Category: Afrique

  • L'Afrique peut-elle sauver le capitalisme ?

    L’élite capitaliste cleptomane vit dans l’opulence, mais la croissance ne touche pas les masses laborieuses

    ”Je suis absolument convaincu du fait que l’Afrique représente la prochaine zone pionnière économique mondiale, et je ne suis pas le seul à partager cette conviction” affirmait en avril dernier Johnnie Carson, sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique. Il n’est pas le seul à exprimer son optimisme croissant au sujet de l’Afrique. Comme il l’a fait remarquer, les perspectives de croissance de la Banque mondiale pour l’Afrique pour les deux prochaines années se situent entre 5 et 6 %, un taux de croissance au-delà de celui de l’Amérique latine, de l’Asie centrale ou de l’Europe.

    Peluola Adewale, Democratic Socialist Movement (CIO Nigeria)

    Selon les prévisions du FMI pour les cinq années qui suivent 2011, sept pays africains (Éthiopie, Mozambique, Tanzanie, Congo-Kinshasa, Ghana, Zambie et Nigeria) se trouveront dans les top dix des pays à la croissance la plus rapide au monde. Une analyse du magazine The Economist révélait l’an dernier que six pays africains (Angola, Nigeria, Éthiopie, Tchad, Mozambique et Rwanda) se trouvaient dans le top dix des pays qui ont eu la croissance la plus rapide entre 2000 et 2010. De fait, l’Afrique a commencé à attirer des remarques positives de la part des commentateurs capitalistes, surtout depuis le début de la crise économique mondiale.

    Cette crise, qui est la pire crise capitaliste depuis la Grande Dépression des années 1930, a enflammé l’Europe et les États-Unis, poussant apparemment les stratèges capitalistes à aller chercher le succès ailleurs – et ils en auraient trouvé en Afrique.

    Les grands médias capitalistes ont arrêté leur campagne permanente de dénigrement du continent africain, et acclament à présent en grande pompe la moindre tendance “positive”. On peut voir un exemple clair de tout ceci dans les pages de The Economist où l’Afrique s’est métamorphosée, passant de “Continent sans espoir” en mai 2000 à “Continent rempli d’espoir” en décembre 2011.

    Cependant, la plupart des superbes taux de croissance de ces pays reflètent une hausse de la valeur des exportations des matières premières, à la fois en termes de production et en termes de prix, qui est liée à la croissance de la demande mondiale, surtout de la part de la Chine. Par exemple, le prix du pétrole est passé de 20 $ du baril en 1999, à 147 $ en 2008. Ces statistiques, de manière générale, ne reflètent pas une croissance généralisée de l’économie du continent ni de son niveau de vie. De plus, tout ralentissement de l’économie, que ce soit en Occident ou en Chine, aura pour conséquence une baisse brutale de la demande pour les exportations africaines.

    Une grande misère

    Pour la plupart des travailleurs, qui n’ont vu qu’une aggravation de leurs conditions de vie d’année en année, les statistiques économiques impressionnantes qu’on voit apparaitre çà et là sont un grand mystère. En fait, la forte augmentation du prix de la nourriture et du carburant revient à une attaque constante contre le niveau de vie. L’Afrique est aujourd’hui un continent dévasté par une misère de masse, avec un accès très limité aux nécessités vitales de base.

    Par exemple, en Éthiopie – pays qui se trouve justement sur la “liste d’or” –, 90 % de la population a été classée en tant que “pauvre multidimensionnelle” par un rapport du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud) publié en 2010. La situation au Nigeria, qui est le plus grande producteur de pétrole africain, a également été très correctement décrite par le Pnud. Son représentant dans le pays, M. Daouda Touré, a remarqué que ”Depuis maintenant plus d’une décennie, le Nigeria a connu un taux de croissance élevé permanent, qui n’a pas eu la moindre répercussion sur le plan de l’emploi ni sur celui de la réduction de la pauvreté parmi ses citoyens.” Il ajoute : ”Les statistiques disponibles en ce moment suggèrent que le taux de pauvreté au Nigeria s’est en réalité aggravé entre 2004 et 2010” (The Nation, Lagos, 29 août 2012). Cela n’a que confirmé ce que le statisticien général du Nigeria, M. Yomi Kale, avait dit concernant le ”paradoxe (…) qui fait que malgré le fait que l’économie nigériane est en pleine croissance, la proportion de Nigérians vivant dans la pauvreté ne fait qu’augmenter d’année en année.” (The Guardian, Lagos, 14 février 2012).

    L’Afrique du Sud, qui est la plus grande économie du continent, est aussi le deuxième pays le plus inégalitaire au monde. Cela, malgré la politique du “black economic empowerment” (promotion économique des noirs) menée par le gouvernement ANC dans l’Afrique du Sud post-apartheid.

    En Angola, les deux tiers de la population vivent avec moins d’un euro (656 FCFA) par jour, et seuls 25 % des enfants fréquentent l’école primaire (The Guardian, Londres, 18 novembre 2011). L’Angola est pourtant le pays qui a eu le taux de croissance économique le plus élevé au monde, avant la Chine, dans les années 2000 à 2010. L’Angola représente à l’heure actuelle un paradis économique pour le capitalisme portugais, dont le pays natal se trouve en ce moment sous les feux de la crise de la zone euro. Ce pays nous offre ainsi un exemple classique de migration inversée entre l’Europe et l’Afrique. Non seulement l’Angola abrite aujourd’hui une communauté de 150 000 Portugais chassés par le chômage dans leur pays, mais il a également massivement investi ses pétrodollars au Portugal. La compagnie pétrolière d’État angolaise, la Sonangol, est le principal actionnaire d’une des plus grandes banques du Portugal, la Millenium BCP. En juin 2010, l’ensemble des investissements angolais dans des entreprises portugaises étaient estimés valoir plus de deux milliards d’euros, selon le Financial Times. Et pourtant, on ne trouve quasiment ni électricité ni eau potable dans tout le pays, même dans la capitale Luanda.

    Tout cela est symptomatique de la situation en Afrique, où la croissance économique se reflète uniquement dans l’opulence de l’élite de voleurs capitalistes au pouvoir, et aucunement dans le développement de l’infrastructure ou dans l’amélioration du niveau de vie de la masse de la population.

    Mais les stratèges capitalistes ne sont pas concernés par le sort des travailleurs. Tant qu’il y a des ressources naturelles à exploiter librement pour leurs super-profits, l’Afrique est pour eux tels un lit de roses.

    Comme le rapportait The Guardian de Londres : ”Il y a parmi le monde des affaires de plus en plus de confiance dans le fait que l’Afrique est la destination d’investissements qui donne les plus grands profits au monde” (28 mars 2012). C’est ainsi que la banque d’investissements mondiales Goldman Sachs disait dans un rapport en mars 2012 que : ”L’Afrique est une destination à laquelle les investisseurs doivent réfléchir, pour une croissance sur le long terme (soit on y participe, soit on rate une bonne occasion).”

    Cette course à la super-exploitation de l’Afrique explique pourquoi le continent, avec ses immenses ressources naturelles et ses immenses terres fertiles pour l’agriculture, est dominé par des multinationales et est dirigé sur base d’une politique capitaliste néolibérale qui bénéficie avant tout à l’Occident impérialiste.

    L’absence d’infrastructures de base (ou, quand elle est présente, sa médiocrité) signifie que l’Afrique est toujours en très grande partie dépendante de ses exportations de matières premières, et que le continent dans son ensemble ne compte toujours que pour un ridicule 2 % de la production mondiale.

    Les soi-disant “investisseurs” ne sont surtout intéressées que par les industries d’extraction qui, bien que créant de la croissance, ne créent que très peu d’emplois. Cet échec dans le développement de l’industrie de transformation explique pourquoi l’Afrique, en tant qu’exemple classique de croissance sans emploi, ne peut imiter le rôle de la Chine en tant que moteur du capitalisme mondial, malgré son immense population et son urbanisation croissante. Au contraire, c’est le capitalisme qui garantit le sous-développement du continent.

    Une corruption rampante

    Les souffrances de l’Afrique sont également dues à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il convient cependant bien de souligner le fait que la corruption est loin d’être propre de l’Afrique ou des pays en développement.

    La plupart des ressources qui restent en Afrique, après les pertes dues au commerce inéquitable et au payement de la dette, sont volées par les dirigeants pro-impérialisme corrompus, puis envoyées vers des comptes en banques privés à l’étranger, en Europe ou en Amérique.

    Le capitalisme néolibéral, qui entraine avec lui privatisations et dérégulations, a donné encore plus de marge aux dirigeants africains pour piller le trésor public, puisque ce ne sont plus eux qui sont censés utiliser ces ressources afin de fournir les infrastructures et les services de base.

    Mais face à cette situation, les travailleurs, les jeunes et les pauvres du continent sont loin d’être passifs. L’Afrique a une longue histoire de luttes de masse contre le colonialisme et le racisme. Plus récemment, on a vu apparaitre des luttes contre les régimes pourris et corrompus et pour une vie meilleure, comme on l’a vu après les insurrections de masse, surtout en Afrique du Nord, qui ont chassé au moins trois dictateurs. En janvier 2012, nous avons assisté à la plus grande grève générale et au plus grand mouvement de masse de toute l’histoire du Nigeria, contre la hausse du prix de l’essence. Les mineurs sud-africains, dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail et pour un meilleur salaire, ont quasi mis à genoux l’industrie minière. Le secteur des mines compte pour une très grande part de la richesse du pays ; il est aussi un symbole de l’immense inégalité entre travailleurs et patrons.

