Category: Asie

  • Guerre en Afghanistan, armes en Libye,… Une Belgique «éthique» ?

    Récemment, un groupe de militaires belges chargés de former l’armée régulière afghane a été pris en embuscade aux alentours de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan. L’incident n’a fait aucune victime du côté belge, tandis qu’un soldat afghan a payé de sa vie cet affrontement éclair (une heure de combat). Si cet événement n’a donc pas de conséquences directe pour nos soldats, il soulève une nouvelle fois la question de la présence militaire belge en Afghanistan.

    Par Damien (Liège)

    L’intervention occidentale, à laquelle la Belgique a pris part, était motivée par la volonté de balayer les talibans du pouvoir et d’aider à la reconstruction du pays selon des valeurs plus démocratiques. Si les talibans ont effectivement été repoussés du pouvoir, on constate actuellement une nouvelle poussée d’extrémisme, qui se marque par une augmentation significative des actions talibans. Quand à la reconstruction, elle n’en est nulle part, les forces “libératrices” sont embourbées, sans soutien de masse dans la population.

    Les 70.000 soldats étrangers présents, qui vont bientôt être rejoints par 21.000 soldats américains, ne sont parvenus à rien. La drogue est devenue une gigantesque source de revenu dans ce pays détruit : la seule province d’Helmand représente plus de 90% de la production mondiale d’opium…

    Toutefois, aucun de ces points n’est soulevé par l’opposition dans notre pays. Nos politiciens cherchent avant tout à protéger nos soldats… mais assurément pas à dénoncer quoi que ce soit au niveau des résultats et des conséquences de cette guerre.

    De même, la vente d’armes de la FN à la Libye n’a pas suscité beaucoup de vagues. Il faut dire que Rudy Dette a rendu publique cette décision le 8 juin, au lendemain des élections, les médias étant attirés par tout autre chose.

    Certains politiciens (Ecolo) y voient – avec raison – un soutien à un régime autoritaire… Mais cette question hautement éthique n’aurait assurément pas été soulevée si la transaction avait eu lieu avec un quelconque pays “civilisé”. A croire que ces derniers ont découvert une autre utilisation de l’armement, plus… pacifique ? Les Etats-Unis font-ils meilleur usage de leurs armes? Ou la police mexicaine?

    Il semble que personne n’ait envisagé de cesser la vente d’armes au profit d’une reconversion de la FN permettant d’assurer l’emploi de tous les travailleurs de l’entreprise. Par le passé, la FN a produit des motos, des pièces pour trolleybus, etc. Bref, il est évident que la technologie actuellement focalisée autour de l’armement pourrait être employée à quelque chose qui bénéficierait au social et à la collectivité.

    Nous pouvons comprendre la méfiance des travailleurs face à des “reconversions” qui liquident l’emploi et rognent sur les salaires et les conditions de travail. C’est pourquoi une véritable reconversion doit se faire sous le contrôle des travailleurs.

  • Tienanmen 1989 : Sept semaines qui ont ébranlé le monde

    Le 15 avril 1989, l’ancien secrétaire général déchu du Parti ‘Communiste’ Chinois Hu Yaobang décède d’une crise cardiaque. Cet événement anodin va donner le coup d’envoi d’un des plus grands mouvements de masse de l’histoire moderne, un mouvement qui déborde rapidement les espoirs les plus fous de ceux qui l’ont lancé et qui a été près de renverser le régime dictatorial du parti soi-disant ‘communiste’.

    Dossier de Vincent Kolo, Chinaworker.info

    Le 17 avril, environ 700 étudiants et professeurs partent vers la Place Tienanmen («la Place de la Paix céleste») dans le centre de la capitale chinoise, à 15 kilomètres de leur université. Ils crient «Longue vie à Hu Yaobang! Longue vie à la démocratie! Non à la corruption! Non à l’autocratie! » Ces slogans vont par la suite résonner dans le monde entier tandis que des millions de personnes prendront part à des manifestations à Pékin et dans plus de 110 autres villes chinoises.

