Category: National

  • [PHOTOS] Manifestation “Stop au nucléaire” (3)

    Sous le soleil et les drapeaux, de multiples tendances écologistes et de gauche de Belgique mais aussi d’Allemagne et des Pays-Bas, se sont réunies hier Gare du Nord à Bruxelles, à l’appel de la coalition ‘‘Climat et Justice Sociale’’. À deux jours des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, et alors que l’étendue des dégâts de la catastrophe de Fukushima devient de plus en plus dramatique jour après jour, les quelque 1.500 manifestants voulaient dénoncer les dangers du nucléaire.

    Par SooRa (Gand)

    • Rapport de la manifestation
    • Photos par SooRa (Gand)
    • Photos par Barbara (Pays-Bas)

  • [DOSSIER] Hausse des prix: Une réponse socialiste

    En février, nous avons payé nos achats en moyenne quasiment 3,4% plus cher que l’an dernier, la plus forte augmentation de l’inflation depuis octobre 2008. Grâce à l’indexation automatique des salaires, cela sera heureusement compensé – avec retard et de façon partielle seulement. Mais juste au moment où cette indexation doit nous protéger de la perte de pouvoir d’achat, le patronat lance son offensive. Il peut compter sur l’appui des institutions internationales. Quelle est la réponse socialiste face aux hausses des prix ?

    Par Eric Byl

    Comment expliquer les hausses des prix?

    Souvent, on associe la crise aux hausses des prix ou à l’inflation. C’est pourtant l’inverse en général. Les crises vont de pair avec des baisses de prix, la déflation, alors que les reprises s’accompagnent d’une hausse de l’inflation. En temps de crises, lorsque les produits se vendent plus difficilement, les patrons ont tendance à baisser les prix. Ils diminuent les coûts de production, surtout les salaires, ou se contentent d’une marge de profit plus restreinte. Lors de la reprise, ils essayent alors de vendre à des prix plus élevés afin de rehausser la marge de profit. Dans un monde où l’offre et la demande s’adapteraient de façon équitable, les prix évolueraient de façon assez stable autour de la valeur réelle du produit, c.à.d. la quantité moyenne de temps de travail nécessaire pour produire la marchandise, de la matière première au produit fini.

    Mais le monde réel s’accompagne de changements brusques, avec des accélérations soudaines et des ralentissements abrupts. La nature ellemême connait de nombreux caprices. De mauvaises récoltes en Russie et en Ukraine, pour cause de sécheresse, ont contribué à faire augmenter les prix de la nourriture. Un système de société peut tempérer ces caprices, les corriger, mais aussi les renforcer. Les incendies de forêts, les tempêtes de neige, les inondations, les tremblements de terres et les tsunamis s’enchaînent, avec en ce moment au Japon la menace d’une catastrophe nucléaire. Nous ne connaîtrons avec certitude la mesure exacte de l’impact humain sur le réchauffement de la planète qu’au moment où la recherche scientifique sera libérée de l’emprise étouffante des grands groupes capitalistes. Mais que la soif de profit pèse sur l’être humain et son environnement, conduit à la négligence des normes de sécurité et à des risques inacceptables, le PSL partage avec beaucoup cette conviction.

    La Banque Mondiale estime que la hausse des prix de l’alimentation a, depuis juin 2010, poussé 44 millions de personnes en plus dans l’extrême pauvreté. Son index des prix de l’alimentation a gagné 15% entre octobre 2010 et janvier 2011. Diverses raisons sont citées: la croissance démographique dans les régions pauvres, la demande de biocarburants, la sécheresse, les inondations et d’autres catastrophes naturelles, la faillite de paysans africains face à la concurrence des excédents agricoles de l’occident, la spéculation qui accélère les hausses des prix. La hausse des prix de l’alimentation et la montée du coût de la vie ont constitué des éléments primordiaux dans les révolutions au Moyen- Orient et en Afrique du Nord.

    Le seul système qui fonctionne?

    L’establishment prétend que le capitalisme est le seul système de société qui fonctionne. La noblesse féodale et les esclavagistes avant elle prétendaient de même à leur époque concernant leurs systèmes. Chaque système fonctionne, il n’existerait pas sinon. Il répond toujours à un certain degré de développement de nos capacités productives. Dès qu’un système de société devient un frein à l’application de savoirs scientifiques et techniques, il provoque le chaos plutôt que le progrès. C’est alors que le moteur de l’histoire se déclenche; la lutte des classes.

    Brûler des combustibles fossiles est un gaspillage de richesses livrées par des processus naturels qui ont pris des millions d’années, et c’est catastrophique pour notre environnement.

    Nous le savons depuis plusieurs dizaines d’années. Mais depuis ce temps, la recherche scientifique concernant les sources d’énergies alternatives est sabotée par les fameuses ‘’sept soeurs’’, les sept sociétés pétrolières les plus grandes au monde. Des moteurs actionnés par hydrogène, énergie solaire et éolienne, masse bio, etc. sont trop menaçants pour leurs profits. Au lieu d’orienter la recherche vers les énergies renouvelables, elle a pratiquement été exclusivement consacrée au développement du nucléaire ‘’bon marché’’. Avec la ponctualité d’une horloge, nous sommes rappelés à la réalité des dangers de cette technologie.

    Ce n’est pas une surprise si la demande d’énergie augmente. On aurait pu investir depuis longtemps pour des économies d’énergie et dans le développement de sources d’énergie renouvelables. Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne le capitalisme.

    Les investisseurs privés ne sont intéressés que s’ils peuvent récupérer à cout terme leur investissement, avec une bonne marge de profit. C’est valable pour les mesures d’économies d’énergie et pour l’énergie renouvelable tout autant que pour les combustibles fossiles plus difficiles à extraire, par exemple. Avec la spéculation, le manque d’investissements pour garantir une offre suffisante a été à la base de la forte envolée des prix du pétrole, jusqu’à atteindre 147$ le baril, il y a deux ans. La récession a fait retomber la demande et le prix, mais le problème a continué à proliférer. La perversité du capitalisme s’exprime dans la réaction des ‘‘marchés’’ face aux insurrections démocratiques contre les dictateurs corrompus au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les ‘‘marchés’’ craignent que la démocratie menace l’approvisionnement en pétrole. Au cas où la dictature en Arabie-Saoudite succomberait elle aussi, un prix de 200$ ou plus est à l’horizon pour le pétrole. Pour l’économie capitaliste mondiale, cela équivaudrait à une crise cardiaque.

