Category: National

  • Il nous faut une autre société !

    Manif_jeunesUn monde sûr. C’est l’un de ces besoins fondamentaux de l’être humain qui ne peut visiblement être garanti dans notre société. Jusqu’ici, les formes les plus brutales de violence, la guerre et le terrorisme, sévissaient au loin. Cela a changé. Comme le médecin Marc Van Ranst l’a déclaré dans le quotidien De Morgen: ‘‘Il est illusoire de penser qu’il est possible de mener la guerre avec des F-16 à des milliers de kilomètres d’ici et espérer que cette même guerre ne glisse jusqu’ici. En semant des bombes au Moyen-Orient, il faut s’attendre à des attaques sur le front intérieur. On n’obtient pas la paix en jetant de plus en plus de bombes.’’

    Par Bart Vandersteene, article tiré du supplément à l’édition d’avril de Lutte Socialiste consacré aux attentats de Bruxelles // Edition spéciale de Lutte Socialiste en version PDF

    Parions que la réponse des politiciens classiques sera un cocktail de mesures visant à renforcer l’armée, la police et l’Etat sécuritaire. Une grande partie de la population estime qu’il s’agit de la réponse la plus logique. Mais le déploiement de centaines de soldats dans les rues, les aéroports et les gares s’est révélé impuissant contre la menace terroriste.

    L’opposition aux mesures sécuritaires est considéré comme naïve ou laxiste. Guy Tegenbos, rédacteur en chef du quotidien flamand De Standard, s’est lancé dans le débat le 23 mars déjà : ‘‘Les détecteurs de métaux et autres mesures de ce type sont monnaies courantes à l’étranger, mais on les a appliquées ici du bout des lèvres. (…) Certains considéraient que déployer des soldats visait juste à épater la galerie.’’ Résister à la militarisation de la société, cela signifierait de ne pas prendre au sérieux la sécurité.

    C’est tout l’inverse. La politique du ‘‘Law and Order’’ a déjà été appliquée aux États-Unis. C’est un échec. Ce pays comprend le pourcentage de population incarcérée le plus élevé au monde. Alors qu’il représente 5% de la population mondiale, il contient 25% de la population carcérale. Le budget du système pénitentiaire représente l’équivalent de celui de l’enseignement supérieur. Toutes sortes de délits mineurs, même tenir un joint, entrainent l’emprisonnement. Et un casier judiciaire est un énorme fardeau pour l’avenir.

    Dans une telle société, le rôle de la police est de plus en plus répressif. Ici aussi, son rôle n’est plus sa fonction sociale (à l’image des agents de quartier) mais de plus en plus la répression. A Anvers, un grand bâtiment a été construit afin de rassembler les divers services de police en réalisant des économies d’échelle, mais aussi pour transférer du personnel des commissariats de quartier vers plusieurs unités d’intervention. Des bureaux et services de quartier à la fonction préventive et sociale ont été sacrifiés pour des ‘robocops’.

    Cette politique a-t-elle rendu plus sûrs les États-Unis ? Pas du tout. Est-ce que cela a stoppé le terrorisme ? Pas vraiment. Entre 2001 et 2014, 108.924 décès consécutifs au terrorisme ont eu lieu à travers le monde, dont plus de 3.000 aux États-Unis et 420 en Europe.

    Un enfant afro-américain né aux États-Unis sur quatre finira un jour en prison. Le candidat de gauche aux présidentielles américaines Bernie Sanders a expliqué que la seule solution était d’assurer à la jeunesse de bons emplois et un enseignement de qualité. Les problèmes sociaux nécessitent des réponses sociales. Un programme massif d’investissements publics dans les écoles, les logements sociaux,… permettrait de combler les différentes pénuries sociales tout en créant des milliers d’emplois. Cela donnerait une perspective d’avenir à chacun.

    Seul un contrôle démocratique sur la police exercé par la collectivité et le mouvement des travailleurs peut assurer que la police soit utilisée efficacement, en fonction des intérêts de la majorité de la population.

    Cela exige de rompre avec le système capitaliste dans lequel la soif de profits d’une infime élite de super-riches cause la guerre, le terrorisme, les catastrophes environnementales, la crise des réfugiés, etc. Nous défendons la construction d’un système reposant sur le contrôle démocratique et la propriété publique des moyens de production afin qu’ils soient utilisés dans l’intérêt de la majorité de la population.

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    Soc_tractNotre journée “Socialisme 2016” accordera un large espace à la discussion sur la sécurité et à la situation au Moyen Orient (voir le programme complet).

    11h00 – 12h00 MEETING D’OUVERTURE : Ne laissons pas le débat sur la sécurité à la droite !

    • Tina Degreef Secrétaire LBC (équivalent flamand de la CNE/CSC, parlant en son propre nom)
    • Eric Byl Secrétaire général du PSL/LSP
    • Cédric Gerome Représentant du CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière)

    13h00-15h00 Divers ateliers dont un intitulé : “Guerre et terreur au Moyen-Orient: Comment en sortir?” Avec Cédric Gerome CIO

  • Gand: “La lutte antiraciste est une lutte sociale”

    gent21-1024x683La mobilisation antifasciste et antiraciste qui a pris place hier à Gand était une réponse des plus fortes à la haine de l’extrême droite. Avec plus de 1000 manifestants, la manifestation de GastvrijGent (Gand Accueillante, une plateforme large qui comprenait notamment le PSL et les Étudiants de Gauche Actifs) a connu une participation largement supérieure au cortège d’extrême-droite qui défilait ailleurs en ville. Le Voorpost, le service d’ordre du Vlaams Belang à l’initiative de la mobilisation néofasciste, avait mobilisé nationalement sous le slogan de “marre du terrorisme,, fermons les frontières” et avait même reçu le soutien de délégations de militants d’extrême droite des Pays-Bas. Une douzaine de manifestants d’extrême droite a été arrêtée. Certains dirigeants du Vlaams Belang étaient également de la partie, comme Dewinter et le président du parti Tom Van Grieken.

    La manifestation antifasciste était colorée avec des gens de tous âges, en contraste évident avec la marche de la haine de l’extrême droite. La population locale a démontré sa sympathie tout au long du parcours de la manifestation de GastvrijGent, jusqu’au bateau qui doit bientôt ouvrir ses portes pour servir de centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Ce centre sera exploité par des entreprises privées (G4S et Corsendonck). Laisser de telles entreprises réaliser des profits au détriment de la misère humaine est une honte ! Le nombre de place d’accueil a diminué ces dernières années en conséquence des coupes budgétaires. Cette pratique de dégrader un service public pour ensuite ouvrir la porte au secteur privé, nous l’avons déjà vue à l’œuvre en de nombreux endroits.

