Category: Asie

  • Iran: Répression mortelle contre les protestations

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    Hier et avant-hier étaient deux dates importantes pour les chiites d’Iran, Tasoua et Ashoura. A ces occasions se sont déroulées des manifestations massives pour protester contre tous les dirigeants du régime réactionnaire iranien.

    Rapport par Reza

    Beaucoup de slogans appelaient à la fin du régime islamique en Iran. Il y avait de petits groupes de partisans de Moussavi, l’ancien candidat réformateur à la présidence qui avait perdu contre Ahmadinejad selon les données officielles. Mais le soutien pour Moussavi était limité dans la masse des protestations, où les slogans radicaux et anti-régimes étaient dominants.

    La seule réponse apportée par le régime a été la répression. Une dizaine de manifestants ont été tués en conséquence des tirs. L’un des morts est le neveu de Moussavi. Les manifestants n’ont pas subi la violence passivement, et les soldats ont été désarmés par les manifestants à de nombreux endroits. Beaucoup de photos illustrent que des soldats ont eux-mêmes participé aux actions. Les jeunes ont dressé des barricades dans les rues et le commissariat du centre de Téhéran a été incendié.

    La répression ne stoppera pas la colère. Le mouvement initié l’été dernier n’est pas encore fini.

    • Vidéos
    • Reportage photos (1)
    • Reportage photos (2)
  • Le sort cruel des réfugiés tamouls en Indonésie – Rapport d’un témoin

    Fin novembre, Antony Main, responsable de l’organisation du Socialist Party, a visité l’Indonésie. Il y a rencontré les 254 réfugiés tamouls sri-lankais détenus au port de Merak et qui étaient en route pour l’Australie.

    Le vendredi 20 novembre, j’ai rencontré les réfugiés tamouls du port de Merak. Ce port a maintenant été fermé il y a des semaines, et même les médias n’y pénètrent pas. De son côté, l’Organisation Internationale pour les Migrations a stoppé son aide. Les gouvernements australien et indonésien essayent en fait d’interdire l’accès des Tamouls aux soins les plus essentiels, et veulent les obliger à quitter le navire.

    Il s’agit de demandeurs d’asile du nord et de l’est du Sri Lanka. Il y a là des enfants, mais aussi des femmes enceintes et des vieillards; tous victimes de la brutale guerre civile qui a touché leur pays, des discriminations et de l’oppression qui frappe la minorité tamoule. Une femme raconte: “Nous avons tous notre récit personnel d’horreurs et de souffrances.”

    Le 11 octobre, ce bateau de 30 mètres long a été bloqué par la flotte indonésienne sur sa route vers l’Australie. Le fait que le gouvernement australien ait fait pression sur celui d’Indonésie pour que ce navire n’atteigne pas les côtes australiennes est un secret de polichinelle. Un réfugié affirme: “Le Premier ministre australien Kevin Rudd qualifie cela de ‘solution indonésienne’. Mais comment cela peut-il être une solution? Nous allons être déportés ou finir en prison”

    Aucun coin du bateau n’est inutilisé, il y a des gens partout. Différentes personnes m’ont raconté leur calvaire, dont cette famille qui vit sur le navire avec un enfant âgé de 6 mois seulement. Le père raconte: “Nous sommes assis ici depuis cinquante jours maintenant. Cet enfant a passé plus d’un quart de sa vie dans des circonstances terribles.”

    La plupart des gens sont malades ou vont le devenir. Ils ont la diarrhée, certains la malaria. Il y a aussi 15 diabétiques qui n’ont pas reçu d’insuline depuis plusieurs semaines. A plusieurs reprises, des réfugiés ont eu besoin de soins médicaux d’urgence, sans que les autorités ne réagissent. Il n’y a qu’une toilette sur le bateau, à la fin d’une queue interminable et qui ne se vide jamais.

    Le temps à Merak est terrible. La saison des pluies a commencé, l’eau et le vent s’infiltrent partout. Le bateau a été recouvert avec des voiles, mais les trous sont nombreux et le pont est continuellement sous eau. Les réfugiés tamouls doivent donc dormir sur un sol mouillé, sans vêtement sec pour se tenir au chaud.

    Ces circonstances sont terribles, mais la plupart des gens n’ont pas spécialement voulu se plaindre en discutant, mais étaient plutôt intéressés pour discuter de la manière d’améliorer leur sort. Nous avons ainsi discuté, entre autres, de la situation politique au Sri Lanka, de l’attitude des travailleurs en Australie face aux réfugiés et de la manière de trouver du soutien pour leur lutte.

    “Nous avons fui la guerre et avons vécu dans les camps”, explique un homme, “nous avons beaucoup voyagé et demandons maintenant d’être traités en être humains. Si nous retournons au Sri Lanka, ce ne sera pas le cas. Nous irons en prison, serons assassinés ou disparaîtrons tout simplement.”

    Quelques heures après avoir quitté ce bateau, j’ai reçu SMS m’annonçant qu’un des réfugiés venait d’apprendre qu’un membre de sa famille avait été kidnappé par l’armée sri-lankaise. Ce jeune homme de 19 ans a été entraîné dans une voiture blanche et a disparu depuis lors. Il est possible qu’il ne revienne jamais, tout comme des centaines d’autres.

    Voilà la dure réalité de la vie des Tamouls au Sri Lanka. Mais malgré leurs craintes face à leur avenir, la détermination était véritablement frappante sur le bateau. Ils veulent tous rester là jusqu’à ce qu’une solution arrive. Leur courage doit être soutenu par les travailleurs et les pauvres de la région.

    Un demandeur d’asile m’a encore dit à la fin: “Nous sommes des gens du peuple ne sommes pas différents des Australiens. Nous n’avons pas commencé cette guerre, nous en sommes les victimes. Nous ne demandons rien d’autre que du soutien.”

    Le Socialist Party et le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière, organisation internationale dont le PSL est la section belge) soutiennent les réfugiés tamouls et mènent campagne pour la défense des droits de tous les travailleurs et opprimés du Sri Lanka.

  • Afghanistan / Pakistan: Le bourbier devient de plus en plus profond

    Après avoir élu il y a un peu plus d’un an le premier Président de couleur des USA, le peuple américain commence à perdre ses illusions dans le «candidat du changement». Malgré le prix Nobel de la paix d’Obama, la guerre en Afghanistan continue à s’aggraver et à s’étendre dans la région, comme le montre l’actuelle vague d’attentats au Pakistan.

    Par Gilles (Hainaut)

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    Problèmes sociaux aux Etats-Unis

    Pendant ce temps, aux Etats-Unis même, le chômage officiel vient d’atteindre les 10% – mais on estime qu’il est en réalité de 17,5%, et même de plus de 20% pour les jeunes. Seul un tiers de ces chômeurs bénéficie d’une allocation.

    La classe ouvrière et la classe moyenne sont ruinées. Des luttes et des grèves ont eu lieu dans diverses universités – y compris à Harvard, et en Californie contre le gouverneur Schwarzenegger – contre les sévères coupes dans le budget (-15 milliards de dollars pour l’enseignement en Californie). Pendant ce temps, les bonus banquiers refleurissent : 33 milliards de dollars ont été offerts en bonus aux actionnaires par les banques renflouées – après qu’elles aient reçu 81 milliards de dollars de l’Etat ! Si on ajoute à cela le coût de la guerre – 3,5 milliards de dollars par mois ! – on comprend que cela ait un effet radicalisant sur de nombreuses gens.

    Selon un chroniqueur du New York Times, aucun président n’a chuté aussi vite et aussi bas dans les sondages qu’Obama. Les promesses de renforcer les syndicats sont oubliées. On attend toujours l’abolition des lois « antiterroristes » de Bush, et le jugement de ses criminels de guerre.

    Quant au point central de sa campagne électorale – sa fameuse réforme du système de soins de santé – Obama hésite. D’un côté, la droite dure, appuyée par les compagnies d’assurances et les sociétés pharmaceutiques, a mené une campagne féroce contre ce plan « communiste ». Mais de l’autre – et on en parle moins –, les partisans d’Obama sont déçus et frustrés, voyant "leur" Président tenter de négocier avec la droite, se laisser faire et reculer.

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    Démocratie, paix et justice?

    Alors que l’invasion de l’Afghanistan en 2001 avait pour prétexte d’apporter «démocratie, paix et justice», l’Afghanistan est maintenant plongé dans le chaos. Les récentes élections présidentielles se sont avérées être une sinistre farce. Seuls 38% des gens ont participé au scrutin et la plupart des votes ont fait l’objet de vastes fraudes et d’arrangements entre les principaux candidats – Karzaï en tête – et les divers chefs tribaux, seigneurs de guerre et trafiquants d’opium qui font véritablement la loi dans le pays.

    La journée des élections a été une des plus violentes depuis le début de l’invasion. C’est d’ailleurs une des raisons derrière la décision d’annuler le deuxième tour du scrutin, mais pas la seule : tout le monde avait bien compris que cela n’en valait pas la peine. L’échec flagrant des élections a été une nouvelle gifle pour les puissances impérialistes (qui n’ont pourtant pas hésité à féliciter Karzaï pour sa « réélection »).

