude qu’il ne va qu’encore augmenter les tensions.

    Et le mouvement ouvrier?

    Il était là et il regardait… Par manque de parti des travailleurs, les intérêts de la classe ouvrière n’entrent pas en ligne de compte dans ces négociations et ne vont certainement pas être à la base d’un accord. Qu’importe ce que dit le PS, ils ont déjà prouvé plus que suffisamment au cours des trente dernières années qu’ils sont préparés à faire tout ce que la bourgeoisie demande. Bien que le PS reste plus à l’arrière-plan et se cache derrière les partis flamands qui ont toujours livré le dirigeant du gouvernement, il est tout comme le SP.a à la base du vol du siècle (passé) : vider presque tous les acquis d’après-guerre du mouvement ouvrier petit à petit, avec une tactique du salami.

    La NVA n’agit clairement pas dans l’intérêt de la classe ouvrière en Flandre, Bart De Wever a rendu cela très clair très tôt dans les négociations, quand il a appelé le Voka – qui a toujours été une des organisations patronales la plus extrême sur le plan des revendications ultralibérales – ”mon patron”. S’il y avait un réel parti des travailleurs en Flandre, qui mène réellement la lutte pour les intérêts des travailleurs flamands, il serait déjà rapidement clair que le Voka – et la NVA avec lui – ne représente qu’une petite minorité de la population flamande, cette minorité qui veut faire travailler pour elle la majorité au coût le plus bas possible. Par manque d’un parti des travailleurs qui réagit aux attaques des partis bourgeois et petit-bourgeois en prenant en main la lutte de classe pour la classe ouvrière, et qui y donne une direction, un climat peut être créé où les intérêts des patrons flamands peuvent être représentés comme les ”intérêts de la Flandre”.

    Il n’y a pas de short-cut. La bourgeoisie n’est pas capable de concilier définitivement et complètement la question nationale en Belgique, la seule chose qu’elle a à offrir est encore quelques exercices d’improvisation et d’équilibre avec comme objectif final de maintenir son système et ses privilèges. Une conciliation réelle de contradictions nationales ne peut se faire que si les moyens sont mis à disposition pour garantir à chacun en Belgique une vie et un avenir décent. Des emplois à plein temps et bien payé pour tout le monde, assez de logements abordables et de qualité, un enseignement de qualité et accessible pour offrir un avenir à nos enfants, des services publics et une sécurité sociale avec assez de financement pour couvrir les besoins,… sont des revendications qui doivent nécessairement être remplis, sans aucune discrimination, pour mener à une fin aux tensions. Un développement harmonieux de l’économie belge avec comme but de satisfaire les besoins de la grande majorité de la population et d’en finir avec les pénuries sur le plan social (et donc en finir aussi avec les luttes pour savoir qui peut disposer de ce qui reste comme moyens) devrait mettre fin au chômage colossal et au manque de perspectives qui règnent dans nombre de régions wallonnes, mais certainement aussi à Bruxelles et dans des villes comme Anvers et Gand, où de grandes parties de la jeunesse ouvrière n’a aucune perspective pour l’avenir, sauf le chômage et la pauvreté. Il ne faut pas attendre ce développement harmonieux de la bourgeoisie. Le capital ne va que là où il y a beaucoup de profit à faire à court terme.

    Tant que ces énormes moyens produits par la classe ouvrière en Belgique disparaissent dans les poches des grandes entreprises et de ceux qui sont déjà super-riches, ni une Belgique unifiée ni une Flandre indépendante ne sait fonctionner. Ces moyens sont nécessaires pour qu’une société réussisse, que ce soit à l’intérieur de la Belgique ou – si une majorité de la population le souhaite, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – dans le cadre d’une fédération de régions indépendantes. Le PSL ne résiste pas à la disparition de l’Etat belge comme nous le connaissons, mais au fait que la rupture se base sur la destruction totale des acquis du mouvement ouvrier belge (comme la NVA le propose en réalité). Ces moyens sont en d’autres mots nécessaires aussi bien pour une scission pacifique et harmonieuse du pays, si cela était désiré, que pour une réparation de l’harmonie dans le ”vivre ensemble” en Belgique.

    Le mouvement ouvrier doit prendre en mains ses affaires. Sur le plan syndical, nous ne pouvons pas nous faire imposer un mauvais accord interprofessionnel parce ”mieux n’est pas réalisable”. Rien, sauf l’appauvrissement, n’est réalisable. Si l’économie repart en chute, stagne ou se relance temporairement et partiellement, si des luttes ne prennent pas place, les patrons vont de nouveau s’en aller avec les profits et les travailleurs vont en payer le coût. Mais aussi sur le plan politique, nous devons de nouveau pouvoir mener la lutte si nous voulons obtenir le maximum sur le plan syndical. Le choix pour le soi-disant moindre mal sous la forme d’encore un fois voter pour les partis existants qui prétendent encore de temps en temps agir dans les intérêts de la classe ouvrière (mais qui ces dernières décennies ne le font plus en actes) a conduit dans le passé au démantèlement social, à une capitulation relative du mouvement ouvrier devant les revendications des patrons. Dans l’avenir cela ne serait pas différent, sauf en pire.

    Avec ce vote pour le moindre mal, le mouvement ouvrier prend une position passive, ce qui signifie qu’elle subit tout simplement le processus actuel de réforme d’Etat – qui est en fait la préparation du plan d’austérité drastique qu’on va essayer de nous imposer. Les directions syndicales ont déjà plusieurs fois appelé avec les organisations patronales à un accord sur la réforme d’Etat et la formation d’un gouvernement, qu’importe le gouvernement. Mais nous ne voulons pas de n’importe quel gouvernement, nous ne voulons pas avoir un gouvernement simplement pour avoir un gouvernement.

