Category: Afrique

  • Cameroun: Non à la dictature ! Non au RDPC !

    Récemment, le RDPC, le parti du président du Cameroun, a convoqué une réunion à Liège. Mis au courant grâce à l’un de nos camarades camerounais, plusieurs membres du Mouvement pour une Alternative Socialiste se sont rendus à cette réunion pour protester contre la dictature et contre l’implantation d’une cellule locale du RDPC en région liégeoise.

    Dictature et corruption sur le dos du peuple

    La situation au Cameroun, comme d’ailleurs partout en Afrique, est particulièrement préoccupante. Depuis la fin des années ’60, le pouvoir est exercé par un seul parti, l’Union Nationale Camerounaise, devenue en 1985 le Rassemblement « Démocratique » du Peuple Camerounais. Il aura fallu attendre 1991 et de nombreuses révoltes et émeutes contre la dictature pour qu’un multipartisme de façade soit instauré.

    Cependant, lors des élections de 1992, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a réussi à se maintenir à la tête du pays en truquant les élections, comme il le fait toujours d’ailleurs. Son pouvoir est exorbitant. Entre autres :

    • il est le président du parti majoritaire absolu au parlement, et chef du gouvernement,
    • il nomme, récompense ou punit les magistrats,
    • en tant que chef suprême des forces armées, il gère directement la police et la gendarmerie,
    • il nomme les emplois civils et militaires,
    • il nomme le conseil constitutionnel, la cour des comptes, ceux qui vérifient le bon déroulement des élections,…

    Il faut ajouter à cela le contrôle des journaux, des radios, de la télévision…

    Les études de l’ONG Transparency International font ressortir que cette dictature a deux fois été le N°1 mondial en terme de corruption (en 1999 et 2000). En 2006, le Cameroun n’était « plus » que 25e sur 163 pays… Le journal “The African Independent” a par exemple dénoncé le fait que l’ancien directeur des impôts aurait acheté son poste de ministre des finances pour 2 milliards de francs CFA (un peu plus de 3 millions d’euros). En 2004, plus de 50% des ménages camerounais ont reconnu avoir versé au moins un pot-de-vin.

    Toujours d’après Transparency International, en 2005, chaque ménage camerounais aurait dépensé environ 102.500 francs CFA (156 euros) en moyenne en pot-de-vin. Cela représenterait de un tiers à un cinquième des revenus des ménages les moins aisés. Selon Christol Georges Manon, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption au Cameroun, 40% des recettes enregistrées chaque année ne servent pas le développement pour cause de corruption. La dictature a bien tenter de donner le change, mais comme le dit un avocat camerounais: « les poissons ne peuvent pas voter un budget pour l’achat des hameçons »…

    Les multinationales et entreprises occidentales ne sont pas étrangères à ce processus. Le parquet de Paris a par exemple ouvert un enquête contre Total pour soupçons de corruption dans l’exploitation et la commercialisation de pétrole au Cameroun.

    Les violations des droits de l’homme sont monnaie courante dans ce pays où la peine de mort est toujours d’actualité. En 2005, un exemple a particulièrement ému l’opinion internationale, celui d’une dizaine de gays camerounais emprisonnés à cause de leur orientation sexuelle différente. L’homosexualité est en effet considérée comme une infraction… Des idées que l’ont pourrait retrouver sans aucune difficulté au Front National par exemple. Il est vrai que Chantal Biya, la femme du président, est en excellents termes avec Jany Le Pen, et a d’ailleurs souhaité bonne chance à Jean-Marie Le Pen pour les élections…

    Une réunion fort révélatrice…

    Alors que la réunion à Liège devait commencer à 17h00, la délégation officielle n’est arrivée que sur le coup de 21h00…

    Nous avons mis à profit ce long temps d’attente pour discuter avec la cinquantaine de Camerounais qui s’était déplacée. La majorité des présents étaient là pour demander des comptes aux représentants du pouvoir en place, chose qu’ils ne peuvent pas faire au pays sous peine d’emprisonnement dans des conditions extrêmements pénibles. Nous avons été très bien reçu avec nos pancartes « Non à la dictature, non au RDPC » et « Non à la Répression Dictatoriale du Peuple Camerounais », comme en témoigne la diffusion de notre mensuel, l’Alternative Socialiste, parmi la communauté camerounaise présente. Les messages de solidarité ont fusé des deux côtés, sous quelques regards un peu plus sombres…

    Quand enfin la délégation officielle est arrivée, nous sommes également rentrés, silencieux, mais en brandissant toujours fièrement nos pancartes. Une discussion vive et animée s’est engagée et la police a été appelée, sous les protestations d’une partie des participants. Le temps que nous soyons jetés dehors, nous avons toutefois pu voir comment était orientée la discussion de la tribune.

    L’orateur a pris la parole sans un mot d’excuse pour les 4 heures de retard, avant qu’un Camerounais indigné ne lui fasse la remarque. Pour beaucoup, c’était assez révélateur de la manière dont les choses se passent au Cameroun : on traite la population comme autant de chiens galeux, aucune raison de s’excuser de quoi que ce soit… Ensuite, les personnes présentes ont pu voter pour la seule et unique liste de responsables de la section locale qui était constituée, selon les remarques ironiques de notre camarade, majoritairement d’étudiants qui voient dans ces fonctions une manne d’argent pour faire face au coût des études qu’ils ont entrepris en Belgique.

    C’est à ce moment que la police est arrivée, avec le responsable du local, bien désolé de se rendre compte un peu tard qu’il avait loué la salle à un parti dictatorial.

    Quel droit avons-nous de critiquer ?

    Comme nous l’ont fait remarqué certains, la Belgique est mal placée pour donner des leçons sur beaucoup de points (Charleroi, entre autres exemples, a désormais une renommée internationale…). Cependant, nous ne nous définissons pas comme des moralisateurs attachés à la Belgique, mais comme des activistes politiques attachés au sort des travailleurs, quelles que soient leurs nationalités. C’est-à-dire contre les Etats, belges ou camerounais, qui ne servent qu’à préserver l’ordre établi et l’exploitation.

    S’il est vrai que la situation est bien différente en Belgique, il faut aussi voir d’où cela vient. Et là, il faut constater que la richesse d’un pays ne veut pas dire nécessairement la richesse d’une population et qu’elle se construit souvent sur le dos d’autres pays. Que dire de la colonisation du Congo par exemple ? On parle peu en Belgique de l’exploitation gigantesque qui a assassiné plusieurs millions de Congolais uniquement sous Léopold II.

    Vis-à-vis du Cameroun, l’activité de certaines entreprises belges, sous le silence complice de nos dirigeants, révèle un cynisme extraordinaire. Une étude réalisée au Cameroun précise par exemple que la Belgique est le deuxième pays exportateur de poulets congelés vers le Cameroun. Ces exportations sont un véritable drame pour toute l’Afrique de l’Ouest qui voit ces arrivages de Belgique ou d’ailleurs inonder les marchés locaux à des prix 2 ou 3 fois moins chers. Conséquence : la pauvreté augmente de façon gigantesque en parallèle avec les problèmes de santé de la population.

    Autre exemple, chez nous cette fois : une jetée a été construite à Nieuport – avec l’aval des autorités flamandes – en azobé, un bois en provenance du Cameroun. Problème : il ne s’agit pas de bois certifié, c’est-à-dire que la coupe a été faite de manière illégale et dans une région à la biodiversité exceptionnelle où vivent des populations subsistant directement de la forêt. Ces abattages illégaux auraient déjà fait perdre 75 millions d’euros de taxe au Cameroun. Il faut dire que la population n’aurait de toute façon pas trop vu la couleur de ces taxes et que la corruption du pays encourage ce genre de pratiques… Le relatif bien-être que nous avons dans les pays dits développés se fait en partie sur le dos de l’exploitation des populations du Tiers-Monde. Cela rend-t-il nos gouvernements moins odieux ?