    La population afghane ne connaît que misère et détresse. Les conditions de vie se sont cruellement détériorées ces dernières années. L’accès à l’eau courante, à l’électricité,… est devenu de plus en plus difficile. L’enseignement public est à l’abandon. La violence a explosé : rien qu’au cours de cette année, 1.500 personnes ont été tuées. Depuis 2001, quatre millions d’Afghans ont fui, soit plus de 10% de la population. Il y a plus d’un million de toxicomanes. Ces dernières années, les Talibans (intégristes islamistes) se sont renforcés ; ils sont désormais capables d’effectuer des actions coordonnées tant en Afghanistan qu’au Pakistan.

    L’occupation de l’OTAN n’a pas fait connaître la démocratie ou la prospérité à la population. Il n’y a pas de reconstruction du pays. L’occupation mène au chaos et à de futures nouvelles confrontations entre seigneurs de guerre.

    Le conflit s’étend à la région

    La guerre n’est plus limitée à l’Afghanistan. Le Pakistan, pays voisin, connaît une vague d’attentats et le régime militaire ne réussit pas à vaincre les Talibans pakistanais. L’instabilité régionale, créée par l’intervention impérialiste, menace même maintenant de s’étendre à l’Iran, à l’Inde et à la Chine – rappelons-nous la révolte de la population musulmane ouïghour au Xinjiang cet été.

    Dans la province du Nord-Ouest du Pakistan, l’attaque de l’armée contre le bastion des Talibans pakistanais dans la vallée du Swat, en 2009, a provoqué 2 millions de réfugiés qui, pour la plupart, ont du retourner par la suite dans les zones de combat, faute d’avoir été accepté dans un autre endroit. L’armée pakistanaise a lancé une nouvelle offensive dans le Waziristan, au sud du pays, une grande région peu peuplée et difficilement accessible. Un tiers de la population a déjà fui la région. Les 5.000 à 10.000 militants Talibans du Waziristan ne sont toujours pas battus après plusieurs semaines d’offensive. Entretemps, les attentats continuent et les Talibans sont maintenant capables de frapper dans tout le pays.

    L’économie pakistanaise est sinis-trée et l’Etat contrôle de moins en moins le pays. Les groupes islamistes réactionnaires prolifèrent. Les sentiments séparatistes dans la province du Baloutchistan ne cessent de croître (en partie soutenus par certains capitalistes chinois et américains qui n’ont pas perdu de vue l’enjeu stratégique majeur de cette province). La violence ethnique monte également dans les autres provinces et régions, par exemple contre les réfugiés pathanes qui viennent de la province du Nord-Ouest.

    Les USA font pression pour des actions plus résolues contre les Talibans mais le régime pakistanais continue de conclure des accords avec un certain nombre de dirigeants fondamentalistes dans les régions tribales. La logique de guerre mène partout à plus d’instabilité, de violence et de barbarie.

    Le soutien aux fondamentalistes reste très limité mais la confiance dans le gouvernement et les politiciens traditionnels est lui aussi très limité. D’après un sondage récent, 51% de la population soutient l’offensive militaire dans le Waziristan contre 13% qui s’y opposent. Mais seuls 36% pensent que l’offensive mènera à plus de sécurité alors que 37% pensent qu’il y aura moins de sécurité.

    Quelle réponse?

    L’impérialisme se retrouve pris au piège, incapable de lutter contre le monstre qu’il a lui-même créé. Les fondamentalistes ont été soutenus par l’impérialisme et les capitalistes locaux dès le début des années ’80 afin de lutter contre l’influence ‘communiste’ et l’invasion soviétique en Afghanistan, mais aussi comme contrepoids à la radicalisation du mouvement ouvrier en Pakistan et comme instrument pour renforcer le conflit entre l’Inde et le Pakistan, notamment autour du Cachemire. Aujourd’hui, les Talibans ont échappé au contrôle impérialiste et le soutien qu’ils reçoivent dans la population augmente à cause de la misère totale qui règne dans la région.

    Obama veut changer de stratégie: arrêter les bombardements souvent aveugles et peu efficaces et mettre en place une véritable force d’occupation. 45.000 soldats supplémentaires devraient être envoyés prochainement – portant l’effectif des troupes US à plus de 100.000 hommes. Voilà qui justifie certainement son prix Nobel! Cette nouvelle stratégie pourrait quelque peu «stabiliser» le pays, mais au prix d’un plus grand nombre de pertes du côté impérialiste, et donc d’un renforcement du sentiment anti-guerre aux USA et ailleurs. En attendant, ce n’est plus l’effigie de Bush qui est brûlée par les manifestants à Kaboul, mais celle d’Obama.

    Loin d’apporter la paix et la démocratie, l’impérialisme ne fait que créer de nouveaux problèmes et exacerber les conflits préexistants. Il faut immédiatement retirer les troupes américaines d’Afghanistan. Cela ne peut être obtenu que par la reconstruction d’un large mouvement antiguerre aux Etats-Unis et en Europe, dont les revendications devraient être liées à celles d’une amélioration des conditions de vie du peuple afghan. Aux Etats-Unis, l’opinion publique désavoue de plus en plus la stratégie de guerre. Il n’y a plus que 41% des Américains pour justifier encore la guerre en Afghanistan et 26% pour accepter d’envoyer des renforts. Le moral de l’armée d’occupation est au plus bas.

    L’instabilité et la misère des peuples afghan et pakistanais ne pourront être résolues que par la reconstruction du mouvement ouvrier dans ces pays, avec le soutien d’une large solidarité internationale. Ce mouvement pourrait créer des comités d’auto-défense populaires multiethniques, démocratiquement organisés et mettant en avant la reconstruction de l’Afghanistan et du Pakistan sur une base socialiste, via un plan démocratiquement élaboré par les masses, un plan qui reconnaîtrait le droit à l’auto-détermination pour les minorités nationales et qui prendrait à cœur la défense des droits des femmes. Ainsi seulement pourra-t-on construire une société débarrassée du règne des sei-gneurs de guerre, des forces réactionnaires et de leurs riches mécènes à l’étranger.

  • Joe Higgins parle des droits de l’homme en Chine au Parlement Européen

    Une discussion a récemment eu lieu au parlement Européen concernant les droits de l’homme en Chine. Un des premiers orateurs à ce sujet était notre camarade Joe Higgins, qui a abordé la répression grandissante du régime chinois. Il s’est notamment appuyé sur l’arrestation et l’expulsion de Laurence Coates, qui était rédacteur du site Chinaworker.info sous le nom de Vincent Kolo. Nous publions ici la vidéos de son intervention ainsi que la retranscription de celle-ci e français.

    Joe Higgins

    "Je soutiens l’appel à mettre fin à la peine de mort en Chine, certainement quand cette peine de mort est utilisée pour terroriser les minorités ethniques dans le pays. L’Union européenne, les tats-Unis et d’autres puissances à travers le monde sont toujours très douces dans leurs critiques contre les violations des Droits de l’Homme en Chine. S’agissant des violations des droits des travailleurs, ces critiques sont même tout simplement inexistantes. Cela s’explique par le fait que ces puissances veulent développer des relations avec les entreprises chinoises et la bureaucratie qui contrôle l’Etat afin d’obtenir de juteux bénéfices grâce à l’exploitation des travailleurs chinois."

    "La Chine est un gigantesque atelier où les travailleurs sont surexploités. Des dizaines de millions de travailleurs migrants vivent dans une misère terrible qui n’épargne pas leurs enfants. Les multinationales européennes et américaines participent à cette exploitation pour augmenter leurs bénéfices record."

    "Le régime chinois recourt de plus en plus à la répression, elle augmente au fur et à mesure que les staliniens chinois font appel au marché capitaliste pour développer l’économie. Il existe une répression massive contre les journalistes et les militants qui luttent pour la justice ou pour les droits des travailleurs."

    "Récemment, un de mes collègues socialiste a été expulsé du pays. Laurence Coates est un socialiste qui écrit sous le pseudonyme de Vincent Kolo et est rédacteur du site internet chinaworker.info. Il a été arrêté et expulsé du pays. Chinaworker.info lutte pour les droits des travailleurs et pour des syndicats libres. Nous devons soutenir les travailleurs en Chine, qui ont besoin de syndicats indépendants et démocratiques. Nous devons lutter pour le droit de faire grève, de même que pour la libération des prisonniers politiques et des militants ouvriers."

    "Nous devons lutter pour la liberté d’expression et de réunion et témoigner notre solidarité internationale avec les travailleurs chinois qui s’opposent au terrible régime bureaucratique chinois. Beaucoup de dignitaires de ce régime veulent devenir des oligarques à l’instar de leurs collègues de la Russie de jadis."