    Pour pouvoir sortir de ce scénario, les militants syndicaux doivent augmenter la lutte contre toutes tentatives du patronat de nous faire payer la crise. Nous devons sur le plan syndical refuser un mauvais accord interprofessionnel et mener la lutte pour une augmentation du salaire brut, contre les contrats précaires et pour assez de moyens pour la création d’emplois décents. Sur le plan politique, nous devons nous préparer à agir contre n’importe quel gouvernement quand il veut nous présenter la facture. Dans la lutte pour nos intérêts, les idées et les forces peuvent grandir pour arriver, pour la deuxième fois dans l’histoire, à la création d’un véritable parti des travailleurs. Un vrai parti des travailleurs peut élaborer une solution définitive à la question nationale en Belgique: une démocratie conséquente, qui tient compte des droits sociaux et culturels de tous les groupes de la population, basée sur une économie planifiée démocratiquement élaborée et qui développe tout la territoire de la Belgique sur le plan social et économique, c’est une condition cruciale. Ce n’est possible que si la bourgeoisie est privée de son pouvoir dans la société.

    Un tel parti des travailleurs ne va pas tomber du ciel, mais va se développer sur base de la lutte et des leçons tirées de cette lutte par les masses des travailleurs, comme ça c’est passé dans le temps avec le vieux parti ouvrier, aujourd’hui bourgeoisifié. Une fois qu’une lutte plus massive et maintenue commence pour maintenir des conditions de vie décentes dans cette crise de longue durée du capitalisme, les délégués et militants des mouvements sociaux vont tirer des conclusions plus profondes. L’histoire nous montre que ce processus, une fois commencé, peut développer très vite, certainement s’il y a une minorité consciente sous la forme d’un parti socialiste révolutionnaire capable de développer ses racines dans le mouvement ouvrier dans ce processus.

    Il n’y a donc pas de raccourci. Dans la période qui vient, il y aura sans doute une continuation de la crise politique, pendant laquelle le pays est géré par le gouvernement en affaires courantes, en fait un gouvernement technique qui n’en a pas le nom. Si un gouvernement avec la NVA est formé, il va être de courte durée, le tantième gouvernement de combat à l’intérieur. Si les négociations ne peuvent plus être tirées dans le temps, nous pouvons avoir à faire à des élections dans les mois prochains, bien que cette perspective diminue à mesure que la menace des marchés financiers augmente.

    A un certain moment un compromis devra être trouvé, qui consistera à ce que la grande majorité de la population – les travailleurs et leurs familles, les gens qui vivent d’allocations, les petits indépendants – paye la facture de la crise capitaliste. Ce compromis va, comme toujours, être de double sens et donner vie à de nouvelles contradictions et tensions. Bien qu’aujourd’hui les forces ne sont pas là pour imposer la désintégration de la Belgique, le maintien de la Belgique sur base capitaliste va de plus en plus être miné jusqu’à ce que cela devienne intenable à un certain moment. La faute dans le raisonnement de beaucoup de flamingants contents de ce processus n’est pas que ce processus ne se passerait pas, mais réside dans l’illusion que cela pourrait se passer pacifiquement et avec des négociations.

  • Luttons contre les assainissements sur tous les front!

    Des syndicats combatifs et démocratiques et un nouveau parti des travaill eurs, voilà ce dont nous avons besoin !

    Le système a tremblé sur ses bases sous le choc de la pire crise du capitalisme depuis la deuxième guerre mondiale. Pendant une brève période, la chute de l’économie mondiale, la ‘‘Grande Récession’’, a supprimé une bonne part des profits des patrons. Des entreprises multinationales renommées, comme General Motors, et des dizaines de grandes banques ont flirté avec la faillite. Le terme de ‘‘socialisme pour les riches’’ est apparu au moment où les différents Etats ont allongé des milliards d’euros pour sauver la peau des industriels et des banquiers, menacé par la crise de surproduction et l’explosion des bulles spéculatives.

    Par Jan Vlegels, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    La facture a été livrée à ceux qui gèrent l’Etat, les laquais politiques du patronat. En 2009 déjà, les banques et les grandes entreprises ont déjà recommencé à réaliser des profits records, alors que les Etats les plus touchés (la Grèce, l’Irlande, les Etats baltes,…) ont rapidement fait face à des plans d’austérité draconiens. Là où restait un peu plus de marge, surtout dans les grandes puissances traditionnelles et leur périphérie directe, il semblait qu’on voulait surtout relancer la production avec des mesures de stimulation de l’économie avant de sabrer dans les conditions de vie et de travail de la population. Le calme n’a duré que peu de temps avant la tempête.

    Dans la plupart des pays européens, les grandes vacances ont été la période de préparation pour l’épreuve de force inévitable avec la classe ouvrière. Les mois qui ont suivi, d’immenses paquets de mesures d’austérité ont été rendus publics. Malgré la menace, plus que probable, de l’arrivée d’une ‘‘double dip’’ (une rechute de l’économie notamment basée sur une demande trop fiable), les gouvernements ont attaqué les moyens des ménages.

    La confrontation avec la classe des travailleurs est inévitable, même en Belgique où la bourgeoisie essaie généralement d’éviter une telle attaque frontale et où l’offensive patronale a déjà du retard à cause de la crise politique.

    Augmentation de l’âge de la pension, augmentation de la TVA, démantèlement des services publics, privatisations, accroissement du contrôle des chômeurs, multiplication du minerval des universités,… L’impact de telles mesures sur la vie des travailleurs est incalculable. On serait découragé pour moins que ça, et c’est d’ailleurs le pari des capitalistes européens : écraser tout le monde sous l’austérité et espérer que les masses se redressent trop tard. Bien que ce ne soit pas totalement dénué de fondement – dans un certain nombre de pays, il n’y a provisoirement pas encore de mouvements de résistance généralisés -, les premières réactions du mouvement ouvrier européen nous renforcent dans la conviction que le ‘‘pari’’ de la bourgeoisie s’avérera perdu : des actions de grande envergure ont déjà eu lieu en France, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Irlande, en Grande-Bretagne,…

    Petit à petit, il deviendra clair pour tout le monde, y compris la bourgeoisie, que la classe ouvrière européenne ne va pas accepter l’austérité sans combat. Nous pouvons nous attendre à une intensification des luttes dans la période à venir. Il n’est cependant pas garanti que ces mouvements conduisent directement à des victoires au vu des difficultés déjà présentes dans les premières phases de protestations.

    Partout, les directions syndicales évitent d’organiser efficacement la résistance, aucune stratégie claire avec un plan d’action n’est mise en avant. Cela, en combinaison de l’absence d’une traduction politique de cette résistance, est un sérieux handicap pour le mouvement ouvrier dans la construction de son rapport de forces.