    Les prix de l’énergie et de l’alimentation en hausse en Belgique

    Cette perversité du capitalisme échappe à ceux qui plaident pour la mise sous curatelle de l’indexation salariale en Belgique. Ils savent que les prix du pétrole et de l’alimentation sont en hausse partout dans le monde, ce qu’ils n’expliquent pas par le capitalisme, mais comme quelque chose qui nous tombe dessus tel un phénomène naturel. Ce ‘‘phénomène naturel’’ s’infiltre en Belgique. Les prix de l’énergie et de l’alimentation, surtout, ont augmenté en flèche ces derniers temps. Sans produits liés à l’énergie – le fuel, le diesel, le gaz et l’électricité – l’inflation serait plus basse de moitié.

    La bourgeoisie belge préfère couper dans l’investissement pour le renouvellement de la production. Aujourd’hui, elle se trouve à la queue du peloton en termes d’investissements dans la recherche et le développement. Nos politiciens en sont le parfait miroir. Depuis des années, ils économisent sur les investissements nécessaires dans l’entretien des routes, des bâtiments scolaires, de l’infrastructure ferroviaire, etc.

    Nous en subirons les conséquences des années encore. ‘’Si la politique énergétique de nos autorités ne change pas immédiatement, des coupures d’électricité se produiront, littéralement’’. C’était la conclusion d’une récente émission de Panorama. ‘’La Belgique manque d’électricité parce que nos gouvernements ont fait construire trop peu de centrales et parce que le réseau à haute tension qui devrait importer du courant supplémentaire n’a pas la capacité de répondre à la demande.’’ Mais GDF Suez, la maison mère d’Electrabel, a réalisé l’an dernier un profit record de 4,62 milliards d’euros.

    Le secteur de l’énergie n’est pas le seul à manier des marges de profits indécentes. Selon le rapport annuel de l’observatoire des prix, les hausses des prix des matières premières mènent à des adaptations de prix exagérées en Belgique. En plus, cela n’est qu’à peine corrigé lorsque les prix des matières premières reculent. Toutes les chaines de supermarchés le font. Ce sont les prix des produits de base tels que les pommes de terre, les oignons, le fuel et le gaz qui haussent fortement. Des marchandises moins couramment achetées, comme les télévisions à écran 16/9e ou les PC, ont vu leur prix baisser.

    Indexation des salaires, un acquis du mouvement ouvrier

    Il existe des moyens de tempérer les caprices de la nature et du système capitaliste. La classe ouvrière en a arraché plusieurs durant le siècle précédent. Ainsi, après la révolution Russe de 1917 et la vague révolutionnaire qu’elle a engendrée, un index des prix à la consommation a été obtenu dès 1920 en Belgique. A l’origine, seul un nombre limité de conventions collectives avaient introduit l’indexation automatique des salaires. Mais après chaque grande grève, ce nombre s’est élargi.

    Dans son Programme de Transition de 1938, Trotsky plaidait en faveur de l’échelle mobile des salaires, l’appellation contemporaine de l’adaptation automatique des salaires au coût de la vie, afin de protéger les foyers des travailleurs de la pauvreté. Parallèlement, il plaidait aussi pour l’introduction d’une échelle mobile des heures de travail, où l’emploi disponible est partagé entre tous les travailleurs disponibles, cette répartition déterminant la longueur de la semaine de travail. ‘’Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu’avec l’ancienne semaine de travail. La “possibilité” ou l’ “impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux toute la nécessité de liquider l’esclavage capitaliste.’’

    Après la deuxième guerre mondiale, le rapport de forces était favorable au mouvement ouvrier. Le système a graduellement été introduit dans tous les secteurs. Mais comme toute victoire du mouvement ouvrier, cet acquis aussi a été attaqué dès que le rapport de forces a commencé à se modifier. En 1962, le ministre des affaires économiques, Antoon Spinoy (PSB !) a essayé de retirer de l’index la hausse des prix des abonnements sociaux pour le transport public. En 1965, ce même gouvernement a à nouveau essayé, cette fois-ci avec le prix du pain. En 1978, de nouveau avec le PSB, le gouvernement a réussi à remplacer les produits de marques compris dans l’index par des produits blancs. En mars 1976, la loi de redressement de Tindemans – Declercq a aboli l’indexation pour la partie du salaire supérieure à 40.250 francs belges (1.006,25 euros). Cette mesure sera retirée en décembre, suite à la résistance de la FGTB.

    La victoire du néolibéralisme à la fin des années ’70 et au début des années ’80 a conduit à des attaques systématiques contre le mécanisme de l’indexation. Le gouvernement de droite des libéraux et des chrétiens-démocrates a appliqué trois sauts d’index entre 1984 et 1986. A trois reprises, donc, l’indexation des salaires n’a pas été appliquée. Ceci continue encore aujourd’hui à agir sur les salaires. En 1994, le gouvernement de chrétiens-démocrates et de sociaux-démocrates a retiré le tabac, l’alcool et l’essence de l’index ‘’santé’’. Depuis, dans divers secteurs, des accords collectifs all-in et saldo ont été introduits. Ces accords neutralisent en partie l’effet de l’indexation des salaires.

    La Belgique est-il le seul pays où s’app lique l’indexation automatique des salaires ?

    Dans certains secteurs de l’industrie aux États-Unis et en Grande-Bretagne, de tels accords étaient largement répandus jusqu’en 1930. En Italie, cela a été introduit dans les années ’70, mais a, depuis, été partiellement aboli. Au Brésil, au Chili, en Israël et au Mexique, l’indexation salariale a été abolie cette dernière décennie.

    Aujourd’hui, l’indexation automatique des salaires ne s’applique plus qu’en Belgique et au Luxembourg. A Chypre, elle existe aussi, mais ne s’applique pas à tous les travailleurs. En Espagne, au Portugal, en Finlande, en Italie, en Pologne et en Hongrie, des mécanismes d’indexation salariale sont repris dans des accords de secteurs où dans des contrats individuels. En France, en Slovénie et à Malte, les salaires minimaux sont indexés.

    D’abord produire, ensuite partager

    Dans leurs attaques contre l’indexation automatique, les politiciens et les économistes bourgeois accentuent toujours qu’il faut ‘’d’abord produire les richesses avant de pouvoir les partager’’. Il faut raconter cela au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ! Tant Moubarak que ses fils Gamal et Alaa sont milliardaires. De l’ancien dictateur Tunisien Ben Ali et sa famille, il est connu qu’il dispose d’une fortune immobilière correspondant à une valeur de 3,7 milliards d’euros en France uniquement. Les barons du textile belge qui ont massivement délocalisé vers la Tunisie dans les années ’70 y sont devenus indécemment riches. Combien de richesses faut-il avant que le partage ne commence ?

