Category: National

  • [DOSSIER] Ce système est pourri… jusqu’à la moelle !

    Il y a quinze ans, notre pays a été touché par une explosion massive de protestations et de colère. Après une semaine d’actions spontanées et de manifestations a suivi la Marche Blanche du 20 octobre 1996 à Bruxelles, avec 300.000 manifestants. Le “Mouvement blanc” a illustré la vitesse à laquelle un mouvement peut se développer. Quinze ans plus tard, il est utile de revenir sur ces actions, mais aussi sur le rôle de la Justice. Après quinze années, qu’est-ce qui a réellement changé ? Quelle est la position des marxistes concernant le système judiciaire ? Nous publions ici un dossier de Geert Cool, actif à l’époque dans le mouvement en tant que militant marxiste.

    Le mouvement blanc : une explosion de colère dans les rues

    Le Mouvement blanc, créé en 1996, est apparu à la suite de l’affaire Dutroux et a exprimé la profonde tristesse éprouvée face au destin des jeunes victimes de Dutroux & Co. Mais au fur et à mesure que les obstacles s’amoncelaient autour de l’enquête, la tristesse est devenue colère.

    L’étincelle qui a mis le feu aux poudres a été le dessaisissement du dossier du juge d’instruction Connerotte après avoir commis le ‘‘crime’’ de manger une assiette de spaghetti lors d’une soirée de soutien aux familles des fillettes disparues… Il ne pouvait dès lors plus être considéré comme “impartial”. Connerotte était considéré comme un personnage dynamique écarté de l’affaire par les manœuvres bureaucratiques de l’establishment judiciaire sur le coup de cet “arrêté spaghetti”. Beaucoup de gens craignaient une nouvelle opération ‘‘sourde oreille’’.

    Les actions ont largement démontré que les politiciens avaient perdu tout crédit auprès de la population, tout comme diverses institutions bourgeoises : Justice, police et médias. Les frustrations s’accumulaient et les travailleurs de Volkswagen-Forest ont lancé le mouvement en cessant le travail le 14 octobre. Très vite, ils ont été imités dans l’ensemble du pays, une semaine de manifestations spontanées et de protestations de masse a suivi.

    L’establishment a en partie perdu le contrôle sur la situation, et s’est vu contraint de lancer de appels désespérés pour que les élèves retournent en classe et les travailleurs au boulot. L’establishment entier ne faisait qu’un, du gouvernement au Roi en passant par l’Église, dans leur frayeur face au mouvement. Il leur fallait absolument que la Marche blanche reste apolitique. De fait, les politiciens traditionnels n’avaient aucun contrôle sur les idées politiques en développement dans ce mouvement dont l’ampleur, la spontanéité et la rapidité ont surpris tout l’establishment.

    Ce n’était pas seulement la Justice, mais l’ensemble de la société qui était remis en question. Nous avons accompagné ce sentiment avec notre slogan “Le système est pourri jusqu’à la moelle”. Là où nous avons su avoir un certain impact, comme à Gand, ce slogan a été repris de manière massive. Nous avons aussi dépensé beaucoup d’énergie pour organiser cette explosion de colère spontanée, avec la mobilisation d’une grande manifestation générale le vendredi 18 octobre 1996 à Gand. L’appel à cette manifestation est venu du Syndicat estudiantin (Studentenvakbond, SVB), dans lequel nos membres jouaient un rôle actif.

    Nous nous sommes rendus aux entreprises, écoles et campus tout en intervenant dans les manifestations spontanées. Les journées étaient fort chargées. Le matin, il fallait se lever tôt, attraper un mégaphone et chercher la première manifestation spontanée qui nous tombait sous la main pour la renforcer et appeler la population à la rejoindre. Ce rituel s’est répété pendant plusieurs jours. La manifestation de Gand du 18 octobre 1996 a été massive : avec 25.000 participants, elle a été la plus grande manifestation du mouvement après la Marche blanche nationale.

    À ce moment, le mouvement était de plus en plus poussé par les travailleurs et leurs familles, sans que cela n’aie toutefois été consciemment en tant que classe, mais plutôt en tant que parents ou enfants. Pourtant, il était possible d’éveiller leur conscience. Un simple mot d’ordre des directions syndicales aurait suffi à donner une orientation au mouvement et à lui permettre de se développer davantage. Nous défendions qu’il fallait un appel à la grève générale et à la formation de comités d’action pour la préparer, ce qui l’aurait placée sous le contrôle de la base. Mais les directions syndicales étaient aussi effrayées que les politiciens par l’idée d’une grève générale.

    Cette attitude a offert à l’establishment l’opportunité de récupérer le mouvement. Faute d’une direction de la part du mouvement syndical, ce sont les parents des enfants disparus, bien souvent contre leur gré, qui ont été proclamés porte-paroles et dirigeants du mouvement. Ils étaient présents dans tous les médias et, tout à coup, toutes les portes – jusqu’à celles du Palais royal ! – leur étaient ouvertes. L’establishment a fait tout son possible pour transformer la Marche blanche en un cortège apolitique où toute critique de l’establishment était interdite. Cela a été couplé avec la répression ad hoc ; nos militants qui, toute la semaine, s’étaient tenus à l’avant des manifestations ont brusquement et impitoyablement été arrêtés pour la simple raison qu’ils avaient des tracts. La liberté d’expression n’était pas permise. Cette récupération a conduit le mouvement à l’impasse.


    Justice de classe pour servir les intérêts des riches

    L’appareil judiciaire suit des règles et des lois qui servent les intérêts de l’establishment. Indépendamment de la composition ou de la structure exacte des tribunaux, il est certain que toutes les décisions doivent être en accord avec les règles qui protègent les privilèges du Capital. L’État bourgeois tel que nous le connaissons aujourd’hui ne fait que protéger le système capitaliste, dont il est d’ailleurs issu, malgré toute la rhétorique sur l’indépendance et l’impartialité de la Justice.

    Sous le capitalisme, le principe central du système législatif est la protection de la propriété privée des moyens de production. Cela vaut aussi bien sur le plan du droit bourgeois (les dettes, les contrats, etc.) que sur le plan du droit pénal. Nous ne défendons clairement pas le fait que les comportements asociaux (tels que la violence, les cambriolages…) ne doivent pas être punis. Mais nous constatons que le droit pénal est appliqué de façon différente en fonction du milieu familial ou de la position sociale. Un grand fraudeur du secteur diamantaire peut bien plus se permettre qu’un simple ouvrier.

    La “neutralité” du droit n’est pas évidente. Les règles sont les mêmes pour tous : riches ou pauvres. Voler une pomme est interdit, quand bien même tu crèves de faim. Mais grâce à toute leur technologie légale très chèrement payée, les riches s’en sortent généralement bien – il suffit de voir comment une personnalité telle que DSK se dépêtre aussi facilement d’une affaire de viol. Les décisions sont prises par des juges habituellement eux-mêmes issus du petit monde de l’élite. Beaucoup de juges ont toute une carrière d’avocat derrière eux et peuvent compter sur un revenu fort confortable. Il n’est pas question d’un contrôle démocratique de la Justice par la population.

    Les véritables socialistes appellent au démantèlement de l’appareil judiciaire existant. Nous sommes en faveur de la formation de nouveaux tribunaux, avec des juges élus de manière démocratique par la majorité de la population et révocables à tout moment par la base.

    Dans une société socialiste, le nombre de conflits diminuera. Aujourd’hui, la plupart des débats sont liées à des conflits sur la propriété. Les cas de criminalité et de comportement asocial seront évidemment punis, mais en gardant un œil sur la prévention de ce genre de comportement, et avec compensation du tort causé à la société. Une approche purement répressive ne résout rien et ne conduit pas à la baisse de la criminalité, comme le prouve la situation aux Etats-Unis. Nulle part ailleurs dans le monde il n’existe un tel pourcentage de la population en prison, sans que le pays ne devienne plus sûr pour autant.


    “Tous sont égaux devant la loi”. Certains plus que d’autres…

    Exagérons-nous lorsque nous parlons de Justice de classe ? Penchons-nous seulement sur un cas récent.

    Selon une estimation faite en Suisse, le secteur du diamant à Anvers a fraudé pour un montant d’au moins 700 millions d’euros. La chance que cela entraîne une condamnation est proche de zéro. Cette fraude est presqu’aussi grande que celles de Beaulieu (du patron du textile De Clerck) et de la KB-Lux prises ensemble – ces deux entreprises ayant chacune fraudé pour environ 400 millions d’euros, sans condamnation. Moralité : pas de soucis pour les gros profits. Faites bien attention à payer vos amendes de circulation, mais dormez tranquille si vous fraudez pour 700 millions d’euros.

    Les fraudeurs diamantaires peuvent compter sur leurs soutiens politiques. À Anvers, ce secteur dispose de son propre échevin : Ludo Van Campenhout (N-VA, ex-VLD). Celui-ci a déclaré que l’affaire “a été exagérée par les médias” et que des mesures “très strictes” ont été prises. L’échevin des diamantaires fraudeurs veut empêcher toute possibilité d’enquête. Quant au secrétaire d’État à la lutte contre la fraude (Carl Devlies, CD&V) : ‘‘Il y a déjà beaucoup de mesures, et je pense qu’elles sont suffisantes’’. Pour le secteur du diamant et les autres fraudeurs, ces mesures paraissent effectivement suffisantes.