    Contre cette logique de profit qui mène la planète à la catastrophe, nous opposons la lutte et la solidarité des travailleurs pour une autre société, une société socialiste.

  • Le trafic international de déchets tue

    COTE D’IVOIRE

    Six personnes décédées officiellement – mais officieusement il y en aurait 75 – et des milliers d’autres intoxiquées, tel est le résultat d’une pollution causée par le déversement de déchets extrêmement toxiques à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire.

    Marie Francart

    Dans la nuit du 19 au 20 août, un navire russe, le Probo Koala, battant pavillon panaméen (de complaisance évidemment) et affrété par une société immatriculée en Espagne, arrive au port d’Abidjan. Officiellement, sa cargaison est composée de 528 m3 d’eux usées contenant des hydrocarbures. En réalité, il s’agit de sulfure d’hydrogène, un produit très toxique et dangereux. Pourtant, à peine arrivés en terre africaine, ces produits sont transportés et ensuite déversés – en toute légalité – dans sept décharges d’Abidjan par une société locale.

    Quelques heures à peine après les déversements, une odeur nauséabonde d’œuf pourri se répand et les riverains sont victimes de violents malaises : maux de tête, diarrhées aigues, problèmes gastriques et difficultés respiratoires. Les centres hospitaliers se retrouvent rapidement débordés par l’afflux des malades et impuissants face au mal puisque, pendant longtemps, ils sont privés d’information quant à la nature exacte de la pollution.

    Qui sont les vrais responsables ?

    Les responsables en amont sont évidemment en premier lieu les patrons de la société multinationale Trafigura, qui a affrété le Probo Koala. Ils prétendent que les déchets sont des résidus issus du nettoyage de cuves de bateau. Pourtant, lorsque, quelques jours auparavant, alors que le navire était amarré en port d’Amsterdam, des tests avaient révélé la présence de produits toxiques inhabituels, qu’il aurait fallu stocker puis traiter à Rotterdam – ce qui allait coûter la somme de 285 000 dollars – la société a préféré « ignorer » le problème et envoyer le navire poursuivre sa route pour finalement aboutir à Abidjan où il a vidangé ses résidus. Actuellement, la société continue de réfuter toute responsabilité, arguant qu’Abidjan est un des ports les mieux équipés d’Afrique de l’Ouest. Or les responsables de Trafigura ne sont pas naïfs, le seul but de cet acte criminel était de s’épargner un maximum d’argent par rapport à ce que le traitement des résidus dans un pays européen leur aurait coûté.

    Mais les patrons de Trafigura ne sont pas les seuls à tremper dans cette eau sale. Les autorités ivoiriennes semblent elles aussi, mouillées jusqu’au cou dans cette affaire. D’ailleurs pas un seul Abidjanais ne doute que les ministres et responsables portuaires ont touché des pots-de-vin au passage, au mépris de la santé des habitants.

    En effet, le 16 août, alors que, le Ministre des Transports reçoit un courrier l’informant de l’arrivée de la cargaison et de la nécessité de traiter les résidus comme des « eaux chimiques », il donne l’autorisation pour le transport des produits dans des camions citernes pour des « eaux usées ». Le lendemain, les autorités ivoiriennes font savoir à la population qu’un traitement chimique sera effectué sur la ville pour désinsectiser (tuer les moustiques) et qu’il ne faudra pas s’inquiéter des mauvaises odeurs !!! Quelle hypocrisie ! Puis, dans la nuit du 19 au 20 août, les chauffeurs des camions-citernes commencent leur travail de transfert et de déversement, escortés par des agents de forces de sécurité. La suite, on la connaît …

    Mobilisation populaire et boucs émissaires

    L’ampleur du drame (le nombre de gens gravement malades) a amené la population à se mobiliser. Elle a commencé à organiser des séances d’information d’abord et des manifestations pacifiques ensuite, au nom du « droit à la vie ». La principale revendication de ces manifs est que les responsables soient publiquement désignés. Mais que peut-on attendre des représentants politiques dans un pays déchiré par la guerre civile depuis quatre ans et où les milices armées du pouvoir ont mis la population au pas ? Finalement, face à cette crise, le gouvernement de transition a démissionné. Mais alors à qui la population peut-elle s’adresser ?

    Il y a bien eu sept arrestations de responsables, deux dirigeants de Trafigura et des patrons d’entreprises travaillant sur le port d’Abidjan. Mais à part ces responsables-là, ce sont surtout les chauffeurs de camions qui ont transporté les produits toxiques qui sont stigmatisés et présentés comme les ennemis publics numéro un. A la télévision et à la radio, des avis de recherche, donnant les numéros d’immatriculation des camions passent d’ailleurs en boucle, invitant la population à venir témoigner à la police. Bien sûr, ces travailleurs ont fait un sale travail et se sentent coupables, mais comme le témoigne l’un d’eux : « On n’a pas pensé un instant que le produit n’était pas bon : tout s’est passé en plein jour, sous le contrôle des corps de police. Cela n’avait rien de clandestin. Si on avait su ce qu’on transportait, jamais on ne l’aurait fait. »

    L’affaire du Probo Koala n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque année, 4 ou 5 cas comparables de déversements (ou de tentatives de déversements) sont signalés. Selon les données collectées par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, la quantité de déchets dangereux exportés est passée de 2 millions de tonnes en 1993 à 8,5 millions de tonnes en 2001. Le trafic illicite de déchets rapporte des milliards de dollars. Et ce n’est pas non plus pas un hasard si les déversements ont lieu surtout dans des pays d’Afrique et de l’ex-Union Soviétique – là où les règles de sécurité sont minimales et la corruption maximale – au mépris de la santé de la population. La mondialisation du commerce a produit la mondialisation du trafic des déchets et celle-ci non plus ne fait pas de cadeaux aux plus faibles.

  • AFRIQUE: OU LE SOCIALISME OU UNE BARBARIE SANS CESSE PLUS GRANDE

    L’Afrique est ravagée par un ouragan de pauvreté. C’est le seul continent devenu plus pauvre depuis 1980. Près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. La faim s’étend presque comme une maladie. Des millions d’africains sont mort faute de nourriture. Et l’avenir s’annonce plus triste encore. Le rapport de l’UNDP/UNICEF dit qu’en 2015 l’Afrique pourra nourrir moins de la moitié de sa population.

    Dagga Tolar et Peluola Adewale

    2015 est aussi l’année que les dirigeants du monde ont fixé comme date pour réduire la pauvreté et la faim de moitié entre autres « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD). Ces objectifs incluent également la réduction de la mortalité infantile de 75% et l’arrêt de l’extension de l’épidémie de SIDA/HIV. Cependant, la Banque Africaine de Développement a déclaré que l’Afrique est la région la moins prête à réaliser ces objectifs. Les Nations Unies ont exposés que si les indices de développement sociaux continuent sur leur voie, l’Afrique ne pourra rencontre les OMD qu’après 150 ans ! Plus de trois quarts des décès dû au SIDA se situent en Afrique sub-saharienne, et 65% des malades du SIDA vivent sur ce continent. Pour rendre les choses pires encore, l’histoire post-coloniale de l’Afrique est remplie des horreurs de la guerre qui ont pris la vie de millions de travailleurs.

    Les statistiques ci-dessus qui démontrent largement le sous-développement de l’Afrique sont horribles. Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que la situation soit si épouvantable malgré des richesses stupéfiantes ? Les Socialistes disent que le capitalisme est coupable. Lénine le qualifiait d’horreur sans fin. Ce système basé sur les inégalités répand ses méfaits en Afrique plus encore que partout ailleurs. En terme de ressources naturelles, l’Afrique est peut-être le continent le plus riche au monde. Mais le capitalisme, à toutes ses étapes de développement, a extirpé du continent ses ressources, du commerce trans-Atlantique d’esclaves à travers le colonialisme à l’époque impérialiste. Les politiques néo-libérales d’aujourd’hui n’ont fait qu’empirer la situation des masses. Le continent est pillé de ses ressources pour financer son développement et pourvoir aux besoins basiques de la population. Les gouvernements comptent sur le capital étranger, pour la plupart sous forme de prêt avec des intérêts exorbitants qui sont autant de fardeaux étouffants.