    Cette lutte des mineurs, dans laquelle le DSM sud-africain joue un rôle dirigeant, a contribué à mettre au-devant de la lutte la revendication pour la nationalisation de l’industrie minière, ainsi que l’idée d’une alternative politique des travailleurs et des pauvres contre l’ANC.

    Les mouvements de masse des travailleurs et de la jeunesse en Europe, et en particulier en Grèce et en Espagne, contre l’austérité et contre les attaques néolibérales sur l’emploi, sur les salaires, sur l’enseignement et sur la santé, vont continuer à élever la conscience des travailleurs en Afrique. Les nouvelles luttes qui vont se développer en Afrique auront pour effet qu’il n’y aura aucun refuge sûr pour le capitalisme dans un monde de crise, et seront une source d’inspiration afin d’intensifier la quête d’une alternative socialiste.

  • Un siècle d’ANC : de l’espoir à la désillusion

    Le 8 janvier 2012, l’ANC a célébré ses 100 ans à Bloemfontein. Pour tirer ses profits du sang, de la sueur et des larmes des exploités, le patronat a réduit à rien la vie de millions de personnes. La classe laborieuse a un jour espéré voir l’ANC mettre fin à ce système inégalitaire. En réalité, ce parti contribue à le perpétuer.

    Thamsanqa Dumezweni, Democratic Socialist Movement


    Ce jeudi 13 décembre : Meeting sur la situation en Afrique du Sud, en présence d’un orateur de notre parti-frère sud-africain (plus d’infos)


    Le Congrès National Africain (ANC) a voulu fêter son centenaire toute l’année 2012 durant, malgré les divisions qui le minent de l’intérieur. Pour ce faire, le parti a demandé à la télévision publique sud-africaine de retracer l’histoire du parti, sa lutte contre le colonialisme blanc et le régime d’apartheid ainsi que son rôle d’initiateur. L’histoire est ainsi falsifiée pour redorer le blason d’un parti en sérieuse perte de crédibilité.

    En vérité, la lutte anticolonialiste et anti-apartheid n’a pas seulement précédé l’existence de l’ANC mais, pour la majorité des 100 années d’existence du parti, les luttes n’étaient ni initiées, ni supportées activement par celui-ci. Même après son interdiction en 1960, les luttes les plus importantes se sont déroulées sans le concours de l’ANC, que ce soit le réveil de la lutte des classes lors des émeutes de Durban en 1973, la conscientisation politique de la jeunesse lors des émeutes de Soweto en 1976, la fondation du Congrès des syndicats sud-africains (COSATU) ou encore les mouvements insurrectionnels des années 1980. Les masses se sont libérées elles-mêmes et, dans ce processus, ont poussé le régime pro-apartheid à légaliser à nouveau l’existence de l’ANC en craignant, malheureusement à tort, que cela allait susciter une lutte de libération nationale et d’émancipation sociale vis-à-vis du diktat de la minorité blanche et de la classe capitaliste.

    Les gens se sont cependant rendu compte que l’ANC n’était autre qu’une formation nationaliste petite-bourgeoise qui ne visait pas au renversement du colonialisme et du capitalisme, mais juste à l’obtention d’une certaine reconnaissance pour les élites noires (des ‘‘autochtones civilisés’’, en somme) au sein d’un système capitaliste légèrement modifié. Les cadres de l’ANC ont si désespérément cherché à être assimilés à la classe capitaliste que, dans les années 1950, ils étaient même prêts à faire des concessions sur le principe ‘‘un homme, une voix’’. Lors des négociations pour mettre fin à l’apartheid, Mandela a proposé que les noirs aient accès à un nombre limité de sièges, ce nombre pouvant augmenter par la suite. L’épineux problème de la réappropriation des moyens de production a été balayé.

    C’est, en gros, ce qui a été décidé à la CODESA (COnvention for a DEmocratic South-Africa, négociations visant à mettre fin à l’apartheid) en 1991. L’ANC s’engagea à préserver l’existence du capitalisme en échange de quelques concessions. Ces négociations se sont déroulées dans un climat de tension où la classe ouvrière était prête à s’insurger si jamais le principe d’un vote par personne n’était pas respecté. Une entorse à cette revendication était hors de question et aurait complètement discrédité l’ANC. Au final, l’ANC a décidé de pérenniser la dictature du capitalisme tout en s’assurant que les masses ne puissent la renverser via leurs suffrages. Officiellement, l’Afrique du Sud est une démocratie mais en réalité, les secteurs-clés de l’économie restent entre les mains des classes dirigeantes, perpétuant ainsi la dictature des 1%.

    L’ANC a été créée par des noirs, pour défendre les droits des noirs en Afrique du Sud mais principalement ceux de l’élite – patrons, cadres ecclésiastiques et autres bourgeois présents au congrès fondateur. Le parti ne s’est aucunement identifié aux luttes menées par les travailleurs, et pas plus à une pensée socialiste ou anticapitaliste. Ce fut pourtant le ciment des luttes depuis le début du XXe siècle. Ce n’est donc pas par hasard que l’ANC a rejeté l’l’Industrial & Commercial Union (ICU – Syndicat de dockers et ouvriers noirs) créé en 1919, et qui avait pour but de lutter contre le pouvoir du capitalisme blanc. L’ANC les a qualifiés de mouvements de roturiers assassins de la monarchie russe ! Cela faisait bien entendu référence à la révolution bolchevique de 1917 – la première et jusqu’à présent unique révolution socialiste victorieuse de l’histoire – qui a inspiré les travailleurs d’Afrique du Sud et d’ailleurs.

    Cet antagonisme vis-à-vis de la classe ouvrière persiste à ce jour malgré le fait qu’une alliance avec les syndicats soit toujours de mise : sans cette alliance, impossible pour l’ANC de rester au pouvoir. En fait, l’émergence de syndicats indépendants, qui allait conduire à la création du COSATU, fut vertement critiquée par les cadres exilés du parti. Mais le COSATU a tout de même été reconnu car il était impossible de l’ignorer : rejeter ce géant à la mer aurait été suicidaire.

    Aujourd’hui, avec la trahison des staliniens du Parti Communiste d’Afrique du Sud (SACP), des cadres de l’ANC et des réformistes du COSATU, la classe ouvrière est paralysée face au capital, devant qui ils baissent tous l’échine. L’organisation de la lutte : le plus qui fera la différence

    La classe ouvrière devait constituer un seul bloc et résister à son oppression au travers de luttes féroces. Les luttes s’opérant à tous les niveaux sont la preuve que les opprimés peuvent se lever et se battre. L’ANC tente perfidement de canaliser les pauvres, les travailleurs et les jeunes afin qu’ils ne menacent pas l’establishment capitaliste.

    Ce n’est pas avec des armes et une guérilla mais bien avec la lutte organisée de la classe ouvrière et de la jeunesse que les capitalistes ont commencé à se faire du souci dans leurs petits crânes. Ce potentiel s’est cristallisé dans les années 1980 avec la naissance du COSATU en 1985.

    Les penseurs du capitalisme ont réalisé que le chemin le plus efficace pour endiguer la lutte des masses, c’est de contrôler ses dirigeants, la répression n’était plus suffisante. C’est sur base de ce constat qu’ont commencé les négociations secrètes des représentants du régime capitaliste blanc avec Mandela en prison et Mbeki en exil. L’accord négocié fut concocté de façon à ne produire qu’un ersatz de liberté basé sur le principe du suffrage universel. C’est là l’essence-même de la démocratie bourgeoise, une ‘‘démocratie’’ incapable de résoudre les problèmes de pauvreté, de chômage, d’accès aux soins et à l’éducation pour tous, de logement, d’accès à l’eau, à l’électricité et à des conditions d’hygiène correctes, etc.

    Cette démocratie-là ne tient pas compte des pauvres et des travailleurs précaires, mais laisse les capitalistes maximiser leurs profits grâce à la force productive de la classe ouvrière ; jetant les corps meurtris des travailleurs, des pauvres et des jeunes dans l’enfer de la misère.

    L’ANC est au pouvoir depuis 18 ans, mais l’exploitation n’a pas disparu

    L’ANC a été conçue pour balayer toute différence entre les populations noire et blanche. Aujourd’hui, la distinction demeure pour la grande majorité de la classe ouvrière noire. L’ANC est à la tête d’une société qui, à bien des égards, ressemble au vieux régime de l’apartheid. La disparité entre riches et pauvres est immense et ce n’et pas parce que maintenant il y a aussi des noirs riches qu’il y a égalité.

    Le racisme est une arme historique du capitalisme en Afrique du Sud. Lorsque l’ANC est arrivé au pouvoir en 1994, sa direction ne voulait pas renverser le système mais le réformer. Le système capitaliste a été adapté aux nouvelles conditions imposées par les luttes formidables de la classe ouvrière. Mais le racisme demeure un facteur important dans le pays. Le racisme a été supprimé de la loi, mais il continue d’exister dans la vie quotidienne. Les femmes sont encore abusées et violées. La pauvreté absolue frappe de larges couches de la population active.

    Seul une Afrique du Sud socialiste démocratique est capable d’offrir une réponse aux attentes des masses. Une révolution socialiste mettrait un terme aux salaires de misère. Le potentiel était déjà grand jadis pour l’arrivée d’une telle révolution. Mais l’histoire nous apprend que la classe ouvrière a besoin d’une direction révolutionnaire pour être en mesure d’aller jusqu’à la victoire.