    Le secteur diamantaire a lui-même engagé de coûteux avocats pour obtenir les dossiers du fisc via le Conseil d’État. Ainsi, le secteur veut savoir ce que le fisc sait, afin de pouvoir ensuite conclure un accord avec lui. Voilà comment les riches lavent leur linge sale en famille.

    Quand les hauts magistrats d’Anvers déclarent au début de l’année judiciaire que la sécurité sociale est affaiblie par la forte augmentation du travail au noir, ils ne s’attaquent pas aux organisateurs de ces circuits illégaux. Ils se limitent à des appels pour s’en prendre à l’afflux de travailleurs immigrés, les victimes des circuits occultes : les petites victimes du travail au noir sont embarquées tandis que les grands fraudeurs sont libres.

    Petite parenthèse ; pour rester dans le cas d’Anvers, les pénuries sont énormes. Des crèches aux écoles, en passant par les loisirs, l’emploi et les services publics, de plus en plus de choses font défaut. De grandes parties de la population perdent pied, et deviennent des proies faciles pour les criminels (tels que les trafiquants de drogue). La politique de droite a conduit au chaos et la réponse pour chaque proposition du type de créer de véritables emplois avec un salaire décent – ou investir dans de véritables logements de même que dans l’enseignement – est invariablement qu’il n’y a “pas de moyens”. Mais qui oserait encore le dire maintenant que l’on sait que les diamantaires peuvent tranquillement frauder pour 700 millions d’euros ?


    Encore plus pourris

    Notre niveau de vie est attaqué, l’establishment politique ne s’est fait remarquer ces dernières années que par ses chamailleries, la Justice ne s’occupe toujours que de défendre les intérêts des riches (qu’on pense seulement à l’affaire Fortis), et les médias inondent l’ensemble d’un flot de variétés abêtissantes.

    Les politiciens se trouvent à des lieues des réalités quotidiennes. En tant que parlementaires, ils gagnent 10.000 euro par mois et reçoivent des dédommagements jusqu’à 300.000 euros en plus d’une pension bien garnie (après seulement 20 ans de travail). Ensuite, ils peuvent boucler leur fin de carrière avec les postes lucratifs que leur proposent les grandes entreprises dans leurs conseils d’administration. L’indignation face au montant de la prime de départ de Sven Gatz en tant que député (300.000 euros) a bien illustré que le mécontentement envers les politiciens traditionnels est aujourd’hui exceptionnellement élevé. Qui croit encore ces politiciens ?

    La Justice a été réformée ici et là. Des éléments de la structure ont été supprimés, mais son mode de fonctionnement de base n’a pas été touché. Cela reste aussi un petit univers en-dehors du monde, composé de “gens qui se connaissent”. La manière dont le palais de Justice de la place Poelaert à Bruxelles se dresse au-dessus du centre-ville, symbolise bien la situation. En 2009, on a découvert un vaste système de chantage et de corruption impliquant des avocats, des magistrats et des dirigeants d’entreprise autour de la juge De Tandt à Bruxelles. L’enquête à ce sujet a été perturbée pendant des années par le parquet-général, qui craignait que l’image de la Justice n’en soit ternie. Ces pratiques avaient notamment été révélées quand la juge De Tandt avait rendu un jugement dans l’affaire Fortis qui était un copier/coller d’un projet de condamnation émanant des avocats qui représentaient le gouvernement dans le procès. C’est tout à fait courant. Les syndicalistes savent bien que la justice se laisse facilement atteler au carrosse du patronat pour littéralement prendre le relais des requêtes unilatérales des avocats patronaux pour briser les grèves. Qui croit encore ces juges ?

    Entre-temps, la confiance envers les médias est elle aussi en berne. Nous n’avons pas encore eu chez nous de scandales tels que celui de Murdoch au Royaume-Uni (les journalistes mouchardaient les téléphones de particuliers pour obtenir des scoops bien juteux). Le journal de Murdoch, News of the World, a dû fermer boutique. Chez nous aussi, de plus en plus de gens se posent la question : comment pouvons-nous encore croire ces journalistes ?

    Au sommet de la police, de la Justice, du monde des affaires et de la politique, tout le monde se connait, des alliances mutuelles existent et vont plus loin que ce que l’on s’imagine d’ordinaire. En vertu du maintien de ces alliances, on joue de manière “créative” avec la législation et la juridiction. Même les interventions policières peuvent être ordonnées de manière elles aussi très créatives. La soi-disant séparation des pouvoirs est une idée plus théorique qu’autre chose, destinée à donner un semblant d’impartialité. Dans la pratique, l’ensemble de l’establishment est absolument uni en un seul grand cercle d’amis cernant les différents pouvoirs.

    Dans le contexte d’un système en crise, des divergences d’opinion peuvent se développer au sommet. Mais le développement le plus important est celui d’une défiance croissante envers l’ensemble de l’establishment. Dans leur lutte pour un niveau de vie décent, les travailleurs et leurs familles entrent en confrontation avec cet establishment. Comme ce système n’offre aucun avenir décent à la majorité de la population, tout ce que nous pouvons faire est d’expliquer que ce système est pourri jusqu’à la moelle.


    Le Mouvement blanc, 15 ans après

    Un large mouvement spontané qui fait trembler l’establishment jusqu’à ses fondations – il y a 15 ans, c’était là un événement absolument exceptionnel. Aujourd’hui, dans le contexte de la vague de révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cela nous parait naturellement un peu moins spectaculaire. Il est pourtant important d’expliquer que chez nous aussi, il est possible de voir apparaitre un véritable mouvement, et que même pour des faits divers en apparence insignifiants, une explosion peut se produire. La vitesse et l’ampleur du Mouvement blanc sont une réponse à tous ceux qui pensent que rien ne se passe jamais dans notre pays, ou que les mouvements n’y sont pas à l’ordre du jour en ce moment. Les conditions pour un mouvement tel que celui de 1996 sont aujourd’hui beaucoup plus présentes. Il y a clairement encore plus de mécontentement, de sorte que la moindre goutte pourrait aboutir à des protestations de rues.

    L’absence d’implication active de la direction syndicale a assuré que le mouvement garde un caractère flou quant à sa nature de classe. D’autres couches de la société ont également participé au mouvement. Mais cela est une donnée statique. Le patronat avait déjà décroché à partir du moment où les actions de grève ont commencé. Les classes moyennes avaient auparavant joué un rôle actif dans la diffusion d’affiches des enfants disparus et avaient une sympathie envers les actions, mais n’en avaient pas la direction.

    Parmi les intellectuels, il y avait une certaine condescendance envers le caractère “populaire” de ce mouvement. C’est après la grève de Volkswagen à Forest que le mouvement a acquis un caractère de masse, et qu’il a été de plus en plus porté par les travailleurs et leurs familles. Le Mouvement blanc a également montré la force potentielle des travailleurs. C’est pourquoi il est essentiel pour les forces de gauche d’éveiller la conscience et de donner des perspectives au mouvement à partir d’une position de classe.

    Le Mouvement blanc n’a pu être récupéré que parce que le mouvement ouvrier n’y a pas donné une direction consciente. Il manquait de mots d’ordre et d’une organisation appropriée. Là où il y avait une direction au mouvement, surtout à Gand, il y a eu une grande manifestation de 25.000 personnes et des slogans clairs tels que “Le système est pourri jusqu’à la moelle”.

    Cela montrait le potentiel qui aurait pu se réaliser si seulement les directions syndicales s’étaient impliquées de manière active dans ce mouvement. Voilà pourquoi il est extrêmement important d’organiser les syndicalistes et militants actifs, tant sur le plan syndical que politique. Nous devons refonder tout un nombre de traditions du mouvement ouvrier, de sorte que lors de nouveaux moments décisifs, l’initiative ne puisse pas forcément être abandonnée pour être récupérée par d’autres forces.

  • Pensionnés et pas un radis dans le caddie… NON à l’austérité!

    Les enjeux de la réforme des pensions

    Ce jeudi après-midi s’est déroulée l’Assemblée interprofessionnelle wallonne des pensionnés et prépensionnés de la FGTB. Près de 1.000 personnes se sont réunies à Ciney Expo pour y examiner la note du formateur Di Rupo et du Rapport 2011 du Comité d’Etude sur le vieillissement. Le PSL était présent, accompagnant Gustave Dache, auteur du livre ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”.

    Accompagner Gustave Dache, c’était bien entendu l’opportunité de discuter autour de notre stand des leçons de la ”Grève du siècle”. De ce fameux hiver 60-61, il en a d’ailleurs été question dans le dossier presse de la FGTB, juste avant les revendications: ”Avant de persévérer dans cette voie sans issue [celle de l’austérité, NDLA], les responsables politiques feraient mieux de se rappeler la grande grève de 60-61 dont on vient de commémorer le 50e anniversaire. A cette époque déjà, les travailleurs avaient lutté pour conserver et améliorer leur statut de pension. A chaque ”Loi unique”, ”Plan global” ou pseudo-”Pacte entre les générations”, les travailleurs actifs et pensionnés, avec ou sans emploi, jeunes et moins jeunes – se sont dressés massivement et fortement pour défendre leurs droits et acquis sociaux.” Hélas, malgré les très correctes dénonciations de la note ”qui ne prévoit rien d’autre que la dégradation de notre système de sécurité sociale et, donc, de nos pensions”, et malgré des revendications qui représentent de réelles avancées, aucun appel à la mobilisation. On en reste à un ”conseil aux négociateurs progressistes? 5 minutes de courage politique”. Quels négociateurs progressistes ?

