Category: Asie

  • Protestation contre la peine de mort en Inde

    Ce 12 septembre, une action aura lieu devant l’ambassade indienne à Bruxelles, contre la peine de mort en Inde. Trois militants qui avaient été arrêtés pour leur implication présumée dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rajiv Gandhi, en mai 1991, seront pendus au cours de ces prochains mois. Cette mobilisation contre la peine de mort en Inde aura lieu de 14h à 16h.

    Ces trois personnes, Murgan, Santhan et Perarivalan, font partie d’une série de militants arrêtés après l’assassinat de l’ancien Premier ministre en 1991. Il est fort largement admis que le jugement de ces prisonniers a été fort loin d’être équitable. Leur implication dans cet assassinat est toujours fortement contestée et une campagne a été lancée pour les faire échapper à la peine de mort, principalement dans l’Etat indien de Tamil Nadu et dans la diaspora tamoule (minorité ethnique au Sri Lanka et dont ils font partie). Plusieurs militants ont d’ailleurs développé à partir de cela la campagne "Stoppez la peine de mort en Inde", une campagne soutenue par Noam Chomsky, Arundhati Roy, Desmond Tutu et l’eurodéputé Paul Murphy.

    Nous soutenons cette campagne et appelons à rejoindre l’action. Ce 30 août, une action similaire a été menée à l’ambassade indienne à Londres en présence de plusieurs centaines de personnes (voir photo) et c’est à la suite de cela que se déroulera l’action devant l’ambassade indienne de Bruxelles ce 12 septembre, 217 Chaussée de Vleurgat, 1050 Ixelles.

    Manny Thain, membre de la section britannique de la campagne internationale de solidarité avec la communauté tamoule ‘‘Tamil Solidarity’’ a déclaré: ‘‘La peine de mort est tout à fait barbare. Ces trois hommes doivent être immédiatement amnistiés. Ce sont des prisonniers politiques qui n’ont pas commis de crime contre l’humanité, au contraire du président du Sri Lanka Rajapakse. Le gouvernement indien soutient toujours le président sri-lankais et a donc lui aussi du sang sur les mains. L’ONU soupçonné de crimes de guerre. C’est de l’hypocrisie pure. Nous nous opposons à la peine de mort et demandons son abolition."

    La participation de l’Inde lors de la récente guerre menée au Sri Lanka est bien connue et a reçu beaucoup d’attention dans l’Etat indien de Tamil Nadu. Dans cette guerre, qui s’est terminée en mai 2009, au moins 40.000 personnes ont été tuées les dernières semaines uniquement. L’énorme colère suite à l’implication du gouvernement indien a été illustrée par les dernières élections régionales de l’Etat de Tamil Nadu, où le Parti du Congrès, au pouvoir en Inde, et ses partenaires locaux ont reçu une cuisante défaite. Aujourd’hui, le gouvernement tente de détourner l’attention avec la pendaison de ces militants. Cette colère ne fera toutefois que s’accroître.

    Nous appelons à une manifestation, soutenue par l’Organisation Culturelle Tamoule (Tamil Culturele Organisatie) et la Campagne Tamil Solidarity. Rassemblement lundi prochain à 14h à l’ambassade indienne, 217 Chaussée de Vleurgat à Ixelles (Bruxelles). De la gare centrale, l’ambassade peut être atteinte avec le bus n°38 (direction Helden/Héros, arrêt "Van Eyck", après un vingtaine de minutes, l’arrêt est tout près de l’ambassade).

    Lettre de protestation utilisée à Londres

    We are here today to protest against the death penalty given to Murugan, Santhan, and Perarivalan who were accused of involvement in the assassination of former Prime Minister Rajiv Gandhi. We believe their case was not heard properly and the highest penalty of capital punishment is not justified and must be retracted.

    These men have languished in solitary confinement for the past 21 years and have lived with the fear of being sent to the gallows at any moment. In fact a ‘life’ sentence is normally only around 14 years.

    The Indian government has now been forced to delay their execution by eight weeks, through Chennai high court order, but we will continue to protest to demand that the death penalty be cancelled. We demand that either they are released immediately or their case is re-opened and heard publicly with the representatives of working people in India taking active part in it.

    We register here our passionate and absolute opposition to capital punishment. It is an inhuman act and should not be in practice in any country, especially one claiming to be a ‘democracy’. We demand the immediate abolition of capital punishment in India.

    We therefore demand that others who have been given death sentence: Afzal Guru, Devendranath Dass of Assam and Devinder Singh Pal Bhullar of Punjab, should also be pardoned and their mercy petition should be accepted.

    Internationally there is huge disgust at the planned hanging of these three men and the media is increasingly looking at the credentials of the so-called ‘biggest democracy in the world’.

    The ‘End Death Penalty in India’ campaign, which includes the Tamil Solidarity campaign, has gained considerable support worldwide.

    In a matter of days over 1,000 people have signed the petition against the death penalty in India. The list includes well-known and celebrated human rights activists and spokespeople: Desmond Tutu, former archbishop and anti-apartheid campaigner in South Africa; Noam Chomsky, US political theorist and activist; Arundhati Roy, writer, activist and Booker prize winner; Paul Murphy, Member of the European Parliament from the Socialist Party, Ireland.

    That the Indian government has meanwhile given political and material support to the Sri Lankan regime of Rajapaksa, accused by the UN of war crimes, is a further cause for anger. This must stop. We demand a genuinely international independent investigation into the events of the war to be carried out by a people’s tribunal consisting of accountable representatives of the working class and poor people from all communities, chosen by them and observed by international trade union and human rights organisations.

    The End Death Penalty in India campaign and Tamil Solidarity will continue to build support internationally until a decision to end capital punishment is reached.

    Yours,

    Tamil Solidarity Campaign

    End death Penalty in India campaign

  • Suède : Action de solidarité avec les grévistes du Kazakhstan

    Au Kazakhstan, sept millions de personnes utilisent le réseau de téléphonie Telia (c’est-à-dire 98% de tous ceux qui possèdent un téléphone). C’est pour cette raison qu’une action de protestation a été menée ce mercredi 31 devant les enseignes de Télia à Stockholm et Göteborg, en solidarité avec les travailleurs du pétrole en grève au Kazakhstan.

    Par Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Telia est l’ancienne compagnie de télécom d’Etat suédoise (l’Etat est d’ailleurs toujours partiellement impliquée dans la compagnie). Depuis quelques années, Telia est devenue propriétaire de Kcell, la plus grande société de télécom au Kazakhstan. Sur son site et dans sa propagande, Telia parle beaucoup de son ‘‘commerce socialement responsable’’ mais, en réalité, cette entreprise collabore avec le régime dictatorial du Kazakhstan.

    Dès le début du piquet de solidarité, les managers des magasins Telia ont appelé la sécurité et la police. Malheureusement pour eux, notre action de protestation était tout à fait légale, et la police n’avait aucun pouvoir pour nous arrêter. Les managers ont dû faire avec, et regarder certains clients potentiels se détournés de leurs entrées.