    Tout comme ailleurs, le stalinisme a joué un rôle extrêmement néfaste en Afrique du Sud. Le stalinisme est issu de la dégénérescence de la révolution russe et a conduit à l’affaiblissement des partis révolutionnaires dans le monde entier. De grandes trahisons ont été commises avec la formation d’alliances entre capitalistes et travailleurs. En Afrique du Sud, le cours stalinien a conduit à la fusion de l’ancien Parti Communiste avec l’ANC en 1929. Pour défendre ses intérêts en Union Soviétique, la bureaucratie stalinienne a dans la pratique défendu le régime capitaliste dans le reste du monde.

    Au cours de ses 100 ans d’existence, l’ANC a énormément trahi, souvent avec l’assistance du Parti Communiste. Ce parti reste aujourd’hui un éternel coup de poignard dans le dos du mouvement ouvrier.

    Renverser le capitalisme

    Le capitalisme est en crise. Ce système n’est pas en mesure de permettre à la société de continuer à progresser. La solution consiste à renverser le capitalisme et à le remplacer par un autre, basé sur la domination démocratique de la classe des travailleurs, le socialisme. Cela exige une compréhension consciente des travailleurs, des pauvres et des jeunes du fait qu’un meilleur avenir est possible, mais uniquement grâce au socialisme. Il nous faut des syndicats révolutionnaires, des comités de lutte locaux et des partis politiques basé sur la défense d’un programme socialiste.

    Le Mouvement Démocratique Socialiste (DSM) en Afrique du Sud fait partie intégrante de ce combat pour l’instauration du socialisme à travers le monde. En Afrique du Sud, cela signifie de s’opposer à l’ANC, au COSATU et à la direction réformiste et stalinienne du Parti Communiste. Ces organisations disposent encore d’un soutien large, mais leur rôle n’est plus progressiste. Avec patience et détermination, mais convaincrons et donnerons confiance aux travailleurs et aux jeunes pour qu’ils se battent pour un gouvernement des travailleurs.

  • Afrique du Sud : De l’apartheid à Marikana, la lutte pour plus de justice sociale continue

    La grève, couronnée de succès, des mineurs de Marikana a changé la donne en Afrique du Sud et a suscité une intensification de la lutte des travailleurs. Elle s’est répandue très rapidement vers d’autres mines et a énormément augmenté le niveau de confiance des travailleurs en Afrique du Sud, initiant une nouvelle étape dans le mouvement révolutionnaire sud-africain.

    Par April Ashley, article tiré de l’édition de décembre/janvier de Lutte Socialiste


    Ce jeudi 13 décembre : Meeting sur la situation en Afrique du Sud, en présence d’un orateur de notre parti-frère sud-africain (plus d’infos)


    Le massacre de plus de 40 mineurs dans ‘‘une violence rappelant les pires moments de l’apartheid’’ (Business Day du 17/08/2012) a choqué la société sud-africaine toute entière, propulsé l’Afrique du Sud comme fer de lance de la lutte internationale des travailleurs et suscité soutien et solidarité dans le monde entier. Cette lutte a fait ressurgir le souvenir des anciens combats contre le régime de l’apartheid chez les plus anciens des travailleurs et a fait se développer un grand intérêt pour les luttes sociales parmi les plus jeunes.

    C’est en 1994 que la majorité noire du pays a mis en avant un candidat et a mis fin à l’apartheid en élisant le premier gouvernement noir (de l’ANC – Congrès National Africain). Le 11 février 1990, le jour où Nelson Mandela a enfin été libéré après 27 ans de prison, le monde a retenu son souffle. Les espoirs et les rêves de la majorité du peuple sudafricain reposaient sur ses épaules : une nouvelle Afrique du Sud, libérée du joug de l’oppression et de l’exploitation par la minorité blanche. Sa libération st survenue après des décennies de luttes intenses durant lesquelles le régime de l’apartheid a tenté de noyer la révolution dans le sang. Le massacre de Sharpeville en 1960 et les héroïques émeutes des jeunes de Soweto en 1976 (une centaine de jeunes avaient été tués par la police) avaient clairement montré quelle était la détermination des masses pour renverser le régime de l’apartheid.

    L’adoption de la ‘‘Freedom Charter’’, la Charte de la Liberté, par l’ANC en 1955 fut l’expression de l’aspiration à un changement révolutionnaire dans la société de la part des travailleurs. Cette charte appelait à la nationalisation des secteurs-clés de l’économie : ‘‘La richesse nationale de notre pays, l’héritage des sud-africains, sera rendu au peuple. Les ressources de notre terre, les banques et les industries seront désormais la propriété d’un peuple uni.’’

    Les luttes ouvrières

    Entre 1961 et 1974, le nombre de travailleurs noirs employés dans l’industrie d’Afrique du Sud a doublé. La classe ouvrière s’est organisée et a pris les devants de la lutte, comme en a témoigné la grève des dockers de 1973 qui a ébranlé le pays entier et entraîné des progrès qualitatifs en termes d’organisation de la lutte et de niveau de vie.

    Ces grèves massives ont enflammé l’imagination des travailleurs du monde entier. Il y eut partout des marches de soutien, du lobbying et du boycott, tout cela conduisant nombre de travailleurs à devenir politiquement actifs en soutenant leurs camarades d’Afrique du Sud. Les mouvements ouvriers des années 1980 a par la suite conduit à la création du Cosatu (‘‘Congress of South African Trade Unions’’, en français ‘‘Congrès des Syndicats sud-africains’’) en 1985. Le Cosatu a adopté la Freedom Charter en 1987 sous le slogan de ‘‘Socialism means freedom’’ (‘‘le socialisme signifie la liberté’’ en français).

    Sa composante la plus importante, l’Union Nationale des Mineurs (NUM), dirigée à l’époque par le militant Cyril Ramaphosa, était le fer de lance des luttes de masse et le Cosatu a lancé une série de grèves générales qui ont rendu le pays ingouvernable et ont précipité la fin du régime d’apartheid. Mais, 20 ans après la fin de l’apartheid, qu’estil advenu des espoirs et des rêves des travailleurs englués dans la Freedom Charter ?

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, parti révolutionnaire mondial dont le PSL est la section belge) a expliqué que, suite à l’effondrement du stalinisme, le régime de De Clerck a reconnu la possibilité de conclure un accord qui laisserait une part de pouvoir à l’ANC. Les intérêts économiques fondamentaux du capitalisme ne furent pas vraiment menacés avec cet accord en conséquence du virage à droite opéré par l’ANC, trahissant ainsi les efforts fournis dans la douleur des luttes passées.

    L’échec de l’ANC

    L’Afrique du Sud est actuellement le pays le plus inégalitaire au monde, les 10% les plus riches détenant 60% des richesses du pays alors que la moitié la plus pauvre de la population n’en détient que 8%. Près d’un quart des foyers sud-africains subit quotidiennement la faim. Un travailleur perçoit en moyenne 18 Rands (1,57€) par jour mais 44% des travailleurs, c’est-à-dire 6 millions de personnes, vivent avec moins de 10 Rands (0,87€) par jour. Le chômage atteint 25% (50% chez les jeunes).

    En clair, cela signifie que les travailleurs vivent dans un état de pauvreté effarant. En plus de conditions de travail infernales, en témoigne cet article du Guardian : ‘‘Un mineur détaille ses conditions de travail : ‘’Nous passons huit heures sous terre. Il y fait très chaud et on ne peut pas voir la lumière du jour. Parfois, il n’y a même pas d’air et nous devons en drainer à travers des tuyaux jusque tout en bas.’’ Son abri de fortune n’a ni eau courante, ni électricité et les toilettes, situées à l’extérieur, sont partagées avec deux autres familles.’’ (The Guardian du 7/9/2012)

    A part quelques plans de reconstruction et de développement à court terme lancés les premières années de son arrivée au pouvoir (et dont l’apport réel aux classes laborieuses noires fut assez limité), l’ANC a poursuivi l’application d’un programme néolibéral agressif en privatisant massivement des services publics tels que l’électricité et l’eau courante, ce qui a encore plus paupérisé la classe des travailleurs.

    Ces pratiques ont suscité une intensification des luttes pour faciliter l’accès au logement et aux services de base. La fin des subsides pour l’acheminement de l’eau au Kwa Zulu Natal en 2000 a par exemple provoqué la plus importante épidémie de choléra de l’histoire du pays, les habitants ayant dû aller s’abreuver à même les fleuves et barrages puisqu’ils ne pouvaient plus payer leurs factures d’eau.

    Les grèves massives contre la privatisation en 2007 et 2010 ont ébranlé le gouvernement de l’ANC, dirigeant le pays avec le Cosatu et le SACP (Parti communiste sud-africain), alors que des divergences faisaient leurs apparitions dans cette alliance au fur et à mesure des trahisons successives de l’ANC vis-à-vis des classes laborieuses. L’ANC est consciemment devenue l’agent du patronat.

    Certains cadres du Cosatu ont également été assimilé à l’élite et ont abandonné toute lutte effective. Cyril Ramaphosa a en effet été payé 75.371 € net l’année dernière pour son mandat de directeur honoraire de Lonmin (géant anglais de l’exploitation minière), devenant le symbole du fossé séparant les nouvelles élites noires et la majorité précaire.

    Une alternative socialiste

    Suite au massacre de Marikana, la crédibilité de l’ANC a été sérieusement entamée. Les évènements récents ont prouvé que le Congrès National Africain partage avec la classe capitaliste la même peur, le même rejet de la classe ouvrière. ‘‘L’ANC, c’était l’âme noire, l’esprit noir, cela avait quelque chose de quasimystique. Mais à l’heure actuelle, toute foi en eux est perdue. Le lien est brisé et cela a eu lieu à la télévision.’’ (The Guardian du 7/9/2012)

    Au fil de l’aggravation de la récession économique, les patrons, épaulés par le gouvernement de l’ANC, vont continuer d’alourdir le fardeau pesant sur les épaules des travailleurs. Le contexte est donc propice non seulement à des grèves de plus en plus explosives mais aussi à une scission au sein de l’alliance tripartite voire au sein même de l’ANC.