    Comme le déclare très justement le dossier presse de la FGTB wallonne (chiffres à l’appui), cette note représente ”une nouvelle étape du long travail de sape de nos acquis sociaux mis en œuvre depuis 30 ans.” Mais, sur ces 30 dernières années, regardons donc depuis combien d’années le PS est au pouvoir… depuis 1988! Le ”travail de sape de nos acquis sociaux” a été depuis longtemps déjà accompagné par la famille ”socialiste” (qui n’en a plus que le nom), quand il n’a pas tout bonnement été à l’avant de l’attaque. Le PS était-il au gouvernement lors du Pacte des Générations ? Oui. Et lors du Plan Global ? Oui. Après la grève de 60-61, c’est même le PS qui a pu appliquer la Loi Unique, morceau par morceau. Nous n’avons donc pas besoin de ”5 minutes de courage politique” de la part des négociateurs soi-disant ”progressistes”, mais bien d’un plan d’action offensif destiné à défendre dans la rue et par la grève les acquis et le niveau de vie de tous les travailleurs et les pensionnés! La faiblesse appelle l’agression: le mouvement ouvrier doit montrer ses crocs et se préparer à la riposte !

    C’était la teneur de l’intervention de Gustave Dache à cette Assemblée, soulignant que les ”papys et mamys qui ont fait 60-61” étaient prêt à ”redescendre dans la rue” pour se battre contre l’austérité qu’on nous impose. ”A l’époque, on a failli avoir une marche sur Bruxelles. On nous en a empêché, mais cette fois-ci, on ne nous arrêtera pas !” Longuement applaudi, Gustave terminait en lançant un appel clair à Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, à ”déposer demain un préavis de grève générale à Elio Di Rupo”, qu’il a qualifié de ”démolisseur” de notre sécurité sociale.

    Vous retrouverez l’intégralité de l’intervention de Gustave Dache sur ce site dans les jours qui viennent.

    Les militants du PSL présents ont pu distribuer notre tract et proposer notre matériel politique. Nous avons ainsi pu vendre les derniers exemplaires disponibles du livre ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”, ainsi qu’une quinzaine d’exemplaires de notre mensuel, Lutte Socialiste.


    Suite au succès remporté par le livre de Gustave, une nouvelle édition est en préparation. N’hésitez pas à passer commande au 02/345.61,81 ou à redaction@socialisme.be !


  • [DOSSIER] Dexia: aux travailleurs et à leurs familles de payer pour les bénéfices du privé ?

    Pour la nationalisation de Dexia, première étape vers un secteur financier public

    Dexia Banque Belgique est actuellement aux mains de l’Etat belge. La France a aussi repris une partie de Dexia, et le reste est placé dans une ‘‘bad bank’’. Début octobre, l’Etat danois a repris la banque Max et l’Etat grec la banque Proto. Ces interventions des gouvernements sont une expression de l’énorme nervosité qui règne dans les milieux économiques et politiques partout en Europe. Certains disent même qu’il faut une intervention européenne coordonnée pour sauver le secteur bancaire avec une injection de 200 milliards d’euros, de l’argent de la collectivité bien entendu.

    Dossier, par Bart Vandersteene

    En un weekend, le gouvernement belge a trouvé quatre milliards d’euros pour acheter Dexia Banque Belgique. Selon le premier ministre Yves Leterme et le ministre Reynders, cela ne va rien coûter aux contribuables. Dexia doit immédiatement payer une prime de 270 millions d’euros pour la garantie destinée à la ‘bad bank’, tandis que les intérêts annuels pour le prêt de 4 milliards sera de ‘seulement’ 160 millions d’euros. Bien sûr, ils passent très vite sur le fait que les 4 milliards empruntés doivent être remboursés. Par ailleurs, le gouvernement a engagé la collectivité pour un garantie de 54 milliards d’euros pour la ‘bad bank’. Cela représente 15% du PIB et environ 5.000 euros par Belge.

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    Est-ce qu’une banque publique pouvait éviter la crise actuelle ?

    Il est illusoire de penser qu’une banque publique qui n’a pas participé à des investissements risqués serait restée debout dans la période qui a précédé 2008. Cette illusion, qui était aussi entrée dans la gauche, suppose qu’une banque avec un taux d’intérêt de 2% sur les épargnes pouvait rivaliser avec les 4 à 6% promis par les autres banques, bien que cela fût fondé sur les grands risques.

    Si une banque publique avait existé, cela aurait été une île au milieu d’un océan de logique capitaliste, et les vagues spéculatives l’auraient immergé. Qui serait resté à la banque publique face au bombardement de propagande des médias et des experts avec leurs projections de rendements attrayants ? La pression aurait été rapidement là complètement s’inscrire dans une logique de spéculation.

    C’est pourquoi le Crédit Communal et la CGER ont été vendus au secteur privé. Les banques publiques ne pouvaient pas répondre de façon adéquate à la vague de spéculation financière néolibérale.


    Qui gère une banque publique ?

    Comment pouvons-nous assurer que la gestion des banques éviter de retourner vers la logique capitaliste, avec des managers dont la tâche est de faire des profits rapides pour gagner des bonus ? Nous plaidons pour que le contrôle et la gestion soient aux mains d’un comité de représentants démocratiquement élus des travailleurs du secteur, des clients et du monde du travail en général. Ces élus ne devraient avoir aucun privilège pour l’exercice de leurs fonctions. Les travailleurs devraient être exemptés de leur boulot pour exercer cette tâche, les représentants des gouvernements sont déjà payés pour leur mandat public.

    Mais ce n’est pas juste une question de nouvelle structure. La nationalisation de Dexia et de l’ensemble du secteur financier devrait faire partie de la construction d’une autre société dans laquelle les profits d’une minorité ne seraient pas centraux, mais bien les besoins de la majorité.

    Ce n’est pas ce que les ‘‘représentants’’ de la collectivité ont défendu au sein de Dexia ces dernières années. Non, ils ont délibérément défendu l’illusion néolibérale que les risques ont été réduits en les répartissant. Ils ont été bien payés pour défendre ces mensonges. Ces représentants ont-ils représenté la collectivité au sein de Dexia, ou plutôt Dexia au sein de la collectivité ? Aucun représentant public chez Dexia – et ils n’étaient pas des moindres avec le président de l’Europe Herman Van Rompuy ou le presque nouveau premier ministre Elio Di Rupo – n’a averti des dangers du secteur. Est-ce que ces politiciens vont maintenant se limiter à une nationalisation de Dexia pour que la collectivité doive payer pour les mauvaises dettes pendant que le privé peut s’en aller avec les bons morceaux pour leurs profits ?

    Une fois que le secteur financier sera dans les mains publiques, le secteur ne peut pas suivre la même voie que les directions précédentes qui étaient toujours inscrites dans la logique du capitalisme. Le secteur doit être mis sous le contrôle direct et la gestion des travailleurs et des clients. Cela devrait permettre de s’assurer que le secteur bancaire et de crédit joue un rôle socialement utile.


    Nous demandons que :

    • Tous les représentants politiques au sein du conseil de Dexia remboursent leurs honoraires pour les 10 dernières années
    • Tous les bonus pour les managers, comme Mariani, soient récupérés
    • Que Dexia soit enfin complètement placé aux mains du public
    • Un audit public soit réalisé sous contrôle ouvrier pour déterminer quels actionnaires et détenteurs d’effets ont droit à une indemnité équitable au nom de la collectivité
    • Les livres de toutes les banques soient ouverts
    • Le secteur dans son ensemble soit mis dans les mains du public
    • La gestion de ce secteur et son contrôle soient effectués par un comité élu composé de représentants élus des travailleurs, des clients et du monde du travail en général
    • Il faut rompre avec le capitalisme qui démontre de plus en plus sa faillite. Il faut commencer à construire une alternative socialiste dans laquelle les besoins et les désirs de la majorité de la population sont centraux.


    Tous complices

    Qui sont les représentants de la collectivité qui étaient supposés nous représenter au conseil d’administration de Dexia? Aperçu de quelques complices…

    Le président du conseil d’administration est Jean-Luc Dehaene, député européen du CD&V. Francis Vermeiren n’est pas seulement maire de Zaventem pour le VLD mais aussi président du Holding Communal (46.000 euros par an) et administrateur chez Dexia (pour un montant similaire). Plusieurs politiciens ont fait partie du conseil d’administration de Dexia. Parmi eux se trouvait le président européen Herman Van Rompuy.