    A Göteborg, une quinzaine de personnes se sont rendues à deux magasins Telia différents. A Stockholm, nos conseillers communaux, Mattias Bernhardsson et Lina Thörnblom, ont participé aux protestations. Les réactions des passants étaient très positives face à nos banderoles et pancartes ainsi qu’à la lecture de notre tract qui expliquait les raisons et le développement de la grève des travailleurs du pétrole au Kazakhstan, et qui expliquaient la nécessité de la solidarité internationale. Nous avions également une pétition, qui nous a permis de récolter une trentaine d’euros pour le fonds de solidarité des grévistes. Notre journal, Offensiv, avait une page entière consacrée au soutien apporté par les mineurs suédois aux grévistes du Kazakhstan.

    Notre tract mettait notamment en avant que même le gouvernement suédois a dû reconnaître dans son rapport de 2010 sur les droits de l’Homme que la situation au Kazakhstan “s’était détériorée ces dernières années.” Les mouvements d’opposition dans le pays sont durement réprimés et le président Nursultan Nazarbayev et sa famille encouragent un culte de la personnalité, disait encore ce rapport des autorités suédoises.

  • Kazakhstan : la terreur utilisée contre les grévistes

    La fille d’un des militants syndicaux a été assassinée

    C’est ce 20 août, près de la ville de Jañaözen, dans l’oblast deMangistaw, qu’est décédée la fille (18 ans) de Kudaybergen Karabalayev, délégué principal de l’entreprise de transports UOS-1 de la Filiale Production “OzenMunayGaz”. Celle-ci a été trouvée morte le 24 août, à proximité de la ville. L’enquête a révélé que Jansawle Karabalayeva a reçu deux blessures fatales : la mâchoire détruite et le crâne défoncé.

    Un mois auparavant, Kudaybergen avait été élu président du comité syndical de son entreprise et y avait maintenu la grève (plus d’informations dans les liens ci-contre). Ses collègues ont remarqué qu’il avait beaucoup maigri ces dernier temps, et qu’il commençait à avoir peur de quelque chose. La raison ne peut en être qu’une seule chose : les menaces des tueurs à gages et autres tentatives de “persuasions” de la part des nervis à la solde du patron de l’entreprise.

    La même chose s’est produite dans les jours qui ont précédé le meurtre de Jaksilik Turbayev, candidat au poste de délégué principal sur l’entreprise “MunayFiltrServis”, et décédé le 2 août dernier. Même l’écriture des meurtriers coïncide. Cela fait déjà longtemps que les téléphones des grévistes recevaient des SMS de menaces, parlant d’exécution de proches. Il semble qu’à présent l’enlèvement de dirigeants des travailleurs et le meurtre de proches des militants est pratiqué de manière bien préméditée, et il ne fait aucun doute que l’objectif principal est d’intimider les ouvriers en grève. Cependant, les actions des bandits à gages et de ceux qui les payent ne font que renforcer la combativité et le sentiment de haine des grévistes, en lutte depuis plusieurs mois déjà.

    La police kazakhe chasse les travailleurs et les militants syndicaux et fabrique contre eux de faux dossiers criminels, mais elle ne fait rien quand la terreur s’abat sur les travailleurs. Dans cette situation, il est indispensable pour les travailleurs d’agir par eux-mêmes : créer leur propres milices d’autodéfense et assurer la sécurité des militants et de leurs parents, organiser la garde des lieux de rassemblement et de rencontre ainsi que tenter de trouver les meurtriers par leurs propres forces. C’est là la seule manière de s’opposer à de telles attaques.

    Ce 30 août, une action se déroule à Moscou devant à l’ambassade de la République du Kazakhstan.

    Envoyez vos lettres de condoléance à l’adresse suivante :

    M. Kudaybergen Karabalayev, ul. Oralbaya Ongarbekuli, d.26, p. Tenge, g. Janaozen – Mangistauskaya oblast – Respublika Kazakhstan

    Des lettres peuvent aussi être envoyées à l’adresse : solidar@gmail.com

    Ci-dessous: exemple de sms de menace: "Si tu pars à Moscou, ta famille va s’envoler au ciel ou brûler vivante, compris !!!"

  • Pologne : Solidarité avec les luttes des travailleurs du pétrole au Kazakhstan!

    Un piquet de solidarité en défense des travailleurs du pétrole en grève au Kazakhstan et protestant contre la brutale répression à laquelle ils font actuellement face a été tenue au Consulat de la République du Kazakhstan ainsi qu’au siège de la ‘Oil and Gas Exploration’ de Cracovie ce 25 août.

    Durant cette action, des membres et partisans d’Alternatywa Socjalistyczna (CIO-Pologne) ont distribué des tracts et ont informés les passants concernant cette lutte exemplaire au Kazakhstan, et ont récolté des signatures pour une pétition revendiquant la fin de leur persécution. Ces signatures seront envoyées à la campagne de solidarité des travailleurs kazakhs.

    Cette action a pu compter sur l’intérêt des passants et des travailleurs du siège polonais de ‘l’Oil and Gas Exploration’, interpellé par cette action de rue qu’ils voyaient pour la première fois.

    Ensuite, les membres d’Alternatywa Socjalistyczna se sont rendus au Consulat du Kazakhstan pour leur livrer une lettre de protestation contre la situation actuelle dans le pays.

  • Chine: Au Jiangxi, une seconde protestation majeure contre la pollution en moins d’une semaine

    Ce 16 août, les habitants de Lianhua, dans le sud-est de la province de Jiangxi, ont manifesté contre une usine chimique polluante. Cette protestation impressionnante arrive deux jours à peine après que plus de 12.000 personnes aient occupé les rues de Dalian, dans le nord-est, ce qui a d’ailleurs été jusqu’à forcer les autorités à fermer l’usine pétrochimique de Fujia.

    Chinaworker.info

    Les habitants impliqués dans les protestations de Jiangxi ont organisé un blocage durant des mois, à l’entrée de la Longsen Industrial Company qu’ils accusent d’être responsable d’une pollution sévère des eaux, des poissons et des récoltes dans la région. Le mardi 16 août, le gouvernement local a décidé de réprimer la manifestation en envoyant des centaines de policiers armés. Divers rapports font état de violence policière contre les manifestants, qui ont été battus et comportent de nombreux blessés dans leurs rangs.

    La manifestation s’est alors dirigée sur une autoroute importante afin de bloquer le trafic, entraînant une répression encore plus féroce de la part des autorités. Des rapports, non-confirmés toutefois, affirment que plus de 2.000 personnes ont participé aux protestations. Différentes arrestations ont eu lieu et un témoin a rapporté au journal Epoch Times que “La police a fait usage de matraques électriques pour frapper les manifestants, y compris des enfants de parfois 12 ou 13 ans.”

