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Category: Automobile
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Terminus pour Opel-Anvers ou le début d’une lutte commune?
Ce mercredi 23 septembre, quelques milliers de travailleurs d’Opel et de sympathisants de leur cause se sont rassemblés sur le parking de l’entreprise à Anvers. Il s’agissait de la première action de protestation massive depuis l’annonce de la reprise très probable d’Opel par Magna, et il est clair que Magna ne voit pas d’avenir pour Opel à Anvers.
Par Micha (Anvers)
L’action s’est déroulée entre 13h et 15h et a pu compté sur une bonne présence de travailleurs allemands des sites d’Opel à Bochum et Kaiserslautern. L’ambiance parmi les travailleurs anversois n’était pas des meilleures. Ils avaient dû prendre leur pause ou perdre de leur salaire pour participer à cette action. La direction syndicale n’avait apparemment pas réfléchi à ce sujet.
De l’estrade, les participants ont pu entendre 8 discours de "solidarité" et de "remerciement" envers ceux qui étaient venus protester. Par contre, il n’a pas été question du type de solidarité nécessaire. Tous les espoirs reposent sur un lobby politique pour que la production de la SUV revienne à Anvers pour éviter la fermeture.
Différents orateurs ont remercié le Gouvernement flamand – un orateur a même remercié le gouvernement fédéral. Des appels ont été lancés pour être "solidaires" dans la répartition des "charges" (lisez: licenciements) entre les différentes implantations. La solidarité n’a de cette façon rien à voir avec la lutte, mais uniquement avec l’organisation d’une opération alternative d’assainissement. Heureusement, le dernier orateur, un ouvrier de Bochum, a dit que les travailleurs d’Opel en avaient déjà assez fait.
Cette réunion n’a pas été le lieu de discussions pour mettre en avant des alternatives ou un plan de lutte. Alors que la colère et la volonté de passer à l’action sont présentes parmi les travailleurs, on organise la démoralisation. Le PSL/LSP veut proposer une alternative combative sur base d’une implication active de la base et de la revendication de la nationalisation pour sauver les emplois et pour réfléchir à une production alternative. Le PSL/LSP était présent avec une quinzaine de militants, qui ont distribué notre tract local anversois "la vapeur rouge" ainsi qu’une déclaration de solidarité de notre camarade irlandais, le député européen Joe Higgins.
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Déclaration de l’euro-député Joe Higgins en soutien des travailleurs d’Opel
Aujourd’hui ce tient à Anvers un meeting de solidarité au site d’Opel. Le député européen irlandais Joe Higgins a fait hier une déclaration de solidarité qui sera également distribuée aujourd’hui à ce rassemblement.
Joe y appelle à la résistance des travailleurs d’Opel en Europe contre cette tentative de leur faire payer la crise. Il s’oppose aussi à la spirale à la baisse dans le domaine des conditions de travail et des salaires et plaide pour la nationalisation du secteur automobile sous le contrôle des travailleurs.
Déclaration de l’euro-député Joe Higgins en soutien des travailleurs d’Opel
Socialist Party (Irlande), section du Comité pour une Internationale Ouvrière
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Non aux licenciements à travers l’Europe!
- Nationaliser Opel pour sauver l’emploi!
"La perspective de plus de 10.000 licenciements à travers l’Europe à Opel représente une grave menace pour les conditions de vie de ces travailleurs et de leurs familles. Cela dévasterait également des villes comme Anvers et constituerait un coup porté au mouvement syndical traditionnellement fort dans l’industrie automobile."
"Ce plan vicieux, qui vise à reporter le coût de la crise sur le dos des travailleurs de sorte que Magna puisse réaliser des profits, doit être rejeté. Il n’y a pas du tout de garantie que ce plan réussisse à passer. La crise de surproduction dans l’industrie automobile n’est due aux travailleurs – et ils ne devraient pas en payer le prix. Ce plan devrait être combattu par les travailleurs d’Opel, avec le soutien du mouvement syndical au sens large."
"Les divers gouvernements nationaux aussi bien que certains dirigeants syndicaux ont essayé de pousser les travailleurs d’Opel de différents pays les uns contre les autres dans une course à la productivité. Cela n’offre aucune voie pour aller de l’avant aux travailleurs d’Opel, mais bien une course à la dégradation des conditions de travail des travailleurs tout en laissant à Magna l’espace de «diviser pour mieux régner»."
"Je plaiderais au contraire pour une lutte unie contre toute suppression d’emplois à Opel, en réclamant la nationalisation des usines avec des compensations uniquement sur base de moyens prouvés. Cela pourrait avoir un impact massif à travers l’Europe et serait un exemple inspirant pour les centaines de milliers de personnes qui font face à la menace du chômage."
"Une campagne militante et unie à travers l’Europe afin de défendre l’emploi gagnerait un soutien public massif. Une pression des plus sérieuse serait ainsi exercée sur les gouvernements de Belgique, d’Allemagne, de Grande-Bretagne de Pologne et d’Espagne pour nationaliser les entreprises afin de défendre l’emploi. Si des tentatives sont faites pour fermer des implantations ou licencier des travailleurs, alors d’autres mesures comme des occupations d’entreprises et des grèves de solidarité doivent être considérées."
"En réponse à ceux pour qui la surproduction dans le secteur automobile signifie que des emplois doivent être perdus, je dirais qu’en nationalisant ces compagnies et en plaçant les travailleurs au cœur même de l’industrie à travers en instaurant un contrôle ouvrier démocratique, un plan alternatif peut être développé. La production peut être orientée afin de produire des solutions pour le transport en commun et toute autre production socialement nécessaire."
"Vous avez mon soutien total dans votre campagne pour defendre l’emploi. N’hésitez pas à me contacter pour de l’aide à: info@joehiggins.eu. "
Joe Higgins MEP (www.joehiggins.eu)
- Socialist Party (Irlande) (www.socialistparty.net)
- Committee for a Workers’ International (www.socialistworld.net)
- Linkse Socialististische Partij/ Parti Socialiste de Lutte (www.socialisme.be) / (www.socialisme.be/psl)
- Sozialistische Alternative (Allemagne) (www.sozialismus.info)
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Opel-Anvers: Nationaliser pour sauver les emplois!