    Video

  • Afghanistan: Un bourbier incontournable – la nomination de Karzaï ne fera qu’accroître la crise

    La crise politique afghane est entrée dans une nouvelle phase avec la nomination directe du complètement discrédité Hamid Karzai comme président du pays, après le retrait de son principal rival Abdullah Abdullah. Le niveau de violence qui ravage le pays a également atteint de nouveaux sommets. Le 28 octobre, six employés des Nations Unies ont été tués et neuf blessés dans un attentat à Kaboul, la plus meurtrière attaque contre l’ONU en Afghanistan depuis la chute des talibans. Cet évènement est symptomatique de la dégradation de la situation générale dans le pays. Pour l’impérialisme américain et britannique, la possibilité d’une sortie facile d’Afghanistan est de plus en plus douteuse, ce qui suscite une inquiétude croissante et la division parmi les establishments politiques et militaires dans ces pays.

    Par Cédric Gérôme

    La position de plus en plus impossible de l’impérialisme en Afghanistan, avec une exacerbation des conflits au Pakistan et la nouvelle vague de violences frappant l’Irak, ont émergé comme de grosses épines dans les pieds de l’impérialisme américain, conduisant à de grands dilemmes pour Obama et les stratèges américains. Ces développements mettent toute la région au bord de d’avantage d’instabilité, de nouvelles explosions de violence, de la multiplication des conflits ethniques et des souffrances sans fin pour les masses. Seule la classe ouvrière et les pauvres, armés d’un programme socialiste, pourraient mettre un terme à l’enlisement actuel.

    Abdullah Abdullah, le principal adversaire d’Hamid Karzai pour l’élection présidentielle afghane, a annoncé qu’il se retirait du second tour de l’élection, qui était prévu pour le 7 Novembre, soi-disant parce que toutes les conditions qu’il avait fixées pour la réforme de la dite Commission électorale «indépendante» (CEI) d’Afghanistan avait été rejetées. Cette décision a été suivie lundi par l’annonce, par cette même commission, de la nomination directe de Karzaï à la présidence de l’Afghanistan. Une des raisons officielles donnée par la CEI au sujet de cette décision était que "la présence d’un candidat unique pour le vote aurait posé de sérieuses questions quant à la légitimité de la présidence". Comment la nomination directe d’un candidat, sans être titulaire d’un nouveau vote, sera plus «légitime», c’est loin d’être clair. Ce processus électoral, en termes de «légitimité», a été un échec flagrant pour l’impérialisme, du début à la fin. 

    L’impasse à laquelle fait face l’impérialisme en Afghanistan va de pair avec un rejet croissant de cette guerre parmi les travailleurs et la jeunesse internationale. D’autre part, l’administration Obama se prépare à une éventuelle nouvelle escalade militaire sur le terrain. Par conséquent, le gouvernement américain et ses homologues impérialistes voulaient se servir de ces élections afin de donner l’idée que la démocratie progresse dans le pays, et de légitimer leur régime fantoche. Toutefois, il se peut que donner un masque démocratique à un régime très corrompu et discrédité – et à un soi-disant «État» s’appuyant sur les seigneurs de guerre, les fondamentalistes et les barons du commerce de l’opium – soit une tâche un peu trop ambitieuse. La manière dont le processus électoral s’est déroulé, ainsi que son résultat, ajouté à de nouveaux scandales, comme la récente découverte au sujet du paiement régulier de la CIA au le frère du président afghan Ahmed Wali Karzai, est un coup grave à l’autorité de l’impérialisme.

    Avant même que les élections aient eu lieu, il était déjà clair que ce processus électoral serait loin d’être «impartial» et «démocratique», en particulier dans un contexte de violence généralisée, d’intimidation et d’occupation militaire étrangère. Le jour de l’élection-même était «l’une des journées les plus violentes à laquelle on ait assisté en Afghanistan au cours des huit dernières années", selon Human Rights Watch. Le climat général de violence et l’absence d’alternative politique sérieuse pour les principaux candidats (le principal adversaire de Karzai, Abdullah Abdullah, a été un ancien ministre dans le gouvernement Karzaï et est lié à ce régime pourri) a entraîné un extrêmement faible taux de participation (38 % selon les chiffres officiels). Dans certaines régions et villages, presque personne ne s’est rendu aux urnes. Les premiers résultats indiquaient une victoire solide pour Karzaï, avec 54,6% des voix, et 27,8% pour Abdullah. La campagne d’Hamid Karzai (de la communauté majoritaire pachtoune, forte au Sud et à l’Est de l’Afghanistan, où les talibans ont une présence importante) était basée sur des accords avec les différents seigneurs de guerre régionaux et les chefs tribaux de minorités non-pachtounes qui sont dominantes dans le Nord et l’Ouest du pays , comme chef de guerre ouzbek Rashid Dostum, le Tadjik Qasim Fahim ou le chiite Hazara, Karim Khalili, tous connus pour leur legs de massacres, de trafic de drogue, de criminalité et d’extorsion.

    En outre, la fraude massive s’est rapidement révélée être au centre de la victoire de M. Karzaï. Le 30 Septembre, Peter Galbraith, le haut responsable américain de la mission de l’ONU en Afghanistan, a été limogé, après avoir refusé de prendre part à une opération de dissimulation de la fraude. Cette affaire est symptomatique des divisions croissantes entre la classe dirigeante sur la façon de traiter ce que tout le monde savait: il s’agit une pure mascarade électorale. Jour après jour, l’évidence croissante des fraudes a été révélée (il y a eu de nombreux rapports de «sites de scrutin fantômes», qui n’ont jamais ouvert mais où des milliers de votes ont été enregistrés), exerçant une pression de plus en plus forte sur les épaules de la «communauté internationale» pour se distancier de leurs constats enthousiastes et de leurs félicitations antérieurs. L’impérialisme américain a commencé à exercer une pression intense sur Karzai pour aller vers un deuxième tour de scrutin, que le président afghan a finalement accepté. Le renoncement d’Abdullah Abdullah du fonctionnement prévu a alors changé la situation. Abdullah était sans doute prêt à fermer les yeux sur certaines «irrégularités» en échange d’un accord politique, en lui donnant une certaine influence au sein du cabinet. Mais dans l’incapacité de parvenir à un accord, on l’a vu jouer la carte de «l’intégrité», malgré le fait que près de 300.000 votes pour Abdallah avait été découvert «frauduleux» après le premier tour également.

    Même sans la démission d’Abdullah, si le second scrutin avait eu lieu, le taux de participation aurait été bien pire que le premier tour. Les talibans avaient annoncé qu’ils feraient tout leur possible pour saboter le scrutin. Un second tour aurait très probablement été de nouveau dominé par la violence, la fraude et l’abstention massive. Quelle que soit la solution retenue pour résoudre la crise, les rares vestiges de crédibilité concernant le processus ont déjà été brûlés. Dans ces conditions, les impérialismes américain et britannique ont finalement choisi la voie la plus rapide et la plus facile pour en finir avec cette farce en faisant pression pour la nomination de Karzaï en tant que nouveau président. Mais cela ne changera rien. Le récent communiqué publié par les talibans n’a certainement pas tort quand il affirme que, «il est surprenant de constater qu’il y a deux semaines, la marionnette-président Hamid Karzai a été découvert dans une fraude électorale", mais qu’«il est maintenant élus sur la base des mêmes élections frauduleuse avec les félicitations de Washington et de Londres."

    Ces élections, plutôt que de donner une quelconque crédibilité aux institutions politiques afghanes, ont uniquement réussi à déclencher la colère et la méfiance contre le régime afghan et la complicité flagrante de l’impérialisme et de l’ONU pour tenter de dissimuler ses manœuvres. Un président dont l’autorité en dehors de Kaboul n’est obtenue que grâce à une alliance instable avec les seigneurs de guerre, combinée à un rejet énorme de la guerre dans leur propre pays, est désormais le contexte politique que doivent affronter les gouvernements impérialistes, en plus d’une augmentation de la violence des talibans.

    Perdre la guerre à la maison

    La guerre en Afghanistan commence à être exposée comme impossible à gagner, un impopulaire tas d’atrocités de l’armée américaine et la coalition de l’OTAN. L’ONU a rapporté récemment que le nombre de morts civils afghans est de près de 1.500 pour cette seule année, tandis que septembre et octobre sont les mois les plus meurtriers pour les troupes de l’OTAN depuis l’invasion du pays en 2001. Le nombre croissant de morts au cours des derniers mois a contribué à rompre de façon décisive le soutien public à la guerre, en particulier en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Selon un nouveau sondage publié par Channel 4 News à la fin octobre, 48% des Britanniques interrogés pensaient troupes ne gagnaient pas la guerre et que la victoire en Afghanistan "est impossible", soit une énorme augmentation, comparativement à 36% en août 2007. Le même sondage révèle que 62% souhaitaient que les troupes se retirent d’Afghanistan "immédiatement ou dans un an». Aux États-Unis, à la fin du mois d’août, un sondage CNN a montré que seulement 41% du peuple américain justifie la guerre en Afghanistan. Au Canada, en France, en Italie, en Allemagne, et dans tous les pays ayant des troupes en Afghanistan, la majorité des gens sont aussi fortement favorable au retrait.

