Category: Europe

  • Canicule et incendies en Russie, soif de profits et violence d’extrême-droite

    ACTION contre la multinationale VINCI mercredi 18 Août – 16h30 – Bruxelles devant le siège financier de Vinci, 149 av. Louise (M° Louise) organisé par Etudiants de Gauche Actifs et Blokbuster

    Depuis des semaines, les médias relayent partout dans le monde les conséquences dramatiques de la pire canicule « depuis mille ans » que la Russie ait connue. De multiples incendies ont alimenté le smog étouffant de Moscou. Avec des températures supérieures à 35°C, la mortalité a officiellement doublé dans la ville avec 700 décès par jour. Les autorités n’ont toutefois pas déboursé un kopeck de plus pour les services d’aides et de soins tout au long de cette crise climatologique.

    Tract en PDF

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    Stop à la destruction désastreuse de la forêt de Moscou !

    Malheureusement, on ne parle pas des nombreuses protestations en cours depuis une semaine contre le déboisement de la forêt de Khimkinskii, le poumon vert de Moscou, pour la construction d’une nouvelle autoroute par la multinationale française Vinci qui a dégoté ce contrat d’1 milliards d’€ et est pleinement soutenue par le gouvernement russe. Ce poumon vert avait précédemment été préservé afin d’éviter que Moscou ne devienne irrespirable. Mais le bien être de la population et son environnement ne comptent pas face à la soif de profits sans limite des patrons et des actionnaires. La lutte pour le droit de vivre dans un environnement sain est une lutte contre ce système capitalise, basé sur la course aux profits, qui entraine la pollution et les dérèglements climatiques.

    Stop à la violence d’extrême-droite ! Stop à la répression contre les activistes pour l’environnement et les anti-fascistes !

    Fin juillet, un camp contre la destruction de la forêt a été violement attaqué par une bande de brutes d’extrême -droite cagoulées. Au lieu de réagir contre cette violente agression, la police a fermé les yeux et a orchestré une vague de répression et d’arrestation contre de nombreux activistes les jours suivants, dont deux antifascistes russes renommés qui sont menacés de 7 ans de prison.

    Le 7 Août, une manifestation réussie a pris place à Moscou contre l’attaque violente du camp et la répression. Trois militants de l’organisation soeur du Parti Socialiste de Lutte ont alors été brutalement attaqués sur le chemin du retour par 15 néo-fascistes armés d’une batte de baseball. L’un des militants a été blessé aux yeux et un deuxième a le crâne brisé.

    Ces violences orchestrées contre les protestations en Russie font les af faires de Vinci. A une réunion en compagnie du président russe Medvedev, un représentant de Vinci aurait demandé à Poutine de régler le problème des protestations afin qu’ils puissent commencer à travailler.

    Qui est Vinci ?

    Le géant français Vinci est la plus grande multinationale de concession et de travaux publics au monde.

    Elle a dégagé un profit net de 1.6 Milliards d’€ en 2009. Son PDG, Xavier Huillard, a touché un salaire annuel de 1.6 millions d’€ en 2009 et l’on prévoit de l’augmenter de minimum 200.000 € l’année prochaine. Sur le site de l’entreprise, on peut trouver une rhétorique en faveur de la défense de l’environnement, mais la réalité est toute autre. Seul compte la maximalisation des profits.

    Cette entreprise est très active en Belgique via de nombreux projet de construction comme le tunnel du port d’Anvers et de nombreux Partenariat Public Privé, entre autres pour divers parking dans plusieurs villes. Mais la Belgique n’est pas seulement un marché important pour Vinci, c’est aussi un paradis fiscal. La société a transféré en début d’année des énormes montants d’argent de la société vers la filiale financière belge afin de profiter au maximum des intérêts notionnels que notre gouvernement leur donnera en cadeau.

    Participe à la campagne de solidarité et de protestation internationale:

    • en participant au rassemblement devant le siège financier international de Vinci à Bruxelles, ce mercredi 18 Aôut à 16h30. Adresse : 149 Avenue Louise (M° Louise)
    • en envoyant des lettres de protestations à Vinci et aux autorités russes. Ambassade de Russie (amrusbel@skynet.be), PDG de Vinci (xavier.huillard@vinci.com), Directeur financier (christian.labeyrie@vinci.com) et administrateur de la filiale belge CFE (rbentegeat@cfe.be).
    • en soutenant financièrement cette campagne via un don contre un autocollant ou via un versement au compte 001-2260393-78 avec la mention « solidarité Russie »
  • Russie : Appel à la solidarité – des marxistes brutalement attaqués après une protestation environnementale

    Organisez des protestations aux ambassades russes et contre l’entreprise Vinci – envoyez des lettres de solidarité

    Après une semaine intense d’actions contre les tentatives de la compagnie française Vinci, soutenue par le gouvernement russe, de couper une partie d’une importante forêt de Moscou, un poumon vert particulièrement vital dans l’actuelle période de chaleur et de smog, un groupe de quinze fiers-à-bras, dont au moins un armé d’une batte de baseball, a attaqué trois membres du Comité pour une Internationale Ouvrière à Moscou.

    CIO, Moscou

    L’un des militants est blessé aux yeux, l’autre a été tabassé. Le troisième, Igor Yasin, un membre dirigeant du CIO, a été grièvement blessé et a le crâne brisé. Au moment d’écrire ce texte, il avait passé la nuit à l’hôpital, où les médecins n’ont pas réussis à stopper l’hémorragie et il était toujours en salle d’opération.

    Cette attaque s’est déroulée de la façon la plus lâche. Une protestation s’était déroulée avec succès au centre de Moscou contre la destruction d’une partie de la forêt. Mais les fascistes n’avaient clairement pas envie de d’attaquer un large groupe de manifestants. Deux heures après cette action, les trois camarades ont soudainement vu leur route barrée par ces brutes et, alors que Gosha et Ivan tentaient de rejoindre le métro pour s’y protéger, Igor a été vicieusement attaqué. Après cela, les fiers-à-bras s’en sont allés en criant "Russia – vpered" ("Russie, en avant").

    Des témoins ont affirmé que les agresseurs étaient habillés comme des supporters de football, tout comme ceux qui ont attaqué le camp des militants environnementaux défendant la forêt de Khimkinskii au début de la semaine. Une fois encore, les brutes d’ultra-droite ont démontré que malgré leurs discours affirmant qu’ils luttent contre le régime, ce ne sont en réalité que de pathétiques marionnettes utilisées par le régime et le Grand Capital pour tenter d’effrayer les militants politiques et sociaux. Ils n’y parviendront pas.

    La compagnie Vinci est une grande entreprise de construction française, dont le site internet est bourré de petites histoires qui présentent cette société comme une entreprise responsable, qui prend soin de la sécurité de son personnel et de l’environnement. Ces déclarations sont à mettre en parallèle avec la façon dont la police du régime de Poutine et ces brutes fascistes protègent leurs intérêts en Russie.