    La création de nouveaux partis des travailleurs – basés sur des membres actifs et ouverts à tous les courants présents dans le mouvement ouvrier – sera cruciale pour lutter contre la bourgeoisie sur le plan politique. Il nous faut aussi défendre la démocratisation des syndicats et appeler les directions syndicales à organiser la résistance, en mettant entre autres en avant l’organisation d’actions européennes, comme une grève générale européenne.

  • L’affaire Houtart : la figure de proue des progressistes catholiques compromise

    L’an dernier, l’Église catholique a été confrontée à une série de scandales de pédophilie, en Belgique comme dans plusieurs autres pays. En Flandre, le scandale a éclaté quand l’évêque brugeois Van Geluwe a avoué avoir abusé sexuellement d’un membre de sa famille durant des années. Aujourd’hui, la stupeur ne frappe plus seulement les croyants catholiques tandis que le célèbre chanoine de gauche François Houtart – qualifié en première page du Soir de ”pape de l’altermondialisme” – est maintenant compromis.

    Par Anja Deschoemacker

    François Houtart, professeur émérite de l’UCL, après une vie passée au soutien des mouvements de libération et de lutte sociale à travers le monde, a été à la base de la formation du Forum Social Mondial. Il est très connu dans les cercles d’ONG, mais lui-même allait au-delà des idées souvent limitées au moralisme qui y règnent, en se déclarant ouvertement anticapitaliste. Suivant cette logique, on pouvait toujours le trouver dans des appels à l’unité de la gauche, y compris sur le plan électoral. Il était inspiré par les mouvements de masse en Amérique Latine qui ont mis au pouvoir des régimes alternatifs ainsi que par les meilleures traditions de lutte du mouvement ouvrier chrétien.

    C’est en fonction de cette vie d’activités progressistes qu’une campagne avait commencé afin de le présenter pour le prix Nobel de la Paix, entre autres par le Forum Social Mondial. Il avait récemment lui-même stoppé cette campagne, en mettant en avant plusieurs raisons. La cause concrète de cette décision était une demande de retrait de la part d’une cousine.

    Cette affaire a été rendue publique par une lettre que François Houtart a lui-même envoyée au Soir (et publiée le 28 décembre), dans laquelle il avoue être le chanoine dont parle une des plaintes reçue par la commission Adriaenssens. Cette affaire n’est pas tout à fait claire : Houtart, qui a maintenant 85 ans, avoue avoir ”touché les parties intimes” d’un garçon de sa famille âgé de huit ans, mais la lettre écrite à la commission sous la main de la sœur de la victime parle sans détour de ”viol”. Chez la victime, cet acte a été cause de sérieuses souffrances psychologiques, et il ressort de la lettre que la façon très positive dont François Houtart était présenté dans les médias a entraîné une énorme colère et frustration.

    C’est une affaire très pénible, y compris pour les personnes et les organisations qui considéraient Houtart comme une autorité et cherchaient son soutien pour toutes sortes d’initiatives. Il avait déjà démissionné du conseil d’administration du Cetri, (Centre Tricontinental, un centre d’étude et de formation consacré aux relations Nord-Sud mis sur pied par Houtart). Cette décision a été prise en concertation entre lui et la direction actuelle du Cetri, après qu’il ait confirmé les rumeurs autour de ce scandale. Dans d’autres organisations aussi, sa démission va s’imposer.

    Cela va faire mal dans la communauté catholique également. Depuis l’entrée en fonction de Léonard comme archevêque, les courants plus progressistes de l’Église, tout comme les courants du centre, sont en effet dans la défensive. Après le discrédit qui a frappé la figure de proue du centre, Danneels, en raison de son manque criant d’initiative pour mettre fin à la culture du silence autour des abus d’enfants dans l’Église, c’est maintenant une des figures les plus connues de l’aile la plus progressiste de l’Église qui est touchée par un scandale pédophile.

    Si, pour François Houtart, son engagement social était une sorte de forme ”d’épuration” pour son crime, comme le suggère Le Soir en réaction à la lettre d’Houtart, ce dernier cherchait de toute façon dans la bonne direction; dans la nécessité de s’en prendre à la cause de la misère à laquelle une grande partie de l’humanité est confrontée, et notamment au système de profit capitaliste. Le PSL/LSP n’a jamais coopéré avec Houtart, nous avons été actifs sur d’autres terrains. Beaucoup des revendications qu’Houtart met en avant ne vont, selon nous, pas assez loin et restent trop limitées à quelques réformes économiques ou démocratiques insuffisantes pour pouvoir réellement aboutir à un changement. Elles ont un certain caractère utopiste car elles ne les relient pas la nécessité de la lutte de classe et une stratégie avec laquelle la classe ouvrière peut, au niveau mondial, reprendre le pouvoir des mains des classes dirigeantes. Mais son indignation face aux crimes du système capitaliste mondial, y compris dans la période où le consensus général était le néolibéralisme, ainsi que son engagement permanent faisaient de lui un allié potentiel pour tous ceux qui voulaient mener la bataille.

    Pour la victime, l’engagement social de l’homme ne peut pas excuser le crime commis il y a quarante années, et cela est compréhensible. La discussion qui s’est déchainée cette dernière année illustre que les victimes d’abus sexuels dans l’Église ont été marquées à vie. Même si Léonard a raison quand il précise que les abus d’enfants existent partout, aussi et surtout dans les familles mais également dans les clubs de sport, les organisations de jeunesse,… cela fait tout, sauf pardonner l’Église catholique en tant qu’institution. Car ces scandales montrent la contradiction entre les paroles moralistes de l’Église catholique – qui a une influence réelle sur la politique d’avortement ou encore de contraception dans plusieurs pays avec ses organisations locales et sa présence dans tout un tas d’institutions internationales – et la réalité, qui est de faire silence et de couvrir pendant des décennies les crimes de ses propres prêtres.

    Le pouvoir que cette institution s’était donné – un pouvoir presque absolu dans des institutions comme les internats catholiques il y a encore quelques décennies – avec des prêtres qui jouissaient d’une grande autorité dans les communautés populaires offrait aux prêtres pédophiles un environnement dans lequel ils pouvaient commettre leurs crimes de manière quasiment totalement impunie. Le tabou autour de la sexualité contribuait aussi à créer un climat où le silence était central et où des prêtres pédophiles pouvaient continuer à faire de nouvelles victimes durant des années. Le célibat ne peut pas seul expliquer ces dérapages, il y a bien plus de prêtres qui ont eu une relation normale, bien que cachée, avec une femme ou un homme adulte qu’il y en a qui ont abusé d’enfants. Mais le célibat imposé a certainement contribué à construire une vision tordue de la sexualité, ce qui a contribué à ce qu’une partie des prêtres dérape.

