Category: Transports publics

  • Les chemins de fer sous pression – le personnel à l’offensive !

    Ces derniers temps, le personnel de la SNCB a lancé plusieurs actions et appels à la grève. Les mesures d’assainissement se multiplient et menacent tous les domaines, mais la résistance se développe. Pour contrer ces mesures antisociales, le personnel ne se contente pas toujours de suivre les directives des syndicats; la colère est grande parmi la base, et cette colère s’exprime dans des actions spontanées. Lutte Socialiste a interviewé deux militants combatifs.

    Par Jarmo (Anvers), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Quelle est la situation à la SNCB ? D’où proviennent toutes ces actions ?

    ‘‘Actuellement, il y a des préparations d’attaques contre le personnel de la SNCB, et ce à chaque niveau. Tant les politiciens traditionnels que la direction s’y préparent. Ces plans menacent non seulement les conditions de travail et les emplois des cheminots, mais aussi l’existence de la SNCB en tant que service public abordable. Tout est fait pour que la SNCB devienne une entreprise rentable et concurrentielle, ce qui va directement à l’encontre des intérêts du personnel et des passagers.’’

    ‘‘Les mesures d’austérité les plus drastiques visent actuellement surtout le transport de marchandises. Il est donc logique que c’est ce secteur que nous défendons le plus en ce moment. Une partie de la direction syndicale considère le transport de marchandises comme une cause perdue, nous savions donc très bien que si nous voulions que les choses bougent, il fallait les prendre en main nous-mêmes.’’

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    Pour réaliser cette interview, nous avons discuté avec deux collaborateurs du site d’action Libre Parcours. Pour des raisons évidentes, nous avons choisi de ne pas mentionner leurs noms. Plus d’infos, d’analyses, de rapports, etc. sont disponibles sur www.libreparcours.net
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    Comment avez-vous mis la lutte en route ?

    ‘‘Cela a été un travail de longue haleine. Durant la période calme, nous nous sommes préparés pour cette lutte qui apparaissait inévitable. Nous avons organisé des réunions avec des militants de tous les syndicats durant lesquelles nous avons constamment mis l’accent sur la nécessité de lutter. C’était important afin que ces réunions aient vraiment un sens et ne conduisent pas simplement à des renégociations. C’était aussi de bonnes occasions pour discuter avec nos collègues et nous préparer ainsi au combat à venir.’’

    ‘‘La SA Logistics a organisé des séances d’information dans des hôtels pour présenter ses nouvelles mesures. En fait, le but était de prendre les travailleurs individuellement et de leur mettre la pression pour qu’ils acceptent ces nouvelles conditions de travail impraticables. Ces séances ont mis le feu aux poudres. La colère parmi la base était énorme, et le développement des actions s’est alors accéléré.’’

    ‘‘Les actions et les piquets de grève ont été l’occasion de constater la grande combativité et l’implication de chacun. A l’un des piquets, des représentants de la direction se sont déplacés afin d’avoir une conversation avec quelques responsables. Nous avons refusé et leur avons demandé de s’adresser à tout le monde. Leurs positions et leurs discours ont encore renforcé la détermination au piquet.’’

    Envisagez-vous de poursuivre la lutte?

    ‘‘Absolument. Lorsque nous sommes confrontés à des attaques de cette ampleur, nous n’avons pas d’autre choix que de lutter. Nous sommes au pied du mur. Les piquets et les actions que nous avons organisés nous ont donné l’occasion de discuter avec nos collègues des mesures et de leurs conséquences.’’

    ‘‘Mais il est crucial d’établir un plan d’action. Il faut avoir des perspectives pour la lutte. Si nous sentons que les actions ne servent qu’à laisser échapper un peu de vapeur pour nous faire finalement accepter les mesures d’austérité, alors elles n’ont pas lieu d’être. Beaucoup de travailleurs ont maintenant le sentiment d’avoir leur propre lutte en main et de pouvoir pousser la direction syndicale dans la bonne direction.’’