    Un énorme mouvement de masse

    Cinq jours après cette modeste première manifestation, ce sont plus de 200.000 personnes qui participent à une manifestation interdite le jour de l’enterrement de Hu Yaobang. Une grève étudiante de durée indéterminée est annoncée dans plus de 20 universités et instituts supérieurs de Pékin tandis qu’une organisation se met en place pour coordonner le mouvement.

    A la mi-mai, les travailleurs commencent également à s’organiser et font les premiers pas vers la création de syndicats indépendants, ce que les dirigeants du pays craignent par dessus tout. Le révolutionnaire russe Léon Trotsky expliquait qu’une révolution arrive quand les masses commencent à créer elles-mêmes les événements et, ce faisant, commencent à sentir quel pouvoir est le leur. C’est effectivement ce qui s’est produit en 1989. Le régime chinois de Deng Xiaoping, félicité par les gouvernements occidentaux pour avoir intégré des éléments de capitalisme dans son « communisme », apparaît plongé dans la confusion et impuissant face au mouvement qui se développe. Le gouvernement et l’armée sont profondément divisés. Il leur faut plusieurs semaines pour décider d’une riposte.

    Dans la nuit du 3 au 4 juin, Deng Xiaoping et les partisans d’une ligne dure prennent la décision d’organiser un véritable carnage pour reprendre le contrôle de la situation. Plus de 200.000 soldats sont mobilisés pour envahir la capitale (presque autant que ce que les USA déploieront pour envahir l’Irak en 2003 !).

    Selon Amnesty International, les confrontations au centre-ville causent au moins un millier de morts. Dans les semaines et mois qui suivent plus de 40.000 personnes sont arrêtées, surtout des travailleurs qui sont tout particulièrement visés. Ceux qui ont organisé des grèves ou simplement tenté de le faire sont condamnés à de longues peines de prison, voire même exécutés. La Fédération Autonome des Travailleurs de Pékin à peine née, qui avait lancé un appel à une grève générale pour essayer de stopper la répression militaire, est accusée d’avoir projeté une révolte armée contre le gouvernement et interdite tandis que ses militants sont massivement arrêtés.

    Circulez, il n’y a rien à voir

    Depuis lors, plus de 20 ans maintenant, il est interdit de revenir sur les événements de « Liu Si » (le 4 juin). Seule la version officielle du régime peut être exposée, version selon laquelle il n’y a pas eu de morts sur la Place Tienanmen et Deng Xiaoping n’est intervenu que pour protéger la Chine du chaos social. Pour les dirigeants chinois (et leurs supporters à l’étranger), ce mouvement massif d’opposition populaire – où les participants chantaient l’Internationale et criaient des slogans en faveur du socialisme – n’était rien d’autre qu’une contre-révolution bourgeoise. La rapide croissance économique des années ‘90 et du début de ce siècle a servi de légitimation historique à l’intervention brutale du régime.

    Mais la répression de cette révolte n’a rien à voir avec la crainte d’une restauration du capitalisme en Chine. C’est le régime lui-même qui a appliqué une politique de plus en plus capitaliste néo-libérale combinées au renforcement d’un pouvoir autoritaire. Ceux pour qui le capitalisme et la démocratie vont de pair ont bien du mal à expliquer ce qui s’est passé en Chine et pourquoi le modèle chinois est si populaire auprès des multinationales occidentales.

