Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Égypte : Protestations massives contre la tentative de prise de pouvoir de Morsi. Pour une révolution socialiste !

    De grands mouvements de protestation ont eu lieu pour empêcher le président égyptien Morsi de s’attribuer de nouveaux pouvoirs et d’imposer une constitution islamique. Les manifestants ont notamment scandé ‘‘Le peuple veut la chute du régime’’. De grandes manifestations ont aussi eu lieu en faveur du président. La violence brutale a rappelé les méthodes de l’ancien président Moubarak, des casseurs pro-Morsi s’en prenant à des manifestants pacifiques avec l’appui des forces de l’ordre.

    David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    L’ébauche de constitution a été hâtivement rédigée à l’Assemblée Constituante après une réunion de 15 heures. Morsi a appelé à la tenue d’un référendum le 15 décembre pour approuver cette nouvelle constitution. Sa hâte est une réaction face à l’opposition massive qu’a suscitée sa tentative de prise de pouvoir. Il a à présent renoncé à interdire toute opposition légale à son autorité, mais ce n’est que partie remise jusqu’à la promulgation de sa nouvelle constitution. Après une décision de l’assemblée des juges selon laquelle ces derniers ne superviseraient pas le référendum, le Haute Commission Electorale a déclaré que ce référendum se déroulerait en deux étapes, les 15 et 22 décembre.

    L’ébauche de constitution contient de nombreux articles qui menacent toute future opposition. Elle déclare ‘‘qu’aucun individu ne pourra être insulté’’. L’ancien dictateur Moubarak avait utilisé de telles méthodes pour faire taire ses opposants. Les persécutions criminelles pour ‘‘avoir insulté le président’’ ont d’ailleurs augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de Morsi. Des journalistes ont notamment été emprisonnés.

    La nouvelle constitution autorise les citoyens à être jugés en cour martiale pour ‘‘crimes contre les forces armées’’. Les intérêts économiques de l’armée et ses pouvoirs restent d’actualité et hors de portée de tout contrôle démocratique, notamment concernant sa capacité d’établir son propre budget. Les travailleurs des entreprises appartenant à l’armée (qui contrôle directement une grande partie de l’économie égyptienne) pourraient être jugés en cour martiale pour faits de grève ou occupation d’entreprise. Cette loi était déjà en vigueur sous la dictature de Moubarak. Le 9 décembre, Morsi a donné à des officiers de l’armée le droit de procéder à des arrestations, limitant d’autant plus les droits acquis de haute lutte durant la révolte du 25 janvier 2011.

    Les droits accordés aux femmes sont vagues et laissés à la libre interprétation. Mais des femmes et des jeunes filles ont déjà été attaquées en public et se sont vu couper les cheveux de force pour avoir refusé de porter le voile en public !

    La police a acquis le droit de ‘‘conserver la morale publique’’, ce qui ouvre la voie à des restrictions des libertés civiles, dont le droit de rassemblement et la liberté d’expression, tout comme en Iran ou en Arabie Saoudite. Les 8 millions de chrétiens se sentent particulièrement menacés par de tels pouvoirs.

    Des attaques contre les travailleurs et les pauvres

    Cette constitution ouvre la voie à d’autres attaques contre les travailleurs et les pauvres. Le gouvernement a également négocié un prêt de 4,8 milliards de dollars avec le Fonds Monétaire International (FMI). En conséquence de l’accord et du budget d’austérité, les subsides sur le butane et l’électricité ont été réduits. Morsi a aussi annoncé des augmentations des taxes sur de nombreux services publics et divers biens de consommation. Quelques heures après cette annonce, il a toutefois décidé de reporter son plan pour avoir un ‘‘dialogue social’’. Une telle indécision suggère de grands clivages et divisions au sein même du gouvernement et du parti des Frères Musulmans. Les Frères Musulmans ont attaqué l’augmentation des taxes et exigé sa suspension. Ils craignent qu’une riposte de la population leur coûte la victoire lors du référendum. Signe d’un approfondissement de la crise politique, le ministre des finances, Mumtaz al-Said, a déclaré le 11 décembre que le prêt du FMI sera postposé à janvier 2013.

    La premier ministre Hisham Qandeel a déclaré que le gouvernement se devait d’améliorer ‘‘l’environnement des affaires (…) faire de l’Égypte une destination idéale pour les investissements directs venant de l’étranger.’’ L’élite riche qui se trouve à la tête des Frères Musulmans vise à profiter de la privatisation de larges pans des industries publiques.

    Tentative d’étranglement des syndicats indépendants

    Le décret n°97 vise à étrangler les syndicats indépendants qui émergent. Un seul syndicat sera toléré dans une entreprise, ce qui empêche de nouveaux syndicats indépendants de défier la Fédération Syndicale Égyptienne (FSE).

    Les membres exécutifs de la FSE de plus de 60 ans (la majorité) vont être remplacés par de nouveaux membres impsés par le ministre du travail (qui est membre des Frères Musulmans). Avant le 25 janvier 2011, 22 des 24 membres de la FSE étaient membres du Parti National Démocratique de Moubarak. Les Frères Musulmans comptent simplement remplacer les bras droits de Moubarak par les leurs.

    De nombreux partis d’opposition ont constitué le Front du Salut National, emmené par l’ancien dirigeant de la Commission de l’Énergie Atomique des Nations Unies Mohamed El-Baradei, l’ancien candidat aux présidentielles Amr Moussa (également ex-ministre de Moubarak), et Hamdeen Sabbahi, un nassériste de droite.

    Tout en protestant aux côtés du FSN et des autres opposants contre la tentative de prise de pouvoir de Morsi et contre sa constitution antidémocratique, les véritables socialistes doivent garder leur identité propre. Les programme et les précédentes actions d’El-Baradei, Moussa et des autres politiciens capitalistes ne peuvent ne sont en aucun cas une source d’inspiration pour ceux qui luttent contre les partis islamistes. Seule une opposition de classe est de nature à provoquer une rupture entre les masses et l’Islam politique.

    Les véritables socialistes doivent clairement se différencier des libéraux et des nationalistes bourgeois. Morsi manipule les craintes des adeptes des Frères Musulmans en leur faisant croire que l’opposition complote son accession au pouvoir à l’aide des forces pro-Moubarak. La gauche doit répondre aux accusations du régime de Morsi, selon qui les groupes de jeunes révolutionnaires sont des reliques du régime de Moubarak et manifestent aux côtés de hautes figures militaire, judiciaires et de la sécurité, du personnel de Parti National Démocratique et des membres du monde des affaires devenus riches sous Moubarak.

    Les travailleurs ont besoin de leur propre parti, basé sur des syndicats indépendants. Un programme socialiste de changement révolutionnaire de la société peut rassembler les travailleurs, les pauvres et les jeunes. Une constitution socialiste inclurait de véritables droits démocratiques pour tous, ainsi que la disparition de la pauvreté, de l’analphabétisme et du manque de logements, un enseignement et des soins de santé gratuits et de qualité, des pensions pour les personnes âgées et les handicapés, un salaire minimum décent,… Ce sont là des droits fondamentaux qui ne seront pas accordés par des politiciens capitalistes, qu’ils soient islamistes de droite ou membre d’antiques partis libéraux.

  • Tunisie : Grève générale le 13 décembre – La révolution tunisienne à la croisée des chemins

    Près de deux ans après l’immolation de Mohamed Bouazizi, les yeux de beaucoup de travailleurs et de jeunes se tournent une nouvelle fois vers la Tunisie

    La révolution tunisienne est entrée maintenant dans une phase décisive. L’appel à une grève générale nationale le 13 décembre par le syndicat historique l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) engage les travailleurs et les masses révolutionnaires dans la voie d’une confrontation ouverte avec le nouveau régime de la ‘Troïka’, dirigé par le parti de droite religieux Ennahda.

    Par des correspondants du CIO

    Un peu plus d’un an après la montée au pouvoir de ce parti, la colère de la population est immense, ainsi que le désir d’en découdre avec ce gouvernement d’usurpateurs et de vendus. « Le peuple veut la chute du régime », « Le peuple en a marre des nouveaux Trabelsi », « Gouvernement du colonialisme, tu as vendu la Tunisie », les slogans se répètent et se font écho aux quatre coins d’un pays las de la misère, du chômage de masse, du mépris et de la violence du nouveau pouvoir, ainsi que de sa politique économique néolibérale, de plus en plus clairement assimilée à celle de l’ancien régime.

    Cette grève s’inscrit dans un contexte où les tensions sont à leur comble, et où le gouvernement, fortement affaibli, est assis sur un baril de poudre. Depuis des mois et des mois, le pays vit au rythme presqu’ininterrompu des grèves -y compris un nombre incalculable de grèves générales localisées- des actes de désobéissance civile, des blocages de routes, des manifestations, des sit-ins et des émeutes.

    Les récents événements dans la ville de Siliana (Sud-Ouest de Tunis), épicentre d’une importante explosion sociale accompagnée d’une violente répression policière, ont contribué à précipiter la crise actuelle. Ils ne sont pourtant qu’un symptôme de ce qui couve dans tout le pays, et en particulier dans les régions plus pauvres de l’intérieur. Ces régions n’ont rien vu venir comme changement depuis la chute de Ben Ali, si ce n’est la couleur politique du parti qui organise leur misère et commande la flicaille qui leur tire dessus.

    Les cinq jours de grève générale qui ont pris place à Siliana ont obligé le gouvernement à lâcher un peu de lest sur une des revendications principales des habitants, à savoir le départ du gouverneur local, dans une tentative de désamorcer la crise et prévenir son extension. En parallèle, les négociations qui avaient lieu entre la fédération patronale l’UTICA et les syndicats, ont abouti à ce que le patronat concède une augmentation salariale de 6% dans le secteur privé.

    Ces deux épisodes ont contribué à construire une atmosphère de confiance et de victoire parmi d’importantes couches de travailleurs, face à une coalition gouvernementale plus divisée que jamais, et dont le soutien est en perte de vitesse vertigineuse.

    C’est dans ce contexte que le parti au pouvoir, humilié et blessé, a tenté un coup de force en envoyant ses milices par centaines, armées de bâtons et de couteaux, contre une manifestation tenue par des syndicalistes à Tunis, en commémoration du soixantième anniversaire de la mort de Ferhat Hached, le fondateur de l’UGTT.

    Cette provocation, qui a mené à plusieurs dizaines de blessés dans les rangs des syndicalistes, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle eut un effet électrifiant et fut rapidement suivie de manifestations spontanées de travailleurs et de jeunes, dans beaucoup d’endroits, exigeant que l’UGTT appelle à la grève générale.

    Dès le soir même, les sections régionales de l’UGTT de quatre gouvernorats stratégiques (Gafsa, la ville minière aux longues traditions militantes, Sfax, le poumon industriel du pays, Sidi Bouzid, berceau de la révolution du 14 janvier, ainsi que Kasserine, la ville qui a payé le plus lourd tribut en termes de martyrs durant la révolution) annonçaient des grèves générales régionales dans leur fiefs respectifs pour le jeudi 6 décembre.

    Le lendemain, la réunion exceptionnelle de la Commission administrative de l’UGTT, sous la pression de ses supporters et affiliés, décrétait la grève générale nationale pour le 13 décembre en réponse aux attaques perpétrées sur ses militants.

    Un nouveau chapitre

    Cette décision marque un point tournant dans la relation entre le pouvoir chancelant et le mouvement syndical tunisien, dont la force de frappe a peu d’égal dans la région, et dont la mobilisation des troupes avait déjà été décisive dans la chute du dictateur déchu Ben Ali. Strictement parlant, il ne s’agit que de la troisième véritable grève générale dans toute l’histoire du pays.

    La dernière eut lieu en 1978, comme point culminant d’une période de confrontation grandissante entre l’UGTT et le régime nationaliste de Bourguiba. Elle fut écrasée dans le sang par l’armée, menant à plusieurs centaines de morts, des milliers d’arrestations, et à une répression féroce contre la gauche dans la foulée.

    Dans la conscience collective de la classe ouvrière tunisienne, la grève générale est une affaire sérieuse. Dans le climat actuel, elle pourrait prendre des allures d’insurrection. Depuis des mois en effet, beaucoup de secteurs et de localités se sont retrouvés a se battre souvent isolés les uns des autres contre le pouvoir en place. La grève du 13 décembre offre pour la première fois l’opportunité d’une riposte coordonnée le même jour à l’échelle du pays tout entier. Incontestablement, elle sera vue par les masses comme un jour historique offrant une occasion unique pour une démonstration de force contre le gouvernement et ses valets et soutiens divers.

    L’appel à la grève générale par la direction de l’UGTT n’allait pourtant pas de soi. Depuis des mois en effet, la direction du syndicat a tergiversé avec le pouvoir, jouant le chaud et le froid, mariant une rhétorique occasionnelle de confrontation avec des propositions d’apaisement et de ‘dialogue national’. De ce fait, beaucoup de temps a déjà été perdu. « Les dirigeants syndicaux doivent nommer une date pour une grève générale de 24 heures », disions-nous déjà à la suite de la manifestation réussie du 25 février dernier, organisée par l’UGTT en réaction a une attaque ultérieure des milices d’Ennahda sur ses locaux.

    La même direction syndicale qui évoquait encore il y a quelques semaines la nécessité d’un consensus large impliquant toutes les forces politiques majeures du pays, a repris depuis le chemin des critiques acerbes à l’égard du pouvoir, sous la pression de sa propre base.

    Pour un plan de bataille sérieux qui s’inscrit dans la durée

    Pour faire de cette journée un succès, un sérieux plan de bataille est nécessaire, qui s’inscrit dans la durée et qui n’a pas peur d’identifier clairement les ennemis de la révolution et d’en tirer toutes les conclusions qui s’imposent.

    Cette grève doit être une étape décisive en vue de faire tomber ce gouvernement. Le pouvoir en place doit en effet être reconnu comme ce qu’il est : un gouvernement au service de la contre-révolution capitaliste, animé par la seule volonté de restaurer l’ordre au profit des exploiteurs privés, des propriétaires d’usines, des multinationales et des spéculateurs qui s’enrichissent sur le dos de la population.

    Pour atteindre ce but, le gouvernement est prêt a tout, y compris en ré-adoptant les méthodes de l’ancien régime, en tirant sur les protestataires à coups de chevrotine, en muselant les médias, ou en envoyant ses milices contre l’UGTT, sans laquelle pourtant ce pouvoir ne serait même pas la où il est.

    Deux ans après la révolution, les conditions de vie de la majorité sont, sous de nombreux aspects, pires qu’avant. Les prix des produits de base explosent, le chômage aussi, les patrons jettent des milliers de travailleurs à la porte et ferment les usines à la recherche de plus juteux bénéfices, tandis que le pouvoir non seulement s’engage à payer les dettes de l’ancien régime, mais contracte de nouveaux prêts vis-à-vis de créanciers internationaux, dont la note sera inévitablement présentée aux pauvres, aux chômeurs, aux travailleurs et à leurs familles.

    Inutile de dire qu’il n’y a absolument rien à attendre d’un gouvernement pareil. Les moralistes bien-pensants et représentants effarouchés des partis de pouvoir qui lèvent tous les yeux au ciel pour dénoncer l’acte ‘politique’ de l’UGTT n’y feront rien : ce gouvernement a perdu toute forme de légitimité, laquelle ne se mesure pas par une arithmétique électorale dépassée par les faits, mais par les faits eux-mêmes.

    Ces faits sont sans ambigüité : sans surprise, ce gouvernement a failli sur absolument toutes les revendications élémentaires de la révolution, et agit et légifère contre elle à chaque instant. Un tel gouvernement doit dégager. S’il ne veut pas quitter la scène, le mouvement révolutionnaire, et le mouvement ouvrier en particulier, en redéployant toute sa puissance, lui indiquera la porte de sortie. Si la grève du 13 n’est pas suffisante pour lui faire comprendre, une autre mobilisation générale devra lui succéder.

    Malheureusement, jusqu’à présent, la direction de l’UGTT s’en tient à des revendications d’ordre minimal pour la grève: elle exige la dissolution des milices au service d’Ennahda et leur traduction en justice. Au moment ou partout dans le pays, des manifestations exigent la chute du régime, ces revendications sont bien en-dessous de ce que la situation exige : demander à Ennahda de dissoudre ses propres milices demeurera un vœux pieu si on lui laisse les rênes du pouvoir entre les mains.

    De plus, le gouvernement, bien qu’affaibli, n’a pas encore dit son dernier mot. Si l’objectif de la grève manque d’ambitions, et ne s’inscrit pas dans une dynamique de luttes visant à arracher le pouvoir des mains de la contre-révolution afin de le transmettre à la révolution elle-même ; si l’élan enclenché fait place a des tergiversations sur la suite à donner au mouvement, ou à une nouvelle phase de tentatives de négociations avec le pouvoir, la contre-révolution pourrait tenter de reprendre l’initiative et s’engager dans une violente contre-attaque. Pour cela, Ennahda pourrait s’appuyer sur une partie importante de l’appareil d’Etat qui, bien qu’en désaccords ponctuels avec ce parti sur la marche à suivre, pourrait très bien trouver un terrain d’entente lorsqu’il s’agit de briser le coup de la révolution et de ‘neutraliser’ une UGTT par trop bruyante à son gout.

    Un succès initial de la grève pourrait forcer l’ennemi à battre en retraite pour un temps, mais s’accompagner ensuite d’un ‘retour de flamme’ par des actes de représailles et de violence vengeresse ciblant les symboles de la révolution et ses forces vives, à commencer par l’UGTT elle-même.

    C’est pourquoi l’enjeu du combat qui s’engage doit être saisi correctement. Les jours qui viennent doivent pouvoir permettre une préparation minutieuse de la grève. Des meetings de masse dans les quartiers, des assemblées générales sur les lieux de travail et dans les facs, doivent aider à construire un soutien massif et actif pour la grève partout dans le pays, et de discuter largement sur l’engagement de chacun et de chacune à en faire une réussite. Des comités d’action dans les quartiers, des piquets de grève volants, des services d’ordre aguerris et coordonnés entre eux, ainsi que des manifestations massives et disciplinées aideront à assurer le bon déroulement de la grève et à prévenir toutes attaques, provocations ou débordements.

    Pour un gouvernement des travailleurs et de la jeunesse révolutionnaire !

    Même avant l’annonce de la grève générale, le président de la République Moncef Marzouki avait cru bon de préciser lors d’un discours télévisé que « Nous n’avons pas une seule Siliana (…) j’ai peur que cela se reproduise dans plusieurs régions et que cela menace l’avenir de la révolution ». Une phrase qui en dit long sur l’incertitude et la panique qui traversent les rangs du pouvoir.

    Le spectre de la révolution qui a fait chuter Ben Ali effraie, dans le palais de Carthage et dans les ministères. En effet, l’UGTT occupe une place centrale dans le paysage tunisien, et est incontestablement la seule force organisée qui dispose d’un appui de masse dans la population tunisienne. Son appel à la grève générale a fait tomber les masques de tous ceux qui essaient de surfer sur le mécontentement populaire pour leurs propres intérêts opportunistes.

    Le chargé d’information du parti salafiste ‘Hizb Attahrir’ a par exemple émis un appel à condamner et à incriminer l’UGTT, qualifiant l’appel à une grève générale le 13 décembre de « saut vers l’inconnu », ajoutant aussi que l’UGTT a été du côté de Ben Ali jusqu’au bout, et niant un quelconque apport de la centrale syndicale a la révolution de janvier 2011.

    L’apport qu’aurait eu Hizb Attahrir à la révolution est une question tellement ridicule en soi qu’elle ne mérite même pas débat. Par contre, si la direction précédente de l’UGTT était effectivement mouillée jusqu’au coup à la dictature de Ben Ali, le syndicat, qui dispose de centaines de milliers de travailleurs dans ses rangs, n’en a pas moins fourni la colonne vertébrale des mobilisations révolutionnaires qui ont abouti à la chute de la dictature.

    Et c’est aujourd’hui vers la restauration d’une dictature, bien que sous un vernis idéologique différent, que la trajectoire d’Ennahda se dirige, lentement mais surement. Déjà, la torture a repris du service, les milices ont pignon sur rue, les procès politiques se multiplient, la corruption pullule, et les masses souffrent, encore et toujours.

    Le temps d’en finir avec ce pouvoir est maintenant venu, et ca, les masses l’ont bien compris. La grève générale, qui couvait depuis des mois, est l’arme la plus puissante dont dispose la classe ouvrière dans son arsenal. De sa réussite et de ses suites dépendent rien de moins que le sort de la révolution et le futur du pays.

    Même la Confédération Générale Tunisienne des Travailleurs (CGTT), un petit syndicat formé après la révolution et qui réclame quelque 50.000 membres, a déclaré jeudi dernier qu’il était en « pleine solidarité » avec l’UGTT. Le syndicat des agents et cadres de l’assemblée nationale constituante (ANC) relevant de l’UGTT a décidé quant à lui d’observer une grève du 11 au 13 décembre pour témoigner de son refus “des nominations partisanes” et de la tentative de la Troika de s’ingérer  dans l’administration. Ce genre d’exemples illustre à quel point si la force des travailleurs, tous secteurs confondus, est mobilisée dans toute sa puissance, le pays peut s’arrêter de tourner du jour au lendemain, et le pouvoir ne tenir plus qu’à un fil.

    Déjà, les grèves générales régionales le 6 décembre ont vu une participation massive, avec par exemple 95% de participation dans le gouvernorat de Gafsa, selon les chiffres donnés par l’UGTT. Dans tous les gouvernorats concernés, les différentes villes et localités étaient largement paralysées, avec une proportion très importante d’institutions publiques et privées complètement fermées.

    Cela donne une indication du caractère potentiellement explosif que la grève générale du 13 décembre pourrait acquérir. Malgré que la direction nationale de l’UGTT essaie d’en limiter l’impact, cet appel en soi a ouvert une brèche dans laquelle les masses pourraient s’engouffrer, avec la possibilité que ce mouvement échappe en partie au contrôle et au cadre que ses dirigeants veulent lui donner.

    Tous les politiciens et les capitalistes savent qu’une chute du gouvernement actuel ouvrirait un nouveau chapitre pour la révolution tunisienne. En démontrant une fois de plus la force des travailleurs et du mouvement de masses, un tel développement s’accompagnerait d’une nouvelle poussée revendicative et de répercussions dépassant les frontières tunisiennes.

    Najib Chebbi, du parti ‘Al Joumhouri’, dont le parti n’a visiblement plus d’autre ambition que de servir de rustine à la bourgeoisie lorsqu’elle en a besoin, n’exprime pas autres chose lorsqu’il demande à Ennahda de faire des « excuses publiques » à l’UGTT. Tous savent qu’une grève générale crée les conditions objectives pour une possible chute du pouvoir en place. Le pouvoir est déchiré comme jamais, et la grève du 13 pourrait lui donner le coup fatal.

    Le moment est en ce sens historique : la contradiction entre la possibilité pour l’UGTT, vu le poids qu’elle a dans le mouvement ouvrier tunisien, de prendre le pouvoir d’une part, et le manque de volonté de sa propre direction à le prendre effectivement entre les mains, d’autre part, pourrait être posée dans les prochaines journées et semaines de manière plus aigue que jamais.

    La tournure des événements pourrait même forcer la classe dominante, dans le contexte d’une impasse politique structurelle, à tenter de composer un nouveau gouvernement impliquant des représentants de la direction de l’UGTT. Dans ce contexte, il est crucial que les leçons du passé récent soient tirées : si tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la chute de Ben Ali ont été incapables de répondre aux besoins des masses et à leurs aspirations révolutionnaires, la raison en est simple : tous ont agi avec la volonté, affichée ou inavouée, de défendre les intérêts du capital contre ceux du travail, les profits des actionnaires et des investisseurs -qui n’investissent pas- plutôt que les besoins sociaux criants de la population. Dans le contexte de la crise historique et globale du capitalisme, la possibilité pour une amélioration durable quelconque des conditions de vie de la population est complètement illusoire.

    C’est pourquoi la seule solution réside dans la préparation stratégique des masses travailleuses à la prise du pouvoir politique et économique. Les travailleurs doivent refuser avec obstination tout accord gouvernemental entre des représentants de la gauche et du mouvement ouvrier avec des forces ou des politiciens pro-capitalistes, quelles qu’ils soient.

    En ce sens, le Front Populaire (=une coalition de partis d’extrême-gauche et nationalistes arabes), qui joue un rôle de premier plan dans les mobilisations actuelles, a une responsabilité première à formuler un programme d’action et une stratégie qui maintiennent une indépendance totale vis-à-vis de la classe capitaliste et de ses partis.

    Malheureusement, les formules ambigües formulées par certains dirigeants du Front, évoquant «un gouvernement de crise» sans en préciser le contenu politique et économique, atteste de la réticence manifeste de ces derniers à appeler un chat un chat.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) pense que l’UGTT, en tant que la plus grosse organisation ouvrière du pays, doit encourager les travailleurs à exercer le pouvoir en leurs noms, assistée en ce sens par l’UDC et par les organisations de gauche et populaires qui partagent ce but. Pour qu’une telle opération ne soit pas le prélude à une démoralisation et à une désillusion massive dans les rangs des masses révolutionnaires, dont certains flancs de la réaction (police, armée salafistes, milices du pouvoir) risqueraient de profiter par la suite, un tel gouvernement devra user de l’élan révolutionnaire ainsi créé pour s’attaquer sans tarder au système économique capitaliste actuel, lequel produit la pauvreté, le chômage, la vie chère et les bas salaires dans l’unique but d’enrichir toujours plus une clique de parasites qui possèdent et contrôlent les moyens de production.

    Seul un programme socialiste, organisant les travailleurs, la jeunesse et les pauvres en vue de la saisie des grandes propriétés, la nationalisation des banques et des multinationales, la réquisition des entreprises qui ferment et licencient, le refus de payer la dette, et la mobilisation rationnelle, démocratique et planifiée de toutes les ressources du pays en vue de répondre aux besoins sociaux, pourra offrir un avenir décent à la hauteur des sacrifices effectués.

    • Bas les pattes de l’UGTT ! Pour la défense de l’expression syndicale et du droit de grève
    • Ennahda dégage ! Grève générale en vue de la chute du gouvernement !
    • Pour la constitution et la généralisation de comités d’action partout dans le pays pour préparer la grève et ses suites
    • Pour une lutte soutenue jusqu’à un gouvernement révolutionnaire des travailleurs et de la jeunesse, appuyé par l’UGTT et les organisations populaires
    • Pour la nationalisation immédiate des secteurs stratégiques de l’économie sous le contrôle des travailleurs
    • Solidarité avec nos frères et sœurs d’Egypte dans leur lutte
    • Pour le socialisme démocratique, pour la révolution internationale.
  • Egypte : Le ''décret constitutionnel'' du président Morsi provoque des manifestations de colère

    La classe ouvrière a besoin de son propre parti

    Les élections parlementaires de novembre 2010, sous l’ancien président Hosni Moubarak, avaient tellement été truquées que son parti avait remporté 81% des sièges. Huit semaines plus tard, le soulèvement massif conduisait à son renversement. En novembre 2011, la jeunesse révolutionnaire opposée à la poursuite du règne du Conseil Suprême des Forces Armées (mis en place par Moubarak) a été brutalement attaquée par les forces de sécurité. Aujourd’hui, en novembre 2012, ils renouvellent les manifestations et les affrontements avec les forces de sécurité dans les rues du Caire et d’autres villes. Cette fois, le déclencheur a été la déclaration constitutionnelle faite par le Président Mohamed Morsi ce jeudi 23 novembre.

    David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    La déclaration de Morsi provoque rapidement une opposition

    Quelques heures après la médiation du cessez-le-feu à Gaza entre le Hamas et le gouvernement Israélien, glorifié par les dirigeants du monde entier, Morsi a déclaré qu’il était ”autorisé à prendre toute mesure qu’il juge adéquate pour préserver la révolution, préserver l’unité nationale ou sauvegarder la sécurité nationale.” Aucune décision présidentielle prise depuis le 30 juin (quand Morsi a pris ses fonctions) ne pourrait donc être infirmée ni par une Cour, ni par l’assemblée constituante, qui ébauche une nouvelle constitution, ni par la chambre haute du parlement (le Conseil Shura).

    Ces deux organismes sont dominés par les Islamistes politiques de droite du Parti Liberté et Justice de Morsi (les Frères Musulmans) ou du Parti Nour (les Salafistes) encore plus conservateurs. Ces dernières semaines, les membres chrétiens et libéraux de l’assemblée constituante en sont sortis, déclarant que les propositions constitutionnelles de la majorité sont antidémocratiques. Morsi a annoncé de nouveaux procès pour Moubarak et ses sbires récemment acquittés des meurtres organisés des manifestants de l’insurrection du 25 janvier 2011. Le procureur général, qui est aussi un survivant de l’ancien régime, a été destitué.

    Dans les heures qui ont suivi l’annonce de Morsi, des milliers de personnes ont manifesté sur la place Tahir, dont beaucoup de supporters de foot, en scandant ”A bas Mohamed Morsi Moubarak” et ”le peuple veut renverser le régime”. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes, des grenailles et des pierres, et les manifestants ont mis en place des hôpitaux de fortune, dans des scènes qui rappellent les combats de rue de 2011.

    Ce 24 novembre, des centaines de juges ont manifesté avec les mêmes slogans. Certains tribunaux sont entrés en grève et d’autres pourraient suivre. La direction de l’association des avocats a dit aux juges : ”le destin du pays est entre vos mains à présent. Si vous décidez de faire grève, nous ferons grève. Si vous décidez de faire un sit-in, nous vous rejoindrons.”

    Pendant les dernières années de Moubarak, beaucoup de juges critiquaient le trucage des élections. Beaucoup reflètent le point de vue des opposants libéraux de la classe moyenne aux Frères Musulmans, bien que d’autres espèrent un retour de l’ancien régime, sous lequel ils ont prospéré. Une autre partie des juges soutient Morsi. Les scissions dans l’appareil judiciaire sont un signe de divisions plus larges en Égypte. Les actions en bourse ont chuté de 10% ce dimanche 25 novembre.

    Des divisions apparaissent chez les Frères Musulmans

    Les Frères Musulmans ne sont pas à l’abri de telles divisions. Il a été rapporté que le président du Conseil Shura a critiqué l’annonce de Morsi (bien qu’il l’ait nié par la suite), alors qu’il est un des dirigeants des Frères Musulmans, et le ministre de la justice a dit avoir des réserves sur l’annonce du président.

    Il semblerait que Morsi puisse reculer devant la force de l’opposition plutôt que de risquer une montée de la confrontation dans les rues. Ce vendredi 23 novembre, une déclaration des Frères Musulmans a appelé à des marches le dimanche 25 et à une ”marche d’un million” le mardi 27, en soutien à Morsi. Mais le dimanche, le Parti Liberté et Justice a sorti une déclaration plus conciliante, disant qu’il ”est impatient d’avoir un dialogue avec tous les partis et forces politiques et les groupes sociaux et mouvements en ce qui concerne la situation actuelle et le projet (…), une opportunité pour obtenir le consensus souhaité, afin de remplir les espoirs et les aspirations de tout le peuple Egyptien”. Et le lundi, leur ”marche d’un million” a été annulée.

    La répression contre les médias augmente. Plus tôt ce mois-ci, Dream TV (une chaîne privée) a reçu l’ordre d’arrêter sa diffusion (en dehors des émissions de sport et de divertissement). Elle avait un long passé de critique des régimes ancien et actuel. A présent, un tribunal a temporairement annulé l’interdiction. Une autre chaîne de télé qui soutenait l’ancien régime a aussi été fermée. Un éditeur de journal est en attente de son procès, accusé d’insulte envers le nouveau président. Ce dimanche, une réunion du syndicat des journalistes a menacé de faire grève en réponse aux mesures de Morsi.

    Le mouvement ouvrier grandit – Morsi prépare la répression

    La tentative de Morsi de renforcer ses pouvoirs montre son anxiété devant les défis à venir. Sa lune de miel au pouvoir est finie. Si beaucoup soutiennent encore Morsi, cela est surement stimulé par sont rôle de médiation à Gaza. Trois millions de travailleurs en Egypte sont maintenant organisés dans 800 syndicats indépendants (contre quatre syndicats indépendants avant l’insurrection de 2011). Deux mille dockers de Ain al-Sokhna employés par DP World (propriété du gouvernement de Dubaï) ont fait grève en octobre, dont 800 occupaient le port en se relayant, le mettant à l’arrêt. Ils protestaient contre le licenciement de huit syndicalistes et ont réussi à forcer l’entreprise à reculer. Cadbury, Suzuki Motors, Pirelli Tyres et d’autres multinationales ont toutes licencié des syndicalistes.

    Le 14 novembre, les travailleurs du métro du Caire sont partis en grève, revenant 4 heures plus tard, après que le président de l’entreprise ait accepté de démissionner et que des négociations salariales aient été acceptées. Les dirigeants des grévistes ont été convoqués par les forces de sécurité et accusés d’entraver le travail, mais ils ont averti que les travailleurs repartiraient en grève s’ils étaient malmenés.

    Après beaucoup de grèves et de manifestations ces derniers mois, Morsi a pris un ton menaçant : ”dans la nouvelle loi, il n’y a aucune place pour les blocages de routes ou l’obstruction à la production”. Le gouvernement rend l’organisation de syndicats indépendants plus difficile. Il veut renforcer la Fédération Syndicale Egyptienne appuyée par l’Etat, en remplaçant les dirigeants de l’ère Moubarak par de nouveaux dirigeants.

    Un prêt du FMI avec obligations

    Le Fond Monétaire International vient d’approuver un prêt de 4 ,8 milliards d’euros pour aider le déficit budgétaire Egyptien qui augmente. Par peur d’autres mouvements révolutionnaires, ”il y a un désir international d’aider à stabiliser le règne de Mohamed Morsi et de prévenir de chocs économiques qui pourraient provoquer des troubles dans les nations les plus peuplées du monde arabe”. (Financial Times, 24/11/12)

    Le prix de ce prêt est un programme de ”réformes” de 22 mois, qui vise en particulier à couper les subventions sur l’énergie, qui représentent 20% du budget. Des millions de personnes dépendent du carburant subventionné pour cuisiner, se chauffer ou pour le transport. Un porte-parole du FMI a déclaré : ”Etant donné l’ampleur [des subventions], cela prendra plusieurs années de les réduire. Pour que la population s’approvisionne et pour protéger ceux qui sont dans le besoin, l’argent économisé ne peut pas être utilisé exclusivement pour réduire le déficit mais doit aussi consolider les dépenses sociales nécessaires.”

    Le coût de la nourriture continue d’augmenter, ce qui cause de grandes difficultés. Tous les problèmes de l’époque de Moubarak restent – dont la pénurie d’emplois et de logements, les soins de santé inadéquats, le harcèlement sexuel envers les femmes, les coupes dans l’électricité et l’eau, les routes et les transports publics surchargés et mal entretenus.

    Plus de 50 jeunes enfants ont été tués en allant à l’école lorsque leur bus a été percuté par un train le 17 novembre – la dernière de nombreuses tragédies en Egypte, où la sécurité déplorable prend des vies innocentes. Les infrastructures continuent de se détériorer, sans avoir été transformées par les soulèvements révolutionnaires en deux ans. Le premier ministre a été chassé de l’hôpital qu’il visitait par des membres des familles.

    Pour une organisation indépendante de la classe ouvrière avec un programme socialiste

    Les travailleurs ont besoin de continuer à construire leurs propres syndicats indépendants. Un parti de masse des travailleurs est aussi nécessaire pour rassembler les militants ouvriers, jeunes et des communautés impliqués dans la lutte. Bien qu’il soit juste de marcher ensemble avec les forces libérales en opposition aux mesures antidémocratiques de Morsi, les organisations ouvrières ont besoin d’une identité et d’un programme indépendants.

    Il y a moins de 6 mois, les Socialistes Révolutionnaires (liés à la Tendance Socialiste Internationale) ont appelé à soutenir Morsi au second tour de l’élection présidentielle pour faire perdre Ahmed Shafiq, le candidat de l’ancien régime. Ils ont écrit à propos de ”l’erreur de ne pas faire de distinction entre le réformisme des Frères Musulmans et le ”fascisme” de Shafiq” (Déclaration du 28 mai). Quelle sorte de ”réformisme” Morsi montre-t-il à présent, en négociant avec le FMI et en essayant de se mettre au-dessus de toute contestation démocratique ?

    Les Socialistes Révolutionnaires disent à présent que le régime des Frères Musulmans et les survivants de l’ancien régime sont ”deux faces de la même pièce… Nous disons à Morsi : vous et votre organisation êtes les vraies menaces contre la révolution, puisque vous acceptez les hommes d’affaire de Moubarak, courrez après les prêts du FMI, menacez l’unité nationale et vendez la révolution” (23 novembre 2012).

    De tels revirements, sans analyse des positions erronées passées, provoquent la confusion plutôt que la clarification. Qui les Socialistes Révolutionnaires incluent-ils dans leur ”unité nationale” ? Est-ce la même ”unité nationale” dont Morsi parle dans sa déclaration ?

    Ce qui est crucial aujourd’hui, c’est l’unité entre les travailleurs, les pauvres et les jeunes autour d’un programme de changement socialiste démocratique. Une deuxième révolution est nécessaire pour gagner de réels droits démocratiques sur la durée, et pour faire passer toutes les principales entreprises et les banques dans la propriété publique, sous contrôle réellement démocratique.

    Les richesses de l’Egypte pourraient alors être utilisées de manière planifiée au profit de tous, pour mettre fin aux désastres tels que l’accident de train le 17 novembre. Une Egypte socialiste inspirerait une nouvelle vague de révolution socialiste démocratique dans la région.

  • Plus jamais de massacre à Gaza !

    Stop à la terreur d’Etat israélienne !

    Depuis le début de l’opération ‘‘Pilier de Défense’’, 155 Palestiniens et 5 Israéliens ont été tués. L’actuel cessez-le-feu dans la bande de Gaza représente évidemment un soulagement. Mais de nouveaux bains de sang sont malheureusement inévitables à moins d’opérer un changement fondamental dans la région, pour les intérêts de la classe ouvrière et des pauvres de toute la région : un changement de système.

    Des hommes, des femmes et des enfants d’un bout à l’autre de la bande de Gaza ont été victimes d’une terreur abjecte alors que la zone était bombardée depuis le ciel et la mer. Au-delà des morts et des blessés, les 1,7 millions d’habitants ont été traumatisés. Les milices et leurs équipements n’ont pas été seuls à être visés, le QG du gouvernement, les postes de police et les stations de télévision ont aussi eu à subir des attaques, et qu’importe même la présence d’enfants ! Ainsi, une famille de 11 personnes a été décimée dans l’explosion qui a ravagé leur maison, parmi lesquels 4 enfants.

    Seule une minorité d’habitants de Gaza possède un abri anti-bombes. Ils ne sont nulle part en sécurité. Le plus grand hôpital est à court de nombreux médicaments essentiels, de lits et d’équipement de base alors que qu’il y a également une pénurie d’énergie.

    La plupart des médias capitalistes internationaux ont blâmé les attaques de roquettes palestiniennes contre Israël afin de justifier l’offensive contre Gaza. Ils ne faisaient guère que rendre écho aux discours de dirigeants tels que Barack Obama, lui-même responsable d’atrocités en Afghanistan et ailleurs, qui ont accusé les dirigeants du Hamas du massacre perpétré par Israël en disant à peine un mot sur les dirigeants israéliens.

    On a entendu peu de voix s’élever pour dire que l’armée israélienne inflige à la population palestinienne des territoires occupés une répression brutale et quotidienne, quasiment depuis toujours. Ainsi, entre les trois semaines de l’opération ‘‘Plomb durci’’ dans la guerre de Gaza de 2008-2009 (qui avait causé la mort de 1315 Palestiniens) et le début de cette dernière offensive, 319 autres Palestiniens avaient été tués. Même si toute mort est tragique, le nombre de Juifs israéliens tués par des Palestiniens est bien plus bas : 13 sont morts durant l’opération ‘‘Plomb durci’’ et 20 entre les deux offensives. Une semaine encore avant que Benjamin Netanyahu ne décide d’accroître la violence d’Etat le 14 novembre dernier, 7 avaient été tués par les forces israéliennes et 52 blessées.

    L’offensive terriblement brutale qui a alors été enclenchée a été un cauchemar pour les habitants de Gaza qui n’apportera ni la paix ni la sécurité à la population israélienne. Cette attaque a été provoquée par la soif de pouvoir de Netanyahu et de ses ministres, qui espéraient augmenter leur soutien en vue des prochaines élections législatives. L’invasion de 2008-2009 s’était elle-aussi déroulée en période pré-électorale.

    Le Mouvement de Lutte Socialiste, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Israël/Palestine, a participé aux manifestations anti-guerre en Israël a appelé à la fin immédiate du massacre ainsi qu’à la destitution de ce gouvernement israélien de droite ‘‘ami des grandes entreprises et des colonies’’.

    • Plus de massacre à Gaza ! Manifestons notre refus !
    • Stop au blocage de Gaza. Ouverture de la frontière Gaza-Egypte.
    • Pour un retrait immédiat de l’armée israélienne du territoire palestinien.
    • Pour une lutte de masses des Palestiniens, sous leur propre contrôle démocratique, pour lutter pour une véritable libération nationale.
    • Pour la construction d’organisations indépendantes de travailleurs en Palestine et en Israël.
    • Pour une lutte destinée à renverser les gouvernements capitalistes et à installer des gouvernements représentatifs des travailleurs et des pauvres, des gouvernements qui mettront fin à l’oppression, défendront les droits démocratiques de tous, y compris les minorités, et détruiront le capitalisme et l’impérialisme. 
    • Pour l’instauration du socialisme démocratique en Palestine, à Israël, et tout le Moyen-Orient.
  • Les dirigeants israéliens sèment carnage et terreur pour servir leurs propres intérêts

    ‘‘Nul pays au monde ne tolérerait que des missiles pleuvent sur ses citoyens de par delà les frontières’’, a déclaré Obama, en soutien à Israël pour le bombardement de Gaza, des paroles qui déformaient délibérément la réalité qui est que la bande de Gaza est sous l’occupation brutale du régime israélien.

    La situation est pire encore que ce que le mot ‘‘occupation’’ laisse présager. Gaza n’a absolument aucun contrôle sur ses frontières ou sur son commerce extérieur. Le territoire tout entier a été condamné à une pauvreté terrible suite à son blocage par l’armée et la flotte israélienne depuis six ans maintenant. La bande de Gaza a été victime d’incursions militaires régulières, de meurtres, d’agressions et d’emprisonnements arbitraires.

    Dans le reste des territoires palestiniens occupés (essentiellement la Cisjordanie), le gouvernement israélien a poursuivi une politique de destruction des maisons et des vergers palestiniens afin de faire de la place pour les colons juifs et pour l’infrastructure d’État israélienne ainsi que pour empêcher la création d’un État palestinien.

    Alors qu’ont estime que les milices palestiniennes à Gaza représentent 35.000 personnes équipés d’armes et de missiles de contrebande, Israël possède une armée de 175.000 soldats, avec 45.000 autres en réserve, avec une aviation, des hélicoptères, des drones, des tanks, et d’autres armes et bombes hypersophistiquées. Israël possède également des intercepteurs de missile ‘‘Iron Dome’’ qui identifient et détruisent en plein vol la plupart des missiles palestiniens.

    Nous ne voulons pas fermer les yeux sur les attaques portées contre Israël. Elles causent parfois la mort de victimes innocentes, et en blessent d’autres. Certaines attaques ont presque atteint les zones de Tel Aviv et de Jérusalem, et elles ne servent en rien la cause palestinienne. Mais utiliser ces attaques pour justifier le massacre d’envergure contre les habitants de Gaza à l’aide d’armes high-tech est une tentative de cacher les véritables intentions des dirigeants israéliens et celles de leurs amis des classes dirigeantes du monde entier.

    Le cessez-le-feu

    L’opération ‘‘Pilier de défense’’ a semé la mort et la terreur à Gaza. Elle a mobilisé plus de troupes que l’opération ‘‘Plomb durci’’ de 2008-2009. Le ministre des affaires étrangère Avigdor Lieverman a expliqué que ‘‘cette fois’’, l’invasion terrestre devrait être menée ‘‘jusqu’au bout’’, contrairement à la dernière fois. Les puissances mondiales et régionales ont toutefois fait pression pour l’instauration d’un cessez-le-feu afin d’éviter une invasion terrestre. Obama s’est juste contenté de dire qu’il serait ‘‘préférable’’ d’éviter une invasion terrestre. Mais la décision du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’accepter un cessez-le-feu n’est pas venue des suites des pressions internationales, mais d’un sondage israélien qui indique que même si 80% de la population approuve les bombardements, seuls 30% d’entre elle cautionnerait une invasion.

    Le gouvernement déclare qu’il est de son devoir de stopper les attaques de missiles de Gaza. C’était aussi le but déclaré du massacre de 2008-2009, mais cela a échoué, et cette offensive est vouée au même sort. Nulle démonstration de force n’empêchera les habitants de Gaza de résister à l’occupation et à lutter pour rendre leurs vies plus tolérables. En plus de l’échec de la brutalité militaire, si les choses se poursuivent ainsi, les victimes en Israël vont se faire plus nombreuses, ce qui conduira à une remise en question et à une opposition à la guerre au sein même d’Israël.

    De plus, la colère et la condamnation du massacre de la part de la population de tout le Moyen-Orient et à travers le monde va croître en parallèle avec le nombre de victimes en Palestine. Certains stratèges occidentaux craignent qu’une conséquence au désir des dirigeants israélien de détruire le Hamas soit le soutien indirect à d’autres milices palestiniennes, comme la Jihad Islamique, le partenaire favori du régime iranien à Gaza.

    En réalité, bien que le Hamas lance de manière périodique des missiles sur Israël, et continue de le faire actuellement, il a à plusieurs reprises tenté d’imposer un cessez-le-feu à ses propres milices et à d’autres, afin de consolider son contrôle de la bande de Gaza en négociant avec Israël une certaine relâche de la répression et de la privation.

    Peurs et objectifs de Netanyahu

    Peu après la chute de missiles israéliens le 14 novembre, qui a tué le dirigeant militaire du Hamas Ahmed Jabari lors des premiers assauts, un accord de cessez-le-feu avait été conclu par Jabari. Mais Netanyahu et sa clique avaient d’autres plans en tête. Cela ne veut pas dire que la stratégie de Netanyahu est soutenue par toute la haute société israélienne, car il y a eu de nombreux avertissements du contraire et des dissensions ouvertes. Efraim Halevy, ancien dirigeant de l’agence d’information du Mossad, s’est ainsi distancé des attaques et a écrit : ‘‘Il est impératif qu’Israël contribue a un plan décidé par l’Egypte et soutenu par les Etats-Unis pour la région’’.

    Mais Netanyahu a depuis longtemps préparé la voie à une possible attaque militaire contre l’Iran et est maintenant délibérément passé à la vitesse supérieure dans le conflit national. De la pure folie, menée avec au cœur la volonté de servir intérêts de l’impitoyable classe capitaliste. Cette dernière craint que le Hamas aient de nouveaux alliés dans la région suite à la victoire des islamistes en Egypte et en Tunisie, et au soutien croissant de la Turquie. Il y a quelques semaines l’émir du Qatar avait aussi visité Gaza et y a investi 400 millions de dollars, ce qui a renforcé la position du Hamas. L’élite du Qatar tente de développer sa propre influence régionale, notamment en profitant de la détresse des Palestiniens. Cela a été encouragé par le dirigeant du Hamas, Khaled Meshaal, qui s’est soustrait à l’aide du régime d’Assad en Syrie où il était basé, afin de s’installer à Doha, au Qatar.

    Le président égyptien Mohamed Morsi, des frères musulmans, ne veut pas faire ouvertement affronter l’élite égyptienne et veut garder le soutien des Etats-Unis et de l’Union Européenne et donc éviter tout conflit avec Israël. Il a donc collaboré avec des agences de sécurité israéliennes au blocage de Gaza et du Sinaï. Mais la population égyptienne en colère fait pression sur lui pour soutenir Gaza. Les dirigeants israéliens sont très inquiets à propos d’autres évènements dans la région, particulièrement concernant la Syrie et ses répercussions au Liban.

    Il y a également eu des grèves, des manifestations et des émeutes contre le régime jordanien, un autre voisin d’Israël. Les capitalistes israéliens ne veulent pas que cette rébellion et les précédents soulèvements dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’inspirent les palestiniens des territoires occupés, ou ceux d’Israël, à se battre massivement aux côtés de la classe ouvrière israélienne. De plus, la réélection d’Obama n’a pas été de bon augure pour Netanyahu, qui ne veut pas se voir forcé d’entamer un processus de paix avec les Palestiniens. Il y a encore la tentative d’adhésion à l’ONU de la part de l’Autorité Palestinienne.

    Mais la véritable raison du timing de cette attaque réside dans la tenue des prochaines élections en janvier, si elles ne sont pas reportées. Les deux partis de droite menés par Netanyahu et Lieberman veulent accroître leur nombre de sièges à la Knesset (le parlement). Ces deux partis ont donc joint leurs forces, mais des sondages après l’attaque sur Gaza n’ont pas révélé le soutien auquel ils s’attendaient. Cette attaque leur est toutefois bénéfique dans la mesure où elle distrait les Israéliens en leur faisant penser à autres choses qu’aux coupes budgétaires et à la diminution de leurs conditions de vie. De plus, elle donne une impression de consolidation de la Défense. La population d’Israël est sujette à une propagande massive de la part du régime, qui développe qu’il s’agit de la seule manière d’améliorer la sûreté du pays. Mais une minorité importante se rend bien compte que l’armée ne garantit pas sa sécurité, et une partie de cette minorité participe à des manifestations anti-guerre au sein même de l’Etat d’Israël.