    L e Mouvement Socialiste Démocratique (section sud-africaine du CIO) appelle à la grève générale à Rustenburg, suivie d’une grève et d’une manifestation à l’échelle nationale. La pression des travailleurs et des militants à l’échelle internationale doit également s’amplifier. La réponse enthousiaste des travailleurs aux idées du MSD prouve qu’il y a un potentiel conséquent pour le développement d’un nouveau parti des travailleurs avec un programme socialiste, défendant coûte que coûte les intérêts de la classe ouvrière en Afrique du Sud.

  • Afrique du Sud : La lutte des mineurs continue

    Après le massacre de la mine de Marikana (de l’entreprise Lonmin) en août dernier, le monde a été choqué et dégoûtés en apprenant que les mineurs étaient poursuivis en justice et que les grévistes étaient cibles d’attaques diverses. Le 30 octobre, la police avait encore attaqué les mineurs de la mine de Thembelani (appartenant à l’Anglo American Platinum – Amplats), à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.

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    MEETING : Après le massacre de Marikana : Solidarité avec la lutte des mineurs !

    UN DIRIGEANT OUVRIER PREND LA PAROLE – TÉMOIGNAGE DE SEBEI MAMET, PRÉSIDENT DE LA COORDINATION NATIONALE DES COMITÉS DE GRÈVE

    Jeudi 13/12 BRUXELLES 19H30 RANDSTAD (45 RUE DU JARDINIER, MOLENBEEK)

    Evènement Facebook

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    Amplats avait tenté d’amadouer les grévistes avec une prime de 2000 rands (178 euros) pour qu’ils retournent au travail, en vain. Les mineurs avaient également refusé l’accord conclu entre la multinationale et la direction des syndicats, dont le syndicat national des mineurs (NUM). Face à cet échec, Amplats a alors recouru à la manière forte.

    L’entreprise a licencié 12.000 travailleurs. Lorsque les mineurs, organisés et déterminés, ont refusé de partir, les patrons des mines ont cherché un autre moyen de continuer à les exploiter. Hoshoko Letshoba, un des dirigeants des mineurs, a été interviewé par nos camarades britanniques du Socialist Party. Il leur a expliqué que les mineurs sont déterminés à continuer à se battre pour rester travailler, au salaire de 12.500 rands par mois. Il a aussi fait part de certaines techniques d’intimidations employées contre les mineurs, comme l’arrestation de près de 500 d’entre eux sous des motifs fallacieux. Hoshoko est un membre du Democratic Socialist Movement (DSM), le parti frère PSL en Afrique du Sud.

    La direction du NUM

    Les travailleurs et les syndicats du monde entier ont été horrifiés par le rôle joué par le syndicat des mineurs, le NUM, dans la grève de Marikana. Ce dernier a à nouveau tenté de saboter le mouvement et d’imposer sa volonté, en essayant notamment d’organiser un rassemblement provocateur dans la zone minière de Rustenberg. Deux travailleurs se sont fait tirer dessus lors des conflits ayant opposé les mineurs et les responsables du syndicat.

    Comme l’explique le DSM, "la direction du NUM se tient de l’autre côté de la barrière de classe, elle est en collusion avec les patrons des mines, elle dénonce les revendications de ses membres, elle a appelé l’ANC à mettre fin à la grève, et a demandé à la police de l’écraser."

    L’agence Reuters a commenté : "Les grèves ont mis en lumière les profondes inégalités salariales en Afrique du Sud et la non-concrétisation de la promesse du Congrès National d’Afrique du Sud (ANC) de Nelson Mandela de ‘‘garantir une meilleure vie à tous’’ après la fin de la domination de la minorité blanche’’. Il en va de même pour la confédération syndicale Cosatu.

    Mais l’idée de la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs fait son chemin. De son côté, le DSM, outre le fait qu’il souligne cette nécessité d’un nouveau parti large pour et par les travailleurs, défend pour la nationalisation des mines, des banques et des terres. Mametlwe Sebei, un membre de la direction du DSM, a été cité dans la presse sud-africaine après avoir déclaré lors d’un meeting de masse des travailleurs d’AngloGold Ashanti: ‘‘Nous avons tracé une ligne dans le sable. Nous construisons une alternative socialiste.’’ Interrogé par South Africa’s City Press, un autre membre du DSM, Thamsanqa Dumezweni, a déclaré: "Les travailleurs ne disposent que de leur force de travail. Il leur faut l’utiliser pour une révolution contre la capitalisme.’’

  • Le réveil de la révolution sud-africaine !

    Le 16 août dernier, le massacre prémédité de 34 grévistes à Marikana par la police sud-africaine a choqué la nation toute entière. L’objectif de cet acte barbare était de protéger les profits des multinationales minières et de rassurer les investisseurs. Par ailleurs, le gouvernement voulait stopper net une révolte qui remettait en cause les rapports de force établis et menaçait son propre pouvoir. Après ce drame, la brutalité du système capitaliste post-Apartheid qui règne sur l’Afrique du Sud apparaît plus clairement que jamais. Triste ironie de l’histoire, c’est maintenant l’ANC (qui avait véritablement mis fin au régime de l’Apartheid en parvenant au pouvoir en 1994) et ses partenaires dans la bureaucratie syndicale qui tiennent la place jadis occupée par le régime raciste.

    Par Christian (Louvain)

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    MEETING : Après le massacre de Marikana : Solidarité avec la lutte des mineurs !

    UN DIRIGEANT OUVRIER PREND LA PAROLE – TÉMOIGNAGE DE SEBEI MAMET, PRÉSIDENT DE LA COORDINATION NATIONALE DES COMITÉS DE GRÈVE

    Jeudi 13/12 BRUXELLES 19H30 RANDSTAD (45 RUE DU JARDINIER, MOLENBEEK)

    Evènement Facebook

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    Il faut remonter à l’ère de l’Apartheid (le régime de ségrégation raciste instauré en Afrique du Sud de 1948 à 1991) pour retrouver une telle tuerie perpétrée par les forces de l’ordre. De plus, à l’issue du massacre, 270 grévistes ont été inculpés pour le meurtre de leurs collègues, en vertu d’une loi datant du régime de l’Apartheid. Mais, confronté à une monumentale vague d’indignation, le gouvernement a dû se rétracter en dernière minute. L’assassinat des grévistes n’a pas obtenu l’effet escompté; les mineurs de Lonmin n’en furent que plus déterminés à lutter jusqu’au bout et, très vite, la grève s’est étendue à d’autres mines des environs. Après six semaines de grève acharnée, les travailleurs de Marikana ont remporté une victoire considérable, avec une hausse du salaire de 22%.

    Cette victoire des travailleurs des mines de platine à Lonmin a non seulement ranimé la lutte ouvrière en Afrique du Sud, mais a aussi provoqué un bouleversement politique majeur. La grève s’est répandue comme un feu de brousse à travers le secteur minier, redonnant confiance aux travailleurs. Depuis le mois d’août, environ 100.000 travailleurs sont partis en grève dont, 75.000 dans le secteur minier à lui seul. Des multinationales minières comme l’Anglo-American et Gold Fields ont mis des dizaines de milliers de mineurs à la porte, mais le mouvement de grève est loin d’avoir pu être brisé. D’autre part, seul un tiers des camionneurs ont pu être convaincus de retourner au travail après deux semaines de grève. Les autorités craignent à présent que les grèves ne soient capables de s’étendre au puissant secteur public, lequel a organisé deux grèves générales ses dernières années.

    Il semble effectivement que le moment est venu pour la classe ouvrière sud-africaine de renouer avec son passé révolutionnaire. Celle-ci a joué un rôle décisif dans la lutte anti-apartheid. En 1955, le Freedom Charter (la Charte de la Liberté) de l’ANC appelait à la nationalisation des secteurs clés de l’économie (secteur minier, banques et monopoles industriels) afin que la population toute entière puisse bénéficier de la richesse du pays. Le massacre de Sharpeville en 1960 et la révolte de Soweto en 1976 furent des moments clés de la lutte anti-apartheid. L’importance croissante de la classe ouvrière et de son organisation permit à la lutte de gagner en ampleur et en efficacité. 1985 vit la fondation de la confédération syndicale COSATU laquelle adopta la Freedom Charter en 1987 sous le slogan; ‘‘Socialisme signifie Liberté.’’ Étant le plus grand syndicat au sein de la confédération syndicale COSATU, l’union nationale des travailleurs miniers (NUM), joua un rôle crucial dans l’organisation de grèves générales qui rendirent le pays ingouvernable et contribuèrent ainsi à la fin de l’Apartheid.

    Toutefois, ce ne fut pas uniquement la force du mouvement anti-apartheid a convaincu le dernier président blanc, Frederik Willem de Klerk, à chercher la conclusion d’un accord avec l’ANC. Avec l’effondrement des régimes staliniens, la direction de l’ANC, à l’instar de la social-démocratie européenne, a adopté un tournant vers la droite. Il était désormais possible d’obtenir un accord ne menaçant en rien les intérêts fondamentaux du capitalisme. En 1994, l’Afrique du Sud a connu la première élection libre de toute son histoire, mais le mouvement révolutionnaire a été trahi par la direction politique de l’ANC. Les inégalités économiques ne furent jamais sérieusement remises en cause. Seule une petite couche de Sud-Africains noirs, surtout des chefs politiques et leurs proches, surent tirer profit de la nouvelle situation afin de s’émanciper économiquement et d’être admis dans la bourgeoisie sud-africaine jusqu’alors exclusivement blanche.