    ‘‘Pour obtenir des résultats, nous devons discuter de la meilleure façon de mener la lutte. Nous croyons qu’il sera également nécessaire de regarder au-delà de nos frontières. La Belgique n’est pas le seul pays où les chemins de fer sont attaqués, et elle n’est pas non plus le seul pays où la résistance s’organise. Les grèves générales dans d’autres pays montrent l’exemple, nous avons besoin d’une résistance unifiée en Europe contre les mesures imposées par les autorités européennes. Il n’y a que de cette façon que nous pourrons obtenir des résultats.’’

    Quelles sont vos demandes spécifiques sur le long terme ? Quels résultats voulez-vous obtenir ?

    ‘‘Bien sûr, nous nous opposons aux projets d’assainissements proposés. Nous ne voulons pas d’assainissements dans nos emplois et nos conditions de travail, ni dans les services aux usagers. Nous voulons inverser la tendance actuelle de la libéralisation pour que la SNCB puisse devenir un vrai service public.’’

    ‘‘Pour cela, il faut se concentrer sur ce qui est nécessaire dans la société et ensuite faire correspondre l’offre aux besoins, afin d’être plus efficaces. Par exemple, pendant l’été, les locomotives et leurs conducteurs pourraient être affectés au transport de personnes. Durant cette période, il y a moins de marchandises et davantage de touristes. Ces mesures on ne peut plus logiques sont inapplicables à l’heure actuelle, en conséquence directe de la libéralisation.’’

    ‘‘Le fractionnement infini des services d’organisation (ateliers, transport de marchandises,…) conduit à des pertes importantes. Il faut comprendre que la politique libérale consistant à faire plus avec moins n’est pas seulement absurde mais aussi dangereuse. C’est une menace pour les conditions de travail et aussi pour la qualité des services et leur sécurité. Il faut à tout prix s’y opposer.’’

    Quel rôle les militants individuels peuvent-ils jouer dans la lutte ?

    ‘‘Ils peuvent jouer un très grand rôle. C’est pour cela que nous voulons réintroduire certaines traditions du mouvement ouvrier. Les piquets par exemple sont l’occasion idéale pour discuter avec les collègues et décider de l’avenir de la lutte. Cela nous donne aussi l’occasion de discuter avec d’autres travailleurs.’’

    ‘‘La tradition de solidarité avec d’autres secteurs doit aussi être réintroduite. Nous ne sommes pas les seuls à être menacés. Jetez un coup d’œil à l’enseignement, aux soins de santé,… Là aussi, il y aura des luttes. Espérons que des mouvements se développeront de façon combative. Car c’est uniquement par la lutte qu’on peut espérer gagner. Une lutte unifiée sera d’une importance cruciale pour mettre fin à tous les assainissements.’’

    Merci pour l’interview, et bon succès dans la lutte !

  • [INTERVIEW] Mouvement de grève dans les ateliers SNCB à Salzinnes

    Ce mercredi 09 novembre, un mouvement de grève a débuté dans les ateliers de la SNCB. Celui-ci a réagi à l’adoption du premier paquet ferroviaire le 15 novembre et des inquiétudes du personnel liées au plan Be Lean. Ce mouvement a également des racines plus profondes, puisqu’à Salzinnes, il y avait 1300 travailleurs il y a 30 ans, tandis qu’ils ne sont plus que 714 aujourd’hui. Alors que l’on prévoit une augmentation du nombre de passagers dans l’avenir, on sait que dans les 10 ans à venir, 50% du personnel de Salzinnes va partir en pension.

    Par Alain (Namur)

    La pyramide des âges dans l’atelier de Salzinnes a été fortement affectée par le plan De Croo qui s’est traduit par une période de 10 ans sans recrutement. C’est dans ce contexte que nous avons été interviewer Michel, délégué CGSP-Cheminot pour l’atelier de Salzinnes.

    Quelle est la raison de cette grève ?

    Il y a 3 raisons principales à cela. La première, c’est le plan d’économie qui prévoit une augmentation de la productivité de 4% par an jusqu’en 2015. Nous soupçonnons une volonté de la direction de vouloir augmenter la productivité et donc la pression sur les travailleurs et de diminuer le personnel via le non remplacement. Ce sera sûrement en fait un mélange des deux.

