Category: Syndical

  • Victoire des dockers contre la libéralisation du travail portuaire

    Le 16 janvier, 9.000 dockers de toute l’Europe ont manifesté à Strasbourg contre la nouvelle tentative de la Commission européenne pour libéraliser le travail portuaire. Trois jours plus tard, le Parlement européen a rejeté cette proposition.

    Depuis 1997, la Commission multiplie les propositions de libéralisation de ce secteur. Elle veut permettre aux armateurs de faire assurer le chargement et le déchargement de toutes les marchandises à bord des bateaux par les équipages de ceux-ci et non plus obligatoirement par les dockers. Or ces équipages sont de plus en plus constitués de marins recrutés dans les pays pauvres et qui sont mal payés. Le but des propositions de la Commission est donc évidemment de réduire les coûts et de faire augmenter les profits du patronat. Mais des intérimaires ou des hommes d’équipage affectés au chargement ou au déchargement n’ont pas la même compétence professionnelle que des dockers agréés et ils subiraient davantage la pression des armateurs et des firmes.

    La mise à l’écart des dockers professionnels mènerait inévitablement à une multiplication des accidents de travail et à une dégradation de la sécurité dans les ports.

    Même si cette victoire n’est sans doute que temporaire (la Commission avait déjà essayé de faire voter la même proposition en 2003 et elle a annoncé qu’elle allait faire rapidement de nouvelles propositions), les dockers viennent de montrer qu’une résistance déterminée contre les attaques est payante.

    Les dockers, sur base de luttes anciennes, ont arraché un bon statut. Et c’est encore par la lutte qu’ils l’ont jusqu’à présent conservé. Cela peut constituer un exemple pour tous les autres travailleurs. Le fait que leur lutte a été menée à un niveau international et que des actions, dont des grèves, ont été mises sur pied dans une dizaine de pays de l’Union Européenne a permis d’empêcher que les patrons puissent monter les travailleurs les uns contre les autres. Ce qui n’a pas empêché, à Anvers, le patronat de déclarer que les actions à Rotterdam avaient été moins dures et que cela risquait de porter atteinte à l’image du port d’Anvers…

  • Après le mouvement contre le pacte des generations. Un réseau pour un syndicalisme combatif et démocratique est nécessaire!

    Après le mouvement contre le pacte des generations.

    Le mouvement contre le Pacte des Générations a montré qu’existait une énorme combativité chez les travailleurs et qu’un mécontentement plus large existait contre les attaques néolibérales continuelles sur nos conditions de vie et de travail. Malgré cela, le mouvement s’est éteint sans victoire. Pourquoi?

    Geert Cool

    Allemagne: VW achète la direction syndicale

    En Allemagne, un scandale a éclaté à l’occasion des voyages luxueux de la direction de VW. Les dirigeants se sont rendus au Brésil et y ont plongé dans les plaisirs du champagne, de la prostitution,…

    Parmi les dirigeants de VW figuraient également Peter Hartz, un conseiller de l’ex chancelier Schröder (SPD, les «socialistes» allemands). Il a reçu pas moins de 300 euros chaque jour, ce qui équivaut à une allocation de chômage par mois en Allemagne, garantie par une des réformes incluse dans le programme d’austérité de Hartz 4. Le manager du personnel de VW a dépensé 780.000 euros en deux ans sans faire de déclaration sur ce à quoi l’argent allait servir.

    Parmi les voyageurs figurait Volkert, président du Conseil d’entreprises, qui recevait 360.000 euros par an. Volkert était le chef de IG Metal, le syndicat du métal. Evidemment, Volkert n’était pas critique et combatif envers l’entreprise qui lui fournissait le paradis sur terre. Mais pour les salariés, le temps de travail a été augmenté et une série de détériorations des conditions de travail et de salaire ont été imposées.

    Centrale des métallos FGTB: Danger de scission communautaire

    Dans la Centrale des Métallurgistes de la FGTB se discute la scission entre les ailes néerlandophone et francophone. La discussion s’est enflammée après que le périodique énonomique Trends/Tendances ait révélé le passé au VMO (organisation flamande d’extrême-droite) du président de la centrale, Herwig Jorissen. Nous avons beaucoup de critiques à l’égard de Jorissen, mais nous sommes d’avis que le passé de Jorissen est utilisé à mauvais escient contre l’unité du syndicat. Face à ces divisions communautaires, il faut l’unité! Nous nous opposons donc à cette scission.

    La direction syndicale a fait atterrir le mouvement

    Le fil rouge à travers tout le mouvement a été l’attitude de freinage des directions syndicales (ou au moins d’une bonne partie d’entre elles). La FGTB fut isolée lors de la grève du 7 octobre, après laquelle on a beaucoup tardé à planifier la journée d’action suivante, le 28 octobre seulement. Lors de cette manifestation importante de la FGTB et de la CSC, aucun plan d’action n’a été formulé, mais que ce plan verrait le jour après les négociations avec le gouvernement. Evidemment, ce fut en novembre, et il était limité aux actions dans la distribution et dans le non-marchand.

    Ce n’était visiblement pas un plan d’action, mais plutôt un scénario d’atterrissage. Afin de le justifier, il a été mis en avant que pas mal de concessions ont été conquises durant les négociations, et aussi que la FGTB était prête à continuer, mais pas la CSC. A Liège, on même pu entendre que si cette volonté de continuer la lutte existait en région liégeoise, ce n’était pas le cas en Flandre. La faiblesse du plan d’action a mené directement à une attitude agressive de la part du gouvernement et du patronat, et a aussi laissé l’espace pour insister sur ce qui divise les travailleurs.

    La force du mouvement contre le Pacte résidait justement dans le fait que l’unité à la base face aux attaques visant notamment les prépensions a permis de surmonter les dvisions.Voilà pourquoi Cortebeeck, président de la CSC, a été rappelé à l’ordre à deux occasions par sa propre base qui exigeait un changement d’attitude du syndicat.

    Cela s’est avéré également lors des réunions d’information organisées sur les fins de carrière. Le 5 septembre, Xavier Verboven a présenté de manière “neutre” les réformes proposées. Cela a provoqué pas mal d’interventions depuis la salle mettant en avant la nécessité d’actions. Ailleurs aussi se sont déroulées des réunions similaires qui ont contraint la FGTB à entrer en action.

    Du côté de la CSC la direction était déjà bien décidée, avant le 7 octobre, à défendre le Pacte d’une manière ou d’une autre. Après cette date, chaque concession du gouvernement a été accueillie de manière positive par la direction du syndicat chrétien. La base a pourtant fait entendre une opinion totalement différente, et a continuellement appelé à un plan d’action sérieux. La direction de la CSC a dû adapter sa position d’une façon foncièrement étrangère à ses habitudes.

    Une victoire était-elle possible?