    Ce n’est pas de cela qu’ils parlent, mais bien des effets soi-disant pervers de l’indexation de salaires. Ainsi, l’indexation créerait selon Thomas Leysen dans Le Soir du 19 mars, une perception erronée de la marge salariale. L’économiste Geert Noels appelle cela ‘’le handicap concurrentiel automatique’’. Pour le professeur en économie Joep Konings (KULeuven) l’indexation automatique protège les habituels bien payés, mais complique l’accès aux emplois pour ceux qui n’en ont pas, puisque les entreprises seraient plus prudentes avant de recruter: ‘’Abolir l’indexation salariale automatique serait donc une mesure sociale.’’ Il rajoute qu’il faut l’accompagner de l’abolition de l’indexation des allocations sociales, au risque de voir la différence entre travailler ou ne pas travailler se réduire.

    Unizo, l’organisation des petits patrons en Flandre, plaide en faveur de ‘’quelques sauts d’index’’. Le professeur Peersman (UGand) veut annuellement adapter le salaire aux objectifs de la Banque Centrale Européenne. Son collègue De Grauwe (KULeuven) veut retirer le coût de l’énergie importée de l’index. Wivina Demeester, ancienne ministre CD&V, plaide pour une indexation en chiffres absolus au lieu de pourcentages. Mais selon De Grauwe, cela rendrait le travail non qualifié relativement plus cher et aurait par conséquent un effet non souhaitable. La Banque Nationale s’en tient à mettre en garde contre une spirale salaire-prix où des hausses de prix entraineraient des augmentations salariales qui seraient compensées par de nouvelles hausses de prix et ainsi de suite. Ce n’est pas un nouvel argument. Elle veut nous faire croire que lutter pour des augmentations salariales n’a pas de sens.

    Marx a déjà répondu à ces argument il y a 150 ans dans sa brochure ‘’Salaire, prix, profit’’ En réalité, le patron essaye d’empocher lui-même une partie aussi grande que possible de la valeur que nous avons produite. La peur de l’inflation n’a jamais freiné les patrons à empocher le plus de profits possibles. Avec un profit à hauteur de 16 milliards d’euros, une hausse d’un tiers comparée à 2009, les plus grandes entreprises belges disposent à notre avis de beaucoup de marge. En plus, des dividendes sont royalement versés aux actionnaires. Le producteur de lingerie Van de Velde, pour donner un exemple, a versé en 2010 quelque 70% du profit réalisé à ses actionnaires. Même en pleine crise, en 2009, les patrons des entreprises du Bel 20 s’étaient accordés en moyenne une augmentation salariale de 23%.

    Contrôles des prix

    Il n’y a rien à reprocher aux travailleurs en Belgique. Nous sommes toujours parmi les plus productifs du monde, loin devant nos collègues des pays voisins. Grâce à notre mécanisme d’indexation, la demande intérieure a mieux résisté à la crise de 2009 que dans d’autres pays, y compris en Allemagne. La contraction économique et le recul des investissements ont été moindres, tout comme la hausse du chômage. A l’époque, tout le monde a reconnu que c’était dû aux prétendus stabilisateurs automatiques, ce qui fait référence à la sécurité sociale et au mécanisme d’indexation.

    Nos prix de l’énergie sont largement plus élevés que ceux pratiqués à l’étranger. Des profits énormes sont drainés vers les poches des actionnaires, qui ne se trouvent d’ailleurs pas tous en France. De plus, en Belgique, l’industrie est très dépendante de l’énergie, mais là aussi on investit à peine dans une utilisation rationnelle de l’énergie. Nulle part ailleurs en Europe autant de voitures d’entreprises ne sont utilisées à titre de compensation salariale afin d’éviter des charges sociales. En comparaison des pays voisins, il y a en Belgique très peu de logements sociaux. Nos bâtiments résidentiels, tout comme nos bâtiments scolaires vieillis, sont extrêmement mal isolés et souvent encore chauffés au fuel, d’où les plaidoyers pour des contrôles transparents sur les prix.

    Le SP.a vise en premier lieu les prix de l’énergie. Le PS veut s’attaquer à l’inflation par des contrôles des prix d’au moins 200 produits. Nous sommes un peu étonnés que personne n’ait encore proposé d’introduire, à côté de la norme salariale, une norme des prix, où les prix ne pourraient monter plus que la moyenne pondérée des prix pratiqués dans nos pays voisins. Pour beaucoup de gens, le contrôle des prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu. Au Venezuela, Chavez a également introduit des contrôles des prix sur les denrées alimentaires, mais les rayons sont presque vides. Morales en Bolivie s’est heurté à une grève des employeurs lorsqu’il a voulu bloquer les prix des tickets de bus. Les propriétaires ont organisé un lock-out.

    Nous ne croyons pas que cela se produirait facilement en Belgique, ni pour l’alimentation, ni pour les loyers, ni pour l’énergie. Mais la leçon à tirer est qu’il est impossible de contrôler la distribution sans que l’autorité reprenne également la production en main, en assurant que le revenu du petit producteur soit garanti. Les contrôles des prix sont en fait une forme de contrôle des profits. Les entreprises privées essayeront de restaurer leur marge de profit aux dépens des travailleurs et si cela échoue, ils menaceront de délocaliser ou de stopper les investissements prévus.

    LE PSL TROUVE QUE LES TRAVAILLEURS N’ONT PLUS À PAYER LA CRISE PROVOQUÉE PAR DES SPÉCULATEURS

    • Pas touche à l’indexation automatique, pour le rétablissement complet de l’index. Liaison au bien-être de toutes les allocations.
    • Pas d’allongement du temps de travail, mais une semaine de travail de 32 heures, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, pour que le travail disponible soit réparti entre tous. Cela peut s’accompagner de crédit bon marché aux indépendants et de subsides salariaux sur base de coûts prouvés.
    • Ouverture des livres de comptes de toutes les grandes entreprises afin de contrôler leurs véritables coûts, les profits, les salaires des directions et les bonus.
    • Nationalisation du secteur énergétique sous contrôle des travailleurs et sous gestion des travailleurs eux-mêmes, pour être capables de libérer les moyens afin d’investir massivement dans l’énergie renouvelable et l’économie de l’énergie.
    • Pour le monopole d’État sur les banques et le crédit sous contrôle démocratique de la communauté. Au lieu de devoir supplier les directions des banques afin d’obtenir du crédit, le public pourrait alors planifier les investissements publiques nécessaires aux besoins réels de la population.
    • Pour une société socialiste démocratiquement planifiée et pour rompre avec le chaos capitaliste
  • Le scandale de la hausse des prix: leur avidité nous prend à la gorge!

    Pour peu qu’on aborde la question des salaires, les patrons et leurs alliés politiques hurlent au scandale du ‘‘handicap salarial’’ et exploitent bien vite les données des pays voisins. Mais – c’est marrant – si on parle de la hausse des prix, cette même logique ne vaut plus… Que les prix augmentent plus vite en Belgique que dans les pays voisins, ça, ça ne dérange pas le patronat.