    A présent, l’impérialisme mondial utilise la triade de la dette, de sa domination sur le commerce mondial et de la corruption des dirigeants africains comme armes pour forcer l’Afrique à se prosterner face au pillage impudent de ses richesses à travers les politiques néo-libérales.

    Les fardeaux de la dette et le néo-libéralisme

    En octobre 2005, l’Afrique avait remboursé 580 milliards de dollars à ses créditeurs (les nations et institutions impérialistes) pour une dette originale de 540 milliards de dollars, et il reste encore 330 milliards de dollars à payer. En luttant pour rembourser ces dettes, les gouvernements négligent l’éducation, la santé, l’approvisionnement en nourriture et autres besoins basiques des travailleurs. Les gouvernements ont pris le poison du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) ou les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation, de libéralisation du commerce, de coupes dans les dépenses publiques, etc., comme conditions pour récupérer les possibles restes de la souffrance due à une dette largement fictive et odieuse.

    Ce n’est donc pas accidentel si l’Afrique a le plus haut taux de malades du SIDA. Africa Action a dénoncé qu’en 2003 les pays africains ont dépensés plus de 25 milliards de dollars en remboursement de dettes, et ce même si 2,3 millions d’Africains ont perdu leur vie à cause du SIDA. Cette année, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que 4,1 millions d’Africains touchés par la maladie ont un besoin urgent de médicaments anti-rétroviraux, mais seulement 50.000 personnes peuvent en avoir.

    Le capitalisme et les politiques néo-libérales sont les causes majeures de faim en Afrique. Craig Timberg, du Washington Post a écrit que, bien plus que les désastres naturels comme la sécheresse ou le changement de climat, la famine que connaît le Niger est principalement due à la politique de libre marché débridée appliquée par le gouvernement nigérien. A la demande de la Banque Mondiale, le Niger a abolit le contrôle des prix avec pour conséquence que les prix de la plupart des denrées comestibles sont maintenant au-dessus des moyens d’une large part des travailleurs. Les taxes imposées sur la nourriture ont menés à deux actions de protestation massives pour le seul mois de mars 2005. Tout cela dans la lignée des demandes de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International concernant les « Pays Pauvres Hautement Endettés », initiatives entraînant le néo-libéralisme. Ceci explique pourquoi les autres pays pauvres, comme le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Ethiopie et le Mali sont dans la même angoisse face à la faim que le Niger et neufs autres pays africains, récemment assurés de l’annulation de leur dette extérieure après des années de soumission ininterrompues aux dictats du FMI et de la Banque Mondiale.

    Commerce inéquitable

    A travers le commerce inéquitable, l’Afrique a été pillée de ses énormes ressources. Entre 1980 et maintenant, la part du continent dans le commerce mondial a chuté de deux tiers, de 6% en 1980 à moins de 2%. Le prix de ses principales exportations ne cesse de plonger. Une étude a révélé qu’entre 1980 et 2001, les prix du café ont plongé de 85%, ceux du cacao de 67%, d’huile de palme de 60% et ceux du cuivre de 41%. Les autres exportations du continent à l’exception du pétrole, suivent la même tendance. Les pays impérialistes qui prêchent le dogme du libre commerce, libéré de tout subsides, etc. imposent des barrières artificielles aux produits africains et subsidient lourdement leurs riches fermiers. On estime que les pays développés dépensent 200 milliards de livres sterling par an pour subsidier leurs agriculteurs, soit 17 milliards de livres sterling en plus que le Produit Intérieur brut de l’entièreté des pays africains. La Banque Mondial déclare que si l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe laissaient tombés leurs barrières aux produits africains, les exportations africaines augmenteraient de 1,5 milliards de livres sterling par an.

    Mais pourquoi l’Afrique est-elle dans cette situation? Fondamentalement, la réponse est que l’économie mondiale est depuis longtemps dominée par les classes dirigeantes et compagnies des pays riches. Les 500 plus grandes compagnies internationales contrôlent 70% du marché mondial, alors que les 50 plus grosses banques et compagnies financières contrôlent 60% du capital global. Aujourd’hui, 300 multinationales et banques importantes effectuent 70% des investissements directs à l’étranger.

    Cette domination bloque le développement de rivaux indépendants de ces monopoles. Là où de nouvelles technologies et produits se développent, ils sont rapidement dominés par les pouvoirs impérialistes. Les exceptions à cette règle générale, comme la Corée du Nord ou la Malaisie, furent aidés par l’Ouest durant la guerre froide pour des raisons stratégiques. Dans le cas unique de la Chine, les bases économiques de son récent développement furent construites sur les avancées initiales dans l’infrastructure et l’éducation rendues possibles par une économie nationalisée et planifiée, malgré les effets de la direction anti-démocratique du stalinisme maoïste.

    Dirigeants corrompus

    La douleur de l’Afrique est combinée à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il est intéressant de voir que la corruption n’est en rien limitée à l’Afrique ou aux pays en voie de développement. La chute d’Enron, le géant américain de l’énergie, par exemple, démontre que la corruption est universelle sous le capitalisme. La plupart des ressources qui échappent au commerce inéquitable ou au remboursement de la dette sont volées par les dirigeant pro-occidentaux corrompus et placés dans des comptes privés en Europe et en Amérique du Nord. Ce vol montre aussi qu’ils n’ont aucune confiance envers le développement des pays africains sur une base capitaliste. Le capitalisme néo-libéral, philosophie régnante de gouvernance, a donné plus d’assises aux dirigeants africains pour le pillage, car ils n’ont plus à utiliser ses ressources pour les besoins basiques de la population. Les gains initiaux qui suivirent l’indépendance et avaient procurés des investissements relatifs de la part des gouvernements nationaux dans les services sociaux et entreprises publiques ont été érodés par les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation et de coupes dans les dépenses publiques.

    La guerre et la question nationale

    Le néo-libéralisme pousse la masse de la population vers la pauvreté et la marginalisation et ne peut résoudre les questions nationales, héritage du colonialisme, qui sont dans la majorité des cas aux racines des guerres qui ravagent le continent. La plupart des pays africains sont des créations artificielles des maîtres coloniaux pour leurs intérêts stratégiques et économiques sans regards pour les différentes nations, histoires, traditions et langages qu’ils ont réunis.

    Il est clair que l’élite bourgeoise africaine est incapable de résoudre la question nationale. Les sections mécontentes de l’élite dirigeante capitalisent le désenchantement des masses laborieuses pour asseoir leurs gouvernements et exploitent les différentes ethnies pour les mobiliser dans des guerres, qui sont en fait dirigées pour servir leurs seuls intérêts. Hors de ces conflits, ils tirent des avantages excessifs pour prendre directement le pouvoir ou négocier pour être intégrer dans la classe dirigeante, au détriment des masses laborieuses utilisées comme chair à canon. Ces guerres ont laissés des millions de travailleurs sans vies, blessés pour le restant de leurs jours, ou encore sans logements. Les statistiques révèlent qu’il y a eu 4 millions de morts au Congo, 2 millions au Soudan, et 1 million au Rwanda, sans parler du Sierra Leone, du Liberia, de l’Ethiopie/Erythrée, de la Côte d’Ivoire, etc. où les guerres ont récemment coûtés des centaines de milliers de morts.

    Seule les masses laborieuses peuvent résoudrent les questions nationales en supportant les droits des nations et minorités, en incluant l’autodétermination des peuples, tout en luttant pour des mouvements unifiés contre les ennemis communs. Une caractéristique d’un réel mouvement des travailleurs est de voir des personnes issues de différentes nationalités marchant côte à côte contre les attaques capitalistes contre leurs conditions de vie. Cela montre le potentiel pour construire des mouvements unifiés capables de transformer la société.