    Cette attaque est survenue à la fin d’une semaine d’attaques à grande échelle contre l’opposition russe. Au début de la semaine dernière, le camp des militants environnementaux de la forêt de Khininskii a été dévasté par un groupe de brutes similaire, sous le regard de la police dont le seul commentaire a été : ‘voilà ce que vous obtenez en attaquant Poutine’. 50 personnes ont par la suite été arrêtées alors qu’elles tentaient de rejoindre le camp, en solidarité. A St. Petersburg, environ 90 personnes ont été arrêtées, et une autre cinquantaine de personnes ont été arrêtées à Moscou alors qu’elles voulaient prendre part à des protestations concernant les droits démocratiques en Russie. Des arrestations individuelles ont aussi pris place contre deux jeunes antifascistes et contre le leader des militants environnementaux.

    Mais ces attaques ne seront pas suffisantes pour briser la vague de protestations attendue à l’automne lorsque les coupes budgétaires vont arriver. Au contraire, elles démontrent juste que les activistes doivent augmenter l’ampleur de leurs luttes.

    Le CIO en Russie réclame:

    • La fin des persécutions des protestataires et des antifascistes
    • La fin du recours de l’Etat et du Grand Capital à des brutes violentes contre des manifestants non-violents
    • La fin de la destruction des forêts russes causée pour satisfaire les intérêts du Grand Capital et de l’élite.
    • Une conférence ouverte des groupes environnementaux, des organisations ouvrières, et des habitants pour décider d’un plan capable de résoudre les crises de l’environnement et du transport dans les intérêts des travailleurs et de leurs familles et non du Grand Capital.
    • La fin de l’Etat policier de Poutine-Medvedev, qui doit être remplacé par un gouvernement démocratiquement élu par les travailleurs, avec un programme socialiste.

      Organisez des protestations aux ambassades russes et, là où cela est possible, contre la compagnie Vinci. Envoyez des copies de vos lettres de solidarité à Igor et autres camarades : iasineigor@gmail.com et à robert.cwi@gmail.com

  • Grèce: le gouvernement “socialiste” utilise l’armée contre les grévistes

    La Grèce reste la scène d’un conflit aigu entre travail et capital. Les capitalistes veulent imposer une politique d’austérité très dure, manu militari si besoin est. Le Premier ministre Papandreou du PASOK (l’équivalent grec du PS) a été un pas plus loin : afin de briser la grève des routiers, il a utilisé l’armée. Les protestations des camionneurs concernaient la libéralisation de leur secteur. Après six jours grève, de larges secteurs de l’économie avaient été touchés.

    La semaine dernière a été marquée par la grève des camionneurs grecs, en opposition à la libéralisation du secteur, ce qui doit bien entendu entraîner de plus mauvaises conditions de travail et de plus bas salaires. Pour le gouvernement grec, il ne s’agit que d’un pan de la sévère politique d’austérité qu’il veut imposer à la population ordinaire pour lui payer la crise.

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    Cette grève a entraîné des pénuries, et cela en plein milieu de la saison touristique. Pour la bourgeoisie et son gouvernement, c’était inacceptable. Afin de faire pression sur les grévistes, l’artillerie lourde a été sortie : l’armée a repris le ravitaillement à sa charge. Historiquement, c’est très sensible ; recourir à l’armée pour briser une grève fait directement penser à la période de la dictature militaire des colonels (1967-1974) avec laquelle la bourgeoisie a imposé le silence au mouvement ouvrier grec. A l’époque, la possibilité d’un gouvernement dirigé par Papandreou sénior et comprenant également les ‘communistes’ avait été le prétexte à un coup d’Etat militaire. En toile de fond de cet évènement se trouvait la radicalisation à la base de la société. La bourgeoisie craignait de perdre le contrôle du pays et a donc voulu renforcer ce contrôle avec d’autres moyens.

    Que Papandreou junior utilise aujourd’hui l’armée afin de briser une grève est un évènement très important qui illustre, d’une part, que la bourgeoisie est prête à recourir à des moyens fort peu démocratiques pour imposer sa domination mais également, d’autre part, à quel point la social-démocratie a changé ces dernières décennies. Le PASOK (le parti de Papandreou) n’a plus de forte base active ouvrière et est devenu un parti complètement bourgeois. Les syndicats dont la direction est toujours liée au PASOK doivent rompre avec la social-démocratie. Papandreou a déjà suffisamment clarifié qu’il avait de son côté coupé tous les liens avec les intérêts des travailleurs et de leurs familles, et depuis longtemps.

    La grève des camionneurs a démontré le pouvoir potentiel dont disposent les travailleurs et a clairement posé la question : qui a son mot à dire ? Ce problème est apparu plus clairement avec cette décision d’utiliser l’armée. Selon le gouvernement grec, la grève menaçait l’ordre public, mais ce dernier n’a pas choisi la manière la plus efficace de mettre fin à la grève : le retrait de cette mesure antisociale. Après six jours, la grève s’est terminée.

    Avec cette grève, il est apparu que les protestations grecques ne sont pas terminées. Il faut unifier la résistance et la construire à l’avenir sur base de la solidarité entre tous travailleurs, de tous les secteurs (y compris le secteur touristique). Le mouvement ouvrier doit prendre sa lutte à pleine main et la lier à un programme combatif pour une alternative socialiste à au chaos capitaliste. Le capitalisme ne nous apporte que la crise et la misère. Si nous voulons améliorer notre sort, une autre société est nécessaire, une société débarrassée de la dictature des marchés, une société démocratiquement planifiée.

  • Love Parade. Une catastrophe qui aurait pu être évitée

    C’est comme s’il avait été prédit qu’il y aurait des problèmes à la Love Parade de Duisbourg. L’information officielle a été très limitée, mais il est évident que les mesures de sécurité des participants et les infrastructures étaient insuffisantes. Résultat: 19 morts et plus de 300 blessés.

    Première réaction par Jan Röder, de notre organisation-sœur allemande dans la région de la Ruhr

    Le 7 juin, sur le site d’infos derwesten.de, Un lecteur avait déjà écrit: "Ai-je bien constaté qu’un million de personnes est censé passer à travers un tunnel afin de rejoindre le site de l’événement ? Je pense que c’est irresponsable, ça ne marchera pas. Ceux qui étaient à Essen et Dortmund connaissent l’ampleur de la cohue qui y avait régné, même sur les voies d’accès plus larges. C’était déjà désastreux, et maintenant tout le monde devrait passer par un tunnel ? Je ne peux pas le croire. Il peut y avoir des morts si tout le monde veut quitter le terrain en même temps quand la fête prend fin."