    Hormis quelques programmes de reconstruction et de développement, tout au début, l’ANC a très peu fait pour la majorité de la population depuis sa venue au pouvoir. Au contraire, ayant abandonné son programme anticapitaliste, l’ANC a poursuivi un programme néolibéral agressif. La privatisation massive de services publics (eau, électricité,…) plaça ces services hors de portée de nombreux travailleurs, contribuant ainsi au développement de la pauvreté. La misère, les énormes inégalités sociales et la désillusion que cette trahison a provoqué parmi les masses est la cause du taux de violence effarant que connait la société sud-africaine.

    Malgré le fait que l’ANC a fini par complètement servir les intérêts du patronat, elle a su se maintenir au pouvoir grâce au soutien du COSATU (Congress of South African Trade Unions, le Congrès des syndicats sud-africains) et du Parti Communiste local (SACP). Cette alliance est aujourd’hui mise à l’épreuve, d’autant plus que tous les partenaires de cette alliance se sont conduits de façon désastreuse face aux revendications des travailleurs en lutte. En décembre, le congrès national de l’ANC devra décider si le président Zuma pourra recevoir un nouveau mandat de cinq ans comme président du parti, et pour ainsi dire comme président d’Afrique du Sud. Il risque de perdre sa place au profit de Kgalema Motlanthe, l’actuel vice-président de l’ANC. Pour les travailleurs, toutefois, cela ne signifierait aucun changement réel car les factions concurrentes au sein de l’ANC sont toutes aussi corrompues. C’est aussi le cas pour Julius Malema, le dirigeant de la Ligue de la Jeunesse de l’ANC, expulsé du parti depuis le mois d’avril. Celui-ci avait a essayé de gagner la faveur des mineurs en grève en leur déclarant son soutien ainsi qu’à la nationalisation du secteur minier.

    L’ANC et ses partenaires n’ont qu’une très petite marge de manœuvre pour faire des concessions sans perdre la confiance de leurs confrères capitalistes. L’agence de notation Moody’s a déjà dégradé la note de l’Afrique du Sud d’un cran et le Rand, la monnaie sud-africaine, ne cesse de perdre en valeur.

    La vague de grève actuelle ne remet pas simplement en cause les salaires, mais aussi les conditions de vie désastreuses auxquelles est confrontée la classe ouvrière. D’autre part, comme à Lonmin, il est question de se défaire de l’influence du syndicat officiel des mineurs (la NUM), un syndicat jadis des plus combatifs, mais aujourd’hui ni plus ni moins qu’une organisation de briseurs de grève. Bien que le COSATU s’est dernièrement montré critique envers la NUM, la fédération syndicale ne jouit plus de la confiance des travailleurs les plus militants et les plus conscients. Comme le syndicat indépendant Amcu n’a pas su se montrer à la hauteur des événements durant la grève de Lonmin, le mouvement de grève actuel repose essentiellement sur l’auto-organisation des travailleurs. L’influence des comités de grève est destinée à gagner en importance.

    Nos camarades du DSM (Democratic Socialist Movement, parti frère du PSL en Afrique du Sud) ont su intervenir de manière décisive et énergique dans ce processus malgré leurs forces limitées. Notre camarade Mametlwe Sebei est ainsi devenu un des principaux porte-parole du comité de coordination de la grève dans la région minière de Rustenburg. En tant que tel, il a reçu l’attention des médias nationaux comme internationaux. Il a lancé un appel visant à étendre la formation des comités de grève à l’extérieur des structures syndicales traditionnelles ainsi que pour la construction de comités de solidarité dans les communautés locales. Il a également appelé à la construction d’une coordination nationale afin de mener à bien une grève générale victorieuse.

    Des idées telles que la construction d’un nouveau parti des travailleurs ou encore la nationalisation des secteurs clés sous le contrôle et la gestion des travailleurs gagnent en popularité parmi les masses sud-africaines. Ce qui est déjà certain, c’est que portée jusqu’à son terme, la révolution trahie par l’ANC ne pourra se faire dans le cadre du capitalisme. Il est difficile d’imaginer l’impact qu’une transformation socialiste de la société sud-africaine pourrait avoir pour l’ensemble du continent africain. Mais il est certain qu’il serait énorme, vu le symbole que représente l’Afrique du Sud pour tous les peuples du continent.

    La classe ouvrière sud-africaine se voit confrontée à une tâche gigantesque et devra faire face à une bourgeoisie prête à défendre ses intérêts par tous les moyens. Pour nous, en Europe, il s’agira de construire un mouvement de solidarité parmi les travailleurs comme cela a déjà été le cas avec la lutte anti-apartheid.

  • La Côte d'Ivoire s'engage sur le chemin de la lutte

    La Côte d’Ivoire, ancien joyau de l’impérialisme français en Afrique de l’Ouest, considéré comme la “locomotive” de toute la sous-région, semble doucement se remettre de la grave crise politique et militaire qui l’a ravagé pendant une dizaine d’années. Cette crise avait vu le territoire partagé entre deux camps adverses de l’élite ivoirienne : d’une part le gouvernement mafieux de Laurent Gbagbo, ancien syndicaliste, qui avait instrumentalisé la soif de changement des jeunes ivoiriens afin de se constituer une grande base de milices semi-fascistes, les “Jeunes Patriotes”, tout en détournant lui-même des sommes considérables directement prélevées sur le dos des planteurs et en accueillant à bras ouvert l’impérialisme et le FMI ; de l’autre, les “Forces nouvelles” qui prétendaient défendre les intérêts des populations du nord du pays, longtemps considérées comme citoyens de seconde zone par ceux du Sud, et poussant devant elles le candidat Alassane Ouattara, dont la candidature à la présidence avait été à plusieurs reprises refusées pour incertitude quant à son “ivoirité”.

    Par Gilles (Hainaut)

    Photo ci-contre : Conférence de presse durant la grève des taxis

    Les élections, longtemps reportées par le camp Gbagbo – qui a ainsi outrepassé sa présidence de cinq ans –, ont finalement été organisées en 2010, menant à un nouveau tour de violences électorales. Les deux candidats avaient en effet chacun obtenu un score quasi identique, d’autant plus que les comptages divergeaient en fonction des institutions et que des irrégularités avaient été observées de part et d’autres. Mais la “communauté internationale” avait fait son choix en la personne d’Alassane. Aucune négociation ne portant de fruits, il a fallu l’intervention de l’ONU pour aller chercher Gbagbo, qui s’était enfermé dans la présidence, et l’expulser du territoire. Mais ne nous leurrons pas : si Gbagbo a attiré sur lui tellement d’opprobre de la part de la “communauté internationale”, ce n’est pas pour avoir menacé leur système. Il n’a rien d’un chantre de l’anti-impérialisme, malgré certains de ses discours, et est bien loin d’un Chavez ou d’un Sankara ! Simplement, l’impérialisme l’a à juste titre perçu comme un individu trop imprévisible pour le poste qu’il occupait, et dont la personnalité instable menaçait les intérêts de leurs investissements dans le pays. Alassane au contraire est un candidat zélé de l’impérialisme : ancien haut cadre du FMI, époux d’une riche colonialiste française, il a déjà fait ses preuves en tant que premier ministre de Côte d’Ivoire, poste créé pour lui en 1990 par le président Félix Houphouët-Boigny qui l’avait chargé d’appliquer les plans d’“ajustement structurel” (austérité) imposés par le FMI.

    Depuis lors, la situation semble s’être bien calmée. Gbagbo croupit aujourd’hui en prison à La Haye au Pays-Bas – son procès auprès de la Cour pénale internationale vient de commencer –, la plupart de ses cadres sont en exil au Ghana ou en Afrique du Nord. Les investisseurs se suivent, dans le sillage des nombreuses visites officielles à l’étranger accomplies par le président. On annonce une croissance de 8 % pour cette année et pour l’an prochain, avec l’objectif de faire de la Côte d’Ivoire un “pays émergent” pour 2020. Il reste cependant des menaces. Beaucoup d’armes demeurent parmi la population. Le nouveau pouvoir a été obligé de composer avec divers chefs de guerre des deux camps, fusionnant les deux armées rivales et accordant des postes bien juteux des deux côtés ; sa sécurité repose donc en partie sur d’anciens ennemis. En outre, pas une semaine ne se passe sans qu’on entende parler d’attaques ici et là : des centrales électriques, des casernes, des prisons seraient visées. Bien que ces attaques soient sporadiques et n’aient jusqu’ici fait quasiment aucun mort, elles jettent un doute sur la stabilité du pays. Cependant, aucune n’ayant été revendiquée, les rumeurs vont bon train sur qui pourrait se trouver à leur tête : une conspiration pro-Gbagbo télécommandée de l’étranger (la frontière avec le Ghana a été temporairement fermée le mois passé à la suite d’une escarmouche, le pouvoir craignant la possibilité d’un regroupement des forces pro-Gbagbo dans ce pays voisin) ? Des anciens militaires pro-Gbagbo déçus de l’attribution de postes par le nouveau pouvoir ? Des militaires pro-Outtara déçus ? Des mercenaires (on sait que les Forces nouvelles ont fait grand usage des “dozos”, confréries de chasseurs traditionnels, qui n’ont eux non plus pas obtenu tout ce qu’ils désiraient) ? De vulgaires bandits ? Ou bien y a-t-il réellement une préparation en vue d’un coup d’État ? Beaucoup de questions restent posées. Mais selon de nombreux rapports, le camp Gbagbo est bel et bien désarmé : la plupart de ses cadres ont été dispersés dans des pays différents, sont sans le sou et vivent de transferts de Western Union en provenance de famille en France, ou bien sont en prison sous étroite surveillance, comme c’est le cas entre autres de la femme de Gbagbo, Simone.