    Une petite liste des politiciens qui ont été membres du conseil d’administration de Dexia ces dernières années :

    • PS: Marc Deconinck, Elio Di Rupo,
    • CDH: Benoît Drèze, Jean-Jacques Viseur
    • MR: Antoine Duquesne, Serge Kubla.
    • SP.a: Frank Beke, Patrick Janssens, Jean Vandecasteele, Geert Bervoets
    • Open VLD verres Louis, Francis Vermeiren, Patrick Lachaert, Karel De Gucht, Rik Daems, Jaak Gabriels
    • CD & V: Wivina Demeester, Herman Van Rompuy, Tony Van Parys, Luc Martens, Jef Gabriels, Stefaan Declerck

    Dehaene: politicien ou homme d’affaires ? Ou est-ce le même?

    Yves Leterme s’est trompé quand il a été à la radio en parlant de Dehaene comme un ex-politicien. Le poids lourd du CD&V est toujours eurodéputé, ce qui représente un salaire mensuel de € 6.080 ajouté aux 4.500 euros de frais et d’indemnités de voyage.

    En tant que président de Dexia, Dehaene a reçu une indemnité de 88.000 euros par an (hors primes et bonus). Au conseil d’administration d’Inbev, il recueille € 79.000, chez Umicore € 33.000, chez Lotus € 17.500, … A la FIFA, il reçoit € 70.000 par an. Ce montant a été récemment doublé en raison d’une pression de travail élevée. Ces revenus comptent pour environ 30.000 par mois. Rembourser ce qu’il a reçu de Dexia ne sera donc pas un grand problème pour Dehaene.

    Jean-Luc Dehaene est officiellement de l’aile du Mouvement Ouvrier Chrétien du CD&V. Les membres du MOC (y compris les membres d’Arco) pensent-ils que les intérêts des travailleurs sont bien défendus par de tels représentants ?
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    Pour des logements abordables, un enseignement gratuit et de qualité, des soins de santé,… il n’y a jamais de garantie de l’Etat. Pourquoi le problème des listes d’attente dans les soins de santé n’est-il pas résolu en un weekend en donnant les moyens adéquats ? Pour les banquiers et les spéculateurs, les politiciens trouvent facilement de l’argent en ‘un weekend de courage politique’. Mais pour les manques qui frappent la majorité de la société, il n’y a pas de moyens.

    La collectivité perd

    La décision de scinder Dexia a de lourdes conséquences. Cela est évident rien qu’au regard de la liste des principaux actionnaires:

    • Arco, le holding du Mouvement Ouvrier Chrétien, contrôle 13% des actions
    • Le Holding Communal : 14%
    • L’association d’assurance Ethias : 5%
    • Les gouvernements régionaux : 5,7% et le gouvernement fédéral : 5,7%

    Non seulement les grands actionnaires privés connaissent une perte de valeur, mais tous les niveaux de gouvernement et même la coopérative du mouvement ouvrier chrétien vont payer le prix fort pour avoir rejoint l’idéologie néolibérale avec le casino de Dexia.

    La perte de valeur pour le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux est de 2 milliards d’euros. Pour les 700.000 membres de la société Arco, une solution sera développée correspondant à la garantie de l’Etat pour les comptes d’épargne. La perte du Holding Communal, en théorie, doit conduire à la faillite. Il est possible que les régions et le gouvernement fédéral interviennent pour le maintenir à flot. Mais, pour les communes, cela signifie de toute façon un gouffre financier. Il y a la disparition des dividendes (en 2008, il s’agissait de 8,5 millions d’euros pour Anvers) et aussi la perte de valeur du Holding Communal. Ce holding avait acheté ses actions Dexia à 8,26 € alors que leur valeur boursière a chuté à moins de 1 euro. La collectivité va payer un prix élevé, la seule discussion est de savoir quel niveau va supporter quelle partie du prix.

    Enfin, le gouvernement a également engagé la collectivité pour 54 milliards d’euros pour la ‘bad bank’. Si quelque chose va mal – et le nom de ‘bad bank’ indique que le risque est grand – la collectivité intervient. Parmi les 200 milliards d’euros d’actifs dans cette ‘bad bank’, il y a 12 milliards d’euros en obligations des gouvernements d’Europe du Sud et 7,7 milliards d’actifs toxiques. Comme le dit l’économiste Van de Cloot (Itinera): ‘‘S’il y avait seulement de bons morceaux, pourquoi faudrait-il une garantie du gouvernement ?’’

    Les agences de notation vont bientôt se pencher sur la solvabilité de la Belgique, qui sera réduite après les garanties que l’Etat a prises en charge. Les belles paroles du gouvernement concernant l’argent que les garanties pour la ‘bad bank’ rapporteront à la collectivité ne sont pas prises au sérieux par les économistes des agences de notation.

    La ‘Bad Bank’ : étape vers un scénario grec?

    Dans le quotidien flamand ‘De Morgen’ le rédacteur en chef Yves Desmet a dit que la ‘bad bank’ est un énorme pari. ‘‘Si ça tourne mal, le gouvernement met la prochaine génération devant une dette semblable à celle de la Grèce ou de l’Irlande. C’est ni plus ni moins que mettre l’avenir en péril.’’

    Un scénario grec en Belgique suite à l’éclatement d’une bulle de spéculation et de crédit, c’est ce que la ‘bad bank’ peut nous apporter. Juste un rappel de ce que signifie ce scénario grec : un doublement du taux de chômage, la chute de moitié du revenu moyen d’une famille grecque au cours des quatre dernières années, une montagne de nouveaux impôts pour les travailleurs et leurs familles, la fin des livres scolaires parce qu’ils ne peuvent pas être payés, 200.000 fonctionnaires en moins,…

    De cyniques journalistes placent la responsabilité de ce scénario grec chez les Grecs eux-mêmes. Steven De Foer du ‘De Standaard’ avait écrit le 7 octobre : ‘‘Cette violence, cette protestation arrogante contre les institutions internationales, cette innocence théâtrale, comme si le Grecs sont justes des victimes. (…) Bien sûr, cela n’a pas de sens de réélire pendant des années des politiciens corrompus et de profiter du travail au noir, du népotisme, de la mauvaise gestion,… et après de venir dire que ce n’est pas de sa faute.’’ C’est vrai que le capitalisme met en évidence les éléments les plus mauvais des gens. Dans le cas d’un scénario grec dans notre pays, ce journaleux s’excusera-t-il pour le rôle joué par son journal dans l’élection des politiciens traditionnels ?

    Qui suit après Dexia ?

    Dexia a ouvert la danse dans cette deuxième phase de la crise financière. Beaucoup l’ont vu venir de loin, mais les responsables ont tout fait pour entretenir l’illusion qu’ils avaient tout sous contrôle. Il y a quelque mois, Jean-Luc Dehaene affirmait qu’il n’y avait aucun problème, pour dire aujourd’hui que Dexia est désormais plutôt un hedgefund.

    La garantie de l’Etat pour la ‘bad bank’ de Dexia (une garantie qui représente 15% du PIB) n’est que le début. Que faire si d’autres banques suivent ?

    Le FMI a estimé, avant l’épisode Dexia, qu’il faut 200 milliards d’euros pour protéger le secteur bancaire contre les conséquences de la crise de la dette dans la zone euro. Combien faudrait-il si, après la Grèce, le Portugal, l’Italie et l’Espagne entre aussi en difficulté ? Tout semble indiquer que nous allons bientôt avoir une vue plus claire sur ce scénario. Combien d’argent public sont-ils prêts à donner pour sauver les richesses, la position de pouvoir des grands actionnaires et les spéculateurs du secteur financier ?

    Gagnants et perdants

    Malgré tout l’argent public consacré au sauvetage des banques en 2008, la même culture de la spéculation et de la cupidité est restée à l’ordre du jour. Le manager de Dexia Mariani avait reçu 1,95 million d’euros en 2009 et, en plus de son salaire régulier, il a encore reçu plus de 1 million d’euros en 2010 en cadeau pour sa retraite de 200.000 euros, avec un bonus de 600.000 euros. L’homme avait sans aucun doute travaillé très dur ? Ses notes de frais à l’hôtel – l’hôtel cinq étoiles ‘Amigo’ à Bruxelles – démontrent qu’il était à Bruxelles en moyenne deux fois par semaine. Et c’est bien sûr Dexia qui payait 185 euros par nuit. Sans doute Mariani et Dehaene vont-ils encore encaisser une prime de départ pour quitter le bateau en plein naufrage ?

    Les politiciens veulent maintenant nettoyer les débris des vautours avec l’argent public. Les débris sont soigneusement triés dans les ‘‘toxiques’’ (lire: les pertes) qui sont pour la collectivité et une partie rentable qui, par la suite, peut être retournée aux mêmes vautours à prix d’ami. Alors que les spéculateurs sont sauvés, nous sommes confrontés à des projets d’austérité dans la sécurité sociale, les soins de santé, les services sociaux et publics, l’éducation,…

    Les principaux actionnaires ont encaissé de gras dividendes des années durant et ont consciemment joué les parasites. Leurs complices dans les médias et la politique ont menti au public et quelques personnes se sont laissé tenter pour placer leurs épargnes et participer à la fête boursière. Cela est maintenant utilisé pour dire que chacun est responsable, y compris ceux qui ont été trompés par cette campagne de propagande massive.