    Ce sentiment se répand de plus en plus dans l’armée elle-même. Joe Glenton, un soldat britannique menacé d’être emprisonné deux ans pour avoir refusé de retourner se battre en Afghanistan, participe à des manifestations et des rassemblements contre la guerre appelant à un retrait complet des troupes. Il a récemment expliqué que, lors du retour à la caserne près d’Oxford, il craignait une réaction hostile de ses collègues. Au lieu de cela, il a été applaudi par ses collègues. «Il y avait des poignées de main et beaucoup de petites tapes dans le dos. Quelqu’un a dit que je disais ce que chacun pense." De manière significative, le moral des troupes sur le terrain est à son point le plus bas depuis le début de la guerre, et la désillusion se propage rapidement dans les rang des simples soldats. Des informations font état de tentatives de suicide, d’anxiété et de dépression, avec des explosions de colère contre les agents, etc. La mission actuelle en Afghanistan est considérée comme l’une des principales causes de la forte augmentation du nombre de suicides dans l’armée américaine. L’an dernier, 128 soldats se sont suicidés, contre 115 en 2007. Toutefois, le taux de suicide de cette année est déjà sur le point de dépasser ce nombre. "Beaucoup de soldats ont un sentiment de futilité et sont en colère d’être ici. Ils sont vraiment dans un état de dépression et de désespoir, et veulent juste revenir à leurs familles», a été l’observation d’un capitaine d’artillerie britannique dans The Times. Dans le même article, un sergent de Détroit de 37 ans, auquel on a demandé si la mission en valait la peine, répondit: «Si je savais exactement ce que la mission était, sans doute, mais je ne le sais pas. Les seuls soldats qui pensaient que ça allait marcher sont dans un bureau et non sur le terrain. Le pays tout entier part en couille.»

    En effet, tant que les forces impérialistes étrangère, les chefs tribaux, les seigneurs de guerre et les forces réactionnaires comme les talibans contrôlent la région et luttent pour l’influence, ce sentiment est fondamentalement juste! Tous les arguments futiles utilisés pour justifier la guerre et l’occupation par les gouvernements américain et britannique ont été réduits en poussière. Cette guerre n’atteint absolument rien en termes de retour des droits démocratiques au peuple afghan. Ceci est illustré de manière dramatique par l’aggravation de la situation concernant les droits des femmes. Récemment, M. Karzaï a approuvé une loi dégoûtante et ultra-réactionnaire pour la communauté chiite d’Afghanistan, privant les femmes de la garde de leurs enfants, les obligeant à demander à leur mari le droit de travailler, et permettant à un homme de refuser de donner à manger à son épouse si elle refuse ses demandes sexuelles. La Mission d’Assistance des Nations Unies estime qu’en Afghanistan 87% des femmes sont analphabètes, que 30% seulement des filles ont accès à l’éducation, qu’une femme sur trois subit des violences physiques, psychologiques ou sexuelles, et que 70-80% des jeunes femmes afghanes sont forcées de se marier.

    Récemment, un officier d’infanterie pakistanais, commentant la guerre en Afghanistan, faisait remarquer: «L’origine de l’insurrection n’est pas la religion mais la pauvreté». Selon lui, une solution peut être trouvée sans <i<«identifier les moyens d’améliorer les conditions des Pakistanais, Afghans, et des peuples d’Asie centrale dont les dirigeants corrompus volent fréquemment tout ce qui se trouve à leur portée.»</i> En effet, la pauvreté abjecte à laquelle fait face la majorité du peuple afghan contraste avec le style de vie riche de l’élite économique et politique afghane corrompue. En outre, le nombre de réfugiés fuyant le pays a atteint des proportions gigantesques atteignant les quatre millions selon les dernières estimations. L’Afghanistan est devenu le plus grand producteur et distributeur d’opium sur la planète finançant, entre autres choses, l’insurrection des talibans.

    Gagner les cœurs et les esprits?

    L’hostilité croissante à la guerre en Afghanistan internationalement est accompagnée par une hostilité croissante du peuple afghan lui-même en direction des troupes d’occupation occidentales dans le pays. Le journal français "Le Monde" a déclaré récemment que «le contexte de l’évolution des troupes françaises dans l’Est de l’Afghanistan est un contexte d’hostilité franche de la population locale. La conclusion de ce rejet est établi depuis plusieurs mois par les autorités françaises, mais a tendance à être masqué par les hommes politiques à Paris, conscient des doutes croissants de l’opinion publique quant à l’implication militaire en Afghanistan.» Ce sentiment de haine contre l’occupation étrangère a été récemment illustré par des protestations contre les troupes américaines initiées par les étudiants de Kaboul. Des centaines de manifestants ont affronté pendant deux jours la police afghane dans la capitale, brûlant le drapeau américain et des effigies du président Obama.

    En l’absence d’une véritable alternative, cette opposition profonde à l’occupation a servi à alimenter la base de recrutement pour les talibans, à attirer une infinité de recrues. L’insurrection des talibans n’est pas un mouvement unifié et national avec un commandement centralisé, mais elle est divisée en différents groupes armés. Les recherches menées par le Conseil international sur la sécurité et le développement (CISO) donnent des indications intéressantes sur l’influence de ces groupes: il est dit que 80% de l’Afghanistan dispose maintenant d’une «présence permanente talibans» et que 97% du pays comporte «un activité substantielle des talibans.» Mais une nouvelle caractéristique se développant les derniers mois a été que leur influence, jusqu’à récemment essentiellement limitée au Sud et Est de l’Afghanistan, se répand vers le Nord du pays ainsi que, dans des domaines traditionnellement considérés comme plus «sûrs», comme la province de Kunduz. Ces faits suffisent à eux seuls à montrer l’échec total et la défaite militaire en cours des forces impérialistes.

    Le Financial Times a récemment souligné: «Depuis que les grandes opérations militaires de l’OTAN en Afghanistan ont commencées en 2006, le soutien à l’insurrection a connu une croissance.» Ce genre de déclaration venant d’un des porte-parole les plus influents du capitalisme reflète les divisions croissantes en développement dans la classe dirigeante sur les débats au sujet d’un éventuel déploiement de nouvelles forces militaires et sur comment sortir de ce bourbier sans porter atteinte au prestige et aux intérêts des impérialismes américain et britannique. Certains stratèges soulignent maintenant la nécessité de faire pression pour davantage de «dialogue» et pour des accords avec des parties des talibans, en les finançant ou en les intégrant dans l’appareil d’Etat. Mais cela ne pourrait jeter que les bases d’autres problèmes. La catastrophe croissante de l’impérialisme en Afghanistan a conduit la majorité des stratèges des grandes entreprises et les journalistes à atténuer les «buts» initiaux de l’occupation, et aller vers des objectifs minimaux. «La lutte pour la démocratie» est devenue «Nous n’avons pas à créer une démocratie à la Jefferson» (Los Angeles Times, 10/05/2009) ou "Oublier le nation-building (la construction d’une nation)" (The Guardian, 10/05/2009) tandis que la «lutte contre les Talibans et pour protéger la population afghane» a été transformé en «Les forces de l’OTAN ne peuvent espérer assurer l’ensemble de l’Afghanistan. L’objectif de l’International Security Assistance Force de protéger la population est irréalisable dans sa totalité » (Mehar Omar Khan, cité dans le Financial Times, 10/28/2009) 

    Tous ces débats ont également révélé des fractures dans la soi-disant «unité» de l’OTAN et de la coalition, chaque État ayant ses propres objectifs en termes d’intérêts stratégiques à l’étranger, ainsi qu’en termes de soutien public en baisse pour la guerre à la maison. S’exprimant au sujet des coûts britanniques de la guerre en Afghanistan, un haut fonctionnaire de Whitehall, a déclaré: «Les coûts de la guerre ont augmenté à plus de 3 milliards de £ (3,35 milliards d’euros) par an. Pourtant, un déploiement comme celui-ci intervient à un moment de véritable pression sur les dépenses publiques. La Grande-Bretagne a un déficit de 195 milliards d’€ cette année. L’idée qu’il existe une limite à ce que nous pouvons consacrer à cette campagne n’est pas quelque chose qui devrait choquer les gens.» Ce qui «choque les gens» n’est évidemment pas les limites du budget de la guerre, mais, au contraire, les sommes d’argent impensables utilisées pour cette guerre alors que les services publics et les emplois sont menacés, sous le couvert d’un soi-disant manque d’argent.