De sombres nuages s’amoncellent au-dessus d’Opel-Anvers. Ce que tout le monde craignait depuis longtemps semble maintenant se concrétiser: les candidats au rachat de l’entreprise veulent fermer l’usine en mars/avril prochain, une fois la dernière Astra sortie. Les 2.700 travailleurs d’Opel et les milliers d’ouvriers et d’employés sous-traitants vont connaître une période difficile. N’y a-t-il vraiment aucune autre alternative?
Par Jan (Anvers), article de l’édition de septembre de l’Alternative Socialiste
De nouveaux profits sur base d’un bain de sang social
On ne peut nier qu’il existe mondialement une surproduction automobile par rapport à la demande. Ce problème n’est pas neuf: il a commencé à se manifester durant la crise des années ’70 ! Mais, depuis lors, il a encore été possible de faire monter les bénéfices en augmentant la productivité (allongement de la semaine de travail, recours accru aux sous-traitants, restructurations,…), en accordant aux consommateurs des prêts bon marché et en investissant dans des activités financières plutôt que dans la production réelle. Mais, à l’été 2008, le secteur s’est écroulé suite à l’éclatement de la crise financière.
L’énorme baisse de la demande de voitures dans le monde a forcé les grands producteurs à opérer des coupes dans leur production, avec en conséquence des centaines de milliers de licenciements. Cette baisse de la demande contraste néanmoins de façon flagrante avec le manque d’accès au transport pour des millions de personnes ainsi qu’avec la nécessité de rendre les transports moins polluants.
Les candidats-repreneurs comme Magna n’ont qu’un seul intérêt: le profit. Magna, qui a reçu 1,5 milliard d’euros de soutien du gouvernement allemand, s’apprête à licencier 11.600 travailleurs d’Opel (sur les 55.000) et à appliquer des coupes salariales pour un montant de 1,25 milliard d’euros. Les 308 millions d’euros à cracher pour la fermeture d’Opel-Anvers ne sont qu’un détail pour recréer rapidement de la valeur pour les actionnaires», sur le dos des travailleurs licenciés et des contribuables.
L’inutile lobbying politique des dirigeants syndicaux
En misant sur la productivité de la filiale d’Anvers, qui peut apparemment facilement soutenir la comparaison avec l’usine de Bochum (en Allemagne), les directions syndicales et le gouvernement flamand espéraient convaincre les candidats au rachat de maintenir ouverte Opel-Anvers. Leur plan était donc de mettre en concurrence les travailleurs belges et leurs collègues allemands. Le gouvernement allemand a cependant systématiquement augmenté ses promesses pour que les repreneurs limitent les licenciements en Allemagne.
Si cette méthode d’action semble encore logique pour l’ancien diri-geant de la fédération patronale flamande et actuel ministre-président du gouvernement flamand Kris Peeters, c’est une position plus délicate à tenir pour les organisations syndicales. En se tournant vers le lobbying politique auprès des divers gouvernements et des actionnaires, les directions syndicales montrent que leur seule perspective est d’étaler les pertes d’emplois sur les diverses filiales européennes d’Opel.
Le 17 juillet, les représentants des délégations syndicales de l’usine d’Opel ont déclaré au quotidien flamand Het Laatste Nieuws qu’ils avaient «une confiance totale dans le gouvernement flamand». Cette même naïveté imbécile avait déjà caractérisé les directions syndicales et le Premier Ministre Dehaene quand Lionel Jospin avait fait la promesse électorale de s’opposer à la fermeture de Renault-Vilvorde en 1997. Un mois après les élections, la douche froide tombait, le nouveau Premier ministre français Jospin «oubliait» sa promesse et c’en était fini de l’usine.
Dans la discussion autour de l’attribution de la production pour la nouvelle Opel Zafira, les directions syndicales d’Opel à Anvers ont déclaré «qu’on peut la produire 18% meilleur marché qu’à Bochum». Cette surenchère de «promesses de productivité» de la part des directions syndicales est exactement le souhait du patronat. En l’espace de dix ans, Opel-Anvers est tombée de 8.000 à 2.700 travailleurs, et ceux qui sont restés ont continuellement été forcés de travailler plus pour gagner moins, à cause de la «nécessaire» course à la productivité. Des années plus tard, cela ne semble pas suffisant et l’usine doit quand même fermer.
La lutte qui doit être menée à Opel ne doit pas s’orienter contre les travailleurs d’une autre filiale, mais bien contre le patron. Les vraies questions sont : Où doivent aller les profits : aux travailleurs ou aux actionnaires? Qui doit contrôler la production?
La seule solution: nationalisation sous contrôle des travailleurs
Les syndicats ne devraient en aucun cas accepter les pertes d’emploi et chaque cahier de revendications devrait comporter des exigences comme la diminution du temps de travail et des cadences de travail. D’énormes défis sont à relever en matière de diminution des embouteillages, du coût de la mobilité (d’autant que nombre de familles voient maintenant leurs revenus baisser), de protection de l’environnement,… Des investissements massifs dans les transports en commun sont urgents, de même que dans le développement de voitures écologiques, tout en s’attaquant à la grande pression de travail du secteur. Mais tant que le profit reste la préoccupation centrale des discussions, les intérêts de toute la population sont rangés au placard.
Un gouvernement qui défendrait les intérêts des travailleurs, des chômeurs et de leurs familles nationaliserait Opel-Anvers (sans indemniser les actionnaires, sauf sur base de besoins prouvés) et organiserait son avenir dans le cadre d’un plan général de mobilité et de transport. Avec les 500 millions d’euros de soutien que le gouvernement flamand a promis au repreneur, les coûts nécessaires pour une reconversion orientée vers les transports publics seraient au moins partiellement couverts. Ainsi, un tel gouvernement pourrait construire autour de l’entreprise un centre de recherche technologique pour des automobiles écologiques, en élargissant par exemple les centres de recherches de nos universités et hautes écoles. Il pourrait parallèlement diminuer la semaine de travail, abaisser la pression au travail et augmenter les salaires. Toutes ces mesures créeraient beaucoup d’emplois et pourraient devenir un exemple exaltant et stimulant pour les travailleurs du secteur automobile partout dans le monde.