    Comme l’a expliqué le porte-parole du PSL Bart Vandersteene: “Plus de 1000 personnes ont manifesté hier en faveur d’une approche solidaire vis-à-vis des réfugiés fuyant la guerre. Le président du Voorpost a déclaré à la télévision que notre système de sécurité sociale est incapable de gérer cette arrivée de demandeurs d’asile. Il espère ainsi semer la peur parmi la population quant à leur avenir et à celui de notre système social afin de développer l’audience pour les idées racistes. Tous les partis traditionnels ont contribué aux attaques contre la sécurité sociale et on nous harcèle depuis de très nombreuses années avec cette idée que la sécurité sociale ne serait tout simplement plus gérable. Mais bien sûr, il y a toujours assez d’argent pour la guerre et pour les cadeaux aux grandes entreprises. C’est une question de priorité politique. C’est pourquoi la lutte contre le racisme est aussi et avant tout une lutte sociale et non une lutte morale.”

    jmvklein-300x200Détail remarquable: quand les syndicats protestent contre l’austérité et en défense de la sécurité sociale, on ne peut voir l’extrême droite nulle part. Le Vlaams Belang lui-même défend un programme néolibéral très dur. Son programme économique a été annoncé il y a dix ans lors d’un congrès du parti qui s’est tenu à Gand. Le Vlaams Belang y défend une réduction de la sécurité sociale et se montre favorable aux cadeaux fiscaux aux grandes entreprises. L’extrême droite est bien mal placée pour parler de la défense de notre sécurité sociale. Tout ce qui lui importe, c’est de pouvoir trouver un écho pour les idées racistes.

    Manifester contre l’extrême droite reste important. La crise des réfugiés et l’absence de réponse des partis établis entrainera une croissance des positions racistes, même au sein des partis établis. Cela renforcera l’extrême droite et cela a déjà donné lieu dans plusieurs pays voisins à diverses agressions violentes contre les réfugiés. Cette violence, nous voulons immédiatement la tuer dans l’œuf en ne lui laissant pas d’espace pour se développer. Avec une mobilisation active, nous voulons défendre une alternative à la fois: contre les coupes dans les services sociaux, contre la guerre au Moyen-Orient et pour que chacun puisse disposer d’un emploi décent et d’un logement abordable. Les problèmes sociaux doivent recevoir une réponse sociale ce qui, au final, signifie de lutter contre le système capitaliste lui-même.

    Reportage photos de Jean-Marie:

    GastvrijGent // foto's door Jean-MarieReportage-photos de PPICS GastvrijGent // Tweede reeks van PPICS

  • [INTERVIEW] “L’Article 63§2, c’est une pression sur l’ensemble des salariés”

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    Thierry, lors d’une action menée à l’initiative de Stop Art63§2 face au ministère de l’Eploi le 14 novembre dernier (photo : PPICS)

    Interview de Thierry Muller, membre du réseau Stop Article 63§2

    Socialisme.be : Peux-tu expliquer ce qu’est l’Article 63§2 pour ceux qui ne connaissent pas encore cette mesure antisociale ?

    L’Article Stop 63§2, c’est la limitation dans le temps des allocations de chômage dites d’insertion. Il y a deux systèmes de chômage : celui d’insertion, limité dans le temps, et celui sur base d’un travail, qui est toujours illimité. Pour accéder à ce système-ci la législation impose d’avoir suffisamment travaillé pour y avoir droit. On quitte alors le système des allocations d’insertion pour celui sur base d’un travail, avec des allocations dégressives pour tout le monde.

    A partir du 30e anniversaire (mais le gouvernement actuel veut abaisser l’âge à 25 ans, semble-t-il), il n’est plus possible d’avoir droit aux allocations d’insertion que durant 3 ans, sauf pour les cohabitants non-privilégiés. Cet article a été décrété en décembre 2011 par le gouvernement Di Rupo et intégré à l’arrêté royal de 1991 qui légifère sur l’organisation de l’ensemble du système chômage. En vertu de cet article, donc, à partir du 1er janvier 2015, des vagues successives de milliers de travailleurs hors emploi arrivant en fin de droit seront exclus du système d’allocations de chômage.

    Il s’agira majoritairement de femmes (65 %) et de familles monoparentales (surtout des mères avec enfants à charge, 81 % des chefs de ménages potentiellement excluables étant des femmes), mais aussi de travailleurs à temps partiel, intérimaires, artistes ou autres, qui n’auront pas eu la possibilité d’accumuler suffisamment de « jours de travail » dans une période donnée pour ouvrir leur droit aux allocations de chômage sur base de leur emploi.

    Pas mal de gens ne comprendront pas pourquoi ils sont touchés et pourquoi eux sont touchés et pas d’autres. Les cas d’exception sont nombreux. Ce sera source de jalousie, de frustrations,… Si quelqu’un travaille 6 mois à temps partiel avec complément chômage, son délai de trois ans est interrompu pendant ces 6 mois, il est donc prolongé de 6 mois. Mais à 3 mois à temps plein, on ne rajoute que 3 mois. Comment accepter cela quand on est personnellement confronté à la situation ? Les gens ne comprennent plus rien. Mais à partir du moment où on ne comprend pas la loi, on ne sait pas se défendre. La différenciation des droits est telle que c’est le parcours de la personne qui compte. Nous sortons totalement du registre du droit pour entrer dans celui du « mérite ».

    Les mesures prises par le gouvernement Di Rupo en fin de la législature n’ont d’ailleurs fait qu’approfondir cela.

    Que s’est-il passé ?

    Un certain nombre de catégories ont obtenu des possibilités de prolonger un certain temps leur accès à l’allocation d’insertion. Des gens qui sont reconnus handicapées à 33% par l’ONEM par exemple ont droit à 5 ans au lieu de 3. Ils ne sont pas sauvés, ils perdent leur allocation deux ans plus tard, c’est tout. On a aussi dit que les temps partiels échappent à cette limitation des allocations dans le temps mais ce n’est pas vrai. Toutes ces mesurettes se résument à jouer à reporter le couperet.

    Toutes ces mesures étaient clairement inscrites au début du gouvernement. Si elles sont sorties tout juste un mois avant les élections, ce n’était qu’un effet d’annonce que le PS a utilisé dans son jeu électoral. Rappelons aussi que le PS a soutenu l’instauration de la « chasse aux chômeurs » en 2005. Ce qui est jugé avec les contrôles qui ont été instaurés, ce n’est pas du tout la recherche de travail, c’est simplement la capacité de se défendre. Pour celui qui a eu des difficultés scolaires ou dans son parcours de vie, il est beaucoup plus facile d’être exclu.

    Pourquoi avoir décidé de constituer un réseau autour de cette mesure en particulier ?

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    Action menée face au siège liégeois du MR le 10 septembre, à l’origine de la formation de l’Alliance pour des Alternative à l’Austérité (AAA). Photo : Loïc

    Tout d’abord en raison du nombre de personnes touchées et de l’impact grave que cette mesure aura sur leur vie quotidienne. Des gens seront exclus chaque mois. La plupart seront des femmes et des mères de familles qui ont souvent travaillé, mais pas suffisamment pour quitter le système. Si on travaille 20 ans à mi-temps, on retombe en allocation d’insertion. Il faut travailler 12 mois en 21 mois pour sortir des allocations d’insertion. Donc une majorité de femmes qui ont travaillé à mi-temps pour s’occuper de leurs enfants, par exemple, vont se retrouver dans la merde. Au moins 50% n’auront pas accès au Revenu d’Intégration Sociale du CPAS, aux dires des travailleurs sociaux. Et la Belgique est le 8e pays le plus riche d’Europe ! Le caractère illimité des allocations de chômage n’a pas empêché ça.

