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Category: National
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Ne laissons pas notre avenir aux populistes de droite, aux criminels climatiques et aux autres membres de cette “broligarchie”
Une nouvelle “normalité” est en train d’émerger aux États-Unis. Trump a été réélu en surfant sur l’image de “voix dissidente” alors qu’il ne défend qu’une version encore plus brutale de la même politique dominante. Son étroite relation avec le milliardaire Elon Musk a déjà donné naissance à un nouveau mot: broligarchie, en déclinaison de l’anglicisme “bromance”. Les marchés boursiers se sont félicités pour cette victoire électorale. Pas de quoi se réjouir, par contre, concernant la protection sociale ou le climat. Elon Musk veut tailler à la hache dans les dépenses publiques, ce que Trump accueille favorablement en parlant de “révolution”.
Par Geert Cool
Chez nous, cette nouvelle normalité brutale porte un nom : Arizona
La propagande arrogante de la droite tourne aussi à plein régime en Belgique. La politique du bouc émissaire s’installe durablement : on place tous les problèmes sur le dos des personnes immigrées, des malades ou encore des chômeur.se.s. Cibler les plus vulnérables est visiblement considéré comme plus “réaliste” qu’aller chercher les moyens nécessaires auprès de la classe dominante richissime.
Les victoires électorales du MR et de la N-VA ont boosté l’audace patronale. Les patrons n’attendent pas la formation d’un gouvernement fédéral Arizona pour passer à l’offensive. Par ailleurs, la répression contre les plus vulnérables s’accroît tandis que les possibilités de lutte collective contre les politiques antisociales sont déjà attaquées.
La super-note de De Wever va bien au-delà d’une offensive brutale contre nos salaires et nos conditions de travail. C’est une déclaration de guerre à l’ensemble de notre camp social. Y répondre par un rassemblement de Noël plutôt vague, à l’image de celui prévu pour le 13 décembre, ne répond pas à la gravité de la situation. Allons-nous vraiment hésiter à résister dans l’espoir d’éviter le pire ? Toute faiblesse de notre part ne fera qu’attiser l’agression patronale.
Nous ne comprenons absolument pas en quoi le fait de demander une contribution symbolique aux super-riches rendrait le projet de la coalition Arizona plus “équilibré”, parlons même pas de “social” et “juste”. Sur quelle planète vit donc Conner Rousseau, le président de Vooruit ? Toute l’idée selon laquelle il serait possible de limer les arêtes les plus vives de la future politique gouvernementale par la négociation est illusoire. Ramener les patrons à la raison par la consultation ? C’est tout autant irréaliste. La nouvelle normalité coupe l’herbe sous le pied du syndicalisme de concertation. Sur le terrain politique, la situation n’est pas différente. Même une petite participation du PTB à une majorité dominée par le PS à Mons a suffi pour que Belfius refuse d’accorder un crédit à la ville.
Organiser la colère de la base dans une lutte de masse est urgent. Notre force potentielle n’a de sens que si nous l’organisons et si nous nous engageons dans la lutte pour de nouvelles conquêtes sociales.
Le potentiel est là
Oui, on peut organiser une lutte et même obtenir des victoires de cette façon. Le mouvement à Gand contre une coalition locale avec la N-VA l’a montré. Après une semaine d’actions assez remarquables, Vooruit a dû “se faire une raison”. Il n’y aura pas de coalition avec la N-VA, mais cela ne veut évidemment pas dire que tout est joué d’avance. Avec Groen, ce ne sera pas nécessairement une coalition progressiste, du moins si l’on entend par là l’application d’une politique qui veut répondre aux urgents besoins sociaux en termes de logement, de services publics, de transports publics, de lutte contre la pauvreté, de conditions décentes pour le personnel communal… Mais sur base du combat mené au lendemain des élections, la vigilance sociale est stimulée. De nouvelles actions pourront plus rapidement être organisées. La lutte renforce notre camp social, c’est une évidence.
La très bonne manifestation des secteurs public et non marchand du 7 novembre l’a encore montré. Le personnel des soins, du secteur social, de l’enseignement et d’ailleurs s’est réuni dans un cortège trois fois plus grand que prévu. Après des années de manque de moyens et de respect, les nouvelles majorités nées des élections ne nous réservent qu’encore plus de misère. On serait furieux à moins ! Cette manifestation a clairement donné l’énergie et l’envie d’en faire plus. À quand une suite avec un plan de bataille en escalade ?
La manifestation contre la fermeture d’Audi le 16 septembre était, elle aussi, plus importante que prévu. Elle a donné un aperçu du potentiel de résistance existant. Et il y a bien sûr encore eu la manifestation historique contre le génocide à Gaza en octobre avec 70.000 manifestant.e.s à Bruxelles.
Pour une société socialiste démocratique
Les années de sous-financement pèsent de plus en plus lourd. Dans l’industrie, la récession menace des emplois auparavant considérés comme stables et bien payés. Des licenciements collectifs commencent aussi à frapper les autres secteurs. Un gouvernement de droite dirigé par De Wever et Bouchez voudra passer à la vitesse supérieure en s’attaquant à toutes les conquêtes sociales et en faisant obstruction à l’organisation de la résistance sociale. Les génocides et les guerres continuent, la crise climatique laisse envisager le pire. Pendant ce temps, le gouvernement wallon réduit de 18,6 millions d’euros les fonds destinés à la biodiversité.
Les défis sont d’une telle ampleur que beaucoup désespèrent en silence et ne voient pas comment un changement fondamental est encore possible. S’engager dans la lutte, cela permet de sortir de la résignation et de renforcer la solidarité. Il nous faut un plan de bataille en escalade, chaque action permet consciemment de construire l’élan vers la suivante. Il y a dix ans, c’est ainsi que le mouvement ouvrier a fait vaciller le gouvernement Michel – De Wever.
Il nous faut un changement fondamental et ambitieux, ce qui nécessite un programme et une lutte à la hauteur. Où en est le projet mobilisateur et enthousiasmant d’une autre société, une société socialiste, dans laquelle la classe travailleuse prendrait en main son propre destin ? Pourquoi laissons-nous les populistes de droite, les criminels climatiques et les autres membres de cette “broligarchie” décider de notre avenir ?
Musk parle de révolution alors qu’il s’agit de contre-révolution. Trump et consorts se posent en “anti-système” tout en léchant les bottes des milliardaires. Ils s’en tirent parce que la gauche et le mouvement syndical leur laissent occuper cet espace. Un étudiant en philosophie a écrit dans une colonne de De Standaard (19 novembre): “En Belgique aussi, la notion de révolution, de résistance anticapitaliste, a plutôt été reléguée à l’arrière-plan. On a l’impression que toute la gauche a répondu de manière claire à la fameuse question de Rosa Luxemburg : ‘réforme ou révolution ?’ La révolution s’est avérée trop ambitieuse”. Nous ne nous sentons pas personnellement visés, mais l’observation est juste. Le débat sur une société radicalement différente manque cruellement.
Dans les manifestations actuelles, la compréhension que tous les problèmes sont liés autour d’un même système se développe. Le cœur du problème, c’est le capitalisme, un système où les moyens de production sont détenus par le privé et donc orientés vers les intérêts des capitalistes et leur soif de profits. Nous défendons une rupture anticapitaliste et l’instauration d’une société socialiste démocratique où les besoins de la majorité de la population, y compris celui d’une planète vivable, sont au centre d’une planification démocratique rationnelle de l’économie.
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Nouvel attentat à Bruxelles. Contre le terrorisme et la haine : la solidarité
Deux supporters de football suédois ont été tués et un troisième grièvement blessé lors d’un attentat à Bruxelles. L’auteur de l’attentat a été abattu par la police et est décédé à l’hôpital. Le match de football entre la Suède et la Belgique a été interrompu. Une fois de plus, le pays est sous le choc.
Alors que nous vivons généralement ce choc en solitaire, les supporters de football sont restés ensemble dans le stade pendant des heures. Les supporters belges et suédois se sont soutenus mutuellement par des chants et en faisant briller les lumières de leurs téléphones portables. Comme toujours dans les circonstances difficiles, les sentiments de solidarité et d’unité prévalent parmi les gens ordinaires.
L’auteur de l’attentat, âgé de 45 ans, était un homme d’origine tunisienne. La droite s’en est immédiatement saisie pour faire preuve de racisme et défendre une politique d’asile encore plus brutale. Ils passent sous silence que la police n’a pu agir aussi rapidement qu’après avoir été informée par l’épouse de l’auteur et par des habitants de Schaerbeek qui ont reconnu l’auteur. Ils passent également sous silence que de nombreuses personnes travaillant pour les services d’urgence sont issues de l’immigration. Le racisme et la division n’aident en rien, ils ne font que renforcer la haine sur laquelle s’appuie également le terrorisme.
Ces dernières semaines, nous avons entendu des hommes et femmes politiques déclarer que le conflit du Moyen-Orient ne devait pas être “importé” ici. En même temps, ils et elles soutiennent eux-mêmes le terrorisme d’État brutal contre le peuple palestinien et renforcent l’islamophobie. Il n’est pas surprenant que cette ère de désordre conduise également au chaos dans l’esprit de nombreuses personnes. La politique actuelle, qui repose sur les intérêts de la classe dominante, n’apporte aucune réponse à ce problème. Au contraire !
Nous ne pouvons pas laisser au monde politique professionnel et aux médias traditionnels le soin de discuter de la manière de s’opposer au terrorisme et à la haine. Leur réponse se limite principalement à la répression, à l’islamophobie, à la fermeture des frontières et à la guerre. Cette logique est vouée à l’échec. Comme toujours, les intérêts de la majorité de la population n’ont aucune importance à leurs yeux.
La meilleure façon d’isoler le terrorisme et de lutter contre le terreau qui lui permet de s’assurer un soutien est de se battre ensemble pour un véritable avenir pour tous et pour ne laisser personne sur le bord du chemin. Parler de sécurité tout en mettant en œuvre des politiques d’austérité qui transforment le pays en cimetière social, c’est se jeter du sable dans les yeux. Le mouvement ouvrier et les jeunes doivent prendre l’initiative ! Nous n’avons rien à attendre de celles et ceux qui ne cessent de nous attaquer alors qu’avec leurs amis banquiers et actionnaires, ils cachent les richesses que nous produisons dans des paradis fiscaux.
À la politique de “diviser pour mieux régner”, opposons l’unité dans la lutte et la solidarité. Contre la haine et le terrorisme, mais aussi contre un gouvernement et une politique qui nourrissent ces phénomènes.
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Comment le mouvement des travailleuses et travailleurs peut-il s’imposer ?
La crise financière de 2008-09 a enclenché une dynamique de crises multiples et simultanées, chacune de nature à mettre à nu le fonctionnement du système pour en conclure la nécessité de remettre en cause le capitalisme.
Une crise politique profonde
Cela se traduit notamment par une crise politique profonde pour la plupart des partis traditionnels, et pas seulement en Belgique. Leur base se rétrécit chaque jour un peu plus. Cela s’explique par leur incapacité générale à répondre aux besoins les plus pressants de la majorité de la population ainsi qu’aux défis les plus urgents tels que le climat par exemple. Même celles et ceux parmi la classe travailleuse et la classe moyenne qui avaient accumulé un peu de réserves sont anxieux quant à l’avenir. Les réserves fondent à vue d’œil sans perspective d’amélioration.
À travers l’histoire, les périodes où la survie des couches moyennes de la société est affectée et que celles-ci commencent à s’agiter ont toujours constitué des moments de confrontations sociales majeures, des temps de révolution et de contre-révolution.
La pandémie avait déjà été un sale coup. Et puis il y a eu la crise énergétique et l’inflation. Même dans les pays capitalistes avancés, les temps ont été durs pour la classe travailleuse. Maintenant, c’est une crise de la dette qui menace d’aggraver la situation. Les caisses de l’État sont utilisées à plein régime sous prétexte d’investissements à la transition écologique et à la transformation numérique, mais les profits sont invariablement captés par une minorité de détenteurs de capitaux.
Élections turbulentes en perspective
La coalition fédérale Vivaldi et les différents gouvernements régionaux avaient pu profiter de l’assouplissement des contraintes budgétaires gouvernementales déclenché avec la crise Covid pour atténuer le pire des conséquences sociales. Puis les premières actions syndicales menées au début de l’année dernière dans les entreprises, les crèches et le secteur de la petite enfance, l’enseignement francophone… ont créé un climat et une dynamique qui a contraint les différents gouvernements à prendre quelques mesures dans le but d’enrayer la radicalisation à l’œuvre, comme la réduction de la TVA sur l’énergie de 21 à 6 %.