    Cette année, le régime chinois était particulièrement sur ses gardes. Le 20e anniversaire de cette révolte a en effet pris place dans le contexte d’une crise économique sévère. Les commémorations du 4 juin n’étaient autorisées qu’à Hong Kong, où au moins 200.000 personnes ont participé. Dans le reste de la Chine, les mesures de sécurité ont été renforcées de même que la répression contre les militants pro-démocratie mais aussi contre ceux qui émettent des critiques de gauche et socialistes contre le régime

    Un moment-clé de la crise des régimes staliniens

    Le courage des étudiants et des travailleurs chinois et la brutale répression du mouvement par le régime a aggravé et accéléré la crise dans les autres pays à régime stalinien de parti unique, que ce soit en Europe de l’est ou en URSS même. Les pays staliniens ont été touchés par des crises persistantes et successives depuis la fin des années ‘70. L’industrialisation rapide des premières années – reposant sur la planification centrale de l’économie et de la propriété d’Etat des moyens de production – a cédé la place à une stagnation due au rôle de plus en plus parasitaire et étouffant de la bureaucratie. Faute d’implication active de la part des couches plus larges de la population dans l’organisation de la société et de l’économie, c’était inévitable.

    La combinaison de la crise économique, de la nature répressive des dictatures staliniennes et des attaques de la bureaucratie contre les acquis sociaux a conduit à une hostilité grandissante face au «socialisme» au nom duquel ces régimes prétendaient gouverner. Un grand nombre d’intellectuels et d’éléments de la bureaucratie ont commencé à se détourner du «socialisme».

    Dans tout le bloc stalinien, tant en Chine qu’en Hongrie, en Pologne ou en Yougoslavie, des parties de la bureaucratie ont commencé à considérer le capitalisme comme une bouée de sauvetage pour protéger leur propre pouvoir et leurs privilèges.

    En Chine, la défaite des dirigeants maoïstes de la «Bande des 4» et la prise de pouvoir de Deng Xiaoping en 1978 ont constitué un tournant crucial, même si on ne peut pas dire qu’il existait alors un plan pour réinstaurer le capitalisme en Chine. Il s’agissait plutôt d’une tentative «pragmatique» d’introduire nombre d’éléments capitalistes – des revenus plus élevés pour les managers, une moindre protection sociale pour les travailleurs, plus de marge pour les investissements privés et pour une accumulation de richesse – au sein d’une économie bureaucratiquement planifiée. Dans le courant des années ’80, une aile plus consciemment pro-capitaliste s’est développée au sein du régime chinois. Deng Xiaoping et Zhao Ziyang en ont été les figures de proue.

    Les changements économiques qui ont suivi ont été spectaculaires : privatisation de l’agriculture, développement accéléré des zones et des villes côtières par l’afflux de capitaux étrangers, liquidation de la plupart des protections sociales. C’est ainsi que les travailleurs chinois sont peu à peu devenus la main d’œuvre bon marché par excellence des multinationales étrangères.

  • Prise de parole de Cédric Gérôme (PSL)

    Prise de parole de Cédric Gérôme (PSL)

    Ce samedi 25 juillet, un nouveau rassemblement a eu lieu devant l’ambassade iranienne à Bruxelles à l’appel du Comité de solidarité avec la lutte du peuple en Iran. Environ 80 personnes étaient présentes, dont une douzaine de camarades du PSL. Cédric Gérôme a pu prendre la parole au côté d’orateurs iraniens du Comité.

    "Je voudrais d’abord exprimer, au nom du PSL ainsi que de son organisation internationale, le CIO, notre pleine solidarité avec la lutte des masses iraniennes contre la dictature islamiste. Indépendamment de ce que seront les développements en Iran dans un proche avenir, il est clair que la crise récente représente un tournant historique et ouvre un nouveau chapitre pour les luttes dans ce pays, les masses ayant montré qu’elles ont perdu leur crainte dans le régime et qu’elles veulent prendre leur destin en mains. Les divisions croissantes auxquelles on assiste au sein de l’élite iranienne sont une illustration ouverte du fait que le régime a été sérieusement affaibli par la mobilisation héroïque et massive de la population, en particulier de la jeunesse."