    Selon des commentaires que l’on peut lire sur différents blogs, l’usine relâche des substances très toxiques dans l’environnement local. On peut constater cela à la mort des poissons ainsi qu’à la destruction de la végétation. “Depuis l’an dernier, les enfants ont commence à être malades. Lorsque deux enfants sont décédés, les villageois ont été tellement furieux qu’ils ont bloqué l’entrée de l’usine, et ne lui ont plus permis de fonctionner. Ils ont bloqué cette entrée avec des briques et de la boue depuis déjà quatre ou cinq mois” a déclaré un villageois à l’Epoch Times.

    Les manifestations de ces derniers jours ne constituent que le ‘‘sommet de l’iceberg’’. Chaque année, il y a des millions de protestations liées à l’environnement en Chine. Les raisons qui expliquent cela ne sont pas difficiles à comprendre, la destruction de l’environnement atteignant une ampleur sans précédent résultant du véritable emballement d’une industrialisation chaotique et non-dirigée ainsi que de la totale absence de droits démocratiques et d’organisations qui pourraient influencer ces développements dans les collectivités locales.

    Plus tôt durant le mois d’août, une usine de la province de Shandong a subi une fuite de gaz mortelle, qui a tué ou blessé 125 personnes. A Dalian, une tempête tropicale a causé des vagues qui ont ébranlé la digue de l’usine pétrochimique de Fujia, faisant craindre un scénario à la Fukushima avec déjection de liquide très dangereux. Il y a de cela trois mois, de grandes protestations ont encore eu lieu dans la province du Yunnan suite à un emprisonnement de poissons après qu’une usine se soit débarrassée de produits chimiques en les envoyant tout simplement dans les égouts.

    Au niveau national, des centaines de milliers d’enfants souffrent dans le pays des conséquences d’un empoisonnement, avec des désordres permanents mentaux ou physiques, comme en fait notamment état Human Rights Watch. Son rapport parlait aussi de la répression, des détentions et d’autres actions de la police qui veulent briser toute protestation de la part des victimes.

    Les véritables socialistes et le site chinaworker.info font campagne pour l’instauration de syndicats et d’organisations indépendants pour représenter les intérêts des travailleurs et des paysans pauvres. Nous appelons à la libération de toutes les personnes détenues après les protestations de Lianhua. Lutter pour la protection de l’environnement n’est pas un crime !

    La Chine est devenue un dépotoir pour déchets dangereux tandis que ses ressources naturelles sont exploitées avec la plus grande insouciance, sans la moindre considération pour les gens ou l’environnement. Tout cela ne sert que la soif de profit à court terme des capitalistes et des fonctionnaires corrompus avec qui ils travaillent. Leur contrôle de l’économie doit être brisé si nous voulons empêcher la destruction de l’environnement !

    Nous revendiquons la tenue d’élections réellement démocratiques à tous les niveaux de gouvernement. Nous avons besoin d’une planification démocratique de l’économie pour partager les ressources et pour utiliser des méthodes de production propres.

  • École d’été du CIO : Quelques explications sur le voyage du député européen Paul Murphy au Kazakhstan

    Paul Murphy, euro-député Socialist Party (la section irlandaise du CIO) était présent lors de l’école d’été du CIO, tout juste de retour du Kazakhstan, après avoir participé à la Flottille de la Liberté en route pour Gaza et avoir été en Tunisie. A la suite du dossier d’hier consacré au Kazakhstan, voici quelques autres informations, qui illustrent aussi de quelle façon le CIO utilise ses positions parlementaires.

    Images de droite: Joe Higgins, Tanja Niemeier et Paul Murphy

    Le député européen Paul Murphy et Tanja Niemeier, attachée au groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) au Parlement européen, se sont rendus au Kazakhstan du 15 au 21 juillet dernier. Cette visite suivait une >précédente de Joe Higgins en 2010, alors qu’il était député européen (depuis lors, il a été élu au Parlement Irlandais, et a été remplacé par Paul Murphy), également grâce au groupe GUE/NGL. Ces visites ne ressemblaient pas du tout aux visites officielles auxquelles est habitué le régime… Plutôt que de s’adresser aux officiels, Joe, Paul et Tanja ont avant tout cherché à rencontrer des militants syndicaux, des militants des droits de l’Homme, etc.

    Paul explique : ”Le Kazakhstan a profondément été inspiré par le souffle révolutionnaire provenant d’Afrique du Nord et du Moyen Orient. Notre présence dans la pays a eu un impact incroyable. Nous avons été en une de la presse non-contrôlée par le gouvernement plusieurs jours durant. D’ailleurs, même les médias contrôlés par l’Etat n’ont pu passer la chose sous silence, et on mené une campagne de propagande haineuse. Ce pays est une dictature, il n’y a aucun doute à avoir, mais elle affirme pourtant se diriger vers les ”idéaux européens”. Notre arrivée a mis pression sur cette comédie.

    ”La principale compagnie pétrolière est toujours aux mains de l’État, et enrichi le clan Nazerbayev. En termes de réserves pétrolières, le pays a énormément à offrir, mais la population n’en profite absolument pas. Cela rend cette grève particulièrement emblématique. Les conditions de travail sont très dures, avec des écarts de température entre l’été et l’hiver très impressionnants. Il y a eu plusieurs morts là-bas ces dernières années. Cette grève dure maintenant depuis deux mois, sans le moindre salaire. Toute la machine répressive a été lancée contre les grévistes, en plus de lock-out patronaux. Plusieurs grévistes ont reçu des lettres de menace, des messages anonymes qui disent que si la grève se poursuit, leur maison va brûler,… La police et la police antiémeute ont souvent été envoyés pour dégager les grévistes. Des jets de combat ont même survolé la zone afin de tenter d’intimider les travailleurs.

    ”L’impact dans tout le pays de la grève des travailleurs du pétrole est gigantesque, ces évènements sont suivis avec espoir par toute la population. Notre visite a pu aider cette lutte, qui, à cause de son ampleur, de sa combativité, de sa durée, est la grève la plus importante dans un pays d’ex-URSS depuis la chute du stalinisme. Par exemple, le parti d’opposition officiel, qui soutient les oligarques, a été forcé de se répandre en propos élogieux dans la presse en faveur des grévistes et de la délégation du Parlement Européen qui était présente.

    ”Notre arrivée a été une occasion d’affaiblir la répression et de redonner courage aux travailleurs en lutte. La direction de l’entreprise nous a invités à discuter avec elle, et les travailleurs nous ont d’ailleurs poussés à accepter afin de clairement signifier qu’ils n’étaient pas contre la négociation et qu’au contraire, c’était la direction qui refusait. Mais nous avons bien entendu insisté pour que les représentants des travailleurs soient présents. Ils ont été agréablement surpris de voir que nous avons directement argumenté en faveur des travailleurs et que nous ne nous sommes pas laissés bercer par les belles paroles de la direction de l’usine.