    Les responsables de la spéculation, les principaux actionnaires et les managers, n’ont besoin d’aucune compensation pour l’expropriation par le public. Pour les petits actionnaires, une compensation doit être possible sur base de besoins prouvés. Nous ne voulons pas mettre en encore plus grande difficulté ceux qui avaient espéré compléter leur maigre pension avec le revenu de quelques actions.

    Il faut aussi que l’épargne et les prêts des travailleurs et de leurs familles soient garantis. La société Arco doit être dissoute, avec une compensation pour les 700.000 membres victimes de la participation de la direction d’Arco au casino de Dexia.

    Une alternative socialiste

    La nationalisation complète et définitive de Dexia en tant que première étape vers un secteur financier dans les mains du public avec une gestion démocratique

    La première banque entièrement détenue par l’État est un fait. Le ministre Reynders suggère que Dexia Banque Belgique peut rester dans la propriété publique pendant des années. Le rédacteur du ‘De Standaard’ Guy Tegenbos n’est pas d’accord : ‘‘une banque n’est pas une tâche essentielle pour un gouvernement.’’ Bien protéger l’épargne et l’utiliser pour accorder des prêts à ceux qui veulent, par exemple, investir en achetant une maison ou au gouvernement pour investir dans des travaux publics nous semble bien être une tâche essentielle de la collectivité.

    Le système bancaire et de crédit est trop important pour être laissé aux vautours à la recherche de profits rapides. Il est vrai que cela ne sera pas réglé si ‘nationalisation’ signifie que les banques seraient dirigées par des (anciens) politiciens aux attitudes identiques à celles de leurs copains du privé. Tegenbos écrit: ‘‘Même si l’objectif des administrateurs du gouvernement est d’avoir des services bancaires objectifs, il y aura toujours la tentation de poursuivre des objectifs moins honorables’’.

    Une banque publique ne signifie pas automatiquement qu’elle fonctionne au service de la majorité de la population. Ces dernières décennies, de nombreuses entreprises publiques ont été utilisées comme tremplin pour le secteur privé. Elles étaient sellées avec des achats inutiles, une mauvaise gestion et un agenda destiné à servir un noyau d’élite. Pensons à la mauvaise gestion au sommet de la SNCB, où à la faillite orchestrée de la Sabena, après quoi le privé a pu reprendre le morceau intéressant de Brussels Airlines.

    L’ensemble du secteur financier doit être retiré des mains du secteur privé afin de pouvoir jouer un rôle socialement utile. Faire de Dexia Banque une banque publique ne peut être qu’une première étape pour prendre l’ensemble du secteur hors des mains des spéculateurs.

    Mais un Etat servant les intérêts de l’élite capitaliste n’appliquera pas une telle politique dans les pans de l’économie dont il est propriétaire. Pour échapper à la logique du libre marché, une banque, une société ou une industrie dans les mains du public doit être placée sous le contrôle démocratique des travailleurs.


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  • L’accord sur BHV ne mettra pas fin aux conflits communautaires

    Après 460 jours de négociations, les huit présidents de partis ont réussi à se mettre d’accord sur la scission de l’arrondissement électoral Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). Bien que les partis communautaires N-VA et FDF crient à la trahison, nombreux sont ceux qui espèrent qu’il y aura enfin un gouvernement. Cet espoir est-il justifié? Et est-ce enfin la fin des querelles communautaires?

    Après la rupture des liens entre le CD&V et la N-VA, le MR a maintenant largué le FDF. La pression a été énorme, entre autres avec l’annonce du départ de Leterme. Accorder plus de responsabilités au gouvernement en affaires courantes n’était plus à l’ordre du jour. Le président du MR, Charles Michel, s’est enfin déclaré favorable à la scission de BHV, même si cela coûte beaucoup de voix pour son parti dans la périphérie flamande autour de Bruxelles et même s’il a dû lâcher le FDF. Que Michel ait voulu payer un prix si élevé, démontre que son parti, ou ce qui en reste, se veut un partenaire fiable dans le prochain gouvernement.

    La scission de BHV permet de voter pour des listes bruxelloises dans les six communes à facilités. Les autres communes seront jointes à l’arrondissement électoral de Leuven. Côté flamand, cette scission est perçue comme ‘pure’ et, côté francophone, on accentue le lien entre les six communes à facilités et Bruxelles. Ainsi est né un ‘compromis à la belge’ où restent présents tous les ingrédients pour de nouvelles éruptions communautaires. Cet accord conduira à de nouvelles contradictions.

    Il semble que l’on tentera de former un nouveau gouvernement, mais ce ne sera pas facile. Le problème principal est qu’il n’existe pas de moyens financiers pour cimenter de nouveaux accords communautaires. Sans doute les partis communautaires misent-ils sur ce fait pour jouer la carte sociale face aux pénuries à Bruxelles (pour le FDF) et à l’opposition contre l’austérité en Flandre (pour la N-VA). Les discussions sur la loi de financement, les moyens financiers supplémentaires pour Bruxelles et le budget 2012 (avec les 7-8 milliards d’euros de coupes d’austérité) ne seront pas faciles.

    Avec les austérités que le gouvernement fédéral imposera, des austérités sur le plan régional seront inévitables. Au sein du CD&V, par exemple, Kris Peeters s’oppose aux coupes d’austérité flamandes. Sans doute la N-VA s’y opposera au sein du gouvernement flamand avec l’argument que les flamands ont déjà assez payé. Ainsi, ce parti, qui réclame une austérité importante sur le plan fédéral, peut se profiler au niveau flamand contre une politique d’austérité imposée par les partis qui, face à la N-VA, ont revendiqué une politique d’austérité plus modérée.

    Dans la périphérie, les problèmes ne sont pas réglés non plus. L’année prochaine, il y aura des élections communales et les partis communautaires gagneront. Les bourgmestres francophones seront-ils nommés? La scission de BHV ne signifiera pas qu’il n’y aura pas de listes francophones dans la périphérie. Lors des élections parlementaires prochaines, normalement prévues en 2014, le FDF peut se présenter dans la périphérie. Maintenant que le FDF ne doit plus rendre des comptes au MR, il n’est pas exclu que le FDF mette sur pied ses propres mobilisations. Les nationalistes flamands ont déjà organisé une manifestation à Linkebeek le 18 septembre avec quelques milliers de personnes. La circulaire-Peeters existe toujours, ce qui conduira à des conflits judiciaires. À Bruxelles il n’y aura pas les moyens de s’attaquer aux énormes pénuries (entre autres sur le plan de l’emploi, le logement, l’enseignement,…).

    Les contradictions communautaires existeront aussi après l’accord sur BHV. La politique d’austérité qui s’imposera inévitablement augmentera le ressentiment face aux partis établis et offrira l’espace aux partis communautaires de se renforcer sur base d’un sentiment anti-establishment. Le FDF verra ainsi une possibilité de survie, peut-être aussi après les élections parlementaires de 2014 où le FDF défendra ses trois élus (et les moyens financiers qui en découlent).

    Tant que les dirigeants syndicaux nous lient à la politique d’austérité des partis traditionnels ‘responsables’, les partis communautaires auront l’espace de se positionner face à la politique d’austérité. La discussion concernant le nécessaire prolongement politique des revendications et des besoins des syndicalistes continuera à être à l’ordre du jour. Le départ des politiciens issus de l’aile ouvrière du CD&V, Leterme et Vervotte, conduit déjà à une discussion au sein du mouvement ouvrier chrétien. Le nouveau président du SP.a, Tobback, a déjà mis en garde la FGTB flamande de ne pas lancer trop de critiques envers le parti… Probablement Di Rupo continuera-t-il à présenter le PS comme le ‘moindre mal’ face à la pression de la droite, mais combien de temps cette histoire du ‘moindre mal’ tiendra-t-elle encore dans un contexte de coupes d’austérité?

    Le paysage politique du capitalisme belge d’après guerre ne fonctionne plus. Il doit être redessiné. Le mouvement ouvrier ne peut pas adopter une politique attentiste et laisser l’initiative aux aventuriers de toutes sortes. Il a besoin de son propre instrument politique, voilà la conclusion que devraient tirer le sommet de la CSC et ses collègues de la FGTB.

  • L’entièreté du secteur financier aux mains du public!

    Une “Bad bank” pour collectiviser les dettes et sauvegarder les profits?

    La Grèce est en faillite, c’est peu à peu officiel. La note de solvabilité de l’Italie est revue à la baisse. La foi en l’avenir de la zone euro est au plus bas. Le gouvernement belge a opté pour la création d’une ”bad bank” pour y mettre tous les déchets de Dexia. Lors du stresstest européen pour les banques, Dexia s’est retrouvé à la 12e position sur 91 banques, seules 11 banques sont donc mieux préparées face à la crise. Il est possible que cela ne soit seulement que le début d’une nouvelle tournée d’opérations de sauvetage dans le secteur bancaire.

    “Un clou dans le cercueil de la Belgique”

    La valeur des actions de Dexia a chuté hier de 22%. L’occasion de cette baisse était la crainte que Dexia soit exposée dans une large mesure à la dette publique grecque, à hauteur de 3,4 milliards d’euros. Avec également les dettes grecques privées, Dexia est exposée à concurrence de 4,8 milliards d’euros. Une partie des dettes grecques, 21%, a déjà été amortie, mais il est possible qu’il faille faire de même pour plus de la moitié de celles-ci.