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    [/box]

    "Il semble pour l’instant que la répression sauvage déployée par le régime ait forcé temporairement le mouvement à reculer. Mais lorsqu’on regarde par exemple le discours récent fait par Rafsandjani lors de la prière du vendredi, affirmant que "la confiance dans le système doit être rétablie parmi la population", et que “l’avis du peuple doit être pris en compte, sinon c’est la république islamique qui court à sa perte”, il s’agit d’une indication claire que l’establishement iranien dans son ensemble craint que de nouvelles explosions de luttes reviennent à l’ordre du jour."

    "La perspective d’une nouvelle vague de luttes, et particulièrement de l’entrée en scène de la classe ouvrière – laquelle pourrait être alimentée par les répercussions de la crise économique mondiale – est une menace terrifiante pour l’élite dirigeante, parce qu’elle pourrait sonner le glas du régime iranien et servir d’exemple et d’inspiration pour les masses ouvrières d’autres pays de la région. Nous pensons que ni Moussavi ni aucun des leaders de l’aile "réformatrice" du régime n’ait de solution ou de programme à offrir à l’impasse actuelle. Moussavi est juste une sorte de "leader accidentel" qui n’a aucune intention de développer le mouvement de protestation, mais essaie au contraire de tout faire pour le contenir dans les limites du système en place."

    "Nous ne pouvons pas voir le mouvement présent en Iran seulement d’un point de vue religieux ou en termes de libertés politiques; il y a en effet en Iran une large colère contre le chômage endémique, l’augmentation de la pauvreté, les bas salaires, la crise du logement, etc. C’est pourquoi nous pensons que le combat pour l’obtention de droits démocratiques et politiques doit être lié à la lutte pour une véritable libération économique et sociale. En définitive, seule une économie démocratiquement planifiée pourrait offrir une éducation convenable, des emplois et des salaires décents, une vie digne et des libertés civiques et politiques pour tous."

    "Mais cela ne peut être realisé que si les masses laborieuses construisent leurs propres organisations indépendantes, lesquelles doivent être préparées à défier le système capitaliste. Lors des mobilisations récentes, les étudiants et la jeunesse ont clairement montré leur courage et leur volonté de se battre. Mais la classe ouvrière doit être au premier rang des batailles futures s’ils veulent obtenir des victoires. Un appel pour une grève générale, combinée à la formation, partout où c’est possible, de comités de lutte démocratiques, qui cherchent l’appui des étudiants et parmi les couches pauvres de la ville comme des campagnes, pourrait constituer, dans la situation présente, un pas décisif afin de concrétiser cette idée et préparer une confrontation révolutionnaire majeure avec ce régime pourri."

    "Dans ce processus, les travailleurs auront la tâche urgente de se doter d’un parti à une échelle de masse, un parti capable de renouer avec les fortes traditions ouvrières iraniennes du passé et à orienter la colère contre le régime en place vers une transformation socialiste aussi bien de l’Iran que de la région toute entière."


    • Reportage photos du rassemblement (1)
    • Reportage photos du rassemblement (2)
  • Rassemblement de solidarité avec les luttes des travailleurs et des jeunes en Iran – Reportage photo (1)

    Ce samedi 25 juillet, un nouveau rassemblement a eu lieu devant l’ambassade iranienne à Bruxelles à l’appel du Comité de solidarité avec la lutte du peuple en Iran. Environ 80 personnes étaient présentes, dont une douzaine de camarades du PSL. Notre camarade Cédric Gérôme a pu prendre la parole au côté d’orateurs iraniens du Comité.

    Par Jean-Pierre (Wavre)

  • Rassemblement de solidarité avec les luttes des travailleurs et des jeunes en Iran – Reportage photo (2)

    Ce samedi 25 juillet, un nouveau rassemblement a eu lieu devant l’ambassade iranienne à Bruxelles à l’appel du Comité de solidarité avec la lutte du peuple en Iran. Environ 80 personnes étaient présentes, dont une douzaine de camarades du PSL. Cédric Gérôme a pu prendre la parole au côté d’orateurs iraniens du Comité.

    Par Nico

  • Crise révolutionnaire en Iran: La classe ouvrière doit jouer un rôle central!