Il a cependant cruellement manqué une véritable discussion sur la stratégie dont le mouvement ouvrier a besoin pour peser de tout son poids sur la situation. Aujourd’hui, nous avons le sentiment d’avoir évité le pire. L’index a tenu bon, par exemple, alors que dans de nombreux pays, les travailleuses et travailleurs subissent de plein fouet l’impact d’une inflation galopante. Le mouvement pour l’augmentation du pouvoir d’achat n’a pas connu la défaite, le combat n’a pas été vain. Mais ça n’a pas non plus été une victoire. Nos actions et l’ombre de notre force collective potentielle ont limité la casse.
Les élections approchent et elles s’annoncent turbulentes. La plupart des partis de la coalition fédérale sont en crise. La N-VA, dans l’opposition fédérale mais aux commandes du gouvernement flamand, est aussi en difficulté. Sa base sociale est de plus en plus sous pression. Comment le dégoût, la peur et l’incertitude pour l’avenir vont-ils politiquement s’exprimer ?
Aux Pays-Bas, toute une génération politique démissionne, mais quand sera-t-il des programmes politiques ?
Martin Wolf, journaliste économique au Financial Times, s’inquiète de la survie du capitalisme « libéral » dans son nouveau livre (The Crisis of Democratic Capitalism). Il plaide en faveur de réformes d’en haut pour éviter la révolte d’en bas.
Unir nos revendications dans la lutte
La classe travailleuse dans toute sa diversité – jeunesse, femmes et personnes LGBTQIA+ en tête – ne peut compter que sur elle-même pour mettre ses préoccupations au centre du jeu et se battre pour ses revendications. En entrant en action, elle peut secouer toute la campagne électorale et le débat public. Les luttes de ces derniers mois doivent passer à la vitesse supérieure. C’est ainsi que nos revendications peuvent s’imposer dans tout le débat social, que ce soit dans les médias, sur les lieux de travail, dans la famille et à l’école. Si ce ne sont pas les travailleuses et travailleurs qui le font, d’autres s’en chargeront prétendument en leur nom, avec toutes les conséquences que cela implique. C’est ce sur quoi compte l’extrême droite. Mais d’autres peuvent aussi s’engouffrer dans cette brèche.
Le personnel de l’enseignement supérieur néerlandophone descendra dans la rue le 11 octobre prochain pour réclamer davantage de financement public. Les besoins en matière d’enseignement, mais aussi de soins de santé et d’autres services publics tels que les pompiers, la protection civile, etc. sont gigantesques. La « loi-prison » sur les salaires doit disparaître et le mécanisme d’indexation des salaires et allocations doit réellement représenter le coût de la vie. Aucune égalité ne peut exister dans un désert social, il est donc vital que les jeunes et les mouvements contre l’oppression fassent entendre leurs revendications spécifiques avant les élections.
Ces mouvements sociaux peuvent renforcer les voix en faveur du PTB et commencer à créer le rapport de force nécessaire au sein de la société pour faire respecter nos exigences. Faisons éclater la camisole de force budgétaire! Une meilleure redistribution des richesses grâce à un impôt sur la fortune bénéficie d’un très large soutien. Cela revient à exiger une plus grande part des richesses produites par les travailleuses et travailleurs.
Bien entendu, un parlement procapitaliste n’acceptera pas facilement une telle chose. En outre, les plus gros capitaux en Belgique restent invisibles en raison de l’absence d’un cadastre des fortunes. Il faut y lier la revendication de la nationalisation des secteurs financiers et économiques clés sous contrôle démocratique de la communauté afin d’empêcher la fuite des capitaux.
Discuter et populariser un tel programme avant les élections, l’intégrer aux élections sociales dans les entreprises, et le faire vivre par des discussions dans les écoles et les campus fait partie de la lutte des classes. Cela rendra la classe travailleuse plus consciente de son rôle particulier dans la société et créera les conditions pour commencer à se battre pour une société à son image et reposant sur ses intérêts.
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Les antifascistes battent l’extrême droite à Anvers
Filip Dewinter fait le tour des universités flamandes pour asséner ses théories complotistes et racistes aux étudiants. A Louvain et Anvers, c’est à l’invitation du NSV (Nationalistische Studentenvereniging, organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang), à Gand le 1er décembre sous le nom du KVHV (Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond, cercle étudiant catholique d’extrême droite). L’objectif de cette tournée est de tenter de rendre le racisme acceptable dans les universités. Cette tournée prend place à l’heure où un débat public se développe dans les universités flamandes au sujet des abus d’autorité et harcèlements sexistes. Le constat ne saurait être plus clair : le combat contre le racisme, le sexisme, la LGBTQIA+phobie et tout ce qui nous divise doit redoubler d’intensité.
C’était d’ailleurs l’intention affichée de la manifestation combattive qui a défilé dans le quartier étudiant d’Anvers. Un appel à la mobilisation a été largement diffusé en quelques jours, appel qui a eu son écho parmi les étudiants. Une pétition a été signée plus de 500 fois. Les campus étaient remplis d’affiches. Finalement, plus de 100 personnes ont manifesté après une mobilisation de trois jours, ce qui a dépassé la participation au meeting du NSV grâce aux efforts combinés des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA), de la Campaign ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), Anarchist Collective Antwerp, Fridays For Future et quelques autres organisations et individus. Cette manifestation comprenait également un groupe de membres du personnel de l’Université d’Anvers. L’unanimité de vue s’est rapidement faite concernant la forme de l’action (une manifestation combative dans le quartier étudiant) et sur une approche politique liant le combat antifasciste à des revendications sociales face à la crise du capitalisme.
L’objectif principal de la manifestation était de participer à la construction d’une relation de forces, c’est-à-dire que le camp antifasciste soit plus fort et bénéficie d’un soutien plus important et plus actif parmi les étudiant.e.s, mais évidemment aussi parmi d’autres catégories de la population.
Avant qu’un appel au blocage d’un meeting n’ait la moindre chance de réussir, il faut s’atteler à la construction d’un tel type de rapport de force. Dans les années 1990, il était hors de question pour l’extrême droite d’organiser de telles réunions dans une université. Un puissant mouvement antifasciste s’était développé à la suite du « dimanche noir », la première grande percée électorale du Vlaams Blok en 1991. A l’époque, la simple demande de reconnaissance d’un cercle d’extrême droite par une université entraînait immédiatement d’énormes mobilisations, sans parler des multiples réunions et assemblée antifascistes.
C’est ainsi que l’on construit l’efficacité d’une action de blocage : par une démonstration de force. Avec des slogans combatifs – ce n’était certainement pas une « marche silencieuse » comme l’a écrit la Gazet van Antwerpen – nous nous sommes assurés que notre message antifasciste était audible dans tout le quartier étudiant.
La participation à la manifestation a été plus importante qu’initialement prévu. La sensibilité générale des jeunes à l’égard de questions telles que l’oppression joue sans aucun doute un rôle à cet égard. Nous avons déjà vu s’exprimer la colère autour du sexisme et de la LGBTQIA+phobie avec des manifestations plus importantes le 8 mars ou encore avec les actions et manifestation « Pride is a Protest » organisées par la Campagne ROSA en Flandre. La mobilisation lancée par la Campagne ROSA contre le KVHV de Gand suite à leur réunion avec le sexiste notoire Jeff Hoeyberghs avait largement été commentée en 2019.
Nous pouvons nous appuyer sur ces éléments à l’approche du 1er décembre pour le meeting que où Dewinter compte prendre la parole à Gand à l’invitation du KVHV, le club dont est par ailleurs issu Dries Van Langenhove (Scield&Vrienden) et qui, comme on l’a vu, a déjà tenté de rendre le sexisme acceptable à l’université. Une action antifasciste est prévue et des semaines de campagne parmi les étudiant.e.s et le personnel seront organisées pour faire comprendre sans la moindre équivoque que la haine raciste n’est pas la bienvenue à l’université.
La manifestation à Anvers s’est déplacée du Stadswaag au Graanmarkt (place du marché aux grains), en dehors du quartier étudiant. Une deuxième action y était organisée par Comac (organisation de jeunesse du PTB) et soutenue par un certain nombre d’organisations de la société civile, dont la FGTB et la CSC, qui y ont pris la parole. C’est une excellente chose que les syndicats aient pris une position antifasciste claire. Uwe Rochus, de la CGSP, a fait explicitement référence à la tradition du Front Antifasciste en Flandre et de Steunpunt Antifascisme. Le camarade Fons Van Cleempoel, récemment décédé, était donc quelque part également présent à cette action.
Un peu moins d’une centaine de participant.e.s étaient réuni.e.s à l’action au Graanmarkt, nombre qui a plus que doublé lorsque la manifestation est arrivée. Nous avions insisté pour que le cortège finisse son parcours à cet endroit afin de participer à cette action. Malheureusement, l’accord verbal pour un micro ouvert sur cette place n’a pas été respecté. Faute de temps, nous a-t-on dit. Le hasard a fait que cela ne laissait pas de place à un membre de notre organisation. L’action sur cette place a pourtant commencé à 20 heures pour finir à 20 h 40. Nous estimons qu’une approche inclusive et ouverte renforce la mobilisation antifasciste. Un micro ouvert permet aux personnes présentes de s’approprier l’action et de renforcer l’engagement dans le combat antifasciste à plus long terme. C’est ainsi que l’on forge une unité durable tout en laissant place au débat nécessaire sur les diverses approches politiques du combat antifasciste.
Les Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA), la Campagne ROSA et Blokbuster (la campagne antifasciste du PSL) désiraient laisser la parole au délégué CGSP Andrej. Faute d’avoir pu l’entendre, nous publions ci-dessous (en-dessous de la vidéo) ce qu’il avait l’intention de dire.
« Le message est clair : pas de fascistes dans notre ville ou dans notre université. Notre présence ici est extrêmement importante.
« Dans notre combat contre l’extrême droite ainsi que sa haine et sa violence, nous devons aussi discuter des causes qui permettent leur existence et défendre une alternative. De nombreu.ses.x travailleur.euse.s et jeunes considèrent le Vlaams Belang avant tout comme un vote de protestation. Nos conditions de vie se détériorent. La pression sur le monde du travail et la jeunesse est énorme. Le capitalisme valse d’une crise à l’autre, laissant à chaque fois un bain de sang social dans son sillage. Les politiciens des partis traditionnels ne parviennent plus à faire vendre leurs sornettes, les gens voient clair et en ont assez. C’est alors qu’émerge l’extrême-droite, comme de la moisissure sur un système pourri.
« Dewinter n’est pas un inconnu. Il a déjà une longue carrière de haine derrière lui. Tout le monde connait les images de Dewinter en tenue de combat lors des manifestations de la milice d’extrême droite Voorpost dans les années 1980. Dewinter ne fait pas non plus mystère de ses relations avec d’autres organisations d’extrême droite. En 2008, il a rencontré le chef du KKK. Il figure parmi les proches de Geert Wilders (Pays-Bas) et des Le Pen. Il a rendu une visite amicale au criminel de guerre syrien Assad. Durant la guerre de Yougoslavie, il a rendu visite aux troupes paramilitaires et ouvertement fascistes croates. La liste est sans fin.
« En 2008, nous avons bloqué un bâtiment universitaire de l’UGent avec 500 militants de gauche et syndicalistes. Le NSV avait invité Dewinter à s’exprimer. Je n’oublierai jamais comment Dewinter et ses troupes de choc du NSV nous ont attaqués. A côté de moi, un activiste a été attrapé à la gorge par Dewinter. Voilà sa vraie nature.
« Nous devons entrer en résistance et ne pas céder un pouce à l’extrême droite. Ce ne sont pas les réfugiés qui s’en prennent à nos salaires, ce ne sont pas les musulmans qui font des profits monstrueux sur notre exploitation, ce n’est pas la communauté LGTBQ+ qui saccage notre culture et ce ne sont pas les Wallons qui privatisent nos services publics. C’est facile de pointer du doigt les groupes les plus faibles de la société. Il ne faut pas être lâche, il faut pointer du doigt les vrais coupables : les actionnaires, les capitalistes et leurs politiciens.
« Pendant que la majorité de la population se bat pour garder la tête hors de l’eau, ils réalisent des bénéfices records. Engie a réalisé 5,3 milliards d’euros de bénéfices en six mois. Les entreprises belges ont canalisé 266 milliards d’euros vers les paradis fiscaux en 2021.
« A quand des investissements dans des logements sociaux décents ? Quand les propriétaires et les géants de l’immobilier seront-ils traités comme ils le méritent ? Il n’y a pas de problème de « grand remplacement » – d’ailleurs les nazis utilisaient la même rhétorique pour se débarrasser des Juifs, des Roms, des homosexuels et des dissidents – il y a un problème de pénurie de logements sociaux et de contrôle démocratique sur la conception et la planification publique des zones urbaines. Cette société n’est pas construite pour répondre aux besoins de la majorité de la population, mais pour satisfaire la soif de profits des géants de l’immobilier qui se réunissent avec Bart De Wever (bourgmestre d’Anvers) et ses amis dans des restaurants de luxe.