    La mesure ne va du reste quasiment rien rapporter : 150 millions d’euros par an. La mesure est idéologique, pas budgétaire. Pour nous, le caractère illimité dans le temps des allocations de chômage est aussi quelque chose d’emblématique : c’est le maillot jaune de la sécurité sociale pour la Belgique ! Plutôt que de dire « mais ça n’existe qu’en Belgique », il faudrait pouvoir se dire « ça existe pourtant bien en Belgique! ». Cela devrait être une source d’inspiration pour des luttes dans d’autres pays. Supprimer ce principe revient à supprimer quelque chose de l’imaginaire politique. Le maintenir est donc très important. Je ne comprends pas ceux qui, à gauche, ne comprennent pas cette dimension.

    L’Article 63§2 est une mise sous pression directe des conditions salariales. Les gens qui bossent et qui entendent ce qu’on dit des chômeurs, leur stigmatisation, etc. seront poussés à accepter plus docilement leur condition : « je ne voudrais pas faire partie de cette catégorie de gens honnis ». D’autre part, un salarié en temps partiel avec un complément chômage peut continuer à recevoir son complément même une fois la limite des 3 ans dépassée et ce jusqu’à ce qu’il perde son emploi. On crée ainsi une catégorie de travailleurs qui savent qu’une fois leur boulot perdu, ils n’auront plus droit à rien ! L’offensive dont il est ici question contre tous les salariés est directe sur le plan mental et matériel. Quant aux chômeurs, trouver un logement est déjà galère aujourd’hui, mais là, ça va encore être pire.

    Le salariat est donc mis sous pression dans son entièreté. D’autre part, ça détruit également toute une série d’expériences alternatives qui avaient été construites dans le cadre du chômage, très concrètes et qui essayaient de construire des rapports de coopération, sur la mutualisation des savoirs, des moyens, etc. Ces expériences sont en train de voler en éclat et c’est aussi ça que les autorités veulent. C’est une destruction d’alternatives multiples.

    Nous revendiquons l’abrogation immédiate et totale de l’article. Il n’y a pas d’amélioration à négocier. C’est pareil avec les sans-papiers : des mesures existent pour en sauver quelques-uns et pas d’autres sur base du fait que certains sont réfugiés politiques et d’autres économiques ? Doit-on lutter juste pour en sauver quelques-uns ? A titre personnel, je pense que c’est stratégiquement erroné. La logique qui consiste à dire « si on en sauve 10.000, on en sauve 10.000 » est un facteur qui créé des conditions pour la division. C’est rentrer dans le jeu de l’évitement d’un conflit large. Hélas, c’est la stratégie suivie par une partie des organisations syndicales.

    Quelle a été l’approche à la base de la constitution du réseau ?

    A l’origine, tout part d’une réflexion au niveau du collectif liégeois Riposte CTE (chômeurs et travailleurs engagés) mobilisé contre cette mesure. On voyait bien que tout seul, on n’arriverait à rien. Nous avons donc décidé d’initier un rassemblement de forces. Plus globalement, il nous semblait essentiel de gagner quelque chose pour relancer les luttes. En gros, ça fait 30 ans qu’on perd, cela construit de l’impuissance. On voulait lutter contre le sentiment d’impuissance et de la fatalité. Nous avons voulu réunir autour d’un point faisant consensus, capable de regrouper les gens de gauche que nous connaissions, pour aller de l’avant.

    Avoir un accord sur une cible et sur la manière de l’argumenter et de la défendre, voilà l’hypothèse de départ, quitte à mettre de côté des choses importantes pour Riposte CTE. Le fait de réussir à gagner, même sur quelque chose qui ne déstabilise pas fondamentalement le capitalisme, c’est déjà porteur de puissance.

    En octobre de l’an dernier, nous sommes partis sur les chemins, à Charleroi, à Verviers, à Arlon, à Namur, à La Louvière, à Tournai et à Bruxelles, à partir de Liège. C’était un peu de manière empirique, on connaissait quelqu’un qui nous a dit « on connait quelqu’un qui… ». Nous sommes donc partis là où on nous envoyait, mais nous ne voulions pas créer un mouvement par le haut et aller vers les directeurs d’associations culturelles ou les pontes syndicaux. Nous nous sommes orientés vers les groupes de TSE, vers Occupy Tournai, vers des groupes d’individus,… L’idée était de construire un réseau sur base assembléaire, avec l’organisation d’assemblées générales horizontales, consensuelles et ouvertes.

    L’autre hypothèse était que plutôt que de mobiliser 300 personnes sur Liège, on voulait démultiplier les foyers d’action, même si cela signifiait d’être moins nombreux. Organiser des actions coordonnées nous semblait très important et c’est une démarche sur laquelle nous travaillons toujours. Mais en marchant séparément dans nos régions, on veut aussi frapper ensemble, c’était le cas de la mobilisation de ce 14 novembre, où nous étions tous ensemble devant le ministère de l’Emploi.

    La 1e assemblée constituante a eu lieu à la mi-décembre 2013, il y en a eu d’autres jusqu’au 1er avril. A ce moment-là, nous avons demandé leur soutien à diverses organisations lors d’une assemblée populaire avec l’idée de demander aux premières d’organiser une action dans le cadre de l’appel. Une soirée-débat a ainsi été organisée par le CPCR (le centre polyculturel résistance) sur le thème « aujourd’hui faut-il défendre les acquis sociaux du passé ou construire des alternatives concrètes au capitalisme ». A partir de là, l’appel est sorti officiellement avec directement le lancement d’un groupe à Arlon et puis, fin juin, le lancement du foyer bruxellois au Garcia Lorca.

    Les assemblées regroupent de gens actifs pour le réseau, les organisations et associations étant un soutien à cette assemblée d’individus ou de militants. Donc, le réseau n’est pas constitué de 70 organisations fédérées, mais de dizaines de personnes en lutte, avec le soutien de dizaines d’organisations, soudées autour d’une déclaration commune (disponible ici).

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    Action du 10 septembre. Photo : Loïc

     

  • Seul un mouvement de masse pourra stopper ça

    Des attaques inédites sur l’index, la sécurité sociale, l’enseignement, les services publics, le droit de grève, …

    On savait bien que, peu importe la coalition gouvernementale, l’austérité serait à l’agenda. Le gouvernement Di Rupo avait préparé le terrain et déjà mené bon nombre d’attaques, le gouvernement ‘‘Kamikaze’’ qui s’annonce ne s’éloigne pas de la stratégie austéritaire et semble même vouloir passer à la vitesse supérieure.

    par Ben (Charleroi)

    Des attaques de tous les côtés

    Au fédéral, c’est bien de 17,3 milliards d’économie d’ici 2019 dont on parle. Toutes nos conquêtes sociales vont être attaquées, nos services publics, notre sécurité sociale, nos soins de santé, nos pensions, notre indexation,… En Région flamande, ce sera 8 milliards d’économies sur 5 ans, avec des attaques déjà connues sur la VRT, De Lijn, le secteur socioculturel et l’enseignement (avec le risque d’une augmentation du minerval de 200€ dans l’enseignement supérieur).

    En Région wallonne, on parle de 1,1 milliard d’économies rien que pour 2015 (sur un budget de 13,5 milliards), avec entre autres : le non-remplacement de 4 fonctionnaires sur 5 pendant les deux prochaines années, des attaques sur l’enseignement également et bien d’autres choses. Quant à la Région bruxelloise, elle n’échappe pas non plus à cette logique austéritaire.