    Notre deuxième inquiétude concerne l’adoption au Parlement de l’Union Européenne du premier paquet ferroviaire. Il y a une volonté d’open-acces, c’est-à-dire que tout opérateur pourrait faire entretenir son matériel dans les ateliers de Salzinnes au prix du marché. Cela va rendre le travail des cheminots plus difficile. De plus, la structure de l’atelier à Salzinnes est particulière : elle compte 714 travailleurs actuellement, 7 hectares de bâtiments, 21 hectares de terrains. Tout cela a un coût puisqu’il faut différents services liés à l’entretient, à l’administratif, au service logistique, à la recherche et développement. Travailler au coût du marché avec une telle structure est difficilement tenable.

    La troisième raison est la philosophie Be Lean, mais en fait tout est lié en ce qui concerne Be lean et la volonté de faire des économies. Ce plan aura pour effet d’augmenter la productivité, d’augmenter la pression sur le travailleur et on va voir de plus en plus de non-remplacement. On peut déjà voir à l’œuvre cette philosophie dans les chaînes de montage. De plus, dans ce plan, qui se veut participatif, le travailleur doit lui-même amener des pistes d’amélioration.

    Ce plan est mis en place d’une telle manière qu’il rend la mobilisation difficile. En effet, il y a un phasage par section afin que l’ensemble des travailleurs ne soit pas au courant directement. La direction a une volonté d’éviter les coupes sombres, ils préfèrent une manière plus douce, plus lente mais le but reste le même j’insiste, l’augmentation de la productivité avec par exemple un listing des malades, etc.

    Quelle est l’ambiance dans les ateliers ?

    L’ambiance est assez morose, beaucoup de travailleurs ici on 20, 30 ans d’ancienneté, ils ont vécu, année après année, un ensemble de réformes qui n’a pas tout montré leur efficacité, et c’est peu dire !

    Il y a un questionnement par rapport à l’avenir de l’atelier de Salzinnes car beaucoup partent et peu rentrent. La question c’est donc quand est-ce qu’on ferme. Il faut donc rassurer le personnel et dire qu’on ne fermera pas Salzinnes, on ne peut pas abandonner, il y a des jeunes derrières.

    Quel est la suite de ce mouvement, y a-t-il un plan d’action ?

    L’activité syndicale n’arrête jamais, on attend la réaction de la direction sur le plan. S’il ne bougent pas on remettra ça. Pour 2012, il est prévu une augmentation de la charge de travail de 10%, cela n’est pas tenable car il y aura cette même année 40 personnes qui vont partir à la retraite sans compter les mutations. Cela veut dire qu’il y a un risque de sous-traitance.

    La radio a fait hier mention d’un piquet de « tradition » à Salzinnes, pouvez-vous me dire un mot sur cela ?

    Il y a toujours eu une certaine tradition de lutte à Salzinnes. Lors des actions, on met systématiquement un piquet, cela a pour but d’impliquer le personnel dans la lutte et de montrer que le site est bloqué. Avec le temps, il n’y a plus d’opposition, ni de critique ce qui renforce le mouvement de grève dont le piquet est l’expression. Cela rend le mouvement clair pour tout le monde, le personnel comme la direction. Personne n’y déroge, on ne rentre pas !!

  • SNCB : La mise à disposition de Logistics SA est illégale. Il faut rompre l’accord !

    Pendant toute une année des militants combatifs des différents syndicats ont demandé à leur direction d’étudier la proposition de mise à disposition des conducteurs statutaires du Groupe SNCB pour la société de droit privé Logistics SA. Libre Parcours a déjà écrit à plusieurs reprises que ce qui était proposé était douteux. Une analyse du département d’étude de la CSC Transcom vient maintenant confirmer cette position.

    Pendant la mise à disposition, il n’y a qu’un employeur, le travailleur, et le troisième parti est l’utilisateur. L’autorité incombe à l’employeur. Cette autorité ne peut qu’en partie être transférée à l’utilisateur et les négociations salariales ne peuvent pas être transférées. La direction de Logistics SA ne peut donc pas donner de prime aux conducteurs statutaires internationaux ou augmenter leur prime de découche. La description de la nature des tâches n’appartient qu’à l’employeur. Logistics SA ne peut donc pas imposer de tâches qui ne font pas partie des tâches du Groupe SNCB.