    Le Premier ministre britannique Gordon Brown a récemment accepté d’envoyer 500 soldats supplémentaires en Afghanistan, ajouté aux 9.000 soldats déjà présents sur le terrain. Le gouvernement espagnol a pris une décision analogue, l’envoi de 220 soldats supplémentaires, portant leur total à environ 1000. Aux États-Unis, un intense débat sur l’envoi de plusieurs milliers d’autres troupes, alors qu’un total de 68.000 sont déjà sur le terrain. Barack Obama a été mis sous une pression croissante, d’un côté, des responsables militaires et une section de l’establishment politique appelant à davantage de troupes – le Général Mc Chrystal a parlé d’un montant supplémentaire de 40.000 -, et de l’autre côté par l’impopularité de la guerre au niveau interne. En effet, la décision d’envoyer davantage de soldats pourrait alimenter le mécontentement contre l’administration Obama et jeter les bases d’un renouvellement du mouvement anti-guerre aux États-Unis. Le 5 octobre, un sondage a montré que seulement 26% des Américains pensent que plus de troupes américaines doivent être déployées. Une crise politique dans le Parti Démocrate pourrait également se développer, comme certains dirigeants démocrates se sont prononcés contre l’envoi de troupes supplémentaires, en disant qu’il n’y a pas de soutien public pour une telle initiative et que l’armée afghane doit prendre une plus grande part du fardeau. La stratégie proposée, d’une «afghanisation» des forces de sécurité, par le recrutement et la formation de policiers afghans et de l’armée, a subi un grand coup avec le récent meurtre de cinq soldats britanniques par un «voyous» policier afghan dans le sud de la province de Helmand, le mardi 3 novembre. Cela donne une nouvelle indication de la confusion totale face à l’impérialisme en Afghanistan. Dans ce contexte, nous allons voir une augmentation des postures opportunistes contre la guerre par des politiciens de l’establishment dans la prochaine période. Mercredi, l’ancien ministre travailliste britannique des Affaires étrangères, Kim Howells, a appelé à un retrait des troupes britanniques d’Afghanistan. Il ne s’agit en aucune sorte d’une constante opposition à la guerre, puisque Howells a été un fervent partisan de la guerre, pendant son temps en tant que ministre des Affaires étrangères, entre 2005 et 2008.

    La pression de l’opposition à la guerre contre Obama a été illustrée par sa première participation, le jeudi 29 Octobre dernier, lors d’une cérémonie de rapatriement des corps des soldats américains tués en Afghanistan. Mais les larmes de crocodiles des politiciens ne seront pas en mesure d’inverser le mécontentement croissant en ce qui concerne l’envoi de jeunes, pour la plupart pauvres et issus de la classe ouvrière, afin de mourir dans une guerre impossible à gagner pour le prestige et les profits de l’élite. Un colonel britannique responsable du recrutement de l’armée a reconnu dans le Guardian: «La récession a eu un grand impact sur le nombre de gens qui se présentent." Avec l’augmentation spectaculaire du chômage provoquée par la récession; pour les gouvernements américain et britannique, la «génération perdue» de jeunes de la récession sont considérés comme des candidats parfaits pour perdre leur vie sur le champ de bataille.

    Quelle voie suivre?

    L’intervention impérialiste en Afghanistan a créé un gâchis irrémédiable. L’occupation, soi-disant pour «la démocratie, la paix et la justice», a seulement réussi à apporter une misère croissante, les massacres de civils, en accroissant l’influence de l’extrémisme religieux et les attaques à l’explosif, et, last but not least, l’exportation du conflit au Pakistan, avec des résultats désastreux en conséquence pour le peuple de ce pays aussi. L’occupation ne fait qu’aggraver le chaos, et mènera à de nouveaux conflits, pour la puissance et l’influence, entre les seigneurs de guerre qui ont été considérablement renforcés.

    L’impérialisme américain est directement responsable de la dévastation du pays. En outre, le monstre qu’ils combattent à l’heure actuelle est leur propre création. De concert avec leurs partenaires pakistanais et l’Arabie, l’impérialisme américain a délibérément encouragé et financé les fondamentalistes talibans et religieux dans le passé. Cette stratégie a été particulièrement utile pour lutter contre les "communistes" dans les années ’80. Mais depuis lors, ils ont perdu le contrôle de leur propre monstre. L’idée selon laquelle ils peuvent désormais résoudre le problème qu’ils ont créé eux-mêmes est une illusion complète.

    Le coût de cette guerre a atteint une moyenne de 3,5 milliards de dollars par mois. Toutefois, une attention financière similaire n’a pas été portée à la lutte pour la survie qui caractérise la vie de tous les jours de la majorité des personnes vivant dans ce pays. Cet argent, investi dans la destruction, pourrait à la place être utilisé pour construire des milliers d’écoles et des hôpitaux, pour offrir une vie décente, avec des emplois et des logements pour tous. Cela serait un moyen beaucoup plus efficace pour lutter contre les talibans que de tonnes de bombes et des milliers d’hélicoptères, des avions et des soldats. Mais ce genre de plan ne correspond pas aux intérêts de l’impérialisme, cherchant uniquement un moyen de maintenir et d’étendre son influence dans la région pour des intérêts économiques.

    Une augmentation des troupes n’apportera aucune solution à la situation actuelle, mais que préparer le terrain pour de nouvelles catastrophes et d’explosions de violence. La frustration et le désespoir parmi les populations pauvres et ordinaires, causés par l’occupation et la pauvreté, à l’absence d’une alternative socialiste authentique, alimente les rangs de l’intégrisme religieux. En l’absence mouvement de masse organisé démocratique de la classe ouvrière et des pauvres, la propagation de la colère parmi la population pourrait être utilisé par les talibans, les chefs tribaux, les seigneurs de guerre et autres forces réactionnaires qui cherchent uniquement à servir leurs propres intérêts et n’ont absolument aucune alternative à offrir aux régimes actuels. Ce qu’il faut, c’est une lutte commune des masses ouvrières et pauvres pour assurer leur propre sécurité et pour améliorer leurs conditions de vie.

    Cela doit être lié à la transformation de la société selon des principes socialistes. En effet, plus que jamais, la situation en Afghanistan présente un choix entre le socialisme et la barbarie. L’unique façon du capitalisme pour résoudre les problèmes est d’en créer de nouveaux, au détriment de la vie des millions de personnes. La seule façon viable d’avancer est de construire un mouvement de masse dans la région afin de se débarrasser de l’élite corrompue et leurs bailleurs de fonds internationaux des grandes entreprises. Cette lutte doit être fondée sur un programme qui défend le droit à l’autodétermination pour les différentes minorités nationales et ethniques, et qui fait appel à la solidarité internationale du mouvement ouvrier. Ceci doit être pris en charge par la construction d’un puissant mouvement contre la guerre dans le monde entier et des partis ouvriers fort, défendant une alternative socialiste internationale contre la misère de la guerre et du capitalisme.

    Nous exigeons:

    • Les troupes hors d’Afghanistan dès maintenant! Halte au massacre des civils; laissez le peuple afghan décider de son avenir!
    • Aucun soutien pour le régime corrompu et antidémocratique de M. Karzaï; Pour une lutte de masse pour éliminer les régimes réactionnaires en Asie et au Moyen-Orient!
    • Pour de véritables droits démocratiques; arrêtez les attaques contre les droits des femmes!
    • Pour la construction d’organisations indépendantes et démocratiques des travailleurs et des pauvres; pour des forces de défense ouvrières démocratiquement organisées et multi-ethniques!
    • Pour un programme massif de reconstruction en Afghanistan, sous le contrôle démocratique des masses, pour la propriété publique du gaz, du pétrole, et d’autres industries clés et des ressources!
    • Pour la constitution d’un gouvernement ouvrier et paysan sur un programme socialiste et démocratique, dans le cadre d’une fédération socialiste de l’Asie du Sud incluant le Pakistan.
    • Construisons un mouvement de masse contre la guerre! Ne payons pas pour la crise du capitalisme! Dépensons de l’argent pour les emplois et les services publics, et non pour la guerre et des armes!
    • Pour un monde socialiste, exempt de terreur, d’exploitation et de guerre!
  • A nouveau des actions en Iran

    Ces dernières semaines, le régime iranien a renforcé son contrôle à Téhéran. De nombreux membres des milices Basiji et des gardiens de la révolution ont, entre autres, pris position sur les places les plus importantes. Aux dires du commandant des gardiens de la révolution, ce n’était qu’une opération contre des trafiquants de drogue.

    Article de Reza Farnoud

    Les plus connus des dirigeants de l’opposition ont quant à eux appelé au calme. Mousavi a déclaré que le calme devait régner le «13 Aban» (hier). Karoubi a dit qu’il ne voulait participer qu’à une manifestation calme ou à un rassemblement silencieux. Khamenei et Ahmadinejad ont de leur côté brutalement et ouvertement prévenu des conséquences d’éventuelles actions en termes de répression. A cet effet, ils ont utilisé les médias ainsi que le sermon du vendredi.

    Le 4 novembre, toutes les rues autour de la place Enghelab et de l’université ont été fermées. Seuls les soldats pouvaient encore passer. Le centre-ville de Téhéran et d’autres grandes villes était sous le contrôle total de l’armée et des milices.

    Pourtant, les étudiants se sont réunis pour protester à 8h30, en scandant des slogans contre Khamenei, Ahmadinejad et la dictature. Ils se sont ensuite mis en marche et ont notamment été protester auprès des Nations Unies. Les gardiens de la révolution ont tiré sur les jeunes et ont aussi utilisé des gaz lacrymogènes.