    Une très grande partie des affaires qui ont – récemment été rendues publiques portent sur des crimes qui se sont passés il y a longtemps, comme c’est le cas avec Van Geluwe et Houtart, mais qui, par manque de reconnaissance de la victime et de punition de l’auteur, ont continué à faire des dégâts dans les têtes des victimes. Maintenant, l’ulcère a éclaté. Pas seulement en Belgique, mais dans toute une série de pays où l’Église avait une position semblable. La position et le pouvoir de l’appareil de l’Église ont déjà été fortement touchés par des décennies de sécularisation, comme en Belgique. La position actuelle de l’Église ne garantit plus que les victimes vont garder le silence, ni que la justice va la couvrir.

    L’abus d’enfants doit être combattu dans tous les secteurs de la société. Cela se passe surtout là où des adultes ont un pouvoir réel sur l’enfant en question, donc dans les familles mais aussi dans toutes sortes de groupes où des enfants tombent sous l’autorité d’adultes, en raison de la faible position des enfants dans la société, de leur minorité et/ou de leur incapacité à échapper à l’abus. Tous les experts sont d’accord pour dire que les chiffres officiellement connus au sujet des abus ne sont que la partie visible de l’iceberg.

    Le PSL appelle à plus de prévention, entre autres par la formation autour de cette question dans l’enseignement primaire et secondaire, pour que le tabou puisse être cassé, mais nous pensons qu’il faut plus pour en finir avec ce problème. Nous avons besoin d’une société qui ne laisse pas tout simplement les enfants aux soins de leur famille et sous leur autorité, mais qui fait réellement tout pour que les enfants de toutes les familles aient accès à toutes les chances de se développer, une société qui les traite comme des membres de la société à part entière. Voilà ce qui pourrait constituer une base pour que l’abus d’enfants devienent chose du passé.

    Une société socialiste offrirait aux enfants une réelle éducation sociale, dans la pratique, et serait une société où les enfants, dès leur jeune âge et en tenant compte de leurs capacités, seraient impliqués dans la gestion des points de la société qui les concernent. Tout comme les femmes abusées, ils ne devraient plus se taire par honte et/ou peur, parce ce qu’ils se sauraient protégés par la société. Évidemment, une société socialiste devrait encore supporter l’héritage du passé dans ses premières générations – avec ses relations de pouvoir et sa discrimination, son exploitation et son oppression. Elle devrait gérer ces traces consciemment et utiliser la connaissance déjà emmagasinée et encore à développer dans les sciences sociales et psychologiques. Cette société aurait les moyens en mains pour poser les bases afin d’en finir avec cet héritage, alors que les relations d’oppression entres personnes sont partie intégrante du capitalisme.

  • Ils sèment la misère, organisons la colère!

    La crise n’a pas été dure pour tout le monde : cette année s’est déroulée sous le signe des super bonus pour les banquiers et les grands actionnaires. Par contre, les gouvernements européens, après avoir grassement assaisonné l’élite capitaliste avec l’argent du contribuable, demandent aujourd’hui aux travailleurs de rembourser l’argent donné aux super-riches. Partout en Europe, les mesurent d’austérité tombent comme un couperet sur la tête de l’ensemble des travailleurs. Diminution des salaires, recul de l’âge de la pension, licenciements massifs de fonctionnaires, accès aux allocations sociales rendu plus difficile, coupe dans la sécurité sociale,… En Angleterre, il est même envisagé de faire gratuitement travailler les chômeurs !

    Par Laure (Bruxelles)

    Ces attaques ne font qu’aggraver une situation déjà extrêmement alarmante. En Belgique, 15% de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté, soit 1 personnes sur 7, et nous ne connaissons pas encore le détail des mesures d’austérité qui suivront la formation d’un gouvernement !

    Seulement, la pauvreté ne se décompte pas uniquement en chiffres, ce sont surtout des conséquences dramatiques qui font les choux gras des rubriques de faits ‘‘tristement’’ divers dans la presse bourgeoise. Une des dernières en date faisait état de cette mère de deux enfants qui avait abandonné son petit dernier dans un parking en expliquant ‘‘qu’elle n’avait pas les moyens financiers de s’en occuper’’ (Le Soir, 7 octobre 2010).

    La précarité, aujourd’hui, ne touche plus seulement les couches les plus fragilisées de la population, les chômeurs, les pensionnés, les femmes, les immigrés (même si celles-ci restent les plus exposées), elle frappe une proportion de plus en plus importante de travailleurs. Le nombre de travailleurs pauvres n’a cessé d’augmenter ces dernières années et s’élevait déjà en 2009 plus de 4% des travailleurs déclarés (la moyenne européenne s’élève quant à elle à plus de 15%). Mais selon le service de lutte contre la pauvreté, les travailleurs entre 18 et 65 ans risquant de se retrouver dans la pauvreté atteignait les 24,6% en 2008, et n’a depuis fait que croître !

    Cela n’a malheureusement rien d’étonnant puisque les bas salaires se généralisent et les vrais contrats se raréfient, laissant place à l’expansion des boulots précaires, à durée déterminée, ultra-flexibles. D’autre part, depuis la crise, les licenciements pleuvent sévèrement et viennent gonfler le flot déjà important du chômage : la FGTB dénonçait en février dernier la perte de 350 emplois par jour en Belgique !

    En parallèle, les salaires n’augmentent pas, tandis que le coût de la vie, lui, ne cesse de croître. Comment est-il possible de vivre décemment lorsque le loyer constitue en moyenne déjà plus d’un tiers du revenu, et certainement lorsque ce revenu est inférieur à 2.000€? Chaque région de Belgique compte des dizaines de milliers de personnes sur les listes d’attente d’un logement social.

    Non seulement, les capitalistes, bien installés dans leur tour d’ivoire et de satin, se dorent la pilule sur le dos des travailleurs, en les exploitant, en les pressant comme des citrons pour des salaires de misère, mais, en plus, ils sont les seuls responsables de la crise dont nous sommes victimes, et qu’ils veulent nous faire payer aujourd’hui.