    L’organisateur de la première Love Parade, Motte, a déclaré: "Les organisateurs ont fait une erreur flagrante. Comment est-il possible que tout le monde doivent passer par seulement une porte d’accès au terrain ? C’est un scandale. Les organisateurs en assument la responsabilité. Ils savaient pourtant bien que le site serait rempli. Des barrières et un service de sécurité ne pouvait rien changer s’il n’y avait qu’un seul accès." Motte avait pris ses distances avec la Love Parade en 2006 parce que l’événement était devenu trop commercial et sans contenu.

    Cette Love Parade s’est déroulée dans le cadre de la Capitale européenne de la culture, la Ruhr ayant obtenu ce titre cette année. L’objectif est de rehausser le prestige de la région. Le géant de l’énergie RWE et d’autres grandes entreprises ont sorti les grands moyens comme sponsors de l’événement. Les "gens ordinaires", par contre, doivent faire face à des assainissements massifs dans les communes où des centres culturels et des écoles ont dû fermer leurs portes. La population ne tire aucun avantage de ce titre de capitale culturelle.

    Le patron de l’entreprise de fitness McFit et chef de l’organisation de cette Love Parade, Rainer Schaller, voulait coûte que coûte cet emplacement pour l’événement. Certains responsables, dont les services d’incendie, avaient mis en évidence les dangers potentiels. Tous les avertissements ont été ignorés. Au moment où commençait la panique de masse, les services de sécurité disposaient des images, mais elles n’ont pas été utilisées pour lutter contre le développement ultérieur de la panique. Les participants ne peuvent pas être blâmés pour avoir perdu le contrôle d’eux-mêmes pendant le chaos qui a entraîné les morts et les blessés. Les organisateurs auraient dû prendre des mesures de précautions pour que cela n’aille pas aussi loin.

    Le maire local de Duisbourg, Adolf Sauerland (CDU), a déclaré: "Nous avons élaboré un bon concept de sécurité à l’avance avec les organisateurs et tous les partenaires concernés." Au début de la panique de masse, les gens qui signalaient les faits à la police étaient renvoyés, certains recevant même pour seule réponse un méprisant "Tu veux venir organiser l’événement à notre place ?"

    L’impitoyable soif de profits s’impose toujours plus aux lieux et activités festives. Cela vaut également pour la Gay Pride en Allemagne. Plus encore, la diffusion de matériel politique a été interdite alors que les sponsors officiels submergent les participants de publicité et de gadgets. Les discothèques sont très chères et les festivals demandent également toujours plus pour l’entrée et les boissons. Les grandes compagnies de musique voient la culture en termes de bénéfices. A Duisbourg, le «capitalisme culturel» a conduit à la mort.

  • Ecole d’été du CIO – GRECE : Organiser la colère

    On peut la sentir dans les rues d’Athènes, on peut la voir dans les yeux des Grecs, elle est partout dans l’atmosphère: c’est la colère, et elle est énorme. Elle ne fera que croître à l’avenir sous l’impact de la situation concrète. Un récent sondage a posé comme question ‘‘comment vous sentez vous?’’ et 91% de la population sondée a répondu: en colère. Nous l’avons toujours dit ; en continuant de la sorte, les dirigeants grecs créent un volcan. La pauvreté va toucher la population à une échelle de masse et dans les faits, les gens n’auront d’autre choix que celui de se révolter.

    Rapport de la commission consacrée à la situation en Grèce lors de l’école d’été du CIO

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    Deux petits exemples peuvent servir à illustrer la situation qui se développe en Grèce. La semaine dernière, un homme d’une septantaine d’année a abordé un camarade grec, habillé comme un pensionné tout à fait normal. Il lui a demandé s’il ne connaissait pas un endroit où il pourrait travailler. C’est vers là que nous allons. La pauvreté augmente, avec son flot de situations désastreuses. Un camarade nous a également raconté qu’un de ses amis, à un festival, a entendu à un moment donné des gens crier "voleur, voleur". Une petite foule courrait dans cette direction. Sur place, au centre d’un cercle de gens criant "voleur, rends nous notre argent", se trouvait un député…

    Nous ne sommes encore qu’au début d’un mouvement. Si le plan de l’UE, du FMI et du gouvernement est appliqué, c’est la fin de la Grèce telle qu’on la connaît. Avant la récession, il était assez normal qu’un travailleur quitte son boulot après 30 ans de carrière, ce qu’il faut replacer dans le contexte de longues périodes de chômage connues durant une carrière en plus d’une économie souterraine fort développée. Maintenant, la réforme prévoit une pension de 360 euros par mois si on n’a pas une carrière de 40 annuités!

    L’analyse des capitalistes, c’est "vous devez réparer votre pays, faire des coupes dans les budgets sociaux,…" Mais les travailleurs du secteur privé subiront aussi des coupes salariales (c’est d’ailleurs déjà prévu). Quel est le rapport entre leur salaire et les budgets de l’Etat? Les capitalistes sont très contents d’une certaine manière, parce qu’ils peuvent arriver à pérenniser leurs profits comme ils ne l’ont jamais fait. Mais ils ont peur de la révolte, leur plan ne peut pas être mis en place de cette façon, entièrement.

    Des sondages avancent que 80% de la population s’attend à une explosion sociale dans la prochaine période et des journaux comme le Financial Times disent que le Pasok (l’équivalent grec du PS, au pouvoir) a le soutien de 45% de la population. Mais un autre sondage a mis en avant le chiffre de 18% pour le Pasok et de 6% pour la Nouvelle Démocratie (droite officielle). Plus de 50% ne soutient personne… Pour garder un semblant de légitimité démocratique, les dirigeants grecs doivent mentir.

    Les travailleurs ont répondu en masse aux mobilisations. Un dirigeant syndical a dû être protégé des travailleurs, qui le jugeaient trop faible. Lors de la grève générale suivante, un grand podium avait été construit pour le mettre hors d’atteinte, mais il a été tellement hué qu’il n’a pas pu parler. Les ministres n’osent pas se balader en rue, ou même aller dans une taverne. Le premier ministre a même été hué dans un théâtre huppé, le public de petits bourgeois aisés l’a attaqué verbalement.

    La population est en colère contre tout ce qui est dit dans les médias internationaux: les Grecs sont fainéants,… Dans les faits, les attaques sont monstrueuses. Les pensions sont déjà très basses et les nouvelles mesures vont encore détériorer cette situation. Il est très important que le CIO aille à l’encontre de cette propagande capitaliste. Les médias parlent de la "génération 700 euros", et 21% de la population travaille pour ce salaire, ou même en dessous. La vie en Grèce n’est pas moins chère pour autant. Le prix du poulet en Belgique est moins cher que le prix du poulet en Grèce par exemple. Voilà pourquoi il y a eu autant de grèves générales, et un grand nombre de grèves d’entreprises ou de secteurs qui ont parfois duré très longtemps. Là, le message est : on revient en septembre. Il n’y a rien de garanti, mais c’est un sentiment très répandu. Nous devons garder en tête les dangers d’explosions spontanées, non coordonnées et aboutissant à la défaite, nous devons nuancer les choses et être prudents dans notre approche. De plus, à ce stade, les grèves d’entreprises ou de secteur touchent plus fortement les capitalistes que les grèves générales qui servent actuellement surtout à faire échapper de la vapeur.