    Le rôle des travailleurs

    La descente actuelle de l’Afrique vers la barbarie est une expression de la faillite de l’impérialisme et des élites capitalistes locales à développer l’économie africaine et les standards de vie de la population. Pour toute la période qui suivit l’indépendance de l’Afrique, tant les militaires que les sections civiles de la classe capitaliste ont dirigés le continent avec les mêmes effets contre-productifs et ruineux. En terme de développement économique général et de niveau de vie des travailleurs, l’Afrique aujourd’hui est encore plus loin derrière l’Europe et les pays capitalistes avancés que ce n’était le cas il y 4 ou 5 décennies.

    Cependant, une infime partie de la population africaine est aussi indécemment riche que les capitalistes des pays développés. C’est le résultat du vol des budgets gouvernementaux, et de la collaboration avec l’impérialisme pour piller le reste des africains et les ressources matérielles.

    Il ressort de l’histoire du capitalisme, et en particulier de l’histoire limitée du capitalisme en Afrique, que seule la classe ouvrière possède le potentiel de mettre fin à ce système qui signifie la misère pour les masses à côté d’une abondance indescriptible.

    Les progrès de la civilisation moderne restent pour une large part une application des connaissances technologiques pour convertir les ressources naturelles en produits fini consommables. Sous la logique capitaliste qui prévaut actuellement, la plupart de ces connaissances technologiques et des ressources mondiales sont passées sous la propriété privée d’une poignée de corporations ou de propriétaires capitalistes. Et c’est là que ce situe la contradiction majeure. Alors qu’au niveau international et même dans plusieurs secteurs de l’économie, continents ou pays, il existe une abondance de connaissance techniques et de ressources pour donner une vie décente à toute personne sur terre, la nature d’égoïsme et de profit du capitalisme fait que dans la majorité des cas, ces potentiels sont irréalisés.

    Pourtant, le côté positif du capitalisme est le développement et l’existence de la classe ouvrière. C’est la classe sociale qui a en main les clefs des opérations journalières du système sans lesquelles rien ne peut se passer et qui est également capable d’actions collectives.

    Pour pourvoir aux besoins de tous, et non d’une minorité, la classe ouvrière, supportée par d’autres couches de pauvres, doit mener une révolution sociale. Cela entraînera la propriété commune et un contrôle démocratique des commandes de l’économie et des ressources avec une planification et une organisation centralisée vers l’utilité, et non le profit.

    Il est extrêmement important de remarquer que l’histoire contemporaine de l’Afrique est en elle-même très riche en mouvements de masses et de luttes. Uniquement l’an dernier se sont déroulées des protestations de masse contre les politiques néo-libérales et capitalistes au Mali, au Liberia, au Burkina Faso, au Niger, en Afrique du Sud, au Nigeria etc.

    Des années ’90 au début des années 2000, c’est la classe ouvrière qui a mené les protestations/luttes/révoltes qui aidèrent à la défaite des gouvernements capitalistes impopulaires de Kerekou en République du Bénin, et de Kenneth Kaunda en Zambie. Le Mouvement pour des Changements Démocratiques au Zimbabwe dirigé par Morgan Tsvangirai s’est initialement développé à partir des syndicats et de la résistance de la classe ouvrière contre le gouvernement de Robert Mugabe. En Afrique du Sud, seul le COSATU a mené des grèves et des manifestations de masse contre la politique anti-pauvre et néo-libérale du gouvernement capitaliste de l’ANC.

    Au Nigeria, l’actuel pro-impérialiste et anti-pauvre gouvernement du président Olusegun Obasanjo a été ébranlé jusqu’aux racines en plusieurs occasions par une série de grèves et de protestation massives menées par le mouvement syndical.

    Malheureusement cependant, toutes ces luttes, nombreuses et collectives, ont montré la faiblesse qui doit être dépassée pour passer de la protestation et de la défensive vers le changement du système. Cela requiert la construction d’un mouvement avec un programme clair et une direction n’ayant pas peur d’affronter le capitalisme.

    Les socialistes disent que l’Afrique sortira seulement du cercle vicieux de déclin en rompant avec le capitalisme et en prenant les ressources économiques du continent des griffes de l’impérialisme et des capitalistes locaux. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que les ressources seront utilisées dans les intérêts de la majorité de la population. Ce n’est pas l’ancien système où l’élite locale pille l’Etat et les entreprises nationalisées à leurs propres fins. Au contraire les socialistes luttent ils pour une nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs pour prévenir de la corruption et assurer que les ressources sont utilisées dans l’intérêts des masses laborieuses.

    L’Afrique n’est pas seule à avoir un avenir incertain sous le capitalisme. La santé de l’économie mondiale aujourd’hui est de plus en plus précaire. Internationalement, les travailleurs, y compris d’Europe et des USA, ne voient qu’un avenir fait d’attaques continuelles envers leur niveau de vie et leurs emplois. Dans cette situation si, même dans un pays africain, une cassure socialiste avec le capitalisme est effectuée, cela aura un écho gigantesque dans les autres pays africains et au-delà. C’est à travers cet impact international que l’isolement d’un pays en rupture avec le capitalisme pourra être dépassé. C’est sur cette base que les socialistes voient l’unité réelle des peuples d’Afrique.

    Mais pour faire cela, un programme et une politique clairement socialiste ainsi qu’une classe ouvrière disciplinée sont nécessaires. Sans cela, il y a le danger que les luttes ne mènent qu’à un simple changement du gang de voleurs au pouvoir. C’est ce qui s’est produit dans la Zambie de Chiluba, un gouvernement formé d’anciens activistes des syndicats, qui mène une politique néo-libérale. Bien sûr les travailleurs peuvent lutter aux côtés d’autres forces sociales dans certaines luttes, quand cela concerne des buts économiques, sociaux ou politiques. Cependant, à l’intérieur de ces mouvements, les socialistes défendront qu’un changement fondamental, la fin du capitalisme, est nécessaire pour rendre permanente n’importe quelle victoire obtenue lors de ces luttes partielles.

    En République du Bénin, les mouvements de masse de la classe ouvrière furent assez fort que pour mettre fin au gouvernement de Kerekou, mais par manque de leurs propres organisation et dirigeants, il n’y eu d’autre choix que d’investir Mr Soglo, un dissident de la classe dirigeante capitaliste, qui ne fit naturellement que continuer la politique antisociale au pouvoir.

    Tristement également, la tentative de créer un parti des travailleurs au Zimbabwe ne s’est soldée que par la fondation du parti pro-capitaliste MDC, ce qui a enlevé à la population une opportunité de combattre et de vaincre le parti capitaliste du dirigeant Mugabe. De façon similaire, c’est le manque d’alternative, de politique socialiste et de détermination pour chasser le gouvernement Obasanjo qui a permis que le très haï président du Nigeria soit capable de comploter pour s’assurer de revenir au pouvoir après la fin de sa législation, en mai 2007.

    Pour arrêter le déclin économique et les horreurs de la guerre qui ravagent l’Afrique, la création de mouvements politiques et d’organisations de luttes pan-africaines de la classe ouvrière jointes à la tâche ultime de l’abolition du capitalisme, la cause principale de l’inégalité sociale et des troubles. Cette tâche ne peut être transposée par les masses laborieuses africaines, les jeunes et les révolutionnaires.

    Rejoignez nous!

    “Tout spectateur est autant un lâche qu’un traître”– Amica Cabra. Si vous êtes mécontent des politiques anti-pauvres menées par les gouvernements africains pro-impérialistes et intéressés de lutter contre ces politiques, l’organisation à rejoindre est le Comité pour une Internationale Ouvrière. Le CIO (CWI en anglais) est une organisation socialiste internationale présente dans près de 40 pays et qui travaille à l’unité de la classe ouvrière et les peuples opprimés contre le capitalisme et pour lutter pour un monde socialistes. Le CIO a des sections au Nigeria et en Afrique du Sud.

    Pour plus de détails, écrivez au CIO/CWI, PO Box 3688, London, E11 1YE, Britain ou envoyez un e-mail à cwi@worldsoc.co.uk.