    Juste avant l’été, l’agence de notation Moody’s avait expliqué : ”Dexia est le clou sur le cercueil de la Belgique et peut signifier la fin de la zone euro.” L’effondrement de la valeur de Dexia a également de profondes implications pour le financement des villes et des communes qui représentent 14,4% des actions Dexia. Les communes réussiront-elles à reporter les opérations d’économies au niveau local jusqu’après les élections communales de 2012 ? Ces économies, conséquentes au jeu sur les dettes, viendront s’ajouter aux attaques du fédéral et des régions.

    Les spéculateurs et les banquiers ont reçu carte blanche des politiciens

    Dexia est entremêlée à l’establishment politique, et ce n’est pas une coïncidence si Jean-Luc Dehaene (CD&V) en est le président. Lors de la crise financière de 2008, Dexia avait reçu 6 milliards d’euros des gouvernements français et belge. Les communes et le gouvernement, via Dexia, ont participé au capitalisme-casino et ils veulent maintenant nous en faire payer la facture. À tous niveaux, les élus ont fermé les yeux sur les risques pris au nom de la collectivité.

    La direction de Dexia, avec le soutien des gouvernements français et belge, a élaboré un scénario où les activités à risque seraient regroupées dans une ”bad bank” pendant que les‘’ parties ‘saines’ du groupe seraient vendues pour recapitaliser Dexia. Cela signifie en pratique que les pertes sont nationalisées et que les bénéfices sont privatisés. Le Premier ministre Yves Leterme a immédiatement annoncé que le gouvernement belge accorde une garantie d’Etat pour la ”bad bank”. Il serait question de 57 milliards d’euros.

    L’épargne en danger?

    Nombreux sont ceux qui s’interrogent au sujet de la sécurité de leur épargne. Le gouvernement offre des garanties à hauteur de 100.000 euros par client. Hier, 300 millions d’euros ont été retirés des comptes de Dexia. Ce n’est pas encore une panique bancaire, mais cela indique bien que la méfiance et la peur sont grandissantes.

    Il est exact que nous ne pouvons pas accorder de confiance aux banquiers et aux spéculateurs qui jouent avec notre argent. Les politiciens font tout pour nous rassurer, mais que faire si, après la Grèce, l’Italie glisse elle aussi ? Cela signifierait un nouveau coup dur pour Dexia et d’autres banques belges. Le gouvernement peut bien intervenir pour entièrement ‘nationaliser’ Dexia’. Cela pourrait coûter presque 4 milliards d’euros aux contribuables, mais sur un actif total de 247 milliards d’euros (soit deux tiers du PIB belge). Des opérations de cette taille peuvent difficilement être répétées plusieurs fois.

    Les banques aux mains du public !

    Une banque publique avec toutes les mauvaises dettes ne servirait uniquement qu’à collectiviser les pertes pour que les spéculateurs privés puissent sauvegarder leurs profits futurs. Ce n’est pas ce que nous entendons par ‘nationalisation’. Nous plaidons pour que le secteur financier entier soit placé hors de portée des spéculateurs et des banquiers pour être mis sous contrôle public.

    Comme nous l’avons écrit sur la première page de l’édition d’octobre de notre journal : ”Si nous voulons stopper la dictature des marchés et faire jouer au secteur financier un rôle utile à la société, nous devons reprendre ce secteur hors des mains des requins de la finance et le placer sous contrôle public, non pas pour que les ménages supportent les conséquences de leurs actes, mais pour en finir avec ces spéculateurs qui veulent nous dicter nos conditions de vie. Cela fait partie de la lutte pour une société où les intérêts de la majorité de la population seront centraux.”

    Nationaliser le secteur entier

    Ces dernières années, les grands actionnaires ont reçu dividende après dividende. Les managers ont été récompensés avec des bonus gigantesques. Maintenant qu’ils sont trop grands, les risques doivent êtres repris par les contribuables. C’est une illusion de penser que cela ne nous coûtera rien, comme Leterme le suggère. S’il ne s’agissait pas de crédits problématiques, il y aurait aucune raison pour que le gouvernement les reprenne.

    Au lieu de nettoyer le secteur peu à peu pour le rendre ensuite aux mains des mêmes charognards, le secteur complet doit venir aux mains du public. Les grands actionnaires ne doivent recevoir aucune indemnisation. Ils ont profité assez longtemps du système en parasites. Pour le petit actionnaire, convaincu de placer sont épargne sous forme d’actions dans le secteur financier par une propagande massive, une compensation doit être prévue sur base de besoins prouvés.

    Une fois le secteur financier dans les mains du public, il ne doit pas suivre la même voie que les anciennes banques où les autorités constituaient les actionnaires les plus importants et qui fonctionnaient totalement dans le cadre de la logique du capitalisme. Le secteur doit être placé sous le contrôle et l’administration directs des travailleurs et des clients. Cela doit permettre d’assurer que les banques jouent un rôle socialement utile : assurer notre épargne et permettre des emprunts payables.

    A la place d’être géré par des topmanagers grassement payés, le secteur doit être géré par un comité élu composé de représentants des employés, des clients et du mouvement ouvrier. Ces élus ne doivent avoir aucun privilège lié à leur fonction. C’est la seule façon d’éviter que ces représentants, par le biais de diverses subventions et primes, soient soudoyés pour aller contre les intérêts de la population.

    Le système est malade

    La nouvelle crise bancaire est la conséquence de la nouvelle phase de la récession qui, depuis 2007-08, a la mainmise sur l’économie mondiale. Ces dernières années, le capitalisme a testé toutes sortes de mesures pour y faire face. Tous les remèdes, des mesures de stimulus aux économies –dures, ont échoué. Le capitalisme est très gravement malade, une aspirine n’y changera rien. Le mouvement ouvrier doit aller à l’offensive pour défendre ses intérêts. Sur les plan syndical et politique, nous devons lutter pour que le secteur des banques et du crédit soit placé dans une institution publique forte, en tant que partie d’une politique de relance socialiste.

  • Les banques aux mains du public !

    Les spéculateurs prennent notre niveau de vie en otage

    En 2012, selon le Bureau fédéral du Plan, il faudra économiser entre 7 et 8 milliards d’euros en Belgique. Cela va inéluctablement entraîner des mesures difficiles et douloureuses, alors qu’on connaît déjà des pénuries un peu partout à l’heure actuelle : un manque de crèches, d’écoles, d’infrastructures d’enseignement supérieur, de logements accessibles, de travail, de homes décents et abordables pour personnes âgées,…

    L’austérité résulte de la crise économique et financière. Ce système ne fonctionne pas, et veut refourguer ses propres défaillances sur le dos de la collectivité, c’est-à-dire notre niveau de vie. Lors de la première phase de la récession en 2007-08, partout dans le monde, on a sauvé les banques en faisant passer leurs dettes sur le compte des gouvernements. L’austérité actuelle n’en est que la conséquence. Et, par-dessus le marché, on parle maintenant d’une nouvelle crise bancaire, en conséquence du ralentissement économique, une nouvelle phase de la récession.

    Le prix qu’on demande de payer aux travailleurs est exceptionnellement élevé. La population doit faire de plus en plus d’efforts, comme l’exigent les marchés financiers. Par l’intermédiaire des agences de notation et d’autres organes non-élus, on impose la logique dominante d’austérité. Même le Premier Ministre Leterme a dû reconnaître que les ‘‘marchés financiers sont auto-destructeurs’’.

    Avant 2008, les banques utilisaient nos moyens pour jouer en Bourse et échanger des produits dérivés. Cela leur a permis d’engranger des profits monstrueux ainsi que de juteux bonus pour les actionnaires. Lorsque la crise du crédit a frappé et que leur château de carte s’est écroulé, c’est le contribuable qui a dû sauver les banques. Le développement du secteur financier et l’instauration d’un capitalisme-casino a été autrefois renforcée par des ‘‘réformateurs’’ néolibéraux comme Thatcher et Reagan qui voulaient en finir avec toute forme de régulation. Aujourd’hui, le secteur financier tient à la gorge l’ensemble de l’économie. La spéculation menace même des pays entiers, comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne.

    Certains proclament qu’il faut plus de règles pour encadrer les banques tandis que d’autres veulent créer une banque publique à côté des banques privées. Mais on ne peut pas soigner un système aussi malade avec de l’aspirine. La seule réelle manière de réguler les banques est de les faire entièrement passer entre les mains du secteur public, sous contrôle et gestion démocratiques, et d’assurer ainsi qu’elles soient au service de la population et non d’une petite clique de super-riches. Ainsi, on pourrait intervenir pour les familles qui ne parviennent pas à payer leur hypothèque, accorder des prêts bon marchés aux petites entreprises et des moyens pour la construction massive de logements sociaux par exemple.

    Si nous voulons stopper la dictature des marchés et faire jouer au secteur financier un rôle utile à la société, nous devons reprendre ce secteur hors des mains des requins de la finance et le placer sous contrôle public, non pas pour que les ménages supportent les conséquences de leurs actes, mais pour en finir avec ces spéculateurs qui veulent nous dicter nos conditions de vie. Cela fait partie de la lutte pour une société où les intérêts de la majorité de la population seront centraux.