    Les conditions de travail sont encore plus importantes. Seul l’employeur peut décider des temps de travail et de repos, cela ne peut pas être le fait de l’utilisateur. Les conditions de travail peuvent être sujettes d’une convention entre le Groupe SNCB et Logistics SA. L’utilisateur doit alors surveiller la conformité. Libre Parcours veut bien connaître le contenu de cette convention…

    Si les conditions ne sont pas remplies, il n’y a pas de mise à disposition. Des discussions juridiques doivent être menées devant la Justice du travail. La notion d’employeur double est illégale, le contrat de travail double aussi. Il est inacceptable que des statutaires soient mis sous pression pour signer un contrat de travail avec Logistics SA.

    Une mise à disposition de durée illimitée n’est pas possible. Ce n’est donc pas possible d’être détaché à Logistics SA jusqu’à l’âge de la pension comme cela est mis en avant par sa direction. Le département d’étude de la CSC Transcom met encore en avant une autre question pertinente: est-ce que le Groupe SCNB a obtenu l’accord préalable de l’Inspection Sociale ?

    Le département d’étude de la CSC Transcom a également mis en avant les sanctions possibles, notamment d’une peine de prison de maximum un mois. Des peines de prison en dessous de trois mois ne sont pas effectuées à cause du sous-financement, mais même dans ce cas, la peine n’est pas proportionnelle à la souffrance. Des conducteurs individuels voient leur statut volé et tout un secteur est mis sous le contrôle de la soif de profit du privé. A côté d’une peine de prison symbolique, les responsables peuvent recevoir une amende pénale de 250.000 €. La sanction administrative est limitée à 20.000 €. Ce ne sont pas des montants qui vont impressionner le Groupe SNCB et Logistics SA.

    Si Logistics SA exercice l’autorité que le Groupe SNCB doit exercer, le contrat est déclaré nul et les parties seront liées à un contrat de durée indéterminée. Cela implique la perte de statut.

    Le département d’étude de la CSC Transcom conclut que la mise à disposition des statutaires à Logistics SA est illégal. La SA ne peut pas faire signer de nouveau contrat de travail sur base du Comité Paritaire 226. C’est l’employeur (le groupe SNCB) qui définit les périodes de travail et de repos. La seule formule qui est légalement possible sont ‘‘des prestations de services pour le compte de’’. Les conditions de travail et les temps de repos sont réglementés par le fascicule 541 qui reste la seule référence légale. Le département d’étude insiste que la CSC Transcom dénonce l’accord concernant la filiale de droit privé.

    C’est un soutien aux militants de la CSC Transcom qui s’opposent à la privatisation du fret ferroviaire. S’ils réussissent et que leur direction rompt l’accord, la direction de la CGSP Cheminots ne pourra plus se cacher derrière la signature de la CSC Transcom. Les militants combattifs de tous les syndicats pourront alors mener un combat efficace.

    Pour terminer ce commentaire. L’illégalité de cette construction est un argument important pour ne pas signer, pour refuser collectivement de faire le changement vers Logistics SA. Mais cela ne va pas plus loin. Si le Parlement décide demain de changer les lois, le but restera la privatisation. Logistics SA ne peut pas d’un jour à l’autre former 350 conducteurs contractuels. La SA a besoin de statutaires pour commencer. Le jour où ils n’en auront plus besoin, ils vont laisser tomber les statutaires et poursuivre les attaques contre les conditions de travail.

    • Analyse de la CSC Transcom en format PDF
  • Grève à la SNCF : Message de solidarité

    Ce mardi 8 novembre, différents syndicats français avaient appelés les travailleurs de la SNCF à partir en grève dans le cadre d’une journée d’action européenne contre la libéralisation du rail à l’appel de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF). Le Parlement européen doit aborder à la mi-novembre la poursuite de l’ouverture à la concurrence du rail européen. Les cheminots ont tout intérêt à dire "NON à la libéralisation" des chemins de fer et à lutter pour la défense de ce service public.