    Le mouvement ouvrier en Grèce commence à renouer avec ses plus belles traditions. Cela fait au moins 10 ans qu’il n’y avait plus eu de grève aussi forte. Si les travailleurs grecs disposaient d’une direction compétente, ils pourraient rapidement aller jusqu’à la victoire. Hélas, cette direction est inexistante.

    En 2002, en Argentine, en l’espace de quelques semaines, 5 présidents sont tombés, des comités avaient été créés,… C’est un scénario qui peut toucher la Grèce. Mais les dirigeants syndicaux et les dirigeants d’organisations de gauche se considèrent plus comme des conseillers du gouvernement que comme des adversaires. Le dirigeant de Syriza (une formation large de gauche à laquelle collabore notre section grecque Xekénima) a par exemple expliqué qu’il ne fallait pas demander de l’argent au Fond Monétaire International, mais à la Banque Centrale Européenne… Dans la pratique, la BCE et le FMI sont deux facettes d’une même médaille, c’est la même chose. Comment ce type de dirigeant peut-il donner une orientation à la classe ouvrière?

    Le KKE, de son côté, est très sectaire et fait systématiquement ses meetings, rassemblements,… à part, car ils considèrent qu’ils sont les seuls communistes. Le dirigeant du KKE a dû répondre à la même question: que proposer vous? Il a répondu en critiquant le capitalisme, ses contradictions internes,… Le journaliste a perdu patience et a redemandé: que proposez vous? Il a répondu : rien, la classe ouvrière ne peut rien faire pour l’instant. Autrement dit: venez, écrasez nous! Voilà où en est la gauche en Grèce. Cela permet de comprendre pourquoi une telle crise n’abouti pas au renforcement réel des organisations de gauche, c’est pourquoi autant de gens disent qu’ils ne croient en "personne".

    Après la scission de droite au sein de Synaspismos (une coalition d’organisations qui travaille au sein de Syriza), les dirigeants restant étaient déprimés. Nous leur avons pourtant dit de poursuivre, d’aller vers la gauche puisqu’ils étaient libérés d’un poids. Il y a également eu une scission au Pasok, et une va arriver à la Nouvelle Démocratie. La crise renforce les contradictions internes. Mais le point fondamental, c’est : comment peuvent-ils justifier d’être aussi loin des réalités des gens? Il est possible que Syriza scissionne et que quelque chose d’autre se crée, comme il est possible que des dirigeants syndicaux et des sections syndicales rompent avec le Pasok et rejoignent Syriza. Mais la nouvelle formation n’est pas non plu à l’abri d’un scénario du type du "PRC" en Italie (c’est-à-dire un déclin rapide après avoir été compromis dans une politique pro-capitaliste). Le problème de Syriza, c’est aussi que les dirigeants ne sont pas seulement incapables politiquement, ils sont aussi incapables de donner de bonnes structures et une bonne organisation au mouvement. De l’autre côté, le KKE, qui a une semi influence de masse, ne fait qu’aborder les choses de façon abstraite. Aucun slogan mis en avant ne répond au niveau de conscience du moment.

    Toutes les organisations de gauche considèrent que l’Europe peut aider le pays. Nous avons toujours affirmé le contraire et systématiquement défendu la nationalisation du secteur financier sous le contrôle des travailleurs, etc. Aujourd’hui, en quelques mois seulement, 48% de la population est favorable aux nationalisations. Tous ces gens ne nous connaissent pas, c’est avant tout leur expérience concrète qui a forcé les choses dans cette direction. Un tiers de la population refuse de payer la dette du pays, et 50% des sondés ont déclaré qu’ils allaient prendre part à une révolte dans la période à venir! Dans cette situation, nous ne devons pas parler de geler la dette ou d’en postposer le paiement, mais bien refuser de la payer, sur base de mobilisations. Nous devons aussi y ajouter le monopole du commerce extérieur et la nécessité d’une économie démocratiquement planifiée. Sur base capitaliste, le refus de payer la dette sera supporté par les travailleurs. Un autre élément important est l’internationalisme. La nécessité d’une lutte commune (d’Espagne, d’Italie,…) est très largement comprise. Dans ce cadre, notre initiative pour une semaine d’action et de solidarité a été importante, même si les résultats étaient mitigés.

    De leur côté, les anarchistes appellent tout simplement à un soulèvement généralisé. C’est déjà arrivé en décembre 2008, mais qu’est ce que ça a changé? Quel a été le résultat du soulèvement de la jeunesse de 2008? Mais depuis, il y a aussi eu la mort des trois travailleurs le 5 mai dans une banque, victimes de cocktails Molotov lancés depuis un groupe d’anarchistes parce qu’ils travaillaient un jour de grève (en fait, le patron les aviat forcé). Certains, les anarchistes les plus conscients, remettent en question leurs méthodes depuis et se sont rebellés contre leurs propres traditions. Cela fait déjà des années que nous expliquons que leurs actions ne mènent nulle part et sont destructives pour le mouvement. Les autres organisations de gauche disaient "laissez les tranquilles, ils font partie du mouvement, laissez aller". Les trois morts du 5 mai ont constitué un choc pour eux aussi.

    Nous avons eu quelques succès pour mettre en avant différents point de programme, mais nous devons veiller à constamment nous adapter. Ce n’est par exemple pas impossible d’avoir des développements du type de pillages de supermarché pour avoir de la nourriture,… En fait, tout peut aller très vite.

    La Grèce est le pays clé de l’Europe en termes de lutte des classes. Dans un sens, c’est la première révolte de classe de cette nouvelle période que nous connaissons, et cela pose à notre internationale de nombreuses nouvelles questions qui seront posées à d’autres sections à un moment ou à un autre. Ce n’est pas seulement un test pour notre section grecque, il s’agit d’un test pour toute notre internationale.

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  • Grèce : Entretien avec Andreas Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Des millions de travailleurs ont bloqué la Grèce ce 29 juin, alors que le Parlement discutait des réformes concernant les retraites et la législation sociale. Il est question de diminutions des retraites, de recul de l’âge d’accès à la retraite et les patrons pourront licencier plus facilement. Ces mesures d’austérité suivent des diminutions salariales importantes pour les fonctionnaires, une augmentation des impôts et une augmentation de la TVA de 19 jusqu’à 23%. Le gouvernement du PASOK (équivalent grec du PS) veut aussi privatiser les services publics.