    Le PSL est d’avis qu’il est grand temps de mettre sur pied un nouveau parti des travailleurs sur base d’un programme socialiste comprenant notamment la nationalisation des secteurs clés de l’économie, notamment des banques, sous le contrôle et la gestion démocratique de la majorité de la population.


    Abonnez-vous à Lutte Socialiste! Cet article est tiré de l’édition d’octobre de notre journal. Si vous désirez recevoir Lutte Socialiste dans votre boîte aux lettres, prennez vite un abonnement. Vous pouvez verser 20 euros (pour 12 n°) ou 30 euros (abonnement de soutien) au n° 001-3907596-27 de "socialist press" avec la mention "abonnement". Pour plus d’infos, des remarques, propositions d’articles,… : prennez contact avec nous via redaction@socialisme.be

  • Extrême-droite. Des idées nauséabondes sur base d’ une société pourrie

    La période dans laquelle nous nous trouvons est politiquement et économiquement instable. La crise que l’on traverse, bien qu’elle maintienne le niveau de vie des patrons intact, dégrade franchement celui des travailleurs et des jeunes. Le dégoût envers les partis traditionnels et leurs politiques néolibérales ne fait que grandir.

    Par Ben (Charleroi)

    On voit des peuples entiers lutter collectivement et massivement pour défendre leurs droits : en Grèce, en Italie, au Portugal en Espagne, au Chili, en Israël,… Sans parler des luttes contre les dictatures en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Mais l’absence de luttes collectives ou d’une organisation de travailleurs et de jeunes proposant une politique de gauche véritable peut mener au dégoût, à la division et faire le lit de l’extrême-droite. En France, Marine Le Pen risque de faire un gros score électoral lors des prochaines présidentielle de 2012. Un succès électoral du Front National français aurait comme conséquence un renforcement du discours de l’extrême-droite, divisant les travailleurs et les jeunes au lieu de les unir dans la lutte contre le capitalisme et la crise. Les militants néofascistes ou certains individus isolés prendraient encore plus confiance dans leurs idées nauséabondes, les poussant parfois à la violence. Les 77 morts et 96 blessés graves des attentats d’Oslo le rappellent tristement.

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    Ils sont fous ces nazis ! Mais aussi dangereux…

    Le 12 septembre, les néonazis de BBET (‘‘Bloed, Bodem, Eer en Trouw’’, soit ‘‘sang, sol, honneur, fidélité’’) sont passés devant le tribunal de Termonde. Dix-sept de ces crânes rasés doivent se défendre d’avoir fait partie d’un groupe armé.

    En trois ans d’existence, ce groupuscule a écrit (sans grande subtilité) à de nombreuses reprises contre le PSL. Sur son site, BBET affirmait que le PSL était ‘‘rien de plus et rien de moins qu’une opération de la sûreté d’Etat contre les véritables opposants au système’’ ou encore que ‘‘le PSL est formellement un parti qui lutte pour les pauvres de toutes races, mais en réalité, c’est un mouvement qui ne s’occupe que d’objectifs sionistes et de juifs’’.

    Ils ont aussi commencé un de leur meeting en 2004 (perturbé par l’activité de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster) avec ‘‘quelques piques à l’adresse des judéo-bolcheviques comme Geert Cool (porte-parole de Blokbuster, NDLR) et Manuel Abramowitz (responsable du site resistances.be, NDLR), les dobermans de la ploutocratie qui veulent troubler les débats non-conventionnels en faisant appel à leurs employeurs de la police, de la sûreté d’Etat, de la presse du système et des partis du système’’.

    Mais le fait que ces énergumènes aient possédé des armes les rend tout de suite moins drôles, certainement après le massacre de Norvège. Ne laissons pas de pareils malades avoir suffisamment de confiance en eux pour passer à l’offensive et poursuivons la lutte contre l’extrême-droite !

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    En Belgique, il y a quelques mois, le Voorpost (milice du Vlaams Belang) a annoncé qu’il voulait marcher sur les villes ‘‘volées’’ à la Flandre comme Enghien, Soignies, Braine-le-Comte, Mouscron et Tournai. Cinq bus ont donc amené 200 militants du Voorpost à Enghien, où ils ont marché sur la place en entonnant des chants anti-wallons. Il est clair que les tensions communautaires leur permettent de se construire.

    Du côté francophone, on pense souvent – à tort – être à l’abri de ce genre de groupe. Beaucoup pensent que des partis comme le Vlaams Belang, des groupes comme Blood & Honor et Combat 18, ou encore des individus isolés influencés par des idées d’extrême-droite ne peuvent que rester marginaux. Pourtant, bien qu’encore relativement faible, le danger d’un développement de l’extrême-droite est bien réel et va aller en s’aggravant au fur et à mesure que la crise ainsi que les politiques d’austérité s’approfondiront.

    Bien que groupusculaire et divisée, l’extrême-droite a obtenu des scores électoraux relativement importants aux dernières élections communales, et des élus. Nous pourrions également voir des scores importants pour l’extrême-droite lors des prochaines élections communales de 2012. Le rapprochement entre le groupuscule néofasciste Nation et le Front National réunifié montre qu’ils ont compris le potentiel que la période de crise ouvre à leurs discours populistes.

    Modrikamen l’a fort bien compris également, comme le révèle les déclarations qu’il a dernièrement faites dans L’Echo du 13 juillet. Celui que certains appelle le ‘‘petit Degrelle’’ a avoué son attirance pour Marine Le Pen, il explique qu’ ‘‘Un mouvement de retour vers les aspirations du peuple grandit en Europe, avec Wilders, avec Marine Le Pen. Elle est en train de transformer le Front National en un parti de gouvernement. Ce n’est plus une extrême-droite, critiquable, mais une droite qui s’assume avec un côté populaire. Notre parti s’inscrit dans ce mouvement. Il va décoller.’’ Le site Résistances.be va jusqu’à penser qu’il pourrait devenir le pendant belge officiel du Front National français, ce qui pourrait peut-être propulser le populiste Parti Populaire de Modrikamen. Mais il est encore un peu tôt pour le dire.

    Des troupes de choc existent également, on connaissait déjà les actions violentes du groupe Nation déjà cité mais, récemment, une section wallonne de Blood & Honor a été créée. Le noyau dur se composerait d’une dizaine de personnes, basées pour la plupart autour de Charleroi. Ils fréquenteraient les manifestations du mouvement Nation et du Front National réunifié. Ce groupe se réclame ouvertement de l’idéologie National-socialiste et veut former des soldats politiques afin de mener une guerre raciale pour ‘‘sauver la race blanche’’. Son emblème est celui de la division SS Wallonie, qui avait participé à la croisade antibolchévique de Léon Degrelle sur le front de l’Est durant la seconde guerre mondiale. Ce 1er octobre, ils ont l’intention d’organiser un concert de groupes skinheads allemands, français et britanniques, avec l’appui des sections flamandes et allemandes du mouvement.

    Nous devons donc nous organiser et construire un mouvement antifasciste, doté d’un programme socialiste, qui puisse répondre aux défis qui nous attendent dans la prochaine période.

  • Electricité : La Belgique, championne du prix élevé !

    La Banque Nationale l’avait déjà dit il y a quelques mois ; les prix du gaz et de l’électricité augmentent plus vite et plus fortement chez nous que dans les pays voisins. La nouvelle étude de Test- Achats enfonce encore le clou en s’en prenant aux distributeurs d’énergie de Wallonie et de Bruxelles tandis qu’en Flandre, la facture d’électricité moyenne a augmenté de pas moins de 22,7% au cours des six premiers mois de l’année, et de 10% pour le gaz !

    Les entreprises énergétiques engrangent de gros profits, ne payent quasi aucune taxe et veulent nous faire payer toujours plus. Avec la libéralisation des prix, elles ont pu faire comme bon leur semblait et ce sont principalement les consommateurs résidentiels, les ménages, qui en payent le prix fort. A tel point que la Banque Nationale a dénoncé une tarification ‘‘discrétionnaire’’ et opaque. Aucune certitude n’existe quant au fait que les tarifs en vigueur correspondent réellement à une quelconque évolution des coûts de production.

    En 2009, Electrabel a empoché pas moins de 1,55 milliard d’euros de profits en Belgique, ce sur quoi elle n’a payé que 0,04% d’impôts grâce à diverses réductions. En 2008, elle a même retouché 94 millions d’euros de retour des impôts, soit retirés de nos poches !

    L’organisation Test-Achats s’est plus particulièrement penchée sur les coûts de distribution (qui peuvent parfois représenter jusqu’à 41% d’une facture d’énergie à côté du transport, des frais de fournisseur et des taxes), qui ont augmenté de 14% en Wallonie et à Bruxelles depuis la libéralisation du marché opérée en 2007. Test-Achats dénonce notamment le nombre de distributeurs (pas moins de 25 différents en Belgique), qui proposent des tarifs très différents d’un endroit à l’autre, sans véritable raison, et qui savent très bien jouer sur le fait qu’aucun utilisateur ne s’y retrouve. Actuellement, tous les mois, près de 20.000 familles changent de fournisseurs d’énergie pour tenter de baisser les coûts, qui augmentent de toute manière partout. Combien de journées faut-il passer maintenant à éplucher les propositions des différents opérateurs d’énergie, de téléphone, etc. ?