    ”Nous avons dénoncé la direction, qui refusait toute discussion avec les travailleurs tant qu’ils étaient toujours en grève. Nous avons également aidé à diffuser les informations concernant cette lutte dans tout le pays. Nous venons d’apprendre que 5.000 travailleurs d’une usine du pays sont entrés en grève en solidarité, durant une journée. De plus petites entreprises ont aussi fait grève, parfois plus longtemps, pour soutenir leurs camarades. Nous voulons pousser la campagne de solidarité au niveau international également, que des messages de solidarité parviennent de partout dans le monde.

    ”Un des éléments les plus importants de la lutte, c’est qu’il ne s’agit pas simplement d’une lutte économique, des revendications telles que la liberté de se syndiquer librement, la nationalisation du secteur sous le contrôle des travailleurs,… font aussi partie des demandes portées par les grévistes. La victoire de cette grève pourrait véritablement enflammer le pays. Il faut se remémorer quel rôle a pu jouer en Tunisie la grève de Gafsa en 2008 (qui dura pas moins de 6 mois). Cette lutte a véritablement enclenché tout un processus où la peur a commencer à disparaître, puis finalement à changer de camp, jusqu’à la chute du dictateur. Cela peut devenir pareil ici.

    ”Nous pouvons être fiers du travail effectué par la section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Kazakhstan. Nos camarades sont devenus une référence pour les grévistes, et ils jouissent d’une grande autorité parmi les travailleurs, y compris pour des camarades qui habitent parfois à plusieurs milliers de kilomètres de là.”

    Dans la session spéciale de l’école d’été du CIO consacrée à la situation au Kazakhstan, Tanja et Paul sont encore revenu sur leur expérience au Kazakhstan. En voici un rapport.

    La visite de l’an passé était surtout basée sur la question des droits syndicaux et de la situation dans les prisons. Il y avait alors un soulèvement dans celles-ci, très vétustes et héritées de la période de l’Union Soviétique. Il y avait notamment des exemples massifs d’automutilation de prisonniers afin de protester contre les très mauvaises conditions de détention. Mais ce qui se passe dans prisons n’est qu’un élément illustratif de la situation de la société de façon plus globale. L’an dernier, Joe et Tanja avaient conclu de leur visite qu’il y avait une véritable bombe à retardement sociale au Kazakhstan. Tous les travailleurs ont successivement commencé à dénoncer leurs conditions de vie et de travail. La peur disparait peu à peu, et la différence avec l’an dernier est flagrante.

    Avant le départ de Paul Murphy, ce dernier a interpellé le représentant du Kazakhstan au Parlement Européen pour lui demander des précisions sur le mouvement de grève dans le secteur du pétrole, une grève très importante pour l’avenir des luttes dans le pays, et notamment de l’arrestation de l’avocate des grévistes. Mais le représentant du Kazakhstan a juste brièvement répondu qu’il ne s’agissait que d’une grève de quelques centaines de personnes (alors qu’il y aurait actuellement 18.000 travailleurs impliqués dans le conflit…), et que ce conflit n’était en rien important. Mais il a par contre beaucoup parlé du caractère de la visite de Joe Higgins l’an dernier, qui n’était pas professionnelle (c’est-à-dire qu’elle ne respectait pas le protocole officiel) et avait menacé les relations entre l’Union Européenne et le Kazakhstan.

    Tant au Parlement Européen qu’à l’Ambassade du Kazakhstan en Belgique, les représentants officiels étaient très inquiets par cette visite, car le régime accorde beaucoup d’importance à sa réputation internationale. Quant à l’Union Européenne, elle entretenir de bonnes relations avec le régime en raison des richesses naturelles du pays et de la position du Kazakhstan en tant qu’acteur régional en Asie Centrale. Ce pays a une position clé dans la sauvegarde des intérêts impérialistes dans la région et est par exemple intervenu dans situation révolutionnaire en Kirghizistan, notamment en assurant la fuite du président. De même, lorsqu’il y a eu des troubles en Ouzbékistan en 2005, le président Nazerbaïev est intervenu pour assurer que les choses restent sous le contrôle du régime. Le Kazakhstan possède aussi une position clé pour assurer que l’Union Européenne soit moins dépendante de la Russie en termes d’approvisionnement de pétrole.

    Le pays est très riche, et la population, qui vit dans une pauvreté insoutenable, en est bien consciente. Astana, la capitale, ressemble quasiment à Las Vegas, avec des routes massives, d’énormes bâtiments futuristes, des statues gigantesques (surtout du président, bien entendu),… Mais à côté des grandes routes très modernes, le reste n’est que de la boue. Quant aux gens qui travaillent dans les bureaux, ils quittent leurs habitations qui ne sont que des cabanes très vétustes pour aller travailler dans des bâtiments ultra-modernes, pour ensuite retourner dans leurs taudis.

    La grève qui se développe actuellement dans le secteur pétrolier est d’une grande importance car elle porte en elle un grand potentiel de changement pour le pays et a un effet énorme sur l’élévation de la conscience politique de la population. De façon générale dans le pays, il y a une grande connivence entre le patronat et le gouvernement. La politisation générale des travailleurs est très visible, et particulièrement remarquable si on compare la situation actuelle à celle de l’an dernier.

    De plus en plus, la population est consciente que ce n’est pas l’entourage du président qui pose problème, ni même le président, mais bien le système dans son entièreté. Des couches plus larges font maintenant clairement le lien entre le régime politique et le régime économique. Concernant la grève des travailleurs du pétrole, c’est surtout le fait que la grève soit devenue une grève politique, avec des revendications portant par exemple sur la liberté de s’organiser et pas seulement sur les salaires, qui fait peur au gouvernement. Une extension de cette grève étendrait aussi au pays la question des revendications politiques comme celle du contrôle ouvrier sur la production, que portent les grévistes.

  • Ecole d’été du CIO : Kazakhstan, une situation explosive

    Le Kazakhstan actuellement des développements importants. Une grève de travailleurs du pétrole dure depuis plus de 2 mois, et cette situation de contestation se retrouve plus généralement dans le pays. Aujourd’hui, les masses du pays commencent à ne plus avoir peur, et un scénario ‘‘à la tunisienne’’ n’est pas à exclure pour les prochaines années.

    La grève des travailleurs de KazMunaiGas

    La grève a commencé dans une filiale de l’entreprise nationale de pétrole, décrite comme une entreprise nationale mais sous le contrôle d’un seul homme, le beau-frère du président Nazarbaïev, qui possède également d’autres entreprises dans le secteur. A la base, les travailleurs demandaient que l’entreprise respecte la législation sociale.

    Là où se trouvent les champs pétroliers, les conditions sont très pénibles. Ce sont des déserts où la température peut atteindre 40° l’été, et -40° l’hiver. Rien ne pousse dans la région, tout doit être acheminé, et les salaires permettent à peine de pouvoir acheter la nourriture, qui coûte très cher. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs morts sur le site, mais la direction refuse de reconnaitre sa responsabilité. Elle envoie ainsi une lettre de licenciement à la famille pour s’assurer de n’être plus responsable.

    Dans un premier temps, les travailleurs ont écrit au président et à diverses autres personnes pour chercher un soutien, durant toute une année, mais sans résultat. Ils en sont donc arrivés à la conclusion qu’ils ne pouvaient compter que sur eux même. Les syndicats leur ont mis des bâtons dans les roues et, l’an dernier, un travailleur a même été passé à tabac sur ordre des responsables syndicaux. Cela été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase.

    Les travailleurs ont donc organisé leur propre conférence afin d’élire leurs propres délégués, mais les syndicats ont refusé de signer les papiers permettant de reconnaitre cette conférence. D’autre part, les travailleurs avaient transmis à la police toutes les informations relatives à l’agression, mais elle n’a rien fait. Finalement, la grève a éclaté le 17 mai dernier.

    Cette grève a été déclarée illégale, des grévistes ont été licenciés et leur avocat a même été arrêté sous l’accusation de vol de documents le jour même du déclenchement de la grève. Directement, els grévistes ont envoyé un piquet devant les locaux de la police, et un des travailleurs, accusé d’avoir organisé le piquet, a directement été arrêté lui aussi. L’un des syndicalistes arrêté est diabétique et, durant les premiers temps de son enfermement, on a refusé de lui donner de l’insuline, ce qui est considéré comme de la torture au regard du droit international. La seule manière de libérer ces camarades est que la grève soit victorieuse, car on ne peut rien attendre de la justice, totalement corrompue.

    Peu après le déclenchement de la grève, une usine d’une ville voisine est également partie en grève, en solidarité. Les travailleurs de cette entreprise avaient l’habitude des pratiques de la direction. Lors d’une grève précédente portant sur les salaires, leur dirigeant syndical avait été accusé de détention de drogue, un piège des plus grossiers. Ensuite, des sous-traitants sont eux-aussi entrés en grève en solidarité. Aujourd’hui, quelque 18.000 personnes sont impliquées dans la lutte, ce à quoi il faut encore ajouter les familles. La lutte se déroule dans conditions très dures. Beaucoup de grévistes sont licenciés, des maisons de grévistes sont brulées et l’un d’entre eux est décédé de crise cardiaque durant une action. Il y a quelques semaines, les femmes des grévistes ont manifesté et elles aussi ont dû subir une lourde et violente répression policière.

    Des travailleurs en lutte sont entrés en grève de la faim et après une semaine, quand la grève de la faim commence à avoir un sérieux impact sur le corps, on leur a refusé l’assistance médicale, ce qui n’est pas seulement illégal, mais aussi contre le serment d’Hippocrate. D’autres travailleurs ont toutefois décidé de rejoindre la grève de la faim et ont tenté d’installer des tentes devant l’hôtel de ville. Lorsque la police est intervenue, ils ont décidé de s’installer sur la route principale de la ville. La police a commencé à tenter d’arrêter tout le monde, et des grévistes ont alors ouvert leur ventre pour protester. La police a essayé d’assurer qu’aucune information ne circule au sujet du conflit, elle a donc aussi arrêté tous les journalistes. Il y avait un mariage non loin, et le caméraman a lui aussi été arrêté.

    Contrôle de l’information

    Ce n’est pas tr ès compliqué pour le régime de contrôler l’information, tout étant détenu par une seule personne: le beau-fils de Nazarbaïev. Les droits de l’Homme n’existent tout simplement pas dans le pays. Les travailleurs sont exploités comme des esclaves et la liberté de la presse ou la liberté de pensée est quasiment inexistante. L’essentiel des journaux sont aux mains de la famille présidentielle et, lorsqu’un journal indépendant essaie de se développer, il n’est pas rare que ses journalistes soient battus. Même les blogs sont bloqués, et le contrôle d’internet est intense. Une loi est même passée pour que chacun soit considéré comme un journaliste pour ce qu’il écrit sur internet, et puisse donc être passé en jugement et envoyé en prison. Dans celle-ci, les tortures sont monnaie courante. La situation qui y existe a été récemment dénoncée par un journaliste, qui connaissait particulièrement bien le sujet pour y été envoyé par deux fois, condamné par de fausses accusations.

    Les grévistes ont essayé de briser le contrôle de l’information, et une grande nouvelle est arrivée avec la déclaration du chanteur Sting. Sting a annulé un concert prévu en juin à Astana, la capitale du Kazakhstan pour protester contre la répression touchant les grévistes. Les organisateurs kazakh du concert ont quant à eux évoqué des "raisons techniques et d’organisation" pour expliquer cette annulation. Sting a notamment déclaré : ‘‘Des grèves de la faim, des travailleurs emprisonnés et des dizaines de milliers (de personnes) en grève représentent un piquet de grève virtuel que je n’ai nullement l’intention de franchir.’’ Cela et d’autres choses ont permis que toute la population du pays soit désormais au courant de ce qui se passe. Mais le gouvernement déclare toujours qu’il ne se passe rien de grave.

    Cette attitude est typique du régime. Pendant 20 ans, celui-ci a assuré que l’activité du président avait grandit le pays, contre toute logique puisque, dans les faits, tout a été détruit. Toutes les entreprises qui avaient été laissées après la chute de l’URSS ont été détruites. C’est toute la production basée sur la transformation qui a disparu, et seule l’extraction de matières premières a été soutenue. Ce pays très riche, aux ressources naturelles énormes, a connu une désindustrialisation, et tous les bénéfices ont été directement orientés vers les poches de la famille du président Nazarbaïev.

    Un pays aux ressources naturelles gigantesques

    Quant à l’extraction de pétrole, elle n’obéit qu’à une vision à très court terme, où on pompe tout maintenant, sans penser aux conséquences pour le lendemain. On trouve aussi de l’uranium dans le pays, mais toute l’extraction s’effectue à ciel ouvert, sans tenir compte des effets dangereux sur la population. L’extraction de charbon s’effectue aussi à ciel ouvert et quand le filon est épuisé, ils repartent en laissant le trou béant. Un des très bons amis du président est le géant de l’acier Mittal, et, là comme ailleurs, les bénéfices gigantesques s’expliquent par les très bas salaires, le manque totale de protection et le déni de la moindre règle de sécurité. Dans les mines, il est commun pour les travailleurs de se demander : le coup de grisou sera-t-il pour aujourd’hui ou pour demain ? De fait, les décès sont fort nombreux. Uniquement l’an dernier, pas moins de six explosions ont eu lieu dans les mines.

    Le Kazakhstan est un pays gigantesque, équivalent à la surface de l’Europe Occidentale, mais avec une population de 15 millions de personnes environ. Selon BP, le pays abrite 3% des réserves mondiales connues de pétrole, et 1% des réserves mondiales de gaz. Ces ressources naturelles attirent bien entendu une grande convoitise, et il n’est dès lors pas surprenant de voir que les puissances étrangères se taisent sur les actes du régime, et vont même jusqu’à considérer que le Kazakhstan est une démocratie ! En 2010, le président Nazarbaïev a même été nommé à la tête de la présidence tournante de l’OSCE (Organization for Security and Cooperation in Europe, l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe). Pourtant, à l’occasion des élections de 2005, la même OSCE avait critiqué le caractère non-démocratique de celles-ci… Le pays est aussi une des clés des jeux géopolitiques de la région, c’est l’arène de conflits d’intérêts entre les USA, l’Union Européenne, la Chine et la Russie.

    Un pays taillé sur mesure pour une seule famille

    Le pays ne comprend pas de logements sociaux, et les logements normaux sont extraordinairement chers. La population doit emprunter à des taux mirobolants afin de pouvoir se loger. Quand la crise économique a frappé le Kazakhstan, les banques ont rencontré de grands problèmes et il a fallu les sauver. Par contre, pas le moindre centime n’a été dépensé pour soutenir les familles endettées. La question d’organiser la défense de la population est sans cesse plus cruciale face aux taux hypothécaires trop élevés,… Maintenant, les banques procèdent à des expulsions en laissant les gens à la rue. Un des dirigeants du mouvement ‘‘Touche pas à nos logements’’ est actuellement menacé d’emprisonnement, la police tente de le condamner avec des charges criminelles. Un peu plus tôt, sa voiture avait été sabotée, on avait trafiqué sa pédale de frein et le frein à main.

    En fait, une seule famille est défendue et protégée dans le pays : celle du président, au pouvoir depuis plus de vingt ans. La constitution du pays a d’ailleurs été écrite par le président lui-même et, en mai 2010, ce dernier a à nouveau modifié la constitution pour y introduire la notion de ‘‘chef de la nation’’, ce dernier étant immunisé de toute poursuite, cette immunité étant à vie et même étendue à sa famille. Exemple illustratif : un des beaux-fils de la famille présidentielle tient un night club dans la capitale. Un soir, il a été tabassé par un client trop saoul, une quarantaine de policiers ont ensuite été licenciés pour ne pas avoir assez bien assuré la protection de la famille du président.

    Une des principales caractéristiques du régime est la concentration énorme de richesses aux mains du clan Nazarbaïev, combinée à l’héritage du stalinisme en termes de culte de la personnalité et de népotisme (il a été président du Conseil des ministres de la République socialiste soviétique kazakhe de 1984 à 1989 et premier secrétaire du Parti communiste kazakh de 1989 à 1991).

    Nazarbaïev s’est maintenu au pouvoir en falsifiant les votes, mais pas seulement. Maintenant, la falsification touche également le taux de participation aux élections, car plus personne ne veut aller voter. La blague est célèbre dans le pays ; aux prochaines élections, le taux de participation sera de 102%… Lors des élections d’avril 2011, Nazarbaïev a été réélu dès le premier tour avec 95,55 % de suffrage pour un taux de participation de 89,99%. Trois candidats étaient en lice, les deux ‘‘opposants’’ au président étant en fait là pour faire de la figuration. L’organisation de défense du droit au logement a manifesté dans la capitale à 200 personnes pour revendiquer de présenter un candidat, mais ces 200 personnes ont directement été arrêtées. Quant aux résultats électoraux, qui rappellent ceux dont se revendiquaient Moubarak ou Bel Ali, un de nos camarades qui était observateur durant ces élections a pu concrètement voir comment parvenir à un tel ‘‘soutien’’…

    Pour êtres crédibles, les élections devaient au moins obtenir 4 millions de votants. Le régime a donc forcé les gens à aller voter ou utilisé des subterfuges, comme d’envoyer des bus ‘‘d’électeurs’’ d’un bureau de vote à l’autre pour y voter, remonter dans le bus, et se diriger à un autre bureau. Dans le bureau de vote où le camarade était, il a peut-être vu 100 personnes passer voter, mais en fin de journées, plus de 1000 personnes s’étaient officiellement déplacées au vu du nombre de bulletins… Dans certaines usines, les travailleurs recevaient 25 à 30 euros de bonus (une somme énorme par rapport aux salaires) pour aller voter pour le président tandis que les étudiants qui n’allaient pas voter étaient menacés de ne plus pouvoir suivre leurs études.

    Le rôle de la jeunesse

    D’année en année, on observe une diminution du nombre d’étudiants. La loi sur la refonte de l’enseignement supérieur tient à assurer que l’enseignement supérieur sera entièrement privatisé d’ici quelques années, et que seuls les très riches pourront y assister. Le régime part du principe que des gens éduqués risquent de trop réfléchir et de commencer à s’opposer à lui. D’ailleurs, pour les jeunes qui ont reçu une instruction et qui ne font pas partie des cercles dirigeants, il est très difficile de trouver un emploi ou un logement.

    On trouve de plus en plus de jeunes dans la capitale, comme l’économie rurale s’effondre et que l’exode vers les villes est gigantesque. Le pays est couvert de villes fantômes où personne n’habite plus. Tous les subsides sont consacrés à Astana, la capitale, les autres villes ne recevant rien. A ce rythme, d’ici quelques années, le pays sera vide, à l’exception des zones d’extraction de matières premières et des deux grandes villes ; Alma-Ata et Astana, gigantesque capitale futuriste qui, comme Las Vegas, ne sera bientôt plus qu’un point lumineux dans le désert.

    La jeunesse se rend de plus en plus compte qu’elle n’a pas d’avenir avec le régime, cette colère commence à se transformer en conscience politique. Lorsque nos camarades ont visité les grévistes du pétrole, des travailleurs leur ont dit : nous avons près de 10.000 jeunes chômeurs ici, voulez-vous nous aider à les organiser ?

    Il est très difficile de dire quand, mais il est certain que le moment où la jeunesse va se soulever dans le pays est assez proche. Les capitalistes ne résoudront jamais les problèmes de la population, ils ne cherchent même pas à légèrement les atténuer, aveuglés par leur soif de profits à court terme.

    Potentiel révolutionnaire

    Actuellement, l’Etat s’attaque très durement à nos camarades. Notre organisation voit son influence grandir car la population est de plus en plus dégouttée par le ‘‘travail’’ de l’opposition officielle et, par contre, ils peuvent voir quelles actions nous menons, à la fois avec notre section dans le pays (soutien actif aux luttes pour défendre les logements, soutien actif aux grèves et à leur organisation,…) ainsi qu’avec notre internationale (plusieurs visites de camarades, visite du député européen du CIO Joe Higgins l’an dernier et celle de son remplaçant Paul Murphy cette année,..).

    Dans le cas des grévistes du secteur pétrolier, nous avons pris l’initiative d’un comité de soutien national, dont une des principales tâches est de récolter du soutien financier pour les grévistes. Nous essayons d’impliquer le plus de monde dans ces comités, y compris des artistes et des chanteurs. Un photographe européen reconnu a déjà vendu plusieurs photos pour soutenir financièrement les familles des grévistes, tandis que de nombreux groupes rock ont déclaré soutenir la grève et sont en train d’organiser un concert de soutien.

