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Category: Automobile
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Pourquoi pas une grève générale de 24 heures?
D’ici 2008, VW veut réaliser 5,1 milliards d’euros de profit sur le dos de 4.000 travailleurs de VW et de leurs familles et de bon nombre de sous-traitants. La direction a deux options: fermer complètement Forest en 2 phases pour éluder les primes de fermeture ou lui confier un nouveau modèle (Audi A1), mais pas avant 2009, et à condition que les salaires baissent de 20% et que la collectivité paye pendant deux ans pour les travailleurs qui pourraient être repris à partir de 2009. Licencier pour réengager ensuite à meilleur marché, ce n’est pas nouveau. A Ford-Genk, ils ont réengagé avec un contrat à durée déterminée 1.297 des 3.000 travailleurs qui avaient été licenciés en 2003…
Tract du MAS
Et ce après toutes les concessions que les travailleurs (hausse de la pression du travail, flexibilité accrue, travail du week-end,…) et la collectivité (baisse des charges sur le travail en équipe, les heures supplémentaires, … ou le cadeau de l’Automotive Park où 35 millions d’euros ont été investis) ont consenties.
Rapport de force
La manifestation d’aujourd’hui donne l’occasion à tout un chacun de témoigner sa solidarité. La direction et le gouvernement font tout pour saper la mobilisation. La direction avec l’annonce que l’Audi A1 pourrait venir à Forest (à moins que d’autres sites ne donnent plus de cadeaux), le gouvernement avec l’annonce qu’il y a déjà 1.500 offres d’emploi pour les travailleurs de VW.
Quelques grosses boîtes engageraient volontiers au rabais des travailleurs qualifiés de chez VW. Ce qu’on ne dit pas, c’est que ça fait autant de demandeurs d’emplois qui voient s’éloigner l’occasion d’avoir un revenu.
Face à la politique de diviser pour régner de la direction et du gouvernement, il faut l’unité d’action de tous les travailleurs. Cette manifestation ne doit pas être un cortège funèbre, mais le début d’un plan d’action bien organisé pour le maintien de tous les emplois.
Grève générale?
Si la direction de VW devait plier, d’autres suivront. En ce moment, il y a des restructurations en cours chez Agfa Gevaert et dans d’autres entreprises, il y a des suppressions d’emplois comme à La Poste (9000 emplois perdus en 10 ans!). VW devient un test. Même les négociations sur l’AIP sont reléguées à l’arrière-plan par ce qui se passe à Forest. Beaucoup se demandent comment la lutte va être menée à VW. S’il revient évidemment aux travailleurs de VW et à leurs délégués syndicaux de prendre les initiatives nécessaires, qu’on nous permette de faire quelques suggestions.
La restructuration chez VW mène à un mécontentement généralisé et à une disposition à l’action. Pourquoi ne pas mettre à profit le succès de cette manifestation pour annoncer une grève générale de 24 heures contre les innombrables restructurations? Cela soulignerait l’unité des travailleurs et leur détermination à résister aux pertes d’emplois. Le slogan "maintien de tous les emplois" y gagnerait en puissance et aurait un rayonnement international.
Pour maintenir tous les emplois, il faut faire table rase du plan industriel de VW. On ne peut y arriver qu’en mobilisant toute l’opinion publique, en Belgique d’abord, ailleurs en Europe ensuite. Même si nous devions finalement être contraints d’accepter un plan social, il faudra de l’action pour pouvoir imposer de meilleures conditions.
La lutte syndicale exige une alternative politique
On ne peut pas faire plier une multinationale en limitant la lutte à une entreprise ou un secteur; il faut pour cela mobiliser tous les travailleurs. Cela suppose une alternative politique. Les pouvoirs publics pourraient réclamer à VW les cadeaux qu’ils lui ont consentis pour ancrer l’emploi à Forest. Même s’ils obtenaient gain de cause, VW n’hésiterait pas à récupérer le manque à gagner sur le dos des travailleurs d’autres sites de VW.