    Pour écrire au DSM au Nigeria, envoyez un e-mail à: dsmcentre@hotmail.com. Le site du DSM est: www.socialistnigeria.org et celui du CIO/CWI est: www.socialistworld.net

  • Retrait des troupes françaises!

    CÔTE-D’IVOIRE

    DÉBUT NOVEMBRE 2004, l’armée française a tiré sur des manifestants qui protestaient contre l’occupation de certains bâtiments. Bilan: 57 morts et 2.226 blessés…

    Aïsha Paulis

    La Côte d’Ivoire, pays riche en ressources naturelles, est divisée depuis 2002 entre un président qui s’accroche au pouvoir et une rébellion qui s’organise et réclame sa démission. Le gouvernement actuel de Gbagbo se base sur les divisions ethniques pour maintenir son pouvoir. Lors des élections présidentielles de 2000, il a centré sa campagne sur la question de l’ivoirité (concept repris ensuite par l’ensemble des politiciens). Cette notion vise à rendre plus difficile la reconnaissance ou l’acquisition de la nationalité ivoirienne en obligeant à justifier plusieurs générations de parents ivoiriens.

    Gbagbo s’appuie également sur des bandes armées comme les Jeunes Patriotes, qui commettent pillages, viols… Ceux-ci développent également une politique raciste anti-blanc, en accusant notamment l’armée française de soutenir les rebelles. C’est sur cette base qu’ils ont détruit 4 écoles françaises, bien qu’une majorité d’inscrits étaient ivoiriens. Cette politique est payée par la population qui voit ses écoles attaquées.

    Le gouvernement français a jusqu’à présent maintenu la situation telle quelle, en cherchant quel serait son meilleur allié. Les multinationales françaises comme Bouygues ou France Telecom … ont en effet beaucoup d’intérêts en Côte d’Ivoire. La France intervient donc régulièrement dans la politique intérieure ivoirienne. C’est d’ailleurs dans l’optique de protéger ses intérêts économiques que le gouvernement français a imposé les accords de Marcoussis, qui étaient censés redémarrer le processus de paix.

    Mais le gouvernement de Gbagbo refuse de continuer si les forces rebelles ne sont pas désarmées. La reprise des combats fut un prétexte pour l’armée française, dont 4 000 hommes sont sur place, à occuper différents bâtiments, ce qui a provoqué une forte réaction parmi la population ivoirienne. Des manifestations ont eu lieu début novembre, et ont été réprimées dans le sang par l’armée française. Ces évènements montrent bien que la politique impérialiste de la France est toujours bien présente.

    Aucune des deux parties n’offre une solution pour la majorité de la population, les jeunes, les travailleurs et les paysans face aux politiques impérialistes françaises ni à la situation sociale en Côte d’Ivoire. Ce qui manque, c’est un parti d’opposition unissant la population au delà des divisions ethniques, de sexe, de religion … qui met en avant une société basée sur les besoins et les capacités de chacun.

  • Campagne pour les droits démocratiques au Nigeria

    Le Nigeria est l’une des économies les plus grandes d’Afrique avec de vastes réserves de pétrole et d’autres ressources naturelles.. Une énorme richesse s’est accumulée, mais la plupart est sur les comptes bancaires à l’étranger de riches et corrompus hommes d’affaires et politiciens. Le régime militaire est officiellement terminé au Nigéria et cependant encore fréquemment il y a des meurtres de civils par la police / l’armée.

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Quand aux élections, quand elles existent, il est de notoriété publique qu’elles sont truquées avec des chiffres de résultats électoraux pour les partis dirigeants impossibles comme 99,92% ! Les candidats de l’opposition et notamment ceux présentés par des socialistes, souvent ont leurs votes abaissés ou falsifiés, les privant ainsi de leur droit de représenter le peuple.

    Politiciens corrompus et élections truquées

    L’actuelle ministre des finances, Ngozy Okonjo-lweala, a accepté de prendre ce travail à condition qu’elle soit payée en dollars US, ce qui veut dire 247 000 dollars par an (235 000 euros), plus que ce que de nombreux ministres reçoivent en Europe ! Le Département d’Etat américain cite au sujet des élections de 2003 que ça n’a "pas été en général des élections libres et loyales et donc qu’ [elles] privent les citoyens de leur droit à changer de gouvernement."

    Le pire des aspects de la vie quotidienne de l’écrasante majorité des nigérians c’est la lutte pour survivre. Les salaires, quand ils sont versés en temps et en heure, ne sont en aucune manière gardés, sont dépassés par l’inflation et dépensés rapidement en raison de la hausse galopante du prix de l’essence sur le marché local. Il y a eu des hausses successives du prix du pétrole et du kérosène l’an dernier ainsi que la proposition d’imposer une nouvelle taxe d’achat sur l’essence.

    Ces mesures ont conduit la masse des travailleurs et des pauvres à manifester qui ont contraint les dirigeants des syndicats d’organiser trois grèves générales depuis juin 2000. Comme la nourriture est acheminée traditionnellement chaque jour vers les villes, seulement de petites quantités non refrigérées sont disponibles, il est donc extrêmement difficile de maintenir une grève générale de longue durée. Quoiqu’il en soit, la force du ressentiment a été telle que les grèves de juin et juillet 2003 ont duré huit puissantes journées.

    A cette époque, le gouvernement du président Obasanjo a été contraint de faire quelques concessions, mais ensuite, l’austérié néolibérale et les politiques de privatisation ont continué. Son gouvernement continue de gonfler le prix de l’essence.

    La campagne pour les droits démocratiques et des travailleurs au Nigéria

    La campagne pour les Droits Démocratiques et des Travailleurs a pour but de renforcer le mouvement ouvrier au Nigeria, en particulier ses militants de base, en organisant des échanges sur les expériences de mobilisation et en assurant la solidarité matérielle, morale et financière.

    Nous voulons soutenir les campagnes des étudiants contre les financements de misère dans l’éducation et contre la répression politique face à leurs luttes. La campagne interviendra aussi dans la lutte des femmes pour des carrières et des salaires égaux, dans l’éducation et au travail et contre leur traitement par la loi et dans la société comme des citoyens de seconde zone.

    Les syndicats sont indispensables pour mener des luttes victorieuses. Leurs dirigeants, locaux et nationaux, risquent souvent d’être battus, arrêtés et même tués dans le cadre de leurs activités. Les meilleurs d’entre eux continuent à se battre sans se décourager.

    Diffusion de l’information

    La situation au Nigeria est peu connue dans le mouvement ouvrier international. Les soutiens fondateurs de la Campagne (listés page suivante) veulent faire connaître la situation critique des travailleurs, des femmes et des étudiants dans le pays.

    Nous voulons éditer des bulletins réguliers présentant les nombreuses violations des droits démocratiques et syndicaux au Nigeria et montrant le travail de ceux qui luttent contre cela. Nous voulons aussi récolter des fonds pour aider les militants sur place à mener campagne et à organiser la jeunesse, les femmes et les travailleurs. Cela implique de produire du matériel de campagne, de financer les déplacements des militants à travers le pays et d’avoir des locaux correctement équipés. Vous pouvez aider en finançant un ordinateur, un téléphone ou un générateur d’électricité. Tous les soutiens et contributeurs recevront des détails sur ce qui est nécessaire et la manière dont l’argent est dépensé.

    Nous organisons des tournées de meetings de représentants nigérians de la Campagne, mais nous pouvons aussi assurer la présence d’orateurs locaux.

    Nous pouvons envoyer des informations complémentaires et du matériel de campagne sur demande. Nous souhaiterions également que les organisations et/ou les individus fassent des collectes et des dons. Des virements automatiques sont aussi très précieux pour assurer un financement régulier de la Campagne.