    Par Nicolas Croes

    En janvier 2011, la facture annuelle d’une famille de 4 personnes se chauffant au gaz était de 1.463 euros à Bruxelles contre… 1.007 euros à Londres ! La Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG) affirme ainsi, chiffres à l’appui, que le gaz est moins cher de 31 % à Londres, et de 7 % à Paris (et sensiblement plus cher à Amsterdam et Berlin, de 1 et 4%).

    Selon l’Observatoire des Prix, l’inflation totale en Belgique a été de 2,3% en 2010, contre 1,4 % en moyenne dans les pays voisins. Précision utile, la tendance à la hausse s’est accélérée vers la fin de l’année (l’inflation était de 3,4% en décembre), et se poursuit en 2011… L’indice des prix à la consommation (IPC) en janvier s’est élevé à 3,7% dans notre pays, contre 2,3% dans la zone euro. En 2009, les denrées alimentaires comme la viande, le fromage, le lait et les oeufs étaient 20% plus chères en Belgique que dans le reste de l’Europe. En cinq années, l’alimentation est devenue 16,8% plus chère dans notre pays ! A lui seul, le prix des pommes de terre a augmenté de 44%…

    Alors, c’est vrai, il y a des prix qui baissent. Les télévisions à écran plat par exemple. Mais chacun conviendra que ça cale fort peu le ventre et tient mal sur une tartine. Les produits alimentaires non transformés (fruits et légumes,…), par contre, ont augmenté de 3,5% en 2010 (contre 1,9% dans la zone euro).

    L’énergie coûte plus cher, les loyers coûtent plus chers, les terrains à bâtir coûtent plus chers, la nourriture coûte plus cher, les transports en commun coûtent plus chers, etc. Avec nos salaires et nos allocations, on peut faire beaucoup moins de choses aujourd’hui qu’avant.

    Le CRIOC (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs) a ainsi récemment mis en lumière que 44% des sondés d’une de ses enquêtes déclarent qu’ils mettent moins d’argent de côté qu’auparavant, une augmentation de 18 % par rapport à l’enquête réalisée début 2010. On constate aussi que plus d’économies sont faites par les ménages concernant l’argent pour les soins de santé. De plus en plus de familles n’arrivent plus à payer leurs factures. L’an dernier, 2.362 familles flamandes ont ainsi eu leur eau coupée, soit quatre fois plus qu’en 2009.

    Pourtant, la société regorge de richesses, mais ce n’est pas dans nos poches qu’il faut la chercher. Les grosses entreprises belges de l’indice boursier Bel 20 ont, ensemble, réalisé en 2010 un bénéfice de quelque 16,357 milliards d’euros soit… 33,1 % de profits en plus qu’en 2009 ! Voilà où passe notre argent, et voilà où il faut aller le rechercher ! Pression sur nos salaires, hausse des prix,… ça suffit ! Luttons pour de meilleurs salaires, pour notre pouvoir d’achat, et pour mettre fin à cette course folle aux profits qui nous conduit droit à l’abîme.

    • Pas touche à l’index ! Pour un index qui représente le coût réel de la vie !
    • Pour un salaire minimum net de 1.500 euros !
    • Abolition de la TVA sur les produits de première nécessité !
    • Pour de vrais revenus de remplacement, liaison des allocations au bien-être !
    • Pour un programme massif publiquement financé de construction de logements sociaux de qualité !
    • Abolition des Intérêts notionnels et des autres cadeaux néolibéraux aux patrons !
    • Pour un impôt sur les grandes fortunes !
    • Pour une répression sévère de la fraude fiscale !
    • Pour la semaine des 32 heures, avec embauches compensatoires et sans perte de salaire !
    • Pour la nationalisation des secteurs clés de l’économie comme les secteurs bancaire, énergétique, alimentaire,… Ceux-ci doivent être orientés en fonction des besoins, pas des profits.
    • Pour une société socialiste sous le contrôle démocratique des organes des travailleurs et de leurs familles !
  • “Politique” & médias

    Les actualités politiques dans les médias traditionnels nous permettent de voir Elio Di Rupo sauter dans une piscine ou savoir ce que Bart de Wever commande à sa friterie préférée. Ce serait encore innocent si de telles nouvelles étaient accompagnées d’informations plus profondes ou d’analyses politiques. Mais aujourd’hui, tout cela est bien difficile à trouver dans la presse belge.

    Par Jarmo (Anvers)

    Tous les médias nous ont abondement parlé du conflit personnel entre De Wever et Di Rupo. Chaque petite nouvelle dans leurs rapports personnels a mérité des pages entières. Au même moment, il fallait fouiller les journaux à la loupe pour en savoir plus sur les propositions des différents partis. Les analyses plus profondes cèdent souvent la place aux commentaires sur les reproches que se font les partis et les hommes politiques entre eux.

    Cela tient aussi au fait que les partis traditionnels sont tous d’accord sur le principe d’une politique d’austérité. Les nuances concernent le rythme où se succéderont les coupes budgétaires ou les niveaux institutionnels où ils seront imposés. Ce consensus néolibéral se reflète aussi dans les médias. En Flandre, cela a offert la possibilité à De Wever de se présenter comme l’homme inébranlable, une image qui est la meilleure des préparations pour s’assurer une victoire électorale. Il n’y a pas beaucoup d’avantages à formuler de nouvelles propositions pour une nouvelle tournée d’assainissement, la plus importante depuis des décennies…

    Les informations unilatérales de la presse, tous les syndicalistes les connaissent. Lors de la journée d’action contre l’Accord Interprofessionnel du 4 mars, la presse a parlé des soucis de ceux qui râlaient de ne pouvoir aller faire leurs courses. Cela suffisait pour que l’action soit critiquée comme ‘‘irresponsable’’ dans les JT et les journaux papiers. Il en allait de même avec la manifestation du 24 mars, où les reportages commençaient par les embouteillages et parlaient finalement plus du parcours ‘original’ de la manifestation et des ‘‘émeutes’’ (la police a parlé de 20 personnes qui ont jeté des pierres sur 20.000 manifestant) que des revendications.

    Les médias choisissent toujours un camp : celui des partis traditionnels et du patronat, quitte à sacrifier les nuances et à sombrer de plus en plus dans la propagande tendancieuse.

    Nous ne sommes pas d’accord et souhaitons que les travailleurs et leurs familles aient une voix dans les médias. Mais pour cela, nous devons avoir nos propres médias. Ce mensuel en est une partie, il nous permet d’offrir un antidote régulier à la désinformation à laquelle nous sommes quotidiennement confrontés.