    Des organisations pour les travailleurs

    Le cessez-le-feu, même s’il est un soulagement, ne répond pas aux aspirations des Palestiniens, pas plus que toute autre négociation de paix. Les dirigeants capitalistes des deux côtés de la frontière n’ont aucun programme allant dans cette direction, ni aucune solution pour mettre fin aux bains de sang.

    Pour les Palestiniens, ni le Hamas, une organisation islamique de droite, ni la direction du Fatah en Cisjordanie n’ont une stratégie viable pour mettre fin à l’occupation ou fournir des conditions de vie décentes. Au lieu de cela, les masses palestiniennes ont besoin de construire leurs propres organisations démocratiques pour organiser la défense et prendre des mesures offensives basées sur la lutte de masse, contre le blocus et la privation de terres.

    En Israël, suite au mouvement social sans précédent ayant impliqué des centaines de milliers de personnes en 2011, il faut un nouveau parti des travailleurs pour concrétiser les attentes du mouvement – des services, salaires et logements décents, etc.

    C’est par la construction de nouveaux partis de masse des travailleurs dans la région que les capitalistes pourront être jetés dehors, et que des idées socialistes pourront prendre racine. Telle est la route vers la construction de deux États socialistes : une Palestine socialiste et un Israël socialiste en tant que partie d’une confédération socialiste de Moyen-Orient, pour jeter les bases d’un futur libéré de la guerre, de la terreur et de la pauvreté.

  • Gaza : Non à la terreur d’Etat Israélienne !

    Il faut infliger la défaite à l’offensive électorale désespérée de Netanyahou, Lieberman et Barak

    Le gouvernement Israélien a déclaré que son assaut brutal contre la Bande de Gaza, l’opération ”Pilier de Défense” sera une ”large campagne”. Il menace d’un ”conflit prolongé”. Au nombre des attaques se trouve l’assassinat du dirigeant militaire du parti islamiste Hamas, Ahmed Jabari, tandis que de nombreux Palestiniens sont morts des suites de la terrifiante pluie de missile.

    Par des correspondants du CIO

    Le gouvernement Israélien a tourné le dos à l’accord de cessez-le-feu qui avait été négocié pour arrêter les attaques militaires des deux côtés. Les assassinats de Palestiniens par les forces armées israéliennes de ces derniers mois ont joué un rôle central dans l’escalade du conflit dans le Sud d’Israël et à Gaza. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que des gouvernements déclare considérer que la responsabilité principale du conflit revient au Hamas à cause des tirs de roquettes depuis Gaza. Ils se préparent clairement à reproduire le silence qui a caractérisé les puissances occidentales lors des précédents assauts du régime israélien contre Gaza, en 2008 et 2009.

    ”Je suis responsable de notre choix d’exiger le tribut le plus lourd” a déclaré le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou. Les Palestiniens craignent une répétition des bombardements et de l’invasion de Gaza connus lors de l’Opération Plomb Durci, quand 1400 personnes ont été massacrées, dont 314 enfants. Des signes alarmants indiquent qu’une invasion du terrain est considérée, car les congés des soldats israéliens ont été annulés et des réservistes ont été rappelés.

    En plus du nombre effroyable de Palestiniens morts ou blessés, des civils israéliens ont été tués dans la ville Israélienne de Kiryat Malakhi quand leur immeuble a été touché par un missile palestinien. Netanyahou et sa clique savaient pertinemment que leur assaut conduirait à ce genre de riposte. Mais leur but n’a jamais été d’encourager la paix et la sécurité pour les Israéliens ou pour les Palestiniens, mais de servir leurs propres intérêts.

    La recherche de voix

    Dans une déclaration émise le 14 novembre, le Mouvement de Lutte Socialiste (la section du CIO en Israël/Palestine) a expliqué qu’un facteur-clé dans le choix du moment de l’assaut est la volonté du gouvernement d’accroître son soutien en vue des élections législatives prévues en janvier. Le gouvernement prétend fortifier la sécurité d’Israël. Ces dernières semaines, les sondages ont montré que Likud Beytenu, le nouveau parti fusionné formé par Netanyahou et Lieberman, perdait du soutien.

    Le Mouvement de Lutte Socialiste a déclaré : ”le gouvernement capitaliste de Netanyahou fait des efforts désespérés pour changer le planning des élections prévues en janvier afin de marginaliser les problèmes sociaux explosifs, dont Lieberman dit qu’il est ”malade d’en entendre parler”. Les assassinats opérés par le gouvernement israélien ces derniers mois ont joué un rôle central dans l’escalade des conflits dans le Sud et à Gaza.

    ”La décision du gouvernement de maximaliser les menaces d’actions militaires de représailles ainsi que les menaces d’actions punitives contre l’Autorité Palestinienne [de la Cisjordanie], font partie de la campagne électorale des politiciens nationalistes. Ils ont peur de perdre leurs sièges et veulent jouer avec les vies des Israéliens ordinaires.

    ”Le gouvernement espère approfondir encore les divisions entre Israéliens et Palestiniens, afin de remporter plus de voix. C’est cependant un pari particulièrement risqué dont Netanyahou, Lieberman et Barak peuvent définitivement perdre le contrôle. Il n’est pas encore clair à cette étape quel sera le degré, d’une part des attaques aériennes à Gaza (il a été déclaré qu’elles dureraient au moins plusieurs jours) et d’autre part de la réponse des milices palestiniennes à Gaza. Cette semaine, un certain nombre d’enfants et d’adolescents de Gaza ont déjà payé de leurs vies la cruelle campagne électorale de Likud Beyteny et du ministre de la sécurité Barak, et aujourd’hui 14 novembre, un autre bébé et une petite fille innocents ont été tués.”

    Les dirigeants des principaux partis ”d’opposition” Yachimovitch (Travailliste), Lapid (Yesh Atid) et Mofaz (Kadima) se sont vite rangés du côté du gouvernement et ont parlé d’une seule voix, sans réserve, sans même faire semblant d’offrir la moindre réelle alternative aux plans étroits, dangereux et fous du gouvernement actuel.

    En plus de leurs objectifs électoraux, les dirigeants israéliens veulent empêcher une nouvelle demande de reconnaissance des palestiniens par les Nations Unies, se prémunir de toute pression pour des pourparlers de paix de la part du président américain Obama et essayer de contrer tout renforcement du Hamas en résultat des changements et tensions majeurs dans cette région – en Egypte, en Syrie, au Liban, etc.

    Le Mouvement de Lutte Socialiste argumente que le gouvernement parie ”que l’offensive contre Gaza ne mènera pas à de vives protestations régionales et mondiales. Le gouvernement espère exploiter la guerre civile en Syrie et la montée des tensions au Liban pour porter un coup au Hamas à Gaza. Mais les développements en Syrie et au Liban ne vont pas nécessairement empêcher le possible développement de protestations significatives en Egypte, avec l’appel à défendre les habitants de la Bande de Gaza contre un autre bain de sang comme pendant l’opération Plomb Durci en 2008 et 2009.”

    La stratégie sanguinaire de Netanyahou, Lieberman et Barak peut échapper à leur contrôle et leur retomber dessus en enflammant les relations entre les pays et les situations en leur sein. Il y a déjà des manifestations et des protestations qui éclatent dans les pays arabes et dans le monde entier, ainsi que dans les territoires palestiniens. En Egypte, frontalière de Gaza, un appel à défendre les habitants de Gaza a été fait pendant les manifestations. En Israël, Le Mouvement de Lutte Socialiste a immédiatement argumenté que ”l’opposition aux plans guerriers de Netanyahou, Barak et Lieberman peut et doit être organisée, en Israël et dans les territoires palestiniens aussi, de façon à empêcher une escalade du conflit militaire. Des premières protestations ont commencé à être organisées et devraient être étendues.”

    En plus d’appeler à des manifestations, le Mouvement de Lutte Socialiste appelle les organisations ouvrières israéliennes, dont la fédération syndicale Histadrut et les mouvements sociaux, à dénoncer publiquement l’offensive et à participer à et prendre l’initiative de manifestations contre celle-ci.

    • Stop au massacre ! Pour la fin des tirs de missiles et des autres attaques contre Gaza!
    • Non à cette guerre du gouvernement israélien aux ordres du grand capital et des colonies !
    • Pour la fin du blocage de la bande de Gaza, pour l’ouverture de la frontière Gaza-Egypte !
    • Pour le retrait immédiat de l’armée israélienne des territoires palestiniens !
    • Pour une lutte de masse des Palestiniens, sous leur contrôle démocratique, afin de lutter pour une réelle libération nationale !
    • Pour le soutien de la classe ouvrière, à travers le Moyen-Orient et à travers le monde, pour la lutte des Palestiniens !
    • Pour des organisations indépendantes des travailleurs en Palestine et en Israël!
    • Pour une lutte visant à instaurer des gouvernements de représentants des travailleurs et des pauvres afin de mettre un terme à l’oppression, de défendre les droits démocratiques et de rompre avec le capitalisme et l’impérialisme !
    • Pour l’instauration du socialisme démocratique en Palestine, en Israël et à travers le Moyen Orient, avec garantie des droits démocratiques pour toutes les minorités nationales !
  • Libye : La société post-Kadhafi toujours volatile et violente

    Pour réaliser les revendications des travailleurs, il leur faut s’auto-organiser avec des objectifs clairs

    Un peu plus d’un mois à peine après la mort de l’ambassadeur américain, les développements en Libye révèlent l’instabilité, et même le chaos, qui règne en de nombreux endroits du pays. En l’absence de véritable gouvernement, les combats continuent autour de Bani Walid (considéré comme une zone pro-Kadhafi) par les forces de Misrata, en colère contre l’emprisonnement et la mort d’Omran Shaban, le combattant rebelle qui a retrouvé Kadhafi après une attaque aérienne de l’OTAN contre son convoi il y a un an.

    Robert Bechert, CIO

    L’année dernière, nous expliquions qu’alors que Kadhafi, un ”dirigeant autocrate, entouré de sa famille et de ses amis privilégiés”, avait été renversé, la situation n’était pas similaire à celle qui a fait tomber Ben Ali et Moubarak en Tunisie et en Egypte. ”Cela aurait été largement applaudi si c’était le pur résultat de la lutte de la classe ouvrière libyenne, mais l’implication directe de l’impérialisme assombrit le futur de la révolution.” (CIO, www.socialistworld.net: ”Gaddafi Regime Crumbles”, 26 août 2011)

    L’un des plus grands changements au cours de cette année fut la reprise de la production de pétrole. En ce moment, le revenu du pétrole libyen est d’environ 1 milliard de dollars tous les 10 jours, ce qui n’est pas mal dans un pays de 6,5 millions d’habitants. Mais de nouveaux gangs de pillards se mettent déjà en place. En octobre, Le Monde Diplomatique a rapporté que les ministres perçoivent des salaires de 7800$ par mois et habitent dans des hôtels de luxes de Tripoli à 325$ la nuit. Même si les élections se sont déroulées pacifiquement en juillet, en réalité, le Congrès Général National est impuissant face aux milices concurrentes.

    Cette situation chaotique n’était pas inévitable. Quand les manifestations de masse ont commencé en février 2011, Kadhafi a lancé une contre-offensive brutale contre Benghazi et les autres centres de l’opposition. Benghazi, cependant, aurait pu être défendue par les masses populaires de la ville qui compte un million d’habitants, avec un appel aux travailleurs, aux jeunes et des pauvres du reste de la Libye. Cela aurait pu conduire plus rapidement à la victoire et ne laisser aucune excuse pour une intervention étrangère.

    A Benghazi, au début de la révolution, des affiches en anglais déclaraient : ”Non à l’intervention étrangère – Les Libyens peuvent se débrouiller tous seuls.” Mais la direction autoproclamée du Conseil National de Transition, dominée par des transfuges du régime de Kadhafi et des pro-impérialistes, a ignoré le sentiment populaire initial contre une intervention étrangère. Elle a recherché du soutien auprès des puissances impérialistes occidentales et des Etats Arabes semi-féodaux.

    Un grand nombre de Libyens se sont réjouis de la chute de Kadhafi en août 2011, mais pas tous, et ce n’étaient pas seulement l’élite privilégiée autour de Kadhafi et les groupes favorisés par son régime. Il existait également une part de réelle opposition contre le rôle des puissances occidentales et des régimes arabes autocratiques, ainsi que la peur des fondamentalistes religieux.

    Chacune des révolutions du printemps arabe avait ses propres caractéristiques. En Tunisie et en Egypte, les organisations ouvrières se développaient ou se transformaient. En Libye, le soulèvement initial spontané n’a pas mené à l’auto-organisation démocratique des travailleurs et des jeunes à une large échelle.

    Malgré l’implication d’un grand nombre de Libyens dans les combats et l’armement de la population, il n’y a pas le moindre signe pour l’instant que les travailleurs, les jeunes et les pauvres libyens qui lutteraient pour établir leur propre pouvoir collectif sur la société. Sans organisations démocratiques et indépendantes dans la plupart des communautés et des lieux de travail, les milices prennent les devants pour maintenir la sécurité. Mais la plupart de ces milices sont divisées sur des lignes territoriales, tribales, religieuses ou ethniques, et leurs dirigeants ont leurs objectifs propres.

    Les intégristes religieux

    A présent, les intégristes religieux s’impliquent de plus en plus et les éléments qui ont lutté au côté de Kadhafi contre ce qu’ils considéraient comme une intervention étrangère perdurent. Ainsi, en plus des rivalités entre les milices, il y a eu la démolition de sanctuaires Soufi par les Salafistes intégristes et quatre attaques de représentants occidentaux avant l’attaque du consulat américain à Benghazi le 11 septembre et d’une base semi-secrète de renseignements américaine.

    La manifestation du 20 septembre qui a expulsé de Benghazi la milice Ansar al-Sharia, initialement accusée de l’attaque du consulat américain, n’était pas une simple réaction populaire contre les milices. La manifestation était dirigée par la police militaire qui a alors procédé à l’attaque de la base de la milice Rafallah al-Sahati (fondée par des Qatari) qui travaille avec le ministère de la défense basé à Tripoli. Rien n’est encore clair concernant le cadre dans lequel cette seconde cible a été choisie en fonction du contexte des rivalités entre les dirigeants de Benghazi et de Tripoli. Ces tensions continuent. Le 21 septembre, le commandant militaire de Benghazi a été kidnappé pendant six heures. Trois jours plus tard, les milices pro-Tripoli à Benghazi ont commencé à arrêter les participants à la manifestation du 20 septembre, dont 30 officiers de l’armée.

    Alors que certains Libyens sont encore reconnaissants du soutien des USA dans le renversement de Kadhafi, l’opposition augmente – surtout à caractère religieux, en ce moment – face à l’implication prolongée des USA en Libye. Cela va probablement accroître les tentatives des puissances occidentales de renforcer leur présence. En septembre, l’administration Obama a accordé 8 millions de dollars pour l’entraînement d’une force ”anti-terroriste” d’élite de 500 hommes en Libye.

    Le sentiment de libération de beaucoup de Libyens est encore important. Cela pourrait être la base d’une opposition aux milices sectaires et réactionnaires, dont le potentiel a été vu dans les manifestations contre Ansar al-Sharia. Cependant, cette manifestation a aussi montré que sortir dans la rue est insuffisant. Pour que les revendications des travailleurs soient réalisées, il est nécessaire de s’auto-organiser avec des objectifs clairs, sinon d’autres forces peuvent tirer profit de tels mouvements.

    Beaucoup de Libyens, en particulier les jeunes, sentent que l’année dernière ils ont eu une chance, et le pouvoir, de décider de leur propre avenir. Maintenant, il est de plus en plus clair que cela demande de l’organisation, un programme et une lutte pour l’unité des travailleurs et des jeunes dans une bataille commune, sinon il y a le risque d’une spirale de dégradation.

    Les divisions entre les zones sont de plus en plus fortes, malgré le ciment du revenu du pétrole. Misrata, par exemple, est maintenant pratiquement autonome. Dans la région Cyrénaïque riche en pétrole autour de Benghazi, il y a des revendications répétées pour plus d’autonomie, ce qui fait peur aux autres régions. En l’absence d’organisations indépendantes et démocratiques des travailleurs, les autres forces prendront la tête.

    L’opposition à une présence étrangère, la peur du retour de l’ancienne élite ou de la montée d’une nouvelle peuvent constituer la base de différentes formes de populisme – religieux, régional, tribal, ethnique ou nationaliste. Alors que les richesses pétrolières de la Libye peuvent maintenir le pays ensemble, particulièrement du point de vue des zones non-productrices de pétrole, des luttes peuvent éclater entre les élites rivales sur le partage du pillage ou, à un certain stade, sur la question de l’éclatement du pays.

    Il est essentiel de créer des organisations indépendantes et démocratiques des travailleurs

    La création d’organisations indépendantes et démocratiques de travailleurs, et notamment la question cruciale d’un parti de la classe des travailleurs, est d’une importance vitale. C’est le seul moyen pour que les travailleurs, les opprimés et les jeunes soient capables de surmonter les divisions de plus en plus présentes et d’entamer une lutte pour une véritable transformation révolutionnaire du pays et ainsi contrecarrer les projets des impérialistes, en finir avec la dictature et transformer radicalement la vie des masses.

    Pour parvenir à ses fins, un mouvement des travailleurs aura besoin de défendre tous les droits démocratiques, d’impliquer les travailleurs immigrés en abordant la défendre de leurs droits, et de s’opposer à la privatisation des atouts de la Libye. Il faut revendiquer le retrait de toutes les forces armées étrangères, s’opposer à toute intervention militaire étrangère et par-dessus tout, rejeter la participation à tout gouvernement avec des forces capitalistes.

    Le mouvement des travailleurs doit lutter pour un gouvernement de représentants des travailleurs et des pauvres, basé sur des structures démocratiques dans les lieux de travail et les collectivités. Un tel gouvernement utiliserait les ressources de la Libye dans l’intérêt de la population. Cela serait la réelle victoire pour les travailleurs et les jeunes Libyens et permettrait de mettre en avant un exemple international de fin d’un régime dictatorial et des misères du capitalisme.

  • Algérie : à propos de la guerre d'indépendance 1954-1962

    Colonialisme, libération nationale et lutte révolutionnaire

    Il y a 50 ans, en 1962, la guerre d’Algérie, l’un des conflits anticolonialistes des plus longs et des plus sanglants, prit fin avec la victoire des combattants algériens contre l’impérialisme français. L’Algérie avait été gouvernée durant 132 ans par le règne colonial français et constituait la pierre angulaire de l’empire colonial français. Une politique de ségrégation raciale et une dépossession territoriale de masse avaient lieu au détriment des autochtones.

    Par Cédric Gérôme, Comité pour une Internationale Ouvrière

    La grande majorité des Algériens était conservée sous une écrasante pauvreté et souffrait systématiquement d’une discrimination salariale qui garantissait d’énormes profits pour les grandes industries françaises.

    Lors de l’éruption du conflit, un million de colons européens – 79 % d’entre eux étaient nés en Algérie – coexistaient avec neuf millions d’Algériens. Il y avait également une large communauté de Juifs.

    Au sommet de l’échelle des colons siégeaient les plus riches, une clique infime de gens qui exerçaient les pouvoirs politique et économique. L’écrasante majorité des colons, cependant, était pauvre. Jusque dans les années 50, leur niveau de vie moyen était de 20 % inférieur comparé au niveau de vie en France.

    Après la 2ème Guerre Mondiale, le militantisme nationaliste et les luttes ont pris de l’ampleur partout dans le pays, dans le contexte de luttes indépendantistes émergeant à l’échelle internationale. Cela a coïncidé avec des vagues sans précédent de grèves de travailleurs et un désir accablant de changement social. Dans beaucoup de cas, ces conflits impliquaient des travailleurs algériens et français.