« Notre opposition à l’extrême droite doit être un combat anticapitaliste, un combat en faveur d’une politique sociale qui garantit un logement décent et abordable à chacun.e. Un combat en faveur de la propriété collective et du contrôle et de la gestion du personnel des secteurs clés de la société tels que l’énergie. Un combat en faveur d’investissement publics dans la culture et l’enseignement. Un combat en faveur d’une société capable de décider collectivement et démocratiquement de son aménagement du territoire. Un combat en faveur d’un monde chaleureux et débordant de solidarité entre les travailleur.euse.s de tous les peuples. »
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Cafouillages inacceptables ! Des vies sont en jeu !

Il n’a bien entendu jamais été question de lune de miel pour un gouvernement installé dans une telle crise. Pourtant, les médias dominants n’ont pas lésiné sur les éloges à l’égard de Sophie Wilmès afin d’entretenir l’illusion selon laquelle sa présence n’était pas tout simplement due au départ des grands pontes de son parti vers les institutions européennes quand l’incertitude dominait autour de la formation d’un gouvernement fédéral. Mais après les fleurs suivent inévitablement les pots, comme le dit l’adage flamand, ce gouvernement enchaîne les cafouillages inacceptables !Par Anja Deschoemacker, édito de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Dans les maisons de repos, le personnel est à genoux face à une pression insoutenable. Les tests de dépistage y font toujours défaut pour repousser l’incertitude et la peur. Plus d’un mois après le début de l’épidémie, 20.000 tests ont été dégagés pour les 200.000 résidents des maisons de repos, sans parler du personnel ! L’équipement de protection manque toujours cruellement pour protéger le personnel et les résidents, sans parler des visiteurs. Mais le gouvernement a annoncé que de nouvelles visites seraient autorisées. Est-il possible de donner encore plus l’impression de vivre sur une autre planète?!
Il s’ensuivit un spectacle douloureux qui montra qu’en dépit de l’implication de toutes les structures régionales de l’État dans le processus décisionnel (les maisons de repos figurent parmi les compétences régionales), aucune de ces structures n’a jugé nécessaire de consulter le secteur au préalable. Wouter Beke, le ministre responsable au sein du gouvernement flamand, n’a pas dépassé le stade où il n’avait ‘‘pas compris’’ que cette mesure serait annoncée comme une mesure immédiate. Finalement, le gouvernement a dû revenir sur cette mesure avant son introduction.
‘‘Ceci n’est pas un gouvernement’’ – mais le deviendra-t-il ?
Les pouvoirs spéciaux sont là pour faire fonctionner un gouvernement qui a tout sauf une majorité. Pour l’utilisation de ses pouvoirs, le gouvernement dépend du soutien des partis d’opposition qui ont voté la confiance, en particulier les partis sociaux-démocrates et verts. Un pas de trop aux yeux de cette opposition peut à tout moment conduire à un vote de défiance qui fait chuter le gouvernement. Il s’agit d’une coalition Vivaldi de facto, à laquelle le CD&V ne pouvait pas dire non sans maintenir le pays sans gouvernement en exercice dans la pire crise depuis les années 1930.
La NVA, leader du gouvernement flamand, est condamnée à regarder de loin. En boudant. Même la presse flamande de droite ne peut nier que ‘‘malgré la crise, le PS n’a pas lâché ses vetos sur la NVA’’. L’attitude de la NVA n’était en fait pas compatible avec la gestion de cette crise dans l’intérêt du système capitaliste lui-même.
Son impatience, à peine déguisée, à remettre l’économie sur les rails (quitte à ce que cela entraîne encore plus de décès) aurait inévitablement conduit à une protestation massive. Ailleurs, des partis bourgeois traditionnels responsables de l’austérité sauvage qui a frappé les différents pays après la crise de 2008 comprennent la nécessité d’adopter un visage social dans la situation actuelle. La NVA en est incapable. Le ministre flamand de l’éducation Ben Weyts insiste par exemple systématiquement – et avec l’arrogance qui lui est caractéristique – sur la réouverture imminente des écoles, sans que l’on sache comment procéder en toute sécurité. Comment maintenir la distance sociale dans des classes surpeuplées ? Comment éviter que les transports publics soient bondés ?
La classe capitaliste a un urgent besoin d’un gouvernement capable de maintenir l’apparence que ‘‘nous sommes tous dans le même bateau’’, capable de donner l’impression que ‘‘les épaules les plus fortes supporteront la plus grande contribution’’ et donc capable, à un peu plus long terme, de faire payer le coût de la crise à la majorité de la population sans entraîner une résistance sociale de la classe des travailleurs similaire à celle qui a éclaté dans les années 1930. Ce modèle de gouvernement ne correspond pas à la NVA, c’est celui qui colle à la peau du PS. N’entretenons aucune illusion : ce gouvernement à visage social devra être combattu avec acharnement si nous voulons éviter que la misère sociale ne frappe la population.
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Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle !
La crise du coronavirus démontre qui fait tourner le monde
Ces dernières semaines, il est apparu clairement qui fait tourner le monde et qui ne le fait pas. Ce ne sont pas les CEO qui ont besoin de personnel pour compter leur argent afin que d’autres employés puissent le transférer vers des paradis fiscaux. Pas non plus les responsables politiques traditionnels qui, du haut de leur tour d’ivoire, n’ont pas vu cette catastrophe pourtant prévisible arriver et ont donc réagi beaucoup trop tard. Ni les commentateurs professionnels dominent nos médias depuis des années en prônant l’austérité et le démantèlement des services publics et de nos conditions de vie.Par Geert Cool
Non, ceux qui font tourner le monde, ce sont les ‘‘héros’’ des soins, du secteur de la distribution (supermarchés et autres magasins), des transports publics, les facteurs, les enseignants,… Ces secteurs où les salaires sont généralement bas, mais dont le travail est pourtant essentiel. Kshama Sawant, Conseillère de ville à Seattle, a fait référence à juste titre à Karl Marx dans le magazine populaire Teen Vogue : ‘‘C’est la classe ouvrière qui crée de la valeur dans l’économie, tandis que les patrons s’en réservent la part du lion’’.
Ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde. Alors pourquoi ne pourraient-ils et elles pas le prendre en main ? Même pour déterminer la stratégie de sortie du confinement en Belgique, aucun représentant du monde du travail n’est impliqué dans le GEES. Les ‘‘héros’’ d’aujourd’hui sont-ils les articles à mettre au rebus de demain ?
