Category: Métal

  • Marche de solidarité à Hemiksem – Reportage photo (2)

    Un peu plus de 2.000 manifestants étaient présents ce matin pour une marche de solidarité avec les travailleurs de Bekaert-Hemiksem qui sont menacés de perdre leur emploi suite à l’annonce de la fermeture de leur site. Hélas, cette initiative a surtout été une marche funèbre et aucune initiative n’est venue pour une nouvelle mobilisation, comme pour une marche nationale combative pour l’emploi. Voici quelques photos.

    Laurent

  • Marche de solidarité à Hemiksem – Reportage photo (1)

    Un peu plus de 2.000 manifestants étaient présents ce matin pour une marche de solidarité avec les travailleurs de Bekaert-Hemiksem qui sont menacés de perdre leur emploi suite à l’annonce de la fermeture de leur site. Hélas, cette initiative a surtout été une marche funèbre et aucune initiative n’est venue pour une nouvelle mobilisation, comme pour une marche nationale combative pour l’emploi. Voici quelques photos

    Laurent

  • 24 janvier: Manifestation de solidarité contre la fermeture de Bekaert-Hemiksem

    Nous appelons à participer à la marche de solidarité pour l’emploi à Hemiksem (près d’Anvers) ce samedi 24 janvier. Cette manifestation suit l’annonce par la direction de Bekaert de fermer le site pourtant lucratif de Hemiksem, en mettant ainsi 264 travailleurs à la porte. Le rassemblement est prévu le 24 janvier à 9h30 sur le parking de Bekaert-Hemiksem pour partir ensuite en manifestation.

    Au cours de la mobilisation pour cette manifestation, les appels à la solidarité circulent. Ainsi, la délégation de la CGSP à l’hôpital Brugman à Bruxelles appelle à participer à cette marche. Voici leur appel ci-dessous.

    “Malgré un profit de 86 millions d’euros en 2007 et la reconnaissance par le porte-parole de Bekaert que les trois premiers trimestres de 2008 ont connu un forte augmentation des recettes, la direction a annoncé avant le réveillon la fermeture du site à Hemiksem, entrainant la perte de 264 emplois. Pendant l’été, la direction avait déjà annoncé la fermeture du site à Lanklaar entrainant également 136 pertes d’emploi. Ainsi le nombre de travailleurs de Bekaert en Belgique passera pour la première fois en dessous de la barre de 3.000.

    “Depuis, le travail à Hemiksem a été arrêté. L’ assemblée du personnel vient de se prononcer en faveur d’un système de chômage technique, dans ce cas payé à 95 voir dans certains cas 100% du salaire, en attendant la période de consultation prévue par la loi Renault. Les employés, qui ne peuvent pas être mis en chômage technique, continuent à recevoir leur paye. Certains seront appelé pour des tâches exclusivement adminstratives et de sécurité. La production ne sera pas reprise et le 24 janvier une "marche pour l’emploi" sera organisée.

    “La délégation FGTB/CGSP de l’Hopital Brugman de Bruxelles déclare sa solidarité aux travailleurs de Bekaert et leurs familles, aujourd’hui victimes de la course aux profits des directions d’entreprises et des actionnaires. Nous nous engagons à informer nos militants à propos de votre lutte et à être présent à votre marche pour l’emploi.”

  • Plus de 500 métallos défilent à Bruxelles

    Plusieurs centaines de militants de la FGTB-Métal Wallonie-Bruxelles (entre 560 et 750, de source syndicale) ont manifesté ce matin dans les rues de Bruxelles, en faveur d’une amélioration du pouvoir d’achat, et contre les mesures de coupes dans l’emploi, particulièrement lourdes dans ce secteur. Depuis quelques mois en effet, le nombre d’entreprises qui ont recours à des mesures de « chômage économique » se multiplient. Vu le contexte de crise économique, les réductions d’effectifs –temporaires ou non- risquent de s’accélérer si les travailleurs n’organisent pas une riposte digne de ce nom. Jeudi dernier encore, le groupe sidérurgique Mittal a annoncé son intention de supprimer 9.000 emplois dans le monde, dont 6.000 en Europe.

    Par Cédric (Bruxelles)

    La FGTB réclame une revalorisation des indemnités perçues en cas de chômage économique, actuellement limitées à 65% d’un plafond fixé à 1.900 euros par mois, ce qui entraîne une baisse significative de revenu pour la plupart des travailleurs concernés par de telles mesures. Cette baisse de revenus peut parfois atteindre jusqu’à la moitié du salaire précédemment perçu pour certaines catégories de salariés.

    La manifestation, partie de la Place de la Liberté, a longé la petite ceinture afin de se rendre aux pieds du cabinet de la ministre en charge de l’Emploi, Joëlle Milquet (CDH). La combativité était clairement de mise. Une banderole affichait le slogan : "Le capitalisme est malade, achevons-le !", une autre : "Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle". Des slogans qui témoignent indiscutablement d’une préoccupation plus large quant aux conséquences de la crise capitaliste actuelle et du fait que, comme à l’habitude, c’est aux salariés de payer la note dès que l’horizon économique s’assombrit.

    La plupart des discussions que nous avons pu avoir pointaient du doigt la responsabilité des dirigeants politiques traditionnels, PS et CDH y compris, et nos revendications concernant la construction d’un nouveau parti orienté vers les luttes syndicales ont été extrêmement bien accueillies.