    L’Iran est confronté à une crise révolutionnaire depuis les dernières élections présidentielles. Des millions de personnes sont descendues dans les rues. La peur de protester contre le régime dictatorial est tombée, la rage et le mécontentement retenus pendant des années ont explosé dans un mouvement qui, en termes d’ampleur, ne connaît pas d’équivalent depuis la révolution iranienne de 1978-79.

    Par Geert Cool

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Révolution détournée

    L’Iran a connu une histoire tumultueuse au cours de ces 40 dernières années. Dans les années ’70, les pays riches en pétrole, dont l’Iran, ont profité du quadruplement du prix du pétrole: entre 1972 et 1975, le PIB iranien a grimpé de 34% par an en moyenne. Le régime pro-occidental et dictatorial du Shah croulait sous les milliards, mais cela ne bénéficiait qu’à une petite élite : 45 familles possédaient 85% des grandes et moyennes entreprises! Les 10% les plus riches recevaient 40% des revenus du pays tandis que plus qu’un quart de la population vivait dans la pauvreté absolue.

    Solidarité internationale

    Le PSL a participé à plusieurs actions de solidarité en Belgique. Nous avons publié un message de solidarité diffusé en néerlandais, français, anglais et persan. Nous collaborons avec des militants iraniens de gauche qui résistent au régime réactionnaire d’Ahmadinejad sans aucune illusion envers Moussavi ou l’impérialisme occidental.

    [/box]

    Le mécontentement croissant a entraîné une explosion de rage, un mouvement qui a renversé en février 1979 le régime du Shah, considéré pourtant comme un modèle de stabilité. Tout avait commencé un an auparavant lorsque l’armée avait ouvert le feu contre une des nombreuses manifestations illégales contre le régime. Cela a conduit à une escalade de manifestations de plus en plus imposantes, marquées chaque fois par des répressions brutales, une grève générale de plusieurs semaines et une ultime manifestation de deux millions de manifestants à Téhéran suivie par la fuite du Shah aux USA.

    Pendant la grève générale, la classe ouvrière a joué un rôle très actif dans la lutte contre le régime. Elle a pris conscience de sa force, mais pas de la manière de l’organiser. Il manquait aux travailleurs un programme et une alternative clairs. Le principal parti actif parmi les travailleurs, le puissant parti communiste (Toudeh), a continuellement cherché à se rapprocher d’autres forces extérieures au mouvement ouvrier et s’est mis à la remorque du clergé chiite opposé au Shah. Un large espace a ainsi été ouvert aux forces réactionnaires autour de l’Ayatollah Khomeiny.

    Les religieux réactionnaires ont institué un régime totalitaire qui a brutalement opprimé le mouvement ouvrier et a mis fin aux comités ouvriers armés qui avaient pris le contrôle de bon nombre d’usines. Khomeiny a toutefois dû avancer prudemment : la répression a progressé pas à pas mais était combinée à des concessions sociales (soins de santé et transport public gratuits, subventions de l’Etat pour l’énergie et les produits de base,…). Le régime religieux s’est construit au départ sur cette double base.

    Différents courants existaient cependant au sein même du régime. D’un côté, le groupe autour de Khomeyni voulait que la direction religieuse garde le pouvoir et cherchait à exporter le fondamentalisme islamique vers le reste du monde. De l’autre coté, une aile plus pragmatique plaidait pour un Etat capitaliste centralisé et moderne. Cette contradiction est toujours au cœur des confrontations entre l’Ayatollah Khamenei, héritier de Khomeiny, et le «réformateur» Rafsanjani.

    Depuis lors, le fossé entre riches et pauvres n’a pas disparu : la moitié de la richesse est dans les mains de moins de 20% de la population. L’immixtion de la religion et du clergé dans la vie des jeunes et des femmes se heurte à une résistance grandissante. Cela a conduit à plusieurs reprises à des mouvements de contestation. A la fin des années ’90, une série d’actions étudiantes ont éclaté, dissipant une partie des illusions dans le président «réformateur» Khatami, qui ne s’était pas opposé à la répression. Aujourd’hui, Khatami est une des figures centrales derrière Moussavi.