    Dans l’après-midi, des concentrations d’opposants s’étaient formées à différents endroits centraux de Téhéran, dont la rue Karimkhan et les places Tir, Taleghani, Enghelab, etc. Des confrontations brutales avec la police, l’armée et les milices ont eu lieu. Vers 15h, plus de 250 personnes avaient déjà été emportées vers les hôpitaux.

    Les principaux slogans des manifestants étaient consacrés à la liberté et l’égalité ainsi qu’à la fin du règne d’Ahmadinejad, de Khamenei et de la dictature. Des slogans tels que «travailleurs, étudiants, unité» ont aussi été scandés. Ici et là, des slogans ont été lancés contre la Russie. Seuls deux groupes de manifestants (sur les 7 places de Tir et sur la place Enghelab) ont lancé des slogans favorables à Mousavi.

    D’autres villes comme Shiraz, Mashhad, Ishafan, Tabriz et Rashat, ou encore d’autre plus petites, ont également connu des manifestations. A Ishifan, le drapeau iranien a été brûlé tandis qu’à Téhéran, des photos de Khamenei ont été piétinées. Des slogans étaient inscris partout: sur les murs, les portes, les panneaux indicateurs,…

    Sur la place Enghelab à Téhéran, un grand groupe d’ouvriers des usines de la périphérie de Téhéran était présent. A Ahvaz, les ouvriers du pétrole sont partis en grève et ont enlevé les banderoles du syndicat islamique officiel pour les remplacer par les banderoles d’un syndicat indépendant.

    A ces actions, le fossé grandissant entre les dirigeants du «mouvement vert» et les manifestants eux-mêmes était frappant. Mousavi et Karoubi ont ensemble expliqué que le mieux que les manifestants pouvaient faire, c’était de rentrer chez eux pacifiquement. Ils ont aussi laissé entendre que les manifestants seraient stimulés de l’étranger. De son côté, Obama a saisi l’opportunité de ces actions pour exiger une nouvelle fois que Téhéran ouvre ses portes à l’occident, c’est-à-dire aux grandes entreprises occidentales.

    Les travailleurs et les jeunes qui descendent dans la rue ont la possibilité de changer de société. Pour cela, ils ont besoin d’un programme politique et de structures démocratiques capables d’organiser la protestation.

  • IRAN: Comment poursuivre le mouvement ?

    En juin, le régime iranien a tremblé sur ses fondements sous les protestations d’un mouvement massif s’opposant à la manipulation des résultats des élections présidentielles mais aussi, plus profondément, au régime réactionnaire d’Ahmadinejad. Car la prétendue « république des pauvres » que celui-ci promettait depuis des années est restée un slogan creux tandis que se développait un régime répressif garantissant de grands bénéfices pour les riches et un chômage élevé pour les pauvres.

    Par Geert Cool

    bien que très importantes, n’ont pas conduit au renversement d’Ahmadinejad. Les raisons à ce maintien – peut-être – provisoire du régime ne peuvent se résumer à la répression, mais trouvent également leur origine dans les limites du mouvement lui-même.

    Ce mouvement a reçu un grand soutien parmi les jeunes (60% à 70% de la population iranienne a moins de 30 ans) et les travailleurs, mais il lui a manqué une direction capable de le structurer et de lui offrir une alternative claire. Il lui a manqué une direction issue du mouvement des travailleurs. Le «mouvement vert» est resté bloqué autour du candidat Moussavi, lui-même représentant d’une partie de l’establishment de la république islamique. Une arrivée du mouvement ouvrier au premier plan du mouvement de contestation aurait constitué une menace pour Moussavi et son état-major car ceux-ci ne contestent pas la base fondamentale du régime: l’exploitation des masses par l’élite dirigeante.

    Les hésitations et la confusion du mouvement ont permis au régime de le réprimer. Les milices paramilitaires Basij ont été lancées contre les opposants. Les universités, qualifiées de foyers de troubles, ont été placées sous haute surveillance. Les usines et les lieux publics ont progressivement été mis sous contrôle militaire. Des militants de gauche et des travailleurs ont été arrêtés et torturés. Cela a été notamment le cas des dirigeants du syndicat clandestin des chauffeurs de bus de Téhéran ou de militants dans le secteur automobile.

    Mais le mécontentement est toujours présent. Tout comme durant la période 1978-79, on peut s’attendre à des éruptions régulières de protestation, comme cela a été le cas le 18 septembre. Pour détourner la colère populaire, Ahmadinejad a multiplié les provocations antisémites (en défendant une nouvelle fois le négationnisme et en appelant tous les musulmans à s’unir pour faire disparaître Israël), proclamant le 18 septembre « journée de solidarité avec les Palestiniens ». L’opposition est descendue dans les rues à cette occasion. Mais la participation à ces actions contestataires était moindre qu’en juin, et l’emprise des prétendus «réformateurs» (partisans d’un cours plus libéral et pro-occidental) comme Moussavi, Karroubi et Khatami était plus grande. Toutefois, la flamme de la protestation couve encore et le régime reste sur ses gardes.

    Les faiblesses politiques des dirigeants de l’opposition sont utilisées par certains pour attaquer le mouvement d’opposition en affirmant qu’il affaiblit le camp anti-impérialiste. C’est notamment le cas du professeur de gauche américain James Petras. Ce genre de position est renforcé par l’attitude du président vénézuélien Hugo Chavez qui soutient le président iranien, en oubliant bien entendu dans ce cas toute référence à son «socialisme du 21e siècle»…

    Il est dangereux de considérer Ahmadinejad uniquement comme un ennemi de l’impérialisme américain et d’«oublier » qu’il est aussi et même surtout un dirigeant réactionnaire d’un régime qui opprime les travailleurs et les jeunes. D’autres font la même erreur, en sens inverse, et considèrent chaque opposant à Ahmadinejad comme un allié, quitte à ce qu’il soit par exemple partisan de l’ancien régime pro-capitaliste du Shah.

    Pour parvenir à renverser ce régime haï, le mouvement doit se renforcer en adoptant une position de classe indépendante et un programme socialiste. Seule la force du mouvement des travailleurs, avec des grèves générales et des comités de lutte démocratiquement élus, peut obtenir la satisfaction des revendications démocratiques en les liant à des revendications sociales comme la lutte contre le chômage, la corruption, l’exploitation,… Avec de telles revendications, les syndicats et les partis des travailleurs peuvent trouver l’écoute des couches les plus larges de la population et les mobiliser pour mettre fin tant à l’oppression qu’à l’exploitation capitaliste.

    Comment lutter contre l’impérialisme ?

    L’élection d’Obama n’a eu aucune incidence sur la politique impérialiste des USA. S’il est question de mettre un terme à la présence de troupes américaines sur le sol irakien, ce n’est que pour augmenter les forces armées US en Afghanistan. Nous nous sommes toujours opposés tant à la guerre en Irak qu’à celle en Afghanistan, en liant notre opposition à l’impérialisme à la lutte pour une alternative socialiste au capitalisme.

    La politique de pillage du monde néo-colonial prive de moyens la majorité de la population. De plus, les différentes puissances impérialistes, dans leur lutte pour accroître leur influence et s’assurer l’accès aux matières premières bon marché de la région, ont souvent appliqué la tactique du « diviser pour régner » afin de s’assurer des alliés et des relais sur place. Les ingérences impérialistes ont ainsi conduit au renforcement des oppositions ethniques et religieuses. Quel meilleur terreau imaginer pour des conflits sanglants ?

    L’impérialisme américain porte une grande responsabilité dans la création du monstre qu’est le fondamentalisme islamique, contre qui il tente maintenant de lutter en Afghanistan et ailleurs. Car ce sont les USA et leur allié saoudien qui ont jadis financé les centres de formation pour les Talibans. Utiliser les fondamentalistes et jouer avec les oppositions ethniques étaient des armes bien pratiques aussi longtemps qu’il fallait lutter contre la «menace rouge» (les ‘communistes’ étaient arrivés au pouvoir en Afghanistan en ‘78 et l’Union Soviétique était intervenue militairement dans le pays l’année suivante pour mettre fin à la lutte de pouvoir au sein du parti communiste afghan et stabiliser le pouvoir).

    Mais les USA ont depuis lors perdu le contrôle de leur créature, ce qui les a conduit à la «guerre contre le terrorisme». En jouant actuellement sur les différentes oppositions ethniques dans le pays, l’impérialisme américain ne fait que préparer la voie à de nouveaux monstres hors de contrôle, au détriment des populations de la région, quelque soit leur provenance ou leur religion.

    L’impérialisme est le premier responsable de la guerre en Afghanistan ou du conflit israélo-palestinien. La direction du mouvement ouvrier n’est cependant pas non plus exempte de fautes en ayant échoué à offrir une réponse efficace. L’échec du stalinisme (symbolisé par la disparition du Bloc de l’Est) et du nationalisme arabe (symbolisé par la corruption et la soif de pouvoir de l’OLP en Palestine) ont ouvert la porte aux tendances fondamentalistes. La percée du Hamas dans la bande de Gaza en est le résultat.