    La politique énergétique va dans une direction totalement fausse. C’est un bien de première nécessité, qui doit impérativement être placé dans les mains du public pour assurer que la facture soit abordable et que suffisamment d’investissements soient consacrés à la sécurité, à la prestation du service (y compris l’isolation des bâtiments et d’autres mesures d’économies d’énergie), au respect de l’environnement, etc.

    Production d’énergie, distribution,… l’entièreté du secteur doit être nationalisée et placée sous le contrôle démocratique de la collectivité. Cela permettrait aussi de mettre en oeuvre le maximum de mesures, d’études et de recherches afin d’assurer une production énergétique écologique tout en permettant d’éliminer l’angoisse de la facture énergétique dans chaque foyer.

  • Opération ”caddies vides” des pensionnés à Namur

    A l’appel de la FGTB, une centaine de pensionnés ont manifesté hier matin aux portes du gouvernement wallon, à Namur, afin d’y protester contre les pensions extrêmement basses qui ont cours en Belgique et contre les menaces qui pèsent sur les fins de carrière. En moyenne, un salarié pensionné reçoit en Belgique 976,13 euros par mois et, pour un indépendant, il s’agit de 767,91 euros, dénonce la FGTB. Comment remplir son caddie avec des pensions pareilles ?

    Photo ci-contre: manifestation du 15 septembre 2010 pour la défense des fins de carrière à l’occasion du sommet européen des ministres des Affaires sociales

    Une centaine de militants environ se sont donc rassemblés ce mercredi. Parmi eux, des pensionnés, des pré-pensionnés, mais aussi des militants Jeunes-FGTB venus exprimer leur solidarité et leur inquiétude, partagée avec celle de leurs aînés, concernant l’avenir des fins de carrière. La situation des pensions en Belgique n’est déjà pas fort glorieuse – on le sait – et les choses risquent d’être pires encore dans un futur très proche. Tous ensemble, ils demandaient donc une revalorisation des pensions dans le cadre des négociations concernant le volet socio-économique, car la FGTB craint – à juste titre – que la situation des pensionnés n’empire encore. D’après l’enquête EU-Silc 2007 (portant sur les revenus 2006), 23 % des Belges de plus de 65 ans vivent sous le seuil de pauvreté, et disposent donc d’un revenu inférieur à 893€ par mois.

    Comment faire pour trouver l’argent ? A cette question, la FGTB-wallonne propose d’aller chercher l’argent dans les poches des riches. Le président de la FGTB-wallonne Thierry Bodson expliquait ainsi au micro de la RTBF: ”En réinstaurant une fiscalité un peu plus progressive, par exemple une tranche de 55% pour les salaires supérieurs à 8.000 euros, on va rechercher 250 à 300 millions d’euros.”

    Il a aussi expliqué à la presse "Lundi, le socio-économique devrait être abordé à la table des négociations gouvernementales. Et la note du formateur fait plusieurs attaques frontales aux pensions qu’on ne peut pas accepter. Tout d’abord, il y a la déstructuration du système des pensions. Ensuite, les périodes assimilées (chômage, prépension, maladie) risquent d’être remises en cause pendant le calcul des pensions. Enfin, on repousse l’âge de la pension de façon pernicieuse, en attribuant des bonus par année supplémentaire (…) Dans la note, il est aussi question de raboter l’enveloppe permettant la liaison ‘allocations sociales – bien-être’ et donc, de passer d’une enveloppe de 400 millions d’euros à 240 millions. Avec cette somme, nous ne pouvons atteindre nos objectifs."

    Voilà, dans les grandes lignes, la teneur d’une lettre de protestation remise au secrétaire d’État à la lutte contre la pauvreté Jean-Marc Delizée et à la ministre wallonne de l’Action Sociale Eliane Tillieux, tous deux membres du PS. Ces derniers ont affirmé en cœur qu’ils défendraient les pensionnés et les pré-pensionnés lors des futures négociations sur le socio-économique. On se rappelle pourtant que le PS était lui aussi derrière le tristement célèbre ”Pacte de solidarité entre les générations” qui avait attaqué les fins de carrière en 2005 et avait déclenché les deux premières journées de grève générale en Belgique depuis 1993 et les luttes contre le Plan Global. D’autre part, le ministre des pensions Michel Daerden, lui aussi membre du PS, avait prévenu qu’il était ”nécessaire” de s’en prendre aux fins de carrière dans son ”livre vert” sur les pensions. Dans celui-ci, le ministre parlait de ”reporter l’âge effectif de la retraite de trois ans” en ”décourageant les mécanismes de départ anticipé à la retraite”. Il est dès lors bien difficile d’accorder le moindre crédit aux déclarations de Jean-Marc Delizée et d’Elianne Tillieux…

    La FGTB redoute l’austérité, et elle a bien raison. Il faut espérer que cette action des pensionnés n’est que le premier pas vers un plan d’action offensif destiné à repousser toute attaque contre notre niveau de vie et toute tentative de nous faire payer la crise. Ce ne sera toutefois pas suffisant.

    Tout comme la discussion avait été largement lancée en 2005, il faudra aussi sérieusement réfléchir au prolongement politique des revendications syndicales. Peut-on encore sérieusement croire que le PS se placera du côté des travailleurs ? Nous ne le pensons pas, et trouvons qu’il est dangereux d’entretenir la moindre illusion à ce sujet. Ce sentiment est d’ailleurs largement partagé. Mais, en l’absence d’une alternative de gauche combative, le PS pourra toujours jouer la carte du ”moindre mal”. La meilleure manière de riposter contre cet ‘argument’ est d’aborder la question de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, d’une nouvelle force politique large et démocratique qui sera l’instrument politique de la base syndicale.

  • De quel gouvernement avons-nous besoin ?

    Après tous ces mois de querelles sur la formation du gouvernement, qui suit encore ce que font les partis traditionnels ? Pour les partis impliqués dans les négociations, ce contexte sert de prétexte pour pouvoir présenter la politique d’austérité comme étant le ‘‘moindre mal”. Car, aucune ambiguïté à ce sujet, Elio Di Rupo fera tout ce qu’il peut pour trouver un “compromis” basé sur encore plus d’économies néolibérales.

    Par Geert Cool

    Sous couvert de mesures prétendument équilibrées, ce sont les travailleurs et leurs familles qui subiront de dures attaques, alors que les riches n’auront que des mesurettes symboliques. Le Vicomte Davignon a d’ailleurs très clairement expliqué qu’un impôt temporaire pour les super-riches ne changerait en rien sa “vie quotidienne”. Ce n’est pas le cas pour les chômeurs ou les travailleurs… En pratique, Di Rupo plaide notamment pour une limitation du chômage dans le temps et pour relever l’âge de la pension.

    L’opposition de droite de la N-VA prétend défendre le “Flamand qui bosse dur”, mais elle défend surtout les 75.600 millionnaires de notre pays ! A croire que selon elle, ce sont les millionnaires qui constituent la classe moyenne… Avec en tête le ‘’modèle allemand’’ de bas salaires et de destruction de droits sociaux, ce parti ne pense qu’à faire tourner la machine d’austérité à plein régime. En Grande-Bretagne nous constatons les conséquences de cette logique. L’ami britannique de De Wever, le Premier ministre David Cameron, a tellement coupé dans les budgets qu’il a envoyé l’économie droit dans l’abîme. C’est ce qui s’appelle ‘’une véritable réforme” dans le nouveau jargon flamand.

    Les désaccords entre les partis qui négocient et la N-VA concernent principalement le rythme des économies et non le fond de cette politique elle-même, tout cela dans un ‘’emballage communautaire’’. La question communautaire est avant tout une question de ressources et de déficits : quel groupe de la population ou quelle communauté doit se serrer la ceinture en premier ? Étant donné le contexte international d’aggravation de la crise économique, la période à venir ne sera pas propice à toute conclusion aisée d’un accord communautaire.

    Nous comprenons bien que nombreux sont ceux qui en ont marre et qui espèrent avoir un gouvernement après plus d’un an. Demandons-nous toutefois quel type de gouvernement nous voulons. Un gouvernement qui fait payer la pénurie de moyens aux travailleurs et aux chômeurs ? Des économies sévères dans une communauté seront utilisées comme bélier pour finalement s’en prendre à toutes les conditions de vie et de travail.

    Nous nous opposons aux mesures présentées par Di Rupo dans sa note. Nous pensons que ce qu’il nous faut, c’est une politique qui s’en prenne aux nombreuses lacunes de la société : au manque d’emplois, au manque de moyens dans l’enseignement, dans les soins de santé, en termes d’infrastructures (il suffit de penser aux routes et aux transports publics),… Ce n’est pas à partir de cela que réfléchit la classe politique traditionnelle.

    Les syndicats ne peuvent pas tomber dans le piège du ‘’moindre mal’’. Ils doivent organiser la résistance contre la politique de casse sociale avec un plan d’action démocratiquement élaboré. D’autre part, nous pensons qu’il est crucial de construire une alternative politique conséquente pour opposer une alternative de gauche à la politique d’austérité. Le PSL soutient chaque étape vers la construction d’une telle opposition, en défendant des solutions socialistes contre le capitalisme.

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