    En nous enfonçant dans la précarité, les capitalistes se font leur beurre, cette situation doit cesser ! Organisons nous pour lutter contre les coupes budgétaires, contre les licenciements, contre tout ce qui signifie pour nous un pas en plus vers la précarité ! Organisons nous et résistons contre ce système qui engendre la misère ! Pour une réelle répartition des richesses : nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle des travailleurs ! Pour une lutte contre le chômage, non contre les chômeurs : 32 heures de travail par semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !

  • [PHOTOS] Journée mondiale des droits de l’homme : Rassemblement à Bruxelles

    A l’appel du "Comité de solidarité avec la lutte du peuple en Iran", un rassemblement a eu lieu hier devant le Palais de Justice de Bruxelles, dans le cadre de la journée mondiale des droits de l’homme. Une soixantaine de manifestants, principalement iraniens, se sont donc retrouvés pour parler des droits de l’homme en Iran et ailleurs, mais surtout des droits des travailleurs. Le PSL était présent et l’un de nos camarades a pu prendre la parole.

    La crise économique a des effets partout à travers le monde, et en Iran aussi. A la dictature islamique et à la répression s’ajoute ainsi en Iran le prix de la crise économique mondiale, comme l’a développé un camarade iranien. Ce dernier a aussi beaucoup parlé des droits des femmes et du mouvement de masse contre la dictature que nous avons connu en 2009 ou encore des luttes qui se développent actuellement à travers le monde.

    Pour le PSL, Nicolas Croes a reparlé des luttes qui prennent place aux quatre coins du globe, des grèves générales en Grèce, au Portugal ou encore en Inde, ou encore des mouvements de protestation de masse et des grèves en France. Si l’on assiste pour l’instant à une pause dans ce dernier pays, tout comme en Iran, on ne peut pas dire que les choses sont revenues à la "normale". De part leur expérience de lutte, les jeunes et les travailleurs sont à la recherche d’une alternative, et nous devons défendre la nécessité non seulement du renversement du capitalisme, mais aussi d’une orientation vers la construction d’une société socialiste démocratique. Ce n’est qu’ainsi, et en se basant sur la force du mouvement des travailleurs avec les méthodes de grèves générales, de comités de grève,… que nous pourrons parvenir à l’obtention de réels droits de l’homme et à une réelle démocratie, à l’opposé de la dictature des marchés que nous voyons à l’oeuvre aujourd’hui en Irlande en Grèce et ailleurs, à l’opposé de la dictature de l’impérialisme et de son cortège de misère, de guerres et d’exploitation.

  • La Belgique, paradis fiscal pour les grandes entreprises

    Ces dernières années, l’impôt sur les sociétés a fortement diminué en Belgique, c’est le moins que l’on puisse dire. Le taux officiel de 33,99% n’est plus encore payé que par des PME naïves. Certaines entreprises ont à peine été imposées, voire même pas du tout. Cette tendance n’a été que renforcée par la Déduction des Intérêts Notionnels. Les données des 500 plus grandes entreprises ont été examinées, et le PTB (Parti du Travail de Belgique) en a publié un aperçu.

    Beaucoup de grandes entreprises n’ont tout simplement pas payé d’impôt en 2009: AB Inbev, Groupe Bruxelles Lambert, Arcelor Finance, Solvay, Dexia Investment Company, Umicore, KBC, Pfizer,… tandis que d’autres en ont à peine payé. Les 50 sociétés qui ont payé le moins d’impôt (sur une liste de 500) ont en moyenne été imposées à hauteur de… 0,57% ! C’est bien loin du taux officiel, et même plus bas que le taux appliqué en Irlande. Là-bas, le taux d’imposition pour les sociétés est de 12%, ce qui a été introduit avec l’argument qu’une telle mesure ne pourrait qu’attirer des entreprises à venir s’installer dans le pays. Au niveau fiscal, nous assistons depuis quelques années déjà à une course vers le bas entre les divers pays, c’est à celui qui imposera le moins les grandes entreprises. A ce titre, notre pays fait figure d’exemple.

    Ici et là, on fait des remarques sur ces chiffres, généralement sans aller plus loin qu’en faisant remarquer que les structures internes des grandes compagnies sont compliquées, ce qui fait qu’une de ses branches peut ne pas payer d’impôt tandis qu’une autre bien. Dans le cas d’Anheuser-Busch Inbev, concrètement, cela veut dire qu’aucun impôt n’est perçu sur un montant de 6,378 milliards d’euros de bénéfice, et que d’autres branches d’AB Inbev payent un impôt, mais sur des sommes bien plus petites.

    Pour les grandes entreprises, Saint Nicolas a été très généreux ces dernières années, les cadeaux-fiscaux n’ont pas manqué! Quant à la Déduction des Intérêts Notionnels, c’était la cerise sur le gâteau, un élément saisi par les patrons pour vendre notre pays à l’étranger et dire à quel point il était intéressant. Mais les mêmes, dans notre pays, n’ont de cesse de parler de la trop haute pression fiscale de Belgique. Cette rhétorique ne tient pas la route. Dans la pétrochimie par exemple, les grandes entreprises ne payent quasiment pas d’impôt: ExxonMobil paye 1.019 euros d’impôt sur un profit de 5 milliards d’euros, BASF 126.000 euros sur un profit de 579 millions d’euros (0,02%), Bayer 5,7 millions d’euros sur un profit de 192 millions d’euros (2,99%). Ce genre de pourcentage est devenu la norme dans le monde des grandes entreprises.

    Toutes ensemble, les 50 entreprises qui ont payé le moins d’impôt auraient dû payer 14,3 milliards d’euros en plus si le taux de 33,99% avait été respecté. Mais, sur un total de 42,7 milliards d’euros de profit, seul un montant de 243 millions d’euros a été perçu.

    Ces chiffres ont évidement une incidence sur nombres de discussions qui ont actuellement lieu. Premièrement, tout comme nous l’avons dit ci-dessus, il est clair que la rhétorique selon laquelle le patronat paierait de trop hautes taxes est fausses. Notre pays est un paradis fiscal pour les grandes entreprises. Deuxièmement, alors qu’on nous demande de payer pour la crise, il apparait que lors d’une année de crise, 50 grandes entreprises ont réalisé au moins 42,7 milliards d’euros de profit. Enfin, il est étrange de constater que les syndicats n’nt pas utilisé ces chiffres dans le cadre des négociations pour l’Accord Interprofessionnel alors qu’ils avaient eux aussi accès à ces chiffres (déposés à la Banque Nationale). Cet été encore, la CSC avait utilisé différentes données de 2008. A ce moment, la CSC dénonçait que 7 grandes entreprises n’avaient pas payé d’impôt, notamment avec la Déduction des Intérêts Notionnels. Il était question de 5,8 milliards d’euros de déduction fiscale pour 35 grandes entreprises.

    La CSC avait déclaré: ‘‘ Sept entreprises ont déduit plus d’intérêts que ce qu’elles ont enregistré comme bénéfice comptable, ce qui leur a permis de ne pas payer d’impôts. L’une d’entre elles a même déduit des intérêts notionnels d’un montant cinq fois supérieur à son bénéfice comptable. Qu’une société déduise trop ne pose du reste pas de problème: elle pourra continuer à déduire les années suivantes. Conséquence: pas d’impôts pendant des années.’’ Et encore: ‘‘Si parmi les 35 grandes entreprises qui ont eu recours à la déduction des intérêts notionnels durant l’exercice 2008, nous ne retenons que celles qui ont enregistré un bénéfice, nous constatons que ces dernières n’ont payé en moyenne que 8,5% d’impôt des sociétés.’’ Les nouvelles données démontrent que ce pourcentage a encore baissé. Selon le PTB, ces 500 grandes entreprises ont eu un taux d’imposition de 3,76% contre 24,2% en 2001.

    Les syndicats vont-ils utiliser ces chiffres pour mener campagne en faveur de la suppression de la Déduction des Intérêts Notionnels et des autres cadeaux fiscaux ? Ou pour réfuter les arguments patronaux voulant nous imposer une modération salariale afin de préserver notre “position concurrentielle” ? Qu’attendre de plus pour partir à l’offensive avec les revendications des travailleurs?

  • L’inondation catastrophique était prévisible mais cela ne mènera à aucune autre politique

    Les inondations de la semaine passée avaient été prédites par tous les spécialistes. Sur ce plan, des pas ont effectivement été fait. Maintenant, la prochaine étape, c’est d’arriver à les empêcher. Et ça, c’est une autre paire de manche, car visiblement les politiciens traditionnels ne vont pas dans cette direction. Au contraire, on nous demande d’apprendre à vivre avec les inondations.

    Les problèmes ne sont pas nouveaux, a fortiori dans le bassin de la Dendre où la population à déjà dû faire face aux inondations. C’est également le cas pour Gramont ou Ninove qui ont vécu les plus grosses intempéries. Plusieurs inondations ont eu lieu ces dernières années et rien n’a été fait. Le plus édifiant est que, maintenant, nous pouvons prévoir où se trouvent les problèmes. Dès vendredi, les médias ont donné un listing assez correct des terres inondées.

    Pourquoi aucune mesure n’a été prise pour éviter les inondations ? Cela serait pourtant largement possible moyennant un certain nombre de mesures. Les principales sont une cartographie claire des terres inondables (actuellement, il y a un certain nombre d’anciennes zones classées inondables sur lesquelles on a bâtis) et une meilleure gestion de l’évacuation de l’eau de pluie, ce dernier point étant en rapport direct avec un système d’égouts de qualité, et partout.

    L’environnement et la politique de l’eau en Flandre sont un exemple de ce que signifie le néolibéralisme. Ainsi, Aquafin a été crée pour améliorer la purification de l’eau et des égouts. Le gouvernement y a plutôt vu des opportunités économiques et s’est donc associé à des investisseurs privés. Le gouvernement flamand possède encore 51% des actions d’Aquafin via le « Vlaams milieu holding ».

    Cette société est une vraie vache à lait pour les spéculateurs. L’année dernière, 11,1 millions d’euros ont été donnés aux actionnaires. Cet argent leur a été donné en partie pour qu’ils protègent la population contre les inondations…

    Les égouts sont négligés depuis plusieurs années et il n’y a aucune planification publique visant à organiser la récolte des eaux de pluies chez les particuliers. Actuellement, c’est laissé aux initiatives privées et donc à ceux ayant les moyens et l’envie d’investir.

    Cela va de paire avec une politique de l’aménagement du territoire cohérente et responsable, les chantiers sur des zones inondables ont été très rentables pour les entreprises de construction. La communauté en paiera le prix en s’adressant de nouveau au fond des catastrophes.

    Le ministre Schauvliege (CD&V) s’est fait remarqué par son attitude bien peu compatissante. « Nous devons apprendre à vivre avec les inondations », a-t-elle déclaré sur les chaines de télévision. Il n’est pas du tout question d’adopter une approche méthodique. La seule chose importante est de sauver les profits immédiats. Pourtant, cette catastrophe montre bien qu’une meilleure approche est nécessaire, une approche où la zone des terres inondables serait élargies, où les politiques en matière d’égouts et de récolte des eaux de pluie serait mieux pensées et mieux financées. Le tout couplé a une politique d’aménagement du territoire qui ne soit pas dictée par les barons du bêton. Enfin, il est primordial d’entretenir les rivières, notamment en évacuant le limon (ce qui n’avait pas été fait dans la Dendre).

    Si la politique menée ne change pas d’un iota par rapport aux dernières années, on peut s’attendre à ce que de nouvelles inondations surviennent à moyen voir à court terme. Le prince Philippe peut garder ses bottes à portée de main, il pourra encore les utiliser. Les victimes de cette catastrophes n’ont toutefois pas besoin de la compassion princière, ce dont ils ont besoin, c’est d’un changement radical de politique. Une approche méthodique dans laquelle la population à son mot à dire et où la protection de celle-ci est le point central, une politique s’opposant frontalement au système actuel dans lequel les bénéfices sont le seul objectif.

  • La Flandre vire-t-elle à droite ?

    En Flandre, ce qui est officiellement considéré comme étant de ‘gauche’ (le SP.a et Groen) n’obtient plus qu’à peine 20% des suffrages aux élections. Différents commentateurs concluent alors, un peu vite, que le Flamand est de droite, conservateur et flamingant.