    Et donc, dans ce contexte d’euphorie en bémol, la population, qui pour la plupart n’avait pas véritablement pris part aux combats, relève la tête pour faire l’état des lieux après l’orage. Les bonnes nouvelles se succédant sur le plan économique, tout le monde est confiant dans l’avenir : ne parle-t-on pas de “pluies de milliards” provenant des nombreux contacts de Ouattara à l’étranger ? Pourtant, la reprise tarde un peu. Les grands projets sont reportés à “après les élections” (communales et régionales, en février), les nombreux subsides accordés par l’étranger ne quittent pas le cercle dirigeant ou vont en priorité aux ONG créées par eux (comme la fondation “Children of Africa” de la première dame, Dominique Ouattara). La police continue ses exactions, l’administration est peuplée de gens qui se prennent très au sérieux, la corruption est toujours là, et on ressent partout l’arrogance du nouveau pouvoir. Cette arrogance peut notamment se ressentir avec la nouvelle politique d’“urbanisme” dans tout le pays, qui vise à nettoyer, parfois au bulldozer, les trottoirs des petits commerces pourtant installés là légalement !

    La population, qui était jusqu’ici en attente, soucieuse de ne pas déstabiliser le nouveau gouvernement, commence à grogner et à reprendre le chemin de la lutte des classes. La voie a déjà été ouverte par les enseignants des lycées au printemps dernier, mais cet automne, ce sont les chauffeurs de taxi d’Abidjan et les étudiants qui font beaucoup parler d’eux.

    Le mouvement des chauffeurs de taxi repose surtout sur les jeunes chauffeurs, dont la revendication en ce moment est la fin des rackets policiers, et des contrôles plus sévères sur les taxis clandestins qui nuisent à leurs bénéfices. Il faut savoir que les taxis appartiennent en général à des petits patrons qui prélèvent un montant fixe sur chaque taxi chaque jour, laissant ensuite au chauffeur le soin de payer le carburant utilisé, avant de garder le maigre bénéfice qui reste éventuellement. La grève des taxis à Abidjan est organisée par des meetings de masse des chauffeurs qui se réunissent à la gare routière, en-dehors de toute structure syndicale officielle. Il existe certes un syndicat des taxis, mais celui-ci a dans les faits dégénéré en une mafia qui se contente de prélever des “taxes” sur les autres chauffeurs. Les taxis étant les seuls transports “en commun” réellement disponibles dans la ville, ce mouvement met à chaque journée de grève à l’arrêt l’ensemble de la capitale économique du pays.

    Les étudiants quant à eux sont confrontés à toutes sortes de problèmes graves. Mis à part le fait que le système universitaire dans son ensemble se trouve dans un état déplorable, tant au niveau des salles de classe que des logements étudiants et du nombre d’enseignants, il y a aussi le problème d’arriéré des bourses, qui bien souvent n’ont pas été payées depuis presque un an, et le problème encore plus sérieux de la hausse subite des frais d’inscription à l’université, qui sont passés sans prévenir de 6000 FCFA à 30 000 pour les licences, 60 000 pour les masters et 90 000 pour les doctorats (respectivement 10, 45, 90 et 135 €) ! On veut ainsi faire “participer” les étudiants au cout réel de leur formation. Et tout cela dans une ambiance de chaos complet : vu que plusieurs années d’université ont été perdues à cause de la crise, plusieurs générations d’étudiants se retrouvent contraintes de s’inscrire en même temps, ce qui démultiplie la surpopulation sur le campus, et qui mène à un grand retard au niveau de la reprise des cours, qu’on attend depuis plusieurs mois malgré l’annonce officielle du premier septembre. Des manifestations ont été organisées, directement réprimées par la police à coups de gaz lacrymo et autres joyeusetés. Mais les meetings se poursuivent dans les auditoires avec les diverses organisations syndicales estudiantines.

    Les étudiants ne sont en fait pas les seuls à ne pas reprendre le chemin de la lutte, puisque le corps enseignant est lui aussi en grève, à nouveau pour des raisons d’arriérés salariaux. La rentrée risque d’attendre encore un peu.

    À côté de ça, on voit d’autres mouvements comme les balayeuses de Yamoussoukro en lutte pour récupérer des arriérés salariaux, les employés de l’usine Olhéol de Bouaké, en chômage technique depuis plusieurs mois et qui exigent la reprise du travail et le payement, à nouveau, des arriérés salariaux.

    La population de Côte d’Ivoire n’a aucune tradition révolutionnaire, n’a jamais connu aucun dirigeant historique aux déclarations radicales. Elle a été gâtée par un système clientéliste où tout lui était offert sur simple demande (ou flatterie) auprès de l’échelon supérieur. La conscience a de plus été fortement repoussée en arrière pendant la crise, avec dix années de divisions, de lutte fratricide, d’instabilité, de violence et pendant lesquelles toute l’attention était focalisée sur le grand soap opéra des politiciens, les rumeurs et les intrigues parmi l’élite nationale. Elle a été de plus quasi coupée du monde et des développements politiques à l’échelle régionale. Aujourd’hui cependant, les travailleurs sont à la recherche de solutions. La croissance dont on parle tous les jours est loin de se refléter dans les assiettes, d’autant plus qu’on annonce de nouvelles hausses des prix de l’alimentation au niveau mondial.

    Dans ce contexte, il est crucial que la population de Côte d’Ivoire relève la tête et se remette à jour sur ce qu’il se passe dans les autres pays. Beaucoup d’événements se sont produits depuis l’année passée, à commencer par la révolution en Afrique du Nord, qui a déclenché de gigantesques mouvements de résistance en Europe et en Amérique. La Côte d’Ivoire, sortie de sa propre crise politique, réalise qu’elle se trouve aujourd’hui au beau milieu d’une crise économique et politique de portée mondiale. La reprise du militarisme dans l’océan Pacifique, les menaces de déstabilisation et de guerre au Moyen-Orient, la crise de la zone euro, le ralentissement de la croissance chinoise, sans parler du réchauffement planétaire, ne présagent rien de bon pour l’avenir, malgré toutes les déclarations sur le “nouvel eldorado africain”.

    La crise mondiale a ses répercussions sur le continent africain, tout comme le mouvement des Indignés européens. S’il est vrai que de lourdes menaces pèsent sur la stabilité du Sahel avec la crise malienne, beaucoup de leçons sont par contre à tirer du mouvement “Y en a marre” au Sénégal qui a fait dégager le président Wade en mobilisant la nation tout entière, de la grève générale au Nigeria contre la hausse du prix des carburants, qui a été le plus grand mouvement de masse de toute l’histoire du Nigeria, et de la grève des mineurs en Afrique du Sud, à la suite du massacre de Marikana, qui débouche aujourd’hui sur la décision de mettre sur pied un nouveau parti de masse des travailleurs. D’autres mouvements peuvent encore survenir dans la sous-région, au Burkina par exemple pour faire dégager l’usurpateur Compaoré, ou au Togo contre le président Eyadéma Junior.

    La Côte d’Ivoire peut reprendre son rôle de “locomotive” de la sous-région, plus seulement en termes économiques, mais aussi sur le plan de la lutte sociale. Le peuple de Côte d’Ivoire doit tirer les leçons de toutes ces expériences, et développer une alternative à la misère néolibérale, une alternative unitaire qui regroupe l’ensemble de la population laborieuse, au-delà des clivages communautaires, religieux et ethniques, contre les politiciens blagueurs, contre l’arrogance des patrons colons, contre ce système pourri qu’on cherche à nous imposer, en lien avec la population de toute l’Afrique de l’Ouest. En bref, une alternative socialiste.

  • Afrique du Sud : De l'apartheid à Marikana, la lutte pour la justice sociale se poursuit

    Le succès de la grève des mineurs de Marikana a transformé la situation en Afrique du Sud et a annoncé une reprise de la lutte des travailleurs. La grève s’est répandue comme une trainée de poudre vers les autres mines et a énormément augmenté la confiance des travailleurs d’Afrique du Sud. Cette grève des mineurs a marqué le début d’une nouvelle ère dans le mouvement révolutionnaire du pays.

    Par April Ashley, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Le massacre de plus de 40 mineurs lors de ‘‘scènes rappelant les pires commises lors de l’apartheid’’ (Business Day, 17/08/2012) a choqué le cœur de la société sud-africaine et catapulté le pays sur le front des luttes ouvrières du monde entier, attirant le soutien et la solidarité de travailleurs de tous les continents.

    Cette lutte a rappelé aux travailleurs les plus âgés les anciens souvenirs du combat mené contre le régime raciste de l’apartheid (un régime de ségrégation appliqué de 1948 au début des années ‘90). Pour les plus jeunes, un grand intérêt a été suscité. Ce n’est qu’en 1994 que la majorité noire de la population a finalement pu réellement en finir avec l’apartheid en élisant, au cours des premières élections libres du pays, le premier gouvernement du Congrès National Africain (ANC), suite à un accord négocié avec l’élite du pays.

    Le monde entier avait retenu son souffle le 11 févier 1990, le jour de la libération historique de Nelson Mandela, après 27 ans de prison. Les espoirs et les rêves de la majorité de la population pour une nouvelle Afrique du Sud reposaient sur ses épaules : une nouvelle Afrique du Sud libérée de l’oppression et de l’exploitation féroce et sans pitié d’une minorité blanche. Cette libération fut le fruit de dizaines d’années de luttes au cours desquelles le régime de l’apartheid a tenté de noyé la révolution dans le sang. Le massacre de Sharpeville en 1960 et l’héroïque révolte de la jeunesse à Soweto en 1976, où 100 jeunes ont été massacrés par la police (voir l’encadré ci-dessous) ont montré la détermination des masses à en finir avec l’apartheid.