Les gouvernements n’ont pas vu venir cette crise sanitaire. Il était pourtant déjà clair en janvier que le virus était hautement contagieux et mortel. Qui pensait sérieusement que le virus resterait confiné à la Chine ? Mais se préparer à l’éventualité aurait affecté les bénéfices des entreprises. Les gouvernements ont donc adopté la politique de l’autruche en espérant que tout irait bien.
Cette négligence criminelle s’est ajoutée à une longue cure d’austérité dans le domaine des soins de santé tandis que les maisons de repos étaient la proie des multinationales. Un reportage de la chaîne flamande VRT avait résumé les choses en 2017 sous le titre éminemment approprié : ‘‘Soins minimums, profits maximums’’. Aujourd’hui, les personnes âgées paient jusqu’à 2.000 euros par mois pour être enfermées dans des maisons de la mort. Aucune préparation, aucune planification, une négligence mortelle et aucune mesure décisive pour faire face à la crise : voilà comment résumer la politique capitaliste.
Cette situation désastreuse ne provient pas d’une simple catastrophe naturelle. Le capitalisme perturbe les équilibres écologiques et repose sur une logique où les soins sont progressivement supprimés tandis que le secteur pharmaceutique dépense aux Etats-Unis plus d’argent en publicité qu’en innovation et en recherche. Le Covid-19 est un virus qui a proliféré sur le terreau fertile de la pourriture du capitalisme.
Les puissants de cette terre, ceux qui se sont isolés en toute sécurité dans leurs spacieux yachts et villas privés, veulent remettre la main-d’œuvre au travail le plus rapidement possible. Mesures de protection, distanciation sociale,… tout devient subordonné au profit. Pendant que nous comptons nos morts, ils comptent leur argent. À quoi servent tous ces appels à rester chez nous, alors que des dizaines de milliers de personnes sont obligées d’aller travailler quotidiennement, même dans des entreprises non-essentielles ? Avec cynisme, les patrons reconnaissent qu’une reprise rapide de l’économie entraînera des morts, mais cela ne compte pas face aux dommages que peuvent subir leurs profits.
Le capitalisme est un système malade, c’est clair ! Nous avons besoin d’une société différente. Nous constatons déjà aujourd’hui les possibilités qui s’offrent à nous à cet égard. Oui, il y a beaucoup de peur et de frustration. Mais nous voyons aussi le développement extraordinaire d’une solidarité dans la population. L’engagement, souvent désintéressé, des travailleurs est phénoménal. C’est la classe ouvrière qui fait tourner le monde. Nous n’accepterons pas que les patrons nous fassent payer la crise par des licenciements, des économies sur les soins et les services publics ou une réduction de la protection sociale.
Nous défendons une société socialiste où les besoins de la majorité de la population, y compris la défense de l’environnement, sont essentiels. Une utilisation démocratiquement et rationnellement planifiée de la richesse et des connaissances technologiques disponibles peuvent concentrer la créativité et l’engagement de la classe ouvrière vers un progrès bénéfique à tous. Cette alternative socialiste est nécessaire plus que jamais. Elle ne tombera pas du ciel, il va falloir nous battre pour y parvenir, autour de revendications directement liées à notre quotidien mais placées dans la perspective d’une transformation totale de la société. N’hésitez pas et rejoignez-nous dans ce combat!
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La résistance sociale doit passer à la vitesse supérieure
“La coalition suédoise survit, mais elle a été mise à rude épreuve. Sa viabilité est menacée. La gauche est en plein mouvement, mais n’est toujours pas une alternative. Les extrêmes de droite et de gauche progressent. Le paysage politique n’est pas devenu plus stable.” C’est ainsi que le quotidien flamand De Standaard résumait les choses au lendemain des élections.par Nicolas Croes
Au MR, hors de question toutefois de considérer le désastre électoral libéral comme une conséquence de la politique de la majorité fédérale. Et dès lors qu’il s’agit de trouver un bouc émissaire, on sait que l’imagination est au pouvoir au MR… Pour Alain Courtois, échevin sortant et ancien chef de file du MR à Bruxelles-Ville, la cuisante défaite s’explique par la ‘‘métamorphose des quartiers’’ qui rend inaudible le message néolibéral. Pour Charles Michel – qui sait se voiler la face comme personne – c’est la RTBF qu’il faut blâmer, car elle a ouvert son JT du samedi soir par un reportage sur le rapport du GIEC sur le climat !
L’inquiétude grandit parmi la population concernant les enjeux environnementaux. C’est bien vrai. Et sur ce plan, le programme libéral ne peut qu’être un repoussoir. C’est vrai aussi. Mais cela s’ajoute à un monumental empilement de colère et de frustration sur le plan social. La réforme des pensions a tout particulièrement fait l’objet d’un rejet massif de la population que les sondages illustraient comme une évidence. L’équipe fédérale a tout fait pour reléguer le mécontentement social à l’arrière-plan en déviant l’attention sur des thèmes tels que les migrants ou le sécuritaire, mais tout ne s’est pas passé comme il le souhaitait…
La lutte sociale, le meilleur bouclier contre la logique de division
Différentes mobilisations ont remis les thèmes sociaux à l’avant-plan juste avant les élections. Le 20 septembre, plus de 5000 manifestants défilaient à Namur à l’appel de la FGTB contre le projet du gouvernement wallon MR-CDH de réformer les APE (Aides à la Promotion de l’Emploi) et en défense des services publics. Le 28 septembre, une manifestation des secteurs publics fédéraux a réuni 10.000 personnes à Bruxelles. Le 2 octobre, des rassemblements décentralisés en front commun syndical dans les grandes villes du pays ont réuni des dizaines de milliers de manifestants tant du public que du privé. Le 11 octobre, un arrêt de travail de deux heures a eu lieu en front commun syndical dans les hôpitaux publics, les communes et les CPAS de Bruxelles sous le slogan ‘‘Tout augmente, sauf nos salaires’’. Comme le disait alors un responsable syndical, ‘‘ce n’est pas un hasard si cette action a été organisée à la veille des élections’’.
Si l’on veut empêcher la coalition fédérale ‘‘suédoise’’ de rempiler pour un nouveau mandat de casse sociale, il faut dépasser le stade de la ‘‘rude mise à l’épreuve’’ et poursuivre la lutte dans la perspective des élections de mai 2019. La FGTB Charleroi & Sud-Hainaut a insisté pour que la journée d’action du 2 octobre soit suivie d’un plan d’action national, si possible en front commun, avec la ‘‘planification claire d’une grève générale avant la fin de l’année 2018’’. C’est ce chemin qu’il faut suivre pour assurer l’échec des manœuvres de diversion des partis gouvernementaux.