    Le patronat est en fête

    Alors que l’ensemble des travailleurs va sévèrement trinquer dans la prochaine période, le patronat va encore une fois pouvoir fêter l’accord de ce gouvernement dont les composantes sont favorables à la réduction des cotisations sociales patronales de 33% à 25%. Cela devrait coûter 2 milliards à la sécurité sociale. ‘‘Un premier beau cadeau au monde de l’entreprise’’, comme le titrait l’Echo il y a quelques semaines.

    En fait, l’ampleur de l’austérité est telle que ce n’est que progressivement que les différentes mesures seront rendues publiques. Mais si le détail des attaques n’est pas encore connu, il est déjà clair que la prochaine période prendra la forme d’une confrontation brutale entre l’agenda économique du patronat et de ses fidèles exécutants politiques d’un côté et de l’autre le niveau de vie des travailleurs (avec ou sans emploi) et des jeunes.
    Une autre politique est possible

    Les partis traditionnels ont choisi leur camp, celui du patronat, des actionnaires et des plus riches. C’est l’équipe gagnante pour le moment, c’est eux qui détiennent le pouvoir politique et économique. Mais cette accumulation de richesses et de pouvoir démesurés, accaparés par une infime partie de la population, rentre de plus en plus en confrontation avec la volonté de vivre décemment de l’équipe majoritaire, notre équipe, la classe des travailleurs (avec ou sans emploi) et des jeunes.

    Notre équipe est à l’image d’un géant endormi, encore inconscient de sa force véritable car désorganisé et sans objectif ni direction claire. Mais face aux nombreuses attaques à venir, notre équipe n’aura pas d’autres choix que de résister. Les membres les plus conscients auront la lourde tâche de pousser en avant la coordination et l’organisation pratique des petites (et aussi des plus grandes) poches de résistance qui émergeront de manière spontanée. C’est pourquoi nous appelons à la création d’un front de résistance sur base d’un programme clairement offensif.

  • Quels liens entre syndicats et partis ?

    Par Ben (Charleroi)

    Suite à la visibilité donnée à la candidature de Fréderic Gillot – délégué à ArcelorMittal et probable futur élu à la région pour le PTB – le PS a mis un autre délégué d’ArcelorMittal sur ses listes. Plus récemment, le secrétaire général de la CSC Claude Rolin a quitté son poste pour remplacer Anne Delvaux comme tête de liste pour la liste européenne du CDH. Des rumeurs parlent également de la possible présence d’Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) sur les listes du PS… Le débat sur la question de l’indépendance syndicale a de quoi être alimenté.

    Des syndicalistes sur des listes de parti ?

    Au sein des parlements, les syndicalistes ne sont pas chose courante, surtout quand ceux-ci sont délégués ouvriers. Les parlementaires sont beaucoup plus souvent, voire exclusivement, avocats, universitaires de toutes sortes ou patrons. On ne peut donc qu’apprécier la présence d’ouvriers sur des listes électorales. Le problème vient plutôt du choix de parti. Pour le PTB, le choix est compréhensible et à soutenir, mais pour ce qui est du PS et du cdH – des partis qui appliquent la politique libérale et d’austérité, à l’exact opposé du programme syndical et à la base même des mesures qui pousse les syndicalistes à manifester – on est en droit de s’interroger sur les liens entretenus entre certains syndicalistes et ces partis-là.

    C’est d’autant plus clair pour ce qui concerne des dirigeants nationaux des syndicats comme Claude Rolin ou Anne Demelenne. Force est de constater qu’ils ont parfois plus de traits communs avec un statut de patron qu’avec celui de délégué syndical de base… Il suffit de se pencher sur leur gestion antidémocratique du syndicat et sur le montant de leur salaire. Finalement, on a l’impression que leur place sur des listes PS et Cdh est autant une récompense pour services rendus qu’une dernière tentative pour tromper les affiliés.

    Indépendance syndicale ?

    L’indépendance syndicale ne signifie pas que le syndicat ne doit avoir aucun lien avec des partis politiques et faire comme s’ils n’existaient pas. L’indépendance syndicale veut dire que le syndicat doit décider de son programme, de son projet, de ses méthodes de lutte, etc. en totale indépendance. En fait, pour que le syndicat soit indépendant, il est nécessaire qu’il soit démocratique. Les décisions devraient être prises en assemblées, en laissant la place au débat contradictoire et en y impliquant le plus de militants possible.

    Quand cette démocratie syndicale existe, rien n’empêche que des décisions collectives du syndicat visent à renforcer des liens entre le syndicat et d’autres organisations, y compris des partis politiques, avec par exemple un appel de vote ou en mettant des candidats syndicalistes sur des listes électorales. Le tout est de rester dans le cadre de la stratégie que le syndicat s’est fixé en toute indépendance.

    Dans un si petit article, on ne peut pas rentrer dans une analyse poussée de cette question, mais pour conclure, disons que les liens entre parti et syndicat ne constituent en rien un thème abstrait. La vérité est toujours concrète, comme disait l’autre. Les liens qui ne devraient pas exister sont ceux qui se trouvent entre les syndicats et les partis dont la politique va à l’encontre des intérêts des travailleurs. Les liens qui peuvent exister concernent des partis qui soutiennent et partagent l’idéal syndicaliste, c’est-à-dire au minimum une amélioration des conditions de travail et de vie de la grande majorité de la population.

    Notre avis

    • Pour que les syndicats coupent leur lien avec les partis traditionnels !
    • Pour un syndicat démocratique et combatif !
    • Pour la construction d’un relais politique pour les revendications syndicales regroupant l’ensemble des tendances à gauche du PS et d’écolo !

  • Non, Mr Magnette, renforcer la gauche, on n’y arrive pas en copiant la droite

    Paul Magnette a réagit à sa manière au sondage Ipsos/Le Soir/RTL qui crédite le PTB-GO! de près de 7%. Selon lui : “La vertu de ce sondage, c’est de montrer, mais on le sait, que quand l’extrême-gauche progresse, la gauche faiblit. Donc malheureusement, quand on vote pour l’extrême gauche, on favorise la droite.” C’est bien tardivement – moins de 100 jours avant les élections – que le PS et Magnette semblent s’inquiéter de la manière dont la gauche pourrait être renforcée…

    Il est regrettable que le parti du premier ministre n’ait pas pensé à cela alors qu’il soutenait et appliquait loyalement les politiques d’austérité… Peut-être Paul Magnette pourrait-il maintenant nous expliquer en quoi la dégradation de nos conditions de vie peut bien renforcer la gauche ? Pour appliquer la politique d’austérité, le PS s’est sans hésitation rangé du côté de la logique du diviser pour régner en s’en prenant d’abord aux plus faibles. Les chômeurs et les demandeurs d’asile ont ainsi été particulièrement frappés, une austérité « douce » destinée à préparer le terrain pour des attaques antisociales plus sévères une fois les prochaines élections passées, cette fois-ci contre l’ensemble du monde du travail. Renforcer la gauche, c’est possible en renforçant la solidarité et la lutte pour le progrès, pas en essayant d’accompagner le recul social.