    “Chers collègues, le 27 octobre, les conducteurs de trains belges sont entrés spontanément en grève. Cette action a été suivie massivement dans tout le pays. Dans les jours  à venir, des actions vont avoir lieu dans les ateliers et chez le personnel de triage. La politique de libéralisation signifie pour nous un dé tricotage complet de notre statut, une grande incertitude quant au travail dans le secteur marchandises et des conditions de travail très pénibles. Par ex. pour les conducteurs : 15 à 20 jours de moins de repos par an, des services de 13 heures avec des coupures. Egalement la possibilité pour la direction d’écarter d’un coup de crayon  tout qui les gênerait dans le secteur marchandises : les malades, les femmes enceintes, les gens combattifs…

    "Afin de faire passer ces mesures de restructurations, la direction met une pression individuelle sur chaque conducteur, alors que nous sommes de plus en plus convaincus qu’il s’agit d’un combat collectif en Europe. Regroupons nos forces à l’avenir, prenons des contacts en vue d’une lutte européenne contre cette politique de libéralisation. Par ce biais, nous voulons déjà affirmer notre solidarité avec vos actions. Nous vous souhaitons beaucoup de succès, de la part des 99% de cheminots belges qui sont victimes de la libéralisation, en partant des conducteurs de trains d’Anvers Nord".

  • NON au plan d’économies de la SNCB !

    En octobre, le conseil d’administration du groupe SNCB a pris une décision quant au plan d’économies de la direction de la société de transport SNCB. Une première proposition comprenant la suppression de 300 trains et de 36 arrêts a été réduite à la suppression de 170 trains en Belgique, de 23 trains transfrontaliers et à une étude sur les arrêts. Réduire le nombre de trains, c’est réduire les prestations de conducteurs et d’accompagnateurs et, donc, le nombre de postes sera progressivement diminué. Aux guichets, on en déplorera la perte de près de 200. Un tiers du personnel dans l’administration ne sera pas remplacé et 650 postes sont menacés dans les ateliers.

    Article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    La direction a déclaré que 222 trains ne compensent même pas leurs frais énergétiques. Il faut dire que le contrat énergétique est très mauvais et coûte à la SNCB 10 millions d’euros de trop. Les chemins de fer sont une vache à lait pour les profits privés de Suez. La suppression de 170 trains touchera environ 2800 passagers, particulièrement des navetteurs qui travaillent en équipe et qui n’ont aucun moyen de transport public alternatif. Cela vient s’ajouter à ce que les voyageurs ont dû avaler précédemment en termes de retards et de trains annulés. Le conseil souhaite également introduire un supplément de 7 euros pour les voyageurs qui achètent leur billet sur le train. Cela ne va pas réduire la violence contre les accompagnateurs de train… Au cours du premier semestre de 2011, le nombre d’incidents avec agression sérieuse a augmenté de 15% par rapport à l’an dernier.

    La suppression des 170 trains diminuera les services fournis par la SNCB. Inévitablement, les assainissements dans les ateliers auront leurs répercussions sur le matériel, déjà problématique, avec tous les retards que cela entraînera. La SNCB veut de plus s’en prendre aux guichets et a commandé de nouveaux distributeurs de billets. Même s’ils fonctionnent mieux que les actuels, cela ne pourra jamais entièrement remplacer un être humain. Une machine ne peut répondre à aucune question. Pour les voyages internationaux, un marché ‘‘libéralisé’’, il faut déjà payer 7 euros de plus en prenant son billet au guichet et pas sur internet. Ces fermetures sont néfastes pour le service, mais cela supprimera également une présence visible des travailleurs des chemins de fer et des gares sans aucune forme de contrôle social.

    Rudi Thomaes, de la FEB (la fédéra-tion patronale belge), exhorte les négociateurs gouvernementaux à donner 910,6 millions d’euros pour sauver le groupe SNCB. Il veut aussi éviter de remplacer jusqu’à 16.000 départs en retraite. Aujourd’hui, de nombreuses catégories de personnel sont déjà confrontées à une pénurie de main-d’oeuvre. Par contre, il souhaite voir plus d’activités accordées aux sous-traitants.