  • Un gouvernement en “affaires courantes” au service des grandes entreprises et des banques

    Selon un récent sondage, 13% des belges font encore confiance aux politiciens traditionnels (14% en Flandre, 11% en Wallonie et 12% à Bruxelles). Selon le bureau de sondage GFK Academy, ces chiffres sont ‘‘les plus bas de l’histoire’’. Les négociations qui traînent en longueur n’ont sans doute pas aidé à booster cette confiance…

    Par Peter Delsing

    A en croire ce sondage, au moins la moitié des actuels électeurs du “phénomène” N-VA (au del) des 30% dans les sondages) ‘‘n’ont pas confiance’’ en ce parti qu’ils ont pourtant élu. Toutes les explications sur la prétendue ‘‘augmentation du soutien’’ pour le nationalisme flamand doivent être considérée sdans ce contexte de dégoût général de la politique traditionnelle. Il est sans doute vrai, comme le disent encore d’autres sondages, que le nombre de Flamands favorables à une scission de la Belgique a doublé. Ce soutien aurait grandi de 10% à près de 20%. Avec en toile de fond la crise politique la plus longue de l’histoire belge, et avec l’ensemble des partis traditionnels ‘‘flamands’’ rangés derrière des ‘‘résolutions flamandes’’ très poussées, ce n’est sans doute pas si étonnant.

    Mais cela n’empêche pas qu’à chaque fois qu’on demande aux gens les thèmes déterminants dans leur choix électoral, le communautaire vient toujours bien après les thèmes de l’emploi, de la sécurité sociale, etc. Et de chaque côté de la frontière linguistique. Cependant, les travailleurs et les jeunes, néerlandophones et francophones, ne trouvent plus dans les urnes de grand parti sachant réellement défendre leurs intérêts.

    Derrière la division communautaire: Une unité néolibérale et antisociale.

    Le PS se vante du fait que le budget “en affaires courantes” ait pérennisé nombre de mesures de crise, notamment l’allongement du chômage économique (dans lequel intervient le gouvernement), le maintien des primes de licenciement, etc. Cette coalition a pris également nombre de mesures limitées pour augmenter les allocations, les pensions et les salaires les plus bas, mais avec une augmentation si modeste – pour les bas salaires il s’agit de 10 euros de plus par mois – qu’elle soulage à peine les plaies ouvertes causées par les coupes néolibérales drastiques de ces 30 dernières années. En Belgique plus de 20% des pensionnés sont pauvres tandis que la pauvreté a triplé pour toucher aujourd’hui 15% de la population.

    Que cette pauvreté ait augmenté si fortement ne reflète même pas complètement la détérioration du pouvoir d’achat des salariés. Pour cela, il est remarquable que dans un paysage politique où les partis ne semblent pas parvenir à trouver d’accord, un gouvernement ‘‘en affaires courantes’’ arrive à immédiatement s’entendre dès qu’il s’agit de défendre un très mauvais accord interprofessionnel (AIP) – une diminution de fait des salaires avec un index déjà vidé de sa substance. Un autre élément sur lequel la majorité des partis se sont immédiatement accordés était la nécessité d’intervenir militairement en Libye: aujourd’hui, déclarer une guerre fait aussi partie des ‘‘affaires courantes’’. Le PSL pense que la construction et le soutien d’un mouvement de masse en Libye peut davantage contribuer à un apport solidaire que ne pourra jamais le faire l’indignation sélective des pays impérialistes qui n’agissent que pour leurs intérêts pétroliers et leur image – une politique qui est maintenant également défendue en Belgique.

    Sauvé par la conjoncture, mais pour combien de temps?

    Le gouvernement en affaires courantes a eu de la chance avec la relance économique. Cela lui a permis de calculer un budget qui ne montrera ‘‘qu’un déficit de 3,6%’’ du PIB en 2011. Dans la mauvaise classe européenne, c’est déjà au-dessus de la moyenne. Pour le combler, il doit trouver 2,3 milliards d’euros, dont un milliard attendu grâce à de ‘‘meilleures perspectives de croissance’’.

    Mais la Belgique est largement dépendante de l’exportation, et donc de la conjoncture internationale. Aux Etats-Unis, le programme destiné à soutenir l’économie en imprimant simplement plus d’argent s’arrête cet été, l’exportation commence à ralentir en Chine, où l’économie repose sur une bulle spéculative immobilière. En Europe, une nouvelle phase de crise des pays et/ou des banques est tout à fait envisageable avec des pays titubants tels que le Portugal, l’Irlande, la Grèce et éventuellement aussi l’Espagne. De plus, l’énorme austérité qui s’abat en Europe pousse vers le bas le pouvoir d’achat de l’ensemble de la population. La croissance actuelle est largement artificielle et ne reflète qu’une relance temporaire très vulnérable.

    Pour le moment, n’ayant pas de vrai gouvernement, une grande attaque sociale comme en Grande-Bretagne, au Portugal ou en Grèce ne peut se mettre en place mais, de manière furtive, les assainissements et les pénuries s’amoncèlent dans presque tous les secteurs. La N-VA a proposé comme deadline pour trouver un accord sur un nouveau gouvernement : fin avril. Pour le moment le CD&V veut que la N-VA soit dans ce gouvernement afin de pouvoir les griller et couvrir leur flanc droit. La N-VA continue cependant à mettre sur la table des revendications toujours plus poussées en vue de continuer à construire une concurrence négative entre les régions, ce que les partis francophones peinent à accepter.

    Régionaliser ne permet pas de rendre les choses plus “transparentes”, bien au contraire, cela permet juste au gouvernement de couper plus facilement dans les budgets, comme c’est le cas pour l’enseignement. Même le Bureau du Plan et le Haut Conseil des Finances, qui ne sont tout de même pas des clubs flamingants, y sont totalement favorables. Le mouvement ouvrier n’a aucun intérêt à avoir une sécurité sociale ‘‘divisée’’, sans moyen financier pour répondre aux besoins. Les syndicalistes combatifs, les progressistes et les jeunes doivent construire un nouveau parti, indépendant de la bourgeoisie et de l’Etat capitaliste, pour défendre leurs intérêts. La résistance massive contre de nouvelles attaques, d’un nouveau gouvernement ou d’un gouvernement élargi ‘‘en affaires courantes’’, peut contribuer à en former la base.

  • Nucléaire – Pluie d’euros pour les uns, pluies acides pour les autres

    Nationalisation du secteur énergétique – De l’argent pour la recherche publique!