    Ils partent de l’idée qu’un soutien électoral pour un parti implique un soutien à son programme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas des 13% d’électeurs de la N-VA qui disent vouloir revenir à une Belgique unitaire… Des études ont démontré que pour les élections de 2009, les thèmes importants qui ont déterminé le vote des électeurs flamands étaient la crise financière (32%), la sécurité sociale (23%) et le chômage (11%). Seuls 8% estimaient que la réforme d’Etat constituait le thème le plus crucial. Côté francophone, les mêmes thèmes sont mis en avant : crise financière (32%), sécurité sociale (14%) et chômage (14%). Et même parmi les électeurs de la NVA, seuls 27% avaient pour priorité la réforme d’Etat (c’est à peine 6% de l’électorat du Vlaams Belang et de la Lijst Dedecker). Dans les différentes parties du pays, les principales inquiétudes des couches larges de la population sont donc similaires.

    Après trente années de politique d’austérité, l’autorité des institutions capitalistes est minée, y compris celle de ses instruments politiques. Cela entraîne une recherche d’alternatives et une plus grande instabilité électorale.

    En Flandre, il y a eu la percée du VLD (les libéraux), puis du Vlaams Belang, des verts de Groen à certains moments aussi, et puis la Lijst-Dedecker (LDD). En 2004, l’extrême-droite du Vlaams Belang était encore à 24% et maintenant, elle est sous la barre des 10% dans les sondages. Quant à la LDD, elle n’arriverait même pas aujourd’hui à dépasser le seuil électoral pour avoir des élus. Mais dans les sondages de début 2009, c’était encore le deuxième parti de Flandre avec 16,6%. A ce moment, la N-VA était à peine au-dessus du seuil électoral.

    Il est vrai que les partis soi-disant de “gauche” entrent à peine en ligne de compte, ce qui provient surtout du fait que le SP.a et Groen n’ont pas vraiment une approche combattive et de gauche. Ils suivent aujourd’hui les positions de De Wever et de la N-VA, pourquoi dès lors ne pas voter pour l’original ? Où la gauche officielle fait-elle encore différence ? De quand date leur dernier spasme idéologique qui n’était pas de nature néolibérale ? La gauche officielle n’est plus à gauche, et cela ouvre la voie à la droite.

    La différence qui existe entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles n’est pas due à des différences ‘‘culturelles’’ avec une ‘‘droitisation’’ en Flandre. La Flandre ne se distingue pas vraiment par une montée de la droite mais par la faiblesse de la gauche. Les médias jouent évidemment là-dessus, ce qui fait qu’un point de vue de droite néolibéral devient la norme. Il s’agit surtout d’un développement au sommet de la société. Parmi les couches larges, on se fait un sang d’encre à cause de la crise, de la sécurité sociale et du chômage. Et là, la droite n’a aucune réponse.


    (1) Chiffres de “De stemmen van het volk. Een analyse van het kiesgedag in Vlaanderen en Wallonië op 7 juni 2009”. Par Kris Deschouwer, Pascal Delwit, Marc Hooghe, Stefaan Walgrave

  • Surenchère communautaire : Quelle alternative propose le PSL ?

    En Flandre, la FGTB appelle à la constitution d’un “front progressiste” avec le SP.A et Groen, tout en expliquant que les propositions de la N-VA sont synonymes d’appauvrissement collectif et de société asociale, à bas salaires et basses allocations. Pour la N-VA, c’est une ‘‘caricature’’. Cependant, Bart De Wever affirme que la VOKA (l’organisation du patronat flamand) est son ‘‘patron’’. Un front progressiste serait-il toutefois une solution ? Si ce front est composé du SP.a et de Groen, notre réponse est clairement négative.

    Par Anja Deschoemacker

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Affiche utilisée par le PSL lors des dernières élections

    A propos de la crise communautaire, quelques articles

    La Question Nationale en Belgique: Une réponse des travailleurs est nécessaire

    En novembre 2005, le PSL (qui s’appelait encore alors le Mouvement pour une Alternative Socialiste) avait consacré une Conférence Nationale à la question communautaire. Depuis lors, plusieurs évènements ont confirmé l’analyse qui y avait été faite et qui est à la base de cette brochure. A travers différents chapitres abordant le marxisme et la question nationale, l’histoire de la Belgique et le développement de la question nationale, etc., nous arrivons à un programme consacré à cette question et basé sur la nécessité de l’unité des travailleurs contre la politique de "diviser pour mieux régner" de la classe dirigeante.

    • Préface
    • Le marxisme et la question nationale
    • Un mot sur l’historiographie belge
    • Développement de la question nationale en Belgique
    • La question nationale à Bruxelles
    • La Communauté germanophone
    • Les réformes d’Etats
    • Quel est le programme défendu par PSL/LSP ?

    [/box]

    L’arrivée au pouvoir de figures de droite populistes comme Sarkozy et Berlusconi est surtout due au discrédit de la “gauche” officielle. Pendant des décennies, les partis sociaux-démocrates ont, partout en Europe, défendu une politique d’austérité, une politique qui a forcé les travailleurs et les allocataires (à peu près 80% de la population en Belgique) à subir l’austérité pour que les profits puissent continuer à croître. L’énorme transfert de richesses des pauvres vers les riches qui s’est déroulé a souvent été directement instauré par la social-démocratie, et toujours avec sa coopération.

    Quant aux partis verts, ils ont suivi le même chemin. Cette politique d’austérité – combinée au chômage croissant, à la baisse des salaires, aux coûts du logement en hausse,… – a conduit à d’énormes pénuries. Tous les services publics, l’infrastructure publique et les structures sociales ont été démantelés à un tel point que cela remet en question leur fonctionnement.

    Partout, les listes d’attentes s’allongent : dans l’accueil des enfants, des personnes handicapées ou des personnes âgées, dans les logements sociaux, dans l’enseignement,… Face à si peu de moyens, c’est la jungle d’essayer d’en bénéficier.