    Le point de départ de la position du PSL est toujours l’unité des travailleurs tant contre l’impérialisme que contre les régimes réactionnaires, comme en Iran. Les tentatives de chercher des alliances avec des régimes réactionnaires pour lutter contre l’impérialisme sèment la confusion dans le mouvement international des travailleurs. Or, contre un système capitaliste qui est mondial, la lutte internationale ne pourra pas progresser en fermant les yeux sur l’oppression que subissent les masses sous des régimes prétendument « anti-impérialistes ». C’est pourquoi nous nous opposons au soutien que le président Chavez accorde à Ahmadinejad.

    Nous lions la lutte contre l’impérialisme à la lutte contre les divisions ethniques et pour les droits démocratiques et à la lutte contre les conditions sociales d’oppression et d’exploitation. Nous mettons en avant une alternative dans laquelle les travailleurs et les pauvres prendraient en main leur destinée, une société socialiste basée sur la solidarité internationale des travailleurs et des opprimés.

    Un tel programme a des conséquences pratiques pour le PSL. Nous faisons partie d’une organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), active dans une quarantaine de pays. Nous jouons un rôle actif dans des campagnes de solidarité, comme nous l’avons par exemple fait avec le soutien apporté à la gauche iranienne en lutte contre le régime réactionnaire d’Ahmadinejad et contre l’impérialisme. La lutte pour une société socialiste est une lutte internationale.

  • Japon: Les électeurs réclament la fin du règne des libéraux-démocrates

    Mais l’alternative capitaliste du Parti Démocrate n’offre pas de certitude d’avenir pour les jeunes et les travailleurs

    Dans une semaine, il est probable que le Parti Démocrate du Japon sorte victorieux des élections générales sur base du gigantesque mécontentement qui tonne contre le long règne des Libéraux Démocrates. La crise économique frappe durement les travailleurs et les jeunes, et le premier ministre actuel, Taro Aso, est très impopulaires, y compris dans son propre parti.

    Kokusai Rentai, CIO-Japon

    Selon les derniers sondages d’opinion, le Parti Démocrate devrait obtenir 300 des 480 sièges au Parlement japonais. Son dirigeant, Yukio Hatoyama, a annoncé que quelque soit l’ampleur de sa victoire, il voudrait faire une coalition avec le petit parti des Sociaux-Démocrates ainsi que le parti populiste de droite Nouveau Parti du Peuple. Les travailleurs, qu’ils soient jeunes ou vieux, n’ont à attendre que des excuses de leur part pour ne pas avoir résolu leurs problèmes.

    Un article détaillé qui développe une analyse et un programme socialistes peut être trouvé (en japonais) sur le site internet de Kokusai Rentai (CIO-Japon).

  • Afghanistan: Le Vietnam d’Obama?

    Des pertes de plus en plus grandes pour une guerre impossible à gagner

    Les chefs militaires américains et britanniques se sont empressés de crier «victoire» après leur offensive de juillet contre les Talibans dans le Sud-Est de l’Afghanistan. Mais, en réalité, la principale conséquence des opérations «Griffe de Panthère» (GB) et «Coup d’épée» (US) a été de recentrer l’attention d’un public de plus en plus sceptique sur le bourbier militaire et l’impasse politique que constitue l’Afghanistan actuel.

    Peter Hadden, Socialist Party (CIO-Irlande du Nord)

    Il est vrai que les Talibans ont, pour l’instant, été poussés en-dehors de certaines zones de leur bastion du Helmand. Cette retraite est principalement due à un changement de stratégie de leur part : ils ont abandonné la confrontation directe contre une puissance de feu supérieure pour se concentrer sur des attaques de guérilla (comme poser des bombes en bord de route). Pour reprendre les mots d’un certain analyste, l’offensive «Coup d’épée» pourrait plutôt être décrite comme une opération «Coup dans l’eau».

    Le coût en un mois de cette double offensive en termes de pertes humaines pour les forces d’occupation américaines et britanniques a été le plus élevé depuis le début de l’invasion, en 2001. 75 soldats US et OTAN ont été tués en juillet et le mois d’août suit la même tendance avec 6 pertes uniquement les deux premiers jours du mois.

    L’ampleur de la lutte actuelle illustre très clairement à quel point les huit années d’occupation n’ont quasi servi à rien, malgré les 170 milliards de dollars dépensés par les Etats-Unis et les 12 milliards dépensés par le Royaume-Uni tout au long de cette guerre impossible à gagner et malgré les 750 soldats américains et les près de 200 soldats britanniques qui ont déjà péri.

    Pour le peuple d’Afghanistan, la facture a inévitablement été bien plus salée. Tout comme en Irak, aucune des forces d’occupation ne se soucie de tenir le décompte précis des combattants et civils afghans qui ont perdu la vie. Le journal britannique The Independant a récemment estimé à 30.000 le nombre de morts en Afghanistan. Mais sans données réelles, chacun est libre de faire ses propres estimations. En attendant, 3,7 millions d’Afghans ont fui le pays, se dirigeant pour la plupart en Iran ou au Pakistan.

    Une stratégie erronée

    La nouvelle offensive et le changement de tactique maintenant tenté par l’administration Obama sont autant de reconnaissances de l’échec de la stratégie suivie jusqu’ici. Un rapport du Centre d’Etudes Stratégiques et Internationales (CSIS – Centre for Stategic and International Studies) a averti du danger que l’Afghanistan devienne «le Vietnam d’Obama», et conclut que «la situation s’est détériorée en une crise, dans laquelle les Talibans et les autres groupes djihadistes sont maintenant en train de gagner».

    Jusqu’à présent, la stratégie des puissances occupantes a été de tenter d’écraser les Talibans et de faire respecter par la voie militaire le règne du gouvernement fantoche de Karzaï. Les Etats-Unis se sont surtout basés sur des frappes aériennes, des tirs de mortier et des raids nocturnes pour tenter de repousser les Talibans et d’étendre l’aire d’autorité de Kaboul. Ils ont aussi entrepris un programme d’éradication en vue de détruire la culture du pavot, qui compte pour 60% de l’économie afghane et fournit aux Talibans la plupart de leur revenu.

    Au cours des campagnes des deux derniers étés, les bombardiers américains ont largué chaque mois quelques 22 tonnes de munitions sur le Helmand. Avec de tels assauts «à la Cambodgienne», il ne faut pas s’étonner si l’on estime que deux-tiers des personnes tuées par les forces pro-gouvernementales sont mortes des suites de raids aériens.

    Une misère impitoyable

    En attendant, la vie quotidienne de la majorité de la population ne vaut guère mieux que sous les Talibans. Huit ans après l’invasion, 77% des gens n’ont toujours pas accès à l’eau potable. A la campagne, cinq personnes sur six n’ont pas d’accès au réseau électrique. Et pour ceux qui y sont connectés, y compris à Kaboul, l’électricité n’est disponible qu’à des voltages fluctuants et pour quelques heures par jour seulement. Le taux d’alphabétisation des femmes – qui vaut 18% – ne s’est que très peu amélioré par rapport à ce qu’il était sous le régime réactionnaire des Talibans. Avec 42% de la population contrainte de survivre avec moins d’1$ par jour, la vie de la plupart des Afghans est une vie de misère permanente.

    Lorsqu’il sont arrivés au pouvoir pour la première fois, les Talibans étaient essentiellement constitués de combattants entraînés par l’armée pakistanaise et qui recrutaient parmi la population exilée. Ayant grandi dans les camps de réfugiés de la Province Frontalière du Nord-Ouest (North West Frontier Province – NWFP) et dans d’autres endroits du Pakistan, ils avaient peu de racines sociales et une très petite base dans la société afghane.

    Les méthodes utilisées par les puissances occupantes – combinées à l’échec total du gouvernement Karzaï corrompu quant à l’amélioration de la vie des gens – n’ont servi qu’à élargir la base de l’insurrection, tandis que des tribus locales et de jeunes afghans rebelles se préparent à rejoindre la lutte.

    Au moment où Obama a prêté serment – et avec les élections présidentielles afghanes prévues pour le 20 août – les Talibans étaient aux portes de Kaboul, avec sous leur contrôle une grande partie des provinces pachtounes du sud et de l’est. L’autorité du gouvernement ne s’étendait guère plus loin que la capitale. La plupart du territoire officiellement sous son contrôle est en réalité dirigé par des seigneurs de guerre tadjiks, ouzbeks, hazaras et autres, qui prétendent servir le gouvernement tout en continuant à diriger eux-mêmes leur propre territoire et à s’enrichir personnellement.

    Des montagnes d’opium

    En ce qui concerne l’éradication de l’opium, la réalité est que depuis 2005, l’Afghanistan – et surtout dans le Helmand – produit le double de l’offre mondiale. La plupart de la production est entreposée par les Talibans afin de maintenir les prix à la hausse et de s’assurer d’un revenu annuel de 3 milliards de dollars grâce.