    Malgré l’énorme pression de la base, donc, aucun plan d’action conséquent pour en finir avec ce Pacte des Générations n’a été élaboré. La question que se posent les militants combatifs est de savoir comment renforcer cette pression de la base. Dans le mouvement contre le Pacte des Générations, les réunions interprofessionnelles des militants ont joué un rôle important. Lieux privilégiés pour les échanges d’expériences, à chaque fois le poids de la base a été renforcé. Lors d’une de ces réunions d’information, le 5 septembre à Anvers, il a été demandé à juste titre d’organiser de telles réunions interprofesionnelles pour prendre les décisions, attente demeurée sans réponse.

    Le manque de démocratie interne et d’implication de la base lors de la prise de décision provoque de plus en plus de mécontentement et fait apparaître une méfiance croissante envers la direction.

    Un autre facteur qui a freiné le mouvement contre le Pacte était le lien entre les syndicats et leurs «partenaires privilégiés» au niveau politique. Tous les partis traditionnels sans exception ont défendu la logique d’austérité du Pacte qui a provoqué tant d’actions de protestation.

    Un Plan d’action à long terme, rédigé sur base d’une implication large des syndicalistes, aurait pu mettre le gouvernement à genoux. C’est ce que nous apprend l’expérience de la Colère Blanche du secteur non-marchand. Celui-ci a mené des actions 14 mois durant après qu’une plateforme de revendications ait été établie en décembre 2003 avec la participation active de 15.000 salariés du secteur. Les actions qui ont suivi ont permis d’obtenir 100 millions d’euros. On aurait pu obtenir encore plus, mais pour la première fois, des droits précédemment acquis n’ont pas simplement été maintenus, mais élargis! L’implication directe des salariés a eu une importance cruciale.

    Un réseau de syndicalistes combatifs

    Les syndicalistes combatifs se trouvent souvent isolés. Il n’existe pas de structures nationales et souvent même pas de liens avec d’autres syndicalistes combatifs. En outre, il existe souvent un manque criant d’informations et d’arguments. Nous ne pouvons pas compter sur les médias traditionnels et les publications syndicales ne sont pas des instruments attractifs avec lesquels travailler.

    Afin de renforcer la position de ces syndicalistes combatifs, il sera nécessaire d’échanger les expériences. Un instrument intéressant en ce sens est, entre autre, le site web en néerlandais pour syndicalistes créé à l’initiative d’un secrétaire de l’alimentation d’Anvers. Il serait bien que les deux syndicats intègrent ce site sur le plan national afin de créer une source d’information large et forte où les points de vue des délégations et des centrales peuvent être diffusés plus largement.

    Mais un contact plus direct s’impose aussi au niveau régional et national. Au niveau régional, nous sommes en faveur de réunions fréquentes, avec des discussions sur l’actualité et les développements syndicaux. Cela peut renforcer la position des syndicalistes sur les lieux de travail ou dans les centrales. Une attention particulière doit être prêtée à la nouvelle génération de militants syndicaux fortement impliquée dans le mouvement ces derniers mois. Une structure nationale de syndicalistes combatifs se développera au moment où les réseaux régionaux auront suffisamment pris de corps.

    Le MAS veut collaborer à un tel réseau pour un syndicalisme démocratique et de combat. Nous le faisons en ce moment en intervenant au sein des syndicats et sur les lieux de travail. Nous y avançons des points de vue sur la lutte syndicale et la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. Avec nos forces restreintes, nous répandons les informations et nous essayons de mettre en contact les syndicalistes entre eux. Des campagnes comme la pétition pour un nouveau parti des travailleurs offrent un instrument supplémentaire afin de travailler plus largement.

  • Stop à la liberalisation des services publics

    La Poste a été vendue pour moitié à des entreprises étrangères. Les quelques services publics qui subsistent encore doivent se préparer pour la privatisation. Le secteur des chemin de fer, sur recommandation de l’Union Européenne sera, à l’avenir, scindé entre le propriétaire de l’infrastructure (INFRABEL) et le prestataire des transports (SNCB). Cette scission représente une étape supplémentaire dans le démantèlement total et la vente des chemins de fer belges.

    Karel Mortier

    Les ministres européens des transports ont décidé en décembre de libéraliser totalement en 2010 le transport international des voyageurs. La libéralisation du transport national des voyageurs ne devrait pas suivre. Mais, vu la position centrale de la Belgique, il est clair qu’une libéralisation totale des lignes internationales aura un grand impact sur le transport national. Les investisseurs privés pourront, par exemple, circuler entre Ostende et Cologne, Anvers et Lille et vendre des tickets pour les trajets entre les gares sur ces lignes. Une grande partie des lignes nationales rentables sera donc libéralisée. Ce projet est également celui du PS et du SP.a au gouvernement. La libéralisation des liaisons internationales sera “bonne pour les gens”, déclare Renaat Landuyt (SP.a), ministre fédéral des transports. “Et cela n’aura aucune conséquence sur les lignes moins rentables”.

    Différents exemples à l’étranger ont plutôt démontré que la libéralisation du transport des voyageurs n’a pas conduit à une meilleure offre de service ou à une baisse des prix. Mais ce genre de détail est tout à fait négligeable pour les futurs investisseurs.

    Affirmer que la libéralisation des lignes internationales et nationales rentables n’aura aucun impact sur les autres est un mensonge puisque la mise sur pied des réseaux à haute vitesse s’est faite au détriment du réseau national. Les consommateurs pourront choisir à l’avenir entre plusieurs entreprises de transport, mais ce sera choisir entre la peste et le choléra.

    Après que l’énergie, la communication et la Poste aient été livrées aux aléas du marché, c’est maintenant le tour du transport public. La libéralisation de tous ces services est allée de pair avec la perte de dizaines de milliers d’emplois, une augmentation de la charge de travail et une détérioration des conditions de travail.

    A la Poste, les plans d’assainissement se sont succédés à un rythme plus que soutenu. A peine Géoroute 1 a-t-il été intégré que Géoroute 2 pointe le nez. En matière de fourniture d’énergie, on peut prévoir que des dizaines de milliers de familles passeront l’hiver sans chauffage ni électricité après qu’elles aient été virées par les fournisseurs privés d’électricité. Dans ces conditions, nous ne voyons pas qui doit payer pour les campagnes publicitaires par lesquelles les fournisseurs d’énergie essaient d’attirer de nouveaux clients.

    La libéralisation des services publics n’est pas encore une affaire entendue. La résistance à travers toute l’Europe des dockers contre la libéralisation de leur secteur et le démantèlement de leur statut prouve qu’une opposition est envisageable et que, de surcroît, elle donne des résultats. Chaque nouvelle tentative visant à libéraliser le marché du travail portuaire se heurte à des actions de résistance des dockers. Sans cette stratégie, la libéralisation de ce marché serait un fait accompli depuis belle lurette. Oser se battre, c’est oser gagner!