    Solidarité et soutien matériel

    Nous tous qui faisons partie de cette campagne sommes convaincus qu’une campagne internationale peut avoir de grands effets. Nous faisons appel à vous, en tant que militants dans des pays où vous avez le "privilège" de pouvoir bénéficier de tous les droits démocratiques élémentaires, pour envisager dès que possible ce qui suit :

    – Ajouter votre nom ou celui de votre organisation à la liste des soutiens de la Campagne.

    – Organiser des meetings sur la situation au Nigeria.

    – Accueillir un membre de la Campagne venant du Nigeria ou de votre propre pays pour intervenir dans un syndicat, une organisation politique ou une réunion publique afin d’apporter son soutien.

    – Faire une donation importante au travail de la Campagne au Nigeria et/ou donner un ordre de virement bancaire pour un financement régulier de la Campagne.

    Si vous pouvez faire un versement direct sur un compte bancaire anglais, les références du compte sont : Intitulé du compte : "Campaign Nigeria". Banque : Loyds TSB. Code guichet : 30-95-03. N° de compte : 00563697.

  • Algérie, 50 ans après la Toussaint 1954. Les éléments d’une explosion sociale sont réunis

    Algérie, 50 ans après la Toussaint 1954

    Que se passe-t-il en Algérie ? Depuis le 1er novembre 54 et le déclenchement de la révolution algérienne, il y a 50 ans, et l’instauration du régime du F.L.N., les travailleurs et les jeunes algériens ont été dépossédés de leur révolution politiquement et économiquement.

    Leïla Messaoudi

    La balance commerciale du pays présente un excédent de 6,5 milliards de dollars pour les neuf premiers mois de 2004. Le FMI déclare la "situation assez favorable" et note les avancées dans les réformes structurelles, notamment la restructuration du secteur bancaire. L’ambassadeur américain annonce que les Etats-Unis appuieront l’Algérie dans son "processus d’adhésion à l’organisation mondiale du commerce (O.M.C.)". Et la France essaie de se maintenir en envoyant régulièrement des ministres en visite.

    Gouvernement d’Ouyahia : un gouvernement pour les capitalistes

    Aujourd’hui, le gouvernement d’Ahmed Ouyahia dépossède les Algériens des richesses produites, exportées en grande partie, comme le pétrole et le gaz. Les importations sont pour "l’équipement industriel". 2003 a été une année de forte croissance économique pour l’Algérie sans que les Algériens en voient les effets sur leurs conditions de vie, bien au contraire. Des émeutes quasi insurrectionnelles se sont développées et se multiplient contre le pouvoir et ses préfectures depuis plus de 6 mois. Là sur l’eau, ici sur le logement ou tout simplement contre le zèle policier et gouvernemental sur les marchés pour contrôler les petits marchands, la multiplication des luttes est avérée. Partout les traces d’une population aux abois, des salariés non payés depuis des mois, soulignent les conditions sociales désastreuses dans lesquelles se trouvent les populations algériennes.

    En 2003, avant les élections, des grèves générales notamment des cheminots contre les plans de privatisation des secteurs publics avaient freiné les privatisations de Bouteflika.

    Un gouvernement "rouleau compresseur" contre les travailleurs

    Certains secteurs sont à nouveau touchés par des mouvements de grève illimitée comme, depuis le 18 octobre 2004, les praticiens de santé publique qui exigent la titularisation de 300000 vacataires dans la Fonction publique. Les dockers de la Coordination nationale des syndicats ont eux aussi mené une action coup de poing "d’alerte" le 26 octobre dernier contre la privatisation des chantiers navals qui menace des milliers d’emplois et plus de 3000 journaliers. Face à ces mobilisations, face aux émeutes, en particulier dans la région du M’zab, le gouvernement Ouyahia joue la carte de l’écrasement judiciaire et militaire des mouvements. De Ghardaia à Constantine, les procès contre les jeunes "émeutiers" se multiplient et sanctionnent par de la prison ferme.

    Quant aux mouvements sociaux, le gouvernement passe à l’offensive contre le droit de grève dans la Fonction publique. Des mesures exemplaires ont été prises contre les grévistes. Ainsi, le conseil de gouvernement a annoncé le non-paiement de tout jour de grève, ce qui brise l’accord fixant 3 jours déduits par semaine de grève. Il a déposé plainte contre les syndicats qui "entravent" le service public de santé par le recours à la grève illimitée et a engagé des procédures de licenciement des personnels en grève illimitée pour abandon de poste !

    Ces luttes sont en général dirigées par des syndicats autonomes et parfois certains affiliés à l’UGTA, le syndicat officiel. Ces mesures répressives sont valables pour tout mouvement illimité à venir! Avec cette batterie de mesures anti-ouvrières, le gouvernement met fin à l’un des derniers acquis gagnés lors du soulèvement d’octobre 1988. Rien de surprenant, non plus, que plusieurs journalistes soient censurés ou en prison. Prévoyants, Bouteflika/Ouyahia, les frères ennemis, montrent quels intérêts ils défendent, ceux des capitalistes algériens et étrangers qui veulent l’ouverture du marché algérien à la concurrence.

    Riposter en construisant l’alternative socialiste dans les luttes !

    Des syndicats autonomes combattent ces attaques mais l’UGTA est absente. Aucun soutien officiel aux luttes actuelles n’est donné par le syndicat majoritaire. Il ne juge pas utile de "déclencher les hostilités" contre Ouyahia comme il n’était pas officiellement opposé aux privatisations malgré sa base mobilisée. Une partie de la Commission nationale de la centrale appartient au RND, le parti de Ouyahia…

    Les nationalisations, le développement industriel du pays sont des acquis que les travailleurs algériens défendent. Les jeunes et les familles réclament des conditions de vie décentes, des loyers modérés et de l’eau et s’affrontent régulièrement au pouvoir qui sert les profits d’une poignée. Cette bataille entre en conflit direct avec les intérêts capitalistes.

    Les revendications sur les services publics, sur les conditions de vie posent la question politique du pouvoir. Le capitalisme cherche à avancer à grands pas en Algérie. Ce système ne pourra pas satisfaire les besoins quotidiens et vitaux des Algériens attaqués précisément par le gouvernement Ouyahia. C’est autour de revendications pour de véritables infrastructures (routes, eau, logements), contre les privatisations que les travailleurs peuvent se rassembler et se doter d’un programme qui s’attaque au système, au capitalisme.

    Renationaliser les secteurs privatisés, avoir des routes, ceci implique de contrôler et gérer l’économie. Qui mieux que les travailleurs peut le faire ? Le socialisme est la seule perspective pour l’Algérie, ce n’est pas "celui" des régimes staliniens mais une société gérée démocratiquement par tous et toutes, pour les besoins de tous, où les Algériens profiteront des richesses du pays. Pour cela, il faut construire un outil de lutte politique, un parti qui défende sans compromis au quotidien cette perspective de lutte et l’alternative socialiste au capitalisme. Le Comité pour une Internationale ouvrière se bat pour ça.

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

  • Retrait des troupes françaises et de l’ONU de Côte d’Ivoire!

    Côte d’Ivoire:

    Contre les politiciens corrompus, pour une Côte d’Ivoire gouvernée par les travailleurs, les jeunes et les paysans !

    La situation en Côte d’Ivoire s’est encore dégradée. L’armée française, appelée à la rescousse par le président Gbagbo en 2002, joue désormais le rôle de gendarme et d’occupant. Ces troupes ne sont en Côte d’Ivoire que pour protéger les intérêts des multinationales notamment françaises, et cela sur le dos des travailleurs, jeunes, petits paysans… habitant la Côte d’Ivoire.

    Le risque d’une guerre civile est grandissant. L’attitude de Chirac et du gouvernement français ne fait qu’augmenter cette possibilité.

    A un an de l’élection présidentielle ivoirienne, la situation reste bloquée. Le pays est divisé en deux depuis octobre 2002. Les accords de Marcoussis, imposés par le gouvernement français, obligeaient à la formation d’un gouvernement composé de tous les partis ivoiriens. Une telle attitude impérialiste de Chirac ne pouvait que compliquer encore la crise.