    LUTTONS CONTRE LES PÉNURIES ET POUR LES DROITS DÉMOCRATIQUES DE CHAQUE TRAVAILLEUR

    Dans un pays comme la Belgique, les politiciens essayent de détourner l’attention de ce transfert de moyens de la collectivité vers le patronat avec les chamailleries communautaires et, dans une mesure bien moindre, en opposant laïques et catholiques. Le racisme et la discrimination des femmes ne sont jamais très loin non plus. A court terme cela les aide à imposer une politique asociale mais c’est une véritable bombe à retardement.

    Les travailleurs flamands ne vont pas gagner un seul euro avec la régionalisation de certaines parties de la sécurité sociale, de la politique du marché de l’emploi,… Le sous-financement de tous les services et de l’infrastructure régionale l’illustre déjà : là où la Flandre est compétente, la politique menée est tout sauf sociale. On peut dire la même chose de Bruxelles, de la Wallonie et de la Communauté Germanophone.

    En ce qui concerne les acquis nationaux du mouvement ouvrier – la sécurité sociale, la concertation centrale sur les salaires, l’indexation,… – leur maintien (et leur nécessaire élargissement) seront plus fortement et mieux défendu par la classe ouvrière belge dans son entièreté. C’est justement pour ça que les partis de droite aspirent à la scission. Nous nous opposons aussi à chaque régionalisation sans que les moyens financier ne suivent, car sinon ce n’est qu’une façon détournée d’opérer des coupes budgétaires.

    Le PSL défend la solidarité nationale et internationale de la classe ouvrière. Ses intérêts socio-économiques sont partout similaires, son ennemi est le même. Nous nous opposons à chaque oppression nationale et nous défendons les droits culturels et socio-économiques de chaque groupe de la population. Dans une population mixte, la démocratie ne peut exister sans droits pour les minorités et sans moyens suffisants pour réaliser ces droits. Un point central de notre programme est le droit à un emploi et à des services dans sa propre langue. Aujourd’hui la langue devient de plus en plus une condition pour accéder à un emploi et des services. Nous nous opposons aussi à l’apartheid du système actuel avec l’impossibilité de listes bilingues (ou multilingues) aux différentes élections, l’existence de deux systèmes d’enseignement concurrents à Bruxelles,…

    En définitive, il faut lutter contre le système capitaliste lui-même. Dans ce cadre, l’unité de la classe ouvrière est cruciale et nécessite de défendre les droits de tous les travailleurs, y compris ceux qui proviennent de minorités nationales ou autres. La création d’un nouveau parti des travailleurs sera un pas important dans cette voie.

  • Assainir jusqu’à tous devenir pauvres?

    Les données révélées par le nouveau rapport annuel sur la pauvreté sont déconcertantes : 1,5 million de Belges vivent sous le seuil de pauvreté ou pile dessus(1). Bruxelles, bien que faisant partie du top trois des régions les plus riches d’Europe, compte plus de 100.000 chômeurs et plus d’un quart de sa population connaît la pauvreté. Le tiers des enfants bruxellois vit dans une famille où personne ne travaille.

    Par Els Deschoemacker

    Mais ceux qui travaillent ne sont pas non plus à l’abri de la pauvreté : le nombre de travailleurs pauvres a augmenté de 4,2% en 2006 à 4,8% en 2008 et est passé de 180.000 à 220.000 ! Et encore ces chiffres ne tiennent-ils pas compte de tous les pauvres (sans-papiers ou personnes fortement endettées ne sont pas repris). Enfin, ils ne tiennent pas non plus compte des conséquences de la crise. Le prochain rapport sera assombri par les pertes d’emplois et les pertes d’heures de travail et de salaire dues au chômage économique en 2009 et 2010. Les statistiques de pauvreté sont dramatiques, mais nos politiciens et nos patrons ne perdent pas leur aplomb pour autant et continuent à dire qu’il faut une modération salariale plus dure et une diminution plus brutale des dépenses de l’Etat. La politique menée en Allemagne nous est présentée par les organisations patronales comme le modèle à suivre. Et c’est vrai que les patrons y font de très bonnes affaires.

    En Allemagne, la limitation des allocations de chômage dans le temps impose aux gens d’accepter n’importe quel boulot à n’importe quel salaire et à n’importe quelles conditions. En Belgique, 40% des chômeurs connaissent la pauvreté, contre 50% en Allemagne. Le nombre de travailleurs pauvres y augmente aussi. Une délégation de la CSC en visite en Allemagne pour y regarder de près ce ‘‘modèle’’ est revenue choquée : ‘‘Evidemment que l’Allemagne est plus compétitive que la Belgique’’, a dit la CSC, ‘‘mais prend on aussi en compte le dumping social ?’’

    Quant aux politiciens, ceux-là même qui avaient la bouche pleine de bonnes intentions à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la pauvreté – qu’ils aient parlé d’un plan d’action contre la pauvreté ou soient même restés une nuit dans un centre pour sans-abri – négocient actuellement sur la façon d’imposer encore plus d’austérité à la classe des travailleurs. Même si les désaccords existent sur la méthode, tous les politiciens au nord comme au sud du pays sont d’accord pour dire qu’une réforme d’Etat doit permettre à la Belgique de ‘‘vivre selon ses moyens’’. Ils veulent ‘‘régionaliser pour responsabiliser’’, mais il serait plus honnête de dire ‘‘régionaliser pour imposer l’austérité’’.

    La pauvreté ne va pas diminuer avec toutes les pressions sur les autorités afin de couper dans leurs budgets. Bien au contraire, cela ne va qu’approfondir les conséquences des pertes d’emploi et de salaire. Les plans d’austérité qui, en ce moment même, se heurtent à la résistance massive de la classe ouvrière dans d’autres pays sont en pleine préparation ici aussi. Chez nous aussi, il faudra une résistance massive pour stopper ces plans.

    Sur base capitaliste, la pauvreté ne va qu’augmenter. Nous ne pouvons pas permettre que les travailleurs doivent payer la crise avec une explosion de la pauvreté. Nos directions syndicales doivent briser les liens entretenus avec leurs ‘‘amis politiques’’ pro-capitalistes, préparer un plan d’action qui refuse tout assainissement opéré sur le dos des travailleurs et faire des pas en avant en direction de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, pour ainsi unifier les travailleurs de tout le pays dans la lutte.


    (1) Soit 878 euros nets par mois pour un isolé et 1844 euros nets pour un ménage de deux adultes et deux enfants. Ce rapport est basé sur des chiffres de 2008.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop