Category: Asie

  • Solidarité avec les masses en révolte en Tunisie! Manifestation jusqu’au consulat de Tunisie à Hong Kong

    Ce vendredi 21 janvier, durant l’après midi, des militants ont exprimé leur solidarité avec les travailleurs et les masses opprimées de Tunisie à Hong Kong. Ils ont ainsi montré leur solidarité avec la lutte des masses tunisiennes contre le régime dictatorial du président déchu Ben Ali.

    J. M. Roy, chinaworker.info

    "Le pouvoir aux travailleurs! Non à tous les dictateurs!" ont ainsi crié les manifestants. Le groupe de militant a manifesté du commissariat de police jusqu’au consulat de Tunisie pour y remettre une lettre de protestation et de solidarité avec la révolte de masse en Tunisie contre le régime du RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique). Cette marche avait été organisée par Socialist Action – Hong Kong (section du CIO à Hong Kong) et par le célèbre militant Leung Kwok Hung, de la Ligue des sociaux-démocrates. Ce dernier est surnommé ”Cheveux longs” depuis qu’il a décidé de ne pas se couper les cheveux jusqu’à ce que le régime de Pékin présente ses excuses pour la répression de Tian’anmen en 1989.

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    Sur la Tunisie:

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    "Nous condamnons fermement la réponse brutale du régime et de ses forces de police, ce qui a coûté la vie à 100 personnes" était-il notamment écrit dans la lettre de protestation, signée par Leung et Vincent Kolo, de Socialist Action. La lettre mettait également en garde contre les tentatives d’accords entre représentants du vieux régime et les partis d’opposition pro-capitalistes, tout en appelant les travailleurs et les jeunes de Tunisie à construire des comités de luttes démocratiques et à lutter pour une assemblée constituante révolutionnaire ainsi que pour le contrôle public de l’économie du pays afin de la retirer des griffes de la vieille élite.

    Comme cela a été souligné par les orateurs lors de la manifestation, l’importance de cette lutte ne se limite pas qu’aux rues de Tunis ou des autres villes de Tunisie. Les réactions des classes dirigeantes des autres pays a été très révélatrice. Le gouvernement français a ainsi offert de soutenir la répression du soulèvement dans son ancienne colonie, et le président Sarkozy avait il y a peu félicité le dictateur Ben Ali, se disant ”impressionné par la clarté des analyses du Président Ben Ali,  par son ouverture d’esprit et par sa franchise.” Il ne fait aucun doute que les masses d’Afrique du Nord et de France ne se souviendront que trop bien de la manière dont le gouvernement capitaliste français traite les peuples qui osent se soulever contre la tyrannie. Les dirigeants d’Égypte et de Libye ont également été rapides pour condamner les luttes du peuple tunisien et ils ont directement pris des mesures pour prévenir de tels mouvements de la part de leurs propres masses opprimées. Dans le même but, les gouvernements du Maroc et de Jordanie ont abaissé les prix de l’alimentation pour essayer d’ainsi apaiser les masses.

    Les évènements de Tunisie sont aussi riches de leçons pour les masses en Chine et à Hong Kong, avec leur propre forme de régime dictatorial. Les dictateurs arabes ne sont pas les seuls à suivre avec effroi les nouvelles de Tunis…

  • [PHOTOS] Action au Parlement Européen suite à la visite de Nazarbajev

    Ce mardi matin a eu lieu une action de protestation au Parlement Européen, suite à la visite du dictateur du Kazakhstan, Nazarbajev. Lundi, une audition au Parlement a également eu lieu, où des critiques se sont fait entendre, notamment à l’initiative de notre camarade l’eurodéputé Joe Higgins, qui s’était rendu au Kazakhstan en septembre. Cette action de protestation a été organisée par Joe Higgins et le PSL.

  • Au Kazakhstan, la résistance contre le régime dictatorial grandit

    Début septembre, Tanja Niemeier s’est rendue au Kazakhstan avec l’eurodéputé Joe Higgins, en tant qu’attachée parlementaire de la fraction européenne de GUE/NGL (Gauche Unitaire Européenne). Ce pays est pour le moment président de l’Organisation pour la Sécurité et la Collaboration en Europe (OSCE), mais est lui-même caractérisé par la répression et le pillage des matières premières. Nous en avons discuté avec Tanja.


    Peux-tu brièvement nous expliquer la situation politique et économique du Kazakhstan?

    Tanja: “Le Kazakhstan est une ancienne république soviétique devenue indépendante à la chute du stalinisme. Potentiellement, c’est un pays riche avec de grandes réserves de richesses naturelles (le pays dispose de la onzième réserve de pétrole et de gaz au monde).

    “Cette énorme richesse ne profite pas à la population. Un travailleur dans le secteur du pétrole gagne en général moins de 200 dollars par mois. Toute l’industrie a été vendue aux grandes multinationales qui pillent le pays. Les seuls à grignoter quelques parts du gâteau sont les oligarques et les bureaucrates qui ont vendu l’industrie.

    “Le président Nazarbayev est issu de la bureaucratie stalinienne de la période Gorbatchev. A la chute de l’Union Soviétique, il est devenu président de l’Etat indépendant de Kazakhstan au lieu de président du Soviet Suprême. En 1991, il a remporté les élections présidentielles avec 91,5% des votes, sans adversaire. Il a depuis ‘‘gagné’’ chaque élection et est au pouvoir depuis plus de 20 ans.

    “Ces dernières années, l’influence de la Chine voisine et de la Turquie ont augmenté, mais cela n’a entraîné aucune amélioration du niveau de vie de la population. Les entreprises chinoises appellent de plus en plus leurs propres travailleurs, ce qui favorise l’exacerbation des tensions ethniques. Le chômage et le sous-emploi augmentent rapidement en conséquence de la crise économique mondiale.”

    En tant que président de l’OSCE, le Kazakhstan doit surveiller l’observation de la démocratie dans le reste de l’Europe. Mais il semble quand même bien que le régime a des côtés dictatoriaux….

    Tanja: “Toute opposition est activement réprimée. Ainsi, lors de notre visite, un militant des droits de l’homme a été arrêté pour nous avoir parlé. Le régime ne voulait pas qu’il puisse témoigner des violations des droits de l’homme dans les prisons du Kazakhstan.

    “Dans ces prisons, tout le monde est soumis à un régime brutal de violence et de torture dans des prisons surpeuplées, le vol d’un GSM pouvant envoyer quelqu’un en prison pour trois ans. Un ancien prisonnier nous a raconté qu’il avait été frappé pour avoir refusé de lécher le crachat d’un gardien. En août, des protestations ont eu lieu dans les prisons de la région de Karaganda, certains prisonniers ont été jusqu’à s’ouvrir les veines ou le ventre en signe de protestation.

    “Officiellement, le Kazakhstan est une démocratie, mais la pratique est toute autre. Le droit de protester existe, mais une autorisation n’est en général accordée que pour protester à des dizaines de kilomètres, en rase campagne. Il peut officiellement exister un parti d’opposition contre le parti présidentiel, mais il faut réunir 40.000 signatures (avec numéros de cartes d’identité) et il y a un seuil électoral de 7%, que les plus grands partis d’opposition n’obtiennent pas ‘‘par coïncidence’’.

    “Le Parlement a proposé en juin d’interdire toute forme de critique contre le président et sa famille, à vie et même après la mort de Nazarbayev. Sa famille a aussi reçu une immunité totale et ne peut donc pas être poursuivie en justice.

    “La réaction de l’Occident peut se résumer ainsi : ‘entendre, voir et se taire’. Le Kazakhstan est devenu président de l’OSCE sans aucune critique de la part des 56 Etats membres. L’accès aux réserves pétrolières et gazières ainsi que le rôle du pays comme poste d’approvisionnement des troupes d’occupation en Afghanistan sont les choses les plus importantes pour l’Europe et les Etats-Unis.’’

    Comment réagit le mouvement ouvrier?

    Tanja: “Malgré la répression et le manque d’une tradition de syndicats indépendants, la résistance grandit. Nous avons récemment vu éclater une vingtaine de mouvements de grèves plus larges. Pendant une grève des ouvriers pétroliers à Zhanaozen, au début de l’année, les travailleurs ont revendiqué la renationalisation de leur entreprise sous contrôle ouvrier. On assiste donc à une radicalisation malgré la répression.

    “Ce n’est pas seulement sur le lieu de travail qu’on est passé à l’action, la résistance bouillonne dans les quartiers aussi. Beaucoup de simples travailleurs sont au bord de la faillite. Ils ont été stimulés pour faire des prêts ou prendre des hypothèques, qu’ils ne savent plus rembourser aujourd’hui. Quand les banques ont des problèmes, le gouvernement offre des garanties mais quand ce sont de simples travailleurs, ils ne reçoivent qu’une féroce répression contre leurs protestations.

    “De cette croissance de la résistance est né le mouvement ‘‘Kazakhstan 2012’’, dans lequel les membres de “Résistance Socialiste”, l’organisation-sœur du PSL, jouent un rôle important. ‘‘Kazakhstan 2012’’ essaye de lier les différentes résistances et de promouvoir l’idée de syndicats indépendants. Ils sont à l’avant plan de l’organisation des travailleurs et des pauvres contre le régime, ce qui leur attire pas mal de violence et de répression. La solidarité internationale sera une part importante de la lutte pour le socialisme au Kazakhstan. »

  • Chine : La grève de Honda, point tournant du mouvement ouvrier naissant

    Les grèves des travailleurs des usine de sous-traitance de Honda dans la province méridionale du Guangdong (Canton) ont fait trembler la Chine, « l’atelier du monde ». L’exemple combatif des travailleurs de Honda, dont de nombreux n’ont qu’à peine vingt ans, a engendré une vague de grèves à sa suite à travers toute la Chine, au fur et à mesure que les travailleurs migrants (pour la plupart, des paysans venus chercher du travail en ville en tant qu’ouvriers), surtout dans les entreprises étrangères, qui se tuent à l’ouvrage dans des conditions connues pour leurs longs horaires et leurs bas salaires, exigent des hausses salariales, de meilleures conditions et une « restructuration » des syndicats.

    Vincent Kolo, chinaworker.info

    La vague de grève ne fait que commencer, mais si elle se poursuit et se développe, elle a le potentiel de transformer le paysage politique et économique de la Chine. Cette vague de grèves est déjà la plus importante explosion de lutte ouvrière depuis 2002, lorsque les ouvriers dans l’industrie lourde se sont battus, sans succès, pour protéger leur emploi et leurs pensions lorsque les entreprises d’Etat ont été vendues et restructurées. Les luttes d’aujourd’hui se concentrent essentiellement sur le secteur manufacturier et de l’exportation, avec sa main d’oeuvre essentiellement constituée de travailleurs migrants. Les grèves actuelles, et en particulier les revendications de l’élection des représentants syndicaux, posent des problèmes majeurs à la dictature « communiste » au pouvoir, qui craint plus que tout la croissance d’un mouvement ouvrier indépendant.

    La première grève de Honda, dans la ville de Foshan, province du Guangdong, a été la « plus grande et la plus puissante grève jamais vue par une multinationale en Chine », selon le South China Morning Post. Terry Gou, le patron milliardaire de l’entreprise Foxconn, s’est exclamé : « Ceci est une déferlante. On ne peut plus se baser sur le bas coût de la main d’oeuvre chinoise ». Gou, qui a aussi annoncé de fortes hausses salariales la semaine passée dans son entreprise Foxconn, dans une tentative de rompre le cycle de suicides de jeunes et de désapprobation publique, a prédit le fait que des hausses salariales pour les ouvriers de production chinois allaient devenir « une tendance irréversible ». De nombreuses entreprises dans le même parc industriel de Foshan où se situe l’usine Honda ont relevé les salaires en tant que mesure préventive, probablement poussées par le gouvernement, afin d’éviter que ne se répande la grève à Honda.

    Au cours des derniers jours, des grèves ont éclaté dans au moins cinq provinces de Chine, touchant l’industrie automobile, mais aussi des usines de composants électroniques, de caoutchouc, d’équipements sportifs, de chaussures, et de machines à coudre industrielles. Plus récemment, dans la province du Jiangxi, 8000 travailleurs qui fabriquaient les ballons de la Coupe du Monde tant controversés sont partis en grève. Dans presque tous les cas, les grévistes ont proclamé avoir été encouragés par la victoire à Honda Foshan. « Si leur grève n’avaient pas été victorieuse, nos travailleurs ici ne seraient pas aussi unis qu’ils ne le sont à présent » a déclaré une travailleuse migrante de 22 ans à l’usine Foshan Fengfu Autoparts, où 250 travailleurs ont organisé une grève de trois jours du 7 au 9 juin.

    Bien que la grève à l’usine de transmission de Foshan, qui appartient entièrement à Honda, ait permis des hausses de salaire de 24 à 32%, les jeunes travailleurs qui se sont confiés à chinaworker.info ont exprimé leur mécontentement et ont insisté sur le fait que le retour au travail ne serait que temporaire à moins que leur liste de 147 revendications ne reçoive une réponse adéquate de la part de la direction de Honda. L’entreprise a négocié une période d’étude de deux mois afin d’ « examiner » ces revendications. Les principaux points incluent le droit d’organiser des élections afin de remplacer les pantins de la direction qui se trouvent à la tête de la branche locale du syndicat officiel contrôlé par l’Etat.

    Cela ne fait qu’une semaine que la grève des 1900 travailleurs de l’usine Foshan a été « résolue », pourtant la Chine semble depuis lors être un endroit différent. La grève qui a tout d’abord éclaté le 17 mai a redémarré avec une vigueur renouvelée le 23 mai, après que la direction ait annoncé une hausse misérable de seulement 55 yuan par mois. La revendication des travailleurs était d’une hausse mensuelle de 800 yuan, afin d’aligner les salaires de Foshan sur ceux des travailleurs dans les autres usines d’assemblage de Honda en Chine. Le sixième plus grand producteur automobile au monde a la capacité de fabriquer 650 000 véhicules par an en Chine, tout en prévoyant d’étendre sa production à 830 000 véhicules par an d’ici 2012. La grève de dix jours a été remarquablement solide, malgré les tentatives mafieuses par la direction, par le gouvernement local et par son syndicat pantin de briser la résolution des travailleurs. Sous un régime dictatorial qui interdit les grèves et de véritables syndicats, ceci est une magnifique réussite.

    En étouffant l’approvisionnement des pièces détachées, la grève de Foshan a mis à l’arrêt les quatre usines automobiles de Honda dans le Guangzhou et dans le Wuhan, ce qui aurait coûté à l’entreprise 130 millions de dollars en termes de production perdue. Ceci souligne la puissance dévastatrice des travailleurs à l’époque de la mondialisation capitaliste, avec ses chaînes d’approvisionnement complexes, et ses méthodes de production just-in-time. Sans structures formelles, et confrontés à de terribles pénalités légales pour avoir participé à une organisation indépendante, la lutte a été construite en utilisant des affiches sur les murs de l’usine, des messages SMS et par des grèves éclair grâce auxquelles un département en appelait un autre à rejoindre la grève. Ces travailleurs ont fait preuve d’une grande audace tactique : alors que la direction faisait tout son possible pour briser la grève, et que certaines sections se flétrissaient sous la pression, ils ont organisé une marche de 500 travailleurs à l’intérieur du terrain de l’usine, renforçant le moral et mettant en échec l’offensive patronale.

    Le 31 mai, les patrons de Honda ont fait monter les enchères dans leur tentative d’écraser la grève. Ils ont mobilisé les cadres du syndicat et les professeurs des écoles d’apprentissage qui fournissent Honda avec une masse d’apprentis – un autre dispositif couramment employé par les multinationales afin de maintenir le bas niveau des salaires en Chine. Les professeurs et les directeurs ont ordonné aux travailleurs de signer de nouveaux contrats comprenant un accord de non-grève, menaçant les apprentis en leur disant qu’ils ne recevraient pas leurs diplômes et devraient faire face à la police pour avoir enfreint la loi. Partout dans le monde, sont apparues des images montrant des nervis à casquette jaune en train de filmer les grévistes, de beugler des ordres et de maltraiter les jeunes travailleurs, leur criant de sortir de l’usine s’ils ne voulaient pas travailler. « Votre action a gravement endommagé la production et l’opération de l’usine », clamait un dirigeant syndical via mégaphone.

    Ces « casquettes jaunes » étaient censés être des représentants de la Fédération Panchinoise des Syndicats (FPCS), le seul syndicat légal. Des rumeurs circulent sur internet selon lesquelles le dirigeant de la branche locale du syndicat a été payé 600 000 yuan pour mettre un terme à la grève, et a engagé 100 nervis à 200 yuan par jour pour brutaliser les grévistes. Voilà bien une illustration frappante du véritable rôle des syndicats officiels – un rôle de criminels et de briseurs de grèves. Toutefois, l’incident du 31 mai a encore plus fait enrager les travailleurs de Foshan. « Maintenant, ce n’est plus une question de hausse salariale, mais de garder notre dignité », disait au South China Morning Post (1er juin 2010) un travailleur âgé de 23 ans. Un jour plus tard, le porte-parole du syndicat officiel a été forcé de publier une lettre d’excuse aux grévistes. Ceci n’a que partiellement satisfait à leurs revendications en la matière, cependant, qui demandaient que soient punis les « syndicalistes » coupables d’avoir physiquement attaqué les grévistes.

    Lorsque la direction a réalisé qu’elle ne pourrait pas facilement briser la grève par la force ou par l’intimidation, elle a reculé, offrant des hausses salariales nettement améliorées d’environ 400 yuan par mois. Mais ceci est toujours peu comparé à la revendication des travailleurs d’une hausse de 800 yuan. La nouvelle offre est parvenue à diviser la main d’oeuvre, entre une couche qui voulait accepter et d’autres qui préféraient continuer la grève.

    Certains travailleurs de Foshan qui ont discuté avec chinaworker.info étaient critiques vis-à-vis du retour au travail, et pensaient que bien plus aurait pu être obtenu, étant donné la puissance de la grève. Certains ont accepté l’accord à contre-coeur, le considérant plutôt comme un « cessez-le-feu » de 2 mois, jurant d’organiser une nouvelle grève si de nouvelles concessions ne sont pas faites. L’équipe de négociation composée de 16 personnes, qui a doublé les structures du syndicat officiel pro-Honda, semble avoir été mis sous une forte pression de la part de l’entreprise et du gouvernement pour faire cesser la grève avant la date anniversaire politiquement chargée du 4 jjuin (jour de commémoration du massacre de la place Tiananmen).

    Les experts basés à Beijing qui ont offert leurs services en tant que « conseillers » à l’équipe de négociation ont eux aussi pu insister sur une résolution rapide afin d’éviter que la grève ne soit perçue comme étant « politique ». La manière dont l’équipe de négociation des travailleurs a été sélectionnée reste peu claire étant donné les problèmes de l’illégalité et les risques de victimisation, et est le sujet de discussions ininterrompues. Etablir des structures syndicales indépendantes cachées de l’entreprise et de l’Etat, avec ses espions et ses méthodes de surveillance sophistiquées, n’est pas une tâche facile en Chine. L’internet a joué un rôle crucial tout au long de la grève en fournissant un forum anonyme aux travailleurs afin de discuter des tactiques au jour le jour.

    Les discussions et même les controverses parmi les travailleurs de Honda se sont reflétées dans une interview donnée par un travailleur à l’agence Reuters (9 juinb 2010) :

    « Nous devons toujours discuter de nombreuses conditions… Ils n’ont accepté qu’une petit nombre des revendications, y compris une très modeste hausse salariale qui est bien en-dessous de ce que nous avions demandé… Pour nous, nous faisons tout ceci simplement parce que nos salaires sont trop bas. Mais notre grève semble avoir causé un impact négatif sur la société et avoir causé des soucis aux cadres locaux. Nous ne voulons pas ceci… par conséquent, certains d’entre nous ont décidé de retourner au travail. »

    Il ne fait aucun doute que, cherchant désespérément à mettre un terme à la grève avant l’anniversaire du 4 juin, les autorités « communistes » ont été impliquées afin d’obtenir cet accord à la va-vite en faisant pression sur Honda. On ne sait pas vraiment encore dire à présent quelles garanties ils ont données à Honda. Mais ce problème était particulièrement aigu étant donné le tollé en Chine contre une autre multinationale, Foxconn, où une douzaine de suicides se sont produits cette année dans ses deux usines géantes de Shenzhen. Foxconn est devenu synonyme de l’exploitation inhumaine de la main d’oeuvre chinoise dans ses usines massives qui ressemblent à des dictatures militaires en modèle réduit. Si le but du gouvernement à Honda est de prévenir une potentielle vague d’actions de grèves à la suite de Foshan, toutefois, cette stratégie a clairement échoué.

    Ces derniers jours, deux autres usines affiliées à Honda dans le Guangdong ont été touchées par une action de grève. La composition de la main d’oeuvre – à majorité de jeunes migrants – de même que les tactiques et les revendications sont similaires à celles de la grève de Foshan initiale. Au moment où nous écrivons ces lignes, la grève de Foshan Fengfu Autoparts s’est terminée avec une modeste prime salariale, mais une troisième, à Honda Lock dans la ville de Zhongshan, est entrée dans sa troisième journée de grève avec environ 85% des 1400 travailleurs qui soutiennent la grève. Cette usine fournit les verrous et clés pour Honda.

    Certains reportages donnent l’impression que le régime chinois a adopté une approche bienveillante par rapport à ces grèves – en particulier contre les capitalistes étrangers – en tant que partie prenante d’un grand stratagème visant à renforcer le pouvoir d’achat et à rééquilibrer l’économie, mettant un terme à sa dépendance actuelle aux exportations extérieures pour se tourner vers le marché interne. Mais ce point de vue est trompeur. La police et les agences de sécurité ont brutalement attaqué les travailleurs de Zhonshang et d’autres grévistes ces derniers jours, pas vraiment une preuve d’un soutien officiel ! Un gréviste migrant de Zhongshang a raconté au South China Morning Post que la police avait distribué des tracts menaçant de trois à cinq ans d’emprisonnement toute personne prenant part à la grève. De même, les travailleurs de Fengfu à Foshan se plaignent d’avoir été forcé à retourner au travail sur base d’une pression massive et de menaces. Cette entreprise, un partenariat entre Honda et une société taïwanaise, a dit aux travailleurs que leur action serait classifiée en tant qu’ « émeute » et que la police pourrait intervenir d’un moment à l’autre.

    « Nous voulons être traités de la même manière que les travailleurs de Honda Autoparts », expliquait un travailleur de Honda Lock. Leurs revendications reprennent celles de la grève de Foshan : une hausse du salaire mensuel de base de 930 à 1600 yuan (100 à 180€), un double salaire pour toute heure supplémentaire, des blâmes pour les gardes qui battent les travailleurs, un syndicat « restructuré », et pas de victimisation pour les grévistes. A Zhongshang, de même que lors d’une autre grève chez l’entreprise taïwanaise KOK dans la province du Jiangsu, les médias officiels ont faussement rapporté que la grève était terminée. Ceci est en partie un reflet de leurs propres espoirs, en partie une tentative de semer la confusion dans une situation où les grèves doivent être dirigées de manière complètement clandestine. C’est cette même tactique qui a été utilisée contre les travailleurs de Honda à Foshan, et qui a échoué dans tous ces cas : afin de fournir une preuve que leur grève était toujours bien vivante en son troisième jour, les travailleurs de Honda Lock se sont rassemblé à l’entrée de l’usine et ont commencé à entonner : « Est-ce qu’on y retourne pour 200 ? Jamais ! 300 ? Jamais ! Pour 400 alors ? Jamais ! »

    D’autres grèves dans le delta du Fleuve des Perles (province de Guangdong) incluent une action le dimanche 6 juin de la part de 300 travailleurs de chez Merry Electronics à Shenzhen, une entreprise taïwanaise de composants automobiles, qui ont bloqué les routes en guise de protestation contre les changements de pauses. Les patrons de Merry Electronics ont affirmé avoir décidé de rehausser les salaires de +10% pour le 1 juillet, « mais ils ne l’avaient pas encore annoncé au personnel ». Lundi 7 juin, 2000 travailleurs sont partis en grève chez Yacheng Electronics à Huizhou.

    Mais les grèves ne se sont pas limitées au delta du Fleuve des Perles ; elles se sont répandues dans le delta du Fleuve Yangtze près de Shanghai, et jusqu’aux provinces de l’intérieur. Dans la province de Shaanxi, 900 travailleurs employés par Brother, un fabricant japonais de machines à coudre industrielles, ont organisé un arrêt de travail du 3 au 10 juin. Dans le district de Pudong à Shanghai, un sous-traitant de Foxconn, TP Displays, a été touché hier par « un arrêt quasi total » en réaction au plan de relocalisation de l’entreprise. Une grève « quasi unanime » de la part de plusieurs centaines de travailleurs du caoutchouc a éclaté vendredi 4 juin à KOK International à Kunshan, province de Jiangsu. Ces travailleurs se sont mis en lutte pour des hausses de salaire, le payement des heures supplémentaires et contre le non-payement par la compagnie de la sécurité sociale et de l’assurance santé. Près de 50 de ces travailleurs ont été blessés lors d’affrontements avec la police le week-end passé : « La police nous a tous battus sans distinction… Ils nous sont rentrés dedans et ont frappé tout le monde, hommes comme femmes », a rapporté une travailleuse. AU moins sept grévistes ont été arrêtés par la police. Mais les grèves en cours en ce moment ne se produisent pas que chez les multinationales. On a fait état d’une grève à l’usine de Qijiang Gear Transmission à Chonqching qui s’est déroulée en même temps que celle de Honda à Foshan.

    Les hausses de salaire à deux chiffres qui sont en train d’être arrachées de la part des patrons à travers certains des conflits en cours semblent énormes, mais comme les analystes capitalistes l’ont eux-mêmes fait remarquer, il ne s’agit que de hausses de « rattrapage » – les salaires ouvriers ont été gelés depuis fin 2008 lorsque la crise capitaliste mondiale a frappé la Chine. Dans de nombreux cas, les niveaux de salaires réels ne se sont pas améliorés depuis le milieu des années 90, tandis que l’inflation des prix, et en particulier pour les produits de base tels que la nourriture, a fortement entamé les salaires et alimente le mécontentement des travailleurs. Les travailleurs chinois ont encore un long chemin à parcourir ne serait-ce que pour rattraper le niveau des travailleurs des autres pays soi-disant émergents. Les salaires dans l’industrie manufacturière en Chine ne valent que 5% des salaires ouvriers sud-coréens, et 17% des salaires ouvriers brésiliens.

    La part du PIB qui est constituée des salaires n’a fait que diminuer depuis 22 ans, passant de 57% en 1983 à 37% en 2005. Ces statistiques illustrent bel et bien quelle classe est celle qui a payé pour les « réformes » capitalistes mises en place au cours de cette période. Au même moment, la productivité au travail – la quantité produite par chaque travailleur en Chine – a cru de plus de 9% par an lors des cinq dernières années, selon les estimations de la U.S. Conference Board (Wall Street Journal du 7 juin 2010). Pourtant, les syndicats officiels ont récemment rapporté que près d’un travailleur chinois sur quatre n’a reçu aucune augmentation salariale depuis cinq ans. En conséquence, le coût du travail ne représente qu’une minuscule fraction des bénéfices immenses engrangés par les entreprises multinationales opérant en Chine.

    Dans le cas de Honda, par exemple, une hausse uniforme de +30% des salaires à l’usine ne réduirait les marges de profit de l’entreprise que 0,6%. Même si l’on se base sur les hausses de salaires obtenues par les travailleurs de Honda à Foshan, avec un salaire relevé à 1650 yuan (180€) par mois, il faudrait 7 ans et demi de travail (sans rien dépenser du tout !) à un de ces travailleurs pour acheter la moins chère Honda Civic fabriquée en Chine. Comme Marx l’a expliqué, la source du profit des capitalistes est la force de travail de la classe ouvrière, ce qui veut dire que les travailleurs ne peuvent pas se permettre de racheter ce qu’ils produisent, poussant par là le système de marché à des crises et à des troubles inévitables.

    L’économie chinoise semble avoir bien récupéré, avec un PIB en hausse de +11,9% au premier trimestre par rapport à l’année précédente. Ceci a sans nul doute l’effet d’inciter les couches les plus exploitées des travailleurs chinois et une nouvelle génération relativement intrépide à revendiquer leur part de la reprise économique. Des pénuries de main d’oeuvre existent dans de nombreuses provinces côtières dont les économies sont dominées par des multinationales. Les données du gouvernement ont récemment montré une hausse brusque de +35% dans les postes à pourvoir publiés par les employeurs au premier trimestre de 2010, mais seulement une hausse de +8% dans le nombre de personnes postulantes.

    Un important facteur derrière ce développement est la croissance basée sur la propriété foncière dans les provinces de l’intérieur des terres, également alimentée par de grands projets d’infrastructure financés par les gouvernements locaux, qui ont généré des nouveaux emplois dans l’industrie, dans la construction et dans les services, justement dans ces régions de Chine qui sont la source traditionnelle de travailleurs migrants. Beaucoup de personnes, en particulier les migrants plus âgés avec des enfants, préfèrent chercher un travail dans ou près de leur province natale, abandonnant des emplois mieux rémunérés dans les ateliers des provinces côtières. Il semble que la province du Guangdong souffre cette année d’un déficit de 2 millions de travailleurs migrants, et les autres provinces côtières sont confrontées à des pressions similaires.

    Mais il y a d’autres facteurs économiques et sociaux derrière la hausse de combativité actuelle sur le lieu de travail, et surtout concernant la nouvelle jeune génération de travailleurs migrants. Ces travailleurs ne considèrent plus la ville comme étant un lieu d’habitation temporaire avant de rentrer à la campagne après avoir économisé assez d’argent que pour bâtir une maison et fonder une famille. Ces jeunes sont de plus en plus urbanisés dans leur vision du monde, et mis en colère par la discrimination et les mauvais traitements systématiques qui forment l’apanage du travailleur migrant. Les nombreux ingrédients présents aujourd’hui dans l’économie et dans la société chinoises (et non des moindres, le caractère de « bulle » extrêmement instable de la reprise actuelle) forment un cocktail explosif. Dans un sens négatif, ceci est démontré par le désespoir à Foxconn, et dans un sens positif, par le flambeau de la lutte qui semble avoir été passé des mains des jeunes grévistes de Honda à celles des travailleurs d’autres usines en Chine.

    Afin d’éviter la propagation des grèves actuelles, le régim chinois pourrait tenter une nouvelle tournée d’augmentation des salaires minimums (établis au niveau provincial ou municipal, avec de grandes variations). Ceci pourrait être accompagné d’une propagande massive selon laquelle le gouvernement serait convaincu que les travailleurs méritent « leur juste part » du progrès économique, mais aussi de terribles menaces comme quoi le régime ne tolérera pas les « menaces faites à la stabilité ». A de nombreuses occasions auparavant, nous avons vu une telle combinaison « carotte et bâton » être employée par le parti au pouvoir afin de tuer dans l’oeuf les mouvements populaires. Mais même cette stratégie d’action comporte d’importants risques pour le régime chinois et pour le capitalisme mondial, qui dépend si fortement de la Chine, surtout si ces concessions sont perçues comme étant le résultat de la lutte ouvrière.

    Chinaworker.info appelle à la formation de syndicats indépendants et au droit de grève au côté des autres droits démocratiques fondamentaux en Chine. Nous appelons à des hausses de salaires immédiates pour tous les travailleurs afin de compenser les longues années de stagnation et de hausses des prix. Nous exigeons un salaire national minimum de 3000 yuan (330€) pour tous. Nous appelons à la fin des heures supplémentaires obligatoires, et à un contrôle démocratique des travailleurs concernant la sécurité et la santé sur leur lieu de travail. Nous soutenons les luttes des travailleurs afin d’obtenir toute amélioration fût-elle modeste, tout en insistant sur le fait qu’une lutte de masse pour une alternative socialiste est nécessaire afin de garantir des emplois et des salaires décents, de même que le bien-être pour tous. Chinaworker.info et Socialist Action (CIO à Hong Kong) ont organisé et participé à diverses actions de protestation en solidarité avec les travailleurs de Honda en Chine de même que pour ceux de Foxconn.

  • Quelques interventions de Joe Higgins au Parlement européen

    La semaine dernière s’est déroulée une session du Parlement européen. Notre camarade irlandais Joe Higgins est intervenu sur différents sujets. Voici quelques vidées (en anglais) de ses prises de parole.

    Au sujet de la régulation du secteur financier

    Au sujet de l’exploitation des travailleurs chinois

    Contre l’expulsion de réfugiés pakistanais hors de l’UE

  • [DOSSIER] La lutte pour des syndicats indépendants en Chine

    Le régime annonce des « réformes » syndicales – vers une démocratisation des syndicats d’Etat?

    La récente vague de grèves en Chine a revigoré les revendications des travailleurs en faveur de véritables syndicats et de représentants élus. Comment le régime et ses syndicats pantins vont-ils faire face à ce défi ? La démocratisation est-elle à l’ordre du jour ?

    chinaworker.info

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    Grève à Honda, au Zhongshan
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    Le 17 mai dernier, un travailleur de l’usine de transmission de Honda à Foshan (une Ville de la banlieue de Guangzhou de 6 millions d’habitants), âgé de 24 ans, a pressé le bouton « arrêt d’urgence », mettant de ce fait toute l’usine à l’arrêt. Cet acte intrépide, à l’origine d’une grève de deux semaines, aura été l’élément qui aura fait dévier l’immense locomotive du Travail chinois vers une nouvelle voie entièrement neuve. La grève de Foshan est devenue célèbre en tant que point de départ de la vague de grèves audacieuse de cet été. La plupart des travailleurs impliqués dans cette première grève, tout comme dans celles ont suivis, étaient âgés d’à peine 20 ans. Nombre d’entre eux étaient des internes (logés dans les entreprises), dont les conditions de travail sont plus précaires que celles des autres travailleurs. Par leur bravoure, leur détermination et leur aptitude à improviser des tactiques et des méthodes « sous le feu ennemi » (face aux tentatives de la direction de briser les grèves), cette nouvelle génération de travailleurs émigrés s’est imposée en tant que facteur décisif dans la Chine d’aujourd’hui.

    Ces événements dramatiques ont forcé les politiciens et les économistes, partout dans le monde, à en prendre note. Le Wall Street Journal avertit que les grèves sont ‘‘un dilemme pour le Parti Communiste’’, dont les dirigeants sont ‘‘très inquiets quant à un scénario comme celui qui s’est déroulé en Pologne à la fin des années 80, lorsqu’un mouvement syndical indépendant a mené au renversement du gouvernement polonais…’’ (stalinien).

    Bien que les grévistes aient remporté ce qui de prime abord semble être une forte hausse salariale, de +25, 30%, et dans certains cas +50%, ces hausses ne sont rien de plus que des ‘‘rattrapages’’. Pendant plus d’une décennie de croissance salariale non-existante ou léthargique, la productivité du travail en Chine s’est accrue de près de +10% par an, rapportant d’énormes bénéfices aux capitalistes, surtout en ce qui concerne les marchés étrangers. Ensuite, la plupart des gouvernements locaux ont imposé un gel des salaires lorsque la crise capitaliste mondiale a frappé en 2008. De nombreux analystes parlent d’employeurs qui ‘‘utilisent la crise comme une excuse’’ afin de maintenir les salaires à la baisse et d’augmenter l’exploitation (journées plus longues, heures supplémentaires non-payées, non-paiement de l’assurance-pension et autres allocations).

    Partout dans le pays, les autorités locales ont été plus souples concernant la (non-)mise en application du Code du Travail. Un gérant d’une usine à Dongguan (une autre ville de la banlieue de Guangzhou – 6 millions d’habitants également) disait du gouvernement local qu’il ‘‘ne dit pas qu’il ne faut pas se soucier du Code du Travail, mais à présent c’est «un œil ouvert, l’autre fermé»’’. D’autres régions ont introduit des lois locales qui contredisent le Code du Travail. La loi est ‘‘entrée dans un état de paralysie dans certaines régions’’, selon les termes Qiao Jian de l’Institut Chinois sur les Relations au Travail.

    Partout, l’environnement de travail est devenu plus dur à cause de la crise. People’s Daily Online (10 mars 2010) a rapporté que 14,4% des travailleurs ont subi un non-paiement de salaire en 2009 – en 2007 ils n’étaient que 4,1%. Ces statistiques et d’autres retraçant les salaires et le paiement des heures sup’ ont révélé un nouveau transfert de pouvoir et de richesse – sous couvert de la crise – du Travail vers le Capital. Cette pression à la baisse s’est heurtée aux coûts qui montent en flèche, surtout depuis que l’économie s’est rétablie. Le prix du riz a grimpé de +17% en un an, et les légumes frais coûtent +22% plus cher.

    Le Premier Ministre Wen a récemment pris la parole devant des dirigeants japonais en visite au sujet des ‘‘salaires relativement bas’’ octroyés par les compagnies japonaises, qui sont la cause des grèves. Les salaires de nombreux sous-traitants chinois sont même encore plus bas. Les médias officiels veulent donner l’impression que le gouvernement soutient les hausses de salaire et même perçoit les grèves d’un bon œil, en tant que manière d’imposer de meilleures conditions aux capitalistes étrangers. Cela n’est qu’un conte de fées. Si c’était vrai, pourquoi les grèves ont-elles dû subir la répression, la brutalité policière, et un boycott des médias afin de limiter la propagation du mouvement ?

    Malgré des rapports comme quoi les salaires minimum se sont accrus de +12% en moyenne cette année, le salaire minimum est toujours de tout juste 770 RMB (87€) à Dongguan, et de 960 RMB (108€) à Beijing (une hausse par rapport à 800 RMB en juin 2010). C’est à Shanghai qu’on trouve le plus haut salaire minimum du pays, à 1120 RMB (127€). Avec les pressions du capitalisme mondialisé et sa course vers le bas, les autorités chinoises sont forcées de jouer les équilibristes, entre l’explosion de colère des ouvriers d’une part, et de l’autre la possibilité pour les capitalistes de transférer ailleurs la production, les investissements et les emplois.

    Les grèves de 2010 représentent par conséquent, dans une certaine mesure, la revanche des plus jeunes travailleurs après les privations des dernières années. Une confluence de plusieurs facteurs leur a suggéré que l’heure était venue de se battre.

    D’abord, il y a eu la reprise de la conjoncture économique et une croissance plus forte dans les régions continentales, ce qui a ouvert un marché de l’emploi alternatif par rapport aux régions côtières, ce qui a ensuite conduit à un manque de main d’œuvre dans certaines parties du Guangdong (1) et d’autres zones exportatrices. En plus de cela, il y a eu beaucoup d’investissements, surtout dans l’automobile. Honda, qui a été touché par au moins dix grèves en Chine, a annoncé des plans pour étendre d’un tiers sa capacité de production en Chine au cours des deux prochaines années. Malgré la hausse des coûts salariaux, la compagnie s’attend à profiter du plus grand et du plus dynamique marché automobile au monde. Un autre facteur crucial derrière les grèves est la nouvelle perception du monde de la nouvelle génération de travailleurs émigrés. Une majorité d’entre eux se considèrent maintenant non plus comme ‘‘paysans’’ ni même comme ‘‘ouvriers-paysans’’, mais comme ‘‘ouvriers’’.

    ‘‘C’est une nouvelle race. Leur expérience différente fait en sorte qu’ils ont des perspectives différentes… C’est cette société qui a modelé leur mode de pensée, elle leur a coupé le chemin du retour à la maison, et les a laissé sans aucune issue.’’ – Voilà la vision d’un étudiant de Beijing qui travaillait à l’usine de Dongguan l’été dernier (Pensées au Hasard sur la Vie à l’Usine, China Labour Bulletin).

    Appel à des ‘‘syndicats réorganisés

    Même avant la récente vague de grèves, les statistiques montrent une rehausse de protestations ouvrières. En décembre de l’an dernier, le magazine Liaowang de la Xinhua News Agency, une agence de presse gouvernementale, a rapporté que ‘‘selon la Cour Populaire Suprême, les cours civiles ont accepté 280 000 cas de disputes au travail en 200, 93,93% de plus que l’année précédente. Dans la première moitié de 2009, 170 000 cas ont été accepté, soit 30% de plus’’.

    Mais ce qui est encore plus alarmant pour le régime chinois et pour la ‘stabilité’ qu’il chérit par-dessus tout : ‘‘Les incidents de masse provenant de disputes au travail se sont considérablement accrus et ont pris une forme plus violente, augmentant la conscience du public quant à ces enjeux. De nombreux experts et académiciens qui ont été interviewés pour cet article ont confirmé ce point, et ont ajouté que les disputes au travail étaient maintenant devenues une source de conflits majeure dans la société chinoise’’ (Liaowang).

    En même temps, le régime est prudent quant à l’usage de la répression. Non seulement les grèves bénéficient d’un soutien considérable parmi els autres travailleurs et les couches moyennes, mais le régime lui-même n’est pas certain que la répression fonctionnera, et craint de déclencher une explosion sociale encore plus large.

    La caractéristique la plus importante des luttes de 2010 a été les appels répétés par les grévistes, de Dalian (ville de la province de Liaoning, important port à la frontière Nord-Coréenne, 2 millions d’habitants) à Tianjin (grande métropole adjacente à Pékin, qui lui sert de port maritime, 12 millions d’habitants) en passant par Guangzhou (Capitale de la province du Guangdong (Canton), très importante région industrielle du sud de la Chine – 13 millions d’habitants ) pour des syndicats ‘‘réorganisés’’ et pour une représentation ‘‘de la base’’.

    Au cours de la grève à l’usine Honda de Foshan, cette revendication a été posée de la manière la plus vive lorsque 200 nervis, payés par la section locale du syndicat officiel, ont tenté de briser la grève manu militari. Lorsque cette tactique s’est avérée avoir l’effet inverse – plutôt que d’affaiblir la grève, elle a suscité une combativité encore plus grande parmi les jeunes ouvriers – les représentants du syndicat officiel ont été sacrifiés par leur supérieurs bureaucrates et par les patrons de Honda. Quelques jours plus tard, un message d’excuses a été publié par le syndicat : c’était là une des principales conditions posées par les travailleurs pour mettre un terme à la grève.

    Ces grèves, et la proéminence de la question syndicale en leur sein, marque un tournant. Ceci du fait du degré d’organisation, de la sympathie générée dans la société en général et par-dessus tout de la conscience quant à la question syndicale. Comme l’a fait remarquer un analyste dans le China Daily : ‘‘La Fédération Pan-Chinoise des Syndicats (FPCS) a réalisé que la grève à Honda est une forme nouvelle d’action ouvrière, très certainement parce qu’elle va au cœur du problème – quel est le rôle légitime du syndicat. Son impact est potentiellement énorme’’ (souligné par le magazine Socialist).

    Il y a eu d’autres luttes de masse dans lesquelles la revendication pour des syndicats indépendants a fait surface. Les mouvements dans le Liaonin (2) et dans le Heilongjiang (3) en 2002 en ressortent comme un important exemple. Mais aussi dans d’autres grèves, telle que l’arrêt de travail des ouvriers d’Uniden à Shenzhen (ville de la province de Guangdong, entre Guangzhou et Hong Kong, 9 millions d’habitants) en 2005, le rejet de la FPCS et la revendication d’une vraie représentation ouvrière a été un véritable moteur. Dans le mouvement de 2002, principalement basé sur des xia’gang (travailleurs d’entreprises étatiques qui ont été licenciés), les autorités ont répondu avec quelques concessions symboliques, mais aussi avec une répression totale. Les dirigeants du mouvement ont été arrêtés et emprisonnés. A Uniden, les directeurs de la société et les dirigeants locaux ont coordonné leur réponse afin de noyer la revendication d’un syndicat indépendant en offrant des concessions plutôt généreuses. Cette fois-ci, cependant, à cause de l’étendue des grèves, du haut degré de conscience et d’opposition vis-à-vis du syndicat officiel, et de la position centrale de cette revendication, il ne sera pas si facile pour le gouvernement de s’en dépêtrer. Le génie syndical a été libéré de sa lampe !

    Qu’est-ce que la FPCS ?

    La FPCS prétend être la plus grande organisation syndicale au monde, avec ses soi-disant 226 millions de ‘‘membres’’. Mais il s’agit d’un syndicat ‘‘jaune’’ (c.à.d, acquis à la cause patronale), qui par-dessus le marché fait partie intégrante de l’Etat chinois. Le président de la FPCS, Wang Zhaoguo, est un membre haut placé de la hiérarchie du PCC (Parti Communiste Chinois), et est un des vice-présidents du Congrès National Populaire. En tant que syndicat, la FPCS possède un historique plutôt unique :

    • Elle n’a jamais mené ni soutenu des grèves, et ne s’est jamais battue pour des augmentations de salaire. Depuis 1982, où toutes les grèves ont été interdites, le syndicat condamne ce genre d’action « illégale ».
    • Elle n’a jamais protesté contre les arrestations de militants ouvriers ou de meneurs de grève
    • Elle recrute ses membres en cooptant les entreprises privées et leur direction dans la structure du syndicat. Pour la plupart des travailleurs, le syndicat n’a aucune présence réelle, la seule preuve de son existence est constituée des déductions de leur « cotisation de membres » de leurs salaires.

    La transition vers le capitalisme ‘‘a conduit à une marginalistion tragique de la FPCS’’ dans les années ‘90, selon l’IHLO, une organistion de Hong Kong qui soutient les syndicats démocratiques et indépendants. La base traditionnelle de la FPCS se trouvait dans le secteur étatique en constante diminution alors qu’aujourd’hui, environ 80% des entreprises sont soit privées, soit appartenant à des capitaux étrangers. Craignant un vide de pouvoir dans les usines privées susceptible de causer des dégâts, Pékin a poussé la FPCS dans ce secteur avec pour instruction d’établir des sections et de saboter toute tentative d’auto-organisation de la part des travailleurs.

    Là où la FPCS existe – et ceci englobe la plupart des entreprises privées actuelles – elle a ressuscité en tant que ‘‘partenariat’’ entre la direction et le gouvernement local, avec pour objectif de contrôler la main d’œuvre et d’empêcher les protestations et tout mouvement indépendant.

    ‘‘Dans les entreprises étrangères de la région du delta du Fleuve des Perles – province de Guangdong -, les représentants syndicaux (du moins, là où ils existent) sont désignés par les gouvernements locaux, dont l’intérêt majeur est d’attirer les investissements étrangers. Historiquement, ces gouvernements sont constitués des anciennes brigades ou communes de production, qui maintenant louent la terre aux entreprises et désignent quelques personnes locales ignorantes sur le plan syndical afin de diriger les centrales syndicales. Même certains hauts-gradés syndicaux en parlent en tant que ‘‘faux syndicats’’» (Anita Chan, dans le China Daily du 18 juin 2010)

    La FPCS étatique est-elle sur le point de changer ?

    A la question de savoir s’il faut s’attendre à du changement, la réponse est à la fois oui et non. Il est clair que la FPCS, en tant que structure étatique, doit modifier ses méthodes face à ces grèves. Si elle refuse catégoriquement les revendications des travailleurs en faveur de syndicats de la base, elle risque de perdre le contrôle de ce processus. Reflétant son approche par rapport au contrôle des médias en notre ère d’internet, le gouvernement va tout d’abord tenter de vendre sa propre version, promue à coups de restrictions et de menaces implicites, plutôt que de laisser se créer un vide dans lequel d’autres forces puissent s’avancer.

    Les propositions qui ont jusqu’ici été révélées sont essentiellement cosmétiques, plutôt que de posséder une quelconque substance réelle. Comme toujours, on a droit à de vagues indications quant à un changement à venir, accompagnées de l’adjectif ‘graduellement’. Une chose est sûre : la nature fondamentale de l’Etat de parti unique et de son faux syndicat reste la même. Il est simpliste et naïf de dire, comme l’ont fait certains analystes sur la chaîne d’actualité CNN, que ‘‘la FPCS est maintenant confrontée à un choix : devenir un véritable syndicat ouvrier, ou rester marginalisée’’. Une telle perspective, selon laquelle la FPCS pourrait devenir une authentique organisation ouvrière, est complètement exclue.

    Le gouvernement comprend les implications d’un appel à des ‘syndicats réorganisés’, au cas où cette tendance devait poursuivre son élan à travers l’industrie. Un mouvement syndical indépendant, basé sur le prolétariat le plus nombreux au monde, dans sa plus grande base d’exportation, deviendrait une superpuissance économique et politique. Une dictature autoritaire peut faire beaucoup de choses, mais une chose qu’elle ne peut pas faire, c’est partager le pouvoir avec une puissance indépendante rivale. Les initiatives en vue d’une ‘réforme’ annoncée par la FPCS ces derniers mois doivent être comprises dans cette lumière – en tant que manœuvre défensive afin de saboter le mouvement en faveur de véritables syndicats.

    La principale fondation de cette ‘nouvelle’ politique est composée de déclarations superficielles et encore floues en vue d’élections sur le lieu de travail. L’objectif est de fournir une soupape de sécurité pour le mécontentement des travailleurs, un mécanisme afin de relâcher la pression, sans pour autant fournir aux travailleurs un réel outil de lutte. Un certain espace va être octroyé pour des élections sur le lieu de travail. Mais le régime voudra garder cela endéans des limites strictes, afin de barricader chaque entreprise en tant qu’entité hermétiquement scellée, et d’empêcher l’émergence de véritables structures de la base. Selon le plan de la FPCS, les travailleurs pourraient recevoir le droit d’élire des délégués d’usine, mais ceux-ci seront placés sous la ‘supervision’ de la hiérarchie syndicale au niveau du district ou de la ville, c.à.d. du gouvernement !

    Certains militants et experts des droits au travail applaudissent ce nouveau tour de passe-passe. Han Dongfang, Directeur du China Labour Bulletin de Hong Kong, a décrit la réponse du gouvernement comme étant ‘‘positive’’, affirmant que les nouvelles propositions ‘‘pourraient se révéler être d’une portée historique’’. The Socialist avertit que ce n’est absolument pas ce que la FPCS et le gouvernement ont en tête.

    Le fait qu’ils puissent être forcés à faire bien plus de concessions que ce qu’ils ne l’auraient souhaité est une toute autre affaire. Mais cela dépend du niveau de lutte de masse dans la période à venir, et non pas de pseudo ‘réformes’ ou ‘réformateurs’ dont l’influence au sein du gouvernement est négligeable. Le facteur positif dans cette situation est que le gouvernement se sent forcé de battre en retraite – bien qu’une petite retraite. Ceci veut dire qu’il y a plus à gagner, que la lutte de masse est capable d’arracher des concessions encore plus grandes, qui vont encore plus loin !

    Personne ne devrait se sentir exagérément impressionné de l’offre d’organiser des élections syndicales locales, de la manière dont elles seront réalisées dans le cadre de la machine à contrôler de la FPCS. Comme le dit le dicton, ‘‘le diable est dans le détail !’’ Selon Liu Jichen du département juridique de la FPCS, les élections proposeront des candidats ‘‘validés par le syndicat’’. Il ajoute que ‘‘Même avec les élections directes [du délégué principal], aucun autre mode d’organisation n’est permis que le système syndical unifié actuel, dans lequel les syndicats de la base sont dirigés par leurs autorités supérieures ». (South China Morning Post du 23 août 2010)

    Il est clair que le système d’élections envisagé par Liu et ses amis bureaucrates incorporera sans nul doute des ‘sonnettes d’alarme’ tels que le droit pour les comités supérieurs de la FPCS d’approuver ou de rejeter les candidats au niveau de l’entreprise. Le rôle de ces ‘sonnettes d’alarme’ – de même que celui des odieuses ‘circonscriptions fonctionnelles’ de la ‘démocratie’ hongkongaise – est de garantir le contrôle ultime de la dictature du parti unique et de s’assurer que les travailleurs et les revendications de la base soient filtrées et rejetées en-dehors du système.

    La force réside dans l’organisation clandestine des travailleurs

    Le régime chinois a une expérience considérable quant à l’organisation d’élections à petite échelle – dans des dizaines de milliers de villages – et celle-ci ne présage pas grand’chose de bon. Non seulement ces élections sont organisées de telle sorte qu’elles excluent toute véritable militance ou organisation de la base, mais elles sont de plus en plus devenues un champ de bataille pour les intérêts éhontés de tel ou tel homme d’affaires ou pour diverses luttes de pouvoirs entre clans.

    Si les entreprises perdent le pouvoir de désigner les représentants syndicaux qu’elles possèdent aujourd’hui, elles vont exercer leur pression sur les structures syndicales par une approche plus indirecte, fréquentant les échelons supérieurs de la FPCS de manière plus assidue, et intervenant dans les ‘expériences démocratiques’ à l’échelle de l’usine soutenant leurs propres agents contre les véritables délégués syndicaux. Ceci peut bien entendu être accompli par toutes sortes de moyens, du pot-de-vin aux menaces en passant par la propagande. Ce sont là les leçons à tirer de l’expérience des élections villageoises. C’est donc avec le plus grand scepticisme que les travailleurs de Chine devraient par conséquent traiter les dernières gesticulations officielles autour de la « réforme » syndicale. Ceci ne veut pas dire qu’il faille rejeter ce développement en bloc. Tout symptôme d’une crise au sein de l’appareil dirigeant doit être exploité. Les travailleurs devraient tout naturellement défendre le droit d’élire leurs propres représentants ‘en accord avec la loi’, et tenter d’utiliser ce processus afin de mettre en avant leurs revendications. Mais pour que ceci puisse fonctionner, il est nécessaire de s’organiser de manière informelle et séparée des institutions gouvernementales. Malgré son ‘lifting’ en cours, la FPCS reste pour les travailleurs une organisation hostile et antidémocratique, capable uniquement de saboter la lutte de classe et de limiter la vision des travailleurs à un seul lieu de travail, sans aucune possibilité de forger des liens entre usines et entre villes.

    Afin de construire des organisations plus fortes, il est nécessaire d’exploiter même les plus restreints des canaux légaux. Mais à moins que des structures inofficielles, des comités d’usine ou autres organes locaux directement élus et redevables ne soient bâtis derrière l’écran des structures officielles, les travailleurs ne disposeront pas d’un instrument qu’ils puissent eux-mêmes contrôler. L’exemple des travailleurs de Honda à Foshan est encore une fois une grande leçon. Au cours des négociations, leurs représentants ont juré de ne jamais signer un accord sans qu’il ait été soumis au vote de l’assemblée des travailleurs, et ils ont exigé de la direction qu’elle accorde au personnel des temps de pause afin de pouvoir participer à ces assemblées. Le régime de Pékin va tout faire pour résister, et sa capacité à manœuvrer et à attendre est légendaire. Mais la formation de syndicats de la base indépendants n’est maintenant plus qu’une question de temps. C’est là tout le sens à donner à la récente vague de grèves.


    (1) Province de Canton (Guangzhou), très importante zone industrielle du sud de la Chine, qui inclut entre autres les villes de Guangzhou, de Foshan et de Dongguan ; 100 millions d’habitants dont 31 millions de travailleurs émigrés (en 2005), même taille que la France

    (2) Nord-Est de la Chine, entre la province de Hebei (Pékin) et la Corée du Nord, capitale Shenyang – 43 millions d’habitants pour 5 fois la taille de la Belgique

    (3) Nord-Est de la Chine, à la frontière avec la Russie (fleuve Amour), dont la capitale est Harbin – 38 millions d’habitants pour 2,5 fois la taille de la France

  • Grève générale en Inde, Reportage-photos de Chennai

    L’Inde a connu une grève générale ce 7 septembre. Si tous les syndicats n’avaient pas soutenu cet appel, des actions de masse ont quand même eu lieu et une partie du pays était à l’arrêt. Le trafic aérien était en grande partie à l’arrêt, de même que le secteur bancaire et le secteur de l’enseignement dans de nombreux Etats fédérés.A la base de cette grève se trouve l’augmentation des prix. L’Inde a bien connu une forte croissance économique, mais la population n’en a bien entendu pas profité et les travailleurs doivent maintenant essayer de s’en sortir et de survivre face à la continuelle hausse des prix. Le mécontentement augmente, contre cette situation et plus globalement contre la politique néolibérale. Jente, un de nos camarades du PSL à Anvers, est actuellement en Inde et il nous a envoyé un reportage photos des protestations ouvrières dans la ville de Chennai (Madras).

    > Vous pouvez accéder ici à un tract diffusé par notre organisation-soeur en Inde. Sur le site du CIO, vous pouvez trouver un rapport de cette grève générale (en anglais).

    Photos de Jente, de Chennai en Inde

  • La stratégie occidentale en Afghanistan est un échec – La Belgique est complice

    La plus grande et plus forte puissance militaire au monde n’a pas réussi à battre les milices faiblement équipées des talibans, dans un des pays les pauvres au monde. Les quelques 120.000 militaires présents sous la direction des USA ne suffisent pas pour infliger une défaite aux talibans, estimés à 28.000. En neuf ans, cette guerre a déjà coûté 345 milliards de dollars aux contribuables américains. Avec la guerre en Irak, les Etats-Unis ont donc déjà dépensé plus de mille milliards de dollars, soit plus de 3.000 dollars par citoyen américain ou 20.000 dollars par citoyen afghan ou irakien. Le gouvernement belge est lui aussi complice, et soutient les efforts de guerre américains avec troupes et armes de notre pays.

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    Des moyens pour des emplois, l’enseignement et la sécurité sociale pas pour la guerre !

    Pas un cent pour la politique de guerre !

    Du 22 au 24 septembre se tiend à Gand un Sommet Européen de la Défense. Ce sommet est présidé par le ministre belge de la guerre, Pieter De Crem, qui soutient ce conflit sans issue.

    Le 18 septembre, EGA a organisé une manifestation à Aalter, au domicile du ministre De Crem (voir le reportage-photos). Ce 23 septembre, à Gand, il y aura une manifestation contre le Sommet de la Défense lui-même. Cette manifestation est organisée par différentes groupes, dont le PSL. RDV: 19h à la gare de Gand-Zuid.

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    Ces énormes efforts financiers et militaires ne semblent toutefois même pas suffisants pour arrêter les membres d’Al-Qaeda (à ne pas confondre avec les talibans), même si ce groupe ne dispose que d’une centaine de militants actifs en Afghanistan selon les spécialistes américains de la Défense. Au lieu de retirer ses troupes du bourbier afghan, Barack Obama a décidé d’en envoyer 30.000 en plus, avec l’idée de gagner le contrôle de certaines provinces (Helmand et Kandahar) pour ensuite laisser les troupes afghanes reprendre les opérations et retirer les troupes américaines en 2011.

    Mais le gouvernement afghan d’Hamid Karzaï est faible, son influence se limite largement à la capitale, Kaboul et les conditions de vie de la population sont fort loin d’être améliorées. Aujourd’hui, les attaques contre les écoles pour filles ou les lapidations de couples ‘‘adultères’’ augmentent et rien n’a changé. Pire encore, la guerre entraîne plus d’instabilité, notamment au Pakistan voisin.

    Dans les années ’80, la CIA et les services secrets pakistanais (ISI) avaient entraîné des troupes de guérilla islamistes afin de lutter contre l’Union Soviétique en Afghanistan. C’est de là que proviennent les talibans, formés dans des écoles religieuses au Pakistan grâce au soutien financier saoudien. Maintenant que l’impérialisme américain est en guerre avec les talibans, par la force des choses, le régime pakistanais a été obligé de changer de camp. Par contre, bien que ce soit de manière masquée, une partie de l’armée et des services secrets n’a pas suivi cette nouvelle orientation.

    Pour la classe dirigeante américaine, retirer les troupes n’est pas possible sans nuire à son prestige et à ses intérêts dans la région. Depuis longtemps déjà, l’Afghanistan est d’un important intérêt stratégique pour les puissances impérialistes ; il s’agit de la jonction entre différents blocs de pays. Sans parler des nombreuses richesses naturelles présentes dans son sol. Faute de mouvement des travailleurs et paysans afghans pour s’opposer aux occupants ainsi qu’aux Talibans, les fondamentalistes vont probablement regagner le contrôle d’une grande partie du pays. Cela va conduire droit à un pays divisé où différents chefs de clan et seigneurs de guerre se battent pour plus de pouvoir. Les talibans n’ont pas d’alternative, leur régime est répressif et réactionnaire. Un choix entre les talibans réactionnaires et d’autres seigneurs de guerre d’un côté ou les troupes d’occupation conduites par les USA de l’autre n’est pas un véritable choix pour la majorité de la population.

    Les troupes étrangères doivent partir de suite, retrait qui doit être accompagné d’une lutte contre le capitalisme en Afghanistan et dans le reste de la région. Des pays voisins comme le Pakistan disposent d’une classe ouvrière numériquement et potentiellement très forte. En Inde aussi, la classe dirigeante doit être combattue par un mouvement ouvrier organisé à la base. La construction d’un mouvement ouvrier puissant dans les pays de la région et l’armement de ce mouvement avec des idées socialistes pourrait rapidement conduire au développement de mouvements similaires dans des pays voisins. La seule façon d’obtenir la sécurité et des conditions de vie décentes en Afghanistan est de construire des organisations de masse démocratiques des travailleurs et pauvres, en lutte pour une alternative socialiste.

    • Pour un mouvement anti-guerre qui revendique le retrait des troupes ! Pas d’argent pour la guerre, mais pour des emplois et des services publics !
    • La population afghane doit décider elle-même de son avenir. Pour les droits démocratiques en Afghanistan et pour la construction d’organisations indépendantes des travailleurs et des pauvres !
    • Pour un monde socialiste sans terreur, ni exploitation, ni guerre !

  • Pakistan – rapport de l’utilisation de l’aide

    Le Workers’ Relief Committee (WRC) a jusqu’ici fourni de l’aide à plus de 300 familles à travers le pays – principalement de la nourriture, des tentes et des médicaments. Nous avons dépensé 5.000 euros dans ces opérations d’aide, 3.000 a été récolté par des donations internes au Pakistan et 2.000 euros en tant que premier versement de la campagne internationale de solidarité organisée par la campagne TURCP (Campagne pour les droits syndicaux).

    Par, Khalid Bhatti, Coordinateur National du WRC, Organisateur National de TURCP

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    Appel à la solidarité des travailleurs! De la part de la Progressive Workers Federation (PWF) et de la Trade Union Rights Campaign Pakistan (TURCP)

    Nous invitons tous nos frères, nos sœurs et nos camarades dans le mouvement syndical international à montrer leur solidarité et à soutenir les personnes affectées par les inondations, particulièrement des syndicalistes, des travailleurs et des paysans.

    Nous avons un besoin urgent de ressources afin d’aider nos frères et sœurs. Parmi les millions de personnes touchées par les inondations se trouvent 200 membres de la campagne TURCP (Trade Union Rights Campaign – Pakistan) et de la Progressive Workers Federation ainsi que leurs familles. Leurs maisons, leurs champs et tout se qu’ils possédaient a été emporté. Ils ont besoin de nourriture, d’eau potable, de médicaments, de tentes et d’autres objets d’utilité quotidienne. Nous tentons de les aider, selon nos moyens, mais nous avons un besoin urgent de votre aide, de votre solidarité et de votre soutien. Nous invitons tous les syndicats, les sections syndicales locales, les travailleurs et les syndicalistes à soutenir notre campagne. Chaque euro récolté sera consacré à l’aide pour les personnes touchées par le désastre.

    Syed Fazalabbas Secrétaire Général de la Progressive Workers Federation, Organisateur en chef pour le syndicat United Workers Union (TP: +92 321 426 2167)

    Malik Muhammad shabir Président de la Progressive Workers Federation, secrétaire général du PTV, le syndicat central des employés

    Khalid Bhatti Secrétaire financier de la Progressive Workers Federation, organisateur national de la campagne TURCP (TP: +92 333 433 1755)

    Rukhsana Manzoor Secrétaire financier de la campagne TURCP

    Vous pouvez envoyer vos donations au n° de compte du PSL 001-2260393-78 avec mention “Pakistan”.

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    Nous avons ainsi pu distribuer de l’huile de cuisine, du savon, des lentilles, de la farine de blé, du riz, des casseroles, du sucre, des vêtements, du lait pour bébé, du lait, de l’eau potable et des tentes. Le WRC a lui-même réuni les produits alimentaires et tout le matériel pour sa campagne. Nous avons aussi envoyé 750 euros aux victimes de la région de Kharan, dans la province de Baloutchistan, comme il n’est pour l’instant pas possible d’envoyer des denrées alimentaires vers cette contrée lointaine. Le Comité essaye principalement de satisfaire les demandes issues de travailleurs, de militants syndicaux et des différents organismes ouvriers. La priorité première a été accordée aux secteurs où aucune aide n’a été fournie par le gouvernement et les ONG.

    Il n’est pas possible d’atteindre toutes les régions du pays en conséquence de l’inondation et également parce que nous avons des ressources limitées. Dans cette situation, le WRC a décidé de se concentrer sur quelques secteurs particuliers pour y fournir de l’aide (les districts de Nowshera et de la vallée de Swat dans la province de Khyber Pakhtoonkhwa, les zones de Muzafar Garh, de Rajan Pur, de Mianwali et de Layyah dans la province du Pendjab, Kharan au Baloutchistan et enfin Dadu, Shikarpur et Larkana dans la province de Sindh).

    Le WRC a été parmi les premiers organismes à envoyer des biens de première nécessité à la vallée de Swat. Quelques endroits de ces zones sont encore aujourd’hui inaccessibles par route. Des personnes de ces régions n’ont toujours reçu aucune aide. Ainsi, le 24 août encore, le WRC a reçu des demandes de Jatoi et d’Alipur, à Muzafar Garh, où les habitants n’ont toujours reçu aucune nourriture et sont toujours sans le moindre abri. Atteindre ces secteurs et y fournir de l’aide constitue un défi important. Nous avons organisé des comités de district pour le WRC afin de mieux mener à bien l’aide, de façon organisée et transparente. Ces comités ont jusqu’ici été installés dans les districts de Muzafar Garh, de Nowshera, de Kharan, de Rajan Pur, de Dadu et de Mianwali. La formation de comités dans d’autres districts est en actuellement en cours.

    Des demandes de nourriture et d’autres articles ont été envoyées par divers syndicats, car leurs membres sont aussi victimes des inondations. Nous devons immédiatement fournir de la nourriture et des abris à plus de 200 familles abandonnées dans différents secteurs. Le Comité a un besoin urgent de 7.500 euros pour pouvoir continuer à fournir de la nourriture aux familles affamées. Les enfants ont particulièrement besoin de lait et de médicaments de base. Beaucoup d’enfants décèdent déjà de famine et de maladies causées par le manque d’eau potable. Le gouvernement n’a pas donné de nourriture, de médicaments ou d’abris à ces personnes, et nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer dans notre aide. Des gens désespérés nous contactent comme dernier espoir d’obtenir un peu de soutien.

    Le WRC est une initiative de la Trade Union Rights Campaign (TURCP – Campagne pour les droits syndicaux) et de la Progressive Workers’ Federation of Pakistan (PWFP – Fédération progressiste des travailleurs du Pakistan) afin d’organiser l’aide aux victimes au niveau national. Son but est d’impliquer différents syndicats, organismes locaux et mouvements sociaux pour coordonner le travail d’aide aux niveaux local et national.

    Nous rassemblons les organisations suivantes : l’Organisation des femmes de Swair, la Fédération progressiste des travailleurs, la Commission des droits du travail du Pakistan, le Syndicat des employés de la télécommunication, le Syndicat général du commerce (GCU), la Campagne contre la violence domestique contre les femmes, l’Organisation du Secteur informel, l’Organisation des travailleurs agricoles, la Campagne pour les droits syndicaux et le Mouvement Socialiste du Pakistan (CIO-Pakistan).

    Le comité de coordination est composé de sept membres démocratiquement élus pour diriger le WRC. Toutes les décisions sont prises lors des réunions de ce comité de coordination.

  • Malaisie – Trois jours de protestations de plus 5.000 travailleurs immigrés

    Plus de 5.000 travailleurs immigrés de JCY Co. Ltd., une usine électronique dans la région industrielle de Tebrau à Johor Baru, ont protesté dans les quartiers ouvriers contre la négligence de leurs patrons. Un travailleur népalais est décédé au travail le 16 août, le paton refusant de l’envoyer à l’hôpital. Un autre travailleur népalais serait également décédé le 4 août de n’avoir pas reçu de traitement suffisament tôt.

    Par des correspondants du CIO en Malaisie

    Les travailleurs issus du Népal, du Myanmar, du Vietnam, du Bangladesh et d’Inde se sont unis pour manifester suite à la mort de leur camarade tout en protestant également contre les bas salaires et l’absence de structures de soins dans cette entreprise de 8.000 travailleurs. La direction a fait appel à plus de 200 policiers pour contrôler les travailleurs en colère. Ces derniers avaient un programme de 4 revendications comprenant une hausse des salaires et demandaient aussi à l’ambassade népalaise d’intervenir dans les négociations.

    Après trois jours, les travailleurs ont pu crier victoire. La direction a accepté de payer une compensation de 10.000 Ringgit à la famille du travailleur défunt, d’augmenter le salaire mensuel de 428 à 546 Ringgit, de mettre en place un service d’ambulance d’urgence et d’installer une clinique à l’usine.

    Cette lutte a révélé que lorsque les travailleurs sont unis, ils peuvent obtenir des victoires, même si les patrons essayent d’instrumentaliser les différences de race, de pays ou de religion pour diviser les travailleurs. Ces derniers temps, de plus en plus de travailleurs immigrés sont entrés en lutte en Malaisie pour combattre pour leurs droits.

    L’exploitation des travailleurs immigrés n’est que le sommet de l’iceberg. La plupart des 3 millions de travailleurs immigrés (près de 10% de la population malaisienne) ne gagne que de très petits salaires et travaille de longues heures dans des conditions de travail et de vie déplorables. Selon l’ambassade népalaise, en 2009, 183 travailleurs népalais ont perdu la vie en Malaisie, et 81 autres travailleurs sont également décédés sur les six premiers mois de cette année, la plupart pour cause de maladie ou de suicide. D’autres cas concernent des accidents de travail mortels.

    Pendant ce temps, les employeurs utilisent les bas salaires des immigrés pour menacer les travailleurs malaisiens et les décourager de demander de meilleurs salaires. Les syndicats, très faibles et dont la direction bureaucratique est un frein pour les luttes, ne sont pas capables de jouer un rôle de direction pour des luttes communes entre travailleurs locaux et immigrés. Environ 90 pourcents des travailleurs ne sont pas syndiqués, et la législation malaisienne favorise beaucoup les patrons et mine les droits des travailleurs.

    Même si les travailleurs ont pu obtenir une augmentation salariale, avec le haut taux d’inflation, leur salaire est insuffisant. De nombreux travailleurs sont obligés d’avoir deux emplois. Une récente étude du gouvernement a mis en lumière que sur les 1,3 million de travailleurs concernés, près de 34 pourcents gagnent moins de 700 Ringgit par mois, alors que le seuil de pauvreté est de 720 Ringgit par mois.

    Seule l’unité des travailleurs peut les libérer du capitalisme. Il est nécessaire de construire des syndicats combatifs, de même qu’un parti des travailleurs de masse, pour se diriger vers une société basée sur les besoins de la majorité de la population et sur la démocratie des travailleurs, une société socialiste.

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