Une nationalisation réussie nécessite l’introduction d’un réel contrôle et d’une véritable gestion par les travailleurs. Les syndicats peuvent jouer un rôle important en organisant les travailleurs, en organisant l’élection de façon démocratique des représentants des travailleurs, qui pourraient alors codécider de la manière dont l’usine pourrait remplir une fonction utile dans la société. Un grand nombre de groupes impliqués – comme des organisations représentatives des utilisateurs du transport public, les travailleurs de De Lijn et de la SNCB, les syndicats, des scientifiques, etc. – devraient être impliqués dans la discussion sur l’avenir de l’usine. De nouvelles organisations démocratiques pourraient être créées afin que le débat puisse être mené parmi toutes les couches de la population.
Syndicalisme de lutte et non de soins palliatifs!
Pour qu’un tel scénario devienne réalité, il faudra une lutte qui parte de la base, impliquant le personnel d’Opel-Anvers et celui des entreprises sous-traitantes, ainsi que d’autres entreprises à la fois dans et en dehors du secteur. En fin de compte, cette lutte est importante pour chacun de nous : elle devrait être un exemple de la manière dont les travailleurs, par une lutte de masse, peuvent stopper les tentatives du capitalisme de leur faire payer la crise.
Les syndicats, en tant que représentants des intérêts des travailleurs, doivent jouer un rôle de meneurs. Ils devraient proposer aux travailleurs un plan de nationalisation de l’usine et organiser un débat. Une stratégie internationale est également essentielle. Un meeting au sujet de l’avenir de l’entreprise, incluant des représentants des travailleurs de toutes les usines Opel d’Europe, serait un bon début. Il faut aussi un plan pour faire monter la pression sur les gouvernements nationaux, avec des actions de plus en plus dures. Sur base de la lutte pour la nationalisation, une solidarité internationale à travers toutes les branches de l’industrie automobile dans tous les pays d’Europe pourrait commencer à croître et à prendre des formes concrètes.
En résumé: seule une mentalité combative, avec des dirigeants syndicaux impliquant au maximum la base dans les débats sur le déroulement de la lutte, peut garantir un avenir pour Opel-Anvers et pour l’ensemble du secteur!
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Automobile en crise: La chute des icones du capitalisme
Fin juin, le PSL-Anvers a organisé un meeting sur le secteur automobile. Les participants ont pu écouter Thomas, un ancien travailleur temporaire à Opel-Anvers, et Brett Hoven, travailleur chez Ford à Minneapolis, aux Etats-Unis, et membre de Socialist Alternative, notre parti-frère aux USA. Le dossier suivant est basé sur leurs interventions.
La crise touche très durement le secteur automobile. General Motors, la plus grande entreprise automobile au monde durant 77 ans, a ainsi dû passer sous le contrôle de l’Etat américain.
Au cours des décennies passées, les entreprises automobiles étaient un peu les icones du capitalisme. Avec le «fordisme», la chaîne de montage a fait son entrée dans le processus de production. Avec le «toyotisme», l’organisation du travail et de la production a été marquée par une plus grande flexibilité avec une explosion de la sous-traitance, des horaires de travail de plus en plus flexibles et la production en just-in-time(1). Le fait que des termes comme fordisme et toyotisme ont été ensuite de plus en plus utilisés en économie montre bien le rôle central joué par le secteur automobile dans le système capitaliste.
Surproduction
La crise qui frappe aujourd’hui le secteur automobile n’est pas nouvelle. Ces dix dernières années, 11.000 emplois directs ont été perdus dans notre pays, et sans doute autant d’emplois indirects. La crise économique accélère une crise fondamentale de surproduction du secteur. Car la technologie fait qu’on peut toujours produire plus de voitures avec moins de travailleurs.
Même quand 17 millions de voitures étaient vendues chaque année aux USA, il y avait surproduction et les entreprises automobiles procédaient à des restructurations et à des licenciements. Pour cette année, on s’attend à seulement 10 millions de voitures vendues. En plus, la crise financière limite les possibilités qu’ont les entreprises automobiles de trouver d’autres activités rentables sur les marchés financiers.
C’est cela qui est à la base de la faillite de Chrysler et de GM ainsi que de leur reprise par l’Etat. Les moyens de la collectivité qui sont ainsi investis dans ce secteur ne vont pas servir à sauver les emplois, mais bien à organiser un bain de sang social. L’idée est «d’assainir» ces entreprises pour les rendre ensuite au privé.
La Belgique aussi connaît une surproduction. Avant la crise, seuls 75% de la capacité de production étaient utilisés, chiffre qui est descendu maintenant à 60%. Pousser la flexibilité et la productivité vers le haut dans le secteur ne sert qu’à produire autant, voire plus, avec moins de travailleurs.
Opel-Anvers a-t-il encore un avenir?
Dans l’offre de reprise de Magna, il y a 2.500 licenciements en Allemagne et 8.500 dans le reste de l’Europe. Avec Sberbank, Magna dispose d’un partenaire russe influent. Les travailleurs russes et d’Europe de l’Est ne doivent sans doute pas craindre grand-chose dans l’immédiat. Par contre, les licenciements vont pleuvoir sur les 20.000 travailleurs d’Espagne, de Grande-Bretagne, de Belgique, de Suède et de France. Maintenant que la production de l’Astra arrive à sa fin, la fermeture d’Opel-Anvers, dont c’était la spécialité, est certainement une option sérieuse.
Les licenciements ne doivent pas être le prétexte pour faire entrer les travailleurs mutuellement en concurrence en fonction des différentes filiales. Détourner les pertes d’emplois sur d’autres n’offre aucune solution face à la surproduction. La solidarité de la base est cruciale pour lutter contre chaque licenciement. Evidemment, une telle résistance contre les pertes d’emplois devrait être combinée à des propositions alternatives tant sur le plan de la manière de travailler que sur celui du type de production.
Un programme de lutte offensif doit contenir des revendications pour une diminution radicale du temps de travail sans perte de salaires et pour le maintien de la prépension, couplées à d’autres exigences en matière d’élargissement des transports publics et de mobilité alternative.
Pendant la Grande Dépression des années ’30, le syndicat américain AFL luttait déjà pour la semaine des 30 heures, cinq journées de travail de six heures. Cette revendication vieille de 65 ans va plus loin que ce qui est aujourd’hui revendiqué alors que depuis lors la productivité a largement augmenté. Une diminution radicale du temps de travail à 32 heures sans perte de salaire répartirait le travail disponible au lieu de laisser grandir la masse des chômeurs. A côté de cela, le maintien de la prépension est nécessaire en réponse au chômage des jeunes, qui augmente rapidement.
Une stratégie syndicale doit contrer la logique de pertes d’emplois et de licenciements. Si GM-Europe ferme la filiale d’Anvers, il faut plaider pour une nationalisation liée à un plan de mobilité qui prenne également en compte les nécessités écologiques. On peut par exemple réorienter la production d’automobiles vers celle de moyens de transports publics.
Nationaliser pour sauver les emplois
Les nationalisations qui se déroulent pour l’instant aux Etats-Unis servent à organiser de véritables carnages sociaux qui vont sévèrement toucher des collectivités locales entières. Dans les anciens centres automobiles, comme Détroit ou Flint, des quartiers entiers sont maintenant devenus de véritables villes fantômes. Les moyens qui sont utilisés maintenant ne vont qu’agrandir le désert que le libéralisme laisse derrière lui.
Pourquoi les travailleurs devraient-ils payer pour la crise? Le travail est déjà dur et souvent monotone dans le secteur automobile. Et puis, rogner nos salaires ne va pas arrêter les fermetures comme l’ont démontré toutes les concessions qui ont été faites au niveau de la flexibilité.
Pour sauver nos emplois, il faut un programme offensif qui parte des réels besoins de la société et des travailleurs. Il faut des plans pour une production alternative qui mette plus l’accent sur le transport public et les technologies vertes. Une reconversion de tout le secteur automobile est nécessaire pour sauver les emplois, mais aussi pour des besoins écologiques.
La technologie existante rend possible une reconversion rapide du secteur. Cela a d’ailleurs déjà été démontré dans le passé, dans d’autres circonstances et avec d’autres objectifs. Durant la seconde Guerre Mondiale, il n’a fallu que quelques mois pour reconvertir le secteur automobile américain à la production de chars d’assaut et d’autres matériels militaires.
Mais cela nécessite une planification de la production qui entre en conflit avec la soif de profits aveugle des investisseurs privés qui continuent à dominer le secteur, même lorsqu’il y a des reprises par l’Etat. La reprise de GM et de Chrysler par le gouvernement et les syndicats américains aurait pu être utilisée pour faire de GM une entreprise publique. Un conseil d’administration public pourrait utiliser la connaissance et les capacités techniques de GM pour réorienter la production dans la perspective de développer un réseau de transport en commun sûr et écologique.
Avec une nationalisation sous le contrôle de la collectivité, le contrôle des moyens techniques ou financiers ne serait pas laissé aux administrateurs privés, mais aux conseils de travailleurs de l’usine et à la collectivité. Les nécessités en termes d’emploi (de bonnes conditions de travail pour chacun), de mobilité (un transport accessible et de bonne qualité), d’écologie,… ne peuvent être satisfaites ensemble que sur base d’une planification nationale et même internationale.
La nationalisation du secteur automobile est liée à une discussion plus large sur les besoins des travailleurs et leurs familles, et pas seulement dans le domaine de la mobilité. Actuellement, la surproduction dans des secteurs comme l’automobile cotoie l’insatisfaction de nombreux besoins sociaux. Le capitalisme est aujourd’hui un frein pour un futur développement de l’humanité. Chaque amélioration de la production est utilisée contre les travailleurs et la collectivité. Ce frein doit être supprimé. C’est pourquoi nous luttons pour une société socialiste, seule capable d’assurer une planification démocratique et de mettre fin au gaspillage de nos ressources.
Ce ne peut être que le résultat d’une lutte des travailleurs, au départ des entreprises et des lieux de travail. Rien n’est garanti, mais si ceux qui luttent peuvent perdre, ceux qui refusent de lutter ont déjà perdu.
(1) Just-In-Time : Méthode de gestion de la production qui consiste à minimiser les stocks et les en-cours de fabrication.
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Action de solidarité avec les travailleurs d’IAC-FIAT
Une petite centaine de militants des environs de Bruxelles, surtout de la FGTB mais également de la CSC, ont répondu à l’appel d’urgence à la solidarité avec les travailleurs de IAC-Fiat. La directionde IAC-Fiat essaye de créer un précédent. Si elle réussi, plus rien ne fait obstacle à l’arbitrage patronal.
Nous avons déjà décrit dans un précédent article (voir ici), les tentatives brutales faites par la direction pour contourner la loi Renault et la protection des délégués. Pour cela, elle utilise un montage juridique "de fragmentation artificiel" de l’entreprise: elle prend les travailleurs en otage afin de mettre pression sur les délégués pour qu’ils démissionnent volontairement. Elle instrumentalise la justice en référé, recours aux astreintes et à la criminalisation des délégués. Pour complètement laisser pourrir le climat social, elle vient encore de décider le licenciment pour faute grave de 5 travailleurs. Leur faute grave était d’avoir participé à une action syndicale pacifique…
La directionde d’IAC-Fiat essaye de créer un précédent. Si elle réussi, plus rien ne fait obstacle à l’arbitrage patronal. Ce n’est pas pour rien que le comité exécutif du syndicat des employés, le Setca de Bruxelles-Hal-Vilvorde, a appelé à une mobilisation physique. Les patrons de tous les secteurs se lèchent les babines: si la direction d’IAC-Fiat l’emporte, ces méthodes seront vite appliquées ailleurs.