  • Le gouvernement n’est pas impressionné par les Saint-Nicolas syndicaux

    Actions des 2, 6 et 8 décembre

    Le 29 novembre, un mois après la manifestation réussie à Bruxelles, la direction syndicale a présenté son ‘plan d’action’. Ainsi, le 6 décembre, trois Saint-Nicolas, respectivement rouge, vert et bleu, ont rendu visite à Yves Leterme, ministre-président de la région flamande. Le gouvernement peut se féliciter que seule une pièce de théâtre et non une mobilisation de rue a été organisée.

    Luk Janssens

    Le 2 et le 8 décembre, des actions régionales et sectorielles ont été menées. Ces actions étaient relativement restreintes, mais là où ces actions étaient organisées, la combativité de la base restait remarquable.

    Avant l’annonce d’un plan d’action, une tournée d’information a été organisée dans les entreprises. Plusieurs se sont mises en grève à cette occasion: Duferco, VW à Forest (suivie par 90% des salariés),… Chez Picanol et Bekaert, les votes organisés ont démontré sans ambiguïté une volonté d’action. Chez Picanol 88,43% ont voté contre le Pacte de Solidarité dont 81,3% se sont prononcés en faveur d’une poursuite des actions. En dépit de cela, Cortebeeck a maintenu qu’il n’existait pas de base pour de nouvelles actions de grève.

    2 décembre. Plus de 2500 manifestants à Mons et à Liège

    De nombreuses délégations ont suivi l’appel de la FGTB Liège-Huy-Waremme à une concentration. Chez pas mal de militants régnait la déception envers le Plan d’action proposé, mais le fait que des militants sont venus de toute la province et de toutes les centrales a renforcé la confiance des travailleurs et la discussion sur la nécessité d’une nouvelle grève nationale fut débattue. Dans leurs discours, Thierry Bodson et Marc Goblet ont fait référence aux mensonges de ceux qui ont défendu le Pacte des Génération et ont sévèrement critiqué l’attitude vacillante de Cortebeeck (critique reprise par les quelques militants CSC présents).

    A Mons aussi, plus de 2500 militants sont descendus dans la rue. Contrairement à Liège, la CSC était bien représentée. Freddy Matthieu de la FGTB-Mons et Raymond Coumont, président de la CSC, ont tous les deux déclaré que le Pacte était inacceptable et que la lutte devait continuer.

    Le ministre bruxellois de l’emploi, Cedexhe, et le ministre-président bruxellois ont eu la visite de 300 militants syndicaux.

    6 décembre. Saint-Nicolas chez Leterme

    Quelques militants syndicaux se sont réunis à la Place des Martyrs à Bruxelles. Trois Saint-Nicolas (un rouge, un vert et un bleu) ont rendu visite au ministre-président flamand Yves Leterme. Bien comique, mais la question est de savoir si le gouvernement et le patronat ont été mis sous pression suite à cette action ludique. Tandis que les discussions sur un deuxième Pacte sont en cours, les syndicats se sont décidés à envoyer trois Saint Nicolas.

    8 décembre. Grève dans la distribution

    La journée d’action du 8 a été limitée au secteur de la distribution et au non-marchand. Quelques 300 supermarchés ont arrêté le travail suite à la grève. Un millier de travailleurs du non-marchand ont manifesté à Bruxelles. A La Louvière étaient présents 2700 manifestants. A Gand, des centaines de militants ont manifesté vers le sécretariat local du SP.a. Dans la région liégoise, la FGTB a lancé un appel à la grève générale. C’étaient surtout les secteurs qui étaient les plus forts à se mobiliser dans la lutte contre le Pacte qui s’étaient mobilisés. Dans le secteur métallurgique et de l’acier, aux TEC… la grève était complète tandis que dans les services publics comme La Poste et la SNCB la grève était plutôt restreinte. Les directions syndicales ont tout fait pour convaincre les militants que lors des négociations, plusieurs concessions importantes ont été acquises. Elles ont également mis en avant que Liège ne peut pas continuer seule la lutte.

    Fedis, la fédération patronale de la distribution, a déclaré que la grève n’était pas un succès. Mais paradoxalement elle a dû admettre que la grève a coûté à leurs affiliés plus de 16 millions d’euros. Les trois quarts des Carrefour étaient fermés ainsi que la moitié des Super GB, des Delhaize et des Colruyt…

    Malgré la faible mobilisation du non-marchand (beaucoup de militants nont été mis au courant de la grève que la veille), plus de 1000 militants étaient présents. Il y avait également des délégations d’autres secteurs et malgré le fait que cela n’était pas prévu, la manifestation s’est dirigée vers le sécretariat du VLD.

    Il est clair que le Plan d’action était un plan d’atterrissage. Aujourd’hui, les deux syndicats déclarent qu’il n’y a plus de combativité pour continuer la lutte. Là où nos militants sont intervenu il était pourtant clair que les militants de la base étaient déçus par… le plan d’action.

  • Liège : grève forte mais pas générale

    La FGTB Liège-Huy-Waremme est la seule région où un syndicat a lancé un mot d’ordre de grève générale interprofessionnelle. C’est sans aucun doute le reflet de la combativité et des traditions locales liégeoises. C’est aussi sans doute dû au fait que le poids du PS sur l’appareil et – surtout – sur la base de la FGTB est – un peu – moins grande qu’ailleurs.

    Jean Peltier

    Le bilan de cette grève est assez contrasté. Dans les secteurs qui ont été les « bastions » du mouvement ces derniers mois – sidérurgie, métallurgie, TEC – la grève a été totale et sans problème. Le SETCa a mis le paquet, dans le cadre de la mobilisation nationale, sur la grève dans les grandes surfaces qui a été généralement bien suivie. La CGSP avait concentré ses forces sur les ministères, en particulier celui des finances où un gros piquet a assuré que les portes sont restées fermées toute la journée. Mais le reste des services publics a moins suivi. Ainsi, contrairement à ce qui avait été annoncé, La Poste a fonctionné assez normalement. A la gare des Guillemins, les cheminots se sont bornés à bloquer un train pour Bruxelles (mais en dehors des heures de pointe).

    Le fait est que beaucoup de travailleurs ressentent que le combat contre le Pacte de « Solidarité » entre les Générations est en train de se terminer sans que les mobilisations syndicales aient réussi à faire plier réellement le gouvernement. Dans les secteurs moins concernés par les attaques contre les prépensions (les services publics notamment) ou moins syndiqués, la mobilisation a été nettement plus difficile… et sans doute menée avec moins de détermination qu’en octobre.

    Lors d’un meeting devant 300 militants réunis au pied de la Tour des Finances, les dirigeants ont rappelé les raisons qu’a la FGTB de s’opposer au Pacte et tenté de convaincre les militants que les actions syndicales avaient forcé le gouvernement à apporter des modifications réelles quant au calcul des pensions, au refinancement de la sécurité sociale, au statut des chômeurs,… Mais ils ont dit clairement que Liège ne continuerait pas le combat seul.

