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Réforme des études de soins infirmiers. Pour un mieux ?
À la rentrée 2016, une réforme nationale des études en soins infirmiers verra le jour. L’objectif de celle-ci est d’uniformiser les niveaux d’études pour qu’il corresponde aux normes européennes. Mais cela ne semble pas être mis en place dans le meilleur intérêt des étudiants, des enseignants et des patients.
Par Céline, étudiante en soins infirmiers (Namur)
La Belgique dispose d’un système unique en Europe qui offre le choix entre deux filières d’étude en soins infirmiers. La première est enseignée en Haute École et donne la possibilité de réaliser une année supplémentaire de spécialisation. Ces étudiants deviendront des infirmiers ‘‘bacheliers’’. L’autre constitue un 4e degré du secondaire professionnel. Cette formation compte davantage d’heures de stages, mais n’offre pas la possibilité de spécialisation. À l’issue de cette formation, ces jeunes sont des infirmiers ‘‘brevetés’’. Après 3 ans d’études, les étudiants des deux filières obtiennent le même diplôme: ‘‘infirmiers hospitaliers’’. Toutefois, l’infirmier breveté gagnera 200€ bruts de moins que le bachelier. Pour les institutions hospitalières, engager les brevetés, les former sur le terrain et les payer en tant que tels alors qu’ils feront le travail d’un bachelier spécialisé représente un grand avantage.
Forte implication de la réforme pour les enseignants et les étudiants
À cette réforme s’ajoutent les autres comprises dans le ‘‘décret paysage’’. Cela consistera, dans un premier temps, à faire passer le Bac au niveau Master. Les étudiants devront réaliser 4 ans d’études pour être infirmiers hospitaliers, plus une année supplémentaire pour la spécialisation. Puis, dans un deuxième temps, la filière brevetée sera supprimée. Le cursus ‘‘aides-soignants’’ est également réformé. Il passera de 1 à 2 ans et remplacera la formation actuelle des infirmiers brevetés. . Ce cursus étant déjà assuré dans les écoles secondaires, cela ne donne aucune garantie sur ce qu’il adviendra des écoles actuelles d’infirmiers brevetés.
Malgré que le dossier de réforme (1) précise que ‘‘Les enseignants du brevet infirmier pourraient être transférés, librement et sans contrainte, vers l’encadrement clinique en Haute École’’, rien n’est moins sûr. Comment peut-on gober cela quand on connait le contexte sociétal actuel ? Concrètement, cela voudrait dire transférer ces enseignants (donc un engagement massif!) vers des institutions qui ont déjà moult enseignants sous leurs bras avec le titre requis pour y enseigner. De plus, la réforme précise que les enseignants de la filière brevetée devront ‘‘se mettre au niveau d’étude Master’’ et donc reprendre des études pour pouvoir être réengagés. Puis, ce transfert d’enseignants donnera une raison supplémentaire d’instaurer des contrats précaires, avec comme excuse de pouvoir engager un peu plus de personnes. Enfin, nous n’échapperons pas à un chômage massif pour le personnel qui n’aurait pas obtenu le niveau Master ou qui aurait trop d’ancienneté derrière lui pour se faire réengager.
Ajoutons que c’est une vaste illusion de croire que cette formation plus longue sera gracieusement payée par l’État qui, rappelons-le, veut couper dans le budget de l’enseignement francophone à raison de 320 millions d’euros avant 2016. Pour les étudiants, il s’agit donc de passer plus d’années aux études avec le coût que cela comprend et avec un manque à gagner important du fait de rentrer plus tard sur le marché de l’emploi.
Les syndicats se battent, du côté flamand, contre la suppression de la filière brevetée, alors que du côté francophone, pour l’instant, aucune information n’est donnée et aucun plan d’action n’est prévu. Cette réforme va pourtant toucher autant les étudiants que les enseignements et le secteur professionnel. Nous devons avoir un programme clair pour organiser une lutte unifiée des étudiants et des travailleurs pour de meilleures conditions d’étude et de travail et un service de santé optimal pour les patients.
(1) Proposition de réforme de la formation infirmière en Fédération Wallonie-Bruxelles – FNIB rapport 22 aout 2012