Category: Métal

  • Nationalisation d’ArcelorMittal sous le contrôle des travailleurs

    Sauvons l’emploi, pas les profits !

    Hier soir, c’est une véritable bombe sociale qui a explosé en région liégeoise : le groupe ArcelorMittal a annoncé la fermeture définitive de la phase à chaud liégeoise. Plus de 600 emplois directs sont concernés, sans parler des centaines de sous-traitants ou encore de l’impact destructeur sur le budget de Seraing. Pourquoi ne pas nationaliser ArcelorMittal? C’est ce qu’ont officiellement demandé les syndicats d’ArcelorMittal à Elio Di Rupo : mettre un milliard d’euros sur la table avec l’argument que la Belgique a bien pu sortir 4 milliards d’euros en un week-end pour Dexia…

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    Manifestation de solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal à l’appel du front commun syndical CSC-FGTB ce mercredi 26 octobre, à 10h, place communale à Seraing, devant l’Hôtel de ville.


    ArcelorMittal : même patron, même combat !

    Comme le dénonce le communiqué de presse du Comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg (54) : ‘‘Au Luxembourg, après la délocalisation du service informatique, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange, tandis que la production au site de Rodange passera de deux à un poste/jour. Avec la complicité du gouvernement luxembourgeois, qui est toujours actionnaire chez ArcelorMittal, 600 métallos vont se retrouver dans cette fameuse ‘‘cellule de reclassement’’ où l’État, venant en aide à ces pauvres actionnaires, paiera une grosse partie des salaires des travailleurs ! Quant aux innombrables emplois qui vont se perdre dans le secteur de la sous-traitance, on n’en parle même pas.

    En France, après l’extinction du site Gandrange, le couperet vient de tomber, sur le site de Florange-Hayange : 1.100 ouvriers vont se retrouver au chômage technique, au moins 400 intérimaires verront leur contrat résilié. (…) pour stopper la rapacité des actionnaires d’ArcelorMittal, pour contrer la ‘‘concurrence libre et non faussée’’, il faut d’autres arguments: un combat qui s’étend sur l’ensemble du groupe ! Donner une dimension internationale à l’action est nécessaire ! Les métallos doivent se donner tous les moyens de combat possible en exigeant la coopération des syndicats au-delà des frontières nationales.’’

    Solidarité internationale, pour une lutte internationale !

    ‘‘Bande d’hypocrites, vous avez donné plein d’espoirs aux travailleurs en leur disant ‘‘soyez compétitifs et ça va allez’’. Et les travailleurs ont accepté de faire des efforts et des sacrifices. Tout ça pour fermer ! Et bien si Mittal ne veut plus de l’outil, on va le reprendre.’’ Voilà ce qu’a déclaré Francis Gomez, président des métallos de la FGTB tandis qu’Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) et Thierry Bodson (président de la FGTB Wallonne) ont été reçus aujourd’hui par le formateur Elio Di Rupo et lui ont donné le plan de nationalisation d’un milliard.

    Très nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, sont tout simplement choqués par le cynisme de la direction du groupe, par toutes les belles promesses non-tenues en échange d’une flexibilité accrue. Les travailleurs se sentent tout simplement plumés, et avec eux toute la société. Les syndicats font bien de le relever, cet évènement se produit dans un contexte bien particulier après ce qui est arrivé à Dexia.

    D’autre part, remuées par cette annonce, différentes données refont surface. Comme celles du dossier du magasine Trends-Tendances datant d’il y a un an (les ‘‘20 plus gros employeurs qui ne paient pas d’impôts’’). Dans celui-ci, ArcelorMittal figurait en bonne compagnie (Belgacom, Delhaize,…). En 2009, comme l’avait révélé le service d’étude du PTB, la filiale financière ArcelorMittal Finance & Service Belgium avait payé un impôt de 496 euros… Chiffre qu’il faut comparer au 1,3 milliard d’euros de profit de cette année. Bien peu de personnes peuvent se vanter d’avoir un taux d’imposition de 0,00038 % (le taux officiel pour les sociétés est de 33,99%). Qui a dit que les entreprises sont trop taxées en Belgique ? Selon Trends-Tendance, en 2010, les bénéfices étaient de 2,9 milliards de dollars, et de 1,1 milliard de dollars durant le seul premier trimestre de 2011. Du propre aveu d’Etienne Botton (porte-parole d’ArcelorMittal à Liège), le montant des impôts payés en 2009 est dû au système de la Déduction des Intérêts Notionnels. Rappelons que ce système avait été défendu par l’argument que la mesure visait à préserver l’emploi en Belgique… En bref : Take the money and run !

    Quel type de nationalisation ?

    Le 12 mars 2003, quand le groupe Arcelor (repris par le groupe Mittal en 2006) avait décidé la fermeture de la phase à chaud de Cockerill Liège, pas moins de 50.000 personnes avaient participé à une manifestation contestant cette décision. Ce nombre à lui seul exprime le potentiel de solidarité qui est présent : il s’agissait de la plus grande manifestation ouvrière dans la Cité Ardente depuis la grande grève générale de 1961 ! D’autres secteurs avaient débrayé et des métallos français ou allemands étaient également venus. A l’époque, nous avions écrit : ‘‘La manifestation dégageait à la fois un sentiment de force et d’impuissance. Force de la mobilisation. Impuissance de la direction politique. Les travailleurs de Cockerill suivent leurs délégués syndicaux qui suivent les secrétaires syndicaux qui suivent les politiciens locaux! Non pas que les travailleurs fassent confiance aux politiciens traditionnels (lors du meeting à la fin de la manif la seule évocation des responsables politiques provoquait une vague de huées et de sifflets). Mais faute d’alternative politique, les travailleurs suivent avec méfiance. Au meeting final, lorsqu’un responsable syndical en appelle à la nécessité de légiférer pour empêcher que cela ne reproduise plus, mon voisin, un ex-ouvrier de Continental venu par solidarité, me dit: "Tu vois, il nous a déjà laissé tomber! Il parle pour le futur!"

    2003 : Le PSL, à l’époque Mouvement pour une Alternative Socialiste, était intervenu dans les diverses manifestations et actions (ici au Grand Duché du Luxembourg) en défendant la nationalisation de Cockerill sous le contrôle des travailleurs, sans rachat ni indemnité.
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    Nous avions à l’époque distribué un tract défendant la nécessité de la nationalisation de Cockerill sans rachat ni indemnité et sous contrôle ouvrier comme seule manière de préserver l’emploi. Certains avaient alors critiqué cette revendication comme hors de portée, mais nous ne pouvons que constater aujourd’hui que la situation est arrivée à un cul-de-sac.