    Herstal et Zoning des Hauts-Sarts : le métal à l’arrêt

    Dans le métal, la mobilisation a été très forte, même si les piquets étaient moins fournis que lors de la grève du 7 octobre mais largement suffisants, vu que les travailleurs suivaient massivement le mot d’ordre de grève et que les cadres dévorés par l’envie de travailler étaient très rares à montrer leur tête de jaune. A la FN comme à Chertal (division d’Arcelor qui est en grève depuis une semaine avec le reste de la sidérurgie liégeoise), c’est le calme plat aux entrées. Le zoning des Hauts-Sarts est largement à l’arrêt. Plusieurs piquets se tiennent prêts à réagir en cas de problème ou à aller donner un coup de main dans d’autres entreprises ou dans les grands magasins. Comme le 7 octobre, le rouge est archi-dominant mais avec de nombreuses taches de vert car, un peu partout, des militants et des délégués CSC sont présents au piquet.

    Seul point chaud attendu : Techspace Aero à Milmort. La veille de la grève, le directeur général a appelé par un mail interne tous les travailleurs à se présenter au travail vendredi. L’appel a été suivi par… une cinquantaine de cadres qui ont été accueillis par un piquet de 350 travailleurs et militants syndicaux FGTB et CSC de Techspace et d’autres entreprises du zoning des Hauts-Sarts. Et l’accueil a été chaud ! Une première tentative des jaunes pour avancer et, hop, une volée de pétards dans les pieds. Une deuxième tentative, déjà moins convaincue, a été arrêtée par quelques envois d’œufs d’oie remplis de mayonnaise et de ketchup sur les patelots. Deuxième et dernier recul. Après une demi-heure, le directeur et ses jaunes repartent.

    Les discussions avec des délégués et des militants confirment que les métallos restent fortement opposés au Pacte et très mobilisés. Mais, même pour eux, il est clair que les grèves touchent à leur fin. Comme le résume un délégué : « Après le succès du 7 octobre, il aurait fallu que la FGTB continue les actions de grève seule si nécessaire parce qu’ il y avait moyen d’entraîner la base de la CSC et de faire pression ainsi sur la direction de ce syndicat. Mais on a perdu du temps, le gouvernement a tiré les négociations en longueur, la direction de la CSC a abandonné et on se retrouve tous seuls à Liège à faire grève. » Cependant, la détermination à recommencer les actions lorsque les mesures du pacte seront appliquées dans des entreprises en restructuration ou en cas de nouvelles mesures gouvernementales reste forte.

    Plusieurs délégués, tant chez les métallos que chez les employés, nous ont aussi confirmé que le ras-le-bol vis-à-vis du PS et de son opposition répétée aux positions de la FGTB continue à monter à tous les niveaux du syndicat. Le besoin de trouver une expression politique nouvelle pour la FGTB commence aussi à se discuter, même si cela n’est encore que dans les discussions informelles.

  • Grève générale régionale Liège Huy-Waremme : le cas de Verviers

    La cellule de Verviers avait rendez-vous à huit heures à la gare centrale. Il ne faisait pas chaud, mais une délégation de la FGTB mettait déjà de l’ambiance en interrompant la valse des voitures non-grévistes, tandis qu’un peu partout dans la ville les délégations rouges et vertes s’apprêtaient à mettre en œuvre les points de pression et les piquets de grève volants.

    François Barzin

    Une fois réunis, nous nous sommes rendus au siège de la CSC de Verviers, où un premiers amas de délégués commençait à se former. Bardés de nos journaux « Alternative socialiste », de nos listes contact et de nos tracts encore tout chauds, nous avons quadrillés une bonne cinquantaine de militants CSC pour les sensibiliser à l’idée d’un nouveau parti des travailleurs.

    L’Ambiance n’était pas à l’enthousiasme, mais aux habitudes trop bien ancrées de militer parce qu’il le faut bien. Comme souvent des personnalités ressortaient au milieu d’un océan de résignation., mais la suite de la matinée allait nous montrer que dans l’action les esprits se radicalisent et prennent un malin plaisir à perturber le bon ordre des choses. En effet après une marche dans la ville pour interpeller différents responsables politiques PS sur leur inacceptable compromission dans le pacte, vint le moment le plus intéressant de la journée : l’affrontement avec la gérante du Delhaize.

    Nous étions auparavant passés devant ce magasin et des militants éplorés nous avaient demandé de revenir parce que la direction voulait ouvrir à dix heures. Chose promise, chose due, à dix heures nous débarquions avec des délégués FGTB pour nous planter tout net devant la gérante paniquée. Elle voulait ouvrir à dix heures parce que c’est ce qui avait été convenu avec les délégués syndicaux, feignant ignorer que c’est sous sa pression que ceux-ci avaient acceptés. Comme le disait quelqu’un, ce n’est pas facile d’être délégué. Elle accepta finalement de fermer ses volets, pensant peut-être au débarquement imminent de sa marchandise, bientôt prise en otage par les méchants grévistes. Bientôt donc, le camion de ravitaillement arriva dans les pattes des délégués, et la gérante prétexta l’argument patronal du droit au travail, du laisser passer-« laissez le camion se vider ».

    En fait de droit au travail, on lui rétorqua que dans un pays où il y avait 500.000 chômeurs le droit au travail n’était pas respecté. On aurait pu aussi lui dire qu’allonger l’âge de la retraite, ça n’était pas non plus respecter le droit du travail, pas plus que forcer les travailleurs à réintégrer leur postes pour qu’ils ne puissent pas défendre leurs droits et ceux de leurs enfants. La délégation FGTB s’envola vers d’autres cieux, vite remplacée par un groupe CSC, le Delhaize restait porte close, la gérante renonçant temporairement, peut-être devant la promesse faite par certains d’offrir le champagne à tout le monde si jamais les volets se relevaient.

    Après quelques péripéties ultérieures, nous nous sommes réunis pour faire le bilan de la matinée, de nos discussions avec les délégués. Notre impression était que la résignation était grande, la dépolitisation aussi. D’un autre côté, les syndicats n’avaient pas fait autant de remue ménage depuis longtemps à Verviers. Si les syndicalistes n’avaient pas l’air intéressés par la proposition d’un nouveau parti des travailleurs, ils paraissaient par ailleurs conscients qu’on ne pouvait pas en rester là, et qu’il faudra bien qu’un jour il se passe quelque chose. Beaucoup étaient d’accord sur la nécessité pour les travailleurs de s’organiser de façon durable à l’avenir pour ne plus aller de déconfiture en déconfiture.

    Une idée s’est faite en notre sein : peut-être que les travailleurs et délégués sont tellement convaincus de l’inefficacité des mono organisations mono idéologique, que tout ce qui peut leur faire penser un tant soit peu à ça les découragent à l’avance. Les travailleurs sont loin dans la déception et le défaitisme, les organisations monolithiques dans lesquelles ils sont pris heurtent leur sensibilité et leur générosité, l’usure est patente. Les travailleurs n’attendent plus ce qu’ils espèrent: une véritable solidarité. Une solidarité immédiate, égalitaire, horizontale. Celle d’une fédération d’entités, associations, communautés, collectifs, partis, mais surtout de travailleurs coordonnés autour d’un même but. Le Nouveau Parti des Travailleurs peut-être le moyen de cette coordination, mais il faudra faire attention de ne pas décourager des travailleurs lassés par le « retard structurel et bureaucratique ».

  • Contre les nouvelles attaques une stratégie résolue va être nécessaire

    La Banque Nationale veut la modération salariale, le FMI veut en finir avec l’index, le gouvernement veut un deuxième Pacte des Générations,…

    La direction syndicale utilise les actions du 8 décembre pour faire atterrir le mouvement. La FGTB déclare qu’il n’y a pas de place pour des actions à grande échelle à cause de l’attitude de la CSC. De plus, continue la FGTB, la CSC flamande freine la FGTB flamande. Toutes les vielles divisions remontent: FGTB contre CSC, Flamands contre Wallons. Résultat ? Le potentiel de l’énorme combativité à la base est bloqué alors que de nouvelles attaques contre les travailleurs se préparent.

    Tract du MAS

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    Le patronat récolte des cadeaux

    Il était initialement prévu dans le texte original du Pacte des Générations que le patronat reçoive – entre autre – 960 millions d’EUR de diminutions de charges. Pour faire accepter les timides adaptations au Pacte, le gouvernement a offert un nouveau cadeau aux patrons en ramenant le taux moyen d’impôts pour les entreprises de 34% à 26% !

    La faiblesse provoque l’agression

    La direction syndicale clame que des concessions aux travailleurs ont été faites durant les négociations pour le Pacte des Générations. Ces concessions sont utilisées pour arrêter toute action. Après quoi, le 15 décembre, le Parlement pourra approuver le Pacte des Générations.

    Mais les attaques que les travailleurs doivent subir sur leurs salaires, leurs conditions de travail, les prépensions,… ne seront pas finies pour autant! Maintenant que la direction syndicale bat en retraite, gouvernement et patronat vont être plus confiants pour leurs prochains projets d’austérité.

    Au récent congrès du VLD, un deuxième Pacte des Générations a été annoncé, une rumeur déjà entendue dans les milieux proches du SP.a. Le Fond Monétaire International a écrit dans son rapport sur la Belgique que le Pacte des Générations, bien qu’allant dans le bon sens, ne va pas assez loin. Le FMI propose, par exemple, de s’attaquer à l’index, ce que la Banque Nationale approuve au point d’en avoir averti la presse cette semaine. Le gouverneur de la BN propose de conclure pour cela un «Pacte de Compétitivité». Gouvernement et patronat préparent ainsi dès maintenant les prochains pactes contre les travailleurs et leurs familles.

    Ils sont aidés en cela par le refus des directions syndicales de transformer l’énorme combativité à la base en un plan d’action sérieux pour en finir avec le Pacte des Générations. En lieu et place d’un tel plan, ce sont des actions régionales et sectorielles qui sont mises en avant, pour que le mouvement aille vers la défaite en ordre dispersé. C’est un scénario d’atterrissage, pas un plan d’action. L’enthousiasme pour les actions du 8 décembre est donc assez limité dans bien des secteurs. Néanmoins, cette occasion peut être utilisée pour faire entendre plus largement la nécessité d’un plan d’action sérieux.

    6,4% des travailleurs sont pauvres

    Récemment, l’Université d’Anvers a publié une étude (Annuaire sur la Pauvreté et l’Exclusion Sociale) selon laquelle 15,2% des Belges étaient pauvres en 2003, chiffre allant jusqu’à 22,6% pour les plus de 65 ans. Même parmi les gens qui travaillent, 6,4% sont pauvres.

    C’est la conséquence de la flexibilité accrue et des boulots à bas salaire. Si le gouvernement parle aujourd’hui de création d’emplois pour les jeunes, ce n’est que pour offrir de nouveaux cadeaux au patronat sous forme d’attaques sur les salaires directs et indirects.

    Selon cette étude, l’augmentation de la pauvreté est renforcée, entre autres, par le manque de logements sociaux, mais aussi par la libéralisation du marché de l’énergie.

    Le désespoir mène à des solutions individuelles

    Face à l’échec du rejet collectif des attaques sur les fins de carrières, un nombre croissant de travailleurs se tournent vers des solutions individuelles. Selon Fortis et Delta Lloyd, il y a actuellement trois fois plus de plans d’épargne-pension qu’il y a un an. On peut comprendre l’inquiétude de ces travailleurs, mais le meilleur moyen de s’assurer un avenir reste de lutter tous ensemble pour défendre la sécurité sociale et les pensions.

    De l’autre coté, certains travailleurs peuvent passer à des actions isolées comme lors du rassemblement du 2 décembre à Liège, où les sièges du PS et du MR ont été saccagés. Nous comprenons la rage envers les partis traditionnels, mais nous pensons qu’il est plutôt nécessaire de mener des actions collectives à grande échelle.

    Le gouvernement et le patronat ne vont pas arrêter le mouvement, malgré la direction syndicale Les attaques du gouvernement et du patronat réclamaient un plan d’action sérieux et pas les actions dispersées actuelles. Mais les tentatives de faire atterrir le mouvement ne suffiront pas à le briser durablement. Les grèves du 7 et 28 octobre ont démontré la force des travailleurs. Une unité combative à la base a répondu à la division dans les sommets syndicaux. Le président de la CSC Cortebeeck a été à deux reprises rappelé à l’ordre par sa base.

    Beaucoup de travailleurs et leurs familles en ont assez des attaques néolibérales ininterrompues. Les nouvelles attaques annoncées vont mener de nouveau à la résistance et les leçons à tirer des grèves contre le Pacte des Générations vont jouer un rôle crucial dans celle-ci. Après les mobilisations contre l’accord interprofessionnel (culminant en une manifestation de 50.000 travailleurs en décembre 2004), on ne tient de nouveau pas compte des positions des travailleurs. Le MAS pense qu’il est nécessaire de construire un réseau de syndicalistes combatifs pour éviter que la direction syndicale ne puisse encore freiner la lutte.

    Bloquer le scénario d’atterrissage par une initiative à la base

    La seule manière d’enterrer ce Pacte des Générations est d’intensifier la pression à la base. Le scénario que veut la direction, celui d’une mort lente de la grève, peut encore être évité.

    Les rassemblements du 2 décembre et la «manif de jeunes visible et originale» du 6 décembre annoncée par Cortebeek n’ont été que des manœuvres destinées à détourner l’attention. Pour beaucoup de militants, il est temps d’envoyer balader les directions syndicales et leurs actions hypocrites.

    Les grèves sectorielles d’aujourd’hui sont primordiales. A cette occasion, il faut répondre à Cortebeek, au gouvernement et au patronat par des grèves massives et une mise sous pression de la direction syndicale pour que les actions se poursuivent après le week-end.

    Le gouvernement, le patronat et Cortebeeck espèrent nous démotiver et nous faire reculer, pour que nous abandonnions tout espoir. Ils peuvent toujours se brosser ! Et même si, cette fois-ci encore, le gouvernement s’en sort, de nouvelles attaques nous attendent dans les semaines et les mois à venir, auxquelles il faudra réagir. C’est pourquoi le MAS invite à construire un réseau des syndicalistes combatifs.

    FGTB/ABVV et CSC/ACV: rompre avec les « partenaires privilégiés »

    IL FAUT UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS !

    Tous les partis traditionnels approuvent la politique actuelle d’austérité. Dans l’opposition, le CD&V et le Vlaams Belang veulent des diminutions de charges supplémentaires pour le patronat et trouvent que le Pacte des Générations ne va pas assez loin.

    Un gouvernement avec d’autres partis traditionnels va de nouveau imposer des assainissements, contre lesquelles de nouvelles actions seront nécessaires. C’est avec de telles actions que les dockers ont stoppé depuis déjà des années la libéralisation du travail dans les ports. Chaque nouvelle tentative européenne de libéralisation se heurte à leur farouche résistance. Le résultat en est que la libéralisation prévue n’est toujours pas imposée!

    Contre ces attaques à répétition, il faut un programme syndical offensif. Dans les années 1950, la FGTB mettait en avant l’idée de «réformes de structures». Pourquoi ne pas passer à l’attaque avec des revendications comme les 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires comme réponse au chômage, un impôt sur les grosses fortunes,…

    Le journal flamand De Morgen a écrit récemment que «ce gouvernement est confronté à une opposition extraparlementaire très forte, mais ce mouvement ‘de la rue et des usines’ ne reçoit pas d’écho parlementaire». Les partis au gouvernement soutiennent le Pacte des Générations, les partis d’opposition officiels trouvent qu’il faut aller plus loin. En somme, tous défendent une politique néo-libérale dont les ouvriers et leurs familles sont les victimes.

    Le MAS pense qu’il faut présenter des travailleurs aux élections. Des travailleurs qui, de par leur participation active dans les luttes contre le Pacte des Générations, soient un relais politique aux revendications du mouvement. Des réflexions à ce sujet pourraient être lancées par une conférence sur la construction d’une liste de gauche des travailleurs. Celle-ci devrait se baser sur une structure fédératrice ouverte, permettant la participation de travailleurs et de militants tant FGTB/ABVV que CSC/ACV ainsi que de forces de gauche.

    Le MAS veut populariser cette discussion et y travaille notamment avec une pétition pour un nouveau parti des travailleurs (voir : www.partidestravaileurs.be). Cette pétition est un instrument pour mener la discussion sur les lieux de travail et dans le mouvement syndical. Nous voulons ainsi proposer une orientation claire à tous ceux qui commencent à chercher un prolongement politique aux actions.

  • Rassemblement FGTB à Liège: «Seules les entreprises vont gagner de l’argent avec ce pacte de Solidarité»

    C’est notamment ce que la direction de la régionale FGTB de Liège-Huy-Waremme a déclaré aux plus de 2500 syndicalistes rassemblés ce vendredi à leur appel. Nous y avons ressenti une juste colère contre les projets du gouvernement ainsi qu’un dégoût tout aussi compréhensible envers les partis traditionnels, dévoués au patronat.

    Article de Nicolas Croes

    L’appel fut suivi au-delà de la régionale, et c’est de toute la province que des délégations se sont mobilisées: de Verviers, de Chaudfontaine,… L’ambiance était à la fois à la rage et au découragement. Mais de se retrouver, de tout secteurs et entreprises, au même endroit a rendu les travailleurs plus confiants. Dans beaucoup de discussions émergeait la nécessité de repartir en grève générale nationale devant l’obstination d’enfant gâté du patronat et du gouvernement. Les discours étaient attendu avec impatience sous le balcon du siège de la régionale encore vide, auquel était accroché une banderole clamant «L’emploi des jeunes passe par le maintien de la prépension ».

    La CSC quant à elle a préféré envoyer des cars (5…) au siège de l’Union Wallonne des Entreprises, à Wavre. Pour l’administrateur-délégué de l’UWE, la seule solution pour la sécurité sociale est qu’il y ait plus d’actifs au travail, et plus longtemps. Aux travailleurs eux-mêmes de se débrouiller pour être exploités plus longtemps!

    Au cours de ceux-ci, Thierry Bodson et marc Gobelet, respectivement secrétaire et président de la régionale, ont fustigé le Pacte de Solidarité et les mensonges que répandent ses défenseurs.

    L’attitude hésitante de Cortebeek, président de la CSC, fut aussi critiquée, approuvé en cela par les quelques travailleurs CSC qui étaient tout de même présents. L’unité à la base des syndicats, si elle ne se voyait pas vraiment sur place, était néanmoins centre de bien des discussions, avant et après les discours.

    Marc Gobelet, président de la FGTB Liège-Huy-Waremme a poursuivi en interpellant le PS: «Il y a un fossé entre le programme défendu devant les électeurs et la réalité du pacte accepté aujourd’hui. Que le parti socialiste n’oublie pas que c’est grâce à nous, travailleurs, qu’il a été porté». Mais c’est aux critiques et pressions qu’il en est resté. Une carte fut par exemple distribuée, à envoyer à Thierry Giet, chef de groupe socialiste à la chambre, pour ne pas voter le projet sans l’amender. Pourtant, il est de plus en plus clair parmi les travailleurs que le PS est irréformable et qu’aucun soutien ne peut être espéré de leur part. Et ce n’est pas les récents scandales qui parsèment la gestion de l’argent de la collectivité qui vont les contredire!

    Après les discours, une partie des travailleurs se sont d’ailleurs dirigés vers le siège du PS pour y faire entendre leur colère de manière un peu plus concrète. Une vingtaine de manifestants ont alors saccagés les locaux des soi-disant socialistes liégeois. Si l’on ne peut que comprendre la rage qui les a animés, agir de la sorte n’est pas la bonne solution. Ce n’est en définitive qu’un exutoire qui ne peut en rien améliorer la situation des travailleurs en fonction de leurs intérêts. La lutte que nous devons mener est une lutte politique, et non physique.

    Face à la trahison du PS, c’est un nouveau parti des travailleurs qu’il nous faut construire dès à présent. Nos intérêts ne sauront être défendu que par nous-même, et pas par des politiciens dont l’intérêt envers les travailleurs n’est qu’électoral. Les bureaux du MR ont eux aussi été «visités». Christine Defraigne n’a pas hésité à qualifier ces actes de « dignes des jeunesses staliniennes » elle poursuivit encore en déclarant « qu’à travers ces méthodes inacceptables et scandaleuses, la FGTB montre son vrai visage». Ma chère, regardez d’abord le vôtre, que vous nous avez dévoilé il y a longtemps, et vous comprendrez alors que des débordements sont possible!

  • POUR UNE GREVE GENERALE DE 48 HEURES!

    Pas de « scénario d’extension », Mais un plan d’action …

    UN PROGRAMME OFFENSIF CONTRE LES ATTAQUES DU GOUVERNEMENT ET DES PATRONS EST NECESSAIRE

    Aussi bien la FGTB que la CSC ont rejeté le Pacte des Générations «adapté». Ils traduisent ainsi le mécontentement énorme qui vit parmi la base. Car elle est consciente que, malgré les (super)profits des entreprises, ce Pacte des générations est le premier d’une longue série. La base était désireuse d’actions dures, principalement une grève générale de 24 heures, pour retirer ce pacte. Pourtant, le soi-disant ‘plan d’action’ que les directions syndicales ont proposé est une claque dans le visage de ceux qui ont fait grève et manifesté les 7 et 28 octobre. CECI N’EST PAS UN PLAN D’ACTION, MAIS UN « SCENARIO D’EXTENSION » !

    A toutes les réunions syndicales, tant de la FGTB que de la CSC, auxquelles les militants du MAS ont participé, la volonté d’action était grande. Là où des votes ont eu lieu pour une nouvelle grève, une grande majorité était pour. Cela fut confirmé pendant la « journée d’information » du 25 novembre. L’usine Duferco avait déjà commencé à faire grève deux jours avant. La FN et quelques entreprises Liégeoises ont elles aussi débrayé spontanément à la journée d’informations. La grève ‘light’ de la FGTB chez VW-Foret fut suivie par 90% des travailleurs. Les votes sur la grève chez Beckaert et Picanol confirment cet image.

    Quand le président de l’ACV-CSC Cortebeeck déclare que la majorité n’est plus prête à faire grève, c’est carrément un mensonge !

    NEGOCIER D’ABORD…

    Selon Cortebeek, la grève du 7 octobre de la FGTB était elle aussi déjà précipitée. «Négocier d’abord, puis faire grève» était sa «stratégie». Il a mené une très chère campagne publicitaire pour casser la grève. On a pu voir ce que rapportent les «négociations». Le gouvernement a utilisé l’opportunité des négociations pour diviser et mieux régner. On a tenté de faire atterrir le mouvement par des propositions valant uniquement pour le secteur du métal, pour qui le maintien des CCT existantes jusqu’à 2010 ne se résume qu’à la garantie de la pré pension à 55 ans. Pour la chimie et la construction, les concessions avaient un impact moins réel. La soi-disant marge pour négocier sur les durées de carrière et la liste des métiers lourds s’est révélée être une boîte vide. Un contenu concret n’est jamais arrivé.

    En échange de ces concessions limitées, le patronat a reçu la soi-disant taxe nationale. Le taux d’impôts moyens pour les entreprises baisse ainsi de 34% à 26%. Ce cadeau suit les baisses de charges prévues et la diminution des contributions patronales pour les jeunes salariés (le ministre Van Velthoven a reconnu que c’était bien un cadeau pour le patronat).

    Les concessions au secteur du métal ne suffisent pas. Ce secteur a aussi intérêt à ce que le règlement sur les restructurations prévus dans le Pacte des Générations soit retiré. En plus, les secteurs moins touchés aujourd’hui seront attaqués plus fortement ensuite. Maintenant déjà, une suite au Pacte des Générations est annoncée.

    FACE A LA DIVISION AU SOMMET: L’UNITE A LA BASE

    Aux tentatives du gouvernement et du patronat pour affaiblir le mouvement en le divisant doit être répondu une unité syndicale à la base aussi grande que possible. L’enjeu est de taille. Il ne s’agit plus seulement de quelques éléments techniques dans le Pacte des Générations, mais des attaques néo-libérales continuelles sur les travailleurs et leurs familles. De plus, la position des syndicats est mise en jeu.

    … PUIS L’INFORMATION

    Cortebeek prétend qu’après les «négociations, la base doit être d’abord informée». Comme si les ouvriers ne pouvaient pas lire entre les lignes! La base sait que ce Pacte n’est qu’une première ébauche, de même que la pré pension à 58 ans doit être dégagée le plus vite possible de la vue du patronat et du gouvernement. Personne ne va choisir la pré pension en sachant qu’il/elle doit commencer ailleurs dans les 6 mois suivant. Le dernier arrivé sera par la suite le premier à être mis à la porte. Quels cadeaux du gouvernement au patronat! Avec le Pacte des Générations, le chômage des jeunes ne va cesser d’augmenter.

    LA FAIBLESSE ENTRAINE L’AGRESSION

    Les hésitations de Cortebeek n’ont pas échappé au gouvernement et au patronat. Au plus il bloque le mouvement, au plus leurs revendications sont dures. La suppression de l’index est déjà sur leur liste pendant que les licenciements se suivent et se ressemblent, Imbev en témoigne à son tour.

    LA FGTB SEULE ?

    Verboven, le patron de la FGTB, pourrait s’engager vers une grève générale. La plupart des centrales de la FGTB et certainement la base, tout comme celle de la CSC, y est favorable. L’appareil de la FGTB avertit pourtant que le syndicat n’est pas capable de refaire la grève du 7 octobre. Quand le front commun syndical se brisera à nouveau, le gouvernement fera tout pour que les blocages routiers ne puissent plus jamais se faire. On peut également faire confiance aux patrons pour qu’ils utilisent tous les moyens judiciaires mis à leur disposition…

    Par ailleurs, il est peu probable aujourd’hui que la base de la CSC suive avec autant de confiance la stratégie de démolition de sa direction. De plus, si la base de la CSC rejoint le mouvement, les blocages routiers ne sont plus nécessaires.

    SEULE UNE INITIATIVE DE LA BASE POURRA EMPECHER LA GREVE DE POURRIR

    La seule manière d’enterrer ce Pacte des Générations est d’intensifier la pression à la base. Le scénario d’une mort lente de la grève que veut la direction peut encore être évité.

    Les deux manifestations du 2 décembre et la «manif de jeunes visible et originale» du 6 décembre annoncée par Cortebeek ne sont que des manœuvres qui visent à détourner l’attention. Beaucoup de militants de base veulent envoyer balader la direction et leurs actions hypocrites. Il est néanmoins important de participer massivement à ces actions et d’y faire entendre l’appel à une grève générale de longue durée dès le 13 décembre.

    Actuellement, l’enjeu crucial est dans les grèves sectorielles du 8 décembre. A cette occasion, il faut répondre à Cortebeek, au gouvernement et au patronat par des grèves massives et une mise sous pression de la direction syndicale pour que les actions se poursuivent après le week-end.

    Le gouvernement, le patronat et Cortebeeck espèrent nous démotiver et nous faire reculer, pour que nous abandonnions tout espoir. Ils peuvent toujours se brosser ! Même si, cette fois-ci encore, le gouvernement s’en sort, de nouvelles attaques nous attendent dans les semaines et les mois à venir.

    C’est pourquoi le MAS invite à construire un réseau des syndicalistes combatifs.

    FGTB/ABVV et CSC/ACV: rompre avec les « partenaires privilégiés »

    IL FAUT UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS !

    Et si le gouvernement tombe ?

    Si après la chute du gouvernement arrive un nouveau gouvernement qui veut mener les même attaques, il faut répondre par de nouvelles actions. C’est ainsi que les dockers empêchent, depuis des années déjà, la libéralisation du travail du port. Chaque nouvelle tentative européenne de libéralisation rencontre une dure résistance. Et la libéralisation n’est toujours pas imposée!

    Face aux attaques continuelles, il faut un programme syndical offensif. Dans les années 50, les syndicats avançaient l’idée de «réformes de structures». Pourquoi n’y a-t-il pas de revendications offensives maintenant: une semaine de 32 heures sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires, une réponse au chômage des jeunes, un impôt sur la fortune…

    LA REPRESENTATION POLITIQUE?

    Le Morgen écrit : «ce gouvernement est confronté à une position extraparlementaire très forte, mais ce mouvement ‘de la rue et des usines’ ne reçoit pas d’écho parlementaire.» Les partis au gouvernement soutiennent le Pacte des Générations, les partis d’opposition officiels trouvent qu’il faut aller plus loin. En somme, tous défendent une politique néo-libérale dont les ouvriers et leurs familles sont les victimes.

    Le MAS pense qu’il faut mettre des travailleurs sur les listes des élections politiques. Des travailleurs qui, de par leur participation active dans les luttes contre le Pacte des Générations, soient un relais politique aux revendications de ce mouvement.

    Des réflexions à ce sujet peuvent être lancées via une conférence sur la construction d’une liste de gauche des travailleurs, et ce, sur base d’une structure fédératrice flexible, qui laisse assez d’espace pour des travailleurs des différents contextes (aussi bien FGTB/ABVV que CSC/ACV)

    Le MAS veut populariser cette discussion et y travaille avec une pétition pour un nouveau parti des travailleurs (voir : www.partidestravaileurs.be). Cette pétition est un instrument pour mener la discussion sur les lieux de travail et dans le mouvement syndical. Nous voulons ainsi donner une direction à la recherche d’un prolongement politique qui a commencé.

  • Le droit à l’enseignement en danger. Des minervals jusqu’à 9.000 euros!

    Les partisans des accords de Bologne tombent le masque. Ce projet n’est qu’un instrument pour mettre sur pied une politique néo-libérale dans l’enseignement supérieur. Le sous-financement structurel est utilisé pour maintenir l’enseignement dans le cadre des intérêts patronaux avec comme conséquence directe le refus du droit à l’enseignement pour des milliers de jeunes.

    Simon Van Haeren

    L’ancien recteur de la KUL (université catholique de Louvain), André Oosterlinck, clame que la diminution de moitié du nombe d’étudiants à son université n’est aucunement un prix trop élevé pour pouvoir concurrencer Oxford ou Cambridge. Récemment, la KUL a effectivement augmenté les minervals. Pour 31 formations de ‘master après master ‘ (une formation après le premier diplôme – généralement plus qualifiante), il ne faut plus payer 505 euros mais 3.000, 4.000…jusqu’à 9.000 eur.!

    L’initiative de la KUL représente une attaque sur le droit à un minerval « accessible » et, finalement, sur le droit à l’enseignement en général. La course aux minervals élevés est ouverte, et d’autres universités et hautes-écoles vont suivre.

    Sur les barricades contre l’augmentation des frais d’inscriptions

    La Communauté française attaque en premier lieu les plus faibles. Ce fut le cas pour les étudiants bénéficiant du taux intermédiaire à l’université de Liège. Leur minerval devait passer de 277 euros à 403 euros, mais après les protestations étudiantes, ces mesures ont été retirées.

    Le CECAM (« Collectif des Etudiants Contre l’Augmentation du Minerval », dans lequel Etudiants de Gauche Actifs (EGA) a joué un rôle moteur) a lutté contre l’attitude passive des représentants «officiels» et a mobilisé pour différentes actions. Une occupation du rectorat fut organisée, à laquelle prirent part 400 étudiants, et une victoire fut obtenue.

    Cette année, ce problème fut de nouveau à l’ordre du jour dans toute la Communauté française. Selon la logique de Bologne, les frais d’inscription devaient passer pour les étudiants semi-boursiers à 430 euros. Après quelques petites actions, la Communauté française a cédé, les rectorats durent prendre peur que la protestation s’amplifie, entre-autre aux universités de Liège (Ulg) et de Bruxelles (ULB), ou il y avait possibilité de s’allier avec le personnel.

    Malgré cela, le CECAM, entretemps devenu SAEL (Syndicat Autonome des Etudiants Liégeois) est affaibli et se transforme lentement en une nouvelle « bureaucratie étudiante » uniquement active dans les structures officielles. A l’avenir, la question de la combativité des organisations étudiantes se posera encore. EGA se profilera pour une stratégie combative, orientée vers l’action, pour informer et mobiliser tant que possible les étudiants et le personnel, pour ainsi construire un rapport de forces. Nous devons également continuellement pousser à gauche avec les autres mouvements de lutte et appeler à la solidarité.

    Les droits politiques des étudiants sous pression

    EGA est en faveur d’une résistance conséquente contre la politique d’austérité. C’est la raison pour laquelle les rectorats interviennent régulièrement contre notre présence: refus d’utilisation des salles, amendes pour le collage d’affiches ou encore « rappel à l’ordre » des militants par les autorités.

    Récemment, un membre EGA qui collait des affiches a même été attaqué par un agent de la sécurité de la VUB (université néerlandophone de Bruxelles). La VUB dut reconnaître sous pression du SETCA (centrale de la FGTB pour les employés et cadres) et d’EGA sa politique de tolérence zéro contre les affiches étudiantes sur le campus.

    EGA est pour un enseignement gratuit et démocratique accessible à tous. Nous soutenons la revendication du front commun syndical pour que 7 % du PIB soit investi dans l’enseignement, par le budget public et non par privatisations. Etudiants et personnel sont renforcés s’ils défendent ensemble leurs intérêts. Le mouvement syndical contre les attaques sur les prépensions s’oriente contre la même politique néo-libérale qui menace notre enseignement. Nous devons donc avancer ensemble contre le néolibéralisme et défendre une alternative socialiste.

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