    Cette grève est de la plus haute importance, et nous devons assurer de tout mettre en œuvre pour assurer sa victoire. Il y a de grandes chances pour que les mineurs partent eux aussi en lutte en cas de victoire de leurs camarades du pétrole, et cela pourrait enclencher un processus de luttes de grande ampleur dans le pays. Et contrairement à la Tunisie ou à l’Egypte, le CIO aura des forces actives et reconnues dès le début du processus révolutionnaire. Bien évidemment, nous devons aussi penser à la possibilité d’une défaite à cause d’une trop grande répression durant trop longtemps, à cause du manque d’expérience des dirigeants des grévistes pour tenir suffisamment longtemps dans ce contexte extrêmement tendu,… Le gouvernement utiliserait cet élément décourageant, qui pourrait faire taire la contestation sociale pendant un certain laps de temps. Mais, pour revenir à l’expérience de la lutte de Gafsa en Tunisie, la défaite a néanmoins constitué une expérience très riche pour la suite. Le potentiel est véritablement présent pour une explosion à caractère révolutionnaire dans le pays.

    Bien entendu, le régime est parfaitement au courant du danger qu’il court, lui aussi regarde vers le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, mais avec effroi. Un des leviers sur lequel il peut jouer est celui de la composition ethnique du pays. Le Kazakhstan est la dernière république à avoir déclaré son indépendance de l’URSS, et la seule où l’ethnie locale n’était pas majoritaire dans le pays. Depuis lors, Nazarbaïev a tenté de susciter le développement d’un sentiment national dans le pays, et beaucoup de Kazakhs sont revenus dans le pays, tandis que des Russes ou membres d’une autre nationalité sont repartis. Le sentiment national est un outil pour détourner l’attention des gens des problèmes sociaux et, en période de crise sociale aigüe, cela restera un des derniers recours du régime.

    Les Kazakhs sont favorisés pour postes dans services publics alors que, dans beaucoup d’entreprises, les Kazakhs ont des postes subalternes par rapport aux autres ethnies ou aux travailleurs d’origine étrangère. Les entreprises chinoises sont par exemple de plus en plus présentes dans le pays. Mais elles arrivent avec leurs propres travailleurs qualifiés, tandis que les travailleurs locaux n’ont que des postes subalternes, mangent dans une cantine différente,… Les travailleurs étrangers sont de façon générale mieux payés, d’autant plus que les attaques dans l’enseignement supérieur entraînent une pénurie de main d’œuvre qualifiée dans le pays, compensée par l’arrivée de techniciens étrangers. La ségrégation est réelle, fort pesante, et peut en dernier recours être utilisée par le régime pour détourner une contestation sociale en une contestation de type nationaliste.

    Il y a bien entendu également la question de la répression, particulièrement féroce. Nos camarades y font régulièrement face, comme en ont témoignés les nombreux appels à la solidarité que l’ont a pu voir sur le site du CIO (socialistworld.net) ou sur celui-ci. Il sera nécessaire pour le CIO de renforcer cette campagne de solidarité avec nos camarades kazakhs ainsi qu’avec les travailleurs en lutte dans ce pays, par exemple en organisant des protestations devant des sites ou des sièges d’entreprises occidentales qui profitent de la situation sociale du Kazakhstan pour augmenter leurs profits (GAP, Zara, Metro,…). C’est particulièrement vrai dans le cas de la Grande-Bretagne. En décembre dernier, une délégation officielle s’est rendue au Kazakhstan, et le Prince Andrew a lui-même traité avec les oligarques liés au régime. Des entreprises telles que British Gaz ont des intérêts dans le pays.

    Au Kazakhstan même, nous devons orienter nos efforts pour éviter qu’un changement de régime se résume à dégager Nazarbaïev. Un autre prétendant pourra essayer de se profiler pour sauver le régime capitaliste. Si Nazarbaïev est renversé, ou s’il décède et que sa succession n’est pas assurée (les rumeurs concernant l’état de santé du président sont nombreuses), l’impérialisme pourrait changer de tactique et peser de tout son poids pour hâter l’avènement au pouvoir d’un des partis d’opposition officiels, qui font tous partie de l’oligarchie qui détient l’économie entre ses mains. On assisterait alors à des privatisations massives dans les secteurs du pétrole et du gaz, ou une bonne partie de la production reste aux mains de l’Etat (et dans les mains de la famille du président dans les faits), d’où l’importance de revendications tells que le contrôle de la production par les travailleurs. Il est aussi possible que les explosions sociales se développent et se prolongent, et que le régime soit capable de gérer une transition post- Nazarbaïev, mais cela devra absolument être accompagné d’une répression féroce du mouvement des travailleurs.

    Là aussi, l’expérience révolutionnaire de Tunisie ou d’Egypte doit être regardée : il faut essayer de peser pour que la lutte ne soit pas simplement orientée vers le sommet de la pyramide, mais vers la pyramide elle-même, en amenant la question d’une société socialiste démocratique.

  • Après les crimes de guerre : le négationnisme de l’armée du Sri Lanka

    Le week-end dernier, le quotidien Le Soir a publié un dossier très intéressant consacré aux conditions de vie de la population tamoule au Sri Lanka. Après 30 années de guerre civile et une ‘‘phase finale’’ particulièrement sanglante (40.000 morts en trois semaines…), la minorité tamoule continue d’être discriminée et continue de connaître une situation des plus terrible. La correspondante du Soir, Vanessa Dougnac, envoyée spéciale au Sri lanka, livre un rapport des régions tamoules.

    Cette journaliste a eu plus de chance que ses collègues hollandais, attaqués par ce qui semble bien avoir été des agents du régime. Les deux journalistes hollandais ont dû quitter le pays après leur agression. Depuis 2008, pas moins de 4 journalistes ont été tués au Sri Lanka. Le régime du président Rajapakse fait tout ce qui lui est possible pour s’opposer à la publication d’articles et de nouvelles au sujet des crimes de guerre et des problèmes qui persistent au Sri Lanka.

    Deux ans après la fin ‘officielle’ de la guerre, le sort de 146.000 personnes reste inconnu tandis que des milliers de jeunes vivent encore dans des camps. Le régime applique une dictature militaire sévère au nord du pays et les journalistes n’y sont pas tolérés. Le rapport des Nations Unies décrivant les crimes de guerre et la violence de l’armée a été accusé par le régime d’être une vulgaire ‘‘falsification’’. Le régime nie tout en bloc.