    Des milliers de morts à mo y e n t e rme à Fukushima, victimes de cancers et autres maladies. Cela rappelle le triste incident de Tchernobyl en 1986. Bien sûr, la Belgique n’est pas le Japon et les risques de tsunami sont plutôt limités (sic) à Doel ou Tihange. Quel point commun alors, entre nos centrales nucléaires et celle de Fukushima ? C’est que ces centrales ont été construites et continuent en Belgique de répondre non pas à une logique de sécurité et de précaution mais à une logique de profit.

    Par Stéphane (Liège)

    Le nucléaire représente un risque énorme pour l’humanité à court terme et également à long terme avec la question du stockage des déchets nucléaires. Il est clair qu’il faudra donc sortir du nucléaire pour éviter l’impasse. Actuellement, les centrales nucléaires belges sont sous la coupe de Suez, grande société privée multinationale franco-belge. Leur logique est celle du profit, pas celle de l’intérêt général, de la sécurité des populations voisines ou de leurs travailleurs.

    Le gouvernement avait décidé de sortir du nucléaire en 1999, mais cette décision a été suspendue depuis, prétexte saisi par Suez pour ne pas réaliser de nouveaux investissements dans ces centrales. Ces dernières, prévues pour durer 30 années, ont dépassé cette limitation et vont bientôt fêter leur quarantième anniversaire, alors que la durée de vie moyenne des centrales fermées dans le monde est de 21 ans ! A la grande détresse des habitants, des travailleurs de ces centrales et des habitants des alentours. Mais au grand bonheur de Suez qui réalise des profits gigantesques en vendant son électricité sans devoir faire aucun investissement !

    Les investissements, où vont-ils? Actuellement, nulle part ! Et pourtant les moyens et le potentiel sont là. Les chercheurs pourraient, avec les moyens nécessaires, élaborer et construire des moyens alternatifs d’énergies respectueuses de la sécurité et de l’environnement.

    Si l’énergie nucléaire est un trop grand risque pour l’humanité, il serait hypocrite de quitter le nucléaire dans notre pays… pour aller acheter de l’électricité nucléaire à la France, grande productrice. Nous voulons sortir le secteur de l’énergie des mains du privé et appliquer la logique de l’intérêt général – celui des travailleurs et des habitants – et non celui du profit. Nous déciderons alors quel sera l’avenir pour l’énergie nucléaire, tout en sachant que les profits gigantesques dégagés pour la vente de cette énergie permettront d’investir dans la recherche d’énergies nouvelles et dans l’élaboration et la construction de méthodes déjà connues ou nouvelles.

    Manifestation antinucléaire ce dimanche 24 avril à Bruxelles, à partir de 14h00 à la Gare du Nord

    A l’appel de la coalition "Climat et Justice Sociale"

  • Le travailleur vit-il au-dessus de ses moyens ou le patronat et les riches s’accaparent-ils trop de richesses ?

    Si on regarde les résultats de la nouvelle étude* de la HIVA (Haute Ecole du Travail, Louvain), la réponse à cette question est bien simple. Dans un scénario maximal l’État belge (et la sécurité sociale), par toutes sortes de déductions fiscales et de diminutions de recettes, touche 58 milliards d’euros d’impôts et de charges en moins par an. Si on rajoute encore l’estimation de fraude fiscale, on parvient même à 100 milliards d’euros par an. Ces chiffres offrent un tout autre regard sur les efforts nécessaires pour assainir le déficit budgétaire et la dette de l’État contre ce que veulent nous faire croire les partis au gouvernement.

    Par Anja Deschoemacker

    Même si les partis officiels de la “gauche”, PS et SP.a, parlent d’impôts supplémentaires sur les plus hauts revenus ou ‘‘d’adaptations’’ des intérêts notionnels, il s’agit généralement de mesurettes qui doivent servir de contrepartie pour venir puiser aussi, et surtout en fait, dans les poches des travailleurs, des pauvres et de leurs familles. L’étude de la HIVA démontre toutefois qu’en coupant toutes sortes de déductions et en menant une véritable lutte contre la fraude fiscale, une augmentation substantielle des revenus de l’État pourrait être obtenue.

    Évidemment, nombre de ces déductions sont absolument justifiables, par exemple ceux sur les revenus de remplacement. Mais la HIVA indique que c’est surtout les gens avec les plus hauts revenus et les entreprises les plus rentables qui utilisent le plus ce genre de moyens pour faire baisser leurs impôts. Ceux qui se plaignent le plus de ‘’la pression fiscale intenable’’, sont justement ceux qui en payent le moins ! Ou, comme le professeur Pacolet de la HIVA le dit dans De Standaard (28 février 2011) : ‘’On dit parfois qu’on est tous ‘plumés’ par le fisc. Mais quand je regarde les chiffres, je pense plutôt à des poulets rôtis qui volent dans la bouche de beaucoup…’’ C’est certainement le cas pour les entreprises les plus grandes et les plus rentables qui, avec les intérêts notionnels, ne payent qu’à peine des impôts alors que beaucoup de petites entreprises ne peuvent pas appliquer de telles mesures.

    Ce n’est pas seulement l’État même qui reçoit moins de revenus à cause de cette politique d’impôts maintenue, la sécurité sociale voit elle aussi ses caisses de plus en plus minées par ces diminutions de recettes. Ainsi, aujourd’hui, presque 20% de la masse salariale est exonérée sous la forme d’avantages extra-légaux, ce qui produit presque 10 milliards de baisse de revenus pour la sécurité sociale. Ajoutez à cela les 6 milliards de diminutions des contributions à la sécurité sociale et on arrive déjà à 16 milliards d’euros par an qui sont volés des caisses de la sécurité sociale. Et on entend encore crier que la sécurité sociale devient ‘‘inabordable’’!

    Au regard de ces chiffres qui sont le résultat de 20 à 30 années de diminution d’impôts pour les groupes économiquement les plus forts, nous ne pouvons que rire en entendant le terme de ‘‘gauche’’ pour désigner le PS et le SP.a (au gouvernement presque sans interruption tout au long de cette période). De manière assez similaire, les partis verts n’ont fait que des remarques en marge de cette situation. Maintenant, tous les partis présents au Parlement défendent une marge salariale maximale de 0,3% en plus de l’index, alors que les riches et les plus grands entreprises deviennent encore plus scandaleusement riches en dormant. Qu’on essaye de limiter leur croissance de revenus à 0,3% et ce serait le tollé !

    Si les travailleurs, les pauvres et leurs familles – la grande majorité de la population – veulent en finir avec ceci, ils sont de nouveau devant la tâche de ne pas mener seulement la lutte sur le plan syndical, mais aussi de se réorganiser sur le plan politique et de regagner leur indépendance par rapport à ces partis soi-disant de gauche ou social qui en mots offrent encore parfois du soutien au mouvement ouvrier, mais qui de l’autre côté ont approuvé cette politique déjà depuis des décennies.