L’alternative de gauche
Au lendemain des élections et à la veille de la journée de lutte contre la pauvreté du 17 octobre, l’office statistique européen (Eurostat) a rappelé que plus de 20% de la population de Belgique – soit près de 2,3 millions de personnes ! – est menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale. Pour sortir de cette pente glissante, il nous faut suivre un autre chemin politique que celui de l’austérité. La percée électorale ‘‘rouge vif’’ du PTB, qui dispose aujourd’hui de plus de 150 conseillers communaux, démontre que cette recherche d’alternative prend une ampleur inédite.
Sur le plan politique aussi, il faut aller de l’avant avec audace et ambition. Les commentateurs de l’establishment ne cessent de rabâcher qu’un projet de gauche est ‘‘irréaliste’’ parce que non finançable. Les moyens existent pourtant. Mais il faut briser la logique budgétaire actuelle, où tout un tas de règles ne servent qu’à condamner éternellement les autorités publiques à la famine. Renforcer la gauche et en faire une alternative crédible, cela signifie de l’armer d’un programme qui vise à réellement rompre avec la logique de marché capitaliste. Il est urgent de discuter de ce qu’implique le socialisme et de populariser ce programme par l’action, dans la rue. C’est ce que le PSL a fait dans sa campagne électorale, tant là où nous avions des candidats (à Saint Gilles et à Keerbergen) que dans le reste du pays, où nous avons appelé à voter PTB. Rejoignez-nous pour renforcer cette approche combattive !
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Le retour de l’extrême droite met pression sur le cordon sanitaire
La N-VA a fait un usage intensif des préjugés racistes contre les migrants et les réfugiés pour détourner l’attention des thèmes sociaux ; le Vlaams Belang a donc pu regagner une partie de ses précédentes pertes électorales. Le VB ne s’en est pas bien sorti dans les grandes villes, y compris dans le bastion historique de Filip Dewinter à Anvers. Les résultats sont encore bien en deçà de ceux de 2006. Mais, dans certaines communes de la périphérie anversoise et tout particulièrement dans la région de Dendre, les élections furent un ‘‘dimanche noir’’.Par Geert Cool
Le résultat fut le plus marqué à Ninove, où la liste Forza Ninove de Guy D’Haeseleer a obtenu pas moins de 40%. A Denderleeuw et Alost, le Vlaams Belang a également triomphé. Ce score dans la région de la Dendre n’est pas une coïncidence. Les carences sociales qui existent dans la région depuis un certain temps sont exacerbées par l’arrivée de nombreux Bruxellois fuyant des loyers inabordables. La politique de city marketing et le déploiement du tapis rouge pour toutes sortes de promoteurs immobiliers rendent la vie inabordable dans les grandes villes. Mais l’exode social ne résout rien. La condescendance des politiciens établis envers la population de Ninove est déplacée. Les résultats de l’extrême droite sont le revers de leur politique néolibérale.
Des mobilisations massives, surtout de la jeunesse, avaient suivi le ‘‘dimanche noir’’ du 24 novembre 1991, date de la première grande percée du Vlaams Blok dans toute la Flandre. Cette pression a rendu difficile la coopération des partis établis avec l’extrême droite. Le ‘‘cordon sanitaire’’ (le refus d’entrer en coalition avec l’extrême droite) était né. Mais cela ne répond pas aux causes du succès de l’extrême droite. Mais le fait que le VB ne puisse pas prendre part au pouvoir signifie tout de même que le parti ne peut pas diffuser son racisme et sa haine à partir de l’administration. Le mouvement antiraciste s’est affaibli ces dernières années, notre campagne antifasciste flamande Blokbuster s’est souvent retrouvée seule dans la rue. Ce n’est donc pas un hasard si les partis établis explorent dans quelle mesure ils peuvent rompre le cordon sanitaire.
Après les élections, on a appris que le CD&V avait négocié avec le Vlaams Belang à Lede et, à la demande de la direction nationale du parti, avait exigé comme condition que le VB se présente sous un autre nom. Ils ne sont pas parvenus à obtenir une majorité, de sorte que la question n’était pas à l’ordre du jour. A Grimbergen, une coalition a été formée entre la N-VA, l’Open VLD et une liste locale issue du VB. Sa tête de liste, Bart Laeremans, a rompu avec le VB, mais certains candidats sont encore actifs au VB. L’un d’eux travaille même pour le parti.
A Ninove, il est peu probable qu’un parti établi s’associe à Forza Ninove. Guy D’Haeseleer est bien trop discrédité. Après une période de crise politique locale, une grande coalition pourra s’imposer contre Forza Ninove. Encore une fois, cela ne changera rien au terreau fertile sur lequel l’extrême droite peut croître. Pour cela, il faut radicalement rompre avec la politique d’austérité et la polarisation sociale qui en découle.
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Crise politique: Vers des gouvernements de droite en Wallonie et à Bruxelles?

L’Élysette, le siège de la présidence du Gouvernement wallon. Photo: Flickr, Myben.be Benoit Lutgen, président du Cdh, a sonné le glas des coalitions avec le PS en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, ouvrant ainsi la voie pour la constitution de gouvernements de droite dans les entités fédérées avec le MR. Pour y parvenir, ils devront en payer le prix afin d’embarquer à bord Défi, incontournable à Bruxelles, et éventuellement Ecolo.
Edito, par Boris (Bruxelles)
Les nombreuses affaires Publifin, Kazakhgate, Samusocial,… ont remis à l’avant plan ce secret de polichinelle : les politiciens du PS, MR et CDH sont rongés par le carriérisme et la cupidité. L’avalanche de révélations ne semble plus s’arrêter. L’affaire du Samusocial à Bruxelles-Ville, où des mandataires PS se servent dans les caisses destinées aux plus démunis, a provoqué un profond dégoût. L’instrumentalisation de ce sentiment par le CDH pour tirer la prise des gouvernements des entités fédérées est d’une hypocrisie crasse, ce parti étant lui-même mouillé dans plusieurs affaires. Mais avec des sondages toujours plus mauvais faisant poindre la menace d’une 5e place en Wallonie et d’une 6e à Bruxelles, il fallait probablement faire quelque chose pour tenter de sauver la peau du CDH.