    La réponse d’Obama face à cette situation a été de remanier l’état-major et de changer de stratégie. Selon cette nouvelle stratégie, il faut moins se baser sur la puissance aérienne, et bien plus sur les troupes au sol. L’objectif militaire est de conquérir des zones, puis de tenter de les tenir et d’y construire un soutien parmi la population locale. Le nombre de troupes doit être augmenté de 100.000 effectifs. Mais plus de troupes sur le terrain et moins de frappes aériennes signifie inévitablement plus de pertes. Et au fur et à mesure que des soldats seront rapatriés dans des cercueils et que l’opposition aux Etats-Unis montera face à ce conflit futile, le danger est que la guerre ne soit pas perdue dans le Helmand, mais bien dans les rues des villes américaines et britanniques.

    Les gouvernements US et britannique ont été forcés de reconnaître qu’il ne peut y avoir aucune victoire purement militaire. Leur objectif est de porter un coup décisif aux Talibans, tout en cherchant une sorte d’arrangement politique qui pourrait «donner un visage afghan à la suite des événements». Ils espèrent ainsi que – à un certain moment dans le futur – une stratégie de sortie prendra forme petit à petit.

    Ceci peut sembler très joli dans les salles de wargame du Pentagone, mais la mise en œuvre d’un tel scénario en Afghanistan même sera une toute autre histoire. Le seul «visage afghan» disponible en ce moment est celui du gouvernement Karzaï, et les chances que celui-ci gagne en crédibilité auprès de la majorité des Afghans sont très minces. Malgré le fait que son soutien ne s’élève qu’à 15% dans le dernier sondage d’opinion, il est probable que Karzaï remporte les prochaines élections – mais seulement grâce à l’absence totale d’un candidat alternatif.

    Les espoirs placés dans un éventuel nouveau gouvernement Karzaï, moins corrompu et moins inapte que l’actuel, ont été battus en brèche par sa décision de nommer Mohammad Fahim, un seigneur de guerre notoire, en tant que son coéquipier pour les élections.

    Selon le rapport du CSIS, pour maintenir son contrôle, il faudrait au gouvernement de Kaboul une armée de 240.000 hommes et une force de police de 160.000. Jusqu’à présent, les efforts entrepris par la Coalition pour amener en trois ans les effectifs de police et de l’armée à 134.000 hommes ont échoué. Le gouvernement de Kaboul est une fiction, le pouvoir se trouvant en réalité entre les mains des seigneurs de guerre, et le pays est en réalité fracturé selon les lignes nationales ou tribales. L’idée que ce gouvernement puisse un jour acquérir l’autorité nécessaire que pour pouvoir commander une force de 400.000 hommes ne paraît être qu’un fantasme.

    Comme l’a écrit Max Hastings dans le Financial Times, «si l’Occident est vaincu, ce sera pour les mêmes raisons que les Etats-Unis ont perdu au Vietnam: «nos» Afghans pourraient se révéler n’être guère plus fiables que «nos» Vietnamiens».

    La “déferlante”

    La “déferlante” de George Bush en Irak n’était rien de plus qu’une déferlante d’argent offerte à ses anciens ennemis. Dans la région d’Anbar en Irak, les Etats-Unis ont payé un salaire de 300$ par mois à 100.000 insurgés sunnites afin de les recruter dans une force de maintien de la paix. Maintenant, selon certains rapports, l’administration Obama, dans sa tentative de créer des scissions chez les Talibans, considère le versement de 150$ par mois à jusque 250.000 combattants actuels s’ils acceptent de changer de camp.

    L’initiative d’Anbar a fonctionné tout un temps en Irak, mais au coût de possibles conflits futurs entre les forces sunnites et les forces gouvernementales dominées par des chiites. En Afghanistan, la situation a beaucoup moins de chances de se dérouler selon le plan. Le gouvernement pakistanais a établi un précédent avec toute une série d’accords avec les Talibans et d’autres militants islamiques. Tous ont échoué – l’effondrement en février de l’accord signé avec les Talibans dans la vallée du Swat n’en est que l’exemple le plus récent.

    Le Pakistan

    Ce qui nous amène à ce qui est sans doute le principal obstacle dans le chemin de l’administration américaine – la situation au Pakistan. L’intervention impérialiste dans cette région au cours des dernières décennies – depuis le soutien accordé via l’armée pakistanaise aux groupes de moudjahiddines qui combattaient les Russes – a régionalisé le conflit.

    La frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan est une ligne dessinée en 1983 par un Anglais, Sir Mortimer Durand, afin de marquer les limites de l’avancée militaire britannique, sans aucun souci des différences entre les peuples de cette zone. Maintenant, les zones pachtounes des deux côtés de la frontière sont en révolte. L’armée pakistanaise, sous pression des Etats-Unis, mène une offensive brutale contre les Talibans pakistanais et d’autres groupes islamiques – les mêmes qu’ils armaient et entraînaient encore il y a peu.

    L’offensive récente dans la vallée du Swat a impliqué 40.000 soldats, et a eu pour conséquence la déportation de 2 millions de gens. Ces méthodes, si elles sont utilisées dans d’autres bastions talibans dans les régions tribales, menacent de créer un second Afghanistan au Pakistan même. Tout en se concentrant sur une «déferlante» limitée dans le Helmand, Obama pourrait se retrouver confronté à une bien plus grande insurrection qui pourrait amener la question non seulement de la scission de l’Afghanistan, mais aussi celle du Pakistan.

    Le bourbier qui s’approfondit est l’héritage de décennies d’intervention impérialiste dans la région. Ce sont les populations d’Afghanistan et du Pakistan qui en payent maintenant le prix. A l’heure actuelle, ils n’ont le choix qu’entre l’oppression militaire par le gouvernement ou les troupes étrangères, et la domination par des seigneurs de guerre ou des fanatiques religieux réactionnaires.

    Une alternative est nécessaire. Toutes les troupes étrangères doivent immédiatement être retirées de la région. C’est à la population de la région de trouver une issue. La classe des travailleurs, en particulier celle du Pakistan, a un rôle crucial à jouer dans la lutte pour une alternative socialiste qui unirait tous les opprimés au-delà des frontières tribales, nationales et religieuses.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Irak/Iran: NON aux attaques contre les réfugiés iraniens!

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière a publié le texte suivant ce 11 août 2009 et demande que des lettres de protestations soient envoyées aux ambassades irakiennes ainsi qu’au ministre irakien des Droits de l’Homme, Wajdan Mikhail Salam, à: minister@ humanrights.gov.iq

    Socialistworld.net

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière condamne la récente attaque du gouvernement irakien contre le camp de réfugié d’Ashraf, qui comprend des membres de l’opposition iranienne de l’Organisation des Moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), dans la province de Diyala. Cette attaque, commise les 28 et 29 juillet, a tué au moins 9 personnes et en a blessé plus de 400, tandis que 38 prisonniers sont toujours détenus par les autorités irakiennes. Depuis lors, un grand nombre d’Iraniens d’Ashraf ont entamé une grève de la faim.

    Nous pensons que cet assaut est un produit à la fois des rivalités entre élites irakiennes concurrentes et de la lutte qui se mène entre différentes puissances pour augmenter leur influence et leur contrôle dans la région. L’armée américaine avait faite, pour ses propres raisons, des ‘promesses’ selon lesquelles les exilés iraniens seraient traités de ‘façon humaine’, mais elle voulait en même temps éviter d’arriver à un conflit frontal avec le gouvernement irakien. Le gouvernement des Etats-Unis tolère les exilés iraniens en Irak en les voyant comme des instruments contre le régime iranien mais, en même temps, essaye d’obtenir un compromis avec Téhéran vis-à-vis de l’Irak et de la région. Tout cela signifie que Washington et le gouvernement Malaki en Irak veulent garder les exilés iraniens sous un contrôle serré.

    Le CIO exige que les assauts perpétrés contre le camp d’Ashraf s’arrêtent et que tous les détenus soient immédiatement libérés. Le CIO réclame internationalement le traitement décent et la libre circulation de tous les exilés et réfugiés qu’ils soient en Irak, au Sri Lanka ou ailleurs. Nous invitons le mouvement ouvrier à soutenir internationalement ces revendications pour en finir avec les attaques contre Ashraf.

    Pour le CIO, cet assaut contre le camp d’Ashraf est encore un exemple qui illustre pourquoi les travailleurs, la jeunesse et les pauvres ne peuvent faire reposer leurs espoirs sur une confiance envers un gouvernement capitaliste ou un organisme international capitaliste. Ce n’est que par la construction d’un mouvement socialiste que les travailleurs et la jeunesse du Moyen-Orient pourra effectivement lutter pour se libérer totalement de l’oppression et de la misère. Cela apporterait apporterait une véritable liberté, non seulement pour les millions de réfugiés dans la région – Iraniens, Palestiniens, Irakiens, Kurdes ou autres – mais aussi pour la classe des travailleurs dans son ensemble.

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