    Le PS essaye de recycler l’argument du « moindre mal » en disant qu’un renforcement du PTB affaiblirait sa position par rapport à la N-VA et augmenterait ainsi la menace de l’arrivée d’un gouvernement de droite. C’est un argument auquel il fallait s’attendre, mais il est par contre très remarquable de voir que le SP.a ne l’utilise pas de la même manière… Serait-ce parce le SP.a n’a pas de problème à gouverner avec cette même N-VA au gouvernement flamand ? Ou parce que ce parti est allé tellement loin dans la logique de soutien aux réductions d’impôt pour les grandes entreprises que la différence avec le programme de la N-VA sur ce point est anecdotique ? La menace d’un gouvernement dirigé par la N-VA est réelle et pourrait conduire à une offensive plus brutale contre nos conquêtes sociales. La différence est qu’alors que le PS est extrêmement prudent pour appliquer sa politique antisociale au point de sembler marcher sur des œufs, la N-VA se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

    Mais au final, le résultat n’est guère différent. Après 25 ans de règne du PS au gouvernement fédéral, l’écart entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand dans ce pays. La pauvreté a augmenté, les salaires réels ont baissé, le mécanisme d’indexation a été miné, la chasse aux chômeurs a été organisée, les allocations d’insertion ont été limitée dans le temps à trois ans, … Combien de cadres sur-payés ont-ils été nommés par la social-démocratie dans les entreprises publiques ? Combien de privatisations totales ou partielles – des « consolidations stratégiques » selon les termes de Di Rupo à l’époque de la recherche d’actionnaires privés pour Belgacom – ont été dirigées par la social-démocratie ? Quand le PS de Magnette et Di Rupo a-t-il fait la différence ?

    Une percée électorale des listes PTB et l’entrée au parlement d’un de ses élus renforceraient toute la gauche. Dans les pays où plusieurs formations de gauche sont présentes, on constate que la gauche est généralement plus forte que dans les pays où une formation a le monopole. Il suffit de penser aux Pays-Bas (comparons les résultats du PVDA social-démocrate et du parti de gauche SP à ceux du PS et du SPa chez nous) ou encore avec l’Allemagne (où existent le SPD social-démocrate, les Grünen (verts) et le parti de gauche Die Linke) et avec la Grèce (avec Syriza, le KKE et Antarsya). Lors de la conférence de presse annonçant les listes du PTB, le président de la régionale FGTB de Charleroi et Sud Hainaut, Carlo Briscolini, a fait remarquer : “c’est quand il y a de la discussion, de la contestation, que différentes tendances s’expriment, qu’un débat permet d’avancer.’’ La diversité renforce la gauche, mais il faut encore que cette gauche ne soit pas seulement présente aux élections. Toute position élue devra être utilisée afin de construire un large front de résistance contre la politique d’austérité qui ne manquera pas de suivre les élections.

    Nous ne partageons donc aucunement les déclarations de M. Magnette. Ce ne sont que des tentatives visant à relooker le vieil argument du « moindre mal ». Dans le passé, cet argument ne nous a apporté que de nouvelles politiques antisociales, rien n’indique qu’il en serait autrement aujourd’hui, bien au contraire. Après les élections de mai prochain, il y aura une longue période sans élections, un moment idéal pour passer à l’application d’une austérité plus dure.

    Un texte plus détaillé concernant l’attitude du PSL concernant les élections de mai 2014 arrivera sur socialisme.be dans ces prochains jours.

  • Les indemnités de départ bien généreuses des politiciens…

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    A chaque plan social faisant suite à l’annonce d’un licenciement collectif, on peut voir apparaitre une meute de loups néolibéraux montrant leurs crocs. Les prépensions ? Scandaleuses ! Les indemnités de départ ? Scandaleuses ! Pour eux, le marché de l’emploi s’est assoupli et doit persévérer dans cette voie. La «flexicurité» doit devenir le maître-mot, au détriment de la sécurité sociale.

    Rien ne doit selon eux résister à cette logique patronale carnassière. Mais force est de constater que certains lieux en sont protégés. Le Président de la Chambre André Flahaut a ainsi annoncé qu’une provision de 3,1 millions d’euros a été mise de côté afin de payer les indemnités de départ des députés qui ne seraient pas réélus. La somme peut sembler limitée, mais si son estimation est correcte et qu’un tiers des 150 députés quittent effectivement leurs fonctions, cela signifie concrètement que nous parlons d’une indemnité d’environ 62.000 euros par député.

    Ce système a déjà changé. Au lieu d’une prime de départ maximale de quatre ans de salaire, les députés reçoivent maintenant une indemnité maximale de deux ans de salaire. En comparaison, avec le tout récent statut unique venu remplacer les statuts ouvrier et employé, obtenir deux ans de salaire de prime de départ est quasiment impossible pour un travailleur. Selon ces nouvelles règles, après 30 ans d’ancienneté, il n’est possible que de recevoir une prime de un an et 4 mois de salaire.

    Pour de nombreux politiciens établis, le nouveau statut unique ne va toutefois pas encore assez loin. Hors de question cependant de voir une telle logique s’appliquer à eux-mêmes ! Et ce passage de quatre à deux ans pose déjà problème. Le Président de la Chambre André Flahaut a ainsi déclaré dans le quotidien flamand De Standaard: « Certains m’ont dit que si c’était comme ça, ils ne continueraient pas. Bien sûr, cela signifie une perte d’expérience pour le parlement. » Ils ne sont pas encore au bout de leurs peines ! Jusqu’au 30 juin 2014, les parlementaires peuvent partir en retraite à 55 ans pour peu qu’ils aient 20 années d’ancienneté parlementaire derrière eux. Les nouveaux élus devront se “contenter” d’une «retraite anticipée» à 55 ans, l’âge du départ en pension étant porté à 62 ans. Vous avez dit deux poids, deux mesures ?

    Dès lors qu’il s’agit de nos emplois et de notre protection sociale, toute une meute est prête  à réclamer plus de rigueur. Mais leurs privilèges à eux sont inattaquables. Cela ne fait qu’illustrer – une fois de plus – à quel point leur univers est déconnecté du nôtre. Leur monde, c’est celui des dirigeants d’entreprises aux salaires monumentaux et aux parachutes dorés, c’est celui des spéculateurs qui jouent au casino et font payer leurs pertes à la collectivité. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant qu’une fois leur carrière politique mise de côté tant d’ex-politiciens se retrouvent à siéger auprès de leurs amis capitalistes dans les conseils d’administration des grandes entreprises.

     

  • 85 riches possèdent autant que la moitié de l’Humanité !

    Il nous faut un autre système!

    En ce début d’année, le premier ministre Di Rupo (PS) n’a cessé de multiplier les réunions de famille. Forum économique de Davos, Cercle de Wallonie,… Son message est clair : selon lui, ‘‘la Belgique est sur la bonne voie’’. Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire dans un pays sans croissance et où les maigres emplois créés ne permettent plus depuis longtemps de compenser les fermetures et destructions massives d’emploi ?!

    Par Baptiste (Nivelles)

    Il suffit de savoir à qui ce discours est adressé : aux fortunés, au patronat et à leurs plus puissants défenseurs. Se présentant comme étant leur ‘‘humble serviteur’’, le Premier ministre s’efforce de maintenir les privilèges des nantis en faisant payer la crise aux travailleurs et à leur famille, car après tout ‘‘ce sont les entrepreneurs qui sont à l’origine du bien-être de la population’’. Et peu importe le fait que nous créons les richesses par notre travail, quelque part nous ne faisons que profiter du système, et en particulier les bénéficiaires d’allocations bien entendu…

    Ce sont pourtant ces politiques néolibérales qui ont créé un fossé toujours plus grand entre riches et pauvres, alors que jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu autant de richesses et de possibilités technologiques. Ces richesses permettraient à chacun d’avoir accès à des conditions de vie décentes, mais la réalité est tout autre.

    De la précarité à la pauvreté

    Pour 99% de la population, le bilan n’est pas folichon : austérité budgétaire tous azimuts, gel des salaires, réforme des prépensions, dégressivité accrue des allocations de chômage,… Pour beaucoup de ménages, notamment quand il y a une perte d’emploi, la route vers la pauvreté est de plus en plus courte. La réforme du chômage de 2012 prévoyait une baisse de 25% du montant des allocations, et à cela s’ajoute une augmentation des sanctions et l’exclusion des allocations d’insertion d’environ 55.000 personnes le 1er janvier 2015. En 2010, les indemnités de chômage ne représentaient déjà plus que 27% du salaire annuel brut moyen, contre encore 42% 20 ans plus tôt. Nul doute que la situation s’est encore dégradée.

    La Belgique : un paradis fiscal sans île, mais bien rentable

    Par contre, pour les patrons et autres nantis à la recherche de refuge fiscal, la Belgique est ‘‘the place to be’’, grâce à l’absence d’impôt sur la fortune et parfois carrément sur les bénéfices réalisés par les entreprises. Pourtant, le taux d’imposition des sociétés est théoriquement de 33,99%. Mais dans les faits, en intégrant les divers cadeaux offerts au patronat, intérêts notionnels en tête, ce taux n’avoisine plus que les 20% depuis 2008. Pour l’année 2012, on estime que la déduction des intérêts notionnels a permis aux entreprises en Belgique d’exempter d’impôt quelque 20,4 milliards € de bénéfices engrangés.

    La baisse du taux effectif est quasi continuelle depuis 2001, et ce n’est plus un secret pour personne, ce sont les plus puissantes multinationales présentes en Belgique qui payent le moins sur des bénéfices souvent gigantesques : ArcelorMittal, Electrabel, Janssen Pharmaceutica, ABInbev,…

    À qui ce système profite-t-il ?

    En Belgique, ce pays où tout va bien, environ 15% de la population vit sous le seuil de pauvreté tandis qu’en même temps les 20% les plus riches possèdent 61% du patrimoine financier.

    Pour nous, les factures ne font qu’augmenter sous la pression de plans d’austérité se chiffrant à chaque fois à plusieurs milliards ; pour eux, tout est mis en place pour préserver les milliards de bénéfices. Après un à trois ans de chômage, un chef de ménage devra s’en sortir avec 1.090,70€/mois, un cohabitant avec 483,86 €/mois ; au même moment, les patrons d’entreprises publiques se voient subir l’affront de recevoir des rémunérations annuelles plafonnées à 250.000 €… Alors, qui profite du système : ceux qui tentent de survivre avec des moyens à en manger des cailloux ou ceux qui vivent grassement à ne plus savoir que faire de leur pognon ?

    Lors de son discours de rentrée, la secrétaire générale de la FGTB Anne Demelenne a déclaré vouloir le retrait de la réforme du chômage au vu de la catastrophe sociale imminente. Des actions seraient à prévoir d’ici les élections du 25 mai, pour ‘‘ faire passer la revendication à tous les partis traditionnels’’. Nous avons besoin d’un plan d’action pour lutter contre cette escroquerie néolibérale, mais jouer le rôle de l’aiguillon pour des partis qui ne nous représentent pas n’est plus viable. De plus, nous avons besoin d’un parti politique qui représente nos intérêts !

  • Elections : PTB, VEGA et Gauches Communes

    Renforcer la vraie gauche et, surtout, saisir ensemble le potentiel par la suite

    S’exprimant en interview au sujet de l’émergence du PTB sur le plan électoral, Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, a déclaré: “Le PTB a sa raison d’être, c’est un parti qui met en avant le débat. Je déplorerais simplement que l’on divise la gauche, on n’a vraiment pas besoin de ça en Belgique”. A nouveau, une partie de la direction syndicale nous ressert l’argument du ‘‘sans le PS, ça aurait été pire’’, une rhétorique qui pour beaucoup reste bien calée en travers de la gorge après l’offensive d’une ampleur historique lancée contre nos conquêtes sociales par le gouvernement Di Rupo.

    Par Boris Malarme, article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste

    C’est cette colère qui vit très certainement dans la base syndicale qu’exprime l’appel de la FGTB de Charleroi à rassembler l’ensemble des forces de la vraie gauche pour construire une alternative à la gauche du PS et d’Ecolo ou encore les prises de position de la CNE via les déclarations de son secrétaire général.

    Certaines expériences dans d’autres pays ont toutefois plutôt démontré que l’émergence de nouvelles formations de gauche n’a pas affaibli le débat autour des idées de gauche et leur soutien dans la société, mais l’a au contraire renforcé. Ce débat est crucial aujourd’hui, la classe dominante belge souhaitant que la période qui suivra les prochaines élections (4 ans sans élection, phénomène plutôt rare en Belgique) voit une accélération du rythme et de l’ampleur de l’austérité. Pour elle, le scénario d’un nouveau gouvernement Di Rupo, mieux à même de teinter l’austérité d’un vernis social, est préférable. Elle craint qu’un gouvernement de droite dure avec la N-VA ne mette de l’huile sur le feu au point de provoquer une résistance généralisée.

    Les idées de gauche trouvent un écho grandissant

    A l’image du développement du PTB depuis les élections communales, le lancement du nouveau livre de son porte-parole Raoul Hedebouw, Première à Gauche, rencontre un franc succès. Les soirées de présentation à Liège, Charleroi, Namur et Bruxelles ont rassemblé des centaines de participants. Ce livre va au-delà de la simple présentation d’initiatives du PTB comme Médecine pour le Peuple et la campagne pour la taxe des millionnaires et a le mérite d’aborder des notions de base du marxisme.

    Mais il existe une couche de jeunes anticapitalistes et de travailleurs qui ne se reconnaissent pas dans le modèle proposé par le PTB. En Flandre, le mouvement Rood! avait tenté d’être avec d’autres une composante plus large du mouvement organisé des travailleurs. C’est la raison pour laquelle le PSL a participé à l’initiative. Suite à l’abandon de sa figure publique Erik de Bruyn, qui a considéré son résultat électoral comme un échec, Rood! s’est engagé dans un processus de réflexion sur son orientation et ne participera pas à ces élections.

    D’autre part, le lancement du Mouvement Vega, autour de la coopérative politique liégeoise du même nom (liste sur laquelle le PSL disposait de candidats aux dernières élections communales à Liège) ainsi que de l’ancien parlementaire écolo Vincent Decroly, peut compter sur un certain écho. Vincent Decroly a expliqué à diverses soirées de présentation que la campagne du Front des Gauches(1) en 2010 l’avait poussé à se réinvestir sur la scène politique après plusieurs années de retrait et qu’il avait évolué de l’anti-néolibéralisme à l’anticapitalisme. Lors de ces réunions de présentation, nous avons pu entendre des positions plus ouvertement marquées à gauche que celles habituellement exprimées par la coopérative politique liégeoise Vega.