    Depuis 2004, les grèves et actions ouvrières ont pris de l’ampleur : dans les bus de Téhéran (où un syndicat indépendant a été mis sur pied sous la direction de Mansour Osanloo, aujourd’hui en prison), les usines de sucre de Haf Tapeh, l’enseignement, le textile et le secteur automobile. En 2005, une journée nationale de grève et d’action a même eu lieu. Le 1er mai de cette année a aussi été marqué par des manifestations et des actions auxquelles le régime a répondu par l’arrestation de plus de 80 militants. Ces actions ont constitué un prélude du mouvement qui a explosé en juin. révolte

    475 candidats se sont présentés pour participer aux élections présidentielles, mais quatre seulement ont effectivement pu participer, tous membres de l’establishment. Le challenger le plus important du président Ahmadinejad était Moussavi, partisan d’une approche plus modérée face à l’Occident mais qui avait été premier ministre au cours de la guerre avec l’Irak (1980-88) et qui avait alors mené une politique très répressive.

    En 2005, Ahmadinejad avait vaincu Rafsanjani sur base de promesses d’une répartition plus juste des revenus pétroliers et d’une amélioration du niveau de vie des pauvres. Il parlait même d’une « république des pauvres ». Ahmadinejad n’a pas réalisé ses promesses, mais il a continué à se présenter en ennemi des capitalistes corrompus.

    Il n’a fallu que deux heures après la fermeture des bureaux de vote pour annoncer le résultat des élections. Il a été très vite clair qu’il y avait fraude. Ahamdinejad prétendait avoir obtenu 64% des votes. L’annonce de ce «résultat» a tout de suite provoqué des rassemblements et des manifestations massives, surtout de jeunes et de femmes (60 à 70% de la population iranienne n’a pas encore trente ans). Très vite, les protestations n’ont plus seulement porté uniquement sur les résultats électoraux, mais également sur le manque de droits démocratiques, sur le chômage, les problèmes de logement,…

    Le thème central est devenu la répulsion ressentie face au régime, par ailleurs incapable de stopper le mouvement. Moussavi a dans un premier temps lancé un appel à arrêter les actions, mais il a de nouveau du y prendre part Une fois la résistance active enclenchée contre le régime, le mouvement semblait ne plus pouvoir être arrêté.

    Le régime même était divisé sur la manière de réagir face au mouvement. Selon le journaliste britannique Robert Fisk, les milieux conservateurs du régime ont eu des discussions si tendues qu’ils en sont venus aux coups de poing. Après une semaine de manifestations, le régime semble avoir choisi la voie de la répression brutale. Au moment d’écrire cet article (fin juin), le développement à venir du mouvement est encore incertain, mais c’est un véritable processus révolutionnaire qui s’est ouvert. Pour des rapports détaillés et des analyses actualisées, nous vous invitons à consulter notre site www.socialisme.be. N néanmoins quelques leçons générales peuvent déjà être tirées.

    Comment obtenir une victoire?

    Une nouvelle époque a commencé en Iran : le mouvement de révolte va se développer sur une plus longue période à travers diverses crises et en connaissant de nouveaux moments-clés. La question centrale est la suivante : comment la classe ouvrière peut-elle jouer un rôle central dans la lutte pour faire progresser ce processus révolutionnaire ?

    Lénine parlait de quatre conditions essentielles pour le développement d’une révolution socialiste. Premièrement, des fractures et des divisions doivent s’ouvrir au sein de la classe dirigeante et de ses représentants politiques. Deuxièmement, la classe moyenne doit se trouver dans un état d’hésitation, avec une couche importante en son sein qui soutienne la révolution. Troisièmement, la classe des travailleurs doit être organisée et afficher une évidente volonté de lutte, en se plaçant à la tête du processus révolutionnaire. Quatrièmement, il faut un parti socialiste révolutionnaire de masse, avec une direction décidée, et bénéficiant d’un large soutien pour ses idées parmi d’importantes couches de la population – et en particulier, le soutien des couches actives des salariés.