    Il faut discuter de la façon d’organiser le transport de marchandises et de personnes. Quel que soit le choix, le financement doit suivre. Service public et profit sont incompatibles. La mauvaise gestion actuelle nous coûte beaucoup d’argent : l’an dernier, 210 millions d’euros ont été gaspillés en consultations externes. L’expérience actuelle du personnel est visiblement trop faible… La scission du groupe, mère de nombreux problèmes, coûtera 100 millions d’euros par an de plus en gestion et administration supplémentaires.

    Pour le second ‘‘sauvetage’’ de Dexia, l’argent public a immédiatement été disponible sous forme de garanties pour une ‘‘bad bank’’. Les profits privés doivent être sauvegardés à tout prix, contrairement aux cheminots et aux usagers. Nous sommes pour une société qui opère des choix différents. Organisons une résistance sérieuse ! Nous n’avons pas besoin d’actions qui ne font qu’évacuer un peu de pression, mais d’un plan d’action élaboré à la base et capable d’unifier le mécontentement du personnel et des voyageurs.

    Avec la logique de profit : vers 10.000 camions par jour en plus sur la route ?

    On demande au personnel du transport de marchandise de la SNCB de passer à SA Logistics. Cela ouvre la porte à une privatisation complète. Alors que Dexia est nationalisée, le fret va dans l’autre direction. Comme si le transport de marchandises par rail n’était pas une tâche de base du gouvernement…

    Le transport de marchandises par rail deviendrait limité aux éléments les plus rentables pour laisser le reste au transport routier ? Le transport ‘diffus’ (où les wagons sont d’origines diverses) est menacé. Ce transport représente 8.000 camions sur les routes en plus chaque jour. C’est extrêmement mauvais pour l’environnement, le trafic et le personnel. Mais la direction de la SNCB a l’oeil rivé sur les profits immédiats.

    La direction tient des séances d’information où le personnel peut se familiariser avec les conditions de travail et de salaire de Logistics SA. La direction demande au personnel de passer à la SA, mais ce n’est pas un véritable choix pour le personnel : le SA reprend le trafic de marchandise dans son intégralité.

    Afin d’éviter toute résistance collective, la direction met pression sur les travailleurs pour signer à titre individuel. A plus long terme, ces travailleurs doivent renoncer à leur statut pour continuer le même boulot en tant que contractuel. Dans un premier temps, le caractère statutaire restera sous une forme contestée (et probablement illégale), celle de ‘détachement’, c’est-à-dire que le personnel statutaire de la SNCB sera loué par la SA. Il est évident qu’il s’agit d’un tremplin pour un statut contractuel tout court.

    Le personnel craint qu’une nouvelle phase de la récession puisse immédiatement faire plonger Logistics, ce qui peut causer la faillite et la reprise de la division la plus rentable par un groupe étranger. On imagine très bien ce que cela signifierait en termes de conditions de travail.

    Actuellement, la pression est mise sur les travailleurs individuellement, par chantage : ne pas signer équivaut à perdre son boulot actuel, à être déplacé ailleurs dans le groupe SNCB. Mais SA Logistics ne peut pas fonctionner sans le personnel existant ! La formation de nouveaux conducteurs contractuels est coûteuse et prend du temps. Les conducteurs du transport de marchandises doivent utiliser cet élément dans la lutte collective pour le maintien de leur statut.

  • [PHOTOS] Grève des ateliers à la SNCB

    Depuis hier soir, les travailleurs des ateliers de la SNCB sont en grève, pour une durée de 24 heures. Ils luttent ainsi contre la restructuration de leur service, entre 650 et 750 postes étant actuellement menacés. L’introduction du programme Be Lean est notamment fortement critiquée par les cheminots. Il faut dire que ce programme visant à augmenter la pression sur les travailleurs a déjà été appliqué, à France Télécom par exemple, et son impact extrêmement négatif est cconnu (plusieurs travailleurs de France Télécom se sont suicidés sur leur lieu de travail). Des débrayages d’accompagnateurs de train ou de personnel de quai prennent aussi place en divers endroits. Voici quelques photos du piquet de Kinkempois, à Liège.

    Par Nico (Liège)

  • Quelques mots au sujet de la grève des ateliers à la SNCB

    Ce matin, différentes équipes de militants se sont rendus auprès des grévistes des ateliers de la SNCB. A Charleroi, nous avons notamment discuté avec un délégué de la CGSP.