    Le nouveau mouvement Vega, lancé officiellement à Charleroi le 1er février, est centré autour de trois axes : ‘‘Ecologie, socialisme et démocratie’’. Pour Vega aussi, les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’en sortant du capitalisme et en étant liés à la question sociale, notamment au partage des richesses. Reste à voir à l’avenir comment ces axes seront concrétisés en termes de programme et d’action. Même si Vega semble plus incliner vers le milieu associatif que celui du mouvement ouvrier organisé, Vincent Decroly a pris le temps au cours de ces soirées de clarifier qu’il soutient l’appel de la FGTB de Charleroi et se retrouve dans son programme anticapitaliste en 10 points.

    A gauche : un besoin d’unité

    L’attention des électeurs opposés aux diverses formes de politique de casse sociale des partis traditionnels se porte souvent en premier lieu sur le PTB. Celui-ci souhaite obtenir cinq élus : deux à Anvers et deux à Liège pour les parlements fédéral, wallon et flamand et un autre au parlement bruxellois en contournant le seuil électoral de 5% via un regroupement de listes. Le PTB est actuellement positionné comme l’organisation la plus à même d’exploiter une partie de l’espace à la gauche du PS/SP.a et d’Ecolo/Groen.

    Pour ces raisons, le PSL a formulé en mai 2013 une proposition à l’ensemble de la gauche pour des listes ‘‘PTB-Unité’’ afin de parvenir à une participation unitaire au scrutin du 25 mai 2014. Après quelques mois sans réponse, le PTB a finalement répondu lors de rencontres, par ailleurs cordiales et franches, que des candidats du PC et de la LCR seraient présents sur leurs listes, mais qu’il n’était question d’unité qu’avec des organisations qui n’ont plus l’ambition de se construire, ce qui nous excluait. Nous déplorons cette attitude, mais éviterons de présenter des candidats là où cela pourrait faire obstacle à l’obtention d’élus de gauche en tenant ainsi compte du fait que l’arrivée des premiers élus de gauche radicale depuis les années ‘80 pourrait renforcer le mouvement des travailleurs dans son ensemble. Cela créerait aussi un débat politique propice à chaque composante de la gauche dans cet environnement politique aujourd’hui dominé par ceux qui veulent faire payer la crise aux travailleurs. A Bruxelles, le PSL compte participer aux élections avec le Parti Humaniste ainsi que tous ceux qui souhaitent renouer avec l’expérience positive des listes ‘‘Gauches Communes’’ déposées aux dernières élections communales. Vega, qui participera aux élections européennes, pourrait également être présent au scrutin bruxellois mais n’exclut cependant pas de former des alliances à gauche. Nous ne savons jusqu’ici pas encore si un accord électoral entre Véga et Gauches Communes est possible.

    Le système de groupement(2) des listes à la Région bruxelloise offre l’opportunité qu’un vote Gauches Communes ou PTB ne soit pas un vote perdu pour un élu de gauche, ce qui permet un vote de conviction pour la liste de gauche de son choix.

    Gauches Communes en campagne

    Il est possible de bénéficier d’un large soutien électoral sur base d’un programme ouvertement socialiste et d’utiliser une position élue afin de renforcer sur le terrain la lutte des travailleurs. C’est ce qu’a illustré la récente victoire de notre camarade Kshama Sawant à Seattle, et ce fut l’objet d’un débat remarquable organisé récemment par le PSL dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles. Dans le même esprit, Gauches Communes organise le 1er février un rassemblement pour la gratuité des transports publics et contre l’augmentation des tarifs de la Stib votée au parlement bruxellois, en mobilisant dans les quartiers et parmi la jeunesse. Avec le soutien d’une position élue, ce type de résistance active pourrait trouver un plus large écho.

    Ce genre de campagne et d’action autour de revendications concrètes doivent être liés à une alternative politique basée sur ce qui est nécessaire aux travailleurs et à leurs familles, et non pas sur ce qui est ‘‘réaliste’’ avec des budgets possibles dans le cadre du système capitaliste. Tout comme plus de 80% de la population, nous soutenons l’instauration d’un impôt sur les grosses fortunes. Mais comment éviter la fuite des capitaux ? Il faut sortir des demi-mesures et défendre audacieusement une politique basée sur le refus du paiement de la dette publique et sur la nationalisation des banques et des secteurs vitaux de l’économie sous contrôle démocratique. Voilà de quoi pouvoir lancer un plan radical d’investissements publics massifs pour l’emploi, le pouvoir d’achat, le logement, l’enseignement, l’environnement, la santé, la culture, etc.

    Une fois les élections passées, poursuivons ensemble autour de l’Appel de la FGTB de Charleroi !

    Qu’importe l’exacte composition des prochains gouvernements, ils serviront d’Étatsmajors pour une offensive d’austérité plus franche, à tous les niveaux de pouvoir. La riposte nécessite un front uni à la gauche du PS et d’Ecolo autour d’un programme tel que celui proposé par la FGTB de Charleroi. Le renforcement électoral d’une – ou plusieurs – des composantes de la gauche doit être utilisé pour aider à concrétiser cet appel à la constitution d’un relai politique large des travailleurs, pluraliste et respectueux de ses diverses composantes.


    Notes

    1) Le Front des Gauches était le nom d’une alliance conclue entre le Parti communiste, la Ligue communiste révolutionnaire, le Comité pour une autre politique, le Parti humaniste, Vélorution et le PSL pour les élections de 2010

    2) Mécanisme permettant à des listes du même groupe linguistique de faire déclaration réciproque de groupement afin que leurs voix soient additionnées. La répartition des sièges s’effectue sur base de ce total.

  • Tout est prêt pour une longue campagne électorale

    Pendant les 6 prochains moins on ne pourra pas y échapper: tous les conseillers en communication des partis de l’establishment se sont mis au travail. Le ton a été donné par toute une série de congrès de partis en préparation de la campagne électorale, l’annonce des propositions soumises à l’approbation du prochain congrès de la N-VA obtenant la part du lion dans les journaux.

    Par Anja Deschoemacker

    Ces congrès n’ont rien livré de bien neuf, du moins en ce qui concerne les thèmes fondamentaux que sont la sécurité sociale, la sortie de crise, la relance de l’économie,… Ces sujets d’importance n’ont bénéficié de la part des partis traditionnels que de vagues déclarations. Leurs ‘‘propositions novatrices’’ ne portent que sur des détails. Seule la N-VA a clairement dévoilé jusqu’où elle était prête à aller dans l’application de l’austérité. Et les choses vont suffisamment loin pour que même l’Open-VLD, les libéraux flamands, préviennent de l’arrivée d’un véritable désastre social si, par exemple, la proposition de la NVA de rembourser la totalité de la dette de l’Etat dans un très court délai était mise en pratique. Diverses figures du MR ont également trouvé que cela allait trop loin.

    Le SP.a a fait de la diminution de la TVA sur l’énergie son principal cheval de bataille électoral, le CD&V aurait abandonné sa résistance au gouvernement sur ce point. Les sociaux-démocrates flamands voulaient ainsi afficher un profil ‘‘de gauche’’ – la proposition pour la diminution de la TVA émanant à l’origine du PTB – dans l’espoir de pouvoir une fois de plus convaincre les électeurs de voter pour ‘‘le moindre mal’’.