    * De kost van fiscale en parafiscale uitgaven en ontwijking in België, Pacolet J & Strengs T.

  • Après la manifestat ion ‘‘Shame’’: Le mécontentement contre la crise politique augmente

    La presse a commenté la manifestation du 23 janvier comme n’étant ni plus ni moins qu’un évènement belgicain et apolitique, symbole d’une ‘‘cyberjeunesse’’. Mais derrière cette façade se trouve un caractère bien plus profond.

    Par Baptiste (Wavre)

    S’il y avait bel et bien des éléments belgicains et apolitiques présents dans la manifestation ‘‘Shame!’’, il serait plus correct de parler de confusion politique pour l’ensemble de la manifestation. De la même manière, on retrouvait plus une opposition au ‘‘diviser-pourmieux- régner’’ communautaire et au détricotage de la sécurité sociale plutôt qu’un belgicisme inconditionnel.

    Réforme d’Etat : pour la casse sociale ou pour des droits sociaux?

    Tous les politiciens traditionnels limitent la discussion sur une réforme d’Etat à la question de savoir quel niveau de pouvoir doit le plus supporter l’austérité. Le record mondial pour la formation d’un gouvernement a été battu parce qu’ils ne trouvent pas d’accord.

    Des années durant, les partis traditionnels ont essayé de masquer leur politique anti-sociale derrière des thèmes communautaires. La bourgeoisie belge a toujours utilisé cette politique de diviser-pour-régner afin d’éviter une confrontation ouverte entre classes sociales. Ce processus a atteint ses limites et, en l’absence de marge financière, la remise en cause des outils politiques traditionnels de la bourgeoisie est flagrante. C’est ce qui explique l’impasse politique actuelle.

    Les partis établis sont en désaccord concernant le rythme et le niveau des assainissements. Mais sur la base de la casse sociale, ils sont tous d’accord. Quand la majorité des militants syndicaux s’est prononcée contre la proposition d’Accord Interprofessionnel, le gouvernement en affaires courantes n’a eu besoin que de deux jours et une nuit pour parvenir à rédiger un nouveau projet s’attaquant aussi à nos salaires. Les marxistes s’opposent à toute réforme d’Etat pour organiser la casse sociale. Cela ne signifie pas que nous sommes opposés à chaque extension de pouvoirs des administrations régionales et locales. Nous n’avons aucun problème avec cela si c’est pour organiser une meilleure politique qui s’en prenne au chômage, aux bas salaires, aux mauvaises conditions de travail, au loyers trop élevés, au manque de services publics,… Mais cela n’est pas le but de la réforme d’Etat proposée par tous les partis traditionnels : ils veulent régionaliser pour assainir plus fortement, en montant l’une région contre l’autre.

    Contre la politique de casse sociale, il nous faut une lutte unifiée des travailleurs, tant au niveau politique que syndical, ce qui est possible sur base de revendications combatives incluant des revendications démocratiques. Nous défendons le droit pour chacun à avoir un travail dans sa propre langue, ce qui est très important à Bruxelles. Nous exigeons l’enseignement gratuit des langues, les attaques contre l’enseignement ont déjà fortement miné la connaissance d’autres langues. Nous nous battons pour des logements abordables, y compris dans la périphérie bruxelloise où les prix sont les plus élevés du pays. Le développement et le renforcement des services publics doivent aussi inclure le droit à avoir des services dans sa propre langue.

    Ce sont des éléments qui ne sont pas négligeables, et qui ne doivent pas être occultés par l’appel erroné des organisateurs à la ‘‘formation urgente d’un gouvernement’’. Finalement, ce n’est rien d’autre que l’expression des préoccupations sociales, sur les acquis, l’emploi, les services publics, mais dans un contexte politique embrouillé par les polémiques communautaires des politiciens depuis plusieurs années.

    Face à une telle situation, deux attitudes sont des dangers pour la gauche. Le premier est l’opportunisme, la facilité de s’abaisser à la confusion politique régnante pour trouver le plus grand écho possible autour de soi. Avoir un écho autour de soi quand l’on se met à la remorque des idées déjà présentes dans la société est une chose, apporter une réponse politique aux préoccupations sociales et développer le niveau de conscience en est une autre.

    A l’opposé, une attitude problématique est le sectarisme. Sur base de l’appel des organisateurs, ne considérer la présence de 45.000 manifestants que comme rien d’autre que la promenade annuelle de couches issues de la petite bourgeoisie est une analyse qui ne tient compte que de la façade d’une manifestation, sans voir le processus qui est à l’oeuvre derrière. A ce titre, un parallèle peut être fait avec l’attitude méprisante et fermée de différents groupes dans la gauche visà- vis des manifestations antimondialisation aux environs de l’année 2000.

    Une telle approche sectaire, de la même manière que l’opportuniste, est incapable de déceler le processus dans la conscience qui est à l’oeuvre sous la surface, or c’est indispensable pour intervenir avec une réponse politique qui permette d’augmenter le niveau de conscience politique. Car bien que l’expression soit confuse (ce qui est lié à la situation de brouillard politique belge), le ras-le-bol sur les menaces de détricotage de la sécurité sociale via le ‘‘diviser- pour-mieux-régner’’ est un point tournant dans de plus larges couches de la société sur la perception de la question nationale.

    Il est nécessaire de pouvoir analyser les changements à l’oeuvre dans la société pour formuler une réponse politique basée sur un programme qui relie le niveau de conscience actuel à la nécessité d’une société socialiste. Attendre que ces changements soient de manière mécanique une irruption de drapeaux rouges est erroné. Les changements et la polarisation politique dans la société s’accompagneront inévitablement d’éléments compliquant hérités de la période précédente. C’est ce qui s’est exprimé parmi les 45.000 personnes présentes lors de la manifestation ‘‘Shame’’.

    C’est la raison pour laquelle le PSL est intervenu lors de cette manifestation, tout en étant en désaccord avec le concept d’origine de l’appel, ce que nous avons formulé avec le slogan “Un gouvernement pour s’attaquer aux banques et aux spéculateurs, pas aux travailleurs et à leurs familles.’’

    Notre réponse aux polémiques communautaires entre politiciens traditionnels, polémiques qui sont étrangères aux préoccupations de l’immense majorité de la population, est qu’il est nécessaire d’avoir un instrument politique pour les travailleurs et leur famille, qui puisse exprimer leurs revendications, à travers un programme pour le socialisme. La période qui vient est une période de crise pour le capitalisme, une période instable et qui regorge de changements rapides dans la société. La clarté politique sur les processus est nécessaire pour réagir rapidement et être armé d’une réponse qui élève le niveau de conscience politique à travers ces changements ; c’est ce que nous voulons réaliser avec le PSL-LSP.