La bourgeoisification de la social-démocratie et son adhésion à la logique de casse sociale néolibérale ont favorisé l’arrivée de politiciens qui veulent se remplir les poches à la hauteur des cadres de haut vol du privé même dans des anciens partis ouvriers. A la différence des scandales qui ont frappé le PS de plain fouet au milieu des années 90 (INUSOP, Agusta,…) et au milieu des années 2000 (La Carolo), cette fois-ci, la grande récession de 2008 est passée par là. Elle a ouvert un processus de crise profonde pour la social-démocratie à travers l’Europe. En Grèce, en France, aux Pays-bas,… les partis-frères du PS ont été dépassés sur leur gauche. Chez nous, le PS avait encore pu tenir le coup auparavant, grâce à l’absence d’un concurrent de la gauche conséquente et en parvenant à se présenter comme une sorte d’opposition à l’intérieur des gouvernements nécessaire pour adoucir les mesures de casse sociale. Mais, depuis, il y a eu le gouvernement Di Rupo en charge d’éponger les dettes privées sur le dos de la collectivité, qui a ouvert la voie à un gouvernement thatchérien au fédéral.
Après les révélations du scandale Publifin, le PTB est passé pour la première fois devant le PS dans un sondage en Wallonie, laissant présager une prochaine percée électorale historique. Ce climat de scandales à répétition a donné tout son sens à la pratique d’élus rémunérés à hauteur du salaire moyen des travailleurs. Des élus exigent forcément des rémunérations correspondantes à la classe sociale qu’ils défendent. Mais la crise de la social-démocratie ne fait pas sentir ses effets qu’à gauche, tel que nous avons pu le voir avec l’émergence de La République en marche ! d’Emmanuel Macron en France, dont tente de s’inspirer Lutgen.
Dans les rangs patronaux, la crise politique en Wallonie et à Bruxelles est considérée comme une opportunité de renforcer le gouvernement Michel. Ainsi, pour l’Union Wallonne des Entreprises : ‘‘Cela rétablirait une certaine symétrie. Et ce serait a priori une bonne chose, car les mesures que prend le fédéral pour réduire le coût du travail et son projet de réforme de l’impôt des sociétés sont d’une grande importance pour les entreprises.’’ Au sein du MR, certain ironisent aujourd’hui sur le terme de ‘‘gouvernement kamikaze’’ qui avait été collé au gouvernement fédéral à ses débuts. Pourtant, à l’automne 2014, le mouvement de grèves l’avait bel et bien mis à genou. Mais l’occasion de lui porter le coup de grâce a été manquée.
S’en remettre à l’espoir que les élections de 2019 puissent délivrer un tout autre gouvernement est une illusion. Le gouvernement Michel reste fragile, mais sa plus grande force est la faiblesse de son opposition, avec en premier lieu un PS discrédité. Aujourd’hui, l’idée d’une opposition PS-CDH via les entités fédérées a volé en éclat. Cela conforte la possibilité de l’arrivée du CDH au fédéral après les élections de 2019 en cas de besoin pour reconduire un nouveau gouvernement de droite dure. L’avertissement est sérieux pour le mouvement des travailleurs. Nous avons besoin de mesures concernant la transparence de la vie publique mais elles ne sont en soi pas suffisantes. Il nous faut également, et surtout, un programme de lutte pour construire un rapport de force favorable aux travailleurs et à leurs familles. Mais aussi des élus qui vivent d’un salaire similaire au nôtre pour défendre un tel programme de changement social. C’est dans cette optique que le PSL, malgré ses forces modestes, tend la main au PTB pour l’aider à saisir au maximum les opportunités actuellement présentes.
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Contre le terrorisme et la haine: que faire?
Après les terribles attentats de Bruxelles, chacun s’interroge et s’inquiète. Ne laissons pas cette discussion aux politiciens et médias traditionnels. Leur approche repose sur la répression, l’islamophobie, la fermeture des frontières et la guerre. Cette logique est vouée à l’échec. Et, comme toujours, les intérêts de la majorité de la population ne comptent pas.Version PDF en A5 – PSL // Version PDF en A5 – EGA // Version PDF en A3 – EGA // Version PDF en A3 – PSL
La meilleure manière d’isoler les terroristes et de combattre les conditions qui leurs permettent de disposer d’un soutien, c’est de lutter ensemble pour de meilleures conditions de vie pour tous. Parler de sécurité tout en appliquant une politique d’austérité qui transforme notre pays en cimetière social, c’est de la poudre aux yeux! La jeunesse et le mouvement des travailleurs doivent prendre l’initiative ! L’élite au sommet de la société planque les richesses que nous produisons par notre travail au Luxembourg, en Suisse ou, comme cela a été récemment dévoilé, au Panama. Nous n’avons rien à attendre d’elle.
Opposons l’unité et la solidarité à la politique de diviser pour régner. Luttons contre la haine et le terrorisme, mais aussi contre les autorités et la politique qui leur permettent de se développer.
- Posez cette affichette bien en vue à votre fenêtre, à votre voiture,…
- Aux écoles et universités: A Gand, des étudiants du secondaire se sont réunis pour faire des selfies avec cette affichette et ensuite discuter ensemble. Pourquoi ne pas reproduire cet exemple?
- Au boulot: Peut-être avez-vous connu des assemblées du personnel au cours du plan d’action de l’automne 2014 contre le gouvernement Michel ? Pourquoi ne pas en organiser à nouveau, ou commencer à installer cette tradition, pour discuter de la lutte contre le terrorisme, le racisme, l’austérité et la guerre?Discutez l’idée de meetings locaux, d’une manifestation nationale massive et de la formation de délégations pour la paix aux activités du 1er mai comme premiers pas pour un mouvement contre la terreur, la haine, la pauvreté et la guerre.
DI 24/04 :: MANIFESTATION “PAS D’AVIONS DE CHASSE” :: 14H00 :: GARE DE BRUXELLES-CENTRALE
DI 17/04 :: MARCHE CONTRE LA TERREUR ET LA PEUR :: 14H00 :: BRUXELLESLes discriminations et les pénuries sociales sont des facteurs importants dans la radicalisation d’une petite minorité de jeunes qui deviennent les proies de l’Etat Islamique et d’autres groupes réactionnaires. Mais aussi l’impérialisme et la politique de guerre des puissances capitalistes ainsi que leur soutien séculaire aux dictatures, notamment au Moyen-Orient.
Nous luttons non seulement contre l’austérité mais aussi contre la participation belge à la guerre en Syrie. Il nous faut un mouvement de masse pour une autre société !
Mobilisons massivement pour cette manifestation dans les quartiers et aux écoles et universités !