    Contrairement au PTB, le SP.a explique cependant qu’une diminution de la TVA aura aussi des conséquences favorables pour le patronat (et le gouvernement) : le fait que l’indice pivot ne serait dépassé que plus tard ferait économiser pas mal d’argent aux patrons du privé comme du public. Il ne faudrait pas se montrer comme étant de la ‘‘gauche irresponsable’’ devant le patronat…

    Le PS compte sur ses liens avec les syndicats, les mutualités et d’autres composantes du mouvement ouvrier pour tenir le coup. L’index n’a pas été aboli, les allocations de chômage ne seront pas limitées dans le temps, il n’y a pas eu de licenciements massifs dans les services publics…

    Voilà le message à faire passer : sans le PS, les choses auraient été bien pires ! Que l’index ait été encore un peu plus bidouillé (les soldes sont notamment reprises dans le calcul de l’index, ce qui mine notre pouvoir d’achat) ; que les diverses mesures sur le chômage condamnent des dizaines de milliers de femmes et de jeunes à des allocations ridicules et les rendent donc dépendants de leur partenaire ou de leurs parents et que des dizaines de milliers d’autres font face à la menace de voir leurs allocations supprimées ; que beaucoup de fonctionnaires qui partent en pension ne soient pas remplacés avec toutes les conséquences que cela implique en termes de pressions sur le personnel restant alors que les jeunes qui sortent de l’enseignement ne trouvent pas d’emplois ;… de tout cela, la direction du PS préfère ne pas dire un mot.

    Eh oui, les querelles classiques entre sociaux-démocrates et libéraux vont bon train, les chrétien-démocrates se présentant comme une sorte de ‘‘force tranquille’’, comme le ‘‘milieu politique responsable’’. Mais il est toutefois clair que les trois familles politiques traditionnelles et les partis ‘‘verts’’ se trouvent d’un côté et la N-VA de l’autre, et pas uniquement quand on parle de confédéralisme. La N-VA ne cache pas sa politique agressive, les autres partis préfèrent enrober l’austérité dans un emballage ‘‘social’’ afin d’éviter de provoquer de larges contestations.

    Rien de neuf depuis 2010?

    En comparaison de 2007 et 2010, les choses se présentent différemment : une alliance a été conclue contre la N-VA. Cela n’a toutefois rien à faire avec une inquiétude quant aux intérêts des travailleurs. C’est plutôt la volonté d’assurer de disposer d’un gouvernement en bon état de fonctionnement dont il est question, pour le moment où la bourgeoisie voudra lancer de grandes attaques structurelles en passant à l’acte pendant le ‘‘calme électoral’’ post-2014. C’est très précisément dans l’objectif de présenter la facture de la crise aux travailleurs de manière plus efficace que ce front anti-N-VA a été créé.

    Pour la classe des travailleurs, il n’y a rien de bon à trouver, ni dans un camp, ni dans l’autre. Des partis traditionnellement liés aux syndicats, on ne peut s’attendre qu’à quelques mesurettes diluées dans un océan d’austérité. A la N-VA, il n’est question que d’austérité dure, mais les chances que cela soit de suite rejeté par l’action du mouvement des travailleurs et par une résistance de masse est plus que probable en s’y prenant ainsi.

    Mais, contrairement à 2007 et 2010, on assiste aux premiers pas timides posés dans la direction du développement d’une conscience de classe. L’influence de l’appel de la FGTB de Charleroi est encore limitée en ce moment et la direction de la FGTB soutient toujours un appel pour le ‘‘moindre mal’’ pour les élections de 2014. Mais le travail de Piron et des siens est inestimable, même si les premiers résultats restent pour le moment encore sous la surface. Il ouvre la discussion parmi les syndicalistes les plus conscients et les plus politisés sur le type de parti nécessaire pour la classe des travailleurs, sur la base sur laquelle un programme de classe doit être élaboré,… Le PSL participe activement à cette initiative. Même si cet appel ne conduit pas à temps à de véritables listes unitaires de gauche, le progrès électoral du PTB offre aux jeunes et aux travailleurs combatifs au moins la possibilité de faire un vote de protestation à gauche, ce qui va aussi nourrir la discussion sur la nécessité d’un parti de gauche large et sur la lutte pour des revendications de gauche.

    Qui arrivera au pouvoir en 2014 ?

    Là où pendant longtemps les sondages montraient une croissance constante de la N-VA, les sondages les plus récents montrent que cette croissance s’est au moins arrêtée. Le front des partis traditionnels et des verts qui s’est constitué autour du gouvernement Di Rupo Ier et durant les négociations sur la sixième réforme d’Etat a évidemment beaucoup joué. Au lieu de constamment s’attaquer entre eux, ils ont maintenant tous la N-VA dans le collimateur.

    Mais il y a plus. L’attitude de la presse flamande n’est plus celle de 2010, quand les journalistes bourgeois succombaient massivement à la tentation face au dirigeant charismatique de la N-VA, Bart De Wever. Dans la dernière période il y a eu un tournant dans la presse dite ‘‘de qualité’’ et la N-VA est mise en avant de façon plus négative : le référendum contre la privatisation à Saint-Nicolas balayé par la majorité communale ; l’éclatement de la coalition autour de la N-VA à Turnhout ; les propositions de la N-VA qui s’attaquent au droit constitutionnel (taxe sur les étrangers à Anvers, interdiction du foulard au conseil communal de Boom,…) ; les querelles publiques autour des déclarations de Bracke,… Parallèlement, une approche plus positive a été adoptée envers le gouvernement fédéral et surtout envers Di Rupo lui-même, qui peut aujourd’hui se réjouir – selon les sondages – de disposer d’une certaine ‘‘popularité’’ en Flandre également.

    Et d’autres institutions bourgeoises se sont aussi mises dans le camp anti-N-VA. Ainsi, le gouverneur de la province d’Anvers a aboli la première proposition de taxe sur les étrangers dans la ville et, récemment, la Cour Constitutionnelle a envoyé à la poubelle le décret flamand ‘‘habiter dans sa propre région’’ comme discriminatoire et en contradiction complète avec plusieurs directives européennes.

    Tout est alors prêt pour rendre possible la poursuite du gouvernement Di Rupo, éventuellement rejoint par les verts, ce que veut la bourgeoisie. La condition pour une formation de gouvernement rapide est cependant que la N-VA n’obtienne pas de score trop élevé : avec un résultat en-dessous des 30%, le jeu prendrait sans doute fin rapidement. Avec un résultat compris entre les 35 et les 40% – ce que le N-VA n’a plus obtenu dans les derniers sondages – cela deviendrait bien plus difficile.

    Si la N-VA devient incontournable – si, en d’autres termes, elle obtient la moitié des voix avec le Vlaams Belang – la bourgeoisie va devoir fouiller dans sa vielle boîte à malice. L’histoire belge comprend quelques exemples de partis non-traditionnels devenus grands et qui ont été brulés par le gouvernement, généralement en leur donnant des postes de ministres sur des terrains où des attaques antisociales dures sont prévues. De tels gouvernements sont instables et tombent alors rapidement, après quoi les partis ‘‘fiables’’ reprennent à nouveau le flambeau. S’il faut un tel détour – un gouvernement de droite sous la direction de la N-VA et sans PS et SP.a – cette brève période gouvernementale va toutefois être utilisée afin d’instaurer nombre de mesures durement antisociales, des attaques qui ne seront pas (entièrement) annulées par le gouvernement ‘‘responsable’’ et ‘‘social’’ qui suivra.

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