    La nationalisation est la seule solution, mais pas n’importe quelle nationalisation ! Les responsables de la Région wallonne sont incapables de diriger une sidérurgie. On a vu cela aux Forges de Clabecq ou encore lorsque l’État belge a racheté (à prix d’or) Cokerill-Sambre en 1981 pour ensuite transmettre l’entreprise à la Région wallonne. Quand nous parlons de nationalisation, nous ne parlons pas d’une entreprise gérée dans le cadre du capitalisme et respectant sa logique, où les moyens de la collectivité sont utilisés pour provisoirement venir ”boucher les trous” en fonction des intérêts patronaux quand un secteur n’est plus suffisamment rentable.

    Dans le cas de Cockerill-Sambre, ce processus a conduit à l’intégration dans le groupe Arcelor, la Région Wallonne restant le premier actionnaire d’un groupe essentiellement contrôlé par des fonds de pensions américains… C’est en 2006 qu’Arcelor est devenu Arcelor-Mittal suite à une OPA hostile de Mittal Steel (un rachat des actions d’une entreprise par une autre sans accord préalable), numéro un de l’acier mondial.

    La seule manière de préserver l’emploi tout en orientant l’activité vers une production écologiquement responsable et socialement utile est de procéder à une nationalisation sans rachat ni indemnité, sous le contrôle démocratique des travailleurs. Les métallos connaissent leur entreprise parfaitement et sont capables de former un collectif de direction impliquant la mobilisation de tous les travailleurs et la mise sur pied de comités de vigilance et de contrôle ouvrier qui seront les yeux et les oreilles des travailleurs sur l’entreprise. Pour voir clair dans les comptes il faut aussi la levée du secret bancaire. Sans cela, tout sera perdu à terme: le chaud, le froid, l’emploi chez les sous-traitants et dans les services. Dans d’autres pays où ArcelorMittal est implanté, la revendication de la nationalisation est aussi discutée, comme en Algérie, où une grève générale a éclaté sur cette question en mai de cette année, ou au Kazakhstan.

    A terme, un tel type de nationalisation ne saurait être viable qu’avec l’instauration d’une société où les secteurs clés de l’économie (notamment ceux de l’énergie et des banques) seraient retirés des griffes du privé pour être collectivisés dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire totalement soustraite du chaos de l’économie capitaliste.

    Nous proposons:

    • La nationalisation sans rachat ni indemnité. Sans rachat car on ne doit pas payer une deuxième fois ce que les travailleurs ont déjà payé une première fois par leur travail et leur santé.
    • L’ouverture des livres de comptes et la levée du secret bancaire de l’entreprise et de ses filiales. Les travailleurs ont le droit de savoir où est passé l’argent et qui en a profité.
    • Afin d’assurer à chacun un emploi, le PSL défend les 32 heures, partout, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
    • La mise sous contrôle ouvrier. Aucune confiance aux politiciens ni à la Région Wallonne pour gérer l’entreprise. Il faut élire à Cockerill dans chaque atelier et dans chaque pause des délégués à un comité de contrôle ouvrier (beaucoup plus nombreux que les délégations syndicales) pour assurer le contrôle de l’entreprise: contrôle des stocks, des produits finis, des commandes, des livraisons, des fournitures, des paiements bancaires, etc.
    • La nationalisation des secteurs clés de l’économie, dans le cadre de l’élaboration d’une planification démocratique de l’économie en fonction des intérêts de la majorité de la population.
    • L’instauration d’une société socialiste démocratique.
  • Arcelor Mittal : France, Luxembourg, Belgique, Allemagne : même patron, même combat !

    La profondeur avec laquelle un être humain perçoit et ressent les conséquences de cette crise endémique qui grippe sérieusement le mode de production capitaliste, dépend de son appartenance à une des deux classes sociales. Ainsi, Monsieur Mittal, 6e fortune du monde, avec ses 80 milliards dans les poches, voit le chamboulement mondial avec beaucoup plus de détachement que son salarié métallo qui se retrouve du jour au lendemain projeté au chômage et dans la précarité. Le métallo, lui, est devenu la victime de l’appétit insatiable des actionnaires à ramasser toujours plus !

    Comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg (54)

    Alors que Monsieur Mittal a pu amuser ses actionnaires en leur annonçant un bénéfice net de 238 milliards de dollars pour l’ensemble du groupe depuis 2007, le ballet des innombrables plans de restructurations n’a jamais cessé de tourner : fermeture de sites, délocalisations, destruction de milliers d’emplois, chômage et une mise en concurrence des salariés non seulement sur le plan mondial, mais aussi entre sites dans un même pays.

    Les plans dévastateurs des barons de l’acier

    Le géant de l’acier, dans le cadre d’une stratégie établie depuis belle lurette, accroît son recours au travail intérimaire et à la sous-traitance, sans se soucier ni de la dégradation des conditions de travail ni des accidents, tout en amplifiant les cadences de travail.

    Le groupe n’investit plus un seul centime de ses bénéfices faramineux dans ces installations (coulée permanente ou fours électriques) arrivées à échéance d’amortissement. Il s’agit donc de fermer les usines non rentables, surtout celles qui se trouvent en Europe et de concentrer le reste de la production vers les côtes, près des ports tout en délocalisant en direction des pays émergents du tiers-monde.

    Les intérêts des actionnaires d’ArcelorMittal sont évidents : réduction des coûts de transports, tout en accédant plus facilement aux matières premières (mines, charbon, ferrailles…) et surtout profiter d’une main-d’œuvre docile et ‘‘bon marché’’. On comprend donc pourquoi ArcelorMittal achète partout dans le monde des mines de charbon et de minerais, construit des aciéries au Brésil où la forêt tropicale fournit du charbon de bois à bas coût, pourquoi ArcelorMittal devient un opérateur sur le marché de l’énergie.

    Même patron, même misère

    Au Luxembourg, après la délocalisation du service informatique, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange, tandis que la production au site de Rodange passera de deux à un poste/jour. Avec la complicité du gouvernement luxembourgeois, qui est toujours actionnaire chez ArcelorMittal, 600 métallos vont se retrouver dans cette fameuse ‘‘cellule de reclassement’’ où l’État, venant en aide à ces pauvres actionnaires, paiera une grosse partie des salaires des travailleurs ! Quant aux innombrables emplois qui vont se perdre dans le secteur de la sous-traitance, on n’en parle même pas.

    En France, après l’extinction du site Gandrange, le couperet vient de tomber, sur le site de Florange-Hayange : 1.100 ouvriers vont se retrouver au chômage technique, au moins 400 intérimaires verront leur contrat résilié.

    En Belgique, la région de Liège continue d’être dévastée par ArcelorMittal qui vient de décider que le haut-fourneau d’Ougrée restera définitivement éteint. Et maintenant, c’est le tour du site de Fontaine de fermer les portails, mettant 60 sidérurgistes sur le carreau et amorçant la fin de la tréfilerie à la Fontainoise.

    Perspectives de lutte et responsabilités des syndicats

    Depuis le démantèlement de la sidérurgie à la fin des années 1970 dans la Grande Région, les syndicats français, belges ou luxembourgeois n’ont guère digéré les défaites accumulées et ont finalement accepté plan social sur plan social. L’organisation d’une riposte unitaire et solidaire dès à présent, dans l’ensemble de la Grande Région et au-delà des frontières nationales, n’est pas une option pour le comité d’entreprise européen: il se tait !

    Mais il est évident que pour stopper la rapacité des actionnaires d’ArcelorMittal, pour contrer la ‘‘concurrence libre et non faussée’’, il faut d’autres arguments: un combat qui s’étend sur l’ensemble du groupe ! Donner une dimension internationale à l’action est nécessaire !

    Les métallos doivent se donner tous les moyens de combat possible en exigeant la coopération des syndicats au-delà des frontières nationales, avec des revendications percutantes :

    • Interdiction des suppressions de postes et des licenciements!
    • Maintien des contrats de travail, conditions de travail et qualifications!
    • Généralisation des 35 heures sans perte de salaire et avec nouvelles embauches sur tous les sites ArcelorMittal de la Grande Région!
  • Blocage de l’AG des actionnaires d’Econocom sur fond d’acquisition : “Pour un juste partage des joies et des peines”

    Dans les locaux d’Econocom se tenait à Zaventem une Assemblée Générale des actionnaires. Les syndicats avaient décidé de tenir une action de blocage pour pousser la direction à entendre leurs inquiétudes quant aux conséquences sur le plan social du rachat d’ECS (filiale de la Société Générale) par Econocom l’année passée. Ce mardi 17 mai, des délégués belges et français ont donc bloqué pendant une bonne heure l’AG.

    Rapport et photos par Nico M. (Bruxelles)

    Cette action a pris place une semaine après une action à la Défense à Paris devant les locaux de la Société Générale et après 6 mois durant lesquels la direction a fait la sourde oreille aux demandes syndicales.

    Le rachat d’ECS double la taille de Econocom et l’objectif mis en avant est d’atteindre les 2 milliards € de chiffres d’affaire en 2012. Le patron d’Econocom, Jean Louis Bouchard, est annoncé comme la 138ème fortune française avec une fortune estimée à 136 millions d’€. Pendant le blocage, les travailleurs mettaient en avant les bonus partagés (4 millions entre 4 personnes) ainsi que de l’augmentation du cours de l’action (aujourd’hui à 16€) et du dividende (0,35€ par action). Jean Louis Bouchard peut donc compter sur un dividende total d’au moins 4,5 millions pour ses 13 millions d’actions du groupe (Sources : Trends-Tendances du 09/09/2010).

    Les inquiétudes des travailleurs résident dans le fait que la direction se réserve les “joies” du rachat et laisse les “peines” sur le dos des salariés. Il est tout d’abord question de restructuration. En effet après chaque rachat d’entreprise, la nouvelle entité dégraisse ses effectifs et licencie toute une série de travailleurs jugés superflus. De plus dans le cas d’ECS, Econocom veut le beurre et l’argent du beurre. La tentation est grande de prendre les nouveaux employés sous de nouvelles conventions moins favorables pour les travailleurs que celles en vigueur lorsqu’ils étaient une filiale de la Société Générale. La volonté est de casser la convention collective métallurgiste chez ECS France, et également chez Econocom France. C’est autour de ces conséquences sociales que les syndicats voulaient une concertation sociale avec la direction pour dégager des garanties vis-à-vis de ces restructurations.

    Les actionnaires peuvent recevoir les dividendes mais les travailleurs devront alors revoir, comme partout ailleurs, leurs conditions de travail, leurs salaires à la baisse. Ce message était clair lors de ce blocage: Halte à la casse sociale! Les syndicats dénoncent le manque de négociations dans le processus de rachat et donc l’absence de convention pour l’ensemble du personnel. De plus ils pointent les divisions qui en découlent. La direction signe des accords avec des groupes restreints de travailleurs et attaque donc de manière isolée les travailleurs. Cela fait un an que le rachat a eu lieu et rien de concret n’est encore sur la table.

    Les délégués voulaient aussi prévenir que cette attitude radicalise les délégations autour de la nécessité de lutter. Les liens entre délégués belges et français sont d’ailleurs très bons et se renforcent dans de telles actions ou encore lors de l’action à Paris où des délégués belges étaient présents. Ce blocage voulait prévenir que les délégations ne laisseraient pas passer cette “OPA sur les acquis sociaux” et étaient prêtes à des actions plus dures si la direction ne donnait toujours pas de suite. Depuis quelques jours, la direction est en discussion avec les délégations françaises, le blocage de ce mardi a permis que deux observateurs belges, du côté syndical, soient invités.

    Cette situation est caractéristique et nécessite toute notre solidarité. Depuis les années ’70, nous sommes dans une situation de surproduction. Le néolibéralisme sous l’impulsion de Thatcher et Reagan a notamment permis au patronat d’assouvir leur soif de profits en tirant leurs marges sur base d’une augmentation de l’exploitation des travailleurs. C’est à dire soit faire travailler plus, soit avec moins de personnel, soit en payant moins de salaire, soit les trois. Avec les marchés qui se réduisent, la tendance à la création de grands groupes monopolistiques a été accentuée favorisant les rachats, fusions et autres OPA. Mais lorsque les capitalistes récupèrent une société ce n’est pas pour refaire la même chose qu’avant. Une acquisition doit se solder par une économie sur les coûts de production, sinon pourquoi le racheter? Et donc l’exploitation est revue à la hausse. L’exemple d’Econocom est représentatif de cette course aux profits toujours plus poussée où en dernier ressort ce sont les travailleurs qui payent. En plus, les travailleurs expliquent que les entités avant fusion étaient bénéficiaires avec les conventions d’alors.

    Le système capitaliste, son marché libre, ses places boursières sont incapables d’apporter les conditions de vie décentes à la majorité de la population. Les conséquences sont une précarisation et une flexibilisation des conditions de travail, le chômage, la division, les pressions psychologiques,… Les travailleurs doivent lutter – unis et combatifs – contre ces dérives qui, comme on le voit aujourd’hui, apportent l’austérité et les attaques contre nos services publics. La volonté de défendre les acquis des générations passées était très claire lors de cette action.

    Le tract distribué revendiquait:

    En France:

    • La métallurgie pour tous!
    • La négociation sur les accords d’entreprises.
    • Le droit de na pas être pris pour du consommable.
    • La transparence sur tout licenciement et déplacement de personnel.

    En Belgique:

    • Une CCT pour IFTS équivalente à celle faite pour “Métropolis”.

  • Arcelor-Mittal: soif de profit et menaces sur l’emploi

    Dans la sidérurgie liégeoise, les patrons ont toujours été connus pour battre le chaud et le froid… Les hauts-fourneaux ont ainsi connu une véritable saga faite de mise à l’arrêt, de relance, de re-fermeture, etc. suivant les aléas du marché des matières premières et de la concurrence dans le secteur. Nouvel épisode: Arcelor-Mittal a annoncé la probable mise à l’arrêt de plusieurs lignes de la ”phase à froid” liégeoise début 2011. Quelques 500 emplois sont directement concernés, frappés de chômage économique pour une durée indéterminée. Trois hauts fourneaux en Europe devraient subir le même sort.

    De façon scandaleuse, cette annonce arrive après qu’ait été rendu public le montant d’impôt perçu par l’Etat sur la société anonyme Arcelor-Mittal Finance and Service Belgium (AMFSB), une des filiales d’Arcelor-Mittal: 496 euros seulement sur un bénéfice de près de 1,3 milliards d’euros ! Mais il en faut toujours plus… la multinationale de l’acier ne ménage pas ses efforts pour réduire les coûts. Dans son rapport d’activité pour l’année 2009, Arcelor-Mittal Belgium parlait déjà d’une ”réduction du coût du personnel”, soit la suppression de 854 emplois cette année-là (11% des travailleurs). En termes d’heures annuelles prestées, il s’agit même de 18%.

    Arcelor-Mittal se justifie en parlant de la hausse des prix des matières premières et de la concurrence de l’acier russe. En bref, impossible pour les travailleurs d’assurer une stabilité de vie dans le chaos d’une économie de spéculation et de concurrence. Quel plaidoyer contre la propriété privée des moyens de production… La vision à court terme du capitalisme ne conduit qu’à des ravages tant au niveau de l’environnement qu’au niveau de l’emploi.

    Nationalisation sous le contrôle des travailleurs

    Bien entendu, quand les travailleurs d’Arcelor-Mittal entendent parler de nationalisation, ils pensent en premier lieu à l’achat par l’État belge de Cokerill-Sambre (la fusion des activités des bassins sidérurgiques de Liège et de Charleroi) en 1981, qui a ensuite transmis l’entreprise à la Région wallonne. Toutefois, quand nous parlons de nationalisation, nous ne parlons pas d’une entreprise gérée dans le cadre du capitalisme et respectant sa logique, où les moyens de la collectivité sont utilisés pour provisoirement venir ”boucher les trous” en fonction des intérêts patronaux quand un secteur n’est plus suffisamment rentable.

    Dans le cas de Cockerill-Sambre, ce processus a conduit à l’intégration dans le groupe Arcelor, la Région Wallonne restant le premier actionnaire d’un groupe essentiellement contrôlé par des fonds de pensions américains… c’est en 2006 qu’Arcelor est devenu Arcelor-Mittal suite à une OPA hostile de Mittal Steel (un rachat des actions d’une entreprise par une autre sans accord préalable), numéro un de l’acier mondial.

    La seule manière de préserver l’emploi tout en orientant l’activité vers une production écologiquement responsable et socialement utile est de procéder à une nationalisation sans rachat ni indemnité, sauf sur base de besoins prouvés (pour les vrais ”petits actionnaires”), sous le contrôle démocratique des travailleurs. Mais à terme, cela ne saurait être viable qu’avec l’instauration d’une société où les secteurs clés de l’économie seraient retirés des griffes du privé pour être collectivisés dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire totalement soustraite du chaos de l’économie capitaliste.

  • Victoire à Techspace Aéro : La lutte paie !

    Ce matin, 7h30, au piquet de Techspace, à Herstal. Les ouvriers sont en grève depuis le 12 mars. Hier, les négociations avec la direction ont duré tard et les ouvriers en grève sont fébriles. Finalement, après une Assemblée Générale à 10h, les grévistes ressortent le sourire aux lèvres: victoire, la lutte paie!

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    Pour des Marches des jeunes locales pour l’emploi!

    Aujourd’hui, la crise du capitalisme frappe de plein fouet les travailleurs et les jeunes. La récession serait terminée? Seuls les actionnaires le ressentent. Pour les jeunes et les travailleurs, le pire reste à venir. Les annonces de licenciements se succèdent et un chômage de masse qui touchera plus fortement les jeunes nous attend. Les gouvernements ont sauvé les grands actionnaires des banques pour un montant d’environ 26 milliards € – nous exigeons un plan de sauvetage de l’emploi dans notre intérêt!

    • Plateforme Jeunes et Emploi du PSL

    Un comité "Jeunes en lutte pour l’emploi" est en train de se constituer sur Liège avec les Jeunesses Ouvrières Chrétiennes, la FGTB-Jeunes, le PSL, la LCR, Ecolo-J, EGA et Comac. Plus d’informations arriveront sous peu sur ce site.

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Cette grève des ouvriers avait débuté pour réclamer l’octroi de prépensions combinées à l’engagement de jeunes avec des Contrats à Durée Indéterminée. En front commun, les syndicats avaient argumenté que les moyens étaient bien présents pour ce faire : le résultat d’exploitation est passé de 2,72 millions d’euros en 2008 à 22,3 millions en 2009, le bénéfice net est en progression de pas moins de 7 millions d’euros pour atteindre les 18 millions et, grâce à la déduction des intérêts notionnels, depuis 4 ans, l’entreprise économise une moyenne de 2,5 millions d’impôts par an! De leur côté, les actionnaires ont pu recevoir 9,14 millions de dividendes (contre 7,6 millions en 2008).

Au final, après n’avoir voulu discuté que de 4 prépensions, les travailleurs ont pu obtenir 37 prépensions avec engagement d’autant de jeunes en CDI (sur une durée de trois ans), une prime unique de 200 euros d’ici fin juin, une prime à l’intéressement de l’entreprise (comme les employés l’avaient déjà depuis longtemps) et la possibilité de passer en 4/5e temps à partir de 55 ans avec une compensation de 150 euros brut et sans perdre de jours de congé!

Pour Pasquale Albanesi, de la CSC: «C’est un grand exemple pour les entreprises du bassin liégeois. Nous avons réussi grâce à la solidarité totale entre CSC et FGTB. Il n’y a eu aucune différence de couleur, la compréhension de l’intérêt commun était très forte.» Cette notion d’exemple, nous avions pu en discuter durant le temps de l’AG avec un délégué de chez Marichal Ketin. On se rappelle qu’en 2004-2005, la direction avait cherché à y imposer les 40 heures semaines payées 37, ce qui aurait constitué un dangereux précédent pour les autres entreprises. Ici, c’était la question des prépensions – à l’heure ou le ministre Daerden (PS) parle de faire travailler plus longtemps nos aînés – et surtout de remettre l’agenda des travailleurs sur la table.

Après une lutte de deux semaines, les travailleurs sont heureux de leurs efforts et de leur lutte, décriée de façon ignoble dans les médias (nous reviendrons sur cette question dans un autre article).

«Nous n’avons aucun mérite, c’est la solidarité qui a payé» explique Jérôme Knops, un jeune délégué FGTB. Peu après, un ouvrier qui a déjà quelques années de boîte derrière lui affirme «On peut être fiers de nous, mais surtout de nos jeunes. La relève est là pour les prochains combats. Je souhaite à tout le monde d’entrer en lutte et d’avoir la même chose!» Et effectivement, des jeunes, il y en a eu pas mal au piquet, de quoi tordre le cou à quelques idées toutes faites sur les jeunes qui ne savent se mobiliser sur rien.

Cette grève démontre, après des luttes comme celles de Bayer à Anvers ou d’InBev, que la lutte paie, même en temps de crise. En ces temps d’augmentation massive du chômage, particulièrement chez les jeunes, et alors que certains parlent de s’attaquer à nos fins de carrière, les travailleurs de Techspace ont porté un message : à nous de nous organiser et de riposter!

  • Les travailleurs de Techspace Aero tiennent le cap

    Des travailleurs à l’offensive pour réclamer de l’emploi pour les jeunes et plus de pouvoir d’achat, ce n’est pas monnaie courante ces temps-ci. C’est pourtant sur cette voie que ce sont engagés les travailleurs de Techspace Aero à Liège. Depuis 13 jours, les travailleurs sont en grève pour exiger une hausse de salaire et des prépensions. Nous avons rencontré Jérome Knops, le délégué jeunes FGTB-métal mobilisé avec ses collègues sur un piquet combatif du font commun syndical. Le soir même de cette visite, hier soir, la direction a de nouveau provoqué les grévistes en envoyant un huissier forcer le piquet! Bas les pattes du droit de gève!

    Pas Simon Hupkens

    • De l’emploi pour les jeunes! Une revendication de riches?

    Lutte socialiste: En assemblée générale ce matin, les travailleurs de Techspace ont refusé la proposition de la direction. Quel était le contenu de cette proposition?

    Jérome Knops: Une vingtaine de prépensions réparties sur deux ans. 12 en 2010 et 8 en 2011. On a négocié que chaque prépension signifie un engagement. La direction propose une augmentation de 150€ brut aussi bien pour les ouvriers que pour les employés.

    LS: Et cela ne satisfaisait pas la base?

    J.K: Non, on a beaucoup de jeunes travailleurs qui sont tous en CDD avec peu de chance de passer en CDI. Ce qu’ils demandent, c’est plus de pouvoir d’achat pour le temps qu’ils sont là. Les collègues sont très mobilisés, ils attendent plus de la par de la direction. Et on pense qu’avec ce niveau de mobilisation, on peut l’obtenir.

    L.S: A propos de mobilisation, comment organisez-vous l’information des collègues?

    J.K: On a une assemblée tous les matins. On tient aussi au courant les collègues par sms au cours de la journée. En cas de problème, ça nous permet de mobiliser rapidement.

    L.S: Est-ce que vous avez tenté d’élargir le mouvement?

    J.K: On a fait une action de sensibilisation sur le zoning. Une distribution de tracts aux voitures. Et puis on est allé faire une action de protestation symbolique dans une entreprise proche, Firopa parce que la direction de Techspace y a transféré du stock juste avant le mouvement de grève histoire de continuer la production sur un autre site et de casser notre action.

    L.S: Vous sortez de négociation. Comment ça s’est passé?

    J.K: Pas très bien. La direction a rompu les négociations en précisant qu’il s’agissait d’une décision de l’actionnaire. Ils tentent de nous mettre la pression en disant qu’on va perdre des commandes au profit d’une entreprise flamande si on ne reprend pas le travail demain. Ils ont aussi menacé d’envoyer des huissiers sur le piquet. Pour nous, c’est du bluff et on sait que les collègues sont avec la délégation et qu’ils ne lâcheront pas.

    La détermination semble donc de mise pour les travailleurs de Techspace. Mais au fait, qui sont ces actionnaires dont la direction dit suivre les ordres? Renseignements pris auprès de Luis Casillas, délégué principal FGTB, la région wallonne est propriétaire de l’entreprise à 31%. On a pourtant peu entendu le gouvernement de la région wallonne (à dominante PS) au sujet de la grève. Le ministre de l’économie Jean-claude Marcourt hésiterait-il à soutenir les travailleurs en lutte? Lui qui se proclame encore occasionnellement anticapitaliste appelle, selon La Dernière Heure à une «résolution rapide du conflit». Voilà une prise de position bien tranchée de la part d’un anticapitaliste…

    Hier soir, un huissier de justice mandaté par la direction est venu vers 21h pour forcer les grilles de l’entreprise pour permettre à un camion de charger des pièces prêtes à la livraison. C’est une atteinte inacceptable au droit de grève!

  • De l’emploi pour les jeunes! Une revendication de riches?

    Les ouvriers de Techspace Aéro (moteurs aéronautiques), en région liégeoise, sont en grève en front commun syndical depuis vendredi dernier. Ils exigent des prépensions pour pouvoir engager des jeunes ainsi qu’une augmentation de leur pouvoir d’achat. Du côté patronal et des médias, on entend ou on laisse entendre qu’il s’agit d’une «grève de riches», car l’entreprise se porte bien et ne prévoit aucun plan contre les travailleurs.

    L’argumentaire patronal est en fait aisé à comprendre. Quand une entreprise va bien, on ne doit rien revendiquer, car c’est une réaction de gamin gâté. Mais, quand une entreprise va mal, on ne doit rien revendiquer non plus car, là, il s’agit d’une réaction irresponsable. En bref, l’idéal, c’est que les travailleurs courbent l’échine, se crèvent à la tâche et subissent sans broncher le diktat patronal.

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    De l’emploi pour les jeunes!

    Aujourd’hui, la crise du capitalisme frappe de plein fouet les travailleurs et les jeunes. La récession serait terminée? Seuls les actionnaires le ressentent. Pour les jeunes et les travailleurs, le pire reste à venir. Les annonces de licenciements se succèdent et un chômage de masse qui touchera plus fortement les jeunes nous attend. Les gouvernements ont sauvé les grands actionnaires des banques pour un montant d’environ 26 milliards € – nous exigeons un plan de sauvetage de l’emploi dans notre intérêt!

    • Plateforme Jeunes et emploi du PSL

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    Les ouvriers de Techspace Aéro trouvent pourtant que leurs revendications sont tout sauf illégitime. Et à bien juste titre! Comme l’explique le front commun «cela est possible car la situation économique et financière de Techspace-Aéro est excellent et ce depuis des années grâce à l’effort des travailleurs.» C’est loin d’être une phrase en l’air, comme on peut le remarquer: le résultat d’exploitation est passé de 2,72 millions d’euros en 2008 à 22,3 millions en 2009, le bénéfice net est en progression de pas moins de 7 millions d’euros pour atteindre les 18 millions et, grâce à la déduction des intérêts notionnels, depuis 4 ans, l’entreprise économise une moyenne de 2,5 millions d’impôts par an! Une bien belle situation, gagnée par la sueur des travailleurs et sur le dos de la collectivité (notamment avec les intérêts notionnels), au bénéfice des actionnaires qui peuvent se réjouir de recevoir cette année 9,14 millions de dividendes (contre 7,6 millions en 2008). (1)

    Malgré le fait que ceux qui produisent cette richesse n’en bénéficient pas et malgré l’important taux chômage chez les jeunes, la direction traîne les ouvriers de palabres en palabres depuis le mois de juin 2009. Pire, ils sont qualifiés d’égoïstes, car ils revendiquent alors que d’autres entreprises licencient et restructurent…

    Ce mardi 16 mars, le PSL s’est rendu au piquet. Là, la détermination est grande, la connaissance du sujet aussi. Il faut dire que depuis le mois de juin dernier, plusieurs assemblées générales avaient préparé le terrain. De plus, l’attitude de la direction est on ne peut plus claire; il a par exemple fallu pas moins de 6 mois pour simplement obtenir un calendrier de discussion! Histoire d’illustrer encore la mesquinerie de la direction, il suffit de dire qu’elle a tout simplement refusé de payer les chèques-repas de l’équipe du week-end (les autres les avaient reçus le vendredi 12, avant la grève). La grève a été décidée vendredi, après une Assemblée Générale, à l’unanimité. Il y a eu un peu plus de discussion sur l’utilité de déposer un préavis de grève «Le préavis, c’est un truc qu’ils utilisent pour vider le site.» nous a expliqué un travailleur au piquet « Alors on a voté pour la grève, sans préavis, et on occupe.»

    On parle aussi des médias et de la manière dont la presse parle de la grève bien entendu. «Elle relaye et puis c’est tout. Ils ne disent rien et explique très peu pourquoi nous faisons grève. On laisse les gens face à l’argumentaire patronal. Pourtant, ce dont on parle ici, ce n’est pas d’un problème qui ne concerne que les gens de Techspace. La prépension et l’emploi des jeunes, cela concerne tout le monde et toutes les entreprises»

    Un groupe de jeunes ouvriers de la FGTB nous explique la raison principale de la grève: «l’emploi des jeunes! Les chiffres du chômage parlent d’eux-mêmes non? Avec les prépensions, on peut sortir de la précarité une trentaine de jeunes. Et ici, il y a du bénéfice, il y a de l’argent. Mais attention, jamais pour nous! Et bien on n’est pas d’accord.» Plus généralement, à propos des fins de carrière, un ouvrier plus ancien de la CSC explique un peu plus loin: «On parle sans arrêt de problèmes pour payer les pensions. On s’en est déjà pris à nos droits là-dessus, et on va encore s’en prendre dans la tronche! Mais ces caisses, ce sont nos réserves, qu’on arrête d’aller piocher dedans pour donner aux patrons! On parle de la santé, on parle de plein de choses, mais c’est notre pognon tout ça, faut pas le donner aux patrons avec les intérêts notionnels et d’autres cornichoneries.»

    En fait, très vite, on discute de problématiques plus globales. Sous la banderole de la FGTB «le capitalisme nuit gravement à la santé», on parle de la crise, des attaques un peu partout, et qu’il faut riposter. Un jeun militant CSC nous dit «Tous ces groupes là, Carrefour ou InBev, ils jouent les gros bras, mais c’est le travail des salariés qui a transformé le Grand Bazar (l’ancêtre des GB, repris par le groupe Carrefour, NDLR) et la brasserie Piedboeuf (ancêtre d’Inbev, NDLR). Ils nous doivent tout et ils nous méprisent.» Ailleurs, c’est un groupe de syndiqués plus âgés qui s’exclament : «La manifestation du 29 janvier à Bruxelles, à la base, c’était pour Opel. Dans la précipitation, bien d’autres sont venus, parce que sa nous pend au-dessus de la tête à tous. On l’a bien vu avec Carrefour. On doit réagir ensemble, on en a vraiment besoin!» Plusieurs travailleurs disent fièrement qu’avec cette grève, ils veulent remettre à l’agenda leur propre ordre du jour. Il ne s’agit pas à Techspace Aéro de riposter contre des assainissements ou des licenciements, mais de partir à l’offensive pour réclamer son dû. Pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi des jeunes. Beaucoup espèrent que cela puisse servir d’exemple pour une riposte généralisée des travailleurs. La nécessité d’un plan d’action national pour l’emploi est partout ressentie et a été le centre de la plupart des discussions que nous avons eues.

    Hélas, si l’on trouve des employés au piquet, en solidarité, ils ne suivent pas le mouvement pour l’instant. Les négociations sont séparées, et cela permet de discuter de la question d’un statut unique ouvriers/employés, mais en reprenant le meilleur des deux bien entendu, et pas le pire comme le souhaitent les patrons.


    (1) Chiffre issus du tract du front commun distribué à l’action des travailleurs de Techspace Aéro ce mercredi 17 mars.


    17 mars: Action des travailleurs de Techspace Aéro

    Le mercredi 17 mars au matin, une action a été menée au rond point de l’usine; une distribution de tracts aux automobilstes expliquant leur situation et le pourquoi de la grève.

  • Manifestation des métallos à Namur – Reportage photos

    Aujourd’hui et demain, à l’appel de la FGTB, la sidérurgie liégeoise est en grève. Les sidérurgistes craignent pour leur avenir après l’annonce de la fermeture "provisoire" le 15 mai de la phase à chaud chez ArcelorMittal, qui menace 1.200 emplois. Mardi, ils iront manifester à Luxembourg à l’occasion de l’assemblée Générale des actionnaires du Comité d’Administration du groupe sidérurgique.

    Ce lundi, les sidérurgistes ne sont pas seuls à se croiser les bras. La fédération wallonne des métallos de la FGTB (MWB) a appelé à une grève de 24 heures dans tout le secteur du métal et à une manifestation à Namur contre le résultat des négociations sociales dans le secteur des fabrications métalliques. Contrairement à la CSC et à la CGSLB, la MWB-FGTB refuse d’accepter un accord sectoriel qui va encore moins loin en matière de pouvoir d’achat que ce qui était autorisé dans le dernier accord interprofessionnel (AIP) – pourtant déjà bien maigre – conclu en décembre.

    La MWB accuse les patrons du métal de ne même pas respecter pas les promesses faites au moment de l’AIP. Comme le dit Antonio Di Santo, responsable de la MWB Hainaut-Namur, « Les éco-chèques ? On ne mange pas avec ça. On veut un véritable pouvoir d’achat. À savoir, les 250 euros prévus dans l’AIP ». Ce point de vue est largement partagé à la base, comme l’a montré la participation de 4.500 métallos à cette manifestation qui s’est déroulée sous la pluie du début à la fin. Le PSL y est intervenu avec une délégation de camarades de Namur et de Liège.


    • Faisons de la manifestation du 15 mai de la Confédération Européenne des Syndicats une journée nationale de grève pour l’emploi!
    • Devons payer pour leur crise?
    • "Le capitalisme nuit gravement à la santé" – Une campagne bienvenue de la FGTB wallonne. Mais comment la faire aboutir ?
  • Le chômage explose, les revenus de Mr. Mittal aussi

    Si, malgré la crise et le chômage, vous espérez mener la belle vie et palper rapidement quelques millions d’euros, il semble que le plus simple est d’acheter un billet à l’Euromillion. Vous devriez plutôt essayer de devenir patron d’ArcelorMittal. Même si tout s’écroule autour de vous, vous pourriez quand même empocher 500 millions d’euros en 2009.

    Par Jean Peltier

    Le secteur de l’acier a été un des premiers secteurs industriels touchés par la crise. La production mondiale avait atteint un record historique de 1,3 milliards de tonnes en 2007 et il semblait possible de l’égaler en 2008… jusqu’au moment où les effets de la crise financière ont atteint de plein fouet l’industrie. Depuis lors, la demande est en net recul et la production en chute libre : – 25% en décembre dernier. Partout, les grands groupes sidérurgiques mettent leurs entreprises une après l’autre au ralenti ou carrément à l’arrêt. En moyenne, des outils qui frôlaient la surchauffe il y a encore huit mois ne tournent plus en moyenne qu’à 50% de leurs capacités.

    Si aujourd’hui ArcelorMittal n’a encore planifié aucune fermeture définitive en Belgique, tous les investissements sont gelés et la direction a décidé d’accélérer l’application du plan « Speed Up » qui doit permettre d’épargner 250 millions d’euros. Ici comme ailleurs, la vraie question est : qui va payer ? Et la réponse des patrons d’ArcelorMittal n’est évidemment pas différente de celle des autres patrons.

    La première fournée de mesures a été la mise au chômage technique partiel de milliers d’ouvriers, des plans de départs volontaires pour les employés (puisque ceux-ci ne peuvent pas être mis au chômage technique, au grand déplaisir des patrons), l’arrêt des recrutements et le non-renouvellement des contrats temporaires. Pour ces travailleurs et leurs familles, et pour tous ceux qui travaillent dans la sous-traitance, ces mesures signifient des pertes de centaines, voire de milliers d’euros pour l’année.

    Pendant ce temps, ArcelorMittal continue à soigner ses actionnaires. En 2008, ils avaient reçu 7 milliards de dividendes. Ils n’en recevront en 2009 que 1,2 milliard d’euros… dont 500 millions pour le grand patron Lakshi Mittal qui possède à lui tout seul 44% des actions de son groupe. Charité bien ordonnée commence par soi-même…

    Pourquoi les travailleurs devraient-ils accepter que des entreprises payent des dividendes aux actionnaires quand des dizaines de milliers de travailleurs doivent se serrer la ceinture? Et que l’Etat continue à accorder des cadeaux fiscaux de tous ordres à des entreprises qui licencient à tour de bras tout en continuant à engraisser des actionnaires ? Voilà de bonnes questions à poser – si possible rapidement et dans la rue.

  • Interview de Mohamed, délégué FGTB

    «La soif de profit est responsable de la fermeture de Bekaert-Hemiksem»

    Le 20 janvier, juste avant la Marche de solidarité du 24, nous avons discuté avec Mohamed, travailleur chez Bekaert (production de fils d’acier) à Hemiksem (près d’Anvers) et élu pour la FGTB-Métal au conseil d’administration de l’entreprise. Comment les travailleurs ont-ils réagi le vendredi 15 décembre 2008 à l’annonce du plan de fermeture de votre usine par Bekaert?

    Par Jan (Anvers )

    Mohamed: “Les premiers moments après l’annonce de la direction étaient irréels. La plupart de mes collègues au conseil d’administration étaient comme cloués sur place, personne ne pouvait dire quoi que ce soit à la pensée du drame social pour les 264 travailleurs et leurs familles. “La direction s’attendait à ce que nous annoncions la fermeture aux travailleurs pour recommencer le travail le lundi. Mon abattement a tourné en rage. Messieurs les directeurs vivaient-ils sur une autre planète ? “Avec quelques autres travailleurs, j’ai essayé de réveiller tout le monde. Nous ne pouvions pas accepter l’arbitraire du patron ! Le jour même, l’usine a été mise à l’arrêt. La rage s’est répandue parmi le personnel et la direction a rapidement été obligée d’annoncer que, jusqu’au 5 janvier 2009, personne ne devait plus travailler et que tout le monde allait être payé à 100%. Après coup, les patrons ont prétendu être surpris que les travailleurs aient été tellement en colère…”

    Pourquoi Bekaert veut-il fermer votre usine? Est-ce que vous tournez à perte ?

    Mohamed: “En 2007, Bekaert a fait 87 millions d’euros de profits. Il n’y a pas encore de chiffres pour 2008, mais il apparaît dans les livres de compte que notre filiale fait au moins 10 millions d’euros de profits. En octobre 2008, on nous a dit que les objectifs annuels avaient été atteints en septembre. On tournait encore à plein régime durant l’été, avec des heures supplémentaires! Dès septembre, la demande a baissé et l’entreprise a eu recours au chômage technique. “Personne ne peut prédire combien de temps la crise économique va durer, mais fermer une usine rentable dès le premier jour est quand même totalement injustifiable ! La plupart des travailleurs ont 20 années d’ancienneté ou plus et ils contribuent chaque année aux profits. Les patrons ont aussi leur responsabilité sur le plan du maintien de l’emploi.”

    Est-ce que l’intention de fermer l’usine était une surprise?

    Mohamed: “Non, je savais que cela allait venir. L’année passée, ils ont encore fermé la filiale de Lanklaar (dans le Limbourg). Entretemps, ils ouvrent de nouveaux sites là où les salaires sont plus bas, entre autres en Slovaquie et en Indonésie. Ici à Hemiksem, après plusieurs restructurations ces 20 dernières années, on servait surtout à équilibrer les fluctuations de la production. L’intérêt stratégique de Hemiksem dans le groupe Bekaert a baissé, la fermeture devenant une option toujours plus réaliste. Nous avons continué à être rentables, mais la soif de profit a poussé le patron à fermer ici. La crise économique est une excuse habile pour appliquer des plans qui existaient déjà.”

    Y a t-il une grande volonté d’action parmi les travailleurs?

    Mohamed: “Les premiers temps, cela était certainement le cas. Le mercredi 17 décembre 2008, nous sommes allés à 4 h. du matin à l’usine de Zwevegem (près de Courtrai) avec à peu près 80% des travailleurs pour y appeler à la solidarité. Nous revendiquions dans notre tract que la direction retire son annonce de fermeture. Le piquet quotidien au parking de l’entreprise était toujours bien fourni, il est d’ailleurs toujours là aujourd’hui. Les visites de solidarité des autres entreprises de la région et même de très loin nous ont donné du courage. Mais quand une stratégie claire pour garder l’entreprise ouverte n’est pas offerte, l’abattement l’emporte. Les gens commencent alors à discuter des primes de départ et à chercher un autre boulot.”

    Est-il est possible de mettre Bekaert sur les genoux?

    Mohamed: “Que cela n’allait pas être simple, nous le savions d’avance. Mais si les syndicats avaient éla¬boré un plan d’action impliquant les travailleurs de toutes les filiales de Bekaert dans notre pays, cela aurait été possible… Une usine comme celle de Zwevegem est toujours cruciale pour Bekaert et une brusque diminution de la production là-bas peut toujours leur poser des problèmes et renforcer notre position. En plus, nous avons toujours l’entreprise en mains et il y a pour des millions de matériel. Cet atout, nous l’avons de toute façon et nous pouvons toujours jouer cette carte maintenant que les syndicats sont tombés d’accord pour négocier un plan social.”

    On entend parfois au piquet que “ceux de Zwevegem ne vont pas partir en action parce qu’ils ont eux aussi peur de perdre leur boulot.”

    Mohamed: “Oui, si les syndicats mettent systématiquement les travailleurs devant un scénario de “tout ou rien”, personne ne va entrer en action. Le 5 janvier, avec le referendum, nous avons eu le choix entre le chômage temporaire avec à peu près 95% du salaire pour le mois de janvier ou faire grève, ce qui signifie que tout le monde reçoit 500 euros en moins. Evidemment, quasi tous les travailleurs choisissent alors la première option, mais si tout le monde reste chez soi, la pression sur le patron retombe. “Un plan d’action global pour toutes les filiales en Belgique avec une réelle chance de réussite peut convaincre la majorité que lutter offre plus de sécurité d’emploi qu’attendre anxieusement ce qui peut arriver. Au lieu de tout décider dans le cercle fermé des délégués et d’impliquer seulement de temps en temps les militants, comme c’est souvent le cas en ce moment, nous devons impliquer tous les travailleurs dans les discussions, avec par exemple des réunions hebdomadaires du personnel.”

    Avez-vous du soutien du côté politique?

    Mohamed: “A l’exception des visites au piquet de partis de la gauche radicale comme le PSL, le PTB, le CAP et SP.a-rood (un groupe d’opposition au sein du parti socialiste flamand), nous ne voyons ou n’entendons rien du monde politique. C’est quand même incroyable de les voir commencer une nouvelle tournée d’injection de capital dans les banques après que la première nous ait déjà coûté 20 milliards de l’argent des impôts ! Ceux qui ont causé la crise reçoivent de l’aide tandis qu’on laisse crever les victimes. Si la nationalisation n’est plus un tabou, pourquoi cela est-il impossible pour notre usine, qui est rentable ?”

    Que va-t-il se passer maintenant?

    Mohamed: “Samedi, il y a une marche de solidarité à Hemiksem. Evidemment, j’espère qu’il y aura une bonne présence et que ce ne sera pas un cortège funèbre. Mais je doute fortement que la situation puisse encore être transformée ici. Ce n’est pas qu’il n’y a aucun moyen, mais avec la stratégie défensive actuelle, je n’y crois plus. Une manifestation combative pourrait toutefois convaincre de plus en plus de travailleurs et de syndicalistes que le syndicat doit élaborer une offensive et un plan d’action national pour l’emploi, qu’ils fassent bien sentir aux politiciens, juste avant les élections, que les injections de capital dans les banques et les plans de relance contiennent trop de cadeaux au patronat.

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