  • Nous ne paierons pas pour leur crise : Organisons notre lutte!

    Pour les grandes entreprises la crise est terminée. Les banques font de nouveau de grands bénéfices tandis que des experts s’attendent à ce que les entreprises du Bel- 20 (les plus grandes entreprises du pays), réalisent un profit de 17 milliards d’euros en 2010. Il s’agit d’une augmentation de 37,4% par rapport à 2009… Les bourses, elles, connaissent leur niveau le plus élevé depuis octobre 2008.

    Les managers peuvent donc se préparer à recevoir des primes records. Aux Etats-Unis, le record vient d’être battu : Jamie Dimon, de la banque d’investissement JP Morgan, a reçu une prime de 17 millions de dollars, soit 20% de plus qu’en 2009. Les politiciens belges ont eux aussi rejoint la fête : les salaires des parlementaires fédéraux ont été augmentés de 3.000 euros par an jusqu’à un plafond de quasiment 170.000 euros par année. C’est une augmentation salariale bien supérieure à la norme salariale de 0,3% pour 2012 qu’ils veulent nous imposer avec l’AIP…

    Pour les managers et leurs politiciens, la crise est finie. Mais pas pour nous, la majorité de la population. Actuellement, 15% de la population belge vit sous le seuil de pauvreté, c’est même 20% parmi les pensionnés, 35% parmi les chômeurs et 40% parmi les parents célibataires. A Bruxelles, il y a 100.000 chômeurs et 32.000 familles qui tentent de survivre avec le minimex.

    Le nombre de familles flamandes où l’électricité et/ou le gaz ont été coupés pour non-paiement des factures a augmenté jusqu’à atteindre le chiffre de 100.000 personnes. Pendant ce temps, Electrabel réalise de juteux bénéfices, notamment grâce à la prolongation de l’utilisation des centrales nucléaires (Electrabel estime ce profit à 652 millions d’euros alors que la CREG l’estime à 1,8 à 2,2 milliards d’euros). La réponse des politiciens et des patrons à la facture d’énergie est d’appeler à retirer l’énergie de l’index pour que les salaires n’augmentent pas. Notre réponse : il est temps de nationaliser tout le secteur de l’énergie !

    Si jamais nous avons un gouvernement dans ce pays, peut-être après de nouvelles élections, le rythme des attaques sociales sera plus élevé. La pression du patronat mais aussi de l’Union Européenne est grande. Ils veulent nous faire payer pour leur crise. Les résultats de cette politique sont évidents aux Etats-Unis : 43,6 millions d’habitants (14,1% de la population totale) survivent avec des coupons alimentaires ! Leur nombre a augmenté de 5 millions depuis le début de la crise. En Allemagne, des salaires de moins de 10 euros par heure sont de plus en plus la norme, un salaire de moins de 5 euros n’est plus une exception.

    Avec leur proposition d’AIP le patronat et le gouvernement veulent s’attaquer à nos conditions de vie. Il faut résister ! La gravité des attaques dans notre pays et en Europe nécessite une résistance sérieuse et pas juste un bluff. Sur base d’une implication active de la base, nous devons construire un rapport de forces pour qu’il soit clair que nous ne paierons pas pour leur crise !

  • Pour la nationalisation et la reconversion totale de l’industrie de l’armement

    Les armes produites dans notre pays, en Wallonie et en Flandre, sont utilisées dans le cadre des répressions au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Le secteur de l’armement représente en Belgique un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros, et compte quelques 20.000 travailleurs. Ces livraisons d’armes aux dictatures entraînent aujourd’hui beaucoup de discussions et de critiques. Quelle attitude adopter?

    L’attitude de l’establishment belge face aux dictatures est actuellement très claire pour un large public. Il y a quelques semaines encore, le ministre Van Ackere (du CD&V) avait voté pour que la Libye dispose d’un siège au conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. De son côté, la Région wallonne a donné l’autorisation à la FN-Herstal pour conclure un contrat avec la Libye à hauteur de 11,5 millions d’euros. C’est ainsi que l’on a pu voir le FN 303 sur des images issues de Libye (voir ci-contre). Mais de Flandre aussi partent des armes vers les dictatures du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Maintenant, c’est comme si l’élite politique avait reçu une commotion, un peu comme s’il avait fallu des mouvements de masse pour que l’on sache que notre pays était compromis avec des dictatures…

    Quant il s’agit de livraisons d’armes aux dictatures, on regarde souvent vers la FN-Herstal. Avoir une approche communautaire n’est pourtant pas possible, des licences d’exportation d’armes existent aussi en Flandre, pour le Bahreïn, Oman, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc,… … D’autre part, en 2009, la Libye a acheté des armes dans pas moins de 13 pays de l’Union européenne.

    Concernant l’étendue des livraisons d’arme européennes, l’a.s.b.l. Flamande ”Vrede” (”Paix”) a déclaré dans une carte blanche au quotidien De Morgen;”Selon le dernier rapport officiel de l’UE, les pays européens ont livré pour au moins 11,6 milliards d’euros d’armes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, y compris dans tous les pays qui posent problème. C’est le double de l’année précédente (5,95 milliards d’euros) ! La part belge s’élève à 418 millions d’euros (contre 375 millions d’euros en 2008). Dans les destinations finales les plus importantes, on trouve des régimes des plus brutaux comme l’Arabie Saoudite, avec 5 milliards d’euros, et presque la moitié de l’exportation d’armes européennes (Belgique : 337 millions d’euros).”

    Les discussions concernant ce sujet se réduisent régulièrement à deux positions contraires : une attitude purement morale qui plaide pour une interdiction (complète ou non) des ventes d’armes et, de l’autre côté, une argumentation basée sur le maintien de l’emploi.

    Le PSL est pour une autre approche : avec comme base de départ ce qui est socialement utile, ce qui est à l’opposé de la production d’armes pour intensifier ou soutenir la répression. Mais cela ne signifie toutefois pas que nous sommes pour la fermeture de toutes les armureries. Au contraire, les connaissances et le savoir-faire acquis des travailleurs de ce secteur ne peuvent pas être perdus. Nous croyons simplement que tout cela doit être utilisé à des fins socialement utiles. C’est pourquoi nous plaidons pour la nationalisation du secteur sous le contrôle des travailleurs, avec conservation totale de l’emploi dans le cadre d’une reconversion. Il ne suffit pas de purement placer les sociétés d’armement aux mains du gouvernement, comme l’illustre l’exemple de la FN-Herstal qui est aux mains du gouvernement wallon. Les sociétés nationalisées doivent être placées sous le contrôle des travailleurs pour que le personnel et la collectivité de façon générale puisse contrôler et organiser la reconversion de façon méthodique.

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