Le travailleur vit-il au-dessus de ses moyens ou le patronat et les riches s’accaparent-ils trop de richesses ?

Si on regarde les résultats de la nouvelle étude* de la HIVA (Haute Ecole du Travail, Louvain), la réponse à cette question est bien simple. Dans un scénario maximal l’État belge (et la sécurité sociale), par toutes sortes de déductions fiscales et de diminutions de recettes, touche 58 milliards d’euros d’impôts et de charges en moins par an. Si on rajoute encore l’estimation de fraude fiscale, on parvient même à 100 milliards d’euros par an. Ces chiffres offrent un tout autre regard sur les efforts nécessaires pour assainir le déficit budgétaire et la dette de l’État contre ce que veulent nous faire croire les partis au gouvernement.

Par Anja Deschoemacker

Même si les partis officiels de la “gauche”, PS et SP.a, parlent d’impôts supplémentaires sur les plus hauts revenus ou ‘‘d’adaptations’’ des intérêts notionnels, il s’agit généralement de mesurettes qui doivent servir de contrepartie pour venir puiser aussi, et surtout en fait, dans les poches des travailleurs, des pauvres et de leurs familles. L’étude de la HIVA démontre toutefois qu’en coupant toutes sortes de déductions et en menant une véritable lutte contre la fraude fiscale, une augmentation substantielle des revenus de l’État pourrait être obtenue.

Évidemment, nombre de ces déductions sont absolument justifiables, par exemple ceux sur les revenus de remplacement. Mais la HIVA indique que c’est surtout les gens avec les plus hauts revenus et les entreprises les plus rentables qui utilisent le plus ce genre de moyens pour faire baisser leurs impôts. Ceux qui se plaignent le plus de ‘’la pression fiscale intenable’’, sont justement ceux qui en payent le moins ! Ou, comme le professeur Pacolet de la HIVA le dit dans De Standaard (28 février 2011) : ‘’On dit parfois qu’on est tous ‘plumés’ par le fisc. Mais quand je regarde les chiffres, je pense plutôt à des poulets rôtis qui volent dans la bouche de beaucoup…’’ C’est certainement le cas pour les entreprises les plus grandes et les plus rentables qui, avec les intérêts notionnels, ne payent qu’à peine des impôts alors que beaucoup de petites entreprises ne peuvent pas appliquer de telles mesures.

Ce n’est pas seulement l’État même qui reçoit moins de revenus à cause de cette politique d’impôts maintenue, la sécurité sociale voit elle aussi ses caisses de plus en plus minées par ces diminutions de recettes. Ainsi, aujourd’hui, presque 20% de la masse salariale est exonérée sous la forme d’avantages extra-légaux, ce qui produit presque 10 milliards de baisse de revenus pour la sécurité sociale. Ajoutez à cela les 6 milliards de diminutions des contributions à la sécurité sociale et on arrive déjà à 16 milliards d’euros par an qui sont volés des caisses de la sécurité sociale. Et on entend encore crier que la sécurité sociale devient ‘‘inabordable’’!

Au regard de ces chiffres qui sont le résultat de 20 à 30 années de diminution d’impôts pour les groupes économiquement les plus forts, nous ne pouvons que rire en entendant le terme de ‘‘gauche’’ pour désigner le PS et le SP.a (au gouvernement presque sans interruption tout au long de cette période). De manière assez similaire, les partis verts n’ont fait que des remarques en marge de cette situation. Maintenant, tous les partis présents au Parlement défendent une marge salariale maximale de 0,3% en plus de l’index, alors que les riches et les plus grands entreprises deviennent encore plus scandaleusement riches en dormant. Qu’on essaye de limiter leur croissance de revenus à 0,3% et ce serait le tollé !

Si les travailleurs, les pauvres et leurs familles – la grande majorité de la population – veulent en finir avec ceci, ils sont de nouveau devant la tâche de ne pas mener seulement la lutte sur le plan syndical, mais aussi de se réorganiser sur le plan politique et de regagner leur indépendance par rapport à ces partis soi-disant de gauche ou social qui en mots offrent encore parfois du soutien au mouvement ouvrier, mais qui de l’autre côté ont approuvé cette politique déjà depuis des décennies.


* De kost van fiscale en parafiscale uitgaven en ontwijking in België, Pacolet J & Strengs T.

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