    Le point central des accords était la modification de l’article 35 de la constitution ivoirienne, relatif aux conditions d’éligibilité, ce qu’on appelle l’ivoirité. Figurait également le désarmement des ex-rebelles du Nord, les Forces Nouvelles. Le groupe parlementaire du FPI, le parti du président Gbagbo, bloque le processus parlementaire tant que les forces nouvelles ne sont pas désarmées. Et celles ci pensent que si elles désarment elles n’auront plus de moyen de pression pour imposer la modification de l’article 35.

    Ivoirité, un piège

    L’ivoirité est un concept qui limite l’acquisition ou la reconaissance de la nationalité ivoirienne. Tous les politiciens ivoiriens ont participé au développement de cette notion raciste qui divise de plus en plus le peuple ivoirien sur des bases ethniques : Ouattara en créant la carte de séjour, Bédié en ayant recours à l’article 35 pour empêcher Ouattra de se présenter à la présidentielle de 95, Gbagbo en faisant campagne en 2000 sur le thème de la lutte contre la fraude à l’identité ivoirienne…

    Des politiciens au service du capitalisme

    Mais ces politiciens qui déploient autant d’efforts pour s’éliminer les uns et les autres, le font pour accéder au pouvoir car les enjeux économiques sont de taille. La Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial de cacao. Les multinationales françaises (Bolloré, Bouygues, France Telecom…) y font chacune des centaines de millions d’euro de chiffre d’affaire.

    Mais aucune de ces richesses ne va au peuple ivoirien. Au lieu de développer le pays, ce sont les multinationales et les politiciens ivoiriens à leur service qui bénéficient de ce pillage de la Côte d’Ivoire. L’armée française est en Côte d’Ivoire pour garantir la continuité de cela.

    Et c’est en agitant le racisme, et en formant leurs partis sur des bases exclusivement ethniques, que Gbagbo et les autres tentent de masquer leur complicité avec les groupes capitalistes. Des groupes comme les « jeunes patriotes » sèment la terreur pour veiller à ce qu’aucune contestation politique n’ait lieu et pour dévier la colère des ethnies les unes contre les autres. Une telle politique a favorisé le pillage, les violences et un racisme « anti-blancs » tels que la Côte d’Ivoire n’en avait jamais connu.

    Quelle issue?

    La Côte d’Ivoire, et l’Afrique en général, n’est pas condamnée à la corruption et à la guerre civile. C’est l’impérialisme notamment français et les politiciens locaux qui créent cette situation en acceptant la corruption, en plaçant leur enrichissement personnel avant les intérêts du peuple. La Côte d’Ivoire possède de nombreuses richesses qui pourraient permettre largement de développer le pays et d’apporter tout ce qui manque : eau, électricité, infrastructures, école et santé gratuites…

    Pour appliquer un tel programme, il faut un nouveau parti qui regroupe les travailleurs, les jeunes, les petits paysans, artisans et commerçants, homme ou femme, quelle que soit leur région d’origine, et organise la lutte indépendamment des politiciens corrompus, pour la satisfaction des besoins de tous.

    Un tel parti défendrait un programme de nationalisation des principales sources de richesses et des multinationales, et la gestion de l’économie par les travailleurs de manière planifiée et démocratique en fonction des besoins de tous et non des intérêts d’une poignée de corrompus. Il organiserait également la lutte contre les bandes qui sèment la terreur en organisant les habitants, les travailleurs, en groupes d’autodéfense, fonctionnant démocratiquement et ouvert à tous, sur la base des mêmes revendications pour tous. C’est un tel parti que les jeunes, les travailleurs de Côte d’Ivoire qui refuse de voir le pays sombrer dans la guerre civile et la corruption doivent construire dès maintenant. C’est le combat que la Gauche révolutionnaire veut aider à mener, pour une Côte d’Ivoire socialiste et démocratique, débarrassée du capitalisme, de la corruption qu’il entraîne… Une telle société permettrait à tous de satisfaire leurs besoins et de vivre ensemble dans la tolérance, et les mêmes droits démocratiques pour tous. Cela passe par le retrait immédiat des troupes françaises !

    Le Comité pour une internationale ouvrière dont la Gauche révolutionnaire est la section française, a des sections en en Afrique et sur tous les continents. Nous nous battons pour un monde socialiste, seul moyen de se débarrasser du capitalisme et des injustices qu’il entraîne. Rejoignez nous dans ce combat !

    Tracte publié par la ‘Gauche révolutionnaire’ section française du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO/CWI)

  • Algérie: le risque d’une explosion sociale?

    En Algérie, les tensions s’accumulent. Les grèves de l’automne dernier, la colère du peuple devant l’inaction de l’Etat pour reloger les victimes du tremblement de terre de Boumerdes, les émeutes quasi insurrectionnelles qui se multiplient dans de nombreux villages… en sont autant de démonstrations. Les classes dirigeantes sont très divisées comme l’a montré la scission du FLN entre les partisans de Benflis, ancien premier ministre, et ceux de Bouteflika.

    Alexandre Rouillard

    Le processus de restauration du capitalisme a été ralenti suite aux grèves dans de nombreux secteurs mais il a entraîné de nombreuses privatisations qui n’ont été évidemment profitables, que pour les anciens dirigeants. Ils essaient de se transformer au plus vite en capitalistes alors que le peuple vit toujours dans de mauvaises conditions. En 2003, l’Algérie a une croissance de 6,8%, mais le chômage officiel reste à 24%.

    Des milliards pour qui?

    En quatre ans de croissance continue, les dirigeants algériens ont largement permis que certains s’enrichissent sur le dos du peuple. La croissance ne repose en fait que sur deux secteurs: les hydrocarbures et l’agriculture, tous deux tournés avant tout vers les exportations. La balance commerciale est largement excédentarie (les exportations ayant rapporté 10 milliards d’euros de plus que les importations).

    Par contre, l’industrie et le bâtiment ont eu des croissances très faibles. Autrement dit, les milliards engragés ne vont ni directement à la grande masse des algériens ni même dans l’accomplissement de travaux publics ou le développement d’infrastructures et de services publics.

    Le début de restauration du capitalisme et l’accroissement de la production de gaz et de pétrole n’ont profité qu’aux mêmes: les dirigeants algériens et les nouveaux capitalistes. Tous accumulent des capitaux en attendant les prochaines privatisations. L’économie algérienne risque à tout moment une situation de rupture, ses capacités de production n’ayant pas été plus développées, sauf dans les hydrocarbures. Le risque de recourir de plus en plus aux importations peut en plus provoquer une vague d’inflation qui détruira les maigres augmentations de salaires gagnées l’an dernier.

    Comment réagir?

    Les grèves récentes dans les transports, les industries du pétrole etc. ont montré une réelle combativité des travailleurs algériens. Les émeutes dans de nombreux villages montrent que la colère contre les classes dirigeantes est loin d’être éteinte mais qu’elle cherche une voie.

    Le peuple algérien voit bien qu’une poignée s’enrichit sur le dos des travailleurs. Les acquis de la révolution algérienne qui avait, malgré la bureaucratie, assuré un certain niveau de vie et de développement, sont liquidés.

    Les partis qui ont participé à la presidentielle et les courants islamistes se battend en fait pour se partager le gâteau. Quant à la grande centrale syndicale, l’UGTA, elle avait accepté les privatisations, ne demandant que des aménagements en termes de "transparence" et c’est contre l’avis de sa direction que la base du syndicat a lutté.

    Le président Bouteflika a reconduit le même gouvernement qu’avant les élections. Les négociations continuent entre l’Algérie et l’OMC sur l’ouverture du marché algérien à la concurrence. Nul doute que le peuple algérien aura beaucoup à souffrir des nouvelles mesures qui risquent d’être prises. Bouteflika avait ralenti son programma de privatisations sous la pression des grèves, par crainte que les luttes ne s’étendent à toute la société. L’offensive du capitalisme va donc continuer et même se faire encore plus violente.