    Les travailleurs Grecques ripostent avec six grèves générales en quelques mois.

    Andreas affirmait ‘La grève générale était solide. Toutes les confédérations syndicales du secteur privé et du public ont appelé à la grève, ainsi que la confédération des petites entreprises (qui a même mené campagne et produit des affiches). L’ensemble du pays était paralysé pendant cette sixième grève générale contre les plans d’austérité du gouvernement.

    Environ 20.000 personnes ont participé à la plus grande manifestation, à Athènes, et encore 10.000 à celle organisée par les syndicats liés au Parti Communiste (qui manifeste toujours séparément du reste des travailleurs). C’était une illustration importante de la colère des travailleurs, mais la manifestation était plus petite que celle de mai où plus de 200.000 manifestants avaient occupé les rues d’Athènes.

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    Les camarades de Xekinima (CIO-Grèce) avaient leur propre contingent dans la manifestation, ont vendu leur journal et ont distribué des milliers de tracts qui résumaient la phase actuelle de la résistance. Comme propositions : arrêt du paiement des dettes, opposition aux diktats du FMI, de la Banque Centrale Européenne et du gouvernement du PASOK, la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’industrie sous contrôle et gestion des travailleurs ainsi qu’un appel aux travailleurs de se joindre à la lutte pour une société socialiste.

    Partout en Grèce, des grèves importantes touchent plusieurs secteurs de façon permanente. Presque chaque jour, des grèves et des manifestations se déroulent à Athènes et dans d’autres villes. Les travailleurs des hôpitaux, les enseignants, les journalistes, les dockers, les conducteurs de bus, de tram, de métro et de train, les électriciens, les postiers, les employés des municipalités, les épiciers, les retraités et même des sections de l’armée se sont mobilisés ces dernières semaines.

    Les travailleurs sont en colère contre les attaques du gouvernement du PASOK. Ils pensent qu’il est nécessaire de faire grève maintenant, même s’il n’y a aucune perspective immédiate que les attaques peuvent être stoppées. Beaucoup de travailleurs disent ‘on sera de retour en septembre!’ indiquant ainsi qu’ils ne peuvent pas gagner cette manche de la lutte, mais qu’ils considèrent l’automne comme le début d’une nouvelle phase de résistance contre les plans d’austérité.

    Les jeunes n’ont pas encore rejoint le mouvement, partiellement à cause d’une certaine désillusion après les luttes des jeunes et des étudiants menées ces dernières années, qui n’ont pas été couronnées de victoire. Actuellement, beaucoup d’étudiants sont en examen. Le secteur de l’éducation, très volatile mais possédant des traditions de lutte militantes, pourrait se mobiliser à l’automne.

    Colère contre les privatisations

    Les dirigeants syndicaux utilisent une phraséologie militante pour attaquer le gouvernement, le FMI et la Banque Centrale Européenne, mais ils ne font rien de plus. Dans certains cas, les dirigeants agissent pour éviter que des modes d’action plus radicaux se répandent. Ainsi, il y a eu un ‘sit-in’ des travailleurs des hôpitaux, qui s’est vite répandu d’un hôpital à l’autre, touchant environ 30 d’entre eux. Les membres de Xekinima ont joué un rôle d’initiateur dans cette action, mais elle a été sabotée par des dirigeants syndicaux proches du PASOK.

    La colère parmi les travailleurs contre les privatisations est énorme. Les électriciens ont récemment occupé les bureaux de leurs patrons pour 48 heures et 3.000 d’entre eux ont marché vers le Parlement pour protester contre la privatisation du secteur. Le président du syndicat des électriciens a publiquement affirmé que si le gouvernement voulait faire passer la privatisation, il allait devoir arrêter et emprisonner chaque membre de la direction de ce syndicat pourtant proche du PASOK. Même s’il y a toujours une différence entre les paroles et les actes, c’est une illustration d’un état d’esprit généralisé.

    La gauche a face à elle une opportunité d’agrandir son influence pendant ces mois de mouvement de masse. Mais Syriza, l’alliance dans laquelle Xekinima est impliquée, ne met pas en avant un programme clairement socialiste, même après la démission des dirigeants de droite de Synaspismos, le plus grand parti de l’alliance. Les militants de Xekinima luttent pour un programme plus concret pour cette coalition, incluant la revendication de l’annulation de la dette.

    La gauche – Syriza, le Parti Communiste grec (KKE) et d’autres forces de la gauche radicale – ont une influence importante en Grèce. Ils ont la possibilité de construire un front unitaire contre le sectarisme et le séparatisme traditionnel de la gauche en Grèce, tout en développant un programme socialiste en tant qu’alternative aux attaques drastiques du gouvernement. Ils ont le devoir d’agir maintenant, pendants ces mois d’été de canicule, et de préparer un automne qui, en termes de classe, sera encore plus chaud.

  • Un tsunami d’austérité déferle sur l’Europe

    Malgré l’opération de sauvetage financier de la Grèce, ses obligations d’Etat sont toujours considérées comme de la pure camelote par les agences de notation. Maintenant, il semble bien que ce soit au tour de l’Espagne et du Portugal et, ailleurs encore en Europe, la machine d’austérité est mise en marche. Ainsi, en Grande-Bretagne, le nouveau gouvernement conservateurs / libéraux-démocrates veut assainir 7 milliards d’euros en un an. En Allemagne, Angela Merkel veut assainir 80 milliards d’euros d’ici 2014. Ce tsunami d’austérité touche presque tous les pays européens, son arrivée chez nous n’est qu’une question de temps.

    Article basé sur une analyse de Robert Bechert, du CIO

    LA CRISE N’EST PAS FINIE

    L’Union Européenne et l’euro ont reçu de bonnes claques et les réunions de crise sont devenues la norme. Les contradictions internes à l’Union Européenne se sont également exprimées avec des tensions personnelles entre différents dirigeants européens, Sarkozy menaçant même un moment de quitter la zone euro. Beaucoup a été tenté pour éviter la faillite de la Grèce et relever l’euro mais, pour la première fois depuis son instauration en 1999, une discussion s’est ouvertement développée concernant la possibilité d’expulser des pays de la zone euro.

    Les classes dirigeantes n’ont pas seulement eu peur qu’une faillite grecque conduise à une nouvelle chute économique, elles craignaient également que d’autres pays soient ‘‘infectés’’ par les protestations ouvrières en Grèce. Une révolte en Grèce ou dans un autre pays pourrait initier une vague de protestations, et cette peur est à la base de la campagne de propagande internationale destinée à faire passer les Grecs pour des ‘‘paresseux’’ ainsi que des tentatives de monter les travailleurs des différents pays les uns contre les autres.

    Cette crainte des classes dirigeantes est justifiée. La crise commencée en 2007 est loin d’être terminée. La situation économique reste incertaine, même si certains pays ont connu une faible croissance. Les capitalistes n’ont aucune confiance en une relance et, si relance il y a, elle sera de toute façon limitée et sans création d’emplois. Le fait que la croissance économique d’avant la crise ait été stimulée par le crédit a pour conséquence que les dettes restent un élément important. Les grandes dettes des Etats instaurent une pression sur les gouvernements pour assainir les dépenses mais ces opérations d’austérité peuvent conduire à une nouvelle récession.

    SONGES EUROPÉENS ET MENSONGES

    Le secteur financier reste instable, ce qui renforce la position de faiblesse de l’euro envers le dollar. Ceci dit, tous les pays européens ne sont pas mécontents avec un euro faible qui stimule les exportations. Le paquet de sauvetage pour la Grèce était destiné à sauver l’euro, mais le Financial Times a de suite fait remarquer: ‘‘La crise de la zone euro se développe tellement vite que l’opération de sauvetage pourrait vite être dépassée (par les évènements, ndlr).’’

    Le “rêve européen” est sapé par la crise ainsi que par les tensions entre les différentes bourgeoisies nationales et leurs représentants politiques. Lors de l’introduction de l’euro il y a dix ans, nous avions déjà dit qu’une complète unification européenne était impossible sur base capitaliste. L’intégration européenne à laquelle nous avons assisté était exceptionnelle mais, en même temps, le capitalisme est essentiellement resté basé sur les Etats nationaux, avec des bourgeoisies nationales défendant leurs intérêts propres. Dans un contexte où tout se passait bien sur le plan économique, les classes capitalistes nationales pouvaient coopérer. Toutefois, la crise survenue, seuls comptent les intérêts nationaux.

    Si la crise dévoile les faiblesses de l’euro, elle n’est pas destinée à n’avoir d’effets qu’au niveau des marchés financiers. Les travailleurs sont directement menacés. Il nous faut comprendre cette crise et lui apporter une réponse. Les sommets de l’Union Européenne ne sont bons qu’à conclure de grands accords et à annoncer de grandes mesures, mais ces gesticulations cachent fort mal les contradictions internes à l’Union. La succession rapide d’annonces et de mesures sans grands effets illustre justement que ces gens-là n’ont aucune véritable solution.

    QUELLE RÉPONSE ?

    Les finances publiques gémissent dans presque tous les pays européens sous l’impact des opérations de sauvetage massives à destination des banques, de la baisse des revenus de l’impôt et des mesures destinées à adoucir les conséquences de la crise. En conséquence, le niveau de vie des travailleurs et les services publics sont sous pression. En Roumanie, par exemple, il est proposé une baisse de 25% des salaires en plus d’une baisse de 15% des pensions, qui sont déjà pitoyables. Cette vague d’austérité entraîne l’instabilité ou l’impopularité de nombreux gouvernements européens.

    Les travailleurs doivent résister contre chaque tentative de nous faire payer la crise. Jusqu’à présent, la Grèce a montré la voie avec des protestations de masse contre les assainissements du gouvernement social-démocrate. Au Portugal et en Espagne également, de grandes manifestations et des actions de grève se développent, là encore contre des assainissements budgétaires portés par des gouvernements soi-disant socialistes. En Allemagne, 45.000 personnes ont récemment défilé à Stuttgart et Berlin.

    Fait remarquable, beaucoup de ces actions ont été le résultat d’une grande pression de la base, sans initiative des dirigeants syndicaux nationaux. Dans la plupart des cas, les directions syndicales semblent ne vouloir que des actions symboliques, au lieu de préparer une lutte sérieuse pour défendre nos intérêts. Des mobilisations et des manifestations peuvent illustrer la force du mouvement ouvrier, mais elles peuvent aussi être utilisées pour faire baisser la pression et ainsi freiner le développement d’un mouvement combatif.

    Ces hésitations existent parce que beaucoup de dirigeants syndicaux sont eux-mêmes rentrés dans la logique de ce système ou ne voient pas d’alternative à opposer au capitalisme. Pire, dans de nombreux cas, les dirigeants syndicaux essaient même de coopérer avec les gouvernements pour appliquer les assainissements, comme c’est le cas en Irlande mais aussi aux Pays-Bas, où la direction syndicale a accepté une augmentation de l’âge d’accès à la pension jusqu’à 67 ans.

    RÉPONDRE À LA CONFUSION PAR UNE CLARTÉ SOCIALISTE

    Ce manque de mots d’ordres clairs ou de plan d’action est une expression partielle de l’affaiblissement de la conscience socialiste et de la disparition de certaines traditions du mouvement ouvrier suite à la chute du stalinisme en 1989. Même là où se développent de nouvelles formations de gauche (Die Linke en Allemagne ou le NPA en France), l’anticapitalisme n’est pas traduit en une vision claire concernant la manière de lutter contre le capitalisme pour le remplacer par une alternative socialiste. Cette confusion est très claire à la FGTB wallonne qui mène campagne sous le slogan ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’, sans se détacher clairement du PS.

    Les défis pour le mouvement ouvrier sont gigantesques. Les attaques antisociales se combinent aux dangers du nationalisme et de la politique de diviser- pour-mieux-régner, ce qui peut avoir un certain impact sur la conscience des masses. Cela a sans doute été le cas avec la campagne massive des médias allemands contre les Grecs qui avaient besoin de ‘‘notre argent’’ parce qu’ils étaient ‘‘trop paresseux’’ pour travailler eux-mêmes. La politique de diviser- pour-mieux-régner s’exprime aussi dans des campagnes destinées à monter les travailleurs du secteur privé contre ceux du public ou encore les travailleurs autochtones contre les travailleurs immigrés. Tout est fait pour éviter que ne se développe une compréhension générale de la crise comme conséquence du système capitaliste.

    Nous devons nous opposer à la dictature et au chaos du marché, mais en même temps plaider pour une transformation socialiste de la société. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) défend la nécessité d’un plan d’action européen et a été, avec d’autres, à la base d’un appel de députés européens de la Gauche Unitaire Européenne pour une semaine européenne d’action de protestation et de solidarité fin juin. Nous devons lutter ensemble et avancer des revendications telles que la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs afin d’aboutir à une planification socialiste de la production dans une fédération européenne socialiste démocratique.

  • Une semaine de ‘Protestation et de solidarité’ tenue à travers l’Europe

    Faisons de la manifestation de la Confédération Européenne des Syndicats du 29 Septembre une "journée d’action" décisive pour la mobilisation des travailleurs

    A la suite de l’appel lancé par 16 députés européens de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL), et initié par Joe Higgins et le Socialist Party (CIO-Irlande), des protestations et des activités ont pris place dans plusieurs pays européens la semaine dernière. Même si ces actions étaient de taille restreinte, elles ont activement pointé la direction dont nous avons besoin : des actions de protestation de masse au niveau européen pour résister aux attaques des gouvernements et des patrons du continent.

    Par Paul Murphy, CIO

    A l’initiative du Socialist Party, 500 personnes ont défilé dans les rues de Dublin ce samedi 26 juin, mobilisées autour des slogans "Stop au renflouage des banques – Opposons-nous aux coupes d’austérité du Fonds Monétaire International et de l’Union Européenne – Pour la fin de la dictature des marchés." Plutôt cette semaine, une protestation à Belfast, devant les locaux de la Commission Européenne, avait reçu le soutien officiel du syndicat des pompiers, d’un syndicat des enseignants (INTO – région du nord), du syndicat de la fonction publique (PCS) et de l’association des enseignants et lecteurs (ATL). Environ 150 personnes étaient présentes à cette action.

    En Grèce, des protestations ont été organisées par Syriza, avec également un meeting qui a réuni des centaines de personnes le vendredi soir à Athènes. En Angleterre, le réseau national des délégués syndicaux (National Shop Stewards Network) a organisé un meeting le samedi 26 juin au soir, sur le thème de la solidarité internationale. En Suède, des militants de 4 organisations socialistes et syndicats (de l’Alliance de Septembre), se sont réunis devant les bureaux de la Commission Européenne à Stockholm. Ils avaient une bannière déclarant "Non à l’Europe du grand capital" et ont donné une lettre de protestation à la Commission Européenne.

    A Lisbonne, l’après-midi du 26 juin, des militants du Bloc de Gauche ont distribué 200.000 tracts concernant la crise économique. Un peu plus de 80 personnes ont protesté à Bruxelles lors d’une manifestation organisée par le Front des Gauches, avec le soutien de Synaspismos (Grèce) et de la Federazione Comunista del Belgio (Italie). Cette protestation s’est déroulée dans un quartier habité par plusieurs communautés du Sud de l’Europe et a reçu les applaudissements et le soutien de plusieurs habitants. Les membres du CIO en Autriche (Sozialistische Linkspartei) ont organise une protestation devant la Chambre de Commerce de Salzburg le mercredi 23 juin et avaient une banderole longue de 35 mètre clamant "Protestation et solidarité internationales" utilisée lors d’une manifestation le vendredi.

    Au Danemark, le meeting annuel de l’Alliance Rouge-Verte s’est déroulé à Copenhague le mercredi 23 juin, avec la participation de centaines de personnes. Finn Sørensen, le vice-président d’un syndicat de Copenhague, a attaqué les déclarations selon lesquelles la crise grecque est conséquente au fait que les travailleurs grecs vivent au-dessus de leurs moyens. Il a insisté sur la responsabilité de l’Union Européenne, du gouvernement grec et des spéculateurs. Un puissant message de solidarité a été envoyé aux travailleurs grecs du Danemark. En Italie, la semaine de protestation a été relayée par les camarades de Controcorrente, qui sont intervenus dans la grève générale du 25 juin.

    L’Europe regarde en direction de la Grèce

    Les niveaux différents de protestations dans les divers pays reflètent les différents niveaux de lutte et les situations qui existent dans les divers pays européens. Cependant, avec les mesures budgétaires draconiennes du gouvernement Tory/Libéral en grande Bretagne et avec l’annonce des attaques vicieuses d’Angela Merkel en Allemagne, ainsi que les mesures d’austérité annoncées en France, il est maintenant très clair que c’est toute l’Europe qui se dirige vers la Grèce. Au cours de ces derniers jours seulement, il y a également eu des grèves générales ou des grèves générales partielles en France, en Italie et au Pays Basque en Espagne.

    Cette semaine d’action initiée par le Comité pour une Internationale Ouvrière a mis en avant le chemin à suivre pour les travailleurs partout à travers l’Europe: celui de la nécessité d’actions communes à l’échelle européenne pour vaincre les attaques antisociales qu’on cherche à nous imposer.

    Maintenant, les regards se tournent vers la "Journée d’action" annoncée par la Confédération Européenne des Syndicats pour ce 29 septembre. Les syndicats espagnols ont annoncés qu’ils partiraient en grève générale ce même jour. Le CIO plaide pour que cette journée d’action devienne une réelle journée de mobilisation des travailleurs à travers l’Europe. Là où cela est approprié, comme en Espagne, des grèves générales pourraient être organisées ce jour-là, avec des manifestations régionales et une manifestation majeure à Bruxelles.

    Dublin

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Clare Daily (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Autriche

    Angleterre – Coventry

    Suède

    Danemark

    Belgique

  • Gay Pride : 800.000 personnes à Paris contre l’homophobie

    Ce samedi 26 juin, les rues de la capitale accueillaient l’édition 2010 de la Gay Pride, dans une ambiance électrique et combative. Plus de 800.000 personnes ont ainsi défilé sous le drapeau arc-en-ciel ! Le mot d’ordre était clair : «Violences, discriminations, ASSEZ! Liberté et Egalité, partout et toujours.» Les principales revendications mises en avant cette année : le droit au mariage et à l’adoption, ainsi que la lutte contre la violence homophobe et les discriminations, revendications à la justesse cruellement illustrée le soir même : un homme s’est en effet fait poignardé.

    Par Pablo V. (Bruxelles)

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    Après 40 ans de Gay Pride, la lutte continue

    La fin des années ‘60 a été riche en luttes : mai 68, mobilisations anti-guerre, Printemps de Prague, mouvement noir,… C’est dans ce contexte de luttes que naissent les émeutes de Stonewall à New York, luttes qui symbolisent le début du mouvement LGBT.

    Par Julien (Bruxelles)

    A l’époque, les LGBT n’avaient légalement aucun droit et les descentes homophobes de flics étaient fréquentes. Le 28 juin 1969, un raid un peu plus violent que d’habitude au Stonewall va amener les LGBT à se mobiliser contre les attaques policières et les lois homophobes. En solidarité avec les mouvements afro-américains, des slogans comme ‘‘Gay Power’’ et ‘‘Gay is good’’ seront criés à chaque manifestation. Le Gay Liberation Front fut fondé par les militants LGBT de l’époque à New-York et s’étendra très vite au Canada, en Australie et dans beaucoup de pays européens. Très vite est née une collaboration pratique entre le GLF, les Blacks Panthers et les mouvements anti-guerre.

    Cette année, cela fera 40 ans que la première Gay Pride a été organisée à New-York. Le but était clairement de revendiquer des droits. Aujourd’hui, le milieu gay est beaucoup trop cher et beaucoup de LGBT en sont exclus. La Gay Pride est hélas essentiellement devenue l’opportunité de faire de l’argent et l’aspect revendicatif est de plus en plus mis de côté.

    (Petit) tour du monde de l’homophobie

    • 8 pays dans le monde exécutent des homosexuels.
    • L’homosexualité est punie par la loi dans une soixantaine de pays.
    • Aux Etats-Unis, les homosexuels sont exclus de l’armée. “Nous n’avons pas été en mesure d’empêcher le massacre de Srebrenica en Bosnie parce que l’armée était composée de soldats gays” se justifie un ancien commandant des forces de l’Otan.
    • Il est légal de licencier pour homosexualité dans 30 Etats américains.
    • Pour le numéro deux du Vatican, les multiples scandales de pédophilie qui secouent l’Eglise catholique sont liés à l’homosexualité et non au célibat des prêtres.
    • Dans les pays de l’Europe de l’Est, les Gay Pride sont violemment réprimées.

    A lire également:

    • DOSSIER: l’égalité reste à gagner!
    • DOSSIER: Histoire du mouvement LGBT – Les émeutes de Stonewall – 1969
    • Deux réfugiés LGBT agressés à Bruxelles
    • Répression des LGBT en Europe de l’EST
    • Les propos de Léonard font réagir le mouvement LGBT
    • Les droits des LGBT avant et maintenant
    • Luttons contre l’homophobie! – Interview d’une camarade brésilienne
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      A côté de chars publicitaires, se trouvaient de nombreuses associations LGBT telles que ACT UP, SOS homophobie,… mais aussi les syndicats (CGT, CFDT…), l’ensemble de l’opposition (NPA, PCF, Parti de Gauche, Europe Ecologie, PS,…), d’anciens militants du FHAR (le front homosexuel d’action révolutionnaire), ainsi qu’une soixantaine d’associations diverses (sans-papiers, sportifs, policiers,…). La commission LGBT du PSL-LSP participait également à l’évènement, aux côtés de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, courant du NPA.

      Pour beaucoup, c’était l’heure de faire le bilan du gouvernement Sarkozy. En effet, aucune promesse de campagne n’a été respectée au point que GayLib (mouvement pourtant associé à l’UMP) s’est attaqué frontalement au gouvernement («Assez de promesses, l’égalité maintenant!») Au niveau européen aussi, avec l’aide du PPE et du Saint Siège, la majorité présidentielle s’est singularisée dans son opposition virulente au projet de loi visant simplement à combattre les discriminations homophobes au sein de l’Union. Pourtant, il s’agit bien d’une urgence. Selon une étude menée par la Halde en 2006, 85% des homosexuels se disent victimes de discriminations voilées (dénigrement ou rejet), et 40% d’entre eux affirment subir des discriminations ouvertes (blagues, insultes, harcèlement, voire violences physiques), émanant, la plupart du temps, de collègues. Les coupes budgétaires et l’austérité que nous annonce Sarkozy ne devrait pas améliorer cette situation, bien au contraire.

      Un homme poignardé en pleine Gay Pride cette année !

      La Gay Pride battait son plein dans le quartier du Marais à Paris, lorsque, vers minuit, un homme d’une quarantaine d’année s’effondre. Il s’est fait poignarder. Au même moment, une fusillade éclate à San Francisco blessant 3 personnes (dont une grièvement) dans une attaque terroriste contre la Gay Pride californienne. Ces attaques homophobes montrent que si aujourd’hui, pour certains, affirmer son orientation sexuelle est devenu moins complexe que par le passé, pour les autres, cette même affirmation peut devenir synonyme de violence et d’oppression. Par ailleurs, on se rappelle tous des dernières Gay Pride en Europe de l’Est et en Russie, où les militants LGBT devaient à la fois esquiver les coups de matraque de la police et les cocktails molotov lancés par des fascistes et des extrémistes religieux. Pire encore, les homosexuels sont actuellement persécutés dans plus de 60 pays dans le monde (prison à vie, coups de fouet…) et sont encore condamnés à la peine de mort dans huit pays. Dans un tel contexte, on ne peut pas rester les bras croisés.

      Néanmoins, la violence homophobe n’est pas inéluctable !

      Il y a fort à parier, par ailleurs, que la crise qui fragilise les plus opprimés à travers la destruction d’emploi, des services publics et d’éducation aura des conséquences sur les LGBT. A l’inverse, la défense des droits sociaux, le partage du temps de travail pour travailler tous, la garantie d’un logement décent,… permettrait sans doute de briser cet engrenage de tensions au sein de la société, et d’en finir avec la logique du « diviser pour mieux régner » chère à Nicolas Sarkozy et autres PPE.

      C’est pourquoi nous devons nous organiser pour résister à la violence homophobe, tout en construisant un rapport de force avec les travailleurs pour changer la société. Si pour vous aussi, ne rien faire, c’est laisser faire, alors rejoignez le PSL et sa commission LGBT. Samedi, nous avons par exemple tenu un stand avec de nombreuses brochures sur l’histoire du mouvement LGBT, Stonewall, avec notre organisation sœur en France (la Gauche Révolutionnaire) lors de la Gay Pride parisienne. Une initiative encourageante des deux côtés de la frontière !

  • Semaine européenne de protestation et de solidarité: Danemark

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    Solidarité européenne!

    Manifestation ce samedi 26 juin – 13h30 – Place Van Meenen, Saint Gilles (Bruxelles) – Près de la Gare du midi, arrêt Horta

    • Agenda de la semaine d’action européenne
    • Appel du Front des Gauches
    • Tract du Front des Gauches
    • Europe – Initiative pour une "semaine de protestations et de solidarité"
    • Vidéo de le Gauche Unitaire Européenne pour la semaine d’action
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      Au cours de la soirée du mercredi 23 juin, l’Alliance Rouge-Verte a célébré son rassemblement annuel de l’été à Copenhague. Des centaines de personnes ont assisté à l’événement et ont écouté les discours et les concerts tout en regardant les feux d’artifices. Des rapports suivront bientôt d’Autriche, de Suède ou encore de Grèce.

      Finn Sørensen, vice-président d’un syndicat de l’industrie et des services à Copenhague et membre de la direction de l’Alliance Rouge-Verte, était parmi les conférenciers. Dans son discours, il a attaqué vigoureusement la déclaration selon laquelle les crises en Grèce sont le résultat des travailleurs grecs vivant au-dessus de leurs moyens. Au lieu de cela il a placé la responsabilité des crises sur l’Union européenne, le gouvernement grec et les spéculateurs.

      Sørensen a qualifié la résistance des travailleurs grecs de "magnifique" et a demandé à l’auditoire d’applaudir pour marquer leur solidarité. La réponse de l’auditoire a montré sans aucun doute qu’au cours de cette belle soirée d’été un message puissant de solidarité a été envoyé du Danemark aux travailleurs grecs.

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