    L’adoption de la Charte de la Liberté par l’ANC en 1955 a été une expression de l’exigence d’un changement révolutionnaire de la société par les travailleurs. Cette charte appelait à la nationalisation des secteurs-clé de l’économie et déclarait : ‘‘La richesse nationale de notre pays, l’héritage des Sud-Africains, doit être rendu au peuple, la richesse minérale du sous-sol, les banques et le monopole industriel doivent être rendus propriété publique dans leur entièreté.’’

    Les luttes des travailleurs

    Entre 1961 et 1974, le nombre de travailleurs noirs employés dans l’industrie minière d’Afrique du Sud a doublé. Ce fut là une véritable explosion de la classe ouvrière organisée, qui l’a propulsée sur le devant de la scène. En 1973, les grèves des dockers ont réellement bouleversé l’Afrique du Sud tout entière et ont emmenés les luttes vers un changement qualitatif d’importance.

    Ces grèves de masse ont embrasé l’imagination des travailleurs du monde entier, qui ont démontré leur solidarité aux luttes avec des manifestations de solidarité, de actions de lobbying et de boycotts. Nombreux sont les travailleurs qui ont commencé à s’engager politiquement par le biais du soutien à leurs frères et sœurs d’Afrique du Sud.

    Ensuite, les mouvements des travailleurs des années ‘80 ont conduit à la naissance de la fédération syndicale Congress of South African Trade Unions (COSATU) en 1985. La COSATU a adopté la Charte de la Liberté en 1987, soutenant que ‘‘Le socialisme signifie la liberté’’. Son plus grand affilié, le Syndicat National des Mineurs (NUM), mené par l’ancien militant Cyril Ramaphosa, était à la tête des grèves de masse, et le COSATU a initié une série de grèves générales qui ont rendu le pays ingouvernable et ont précipité la chute de l’apartheid.

    Mais aujourd’hui, 20 ans après la fin de l’apartheid, qu’en est-il des espoirs et des rêves des travailleurs, cristallisés dans la Charte de la Liberté ? Le Comité pour une International Ouvrière et ses sections à travers le monde ont expliqué qu’après la chute du stalinisme et le virage à droite des directions sociale-démocrates et des syndicats à travers le monde, le régime blanc de Frederik de Klerk a su reconnaître le potentiel d’un partage du pouvoir avec l’ANC. Avec cet accord, les intérêts économiques fondamentaux du capitalisme n’ont pas été menacés, car la direction de l’ANC a elle aussi viré à droite. Dans les faits, elle a trahi la lutte révolutionnaire.

    L’échec de l’ANC

    L’Afrique du Sud est actuellement le pays le plus inégalitaire au monde, les 10% les plus riches de la population profitant de 60% des richesses alors que la moitié la plus pauvre se partage 8% de celles-ci ! Près d’un quart des foyers d’Afrique du Sud font quotidiennement face à la famine. Le travailleur moyen gagne 18 rands (l’équivalent de 1,23 euros) par jour, mais 44% d’entre-eux (c’est-à-dire 6 millions) vivent avec moins de 10 rands par jour. Le taux de chômage atteint les 25%, et culmine à 50% chez les jeunes. Cela signifie concrètement que les travailleurs continuent à vivre dans une pauvreté écrasante.

    Un mineur a récemment fait part de ses conditions de vie dans la presse britannique : ‘‘Nous passons 8 heures sous terre. Il fait très chaud, et nous sommes privés de la lumière du jour. Parfois, le seul moyen d’avoir de l’air est d’utiliser la tuyauterie.’’ Sa cabane ne dispose pas d’électricité, ni d’eau courante, et deux familles se partagent les toilettes situées à l’extérieur. (The Guardian, 7/9/12)

    Mis à part l’éphémère programme de reconstruction et de développement lancé lors des toutes premières années du gouvernement, qui a donné naissance à des améliorations limitées pour la classe ouvrière noire, l’ANC a poursuivi un programme économique néolibéral agressif, avec des privatisations massives des services publics tels que l’électricité et l’eau, qui ont mené à une paupérisation grandissante de la classe ouvrière. Cela a alimenté une kyrielle de luttes communautaires pour l’accès au logement et la distribution des services durant de longues années.

    Par exemple, la fin des subventions de la distribution d’eau à Kwa Zulu Natal en 2000 a provoqué la plus grande épidémie de choléra de l’histoire du pays, les travailleurs s’étant vus forcés de boire aux fleuves et aux bassins de barrage car ils ne pouvaient se permettre de payer l’eau courante, devenue trop chère.

    Des grèves massives du secteur public contre les privatisations en 2007 et en 2010 ont ébranlé le gouvernement de l’ANC, qui fait partie d’une tripartie avec le COSATU et le Parti Communiste d’Afrique du Sud (PCAS). Les divisions se sont répandues dans l’alliance à cause de l’abandon manifeste de la classe ouvrière par l’ANC, devenu le larbin des grands patrons et du capitalisme. Certains leaders du COSATU ont aussi rejoint les rangs de l’élite et ont abandonné leur lutte. Ainsi, Cyril Ramaphosa a été payé 76.000 euros l’an dernier en tant que directeur non-exécutif de la société minière Lonmin (dont dépend le site de Marikana), et est ainsi devenu le symbole du gouffre qui sépare la nouvelle élite noire et la majorité frappée de plein fouet par la pauvreté.

    Une alternative socialiste

    Suite au massacre de Marikana, la crédibilité de l’ANC en a pris un grand coup. Cet événement a prouvé qu’il partage avec la classe capitaliste la même peur et le même dégoût de la classe ouvrière. ‘‘L’ANC était dans l’esprit et l’âme des noirs, il avait presque acquis une propriété mystique. Mais maintenant ils ont perdu foi en lui. Le lien est brisé, et cela s’est passé à la télévision.’’ (The Guardian 7/9/12). Alors que la récession économique se poursuit, les patrons, soutenus par le gouvernement de l’ANC, continueront à vouloir se délester du fardeau sur les épaules des travailleurs. On ne s’attend donc plus seulement à des luttes explosives, mais à une séparation dans la tripartie et au sein-même de l’ANC.

    Le Socialist Democratic Movement (Mouvement Socialiste Démocratique, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Afrique du Sud) propose une grève générale à Rustenburg, et projette une grève et une manifestation d’ampleur nationale.

    La pression internationale des travailleurs et des militants doit être maximisée. La réponse enthousiaste aux idées du DSM parmi les travailleurs indique un grand potentiel pour la développement d’un nouveau parti de masse des travailleurs doté d’un programme socialiste, afin de défendre plus encore les intérêts de la classe ouvrière d’Afrique du Sud.

    Photo ci-contre: des mineurs en grève lisent le journal de nos camarades sud-africains du Democratic Socialist Movement


    La révolte de Soweto de 1976

    Par Roger Shrives

    En 1976, le régime de l’apartheid a été ébranlé par une révolte héroïque lancée par des milliers d’étudiants de la ‘‘commune’’ de Soweto, près de Johannesburg. La police a tué près de 140 personnes du 16 au 17 juin 1976, principalement à Soweto, et 600 autres en tentant de mettre fin à une année de révolte.

    L’Afrique du Sud subissait alors toujours le régime de l’apartheid et son principe du ‘‘développement séparé’’ servant à racialement discriminer, dominer et priver de ses droits la majorité noire du pays ainsi qu’à assurer une vaste offre d’emploi à faible rémunération.

    La gouvernement nationaliste au pouvoir a insisté pour que certaines leçons soient uniquement enseignées en Afrikaans, associé à la minorité dirigeante, particulièrement pendant l’apartheid. Les étudiants ont commencé a boycotter les cours d’Afrikaans et ont élu un comité d’action qui est devenu plus tard le Conseil Représentatif des Étudiants de Soweto (CCES). La campagne a commencé avec une manifestation le 16 juin.

    La police a réagi en recourant au gaz lacrymogène, balancé sur une foule forte de 12.000 personnes. Les étudiants ont répondu par des jets de pierres. La police a ensuite tiré directement sur la foule. Hector Petersen, 13 ans, fut l’une des premières victimes, abattu sous les yeux de sa sœur et de ses amis. Le système éducatif a donc été l’étincelle qui mit le feu à de nombreuses autres manifestations durant l’apartheid, particulièrement dans les communes.

    A l’époque, nos camarades britanniques du Militant (le prédécesseur du Socialist Party à l’époque où nous représentions l’aile marxiste du parti travailliste) décrivaient Soweto comme ‘‘un baril de poudre attendant une allumette pour le faire exploser’’ avec ‘‘des camps de concentration virtuels. (…)Un million d’Africains sont massés dans Soweto. La moitié de la population est sans emploi et donc sans autorisation de rester, à la merci des assauts de la police.’’ Cet article mettait en contraste les terribles conditions de vie dans les communes avec celles des classes moyennes blanches.

    La révolte de Soweto a changé la conscience politique de la classe ouvrière noire sud-africaine. Les jeunes de la commune d’Alexandrie, au nord de Johannesburg, ont constaté leur incapacité à battre les forces de l’apartheid seuls, et ont mobilisé leur parents pour les soutenir. Le 22 juin 1976, plus de 1000 travailleurs de l’usine automobile Chrysler ont arrêté de travailler. Ce fut la première action de grève menée en soutien aux étudiants.