    Par Ben (Charleroi)

    Libre parcours ? : Que pense-tu du projet B-lean ?

    Délégué CGSP : Le projet B-lean, nous, on voit ça comme un problème pour la sécurité, on va devoir faire plus avec moins et travailler plus vite. La pression va être mise sur les travailleurs. Et les 700 emplois qu’on va supprimer dans les ateliers, ça on ne peut pas l’accepter.

    Délégué CSC : On a déjà eu le problème avec Buizingen, si maintenant on commence à faire des économies sur le matériel, on court à la catastrophe.

    Puis, il y a le risque de privatisation, on a vu à quoi ça a conduit en Angleterre.

    Délégué CGSP : C’est clair, c’est le bon exemple. Nous on en veut pas de la privatisation, on veut garder la maintenance dans le service public. Le privé, c’est la rentabilité, mais nous, c’est la sécurité.

    Un message pour vos collègues ?

    Délégué CGSP : On sait qu’ils essaient d’implanter le projet à Salzinne et Ostende et que c’est pas facile pour nos collèges. Ici, au piquet, on voudrait apporter toute notre solidarité aux travailleurs de Salzinne et d’Ostende. On est avec eux et ce plan-là, on le combattra avec eux.

  • Chemins de fer : Ne croyez pas aux mensonges de Logistics !

    La direction de Logistics va expliquer ses conditions de travail lors de différentes réunions. Celles-ci n’ont pas été négociées avec les syndicats. La direction nous approche individuellement ; il faut lui donner une réponse collective. Ensemble, on est plus fort !

    Tract de Libre Parcours

    SNCB Logistics impose des conditions de travail de manière unilatérale, sans consulter les syndicats

    • Les conducteurs du trafic intérieur travaillent maximum 10h.
    • Les conducteurs internationaux travaillent 13h, dont 3h de “pause”. Le but est clairement de limiter le nombre de découches et de prestations.
    • Une prolongation du temps de travail de 36 à 38h par semaine est prévue, avec en conséquence la perte de 13 jours de compensation.
    • Une augmentation de salaire brute de  2%.
    • Une prime mensuelle brute de 100 euros pour les conducteurs internationaux, qui ne compensera pas la perte des primes de découche.
    • Une voiture d’entreprise avec carte essence (Skoda Break ou Sedan) pour commencer le service dans d’autres dépôts. Au maximum, une demi-heure de trajet sera considérée comme du temps de travail. De plus, nous serons taxés sur la voiture d’entreprise.

    Maintien du statut en cas de détachement externe ?

    Selon la loi, cela doit être temporaire. Seules deux périodes de 6 mois sont permises. Après, le statut expirera. Même si l’on inscrit le maintien du statut dans le contrat de travail, ou si l’on allonge le détachement, ce n’est pas conforme à la loi. La possibilité est réelle qu’un opérateur privé porte plainte. La direction syndicale doit dissiper cela au plus vite.

    Pas de reprise par un opérateur étranger ?

    Une fois que suffisamment de contractuels travailleront chez Logistics, la vente est possible. Avec une nouvelle crise qui arrive, et la menace d’une faillite, ce sera présenté comme inévitable.

    Ne pas signer = ne plus conduire ?

    On vous réutilisera au sein du groupe SNCB, mais vous perdrez votre ancien emploi, et tous les avantages qui vont avec. Pour ceux qui n’ont pas assez d’années d’ancienneté, cela signifie même une perte de salaire. C’est du chantage ! Mais ça ne fonctionne que si les autres signent.

    Sécurité de l’emploi ?

    L’insécurité des détachés est presque aussi élevée que celle des contractuels. Que fait-on en cas de maladie de longue durée ou de conflits sur des conditions de travail ou la sécurité ? Il suffit d’une signature pour que le Holding te réquisitionne. Fini les indemnités de sommeil et fini la voiture d’entreprise dans ce cas-là. On tombe sur un barème plus bas. Avec la croissance du nombre de contractuels, la position des détachés s’affaiblit. La sécurité de l’emploi, c’est justement le grand atout du statut.