    Les militants ont conclu la manifestation par une minute de silence, en hommage au salarié décédé la veille dans un accident survenu à la centrale électrique des Awirs, à Flémalle (un ouvrier d’une société sous-traitante d’Electrabel a en effet perdu la vie après être tombé dans les engrenages d’une turbine.)

  • L’avenir de Bombardier à Brugges est incertain.

    Selon le journal « De Standaard », la SNCB a entrepris des pourparlers avec l’entreprise allemande Siemens pour la livraison de rames pour le Réseau Express Régional de Bruxelles pour un montant de plus d’un milliard et demi d’euros. Cette nouvelle a de suite inquiété Bombardier à Bruges, qui avait espéré obtenir le contrat.

    Article de Karel Mortier

    Bombardier était en concurrence avec trois autres entreprises pour obtenir ce contrat. Le porte-parole de Bombardier affirme que l’avenir de l’entreprise de Bruges et des 850 membres du personnel est en jeu. Aujourd’hui, il y a encore du travail pour quelques années, grâce à une commande de trains à deux étages pour la SNCB et de trams pour la STIB. Cela assure le travail jusque, respectivement, 2009 et 2013 mais, pour la période qui suivra, il n’y a encore aucune commande, ce qui signifie que l’avenir de l’établissement à Bruges est en jeu. Bombardier avait déjà dit auparavant que l’avenir de son installation à Bruges serait dépendant des commandes qu’ils obtiendraient en Belgique.

    Le 11 mars, à Bruges, il y a eu un arrêt de travail et une réunion à l’Hôtel de Ville. Celle-ci a rassemblé 300 travailleurs et les syndicats ont demandé l’appui des politiciens locaux auprès de la direction de la SNCB, afin que le contrat puisse encore être accordé à Bombardier. Les syndicats affirment qu’il ne faut pas seulement tenir compte du prix mais aussi de l’emploi local. Selon les syndicats, les rames de la concurrence n’existeraient que sur papier et seraient de moins bonne qualité que celles qui seraient fabriquées à Bruges.

    Le 14 mars, le personnel est allé à Bruxelles pour mettre la pression auprès de la direction de la SNCB. Landuyt (SP.a) a déjà réagi en disant qu’il interpellerait Leterme sur le cours de la procédure. Selon Landuyt, Leterme doit contrôler si un traitement égal des différentes candidatures est bien garanti. Pol Vandendriesche (CD&V) était présent à l’Hôtel de Ville et veut un « signal » de tous les parlementaires brugeois, en dehors des différences de partis.

    Bombardier, à Bruges, mieux connu sous le nom « la Brugeoise », est un des plus importants pourvoyeurs d’emploi dans la ville et la dernière entreprise en Belgique qui fabrique de façon indépendante et complète des trains et des trams. Si c’était la fin de la Brugeoise, non seulement 850 emplois directs et 500 indirects seraient perdus (selon la direction), mais aussi beaucoup de connaissances et d’habileté disparaîtraient pour toujours de notre pays, comme cela a déjà été le cas plus tôt dans la construction navale, après la fermeture du Boelwerf à Temse.

    La réaction des syndicats est compréhensible et ils ont raison de réagir de suite et de prendre l’initiative afin de préserver l’emploi à Bruges, mais la question est de savoir si le protectionnisme ou l’appel à acheter des produits belges est la meilleure réaction face à la décision possible de la SNCB de commander chez Siemens. Finalement, Bombardier utilise l’argument de l’emploi en premier lieu pour obtenir des commandes belges aux meilleures conditions, afin de faire un maximum de bénéfices. A chaque fois qu’il y a un problème ou que Bombardier n’arrive pas à obtenir une commande (quelle qu’en soit la raison), la menace de fermer l’installation de Bruges s’élève. La réaction des politiciens brugeois est facile à prévoir. Les gardiens du marché libre et de la libre circulation des marchandises et des services en Europe, font un tour à 180° lorsqu’ils sont confrontés aux conséquences et à la logique de leur propre politique lors des deux dernières décennies.

    Le financement défectueux de la SNCB et l’introduction de la logique de marché dans le secteur du rail font que le prix devient un des arguments les plus déterminants lors du choix d’un fournisseur. D’une part, les politiciens reprochent à la SNCB que les coûts sont trop élevés et, d’autre part, on lui reprocherait de choisir l’option la moins chère. Les politiciens locaux se présentent depuis des décennies comme les défenseurs de la libre concurrence et du libre marché. La réaction de Landuyt pointe aussi les possibilités limitées qu’ont les politiciens de réagir. Tout le monde à Bruges connaît l’importance du contrat Réseau Express Régional pour Bombardier. Sans aucun doute, cela fait longtemps que les politiciens brugeois sont en train de conspirer mais cela n’a pas marché. A présent, ils veulent se protéger contre des réactions de colère du personnel.

    Le contrat offre une occasion d’emploi jusque 2016 au maximum et après, le risque d’être à nouveau confronté à un manque de commandes reviendra. Si le gouvernement belge prend la décision (quelle qu’en soit la raison) d’acheter des rames à l’étranger, alors ce gouvernement devra aussi prendre ses responsabilités envers les travailleurs de Bruges qui en seront les victimes. Cela signifie bien plus que poser des questions parlementaires ou le fait de donner un « signal ». Le gouvernement doit tout faire pour que l’emploi et les connaissances soient maintenus à Bruges , sans pour autant entrer dans le chantage de Bombardier qui pourrait éventuellement se répercuter dans le porte-monnaie des utilisateurs des transports en commun, des contribuables et, à la fin, des travailleurs eux-mêmes.

    Ce n’est pas une solution de signer un chèque en blanc à Bombardier en lui passant des commandes sans tenir compte des besoins spécifiques des transports publics ou des coûts qui en découleraient pour les utilisateurs. C’est l’option la plus facile pour les politiciens qui ne devront pas payer la note et qui n’utilisent pas les transports publics. Cela permettrait peut-être une continuité de quelques années à Bruges mais cela ne ferait que repousser les problèmes.

    La seule réponse possible et durable afin de garantir l’existence de la Brugeoise à plus long terme est la nationalisation de l’entreprise et la mobilisation des connaissances et de l’habileté du personnel pour moderniser et étendre les transports publics dans notre pays et dans toute l’Europe.

    De cette façon, on ne se retrouve plus à la merci des fantaisies du marché internationale ou d’une multinationale qui n’est pas intéressée par l’avenir de l’entreprise de Bruges, ni par l’avenir du personnel et laisse tomber la qualité des transports publics dans notre pays. Le besoin urgent d’investir plus de moyens dans les transports publics (pour des raisons écologiques aussi) peut être combiné aux connaissances et à l’habileté qui sont présentes à Bruges. Pourquoi attendre pour utiliser ce potentiel ?

  • Liège : Grève de 24 heures dans la sidérurgie

    Début janvier, la FGTB-Métal avait annoncé qu’elle partirait en grève le 21 du même mois si le Haut Fourneau n°6 de Seraing n’était pas relancé, comme l’avait annoncé la direction du groupe pour cette date. Les filiales d’ArcelorMittal et les sous-traitants ont donc été à l’arrêt, avec la participation de 7.000 grévistes.

    Nicolas Croes

    Mais Francis Gomez, le président de la FGTB-Métal à Liège, insiste sur le fait que la FGTB ne se bat « pas pour polluer, mais pour l’avenir de toute une région ». La phase à chaud liégeoise représente tout de même 2.700 emplois directs et 10.000 emplois indirects.

    Et on comprend la nervosité des travailleurs. Ils ont d’abord subi la fermeture du Haut Fourneau, annoncée en 2003 et effective en 2005. Puis, dans une interview accordée au « Soir » du 16 mai 2007, le numéro 2 de la multinationale avait officialisé la décision de rouvrir le haut fourneau de Seraing, et une première date de relance avait été fixée pour le mois de novembre 2007. Date reportée. Tout cela pour arriver enfin au blocage actuel, officiellement en raison du problème des quotas de CO2.

    Mais Liège Info a relayé l’avis d’un chercheur universitaire selon lequel le problème se situerait plutôt au niveau du coût de l’énergie, qui plomberait les résultats d’ArcelorMittal. Pour ce chercheur, donc, les quotas seraient un bon alibi pour retarder la réouverture du HF6. Pourtant, l’unité liégeoise à chaud de Cockerill a augmenté en 2007 son chiffre d’affaires de 1,890 milliard d’euros (contre 1,766 en 2006) et la croissance du revenu brut a été de 110% en une seule année. Et déjà 20 millions d’euros investit dans la relance du haut fourneau depuis cet été. En pure perte ?

    Les responsables ?

    ArcelorMittal, la Région, le fédéral et l’Union Européenne

    De son côté, la FGTB réclame qu’ArcelorMittal investisse dans des outils visant à réduire la production de CO2. Elle explique : « l’absence de quotas est la conséquence de la décision de fermeture prise par Arcelor en 2003. Cette décision était une idiotie, tout le monde l’admet aujourd’hui. (…) Le groupe Mittal a les moyens de faire un effort : le marché de l’acier tourne à plein ; les profits sont énormes ; Liège est bénéficiaire. »

    Et c’est vrai, la famille Mittal, principal actionnaire d’ArcelorMittal, se porte bien. Par exemple, Lakshmi Mittal est, selon le magazine américain Forbes, la cinquième personne la plus riche au monde, avec une fortune estimée à 32 milliards de dollars… et sa famille devrait recevoir sous peu 637,5 millions d’euros de dividendes issues de leurs actions ! Comme pour illustrer dramatiquement de quelle manière cette richesse a été accumulée, l’annonce de ces résultats avait été précédée, une semaine plus tôt, par celle de près de 600 licenciements d’ici avril 2009 en France, dans une aciérie sur un site de Moselle, à Gandrange. Plusieurs centaines de personnes ont ainsi défilé devant le siège de la multinationale basé au Luxembourg trois jours à peine après la grève de 24 heures dans la sidérurgie liégeoise.

    Mais la multinationale a fait son choix et « Mittal met la pression plus fort que prévu et menace de partir ailleurs, dans les pays où on peut polluer comme on veut », comme l’a déclaré Francis Gomez. En fait, il était à l’origine prévu que les quotas de CO2 allaient être rapidement donnés au HF6, la Région Wallonne a affirmé que c’était possible, pour ensuite négocier des quotas supplémentaires à utiliser à partir de 2010.

    Toujours selon Francis Gomez, « Jean-Claude Marcourt (ministre PS de l’économie, de l’emploi et du commerce extérieur de la Région Wallonne, NDLR) avait fait des promesses mais on ne voir rien venir. » La FGTB en appelle aussi au fédéral (qui a déjà financé l’achat de dix millions de tonnes de quotas de CO2 pour la Flandre) et enfin à l’Union Européenne, « dont la législation va à l’encontre de l’activité industrielle tout en permettant le transfert des pollutions vers l’Afrique et l’Asie ».

    Egidio Di Panfilo (FGTB-SECa) a fait une proposition pour faire pression sur l’Europe : « La région pourrait refuser de ratifier le traité de Lisbonne si l’Europe refuse de revoir sa position sur les quotas. Ce serait un moyen de mettre la pression ». Mais au vu de l’empressement témoigné par « nos » parlementaires régionaux pour ratifier la défunte proposition de Constitution Européenne sans débat – par crainte de voir se développer des mobilisations similaires à celles de la France et de la Hollande – au vu aussi de la manière dont l’Union Européenne a réagi à l’échec de cette proposition – en mettant en place le traité de Lisbonne tout aussi asocial – nous doutons de l’efficacité de cette proposition. Mais proposer à nos politiciens d’agir de cette manière serait toutefois une bonne occasion de les démasquer une fois de plus…

    Toujours sur cette même question des quotas, la FGTB ironise : « Mittal veut-t-il ainsi faire de notre région un laboratoire et prouver l’absurdité du mécanisme actuel de quotas de C02 ? ». Il est vrai que la politique des quotas ne règle rien : quand un capitaliste fait face à un barrage contre ses bénéfices, il va voir ailleurs. « C’est un risque pour Liège, puis pour les autres sidérurgies d’Europe qui vont être bientôt confrontées au même problème » affirme la FGTB.

    Et quand un capitaliste va voir ailleurs, il en profite ! Les pays où les normes environnementales sont (quasi) inexistantes sont généralement aussi laxistes en termes de législation du travail. Ainsi, 30 mineurs sont encore décédés en janvier de cette année dans une filiale d’ArcelorMittal au Kazakhstan. Les travailleurs y sont payés au rendement et sont donc encouragés à prendre tous les risques pour gagner un peu plus de quoi joindre les deux bouts. Depuis 2004, près de 100 mineurs travaillant pour le leader mondial de l’acier ont ainsi perdu la vie dans des accidents miniers au Kazakhstan. Un responsable régional d’Arcelor Mittal, qui ne manque pas de culot, a déclaré que ces morts étaient dus à « une catastrophe naturelle ». Une catastrophe naturelle, oui, mais uniquement sous le capitalisme…

    Et la grève ?

    Francis Gomez tire un bilan positif de la participation de 7000 travailleurs à cette grève : « c’est une vraie réussite, nous avons atteint notre but ». De plus, durant la journée, une centaine d’ouvriers sont partis rejoindre d’autres militants de la FGTB devant le siège d’Electrabel, rebaptisée pour l’occasion « Electracash », pour y revendiquer la diminution des tarifs du gaz et de l’électricité ainsi que l’instauration d’un chèque énergie pour les plus pauvres. Mais il y a au moins une autre raison, moins réjouissante, de se souvenir de cette journée…

    Comme le dénonce un tract du SETCa diffusé aux piquets, cette grève restera dans les annales de l’histoire sociale de Cockerill comme la première où un représentant syndical a demandé à la direction d’envoyer des huissiers à chaque piquet ! En effet, la CSC avait jugé la grève « trop prématurée » et l’un de ses responsables, Gino Butera, a même été jusqu’à menacer la direction de dénoncer l’ensemble des accords syndicaux si ces huissiers n’étaient pas envoyés.

    Un autre responsable de la CSC, Jordan Atanasov, a déclaré, après avoir estimé que la grève de la FGTB mettait pression inutilement sur le dossier des quotas, que « si rien ne bouge dans les prochaines semaines, nous prendrons également position ». La FGTB a elle aussi parlé d’actions futures, et un calendrier d’actions devrait bientôt être rendu public, en direction de Mittal, de l’Etat belge, de la Région wallonne et de l’Europe. Mais avec ses méthodes, la direction régionale de la CSC a sérieusement mis des bâtons dans les roues de toute future action en front commun syndical. Ce sera à la base de la CSC de démontrer qu’ils ne soutiennent en rien les méthodes antisyndicales de certains.

    Pour la suite

    Pour les responsables de la CSC, l’attitude du syndicat socialiste est « incohérente et unilatérale » car « la grève pourrait compromettre tout le processus de relance du HF6 et le maintien d’une sidérurgie intégrée au-delà de 2012 ». Face à l’ampleur de l’adversaire, le n°1 mondial de l’acier, il est vrai que l’on peut être intimidé. La production de la sidérurgie liégeoise ne représente-t-elle pas que 0,002% au niveau mondial et un peu plus de 2% au niveau d’ArcelorMittal (2,6 millions de tonnes pour 2008, selon les prévisions initiales, contre 118 millions pour le groupe) ? Mais il ne faut pas confondre la quantité et la qualité du travail qu’effectue la sidérurgie liégeoise. De plus, le centre de recherche d’ArcelorMittal à Liège engage un treizième des chercheurs du groupe, ce qui renforce déjà plus la position de Liège.

    Mais c’est un fait que face à ce géant, en plus de mots d’ordres syndicaux combatifs à Liège et en Belgique pour préserver ET l’emploi ET l’environnement, la solidarité internationale s’impose. Il ne s’agit pas d’un combat de « David contre Goliath », mais d’une multitude de David dont la soumission seule fait la puissance d’un Goliath. Les travailleurs Belges, Kazakhs ou Français d’ArcelorMittal font face au même ennemi et à la même logique de profit au détriment de leurs emplois et/ou de leur sécurité.

    Des motions de solidarités peuvent être une occasion de renforcer, même de peu, la combativité des travailleurs d’autres pays et d’ici, mais peuvent surtout être une excellente opportunité pour faciliter et amplifier le développement dans les entreprises des discussions sur la stratégie syndicale à adopter, sur la base d’exploitation sur laquelle sont fondés les profits d’ArcelorMittal (et des autres entreprises d’ailleurs), sur le double jeu des partis traditionnels, etc. Ce climat de discussion renforcerait de beaucoup les mobilisations, y compris de la part de la base de la CSC contre les mots d’ordre de sa direction.

    Comme l’affirme le tract de la FGTB-Métal, « Mittal est un patron comme les autres. Avec lequel on discute d’abord, mais qu’on combat s’il le faut. Et la lutte paye. » Pourquoi ne pas imaginer un lutte en commun avec les travailleurs français, par exemple avec une manifestation commune au Luxembourg, qui pourrait aussi être l’occasion du dépôt d’une motion de solidarité envers les travailleurs exploités partout dans le monde par ArcelorMittal, en prenant appui sur la situation au Kazakhstan ?

    Beaucoup de choses peuvent être faites, mais beaucoup de doivent être faites, comme de mener la discussion sur l’absence actuelle de représentativité pour les travailleurs. Les liens entretenus par la direction de la FGTB avec le PS, et le SP.a en Flandre, freinent tout développement de la combativité des travailleurs et renforcent le syndicalisme de service – dans une situation où la pénurie de moyens se généralise en conséquence des nombreux cadeaux fiscaux et autres accordés au patronat – au détriment du syndicalisme de combat.


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  • FN Herstal. Victoire après 19 jours de grève!

    Le 14 septembre, les travailleurs de la Fabrique Nationale ont décidé d’accepter l’accord négocié par les délégations syndicales avec la direction et de reprendre le travail après 19 jours de grève. Cet accord représente une victoire pour les travailleurs de la FN mais son importance va bien au-delà.

    Christophe Cusumano

    Le Pacte des Générations voté en décembre dernier impose d’avoir atteint 58 ans dont 35 ans de carrière pour pouvoir partir en prépension. Ce Pacte, qui restreint l’accès à la prépension, a été et reste contesté par les travailleurs et les syndicats. Cependant la direction de la FN ne le trouvait pas encore assez dur à son goût et cherchait à rendre encore plus compliqué le passage à la prépension pour les travailleurs âgés. La grève l’a forcée à faire des concessions importantes.

    Encore moins que le Pacte des Générations!

    Pour bien comprendre la situation à la FN, un petit retour en arrière s’impose. En 1997, la Région wallonne a décidé de reprendre la FN qui était en difficulté. Mais l’objectif de Serge Kubla (ministre régional wallon MR de l’économie entre 1999 et 2004) était de la rendre à nouveau mûre pour le privé. Et son successeur Jean-Claude Marcourt (PS) ne semble pas vouloir changer beaucoup à cela.

    Avec un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros et un bénéfice annuel net consolidé de 10 millions d’euros, la FN affiche aujourd’hui une bonne santé. Mais la pyramide des âges reste fort déséquilibrée : une proportion importante du personnel a la cinquantaine. Si cela continue comme cela, en 2010, 30% du personnel aura plus de 58 ans.

    C’est pourquoi les syndicats demandent que le personnel ayant une grande ancienneté puisse bénéficier d’une prépension dès 58 ans et d’un aménagement de la fin de carrière avant 58 ans avec engagement de jeunes pour maintenir l’emploi. Face à cela, la direction de la FN dit craindre que trop de départs de personnes expérimentées ne déforcent la société mais elle ne se donne pas les moyens de former les jeunes pour inverser la tendance.

    Depuis plusieurs mois, les délégations syndicales négociaient avec la direction de la FN sans trop de résultats. Le 26 juin, il y a déjà eu un arrêt de travail. L’annonce d’une prime importante suite aux bons résultats de l’entreprise – mais uniquement réservée aux cadres et s’élevant en moyenne à plusieurs milliers d’euros – avait été la goutte qui faisait déborder le vase. Comme le disaient les travailleurs, ce bon résultat est l’affaire de tout le monde. Ouvriers et employés réclamaient donc, pour eux aussi, le versement d’une prime en disant "Que la richesse produite par tous profite à tous".

    La direction de la FN a pourtant continué de refuser de donner des garanties claires à l’ensemble du personnel. Elle voulait négocier au cas par cas les départs en prépension pour les prochaines années, ce qui est une remise en cause du principe de convention collective, et ne voulait pas donner de garanties quant au remplacement des prépensionnés par des jeunes et donc au maintien de l’emploi. Diviser les travailleurs et gagner du temps étaient clairement ses objectifs.

    Trois semaines de lutte

    Le 25 août, lors d’une assemblée générale, les 1100 travailleurs de la FN ont donc décidé d’arrêter le travail pour une durée illimitée. Des piquets de grève ont bloqué l’usine pendant presque trois semaines. Du début à la fin, le Front Commun ouvriers-employés et FGTB-CSC est resté soudé. Plusieurs assemblées générales ont permis aux travailleurs de s’informer et de voter sur les propositions successives faites par la direction. C’est ainsi qu’elle a successivement accepté le droit à la prépension à 58 ans pour tous de 2008 à 2010 (mais pas avant) et une prime sur les résultats de 350 euros, puis de 700 euros, propositions que les travailleurs ont rejetées comme insuffisantes.

    Après 19 jours, la direction a dû céder de manière beaucoup plus nette. L’accord prévoit : le droit de partir à la prépension à partir de 58 ans et 35 ans de carrière pour tous jusqu’en 2010, un aménagement du temps de travail pour ceux qui ont une longue carrière mais pas encore 58 ans (presque 30% du personnel du FN), la garantie du volume de l’emploi jusqu’en 2010 et une prime de résultats de 1100 euros brut (y compris pour les cadres qui reçoivent finalement une double prime sans avoir participé à la lutte).

    Cet accord est une victoire qui pourra servir d’exemple aux autres entreprises. Pendant trois semaines, les ouvriers et les employés ont marché main dans la main contre la direction et c’est ensemble qu’ils ont remporté cette victoire : cela montre la force de l’union de tous les travailleurs. Le plus important, comme l’a dit Rose Fortuny, déléguée CNE (employés CSC), c’est que "Ce n’est plus juste une réaction après une attaque patronale ; nous sommes passés à l’offensive".

    Ce que confirme Claude Podoriezach, délégué SETCa (employés FGTB) : "La porte des fins de carrière avait été complètement fermée par le Pacte des générations. Maintenant, cette porte est réouverte. C’est donc une victoire au niveau de la FN, mais aussi au-delà, pour toute la région."

  • "La CMB est unie, indivisible et solidaire"

    Cette phrase va-t-elle bientôt disparaître des statuts de la Centrale des Métallurgistes de Belgique (CMB) de la FGTB? Quand le congrès extraordinaire se sera déroulé les 20 et 21 avril, la scission de la CMB sera à l’ordre du jour. Ce n’est plus ici qu’une " formalité " à respecter. La discussion sur la repartition des biens (bâtiments, moyens financiers,…) est déjà en cours depuis un bon moment. A l’heure où ce journal est rédigé, le résultat du congrès n’est pas encore connu. Si oui ou non la scission aura été obtenue ou si la base aura réussi à la ralentir ne change en rien notre point de vue: nous nous opposons résolument à cette scission!

    Par une militante FGTB

    Une scission aurait donc lieu en deux entités flamande et wallonne. La question difficile est celle de la section de Bruxelles, qui compte autant de membres flamands que wallons en son sein. Que ferait la direction de la Centrale des Métallos lors d’une restructuration de VW à Forest?

    Une coupole serait créée afin de se mettre en ordre avec les statuts de la FGTB qui stipulent que seule une centrale fédérale par secteur peut être reconnue.

    Les différences économiques, sociales et politiques entre la Wallonie et la Flandre sont mises en avant afin de justifier cette scission. Nous devons être conscients du fait que ces différences, de même que celles entre les traditions syndicales des différentes parties du pays, existent. Cela n’est pas le point faible, mais justement la force des syndicats.

    Mais la véritable motivation à la scission est la lutte intestine pour le pouvoir au sein de la direction syndicale. Dans le passé, cela a mené à la formation d’ailes régionales au sein de la CGSP et même à une scission totale de la Centrale des Employés de la CSC entre la CNE francophone et la LBC flamande.

    Beaucoup de délégations, de délégués et de militants syndicaux des différentes sections et centrales se sont prononcés contre la scission de la CMB. Sur le site www.splitsing.blogspot.com, un millier de personnes ont voté, dont 84,7% contre la scission. Il ne faut pas être un génie pour savoir que nous sommes plus forts unis.

    Il est tout de même très probable qu’une scission sera votée au congrès. Pourquoi cela? Les 400 délégués qui assisteront au congrès ne sont pas élus dans des assemblées générales. Souvent, les délégués sont désignés par les permanents et ne représentent qu’eux-mêmes.

    Le vrai problème de la FGTB-Métal, et des trois syndicats de manière générale, est le manque de démocratie! Le manque de participation de la base laisse les coudées franches à la bureaucratie qui veut se maintenir et ne représente que ses propres interêts.

    Face à cela, nous avançons que les secrétaires et les délégués doivent être élus démocratiquement et révocables de leur fonction à tout instant. En outre, ils ne devraient pas gagner plus que le salaire moyen des membres qu’ils représentent. Les 160.000 membres de la CMB devraient pouvoir se prononcer sur la scission de leur syndicat. Ils devraient être informés lors d’assemblées générales sur le lieu de travail pendant les heures de travail, puis pouvoir voter. Les syndicalistes devraient élire leurs représentants au congrès national lors d’assemblées générales de membres par entreprise ou par section.

    Délégués et militants combatifs doivent s’unir afin d’organiser la lutte au sein des syndicats de façon structurée. Ensemble, nous pouvons gagner la lutte contre le patronat et le gouvernement. Si, par contre, nous sommes tous divisés, nous sommes plus faibles

  • Liège: ETTB, une mobilisation réussie ne s’invente pas

    Dans cette industrie de production de pièce métalliques de précision, notamment destinées à l’aéronautique, la mobilisation ainsi que l’intervention le jour de la grève générale furent effectuées en front commun syndical. Ainsi, le délégué CSC était présent aux côté de son homologue de la FGTB pour rappeler à ses affiliés qu’ils étaient indemnisés pour la grève, et ce même si la CSC n’appelait pas ses membres à la faire.

    Nicolas Croes

    Lors de notre interventions, nous avons été véritablement surpris par la combativité des travailleurs sur place, ainsi que leur intérêt pour les idées socialistes. Le fait que le système de production capitaliste n’amène que misère pour l’écrasante majorité était bien présent, mais les discussions sont allées bien au-delà de ce constat, et nous avons ainsi abordé la question de l’alternative au capitalisme et la manière d’y arriver. Bien loin d’être venu avec de nouvelles thématiques, nous n’avons fait que prolonger des échanges qui existaient déjà au sein de l’entreprise. Il fut tout à fait naturel pour eux de répondre à la division au sommet des syndicats par une unité à la base, et les travailleurs, CSC et FGTB ensemble, sont allé sur plusieurs autres sites pour inviter leurs camarades à rejoindre le mouvement de grève. Plusieurs contacts avaient été pris en ce sens avant la journée de grève générale. Ils ont hélas pu constater que toutes les délégations n’avaient pas agit de la sorte. C’est avec surprise qu’ils sont intervenus dans une usine à la demande d’un délégué FGTB… resté à l’extérieur pendant qu’ils parlaient aux travailleurs à sa place! Il ne les avait du reste guère informé les jours précédents. Mais une telle situation n’est pas née du néant.

    C’est en effet dans la douleur qu’une telle conscience s’est forgée dans l’entreprise. Durant des années, ETTB (Esco Turbine Technologie Belgique) n’eut aucune représentation syndicale. Le directeur de l’époque nous fut décrit comme un dictateur infâme déployant beaucoup d’énergie pour laisser les syndicats à la porte de "ses" bâtiments.

    La situation changea lors du rachat de l’entreprise par un groupe américain, il y a 5 années de cela. A cette occasion, beaucoup de promesses furent données aux travailleurs, qui ne sont restées que des paroles en l’air. Selon les travailleurs interrogés, ce fut la "goutte d’eau de trop". Toutefois, l’ancien directeur était resté aux commandes durant une période de transition, qu’il mit à profit pour continuer son combat contre les syndicats. Il réussit ainsi à licencier le premier délégué. Bien loin de se laisser faire, les militants ont tenu bon, et la délégation est aujourd’hui bien implantée dans cette entreprise.

    Depuis lors, les problèmes ont augmenté sur le site. Si la direction américaine a énormément investit dans l’entreprise, il y eut rapidement trop de pièces à produire, et pour cause de mauvaise gestion, ETTB est actuellement en déficit depuis deux ans. La faute en incombe évidement aux capitalistes, qui ont une fois de plus eu les yeux trop grand, mais ce sont les travailleurs qui sont pénalisés, l’entreprise jouant en effet sur ce point pour refuser toute avancée dans les conditions de travail.

    Ce sont donc les nerfs à vif que les travailleurs se sont lancés dans la grève générale, et il est à parier que cette journée d’action aura renforcé leur détermination à faire valoir leurs droits.

  • SONACA. 279 pertes d’emplois et une attaque brutale sur les conditions de travail.

    Un deuxième coup dur pour la région de Charleroi après les licenciements et le train de mesures de flexibilités qui ont touché l’usine Splintex à Fleurus. Cette fois-ci c’est une entreprise de pointe, dans l’aéronautique qui fait les frais de la logique du marché ; 279 emplois sur les 1.890 que compte l’entreprise risquent de passer à la trappe, ainsi qu’une attaque sur les salaires et les conditions de travail. L’entreprise est située à Gosselies, dans le Hainaut, rappelons que cette région de la Belgique affiche un taux de chômage de 24.10 % (chiffres de l’Onem pour 2004), soit le plus élevé de la Belgique.

    Vincent Devaux

    Dans son édition du 3 et 4 septembre La Libre annonçait le licenciement d’un travailleur sur six de l’entreprise. Celle-ci est spécialisée dans l’aviation civile et travaille pour Airbus, Dassault, Embraer, Boeing. Cette mesure de restructuration semble à première vue paradoxale puisque le carnet de commande est plein. Le plan de restructuration, appelé "Défi 2007" veut sur le dos des travailleurs, économiser 63 millions d’euros par an sur 4 ans. Ce jeudi, les informations sont plus précises : sur les 279 emplois qui vont être perdus pour 2008 (dont 149 rien que pour 2006), il y a 184 ouvriers, 69 employés et 26 cadres. 129 sont prépensionnables, le reste ferait l’objet de licenciements secs ou de chômage technique. Apparemment l’entreprise non contente de licencier, sort aussi de ses cartons une augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire et des révisions barémiques à la baisse (passage de 35 à 38 heures semaines et suppression de 3,5 jours de congés avec menace de diminution des salaires de 10% si les deux précédentes exigences n’étaient pas acceptées) ainsi que des attaques sur les avantages sociaux. C’est un véritable retour en arrière. Les prétextes donnés par le conseil d’administration pour ce plan d’austérité seraient que " la dépréciation du dollar par rapport à l’euro " et des " réductions de prix accordée à certains clients " affecteraient le chiffre d’affaire pour les mois à venir.

    Selon les informations qui nous sont actuellement disponible, l’entreprise qui s’est développée au Brésil et au Canada, veut délocaliser la production des pièces produites manuellement (pour Embraer) vers le Brésil. La stratégie de la direction serait donc de délocaliser la production qui peut l’être et qui demande beaucoup de main-d’œuvre et de réduire les salaires des travailleurs qui restent sur-place. Il faut savoir que la Sonaca appartient actuellement à 98 % à la Région wallonne. Mais une entreprise même si elle appartient à la collectivité reste néanmoins sous la pression du système capitaliste dans laquelle elle se trouve. La pression des actionnaires des entreprises – comme Airbus- qui sous-traitent à la SONACA la fabrication de pièces est donc grande pour que celle-ci s’attaque aux salaires de ses travailleurs afin de comprimer les coûts.

    D’autre part la SONACA rechercherait, notamment sous la pression d’Airbus, à fusionner avec une autre entreprise, possiblement un fonds de pension. La privatisation à terme nécessiterait de rendre l’entreprise " Belle à marier ", c’est à dire capable de rapporter de bonnes dividendes aux actionnaires ; cela sur le dos des travailleurs. De plus la SONACA a demandé une recapitalisation de 40 millions d’euros à la Région wallonne pour financer ses investissements dans la ‘Recherche & le Développement’. Si la SONACA s’achemine réellement vers une privatisation, va t’on utiliser l’argent de la collectivité pour " séduire " un partenaire privé ? Ce ne serait ni nouveau, ni étonnant, mais c’est faire payer la crise engendrée par le capitalisme à la collectivité.

    Lors de la restructuration de Splintex, Marcourt, ministre PS de l’économie avait cautionné les 259 pertes d’emplois à Splintex sous prétexte de préserver l’usine. Dans le journal Le Soir du 5/09, interviewé sur le licenciement à la Sonaca; il y dit que " Tout cela n’est guère facile à expliquer aux travailleurs " Il n’est en effet pas facile d’expliquer quand on se dit " socialiste ", que l’on va sacrifier des emplois et diminuer le bien-être de vie de ceux qui vont rester, tout cela afin de s’inscrire dans la logique du marché et des plus grands profits.

    Il met d’ailleurs déjà en garde en disant " De toute façon, quelle que soit la position adoptée par le conseil d’administration, le plan ne pourra réussir que si la concertation sociale se déroule positivement ". A qui s’adresse ce message ? Un appel aux syndicats à contrôler leurs bases ? Afin éviter un deuxième Splintex ? A resserrer les rangs alors qu’est déballé le plan Marshall ? Pour financer le très libéral Plan Marshall, Van Cau a ouvert le bal en revendant une partie des actions Arcelor que la Région possédait encore. L’argent de ce plan (notamment les 280 millions d’euros qui vont être insufflés dans " les pôles de compétitivité " – dont l’un est justement l’aéronautique) va t’il servir d’aide à la privatisation d’entreprises encore sous la tutelle de la Région wallonne? Jusqu’ici les syndicats n’ont pas encore lancé le mot d’ordre d’actions, sous prétexte que cela affecterait la production en aval, notamment chez Airbus (ceux-là justement qui font pression pour diminuer les coûts de production). Selon Antonio di Santo, c’est un " Non " catégorique de ce plan pour la FGTB où rien n’est négociable.

    Mais les travailleurs n’attendent pas des protestations verbales, ils attendent que tout soit mis en œuvre pour ne pas avaler les attaques des actionnaires. Jusqu’ici aucune action n’a encore été annoncée. L’échec de la lutte de Splintex est encore dans toutes les mémoires. Une deuxième défaite dans la région serait une gifle pour la classe ouvrière. Il faut mettre en place un plan d’action, avec la création d’un véritable comité de grève démocratique et des assemblées générales régulières. Une diminution de salaire est inacceptable. Il y a plusieurs jours , les travailleurs de la Sonaca ont protesté contre le coût de l’énergie, suivi par les travailleurs d’Arcelor (à Liège) et de Caterpillar ; non seulement le coût de la vie augmente d’une manière non négligeable, mais en plus les travailleurs devraient payer la crise en travaillant plus pour la même somme d’argent ? Les travailleurs doivent s’organiser afin de gagner la lutte, il ne faut pas que la classe ouvrière subisse à nouveau un échec après celles de Splintex et de la TEC.

    On voit encore une fois au travers de cet exemple que sous le capitalisme, dans une situation économique d’exacerbation de la concurrence et d’un rapport de force qui penche en faveur du Capital, que le simple fait pour le gouvernement régional d’avoir dans ses mains le contrôle de l’entreprise, n’est pas une garantie pour les travailleurs que celle-ci soit gérée en fonction de leurs besoins. Les mesures d’austérités sont effectuées avec le concours de la social-démocratie qui trahi depuis bien longtemps la classe ouvrière par son refus de transformer la société capitaliste. Il n’est pas suffisant d’avoir le contrôle d’une entreprise publique, si elle est isolée dans une société néo-libérale. Bien au contraire, par les liens qui sont tissés avec la FGTB, le PS joue un rôle de frein à l’émancipation de la classe ouvrière en tentant de cadenasser les luttes. La situation va s’aggraver par l’accélération des mesures néo-libérales qui vont être prises ces prochains mois. Les travailleurs vont de plus en plus ressentir la nécessité d’un nouveau parti qui défende leurs intérêts.

    Les ouvriers de la SONACA doivent revendiquer un véritable contrôle ouvrier de leur entreprise, qui passe par l’ouverture des livres de comptes et par un véritable pouvoir de décision démocratique, dans la gestion de l’entreprise. Afin d’éviter tout processus de privatisation ultérieure de l’entreprise mais également pour éviter les licenciements et autres attaques asociales, les ouvriers de la SONACA doivent aussi être conscients qu’une transformation de la société est nécessaire si on veut empêcher que chaque acquis ne soit chaque fois remis en question. Seul une société où la production est collectivisée sous la direction de la classe ouvrière peut permettre cela par une planification démocratique de l’économie afin d’éviter le chaos créé par le capitalisme.

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