    Le Soir écrit : ‘‘230.000 Tamouls se retrouvent enfermés dans les camps de Menik Farm, ils y restent plusieurs mois dans des conditions déplorables. Quant aux ex-Tigres, au nombre de 12.000 d’après les autorités, ils sont isolés dans des centres de détention.’’ Il est impossible d’obtenir des chiffres exacts comme le gouvernement ne donne pas de chiffres. Mais plus de 146.000 personnes ont disparu. Un documentaire de Channel 4 a montré des images de prisonniers tués par des soldats. ‘‘La page de la guerre civile au Sri Lanka n’a pas été tournée le 18 mai 2009’’, conclu Le Soir. Le documentaire allait dans le même sens et livrait également des témoignages d’attaques de l’armée contre des hôpitaux.

    Malgré toute la répression, les marxistes continuent leurs activités au Sri Lanka. Notre parti-frère, l’United Socialist Party, est actif parmi les populations singhalaise et tamoule. La semaine passée, l’USP a eu des candidats aux élections régionales de Jaffna, la capitale de la région tamoule au nord du pays. Bien que le gouvernement ait tout fait pour saboter notre campagne et malgré le total manque de droits démocratiques, nos camarades ont réussi à finir troisième parti, devant l’opposition de droite traditionnelle de l’United National Party.

    Sur le plan international, nous menons la campagne ‘Solidarité Tamoule’, qui soutient ou organise des actions et des discussions. Avec cette campagne, nous organisons aussi des Tamouls en Belgique, dont quelques-uns qui ont rejoint le PSL à Anvers. La campagne principale de ‘Solidarité Tamoule’ est consacrée à la nécessité d’une enquête internationale concernant les crimes de guerre. Nous avons soutenu cette revendication avec notamment une action devant le Parlement Européen le 18 mai 2011, soit deux ans après la date officielle de la fin de la guerre, mais aussi avec une petite action à Anvers le 18 juillet dernier. Entretemps, nos camarades au Parlement Européen ont organisé un meeting officiel sur le Sri Lanka, et le député européen du CIO Paul Murphy essaie de mettre sur pied une délégation de parlementaires européens pour aller au Sri Lanka cet automne.

    La ligne officielle du régime est toujours de nier les crimes de guerre. Après le meeting au Parlement Européen, la presse du régime a écrit que Paul Murphy soutient les Tigres Tamouls du LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam), bien que nous ayons des critiques sur leur approche de guérilla et sur leurs illusions envers le capitalisme (l’idée fausse selon laquelle un pays Tamoul indépendant pourrait devenir un nouveau Singapour). Le Soir a essayé d’obtenir une réaction de l’armée. Ubaya Medawala, le porte-parole de l’armée à Colombo, a déclaré, entre autres, que : ‘‘Nous n’avons jamais tiré sur les civils, et jamais dans la zone de ‘non-tirs’. Nous avons sauvé les civils : ils étaient 300.000 et ont été tous recueillis.’’ Il dit encore que seulement des ‘‘terroristes du LTTE’’ ont été tués par l’armée. Les 40.000 morts en trois semaines (d’après le rapport des Nations Unis) seraient donc tous membres des LTTE ?

    La dictature de Rajapakse essaie de masquer sa politique néolibérale et ses crimes derrière une rhétorique anti-impérialiste. Ce n’est pas un hasard si le président Rajapakse a déjà déclaré que le dictateur Kadhafi de Lybie serait la bienvenue au Sri Lanka si la situation dans son pays devenait intenable pour lui. Entretemps, le régime utilise le soutien chinois, suivi par celui de l’Inde et celui de l’Europe, afin de briser la population tamoule et de mettre enfin sur pied des zones spéciales économiques avec des conditions de travail horribles. Le but de la guerre est de créer une armée d’esclaves qui seront disponibles pour les entreprises chinoises et pour d’autres multinationales. Les partis traditionnels, y compris dans notre pays, sont complices de cette situation de par leur silence.

  • Action de solidarité avec les Tamouls à Anvers

    Ce lundi, une action a été menée à Anvers contre l’oppression de la minorité tamoule au Sri Lanka. A Anvers habitent quelques centaines de Tamouls qui ont fui leur pays pour échapper à la guerre et à la misère dans leur pays. Nous ne voulons pas oublier le carnage qui a pris place au Sri Lanka et revendiquons une enquête indépendante concernant les crimes de guerre qui y ont été commis.

    Rapport par Geert, photos par Jente

    Quelque 25 militants s’étaient rassemblés sur la Groenplaats, une place centrale à Anvers, à l’initiative des Tamouls de la Tamil Culturele Organisatie (TCO, Organisation culturelle tamoule) et de la campagne Tamil Solidarity, une campagne dans laquelle est impliquée le PSL. Des tracts ont été distribués pour expliquer la situation actuelle au Sri Lanka pour la minorité tamoule, une situation très peu connue dans notre pays faite de misère, d’oppression, de discrimination et de guerre durant des années.

    Depuis le début de la guerre civile, en juillet 1983, il y a eu des dizainses et des dizaines de milliers de morts. Uniquement au cours de la dernière phase de la guerre (avant mai 2009), on estime qu’il y a eu 40.000 morts. Il s’agit d’un génocide méconnu, contre lequel la ”communauté internationale” ne proteste pas. Ce qui est bien plus important aux yeux des dirigeants occidentaux, ce sont les profits gigantesques qui sont possibles à réaliser dans cette dictature, notamment dans le secteur touristique ou dans les ‘zones économiques spéciales’, où les travailleurs sont exploités pour un salaire de misère et des conditions de travail déplorables.

    La population tamoule ne doit rien attendre des institutions internationales pour s’en prendre au président Rajapakse. Ils doivent rechercher du soutien parmi une autre ”communauté internationale”, celle du mouvement des travailleurs. C’était l’objectif de l’action de ce lundi, avec tracts, pétition et un DVD (avec documentaire de la chaîne britannique Channel 4). Nous avons reçu de nombreuses réactions très positives, de la part des passants mais aussi des journalistes, notamment de la Gazet van Antwerpen (voir ci-dessous).

    Le PSL est actif au sein de la communauté tamoule et défend que cette campagne doit être orientée vers le mouvement ouvrier belge. Nous défendons aussi nos propres positions, comme de dire que pour parvenir à une solution, la reconnaissance de droits égaux pour la population tamoule, il faut une lutte qui unisse les Cinghalais et les Tamouls contre toutes les oppressions au Sri Lanka, et donc pour une lutte des travailleurs et des pauvres pour une alternative socialiste à la société d’exploitation capitaliste.

    Dans le quotidien "Gazet van Antwerpen"


    Photos par Jente

  • [PHOTOS] Action de solidarité avec les Tamouls

    Ce lundi, une action a été menée à Anvers contre l’oppression de la minorité tamoule au Sri Lanka. A Anvers habitent quelques centaines de Tamouls qui ont fui leur pays pour échapper à la guerre et à la misère dans leur pays. Nous ne voulons pas oublier le carnage qui a pris place au Sri Lanka et revendiquons une enquête indépendante concernant les crimes de guerre qui y ont été commis.

    Par Pavel

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