Les patrons qui voudraient encore suivre la voie de la concertation sociale seraient ridiculisés par leurs collègues plus radicaux et perdraient d’ailleurs en compétitivité. Ce n’est donc pas étonnant que les travailleurs d’IAC ont reçu le soustien de nombreux sécretaires syndicaux, mais surtout de délégations syndicales (entre autres Cytec, Spy, Sitel et Mobistar). De nombreux militants se sont spontanément mobilisés pour exprimer leur solidarité.
Après quelques brefs speech, nous nous sommes dirigés vers le siège principal pour obtenir des pourparlers avec Mr Randa, le PDG. Comme d’habitude ces temps-ci, les portes sont restées fermées. Nous nous sommes donc dirigés en caravane de voitures vers la villa impressionante du PDG à Tervuren, où nous étions attendus non seulement par la police, mais aussi par quelques body-guards italiens engagé pour l’occasion. La direction prenait probablement ses rêves pour la réalité en immaginant que nous allions essayer de molester le PDG. Nous avons simplement diffusé des toutes-boites dans le quartier et avons demandé que dialogue social puisse avoir lieu. D’autres actions vont suivre.
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“Stand alone” pour Opel Anvers: Nationaliser pour sauver les emplois!
Vic Heylen, généralement reconnu comme un brillant analyste automobile, a balayé de la table lundi soir les propositions concernant l’usine d’Opel Anvers, à la fois de la part du gouvernement flamand et des syndicats. Selon lui, l’usine d’Anvers est en soi performante, mais évolue au sein d’une «structure néfaste», celle de GM-Europe, qui est à l’agonie. Si le site était une entité distincte, affirme Heylen, il aurait un brillant avenir.
Heylen prétend que la proposition du gouvernement flamand visant à acheter l’usine d’Anvers et à la relouer à GM, n’est rien de plus qu’un slogan électoral. "GM a déjà laisé entendre qu’ils veulent même donner l’usine gratuitement pour autant que l’on reprenne avec les 3.000 travailleurs et tout le passif social qu’ils représentent. L’essentiel est qu’aucune construction ne peut garantir que les gens puissent continuer à travailler" affirme-t-il. Au lieu de cela, Heylen plaide pour que le gouvernement achète l’entreprise pour offrir des services d’assemblage à tous les constructeurs automobiles qui vendent des voitures sur le marché européen. En bref, que le gouvernement nationalise l’usine et offre lui-même des services d’assemblage. "Mais", ajoute-t-il, "ils n’osent pas." Toutefois, dans quelques années, il y aura peut être des propositions plus intéressantes de la part de quelques acteurs asiatiques, poursuit Heylen. Le Parti Socialiste de Lutte n’est pas d’accord avec Heylen sur ce qu’il voudrait faire d’Opel après un rachat par le gouvernement. Nous sommes en faveur d’une nationalisation du site, et de sa réaffectation vers un plan de mobilité public et innovant (voir ici), et non pas nationaliser aujourd’hui pour revendre plus tard à d’autres parasites capitalistes. Mais nous avons toujours eu des problèmes avec cette structure européenne.
Dès le départ, il était clair qu’une reprise de GM-Europe n’offrait pas une solution face à la crise de surproduction, et entraînerait un massacre social. Tant le Canado-Autrichien Magna-Steyr que Fiat préparent une telle destruction d’emploi. Dans les deux cas, au moins 10.000 emplois devaient disparaître. Aucun gouvernement, ni même, malheureusement, aucun syndicat n’a osé remettre cette option en question.
Il était supposé que la seule possibilité de survie pour Opel-Anvers était un rachat, et de préférence au niveau européen. Pour attirer un repreneur, il y a eu des garanties d’Etat, des crédits supplémentaires, et dans le cas du gouvernement flamand, également une opération sale-and-lease-back (le gouvernement achète l’usine que d’autres louent ensuite). Sur cette base, ils espèrent attirer les acheteurs potentiels pour éviter à tout prix une fermeture pure et simple du site. La filière européenne n’était pas remise en question, tout comme l’appât avec lequel le gouvernement flamand voulait attirer les acheteurs. Seul Dedecker a exprimé des réserves, mais pas dans une optique que l’entreprise soit prise en charge par la collectivité ; dans le but de fermer immédiatement l’ensemble du site. Ainsi va le sens commun. Du côté syndical, on s’est complètement enfermé dans la logique de l’attrait pour le "meilleur acheteur possible" pour la branche européenne de GM. C’est le cas par exemple de ce syndicaliste Rudi Kennes, Vice-président du comité d’entreprise européen, qui, même s’il porte la casquette de "gauchiste" du Spa.Rood (un groupe plus à gauche au sein du SP.a), se profile lui-même comme un fervent partisan d’une acquisition par Magna. Selon lui et son collègue allemand Klaus Franz de IG-Metall, également président du CE européen, cette option offrait de meilleures garanties sur l’emploi que Fiat.
Le fait que Magna veut supprimer 11.000 des 55.000 emplois de GM en Europe, un sur cinq donc, met les syndicats dans l’embarras. Via des pressions à l’encontre des différents gouvernements, ils tentent de déplacer le bain de sang social le plus possible vers d’autres régions. Ce n’est pas un hasard si les syndicats belges ont félicité la minutie avec laquelle le gouvernement flamand pour leur soutien, mais ce soutien n’a aidé en rien. Avec une ligne de crédit d’une valeur de 1,5 milliards d’euros, la moitié est supportée par le gouvernement fédéral, et l’autre moitié par les quatre Lander qui disposent d’usines Opel, et une garantie d’État de 4,5 milliards d’euros, le gouvernement allemand a procédé à un accord de principe. Magna prendrait une participation de 20%, son partenaire russe Sberbank de 35%. GM détiendrait quant à lui un solide pied-à-terre avec 35%, et les employés contribueraient à hauteur de 10%.
Mais par-dessus tout, des 11.000 emplois qui seraient supprimés, 2.500 seulement le seraient dans les entreprises allemandes, c’est-à-dire un emploi sur 10. Ailleurs en Europe au moins un emploi sur 4 disparaîtrait, un total d’environ 8500. De plus, l’accord de principe stipule que le russe GAZ, qui produit encore la Volga, mais bientôt aussi les Opel, serait intégré comme partenaire industriel. En Europe de l’Est et en Russie, les travailleurs de ne doivent pas s’effrayer, car Magna va produire de manière substancielle et l’emploi sera prolongé. Les licenciements seront tous supportés par les quelques 20.000 travailleurs en Espagne, en Grande-Bretagne, en Belgique, en Suède et en France.
Kennes a compris le message. Dans un premier temps, il avait plaidé pour que le Zafira soit produite en Belgique parce que "nous sommes 18% moins cher qu’à Bochum", maintenant, il veut que la Meriva, qui est produite en Espagne, soit localisée à Anvers. Ca ne peut pas fonctionner, on ne sauve pas des emplois par la concurrence entre les travailleurs, mais par l’organisation de la lutte et de la solidarité.
Klaus Franz d’IG-Metall, président du conseil chez Opel et fervent partisan de Magna, a déclaré, à la suite de l’accord de principe, que "les intérêts de tous les travailleurs ont été défendus". "Des méga fusions, dans un marché déjà saturé, ne peuvent pas fonctionner" sont ses arguments. Klaus Kranz n’a jamais proposé qu’Opel devienne un constructeur public qui se concentre sur des investissements inovateurs et écologiques. Combien de temps va encore durer cette compétition, exigeant chaque fois de nouvelles victimes dans une situation de surcapacité? Magna ne va-t-il pas, tout autant que Fiat, pousser dans cette voie? Le Parti Socialiste de Lutte est très sceptique quant à l’attitude des syndicats qui se montrent enthousiastes face à la logique de concurrence.
Les syndicats ont également appelé le gouvernement flamand pour protester auprès de la Commission européenne contre le protectionnisme allemand. Sans beaucoup de succès, d’ailleurs, parce que dans les faits, le gouvernement flamand avec son offre de 300 millions d’euros de prêt et de 200 millions d’euros pour une opération sale-and-lease-back, ne fait rien de différent de ce que fait son homologue allemand.
Des excellences libérales telles que Ceyssens et Van Quickenborne parlent de "critères objectifs". Cela ne signifie pas le bien-être des travailleurs ou le maintien d’un maximum d’emplois, mais la rentabilité! Les syndicats se font entraîner dans une position renégate, dans laquelle ils ne peuvent gagner.
L’Europe n’est pas là pour sauver des emplois, mais pour transférer la richesse des pauvres vers les riches. Combien de fois n’a-t-on pas fait appel à l’Europe pour nous faire abandonner nos acquis? Combien de fois ne nous a-t-on pas dit qu’il n’y avait pas besoin de lutter, car nos exigences ne peuvent être atteintes que dans une Europe “sociale”? Serait-il de bon ton qu’une Europe sociale nationalise “Opel-Europe”? Bien sûr, mais alors est-il encore temps d’attendre avant de procéder à la nationalisation de l’entreprise, qui pourrait servir d’exemple sur la voie à utiliser pour réaliser une autre politique en matière de mobilité ?
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Reprise de GM: une icône du capitalisme sucée jusqu’à la moëlle
Les contribuables et les syndicats paient les pots cassés!
Lundi, l’impensable s’est produit. Le gouvernement américain a repris GM, entreprise qui a été durant 77 ans la plus grande entreprise automobile du monde. Mais c’est un cadeau bien empoisonné. A côté des 82,3 milliards de dollars d’actifs, il y a également une montagne colossale de dettes de 172,8 milliards de dollars! Rien que pour tenir la société debout au cours des deux prochains mois, le contribuable américain va devoir allonger 30 milliards de dollars venant s’ajouter aux 19,8 milliards de dollars que Washington a déjà injecté dans GM…
Par Eric Byl
Maintenant, la société est à genoux. Les gouvernements et les syndicats peuvent recoller les morceaux et tenter de reconstruire un nouveau modèle économique viable à partir d’un géant industriel que des centaines de milliers de travailleurs ont contribué à construire. Le gouvernement américain est maintenant propriétaire à 60% de la société appelée "New GM", le gouvernement canadien prennant 9,5 milliards de dollars en action, soit 12%, les syndicats -United Auto Workers (UAW)- consacreront de leur côté une partie de leurs fonds – auxquels les travailleurs ont cotisé depuis des décennies – en actions de la nouvelle entreprise à hauteur de 17,5%. Le reste appartient aux porteurs d’obligations (10%), et enfin aux investisseurs et les anciens actionnaires, qui ne détiennent que 1%.
Le journal flamand De Standaard parle des actionnaires comme des "grands perdants", De Tijd affirme qu’ils "demeurent dans une maison pleine de dettes et d’éléments impossibles à rentabiliser». Le Soir souligne que les actionnaires ont vu 90% de leurs investissements partir en fumée et La Libre écrit que les actionnaires ont "perdu le pari". La réalité est cependant que ces parasites ont sucé jusqu’à la moëlle un géant de l’industrie et que maintenant, la tâche de se débarrasser du cadavre retombe sur les épaules des autorités et des syndicats. L’ancien GM sera tout simplement déclaré en faillite et hop, fini les dettes. De bonnes affaires pourront être faites à partir du nouveau GM et les dizaines de milliards de dollars pourront recouler à flot. Les actionnaires vont laisser la collectivité payer.
Contrairement aux actionnaires, les syndicats, vu la manière dont l’assurance maladie et les fonds de pension sont organisés aux États-Unis, n’ont pas le choix de pouvoir laisser couler le Titanic. Une fois de plus, le couteau sous la gorge, ils ont dû accepter une diminution de la couverture-santé des retraités et n’ont pas eu d’autre choix que de prendre des actions. Si la résurrection de GM échoue, cela signifie que le personnel et les retraités sont menacés de tout perdre. Le gouvernement prétend qu’il s’occupera du personnel et des retraités, mais il ne faudra pas longtemps avant qu’ils ne soient eux-mêmes étiquetés de profiteurs. Que cela serve de leçon pour les travailleurs belges, face aux propositions des libéraux et autres Dedecker visant à commercialiser les soins de santé et à promouvoir les deuxième et troisième piliers de pension!
A partir de New GM, ils veulent ainsi faire une entreprise profitable où les «éléments rentables» seront à portée de mains. Des centaines de milliers d’emplois sont sur la sellette, 11 usines vont fermer leurs portes, sans compter les sous-traitants et les milliers de concessionnaires GM. Des villes entières et des communes seront privées de leur principale source de revenus. C’est le désert que le libéralisme, le "libre" marché qui, dans sa soif incessante de profit finit par s’attaquer à nos capacités de production. Au lieu de laisser la nouvelle entreprise dans les mains de gérants issus du secteur privé, le gouvernement américain et les syndicats devraient saisir cette occasion pour faire de GM une entreprise publique. Au lieu de la logique "toujours plus de retour sur investissements», un conseil de gestion public pourrait disposer des connaissances et des capacités techniques nécessaires pour les utiliser afin de développer des transports sécurisés et respectueux de l’environnement et de la mobilité. Cela serait vraiment un point tournant. Yes, we can !
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SOLIDARITE AVEC LES TRAVAILLEURS DE FIAT !
Depuis jeudi matin, les travailleurs de FIAT occupent les locaux d’IAC (filiale de FIAT) à Meiser pour protester contre la tournure que prend le plan de restructuration en cours depuis décembre 2008. En effet la direction de FIAT veut se séparer d’une partie des activités du site de Meiser et ne garder qu’un show-room. A l’aide du cabinet d’avocats Claeys&Engels, spécialisé dans les cas de restructuration, la direction passe outre la législation belge en essayant de séparer arbitrairement la partie show-room de la partie garage du site de Meiser. Cette division d’entreprise fictive leur permet de déclarer le service après vente déficitaire et d’entreprendre le licenciement des 24 travailleurs concernés. Le patronat à travers le cas de FIAT est en train de tester de nouvelles tactiques. Si la direction de FIAT réussie à remporter la partie, celle-ci sera un précédent qui sera généralisé ensuite à d’autres plans de restructuration.
Par Nico M (Bruxelles)
Attaque antisyndicale : la direction s’attaque directement à la délégation
Mais voilà, depuis quelques temps, la direction d’IAC (filiale FIAT à Bruxelles) déplace les travailleurs entre les différents sites de Bruxelles. La situation qui en ressort est que, justement dans le site concerné par la restructuration, parmi les 24 travailleurs, 12 sont protégés par leur activité syndicale. Il n’y a pas de hasard, la direction a planifié depuis un certain temps cette attaque à peine cachée contre la délégation syndicale. C’est la représentation syndicale au sein des entreprises qui est ici en jeu.
Malgré les concessions du passé le patronat veut toujours plus.
Ce qui a mis le feu aux poudres et qui a poussé les travailleurs à occuper le site, c’est la volonté de la direction de se passer de la procédure « Renault » dans ce conflit. Celle-ci prévoit qu’en cas de restructuration collective, les partenaires sociaux se réunissent pour limiter au plus les licenciements. Il ne s’agit pas de raisonner le patron pour qu’il recule et ne licencie pas. Il s’agit de transformer les licenciements en prépension ou en départ volontaire pour ceux qui le désirent. Une autre possibilité est de réduire le temps de travail. Cette procédure légalisée n’est-elle pas déjà une concession de la part des travailleurs face au patronat et ses actionnaires ? Cette procédure ne remet pas en cause les licenciements. Une fois que le patronat a décidé de restructurer, rien légalement ne peut remettre en cause cette « fatalité ».
A FIAT aujourd’hui, en tout cas, la direction veut se passer de cette procédure (ce qui confirme le scénario d’attaque ciblée contre la délégation syndicale). En clair : les patrons surfent sur la crise pour pouvoir licencier et en plus ils veulent le faire de manière plus fluide en évitant les procédures légales qui désavantagent déjà les travailleurs.
Nous devons aujourd’hui réclamer l’ouverture des comptes des directions qui licencient ! Alors que FIAT est occupée d’absorber 20% de Chrylser, de récupérer des activités de GM en Europe et en Amérique Latine, ils veulent faire croire aux travailleurs de Bruxelles que la situation nécessite la suppression des 24 travailleurs de Meiser. On sait très bien que les milliards de profits engrangés dans la dernière période ont été accaparés par les actionnaires sur le dos des travailleurs !
La solidarité se met en place, il faut l’élargir et mettre en place un plan d’action.
Vendredi, quand nous sommes allés rendre visite à l’occupation en solidarité avec les travailleurs, ceux-ci ont reçu la visite d’autres délégations venues soutenir leur lutte.
Parmi eux : le délégué principal d’OPEL Anvers Rudy Kennes. En effet, comme je le disais plus haut, des négociations sont en cours entre FIAT et GM pour l’intégration d’OPEL par FIAT. Dans ce cadre l’usine d’OPEL Anvers est, entre autres, concernée. En temps que délégué principal d’OPEL Anvers, Rudy est venu donner son «soutien total à la lutte qui se joue ici». En temps que vice président du conseil d’entreprise européen de GM, il a aussi déclaré qu’«il faut trouver une solution au conflit ici.». «Si on veut négocier l’intégration entre FIAT et GM, il faut résoudre de manière convenable le conflit à IAC». Rudy Kennes veut ici prévenir M. Marchionne (patron de FIAT) qui sera en visite du 15 au 19 mai prochain pour rencontrer notamment M. Peeters dans le cadre de la reprise de l’usine OPEL Anvers. Les pouvoirs publics flamands, dans le cadre de cette reprise, ont promis une enveloppe de 300 millions pour OPEL Anvers. Est-ce que cette nouvelle aide publique puisée dans l’argent des contribuables garantira le maintient de l’entièreté des emplois ? On se rappelle le cas de VW Forest qui, après avoir bénéficié de nombreuses aides publiques, ne s’est pas gêné pour jeter des milliers de travailleurs et leur famille.