    Le 1er novembre 1954, le FLN lança une série d’attaques de guérilla dans divers endroits du territoire, en visant les bases du pouvoir colonial. Le Front de Libération National était une organisation nationaliste composée d’activistes radicaux qui était excédés par le conservatisme et le réformisme grandissant des forces nationalistes traditionnelles, avait décidé d’allumer le foyer d’une révolte générale contre le règne français.

    L’armée française y répondit avec une terreur systématique, en brûlant des villages, en créant des camps de concentrations, en procédant à des exécutions sommaires et en appliquant la torture à une échelle de masse. Cette violence a exposé la face brutale du capitalisme français – la prétendue "France des droits de l’homme".

    L’Onde de choc

    Au début de la révolte coloniale, des conflits sur les lieux de travail et des vagues de mutinerie parmi les soldats conscrits, qui refusaient d’aller se battre pour l’Algérie française, ont affecté des douzaines de villes et cités françaises. Et ce, alors que le soutien à la guerre et au régime colonial déclinait à une vitesse vertigineuse.

    Les conséquences de cette guerre commencèrent à créer un déficit budgétaire qui devenait hors de contrôle. D’autre part, la sauvagerie inégalée déployée sur le sol algérien par le régime autoritaire de Charles de Gaulle – qui avait pris le pouvoir en France par un coup d’Etat parlementaire en 1958 – ne pouvait pas en finir avec la guerre.

    L’offensive lancée par les troupes françaises en 1959 avait terriblement mis à mal l’ALN, l’aile armée du FLN, en tant que force combative. Mais le prix à payer, tant politiquement que socialement, affectait directement la confiance de la classe dominante française sur sa capacité à continuer la guerre.

    Les manifestations massives pro-FLN de décembre 1960, les masses urbaines algériennes remplissant spontanément les rues en faveur de l’indépendance à une échelle excédant ce que le FLN avait prédit, marquèrent un tournant décisif.

    De plus, en avril 1961, la masse de soldats français se rebella contre une tentative de coup d’Etat des généraux. De Gaule devait lutter désespérément pour regagner le contrôle de l’armée. A Blida (au Nord), les conscrits ont même saisi la base militaire principale, arrêté leurs officiers et arboré le drapeau rouge de la révolution!

    De Gaulle savait qu’il devait agir ou risquer de totalement perdre le contrôle des évènements. A ce moment-là, la question était devenue: comment gérer une retraite ordonnée pour l’impérialisme français. C’est ce qui se passa avec la signature des Accords d’Evian entre le FLN et le gouvernement français en mars 1962, ouvrant la voie à une Algérie indépendante.

    La gauche française

    Le point de vue dominant sur la question algérienne dans la SFIO (section française de la 2ème internationale) peut être résumé à travers les mots d’un député du SFIO qui déclara: "nous voulons que les hommes d’Algérie soient plus libres, plus fraternels, plus égaux, c’est-à-dire plus français."

    L’un des points fondamentaux sur lequel la 3ème internationale communiste s’était différenciée de la 2ème était son soutien inconditionnel aux luttes de libération nationale contre le colonialisme. Mais la dégénérescence stalinienne de la Russie soviétique avait sérieusement entamé ces principes.

    Alors que dans les années ’20 le Parti Communiste français (PCF) avait pris un rôle de dirigeant en organisant l’opposition à la Guerre du Rif au Maroc, en 1959 ce parti était devenu un simple appendice à la diplomatie soviétique stalinienne, soutenant ‘ la défense nationale ‘ et les alliances avec les forces pro-capitalistes et tentant de restreindre les luttes anticoloniales des travailleurs.

    Malgré l’activisme de beaucoup de ses membres et sympathisants en faveur de l’indépendance, le PCF a voté, en 1956, les pouvoirs spéciaux au gouvernement du ”socialiste” Guy Mollet, qui ont permis d’intensifier la répression en Algérie et d’envoyer des centaines de milliers de conscrits sur le champ de bataille.

    Le FLN

    Le manque d’un parti préconisant un programme pour l’unité de la classe des travailleurs, en France mais aussi, de façon cruciale, en Algérie est un facteur-clé. Cela aurait permis que la lutte anticoloniale ne reste pas dans une voie purement nationaliste. Le parti communiste algérien perdit de plus en plus de soutien public tandis que sa direction persévérait à défendre la politique du PCF.

    Le FLN cherchait quant à lui à prendre le pouvoir par la force militaire, avec une armée essentiellement basée sur la paysannerie et la population urbaine marginalisée. Significativement, les six fondateurs du FLN venaient tous d’une élite rurale appauvrie par le colonialisme; leur monde était l’Algérie rurale et aucun n’avait eu d’interaction de longue durée avec le mouvement de la classe des travailleurs.

    Au lieu d’orienter leurs efforts pour construire une lutte commune de tous les travailleurs et des pauvres, et d’essayer ainsi de diviser les colons européen sur une base de classe – avec des garanties pour les minorités européennes que leurs droits seraient respectées – la plupart des dirigeants du FLN avait une perspective purement nationaliste, et n’avait aucun programme pour développer le pays une fois l’indépendance acquise.

    Leurs méthodes incluaient le bombardement des places publiques fréquentées par les travailleurs et la classe moyenne européenne. Ce type d’actions contribuait à diviser les travailleurs Algériens et non Algériens et à pousser massivement les colons dans les bras de la réaction pro-coloniale. A l’automne 1962, 99 % des colons européens avaient quitté le pays par peur de représailles, une des plus grandes migrations de population du 20ème siècle.

    Aucune solution

    Malgré le courage et l’héroïsme de beaucoup de combattants et sympathisants pro-FLN, leurs efforts ne conduisirent pas aux changements qu’ils avaient espéré et pour lesquels ils s’étaient battus.

    Suivant l’indépendance, le régime qui prit le pouvoir en Algérie était un parti unique sous la coupe d’une machine militaire puissante. C’était un produit direct des structures militaires et des méthodes adoptées par les leaders du FLN.

    En effet, l’implication démocratique de la classe des travailleurs – la seule force collective capable de renverser le capitalisme et de construire le socialisme – était considérée par la bureaucratie militaire émergente du FLN avec suspicion et comme une menace pour son propre pouvoir.

    En équilibre entre le capitalisme et le stalinisme, le régime algérien a été capable, pendant un certain temps, d’opérer des nationalisations partielles qui ont aider au développement de l’infrastructure, des soins de santé et de l’éducation. Mais, suite à la chute du bloc stalinien, tout s’est déplacé vers la droite et les privatisations de masse ainsi que les contre-réformes néolibérales conduisirent à un profond désastre pour la majorité de la population.

    L’Algérie aujourd’hui

    Aujourd’hui, malgré leurs riches réserves de pétrole, les Algériens n’ont pas de conditions de vie décentes. Pour la majorité des algériens, avec un pays marqué par la pauvreté, la corruption et la violence, il y a à peine quoi que ce soit à célébrer pour le 50ème anniversaire de l’indépendance.

    La capitale, Alger, a été classée parmi les villes les moins viables du monde. Le code de la famille, notoirement rétrograde consacre le statut des femmes comme mineur, à vie. Les élections sont falsifiées, les conditions de logement sont épouvantables et les abus de la police très répandus.

    La génération post-indépendance constitue dès lors la grande majorité de la population, et ne ressent rien d’autre que de la colère envers l’élite corrompue qui est au pouvoir. En lumière des récentes luttes de masse qui ont englouti la région nord africaine, le temps est venu pour cette nouvelle génération de réapprendre les leçons de la lutte pour laquelle à peu près un million de leur ancêtres ont sacrifié leurs vies.

  • Charleroi : un meeting du "Front de Gauche Charleroi" réussi !

    Hier, à 17h, une soixantaine de personnes avaient répondu : "présent!" au rendez-vous lancé par la liste "Front de Gauche" à Charleroi, dans les murs chargés d’histoire ouvrière de la très rouge "Maison des 8 heures". Après une prise de parole de Finghin Kelly (candidat sur la liste de Gauches Communes à Saint-Gilles) qui a abordé la crise et les résistances en Europe, Thomas Hericks a présenté la liste "Front de Gauche" et a accentué la nécessité de disposer d’un prolongement politique large et ouvert pour les luttes des travailleurs. Ensuite, Benjamin Dusaussois a abordé le programme du "Front de Gauche" et René Andersen (la tête de liste) a conclu en accentuant notamment la nécessité de lutter après le 14 octobre contre la politique d’austérité, en parlant notamment de la lutte des cheminots. Au final, une bonne soirée qui a su mélanger politique et convivialité. En avant camarades !

    Par Nico

  • Tunisie: Stop au blâme des victimes de viol!

    Indignation à travers le pays suite à l’accusation d’ «immoralité publique» contre une victime de viol par des policiers

    La campagne ‘Rape Is No Joke’ déclare son entière solidarité avec toutes celles et tous ceux qui protestent aujourd’hui en Tunisie contre l’accusation scandaleuse d’«atteinte aux bonnes mœurs» à l’égard d’une jeune femme ainsi que de son fiancé, tous deux menacés d’une peine d’emprisonnement de six mois.

    Déclaration de la campagne ‘Rape Is No Joke’

    Cette accusation est un acte évident de représailles contre leur courage d’avoir porté plainte ouvertement après que la jeune femme ait été violée par deux policiers. Par la suite, les déclarations du Ministère de l’Intérieur affirmant que cette jeune femme et son fiancé ont été trouvés dans une «position immorale» dans leur voiture avant l’attaque est une tentative pathétique de suggérer que la victime méritait ce qui s’est passé.

    Malheureusement les femmes, en Tunisie ainsi que dans tout le Moyen-Orient et dans le monde, sont confrontées à ce genre d’abus et de condamnation en tant que victimes tous les jours. La campagne ‘Rape Is No Joke’ se bat contre la banalisation du viol et soutient la lutte internationale des femmes revendiquant l’égalité réelle pour les femmes et la fin du sexisme sous toutes ses formes.

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