    Cette période va certainement voir une multiplication des luttes. C’est autour de celles ci contre les privatisations, pour de réelles infrastructures (routes, habitations, etc) que les travailleurs, les jeunes, les paysans pauvres etc peuvent se rassambler et avancer vers un nouveau parti. Ils devront alors se doter d’un programme de défense des intérêts des capitalistes algériens ou étrangers. Seule une organisation authentiquement socialiste de l’économie permettra que les énormes richesses de l’Algérie aillent réellement à l’ensemble de la population, pour la satisfaction de ses besoins, et mettre fin à l’exploitation capitaliste avec son cortège de misère, de chômage, de discriminations sexistes ou religieuses.

  • Le peuple marocain toujours victime du régime

    Le mois dernier, Chirac s’est rendu au Maroc pour réaffirmer une nouvelle fois le soutien sans faille de l’Etat français au régime marocain.

    Pascal Grimbert

    Après les années terribles du règne d’Hassan II, réprimant férocement les opposants, maintenant son peuple dans la misère et soutenant l’impérialisme en toutes circonstances, Mohammed VI s’était présenté comme un dirigeant moderne et ouvert aux réformes. Pourtant, après 4 ans de règne, rien n’a changé : la misère et les bidonvilles sont toujours là (4 millions de personnes y survivent), la répression se poursuit (comme avec l’emprisonnement du journaliste Ali Lmrabet).

    Alors, quels étaient les enjeux de cette visite ?

    Pour le gouvernement français, c’est renforcer sa présence et son influence dans le Maghreb, où les Etats-Unis veulent développer leurs intérêts économiques, avec la signature d’un accord de libre-échange avec le Maroc.

    Pour le gouvernement marocain, il s’agit de redorer l’image déjà usée de Mohammed VI. D’abord comme soutien traditionnel de l’impérialisme occidental, ce soutien devenant problématique face au peuple marocain, avec la guerre et l’occupation de l’Irak et alors que se durcit la guerre Israël – Palestine. Ensuite en tant que " rempart " face à l’islamisme fondamentaliste, rempart ébranlé après les attentats de Casablanca et les progrès électoraux du PJD (Parti Justice et Développement). Le gouvernement a tenté à la fois de composer avec le PJD, réputé " modéré ", et de durcir la répression anti-islamiste avec une vague d’arrestations et de condamnations (dont 16 à mort), allant jusqu’à la condamnation de deux jeunes filles de 14 ans par la juridiction antiterroriste. Malgré ses effets d’annonce, Mohammed VI marche sur des œufs pour réformer le code de la famille, en particulier le statut de la femme, toujours considérée comme mineure socialement et juridiquement. La question du Sahara occidental n’est, elle non plus, toujours pas résolue, après plus de 25 ans de conflit.

    Sur toutes ces questions, c’est le peuple marocain qui fait les frais de la politique du gouvernement marocain et des impérialismes : la jeunesse, condamnée à la misère et au chômage, les femmes, toujours opprimées par un statut moyenâgeux, les paysans, menacés par l’accord de libre-échange, les travailleurs, alors que l’économie est toujours minée par la corruption et l’accaparement des richesses par quelques grandes familles.

    Tout ceci ouvre un boulevard à la démagogie des fondamentalistes islamistes, alors que le principal parti autrefois d’opposition, l’USFP, s’est totalement discrédité par sa participation à un gouvernement de coalition.

  • Algérie : multiplication des luttes

    Actuellement l’Algérie est en pré-campagne, la bataille va être rude entre le président sortant qui voudrait obtenir un nouveau mandat et l’ex-premier ministre. A 6 mois des élections présidentielles, un conflit pour la conquête du pouvoir s’aggrave entre ces deux principaux rivaux où c’est à celui qui séduira le plus les électeurs alors que tout le monde sait que ces deux candidats sont du même ex-parti unique. Il y a également des concurrents d’autres partis qui n’attendent que le moment propice avant d’entrer en scène.

    Wahiba Anes

    Entre temps le pays est paralysé par leur duel, et une grande crise politique et sociale pointe son nez.

    Depuis quelques semaines déjà les grèves se multiplient dans différents secteurs et deviennent de plus en plus dures. L’un des problèmes primordiaux est celui du chômage alors que la population est majoritairement jeune et que l’inflation et la misère gagnent du terrain sur fond de corruption généralisée.

    Le ras le bol atteint la majorité des gens qui perdent espoir et s’inquiètent. Délaissés et livrés à leur propre sort, ils ne cherchent qu’à s’en sortir face à des problèmes que l’Etat devrait résoudre.

    Ceux au pouvoir ne pensent qu’à détourner les biens du pays pour leur propre intérêt et celui de leur entourage.

    Après divers changements gouvernementaux, aucun n’a pu réellement apporter une réponse concrète aux divers problèmes que rencontre la population. Or l’Algérie est riche tant en or noir (elle en est un des premiers exportateurs) qu’en richesses industrielles, dont certaines non développées, s’ajoutant à celles laissées en jachère, dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’urbanisme. Certains s’interrogent donc sur le taux élevé de sans emploi, alors que les travailleurs et les jeunes demandent qu’à sortir de la crise.

    On comprend le désarroi de la société algérienne dans sa majorité, notamment tous ceux qui cherchent à défendre les intérêts de ce pays dans le bon sens, pour la construction et le partage des biens équitables. On comprend encore mieux tous ces jeunes qui ne cherchent qu’à émigrer pour une meilleure vie et pour faire valoir leurs droits.

    Désormais, la population s’exprime dans la violence et l’émeute devient presque le seul moyen de se faire entendre. Dans ce climat de tension, bon nombre d’Algériens redoutent le pire comme après la défaite des luttes de 1988.

    Des grèves prennent de l’ampleur, de plus en plus d’organisations syndicales de divers secteurs comme celles organisées par la CNAPST dans l’éducation secondaire et technique, et le syndicat des cheminots de la SNTF. D’autres en soutien se joignent un peu partout dans les grandes villes et les provinces pour manifester leur mécontentement et leur désaccord vis à vis du gouvernement et de sa politique.

    Les raisons du mouvement de grève pour les cheminots sont :

    – l’augmentation du salaire et primes

    – les conditions de travail par rapport aux risques encourus dans leur métier

    – la vétusté du réseau ferroviaires, déficience des voitures et voies ferrées

    – l’insécurité durant le parcours

    Pour l’instant, le mouvement de grève des cheminots à été suspendu en raison de l’augmentation de leur salaire de base mais ils sont loin d’être satisfaits sur toutes leurs revendications.

    En revanche celle de l’enseignement secondaire et technique continue depuis plus de 4 semaines (92% de grévistes). Leurs revendications sont :

    – l’augmentation de salaires

    – la baisse de l’âge de retraite

    – le refus de la suspension de plus de 300 enseignants pour "grève illégale"

    En attendant, la politique économique suivie par le gouvernement donne une multitude de conflits. Rien que pour la période de 2003, le CNES a compté un chiffre important de jours perdus ; si on le convertit en monnaie, ce sont des milliards de dinars que l’Algérie a perdu, alors le plus juste est de financer les augmentations et les rénovations de certains secteurs.

    Mais tant que le pouvoir reste sourd aux revendications et continue à pratiquer la manière forte il ne fait qu’aggraver la situation qui mène le pays vers une fracture sociale plus importante et une faillite de l’économie nationale. La politique de privatisations, au seul profit des capitalistes (parfois très obscurs comme Khalifa), s’accompagne d’un délaissement complet de la population : les sinistrés du tremblement de terre de Boumerdès sont toujours sous des tentes alors que l’hiver approche.

    Les élections prochaines risquent d’être un signal d’alarme, celui d’une guerre interne, explosive entre différents partis.

    Une chose est sure ce dont l’Algérie a besoin c’est d’une perspective nouvelle pour offrir aux Algériens une réelle alternative au système actuel avec ses bureaucrates corrompus au service du capitalisme.

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