    A Soweto, le CCES a pris la responsabilité d’organiser une marche des étudiants dans Johannesburg le 4 août, et durant 3 jours s’est déroulée la première grève générale politique depuis 1961. Le gouvernement est revenu sur le sujet des cours en Afrikaans, mais le révolte s’était développée et ciblait maintenant le régime lui-même.

  • Massacre en Afrique du Sud : l’ANC révèle sa véritable nature

    Il est très loin le temps où les anciens prisonniers de Robben Island scandaient avec le peuple en lutte ‘‘Amamdla… ngawethu’’ (le pouvoir… nous appartient). Aujourd’hui, alors que l’ANC est au pouvoir depuis la fin de l’Apartheid, la situation des masses laborieuses est toujours catastrophique. La désillusion est immense envers l’ANC qui perpétue l’exploitation capitaliste faisant des ravages en Afrique du Sud. Le massacre des mineurs est une illustration du combat à mort mené par la bourgeoisie locale et internationale pour préserver ses intérêts au détriment de la majorité sociale.

    Par Alain (Namur), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Alors que l’Apartheid est tombé il y a 21 ans, l’Afrique du Sud reste l’un des pays les plus inégalitaires. La population noire représente 80% de la population mais ne possède que 5% des richesses. La question agraire est loin d’avoir été résolue, seuls 3 à 4% des terres arables ont été redistribuées. Les fermiers blancs possèdent encore 80% des terres cultivables.

    La société sud-africaine est touchée à tous les niveaux par les maux qu’engendre la société capitaliste. Un Sud-africain sur dix est atteint par le SIDA, ce qui fait de l’Afrique du Sud l’un des pays les plus touchés par cette épidémie. Les violences envers les femmes atteignent également des sommets, près d’un million de femmes sont violées chaque année, principalement dans le cadre du cercle familial. En 2008, des Zimbabwéens ont été brulés vif par des habitants d’un bidonville de Johannesburg sur fond de crise de l’emploi et de concurrence entre travailleurs. La violence du système capitaliste est très dure dans ce pays pourtant érigé en modèle pour l’ensemble de l’Afrique noire.

    Le 16 août dernier, la violence de la classe capitaliste s’est encore sauvagement déchainée. La police a mené un assaut meurtrier contre les mineurs de Lonmin à Marikana alors que ces derniers luttaient pour des augmentations salariales. La grève a éclaté le 10 août dans cette région, troisième productrice de platine au monde. Des milliers de travailleurs ont suivi le mouvement initié par l’AMCU (scission du syndicat majoritaire le NUM). Dès le début, la lutte a pris des aspects insurrectionnels avec des collisions entre policiers et grévistes. Le 15 août, les dirigeants de la mine ont cessé les négociations en remettant la situation dans les mains des forces armées. Le lendemain, un assaut a été lancé. Bilan : une quarantaine de morts. Les images de grévistes abattus presque de sang-froid ont choqué le monde entier.

    Les méthodes brutales et meurtrières utilisées pour briser la grève n’ont pas réussi à entamer la détermination des travailleurs. Cela a au contraire entrainé un immense sentiment de colère parmi l’ensemble des travailleurs de la mine et même du secteur minier à travers le pays. L’élite dirigeante craint maintenant une contagion de cette colère à tous les secteurs de la société.

    Le Democratic Socialist Movement, DSM (parti-frère du PSL en Afrique du Sud), est activement intervenu dans la lutte. Tout d’abord en jouant un rôle dans l’organisation des travailleurs et dans l’élaboration d’une stratégie capable d’unifier toutes les couches de la société derrière les mineurs, ensuite en organisant la solidarité internationale (lettres de protestations, manifestations de soutien aux mineurs, intervention au Parlement Européen,…). Finalement, la direction de Lonmin a accepté une augmentation de salaire de 11 à 22%. Mametlwe Sebei, membre du DSM et porte-parole du comité de grève, a déclaré à l’agence Reuters : “C’est une victoire.” Mais depuis lors, le mouvement s’est étendu aux autres mines du pays…

  • Solidarité avec les mineurs d’Afrique du Sud!

    Prise de parole d’Anja Deschoemacker, membre du PSL/LSP et tête de liste de ‘‘Gauches Communes’’ pour la commune de Saint-Gilles

    Ce mardi 18 septembre, une action de solidarité a eu lieu suite au massacre de Marikana qui s’est déroulé en août dernier. Les mineurs en lutte avaient alors subi une sanglante répression de la part des forces de l’Etat. Un sommet Union Européenne – Afrique du Sud prend actuellement place à Bruxelles, et la délégation officielle sud-africaine a pu constater de ses propres yeux que la solidarité internationale existe bel et bien, en étant accueillie par un peu plus d’une vingtaine de militants venus à l’appel du député européen Paul Murphy (élu du Socialist Party de République irlandaise, le parti-frère du PSL). Voici ci-dessous le petit discours que notre camarade Anja Deschoemacker a prononcé lors du rassemblement.

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et ‘‘Gauche Communes’’ soutiennent avec vigueur la lutte des mineurs sud-africains. Tout comme de nombreux militants de gauche de ma génération, j’ai accordé une grande attention à la lutte de l’ANC en, Afrique du Sud contre le régime dictatorial et raciste de l’apartheid, et avais activement participé à la campagne de solidarité internationale. L’union des travailleurs d’Afrique du Sud et d’ailleurs, grâce à la large campagne internationale de solidarité, a mis fin à ce régime brutal. La joie fut alors grande partout à travers le monde. Mais tout comme nos camarades du Democratic Socialist Movement (DSM, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Afrique du Sud, NDLR) l’avaient dit à ce moment-là : la direction de l’ANC défendait ses propres intérêts avant ceux de la majorité de la classe ouvrière.

    Pour servir les intérêts de l’élite noire qui s’est rapidement développée ainsi que ceux de toute la classe des patrons, qu’ils soient noirs ou blancs, des lois sont restées en place, à l’instar de celle qui permet aujourd’hui encore de poursuivre en justice pour les victimes d’un massacre commis par les forces de sécurité pour le massacre lui-même. Il s’agit d’un symptôme révélateur du fait que ce système capitaliste brutal est totalement resté en place. Aucune amélioration fondamentale des conditions de vie de la classe ouvrière n’a été permise.

    Les travailleurs d’Afrique du Sud ne se sont pas battus des décennies durant et n’ont pas sacrifié leur sang, leur sueurs et leurs larmes afin d’enrichir des dirigeant tels que le président sud-africain Jacob Zuma. De la même manière, en Belgique, la classe des travailleurs ne s’est pas battue pour installer au pouvoir Di Rupo et Johan Vandelanotte avec des salaires de l’ordre de 10.000€ par mois. ‘‘Gauches Communes’’ soutient la lutte des mineurs sud-africains et prévient de suite la direction de l’ANC et la bourgeoisie sud-africaine qu’une poursuite de la répression du régime aura pour riposte la construction d’une campagne de internationale de solidarité similaire à celle qui fut construite du temps de l’apartheid.

    Même si les conditions de lutte sont totalement différentes ici, heureusement, et qu’il n’y a pas eu de travailleurs brutalement assassinés en Belgique du fait des forces de l’Etat depuis des dizaines d’années, la tâche qui est devant nous est similaire à celle des travailleurs d’Afrique du Sud : mettre sur pied des organisations de travailleurs ainsi que des partis politiques capables d’unifier les luttes de la classe ouvrière et des autres couches opprimées de la population. Nous refusons que les luttes héroïques des générations passées soient sacrifiées au profit d’une infime élite et au mépris des conditions de vie des travailleurs et des pauvres.

    Pour assurer une amélioration fondamentale des conditions de vie des 99% de la population en Afrique du Sud, les mines et les autres secteurs vitaux de l’économie doivent être placés sous propriété publique, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Il nous faut retirer le pouvoir économique des mains de cette élite de parasites qui ne peut s’enrichir qu’au prix de l’appauvrissement collectif. Nous ne plaçons aucune confiance dans leur système judiciaire et n’avons pas la moindre illusion sur ce que représentent leurs politiques sociales et économiques. Nous soutenons cette lutte et appelons en parallèle à lutter en Belgique contre les plans d’austérité de tous les gouvernements, ces plans d’austérité motivés tout comme en Afrique du Sud par la volonté de rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Nous devons construire notre propre alternative politique contre les partis de l’establishment qui, chacun à leur manière, ne font que défendre la riche élite au sommet de la société.

    Photo ci-dessous: de gauche à droite, Anja Deshoemacker, Paul Murphy (député européen du Socialist Party irlandais) et Bart Vandersteene, tête de liste de Rood! à Gand.

  • [PHOTOS] Solidarité avec les mineurs d'Afrique du Sud !

    Un sommet Union Européenne – Afrique du Sud se déroule actuellement à Bruxelles, et la délégation officielle sud-africaine a eu la surprise d’être accueillie par un peu plus d’une vingtaine de militants venus protester suite au massacre qui a frappé en août dernier les mineurs du secteur aurifère. Parmi eux se trouvaient notamment les députés européens Paul Murphy (Socialist Party, parti-frère du PSL en république irlandaise), Sabine Wils (Die Linke, Allemagne) et Alda Sousa (Bloco de Esquerda, Portugal).

    Par Nico

    De gauche à droite : Paul Murphy (Socialist Party, parti-frère du PSL en république irlandaise), Sabine Wils (Die Linke, Allemagne) et Alda Sousa (Bloco de Esquerda, Portugal).

    Photo ci-dessous: de gauche à droite, Anja Deshoemacker (PSL, tête de liste de Gauches Communes à Saint-Gilles) Paul Murphy (député européen du Socialist Party, section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière) et Bart Vandersteene (PSL, tête de liste de Rood! à Gand).

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