Au cours d’une conférence de presse dans l’occupation, M. Nicola Nicolosi du puissant syndicat italien CGIL est aussi venu en solidarité avec les travailleurs d’IAC : «Nous vivons une crise capitaliste, une crise de la globalisation financière […] On assiste à une réorganisation de la propriété au sein des entreprises. Cette situation crée une incertitude auprès des travailleurs et engendre des problèmes sociaux très importants». «On doit réagir à ces attaques avec la solidarité entre travailleurs : une solidarité internationale des travailleurs». «Si ça ne bouge pas nous bougerons en Italie pour soutenir cette lutte justifiée, nous devons sortir de l’égoïsme national».
Nicolas Cue, secrétaire général des Métallurgistes de Wallonie-Bruxelles, poursuit : «Si ce n’est pas possible de revenir autour d’une table nous continuerons à soutenir voire à amplifier cette lutte […] Pour les Métallos de Wallonie et de Bruxelles, la semaine prochaine commencera par une grève générale dans tous les secteurs du métal, sera suivie par 48H de grève en sidérurgie et une manifestation à Namur le11 mai et évidemment la grande manifestation internationale du 15 […] Dans les manifestations de la semaine prochaine nous mettrons en tête systématiquement ce conflit […] Cette entreprise ne sera pas abandonnée, on ne peut pas laisser tomber des travailleurs qui réclament le minimum social. Si nous n’obtenons pas raison je suis pour que la semaine de M. Marchionne en Belgique soit un vrai calvaire ».
Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) se réjouit de la mobilisation que Nicolas Cue met en avant dans ses interventions. Nous ne devons pas les laisser nous emmener à l’abattoir entreprise par entreprise. Face aux différentes restructurations, face au plan d’austérité que nous prépare le gouvernement pour après les élections, nous devons mettre en avant l’unité de tous les travailleurs. Faisons de la manifestation internationale du 15 mai à Bruxelles une journée de mobilisation nationale, une première journée de grève générale pour revendiquer le maintient de tous nos emplois. Le cas de FIAT est représentatif de ce que vivent et de ce que vivront de larges couches de travailleurs. Déjà à Carrefour l’année passée, la direction a tenté d’enfoncer les acquis des travailleurs par des démarches violentes en justice contre les travailleurs grévistes qui résistaient contre la nouvelle dégradation des conditions de travail que voulait imposer leur direction. Comme l’a mis en avant la délégation CGSP de l’hôpital Brugmann au cours des grèves du secteur public bruxellois en 2008 :
«Ils organisent notre misère, organisons notre lutte!»
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DAF Trucks met 750 ouvriers à la porte
Campines
Les licenciements annoncés chez le fabricant de camions DAF Trucks à Westerlo aggravent le bain de sang social en Campine. La liste des sociétés qui restructurent ou mettent progressivement un terme à leur activité, commence à devenir longue. Chez DAF, ce sont 750 ouvriers CDD et intérimaires qui disparaissent ainsi que 60 ouvriers CDI qui seront prépensionnés ou mis en chômage temporaire.
Par Luc, MAS-Louvain
Ceux qui restent connaîtront aussi des difficultés. Le travail de nuit et de week-end est en passe d’être supprimé, avec pour effet une sérieuse perte de salaire. L’autre mesure envisagée est la possibilité de chômage technique. L’usine fermerait deux semaines, avant et après le Nouvel An. Et pendant les mois d’été, il pourrait y avoir jusqu’à 2 journées de chômage technique par semaine.
Les investissements programmés pour un montant d’environ 100 millions d’euros sont gelés (l’investissement le plus important consistait en la création d’une nouvelle chaîne de laquage). Ces investissements étaient considérés par beaucoup de travailleurs comme une garantie de l’avenir de l’usine de Westerlo.
Selon la direction, la crise financière et économique l’oblige à diminuer la production (de 245 à 170 pièces par jour) et à restructurer. En effet, les actions de Paccar, la société-mère de DAF, ont perdu 35 % de leur valeur sur le dernier mois. Des tas de commandes sont annulées. La direction de Paccar s’est retrouvée devant le choix suivant : sauver des emplois ou mettre les bénéfices à l’abri. Inutile de dire quel choix elle a fait ! Et pourtant, la société a engrangé 904,8 millions de dollars de bénéfices au cours des 9 premiers mois de l’année (dont encore 299 millions au cours du troisième trimestre !)
Ces dernières années, la production chez DAF Trucks a énormément augmenté. Actuellement les ouvriers sont encore en train de produire 245 pièces (essentiellement des cabines) ainsi que quelques 600 essieux pour rattraper le retard. L’accroissement de la production est surtout du à l’augmentation de la productivité. L’entreprise fabrique la même quantité de cabines et d’essieux qu’il y a quelques années mais avec moins d’ouvriers. Les conséquences de cette augmentation de la productivité sont que tout le monde doit travailler plus mais aussi qu’actuellement beaucoup de travailleurs risquent d’être licenciés.
Herwig Jorissen, le dirigeant de la Centrale flamande des Métallos FGTB, a raison lorsqu’il dit qu’il faut mettre sur pied un plan d’urgence – si l’Etat a pu trouver des milliards pour les banques, cela doit également être possible pour le secteur automobile. La disparition de 750 emplois signifie aussi une grosse perte de revenus pour 750 ménages. Jorissen veut que le préavis des ouvriers soit aligné sur celui des employés et que lors d’une restructuration, les intérimaires reçoivent un préavis qui corresponde au travail presté.
Bien sûr, nous soutenons ces mesures, mais nous disons qu’il faut aller plus loin. Ces derniers mois, le gouvernement a procédé à des nationalisations partielles de banques en difficultés pour sauver des bénéfices, pas pour sauver des emplois. Si les pertes sont ainsi socialisées, les bénéfices restent privatisés. Si les entreprises veulent liquider des emplois, cela devrait être le moment pour les nationaliser sous le contrôle des travailleurs pour mettre l’emploi et les conditions de travail au centre des préoccupations. S’il est possible de nationaliser pour protéger les bénéfices, alors pourquoi ne serait-ce pas possible pour sauver des emplois décents ?
> Tous ensemble pour plus de pouvoir d’achat et pour l’emploi!