    Ce n’est pas clair si SNCB Logistics dispose de suffisamment d’argent pour former les contractuels. De plus, c’est possible que ce ne soit pas moins cher que ‘louer’ des conducteurs statutaires. Logistics ne peux pas nous contourner; dans ce sens, nous sommes forts. A nous de refuser collectivement. Si Logistics se débarrasse du trafic diffus (le trafic diffus consiste à rassembler en un convoi des wagons de différentes entreprises raccordées au réseau ferré), non lucratif, elle aura besoin de beaucoup moins de conducteurs.

    Le transport de marchandise ferroviaire devrait donc être transféré au privé mais, en même temps, le gouvernement veut bien donner 4 milliards d’euros pour sécuriser les profits privés de Dexia! Alors qu’ici, on continue sur la voie de la libéralisation et de la privatisation, en Grand-Bretagne, la revendication de la renationalisation du secteur ferroviaire entier se trouve de plus en plus d’écho. Le personnel et les voyageurs revendiquent une nationalisation sous le contrôle des travailleurs et des usagers.

  • [PHOTOS] Piquet de grève des cheminots à Kinkempois

    Depuis hier, les cheminots qui s’occupent du transport de marchandise sont en grève au dépôt de Kinkempois, à Liège. La raison directe de cette grève spontannée est le manque d’information pour l’avenir du travail des conducteurs, mais les causes de la colère sont nombreuses. Ce matin, une équipe de militants du PSL s’est rendue au piquet.

    • Tract de Libre Parcours

  • Grève au dépôt de Kinkempois à Liège

    Aujourd’hui, s’est tenue une assemblée générale des travailleurs, organisée en front commun syndical FGTB-CSC, à la gare de triage de Kinkempois. La réunion s’est penchée sur les modifications de série annuelles de service de conducteurs (c’est-à-dire l’organisation du service des conducteurs, de leurs repos,…), qui se font au mois de décembre. Surprise, certaines ‘‘séries’’ ont disparu ! Qui va donc s’occuper des trains qui étaient prévus dans ces séries ?

    Devant les réponses extrêmement vagues reçues par les travailleurs, qui ont découvert cette situation sans la moindre explication, l’assemblée générale a décidé de partir en grève sur le champ, jusqu’au moment où arriveront des réponses. Ce mouvement de grève, s’il démarre à partir d’un cas précis, arrive dans un contexte particulier qui entretient la colère des cheminots.

    Nous avons déjà parlé sur ce site de la décision du conseil d’administration du groupe SNCB quant au plan d’économies de la direction de la société de transport SNCB, qui vise à supprimer 170 trains en Belgique, en plus de 23 trains transfrontaliers, et à lancer une étude pour étudier la fermeture d’arrêts. Cela, pour le transport de voyageurs.

    Pour le transport de fret (marchandises), c’est le flou total qui règne au niveau de l’organisation du travail des conducteurs depuis le début de l’année, quand Logistics SA a été mise sur pied en tant que filiale destinée à gérer le transport de fret. Cette filiale cherche à trouver des volontaires chez Technics (qui gère le transport de voyageurs et les conducteurs ex-SNCB) pour venir travailler avec d’autres ‘‘conditions de travail’’, plus défavorables. Il s’agit notamment de prester 30 jour de plus sur l’année (avec plus d’heures de travail par semaine,…).

    Les problèmes rencontrés par les cheminots s’accumulent, sur tous les sites et dans les différentes filiales. Il est nécessaire d’organiser une lutte commune des travailleurs des différentes filiales, et de chercher le soutien des usagers. Les diverses attaques contre le statut du personnel, pour économiser sur le matériel,… ont des répercussions sur la qualité du service !

    Pour le second de ‘‘sauvetage’’ de Dexia, l’argent public a immédiatement été disponible sous forme de garanties pour une ‘‘bad bank’’. Les profits privés doivent être sauvegardés à tout prix, contrairement aux cheminots et aux usagers. Nous sommes pour une société qui opère des choix différents. Organisons une résistance sérieuse ! Nous n’avons pas besoin d’actions qui ne font qu’évacuer un peu de pression, mais d’un plan d’action élaboré à la base et capable d’unifier le mécontentement du personnel et des voyageurs.

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