Des pouvoirs publics vraiment au service des intérêts des travailleurs prendraient en mains le site de Forest, maintiendraient tous les emplois et y réorienteraient la production sur base d’un débat de société sur la mobilité. Mais seuls comptent les profits dans une société capitaliste. On a besoin d’une alternative socialiste où la production est organisée en fonction des besoins des travailleurs et de leurs familles (que ce soit en termes d’emplois, d’environnement de vie ou de travail, …).
Il y a un an, nous luttions contre le Pacte des Générations. Aujourd’hui, il y a des actions en Allemagne contre la volonté du gouvernement de relever l’âge de la pension à 67 ans. Lorsqu’on s’en remet aux politiciens traditionnels, on ne tient aucun compte de nos griefs. Il y a eu très peu de voix contre le Pacte des Générations lors du vote au Parlement malgré les centaines de milliers de manifestants et de grévistes.
Sur VW, les politiciens font de grandes déclarations contre "les Allemands" ou les uns contre les autres. Ils acceptent tous la logique néolibérale. Ceux du VB veulent aller encore plus loin. Ils disent qu’une entreprise n’est pas "une institution de charité" et que ce sont les salaires qui posent problème.
Depuis le mouvement contre le Pacte des Générations, le Comité pour une autre Politique est en train de se mettre sur pied à l’initiative de Jef Sleeckx, Lode van Outrive et Georges Debunne. A la conférence du 28 octobre 2006, il y avait 650 personnes. On y a décidé de participer aux prochaines élections législatives pour donner une voix à la résistance contre la politique néolibérale.
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Réactions politiques: “Une entreprise n’est pas une institution de charité”
Les politiciens de tous les partis ont rapidement exprimé leur opposition aux licenciements chez Volkswagen. En pleine préparation d’un nouveau round de discussions communautaires, ils ont fustigé le « nationalisme » des Allemands qui ont accepté énormément de concessions pour garder l’emploi chez eux.
Mais, bien sûr, ces mêmes politiciens veulent continuer à imposer le même genre de concessions en faveur du patronat en Belgique.
Le Vlaams Belang a été encore plus net en déclarant qu’« Une entreprise n’est pas une institution de charité, quel que soit l’endroit où se trouve le siège principal. Une entreprise ne réfléchit qu’en termes de rentabilité. ». Il en a profité pour exiger des « mesures structurelles et audacieuses » (sic) pour réduire les « coûts salariaux trop élevés » des travailleurs belges.
En octobre 2005, Bernd Pischetsrieder, le manager de VW a tout de même reconnu dans une interview : « Les salaires ne sont que responsables de 15% de tous les coûts (pas seulement l’assemblage, mais également la vente,… NDLR). Notre problème se situe ailleurs. »
Le gouvernement a utilisé l’argent de nos impôts pour essayer d’ancrer solidement VW en Belgique en multipliant baisses de charges sociales, cadeaux fiscaux sur le travail en équipe et les heures sup’, et en investissant en outre 35 millions d’euros dans l’Automotive Park. Cette stratégie a clairement fait faillite.
Le gouvernement aurait mieux fait de récupérer les investissements de soutien et les baisses de charges des années précédentes afin de les réorienter vers leur but premier annoncé: le maintien de l’emploi !
Une alternative socialiste
Sous le capitalisme, les travailleurs n’ont pas d’autre choix que de lutter pour chaque emploi. Sous le socialisme, l’augmentation de la productivité permettra d’alléger la charge de travail pour tous. La surproduction sera éliminée par une diversification graduelle et une réorientation vers une production socialement utile.
En attendant, des victoires à court terme et partielles sur les multinationales sont possibles, même à l’ère de la mondialisation, à condition de forger un rapport de forces. Mais si, dans le passé, un compromis était parfois possible en raison d’une conjoncture économique favorable, une période de longue durée de concessions systématiques par les multinationales est aujourd’hui impossible. Une troisième voie (entre capitalisme et socialisme) est définitivement exclue.
Assurer des conditions de vie et de travail correctes pour tous exigera une rupture fondamentale et la construction d’une société socialiste.
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Une claque dans la gueule des travailleurs
Beaucoup de travailleurs de VW et des sous-traitants ont connu des semaines d’incertitude avant l’annonce des plans de la direction de VW. Cette incertitude continue. Dans le cadre de la Loi Renault, la direction doit suivre une phase de consultation et d’information de ses « intentions » de restructurations avant que la décision ne devienne officielle.
L’industrie automobile en Belgique en chiffres
En ce moment, il y a encore 4 grandes entreprises automobiles en Belgique : Ford à Genk, Volvo à Gand, Opel à Anvers et VW à Forest : 21.600 travailleurs en tout aujourd’hui, 100.000 en comptant la sous-traitance.
Ces 4 entreprises ont produit à peu près 1 million de voitures en 2000, et 900.000 en 2005. Sur le même laps de temps, 6000 emplois ont été perdus. Avec 22% de travailleurs en moins, la production n’a donc diminué que de 10%. Cela révèle une productivité et une pression au travail qui augmentent à une vitesse vertigineuse.
Durant cette période, la direction doit écouter les remarques et les alternatives proposées par les syndicats. La décision est bien sûr déjà prise mais ne deviendra officielle que quelques semaines ou même quelques mois plus tard. Les travailleurs devront attendre avant de savoir s’ils pourront rester ou pas, en fonction des choix de la direction.
Nous avons parlé avec Jean-Pierre, ouvrier à VW.
Depuis combien de temps travailles-tu à VW ?
Je travaille depuis 28 ans à VW-Forest. A la tôlerie.
4000 emplois à la trappe ! Quelle a été ta première réaction ?
C’est honteux ! C’est inhumain ! Comment est-ce que je vais rembourser mon prêt hypothécaire ? Et j’ai 2 filles qui font des études supérieures…
La réaction du monde politique est-elle à la hauteur de l’agression patronale ?
Non, pas du tout !
Et celle des syndicats ?
Plusieurs délégations d’autres entreprises sont venues ici par solidarité. Notamment Ford, Duferco, les ex-Sabéniens. Mais les syndicats de VW traînent trop à mobiliser les gens.
Que faire après la manifestation du 2 décembre ?
Il faut continuer pour sauver le maximum d’emplois. Sinon, ils n’ont qu’à rembourser le pognon qu’ils ont reçu de l’Etat. On doit mettre les points sur les i ! Ils gardent 26% du personnel pour ne pas devoir payer la prime de fermeture aux autres. Mais moi, j’ai 51 ans. Ils ne vont sûrement pas me garder.
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Pourquoi attendre pour une grève générale de 24 heures?
Solidarité avec les victimes de VW!
Fin novembre, Volkswagen a annoncé que la Golf ne serait plus produite à Forest. Cette décision menace 4.000 emplois et bien plus encore chez les sous-traitants. Les années précédentes, la direction avait pourtant reçu beaucoup de cadeaux : baisses de charges sociales, flexibilité accrue des travailleurs, investissements payés par la collectivité,… En remerciement, VW déclenche un tremblement de terre social.
Séisme social
Le couperet est tombé, plus acéré et tranchant que prévu. La direction veut la suppression des 2/3 du personnel ! Et plane encore la menace d’une suppression pure et simple du site de production. En effet, le plan de la direction consiste à supprimer la production de la Golf pour ne garder que celle de la Polo. Seules quelque 60.000 unités sortiraient chaque année de VW Forest alors que le site n’est rentable qu’à partir de 200.000.
Une partie de la production de la Polo en Espagne viendrait à Forest. De cette façon, la direction peut monter les travailleurs belges contre les allemands et les travailleurs espagnols contre les belges.
La restructuration actuelle ne saurait être que l’antichambre d’une mort annoncée. En procédant par étapes et pas en une fois, la direction évite de payer des indemnités de fermeture aux 5.200 travailleurs concernés.
Une autre option est le maintien de l’entreprise avec moins de travailleurs et des conditions de travail et de salaire dégradées. Après la restructuration, la direction pourra alors engager des travailleurs, mais avec des contrats intérimaires, tout comme l’a fait la direction de Ford Genk. Après les 3.000 licenciements de 2003, Ford Genk a engagé 1.297 travailleurs temporaires dans le cadre de l’introduction de nouveaux modèles. En utilisant ces contrats précaires, il est plus facile de licencier et d’engager des travailleurs. Finis donc les contrats à durée indéterminée, et vive les contrats temporaires !
Cela peut être une option pour VW à Forest. Une plus grande flexibilité et des conditions salariales moins intéressantes pourraient alors être utilisées aussi contre les travailleurs d’autres usines VW.
Manifestation de solidarité
L’annonce de la restructuration a été faite le mardi 21 novembre. Le lendemain, les dirigeants syndicaux ont organisé une assemblée générale des travailleurs. Ils y ont présenté les intentions de la direction. Mais d’un plan d’action, pas un mot.
Des délégués et une partie des travailleurs voulaient partir après l’assemblée en manifestation près du site. Proposition stoppée net avec l’argumentation que tous les syndicats n’étaient pas d’accord. Un front commun syndical s’est pourtant constitué au sommet et à la tribune, mais sans vouloir de riposte immédiate.
La pression de la base pour faire des actions contre le séisme social provoqué par la direction a poussé les syndicats à lancer un appel à une manifestation nationale de solidarité samedi 2 décembre.
Action unifiée
La manifestation de solidarité est importante pour démontrer que les travailleurs de VW et des sous-traitants ne sont pas isolés. Le soutien aux victimes de la direction de VW est énorme dans la population de Forest, parmi les travailleurs des sous-traitants, dans d’autres usines,…
Cette solidarité doit être organisée. C’est dans ce cadre que l’utilisation d’une affiche du comité de solidarité (qui s’est formé dès l’annonce des licenciements) a été importante parce qu’elle rendait cette solidarité plus visible.
La manif du 2 décembre aura lieu grâce à la colère immense parmi les travailleurs, mais il faut éviter que cette manif ne devienne un cortège funèbre, un ultime hommage aux milliers de travailleurs de VW et des sous-traitants. La manif ne peut pas être un point d’arrêt mais doit être utilisée pour annoncer un plan d’action.
Grève générale de 24 heures
La solidarité qui sera démontrée le 2 décembre doit renforcer les travailleurs de VW et des sous-traitants dans leur résistance contre les licenciements. Avec une grève générale de 24 heures, il serait possible d’aller plus loin et de montrer que la politique brutale des restructurations par les multinationales ne sera pas acceptée.
Une telle grève montrerait que nous ne voulons pas de compromis sur le nombre d’emplois. D’après les médias, les travailleurs de VW peuvent être réembauchés ailleurs, ce qui signifie surtout que d’autres travailleurs n’auront pas accès à ces boulots. Les plans de la direction mèneront de toute façon au fait que 12.000 travailleurs n’auront pas de boulot et devront survivre d’allocations financées par la collectivité.
Une grève générale de 24 heures pourrait unifier les travailleurs belges et avoir un impact sur les travailleurs allemands. Si la pression de la grève mène à des actions dans une seule usine en Allemagne, la direction de VW aura un gros problème. VW n’est pas la seule entreprise à connaître licenciements ou restructurations.
Mais c’est une des plus grandes entreprises où les travailleurs ont en plus une tradition de lutte pour le maintien de l’emploi. Les actions de grève à VW en 1994 sont encore présentes dans bien des esprits. En ce sens, les travailleurs de VW peuvent porter une action nationale pour le maintien de tous les emplois.
Quelles revendications avancer?
Volkswagen utilise une politique de diviser-pour-régner : les travailleurs allemands sont les ennemis des travailleurs belges, les travailleurs belges sont les ennemis des espagnols et, à Forest, ceux qui peuvent rester seront les ennemis des licenciés …
Contre ces divisions, il faut mettre en avant des revendications qui poussent à l’unité des travailleurs. Cela n’est possible qu’en défendant le maintien de chaque emploi. Aucun boulot ne peut être perdu ni à VW, ni chez les sous-traitants !
Pour réaliser une telle revendication, tout le plan industriel de VW doit être revu. Maintenant, la direction veut couper 20% de la capacité de VW pour augmenter les profits de 1,12 milliard d’euros jusqu’à 5,1 milliards d’euros en 2008. Cette opération sera financée par la colelctivité, ce qui est inacceptable.
La direction de VW a déjà reçu assez de cadeaux du gouvernement. A côté de l’Automotive Parc, elle a reçu les baisses de charges sociales (sur le travail en équipe, les heures supplémentaires,…), plus de flexibilité des travailleurs,… Il serait logique d’exiger que si VW maintient son massacre social, tous ces cadeaux soient remboursés.
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Absence de moyens? Pour les travailleurs, oui, mais pour la direction…
Les travailleurs de VW sont forcés d’accepter les assainissements. En Allemagne, ils ont dû accepter un blocage des salaires et une augmentation du temps de travail sans augmentation salariale. En 2005, Audi, à Neckarsulm, a introduit une baisse des salaires de 2,7% en échange de la garantie du maintien de tous les emplois jusqu’en 2011.
Chaque fois, les assainissements étaient justifiés par le fait que les salaires étaient trop élevés, alors qu’ils ne sont responsables que de 4 à 5% des coûts d’assemblage.
Alors que les travailleurs pâtissent de la soif de profit de l’entreprise, la situation au sommet est bien entendu différente.
L’ancien directeur des ressources humaines de VW est Peter Hartz, un grand ami de l’ancien chancelier Schröder et l’initiateur d’une série de projets d’attaques, notamment contre les chômeurs. Le plan ‘Hartz 4’ a mené à un mouvement de résistance des chômeurs et des travailleurs allemands qui a duré des mois. Le gouvernement désirait réduire les allocations de chômage à 345 euros par mois, à peu près la même somme que celle reçue chaque jour par Hartz lors des vacances de luxe qu’il a passées au Brésil et qui étaient payées par VW…
Klaus Volkert, l’ancien président du Conseil d’entreprise où il représentait le syndicat, a été arrêté pour corruption. Il a reçu 1,9 million d’euros en 10 ans en échange de la « paix sociale ». Moins de travail de lobby auprès des patrons et des politiciens et plus de participation de la base syndicale dans les décisions ne serait pas un mal pour la solidarité entre travailleurs…
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Solidarité avec les victimes de VW
Jamais VW n’a vendu autant de voitures qu’aujourd’hui. De nouveaux profits records sont atteints d’année en année. Mais pour les actionnaires et les managers, cela n’est pas assez. Ils veulent encore plus: un profit de 5,1 milliards d’euros en 2008 au lieu de 1,12 milliard aujourd’hui. Des milliers de familles seront privées de leur revenu ou laissées dans l’incertitude. Mais, de cela, la direction de VW s’en moque.
Eric Byl
4.000 familles de travailleurs de VW et au moins 8.000 familles de travailleurs chez les sous-traitants seront privées de leur revenu si la direction peut réaliser ses plans. La commune de Forest va perdre plus de 10% de ses revenus de taxes. C’est à peu près la même valeur que le budget communal pour l’enseignement, alors que des investissements urgents dans les bâtiments et le personnel de l’enseignement communal se font attendre depuis des années. Ce ne seront donc pas seulement les travailleurs de Forest et les sous-traitants qui seront les victimes des mesures de VW mais aussi tous les parents, les petits commerçants,… Bref, tout un tissu social.
Dès l’annonce des licenciements, beaucoup d’offres d’emploi ont été présentées via la presse pour les travailleurs de VW qui disposent d’une certaine expérience. Le gouvernement et le patronat essaient ainsi de montrer qu’il ne faut pas lutter mais que chacun doit chercher une solution individuelle. On verra bien les résultats de cette opération. Un paquet de boulots précaires probablement – contrats temporaires, intérimaires, à temps partiel, mal payés,… – qui iront aux travailleurs de VW à la place de chômeurs sans expérience qui devront attendre encore plus longtemps pour avoir un revenu.
La collectivité n’a pourtant pas rechigné à se serrer la ceinture pour maintenir l’emploi. La flexibilité, les assainissements, le travail de week-end,… ont fait que Forest est le deuxième site de VW en termes de productivité et de qualité. En plus, le gouvernement a investi des millions d’euros de la caisse collective dans l’espoir de garder VW en Belgique. Des terrains de la STIB et de la SNCB ont presque été offerts gratuitement pour la création de l’Automotive Park. Le prix de ces cadeaux avec notre argent: 35 millions d’euros! L’ouverture officielle de l’Automotive Park a eu lieu en 2005, en présence de Guy Verhofstadt.
La politique de cadeaux, fiscaux et autres, au patronat pour maintenir l’emploi n’a pas réussi. C’est un tunnel sans issue que le gouvernement tente de cacher en accusant le soi-disant nationalisme de l’employeur allemand et surtout du syndicat allemand IG-Metall. Mais sa propre politique de cadeaux pour maintenir les emplois en Belgique aux dépens des travailleurs étrangers, ce n’est pas du nationalisme, ça ?
Les syndicats doivent arrêter de suivre les politiciens dans leurs tentatives d’augmenter la compétitivité en détruisant les conditions de travail et les salaires. Cette politique ne peut que mener à des réflexes nationalistes et à la division des travailleurs. Et tant que cette division existera, le gouvernement pourra toujours rejeter la faute sur les syndicats pour cacher ses propres responsabilités…
Les travailleurs et leurs syndicats doivent rompre avec la surenchère patronale sur le plan de la destruction sociale. Ils doivent construire la solidarité entre secteurs et au-delà des frontières. La manifestation du 2 décembre ne doit pas être un cortège funèbre, mais doit être utilisée pour lancer un appel à une grève générale de 24 heures comme réponse à toutes les restructurations des multinationales.
Le patronat allemand a réussi à faire déclarer toutes les grèves de solidarité illégales. Le patronat belge serait content de faire appliquer une telle mesure ici. Des lois injustes doivent être brisées si nécessaire. Nous sommes convaincus qu’une réponse unifiée des travailleurs belges aura aussi un impact en Allemagne, et pas seulement chez les politiciens ou les patrons, mais aussi et surtout parmi les travailleurs. Et nous sommes prêts à parier que cette sympathie auprès des travailleurs ne se limitera pas à l’Allemagne mais rayonnera partout en Europe.
Mais cette stratégie ne sera pas possible si les travailleurs ne disposent pas d’un parti politique indépendant du patronat. La FGTB et la CSC doivent rompre les liens avec les politiciens néolibéraux des partis traditionnels. Comme dans des pays voisins, les travailleurs doivent construire une nouvelle formation qui défende leurs intérêts. C’est une telle formation que le MAS essaie de construire avec le Comité pour une Autre Politique.
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Assemblée générale massive des travailleurs de VW
Le front syndical au sommet est un obstacle pour l’action
Pour un front syndical basé sur l’action à la baseDes milliers de travailleurs de VW et des sous-traitants ont afflué mercredi matin pour entendre les propositions de leur direction syndicale. Pour ceux qui venaient pour écouter et discuter de la manière dont on peut lutter contre le scénario de licenciements massifs de la direction de VW – qui est probablement un scénario qui prépare la fermeture pure et simple de l’usine – ce fut une peine perdue.
Les responsables syndicaux nous a expliqué minutieusement et dans les deux langues que le licenciement de 4.000 travailleurs et employés et une fermeture possible sont une vraie catastrophe et qu’on est tous dans le même merde.
A juste titre, ils ont dit qu’on ne pouvait rien reprocher aux travailleurs et employés qui ont bien fait leur travail et ont livré à temps les voitures prévues avec les efforts d’austérité et de flexibilité demandés. L’usine belge était en 2005 la deuxième sur le plan de la productivité et de la qualité dans le groupe VW. Mais cela n’était pas suffisant pour garder notre boulot.
Il n’y a pas eu d’évaluation de la stratégie qui a été menée les dernières années par les délégations syndicales. Une telle démarche aurait pourtant eu sa place à cette assemblée. Avons-nous assez résisté à la surenchère de la direction et des gouvernements nationaux destinée à dresser l’un contre l’autre les travailleurs de VW dans les différents pays et filiales ? N’avons-nous pas trop échangé la tradition de lutte et de solidarité internationale pour la flexibilité, les efforts d’austérité et les subventions d’Etat comme moyen de maintenir l’emploi ? N’avons-nous pas suivi de trop la logique des patrons et du gouvernement ? Fulminer maintenant contre le “nationalisme” des syndicats allemands est hypocrite. Notre gouvernement a lui-même pendant des années couvert les entreprises de cadeaux fiscaux et autres, utilisé des moyens provenant des impôts de la population pour convaincre les patrons d’investir ici et non ailleurs. Ce n’était pas du nationalisme, ça?
A l’assemblée, les dirigeants syndicaux ont expliqué que la fermeture est le scénario le plus probable. Avec 4.000 travailleurs en moins Forest n’a probablement plus d’avenir. Pourquoi ne pas fermer toute l’entreprise en une fois ? Une prime de fermeture coûte plus cher qu’une prime de licenciements. Un scénario de fermeture en phases successives est par conséquent meilleur marché.
Les dirigeants syndicaux ont souligné que les travailleurs sont le dindon de la farce pendant que les actionnaires vont s’enrichir encore fortement. Ils trouvaient cela très triste et avaient des difficultés de l’expliquer. Ils ont dit “Mais peut-être il y aura un peu d’espoir ?! 1.500 emplois pouvaient peut-être rester ?” avant de couler cet espoir en disant qu’il n’y a pas d’avenir pour cette usine avec 1.500 personnes. Ils faisaient sans doute référence au scénario de Ford d’il y a quelques années où 3.000 travailleurs ont perdu leur emploi mais où on embauche de nouveau depuis quelques mois. 800 ouvriers et employés ont été rembauchés par Ford. Mais dans des conditions de travail bien pires, avec des salaires plus bas,… Et on devrait être content avec cela ?
Dans ce système néolibéral, aucun ouvrier, employé, chômeur, pensionné, étudiant,.. n’a encore de sécurité. Tout est cédé et laissé à l’arbitraire des entreprises. Une condamnation encore plus grande de la stratégie de la direction syndicale actuelle est difficile à s’imaginer. Pourtant les travailleurs et les employés du secteur de l’automobile sont parmi les mieux organisés de toute la classe ouvrière. Ils ont des syndicats forts, du moins en nombre d’affiliés, et ils occupent une position cruciale dans un des secteurs les plus rentables de l’économie. Cette puissance a été sacrifiée sans combat par le front syndical. La fermeture de Forest prouve encore une fois la faillite du syndicalisme de concertation qui n’est pas préparé à se battre.
À la fin de l’assemblée, les responsables syndicaux ont encore fait référence à l’organisation d’un mouvement de solidarité, national et international. Bien que cela restait encore peu clair à l’assemblée, un appel a été lancé le soir même à une manifestation internationale de solidarité pour le samedi 2 décembre à Bruxelles. Selon nous, c’est une bonne chose. Un appel à la solidarité peut mettre des dizaines de milliers de gens dans la rue. Ce qui se passe aujourd’hui à Forest peut se passer demain ailleurs. Une manifestation du personnel des hôpitaux qui avait lieu à Bruxelles en même temps que l’assemblée de VW a reçu avec enthousiasme l’appel à la solidarité avec VW lancé par le Comité pour une Autre Politique (CAP) de Bruxelles. Il n’y a pas un travailleur un peu conscient en Belgique qui ne soit pas préparé à la solidarité. Mais pour faire quoi? Pour montrer notre pitié ? Cela ne peut donner qu’un peu de chaleur et de sympathie. Mais avec ce type de solidarité, rien ne pourra changer.
Un mouvement de solidarité de travailleurs dans chaque entreprise, dans chaque ville, en Belgique et en Europe, qui exige la fin des restructurations et des profits sur leurs dos peut rendre possible un tout autre scénario. Un scénario dans lequel les ouvriers et les employés dans une entreprise comme VW sont soutenus par les ouvriers et les employés des autres entreprises, peut mettre sous pression la direction de VW – mais aussi celles d’autres entreprises – pour qu’elles ne touchent pas aux emplois et aux conditions de travail. Au lieu d’organiser une spirale vers le bas, les patrons doivent être confrontés à des travailleurs combatifs unis dans des syndicats bien organisés qui ne leur permettent pas de réaliser des profits sans que soient assurées de bonnes conditions de travail et de salaire.
“Marx avait tort”, écrit le ‘’Financial Times’’, un journal d’affaires britannique, “la solidarité internationale ne peut pas surmonter le nationalisme syndical”. Quelle solidarité internationale? Cette solidarité nationale et internationale, dans et entre les secteurs, est bien la seule chose qui n’a pas encore été essayée ! Et c’est à cause de cela que les directions syndicales n’ont pas de réponse face à la décision de VW et qu’elles trouvent cette décision “honteuse”, non pas parce qu’on assainit pendant qu’il y a des méga-profits, mais honteuse parce qu’on licencie à Forest et non pas en Allemagne. Ce manque de réponse traduit l’impuissance engendrée par la pensée unique – celle du néolibéralisme – qui a infecté le sommet syndical. Et la base des syndicats en est la victime.
Les direigeants syndicaux ont annoncé que la direction de VW paiera les salaires des ouvriers et des employés jusqu’à vendredi – Merci patron ! – mais que, dès lundi, elle les considérera comme en grève ! Ils ont dit que le travail ne reprendra pas avant qu’une prime de départ décente soit prévue par le patron et avant qu’une ou l’autre forme de prépension pour les 700 travailleurs de plus de 50 ans soit permise par le gouvernement. De dures heures de négociations vont suivre pour tirer le maximum de la direction de VW et pour arriver le plus tôt possible à un plan social. Ils ont promis de se battre ensemble avec les travailleurs des firmes sous-traitantes: “Nous ne pouvons pas accepter que ces travailleurs, qui ne disposent pas d’une représentation syndicale forte, restent dans le froid”. Mais aucune proposition ou promesse concrète n’a été faite. Ils ont encore ajouté qu’“ Il faut encore lutter aussi pour les 1.500 qui resteront ‘’.
Mais beaucoup de travailleurs vont rentrer à la maison avec une solide gueule de bois. Au lieu d’impliquer les travailleurs dans les décisions et de discuter pour voir s’il y a des stratégies alternatives, les directions syndicales ont renvoyé les travailleurs à la maison avec le message de bien suivre la presse les jours qui viennent. Ils vont donc communiquer avec leurs membres à travers la presse parce que ce serait la méthode la plus rapide. ‘’Quelle démocratie syndicale !’’ penseront beaucoup – dont nous.
Mais ce n’est pas encore fini. On a appris par la presse que l’assemblée ne s’est pas tenue dans les bâtiments de VW-Forest ni dans la salle de concert de Forest National parce que les directions syndicales craignaient le vandalisme et des émeutes. Sans doute craignaient-ils aussi une occupation de l’usine… C’est pour cela aussi qu’il n’y avait que deux porte-paroles à l’assemblée, les deux délégués principaux de la FGTB et de la CSC. Ni une participation des travailleurs ni un vote n’étaient à l’ordre du jour. Une opportunité importante pour stimuler la participation et un mouvement réel a été perdue. Mais rien n’est encore définitif. Un mécontentement profond était sensible. Un mouvement de solidarité peut lui permettre de s’exprimer et lui offrir un débouché.
Avec le MAS/LSP, le CAP et d’autres forces, nous allons tout faire pour développer une solidarité aussi grande que possible. Un appel à la solidarité où tous les travailleurs dans toutes les entreprises et tous les services publics sont appelés à descendre dans la rue et à se battre pour le maintien de chaque emploi, pourrait bien recevoir une réponse massive. Et pourrait mettre sous pression la direction syndicale et la forcer de se tourner vers une stratégie plus offensive.