    Les deux premières conditions sont présentes en Iran. Mais il serait prématuré et irresponsable d’argumenter de façon simpliste que ces conditions sont à ce moment assez développées. La troisième condition – que la classe ouvrière soit préparée à mener la lutte – n’est pas totalement claire à ce moment. La classe ouvrière n’a pas encore pu mettre sa marque sur le mouvement, en tout cas pas en tant que force indépendante. La quatrième condition dont Lénine parle, la nécessité d’un parti et une direction socialiste et révolutionnaire, doit encore être réalisée. La volonté de lutte des travailleurs doit être testée dans des comités de lutte élus et par des syndicats indépendants qui doivent être construits.

    L’absence d’une conscience fortement répandue parmi la classe ouvrière de son rôle indépendant et l’absence de direction révolutionnaire sont des obstacles objectifs à la révolution. D’autre part, le mouvement en Iran n’est encore qu’un prélude à des mouvements plus importants. Même si le régime peut encore se maintenir pendant une période, la crise sociale et les contradictions vont continuer à se développer et conduire à de nouvelles montées révolutionnaires.

  • IRAN: retour en images sur les protestations et la répression

    Voici une série de photos prises en Iran et qui illustrent l’ampleur des protestations, le courage des manifestants et la violence de la répression du régime. Pour rappel, le PSL et son organisation internationale, le CIO, ont soutenu les protestations sans illusions sur le personnage de Moussavi, lui-même membre de l’élite dirigieante et ancien Premier Ministre d’Iran. Lui aussi a eu recourt à la répression contre les opposants. Un véritable changement ne saurait survenir que sous l’action consciente du mouvement des travailleurs, avec une grève générale pour faire chuter le régime et des comités démocratiques de lutte pour structurer le mouvement indépendamment des "opposants" officiels et pour constituer la base d’une nouvelle république, une république des travailleurs, une alternative socialiste.


  • Manifestation de solidarité avec les protestations iraniennes – Reportage photos

    Hier, une nouvelle manifestation a eu lieu suite au mouvement qui s’est développé en Iran contre le président Ahmadinejad et le régime réactionnaire au pouvoir. Mais celle de ce samedi avait un caractère européen, avec des manifestants issus de différents pays voisins. Le PSL était bien entendu à nouveau présent avec son matériel et ses slogans qui font le lien entre la résistance contre ce régime réactionnaire, le rôle de la classe ouvrière, la nécessité d’organes démocratiques de lutte et la lutte pour une alternative socialiste.

    Photos par Stephan (Bruxelles)

  • Manifestation de solidarité à l’ambassade iranienne du samedi 27 juin

    Samedi dernier était organisée une nouvelle action de solidarité avec les luttes courageuses du peuple iranien. A l’appel d’un comité d’organisations de gauche iraniennes, environ 300 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade d’Iran, dont des délégations du PSL et de la LCR.

  • Manifestation de solidarité à l’ambassade iranienne

    Ce samedi, une nouvelle action de solidarité avec les luttes courageuses du peuple iranien s’est déroulée devant l’ambassade. Celle-ci était organisée par des organisations de gauche iraniennes et environ 300 personnes y ont participé. En attendant un petit rapport et d’autre photos, voici un premier reportage-photos, de Jean-Pierre

    Jean-Pierre (Wavre)

    Plateforme du Comité de solidarité avec la lutte du peuple en Iran


    Actions de solidarité

    • Samedi 20 juin – Manifestation devant l’ambassade iranienne – Reportage-photos
    • Vendredi 26 juin – Manifestation des syndicats devant l’ambassade iranienne – Reportage-photos
0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop