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  • SP.A: droitisation

    Le 15 octobre, Johan Vande Lanotte accèdera officiellement à la présidence du SP.a. Vande Lanote veut faire du SP.a un mouvement encore plus positif, encore plus progressiste. Comprenez: il veut rompre les dernières attaches avec le passé. La principale proposition de sa déclaration d’intention consiste à régionaliser totalement la politique de l’emploi en Belgique.

    Karel Mortier

    Il trouve sans doute que la libéralisation et la flexibilisation du marché du travail ne vont pas assez vite à cause de l’opposition du PS et surtout de la FGTB wallonne.

    Il va de soi que les propositions de Vande Lanotte ont trouvé une oreille favorable dans les cercles patronaux flamands. La patience des patrons est en effet mise à rude épreuve par les contre-réformes dans les pays voisins, qui minent leurs marges bénéficiaires.

    Les syndicats n’ont pas trouvé l’idée si bonne, car cela rendrait quasi impossible d’encore conclure des conventions nationales par-delà les régions et les secteurs. C’est justement ce qui fait leur force. Ils y perdraient donc un atout important.

    Il ne s’agit encore que d’une proposition, mais cela indique la direction que compte prendre Vande Lanotte. La FGTB flamande va–t-elle encore supporter longtemps les coups bas de son “partenaire privilégié”?

  • Liège. Solidarité de la WASG (Allemagne)

    WASG Aix-la-Chappelle

    Chers collègues, chers amis,

    Nous avons été informés avec grand enthousiasme de la grève générale qui va avoir lieu en Belgique le 7 et le 10. Octobre. Les membres de la section d`Aix-la-Chapelle de la WASG (Alternative électoral pour le Travail et la Justice Sociale) voudraient vous exprimer leur entière solidarité. Si la durée de travail augmente et si les possibilités d`une prépension sont limitées, on aura plus de chômage en général. Des jobs McDo, des emplois flexibles et mal payés, n`aideront pas les jeunes chômeurs à quitter leur situation misérable, ils ne font qu`embeller les statistiques. Ces mesures n`ont pour objectif que d`augmenter les profits d`une petite minorité de patrons, qui veulent nous laisser payer pour cette crise économique. Seule grâce à une résistance décidée et commune de tous les employés, des jeunes et des pensionnés, ces attaques peuvent être arrêtées complètement.

    Nous vous souhaitons beaucoup de succès pour votre lutte qui est aussi la notre. Dans les années passées, en Allemagne, la Sécurité sociale a été démolie avec une brutalité extraordinaire, accompagné par des licenciements massifs et des réductions de salaires dans les entreprises. Mais ce n´est pas seulement un problème en Belgique et en Allemagne, mais dans toute l`Europe et au niveau mondial, nous, les employés, les chômeurs, les jeunes et les pensionnés, nous sommes touchés par la même politique néolibérale. Pour cette raison, il faut résister d`une manière internationale. Votre grève est un exemple qui très important et elle nous encourage tous!

    Avec nos salutations solidaires,

    Arbeit und Soziale Gerechtigkeit- Die Wahlalternative ( WASG)

  • Katrina est-il le seul responsable de ce désastre? Le néoliberalisme dans la tourmente

    Avec des vents allant jusqu’à 225 km/h, l’ouragan Katrina a traversé la Louisiane, le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride, dévastant une région de la taille de la Grande-Bretagne. A la désolation causée directement par le cyclone sont venues s’ajouter les innondations, et ce sont des centaines de victimes qui sont à déplorer, en plus des centaines de milliers de personnes qui ne possèdent plus rien aujourd’hui, si ce n’est leur rage et leur crainte accrue du lendemain.

    Dossier par Nicolas Croes

    “Jamais personne n’avait imaginé que les digues pouvaient se rompre”, tels ont étés les propos du président Bush lorsqu’il a enfin daigné se prononcer sur ces tristes évènements, plusieurs jours après le drame. Catastrophe naturelle imprévisible, donc? Rien n’est moins sûr. Depuis 50 ans, tout les rapports font états d’inquiétudes croissantes quant à la capacité des digues à supporter pareil ouragan, rapports laissés sans suites, qu’ils soient arrivés sur le bureau présidentiel ou ailleurs. Cette déclaration du cowboy de la Maison Blanche est à prendre, au mieux, comme un aveu d’illetrisme, au pire, et c’est hélas le cas, comme la preuve ultime que les préoccupations de la classe dirigeante américaine et de leur marionnette présidentielle ne sont orientées que vers leurs propres profits.

    Pourtant, après le 11 septembre…

    … Bush avait créé, sous les flashs des journalistes, un ministère de la sécurité intérieure, dont dépendait l’administration chargée de gérer et d’anticiper les mégacrises (la FEMA) dirigée par Michaël Brown. Celui-ci s’était précédement distingué en démontrant l’étendue de son incompétence à la tête de l’Association Internationale du Cheval Arabe, dont on se demande d’ailleurs dans quelles mesures pareil organisme a pu lui apprendre à gérer les situations de crise.

    La FEMA avait comme priorité de gérer trois types de catastrophes; un attentat terroriste tel que celui du 11 septembre, un accident chimique et… une innondation de La Nouvelle Orléans, encerclée par le Mississipi, le lac Pontchartrain et construite sous le niveau de la mer. Mais la priorité était la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. 70 millions de dollars furent donc enlevés du budget de prévention des catastrophes de La Nouvelle Orléans et celui destiné aux catastrophes naturelles a ainsi été raboté jusqu’à 187 millions de dollars par an. Somme dérisoire comparée au milliard de dollars qui est chaque semaine nécessaire à l’occupation de l’Irak…

    Evacuation : Quand les égoûts des USA sortent au grand jour

    Mais si l’entretien, ou plutôt l’absence d’entretiens des digues est à pointer du doigt, que dire du plan d’évacuation? Michaël Brown, à qui il était demandé de s’expliquer, n’eut pour seule réponse que de fustiger les habitants de La Nouvelle Orléans, responsables selon lui de leur situation pour n’avoir pas obéi à l’évacuation ordonnée par le maire. En effet, 100.000 habitants sont restés sur place. Folie ? Confiance excessive ? Rien de tout cela, mais plutôt l’expression concrête d’un chiffre : 30% des 485 000 habitants de la ville vivent en-deça du seuil de pauvreté. Comment dès lors quitter La Nouvelle Orléans, sans voiture, sans argent (l’ouragan étant de plus arrivé en fin de mois) et sans qu’aucune prise en charge ne soit prévue?

    Cette réalité systématiquement cachée par le mirroir déformant que sont les médias bourgeois a émergé violement sur le devant de la scène. Tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde, l’image de la super puissance US a radicalement changé. S’est ouverte sous nos yeux plus clairement que jamais une Amérique où le 1% le plus riche possède autant que les 90% les plus pauvres, une Amérique où 37 millions de personnes (soit 12,7% de la population) vivent en desous du seuil de pauvreté, bref, une Amérique dominée par des grandes entreprises engrangeant des profits gigantesques tandis que les travailleurs paient le prix lourd pour les cadeaux fiscaux et autres accordés à ces crapules au cerveau en portefeuille.

    C’est ainsi que ces pauvres gens se sont retrouvés pris au piège dans une ville envahie par les eaux, regroupés parfois par milliers dans des endroits comme le Superdome de La Nouvelle Orléans (qui a ainsi hébergé plus de vingt milles personnes) sans eau, sans nourritures et sans soins, attendant les secours des jours entiers sous une chaleur accablante. Partout autour d’eux flottaient débris et corps sans vie tandis que Bush rappatriait 300 soldats d’Irak, destinés avant tout à protéger les restes de la ville des pillages avec le mot d’ordre de “tirer et tuer”. Mais si des gens ont tentés de profiter de la situation, la majorité écrasante de ces “pillages” semble bien être en fait des opérations de collecte de vivres, médicaments et autres pour faire face à l’incurie des secours…

    Une économie dévastée

    Le cyclone et ses destructions pourraient coûter quelques 400.000 emplois et les dégâts sont estimés actuellement à plus de 200 milliards de dollars. Bush a promis de faire face à cette situation en créant une zone économique spéciale afin d’encourager le redémarage des entreprises, mais il est plus que probable que cette initiative aura de graves répercussions sur les acquis sociaux des travailleurs et sur l’environnement.

    A cela s’ajoute la déstabilisation de l’infrastructure économique, dont le cas du port de La Nouvelle Orléans est particulièrement significatif. Ce port, qui est le premier aux USA et le cinquième au monde, est le principal destinataire de la quasi-totalité de la production agricole exportable et sa destruction entraînera des conséquences jusqu’au plus profond du pays.

    De plus, alors que le quart du pétrole américain provient du golfe du Mexique, c’est 95% de cette production qui a été perdue depuis le passage de Katrina et le LOOP (Louisian Offshore Oil Port) a subit de nombreux dégâts. Compte tenu du fait qu’il s’agit de la seule infrastructure pétrolière capable d’accueillir les supertankers en provenance du golfe persique, du Vénézuela, ou encore d’Afrique de l’Ouest (ce qui représente tout de même 11% des importations de pétrole vers les Etats-Unis) la crise de l’or noir n’est pas prête de finir ses ravages.

    Bush sur la sellette

    A la différence des attaques du 11 septembre, il y a ici absence d’un ennemi capable de détourner la colère de la population américaine du manque de préparation et des erreurs du gouvernement. Et la réponse exessivement lente de l’administration Bush est d’autant plus critiquée que la sécurité est le thème favori du champion des pétroliers. Le président a attendu une quinzaine de jours avant de reconnaître, enfin, que le gouvernement n’avait pas été à la hauteur (bel euphémisme!). Il n’a cependant pas poussé la critique jusqu’à réclamer une enquête indépendante. Mais au-delà des fautes de l’administration Bush, la population a très mal perçu le fait que leur président n’ai que survolé les lieux, et deux jours après le drame, pour ne bien vouloir se rendre sur place que quatre jours après le passsage de Katrina. Quand à son état-major, Dick Cheney est resté dans son ranch, et l’événement n’a pas été jugé suffisament important par Condolezza Rice pour qu’elle interrompe son shopping.

    En conséquence de quoi, jamais encore la popularité du président n’a été si faible. Selon les derniers sondages, son soutient a chuté jusqu’à 40%. Soutient encore plus faible parmi la communauté noire, pour qui, à 76%, les choses se seraient passées autrement si la population coincée à La Nouvelle-Orléans avait été “blanche et aisée”.

    Bush peut néanmoins compter sur ses parents pour le défendre, le père, ancien président lui aussi, estimant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il fallait tandis que la mère déclarait avec morgue qu’un grande partie des sinistrés étaient de toute façon des déshérités et que donc la situation leur convenait très bien!

    Derrière Bush, un système et une idéologie

    Le problème n’est pas seulement Bush, loin s’en faut. Il ne fait que servir les intérêts d’une classe dominante motivée exclusivement par l’appât du gain, au même titre que ses collègues, qu’ils soient républicains ou démocrates. Son aggressivité ainsi que son arrogance ne sont que le reflet de l’assurance de la bourgeoisie. Se sentant plus à même de s’affirmer durant les années 90’ où la loi du marché était proclamée systême suprême, celle-ci n’eut de cesse de s’attaquer toujours plus violement aux acquis que les travailleurs avaient obtenu par leurs luttes. Mais cette offenssive néo-libérale, guidée par l’idée d’un dépouillement de l’Etat et d’une recherche frénétique de nouvelles sources de profits, ne pouvait être éternelle.

    Les premiers signes importants d’un changement apparurent avec le mouvement altermondialiste. Mouvement ayant principalement touché la jeunesse qui a grandi durant ces années de recul des luttes, il se distinguait par un retour à une critique plus franche du capitalisme. Parallèlement, le rejet du modèle américain gagna en importance, à force de coups brutaux portés à nos conditions de vies et de travail.

    Katrina est un élément primordial de ce processus dans le sens où cet ouragan apparaît clairement, comme l’a écrit un camarade de notre organisation-soeur aux USA, tel “une fenêtre sur notre futur dans le cadre du capitalisme”. Le fait que même la chaîne Fox, dévouée au Parti Républicain et à l’administration Bush, se soit indignée aussi fortement tant de la nonchalance du gouvernement que de la misère de ces américains est signe d’un changement de mentalité.

    Quelle Alternative?

    Le refus de la soumission totale à la loi du marché va aller grandissant et avec lui les illusions envers les possibilités d’aménager le capitalisme. Mais laisser les commandes de notre société en une infime minorité d’assoiffés de profits revient à foncer droit devant sans se soucier des icebergs qui brisent nos flancs. Le seul moyen d’assurer notre bien être est d’assurer que notre pouvoir de décision existe réellement, hors de leurs relais qui ne respectent que la loi du plus riche. L’anarchie du marché détermine la société dans laquelle nous vivons, mais dans une société où la population déciderait vraiment, personne ne ferait le choix de limiter les investissements contre les catastrophes au profit d’occupations sanglantes. Dans une telle société, l’économie serait planifiée pour le bien de tous et non pour accroître à tout prix le profit de quelques uns.

    Même si aucune initiative de masse ne va pour l’instant dans cette direction aux Etats-Unis, récemment une rupture est survenue dans la fédération syndicale AFL-CIO pour rompre avec les politiciens démocrates, guère différents des républicains. L’absence d’un parti défendant réellement les intérêt des travailleurs se fait chaque jour plus durement sentir, et avec elle l’absence d’un plan d’action contre le néo-libéralisme. Mais un programme contre le néo-libéralisme ne peut être efficace que s’il pose clairement la question d’un changement de société, la question d’une société socialiste.


    Les sacrifiés de l’après-11 septembre

    Les suites des attentats du 11 septembre ont aussi montré à quel point le profit des grandes sociétés passe avant la santé des Américains.

    Les nuages gris qui ont suivi la chute des Tours étaient très spectaculaires mais il s’agissait essentiellement de poussière comme celles des chantiers de démolition. Par contre, pendant plus de quatre mois, des débris ont continué de brûler, alimentés par les 300.000 litres de diesel stockés dans les sous-sols ainsi que par des huiles. Ces dégagements – formant un cocktail toxique de poussières d’amiante, de plomb, de ciment, de mercure et de fibre de verre – ont stagné en nuages et contaminé l’air de New York.

    Au lieu de décontaminer la ville de ses poussières d’amiante et autres fumées toxiques, les autorités ont donné la priorité à une réouverture ultra-rapide de la Bourse. Résultat : des milliers de sauveteurs et d’habitants sont victimes de bronchites, sinusites, asthmes et autres difficultés respiratoires qu’ils garderont toute leur vie.


    Voyage dans l’Amérique pauvre

    Les images des survivants de la Nouvelle-Orléans ont montré que tous les Américains ne ressemblent pas aux personnages de « Dallas » ou des « Feux de l’Amour » – Blancs, riches et bien portant. Un livre récent le confirme.

    Jean Peltier

    La journaliste américaine Barbara Ehrenreich a décidé de vivre pendant quelques mois la vie d’un travailleur à bas salaire. Elle a donc été successivement serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse au Minessota. Son objectif était de voir comment les travailleurs à bas salaires s’en sortaient après la « réforme » qui a liquidé l’aide sociale en 1996 (sous le démocrate Clinton !). Et la réponse est claire : ils ne s’en sortent pas !

    Alors que les autorités reconnaissent qu’un salaire décent pour un adulte ayant deux enfants à charge s’élève à 14 dollars l’heure, 60% des travailleurs américains gagnent moins que ce montant. Ehrenreich touchait 6,65 dollars comme femme de ménage et… 2,43 dollars (plus les pourboires !) comme barmaid.

    La majorité des travailleurs pauvres consacrent plus de la moitié de leurs faibles revenus à leur habitation. Pour ne pas dormir à la rue, beaucoup s’entassent dans des caravanes ou des minibus. Or, pour avoir un emploi, il faut une adresse. Et, pour obtenir un logement, il faut un revenu régulier, donc un emploi sable. Résultat : un sans-abri sur cinq est un travailleur qui a un boulot !

    Ehrenreich décrit aussi les conditions de travail dans tous ces boulots précaires : interdiction de s’asseoir, de parler, de manger, de boire pendant le service ; fouilles corporelles, harcèlement par les managers et les petits chefs, tests d’urine pour dépister l’utilisation de drogues,…

    A lire pour en savoir plus sur le « modèle américain » qu’on veut nous imposer.

    L’Amérique pauvre », format poche aux éditions 10/18, 336 pages, 10 EUR

  • Liège : Une intervention internationale

    La section de la Cité Ardente a pu compter sur le soutien d’une demi-douzaine de camarades de notre organisation-sœur en Allemagne (SAV), dont la présence fut remarquée et fortement appréciée par tous les travailleurs que nous avons rencontrés. Nos camarades germanophones nous ont rejoins à l’ULg, le site de l’université place du 20 Août, où nos camarades étudiants bloquaient l’accès au bâtiment, avec des travailleurs de la CGSP et du Métal. Ceux-ci furent appelés en renforts face aux tentatives des professeurs, parfois physiques, souvent pathétiques, de pénétrer dans l’université pour y donner cours, ou tout simplement par principe.

    Nicolas Croes

    Tandis qu’Etudiants de Gauche Actifs, l’organisation étudiante du MAS, continuait le piquet, obtenant finalement la fermeture de l’université, nous nous sommes rendus sur plusieurs autres sites.

    Belgacom : Le mouvement se poursuivra mardi.

    Tout d’abord à Belgacom, où se répare un arrêt de travail pour le mardi 11 de ce mois. Nous avons pu discuter de cette situation, et aussi voir que les tracts de mobilisation pour la grève générale que nous y avions distribué mercredi avaient eu un certain effet, plusieurs travailleurs nous en ont parlé. Nos camarades allemands, avides de rencontrer la classe ouvrière belge, ont capté l’attention de plusieurs d’entre eux en expliquant leur expérience. En effet, en Allemagne, en réaction aux attaques néolibérales du gouvernement, un nouveau parti émerge à la gauche de la social-démocratie, à l’intérieur duquel travaillent nos membres, défendant un programme marxiste et révolutionnaire. Face à la trahison du Parti Socialiste vis-à-vis des travailleurs,une telle discussion ne pouvait qu’obtenir un réel succès.

    Zoning Industriel: Les travailleurs des différentes entreprises ont mobilisés ensemble

    Le piquet de grève de l’ETTB (Esco Turban Technologie Belgique) nous a impressionné, la combativité y était fort grande. Cette entreprise de confection de pièces métalliques, notamment pour l’aéronautique, ne possède pourtant qu’une délégation syndicale depuis 4 ans, mais celle-ci s’est fait reconnaître de tous les travailleurs, qui ont suivit l’appel à la grève. Là, tant la mobilisation que l’organisation se sont faites en front commun syndical, et en solidarité avec les entreprises où les délégations syndicales n’avaient pas autant de poids. Ainsi, ces travailleurs sont intervenus sur plusieurs sites pour tenter de les bloquer. Un article plus détaillé sur la situation de l’entreprise, interview de travailleurs, suivra bientôt.

    Nous avons pu observer la même combativité chez Mono, entreprise qui produit des tableaux de bord en noyer pour les voitures. Là, hélas, c’est la seule FGTB que nous avons rencontré. Tout comme chez ETTB, la discussion aborda des thèmes très vastes, et l’accent était mis sur la nécessité de combattre l’idéologie bourgeoise, par les mobilisations notamment. Quand nous sommes arrivés, 4 entreprises avaient été fermées grâce à leurs efforts…

    Après l’université ; Fortis

    Nos camarades étudiants, après avoir obtenu avec les militants CGSP et Métal la fermeture de l’université, se sont dirigés vers le piquet de Fortis, où ils ont pu discuter avec une vingtaine de militants. Là non plus, notre discours anti-capitaliste et socialiste n’a rencontré de réticence, que du contraire. Comme partout ailleurs dans la journée, nous avons remarqué une ouverture plus large pour des idées telles que celles que nous défendons, et un véritable enthousiasme face à la solidarité Etudiants-travailleurs que nous avons mise en avant.

  • Grève de la FGTB : un succès…mais ensuite ?

    Selon tous les rapports des différents piquets de grève et des actions de cette journée de grève générale, il apparaît qu’il y avait une énorme volonté d’action. A la base on ressentait la nécessité d’entreprendre quelque chose contre les attaques sur les prépensions. De plus, beaucoup de membres de la CSC partageaient cette inquiétude et soutenaient la grève, au moins de manière passive en restant à la maison. La grève de la FGTB était un succès de par le soutien énorme qu’elle a reçue. La question qui se pose maintenant est de savoir comment, sur cette base, contribuer à développer et prolonger la lutte.

    Geret Cool

    Les rapports récoltés par nos militants sur les piquets de grève nous sont arrivés au compte-goutte. Sur beaucoup de piquets sur les lieux de travail il y avait une atmosphère combative. Il y avait aussi beaucoup de demandes pour davantage d’informations et une meilleure clarté sur la manière dont on va continuer à construire le rapport de forces. La résolution à combattre les attaques sur les prépensions est énorme. Ce que beaucoup de gens nous ont dit, c’est qu’ils ne veulent pas travailler jusqu’à 70 ans et plus, et qu’ils ne sont pas prêts à accepter des restrictions à l’accès aux prépensions et aux pensions, alors que tellement de jeunes ne peuvent trouver un emploi.

    A juste titre, la FGTB a déclaré que passer à l’action était nécessaire pour contrer les propositions du gouvernement. Le sommet de la CSC a commis une erreur importante en se positionnant contre la grève de la FGTB, et en y utilisant tous les moyens (comme par exemple leurs avertissements dans les quotidiens). La direction de la CSC va se retrouver sous une réelle pression de sa base. C’était d’autant plus frappant par le nombre de concentrations de militants de la CSC dans différentes villes. Sur toute une série de piquets il y avait également des militants de la CSC qui estimaient que l’unité à la base était plus importante que les querelles de chapelle au sommet des syndicats. Dans certaines entreprises, il y avait même des groupes de membres de la CSC qui, de par l’attitude des dirigeants de la CSC, ont rejoint la FGTB.

    Il sera très important pour la FGTB de ne pas arrêter la mobilisation après cette action. Il y a un besoin de plus d’infos pour les employés et une nécessité de faire un effort afin de mettre la bureaucratie syndicale de la CSC sous pression et d’ainsi pouvoir agir en front commun syndical. Les travailleurs n’ont aucun intérêt dans la division entre les directions syndicales. Nous pensons qu’il est nécessaire d’organiser des séances d’information dans les entreprises où un plan d’action doit être mis en place pour poursuivre la lutte. Cette lutte sera de longue haleine. Maintenant le patronat et le gouvernement vont essayer de criminaliser la FGTB et de présenter publiquement le syndicat comme "irresponsable". C’était aussi l’attitude du patronat lorsque le mouvement du non-marchand est rentré en action. Freya Van den Bossche declarait qu’elle refusait de discuter avec les grévistes. Finalement elle a dû faire des concessions dans le cadre des négociations avec ceux-ci. Il y a beaucoup à apprendre du mouvement du non-marchand, durant lequel les bases d’un tel plan d’action ont été jetées.

    La discussion doit être menée en profondeur sur une alternative politique. Cette grève de la FGTB était aussi une grève contre les plans des ministres du SP.a. Plus encore, n’oublions pas que la première note venait du cabinet de la ministre Van den Bossche. Nous pensons qu’il est nécessaire de mener la discussion sur la nécessité de construire notre propre instrument politique et de rompre les liens entre les syndicats et les partis politiques bourgeois. En Allemagne les résultats du parti de Gauche ont démontré l’énorme potentiel d’une telle initiative.

  • Charleroi, une grève globalement bien suivie

    La grève générale a globalement été bien suivie dans la région de Charleroi ; pour les militants en grève, on parlait d’une réussite, le sourire était sur tous les visages. Dans le zoning de Fleurus, nous avons pu discuter avec les travailleurs de Splintex qui étaient présent au piquet dès les petites heures de l’aube… il fallait être bien certain que l’usine ne tourne pas ,…et elle était complètement à l’arrêt.

    Vincent Devaux

    Il faut dire que la grève sur cette usine a été bien préparée ; des assemblées et l’information ont été organisées pour préparer cette dernière. La lutte qu’il y a eut début de l’année et qui a duré 3 mois avait laissé des traces et incitait à redoubler les efforts pour être sûr que les grilles de l’entreprise restent fermées.

    Sur Splintex, le piquet n’était visiblement représenté que par la FGTB mais sur d’autres usines, des délégations CSC étaient également de la partie. Sur le piquet, un travailleur qui portait une veste rappelant que la grève AGC avait duré 105 jours exprimait combien cette lutte avait marqué les esprits. L’humeur était positive, et contrastait avec l’ambiance défaitiste qui régnait après la lutte qui -malgré la combativité des travailleurs- s’était soldée par un échec.

    Dans le même zoning, un piquet d’une vingtaine de grévistes rouge et vert montait la garde devant L’IRE, une entreprise de production et de contrôle de matériel hospitalier de pointe-. De nombreuses entreprises, malgré que la direction de la CSC ait levé le préavis de grève, avaient une représentation de militants et délégués CSC qui faisaient le piquet en solidarité des travailleurs FGTB. « Les pensions, cela concerne tous le monde ».

    L’entreprise de Caterpillar était à 80 % hors fonctionnement et les travailleurs de l’usine étaient au front pour renforcer les piquets des autres entreprises. Par contre, nous avons été surpris de ne pas voir de piquets devant le centre de tri de la poste Charleroi.

    Malgré cela, la poste tournait au ralenti car beaucoup d’employés suivaient la grève. Les postiers qui travaillaient étaient copieusement hués par les ouvriers des autres secteurs pour leur manque de solidarité. Un piquet rouge/vert était présent devant une entrée auxiliaire de la gare. Sur une Haute École de Charleroi, des étudiantes en droits nous disaient leur inquiétude pour la réforme des pensions ; cette inquiétude est partagée par pas mal de jeunes malgré que ce thème peut passer à priori pour quelque chose qui ne les concerne que de loin.

    Des piquets étaient également présents devant les entrées des fast-foods et magasins de Ville 2, le centre commercial de Charleroi ; renforcé notamment par des travailleurs de Caterpillar et de la Centrale générale. Quand même, de ci, de là on pouvait voir des employés isolés qui envers et contre tout tentaient -en vain- de travailler, c’était la plupart des cas des travailleurs non syndiqués mis sous pression ou des cadres non solidaires. Une employée du centre commercial, coiffeuse, nous expliquait qu’elle travaillait depuis qu’elle avait 14 ans et qu’elle était très effrayée à l’idée de voir l’âge de sa pension reculer.

    Parmi les grévistes, le recul de l’âge de la pension revenait d’ailleurs très souvent et ceux-ci avaient conscience de l’absurdité de ces mesures alors qu’il y avait tant de monde au chômage; mais d’autres nous parlaient également de la baisse du pouvoir d’achat qui se sentait très fort notamment au travers l’augmentation du prix du pétrole. A la fédération syndicale FGTB de Charleroi, il avait beaucoup d’animations, de nombreuses délégations s’y donnaient rendez-vous pour ensuite porter de l’aide aux piquets qui en avaient besoin.

    Les piquets volants montraient la solidarité qui peut se développer et se renforcer au sein de la classe ouvrière lors d’une période de lutte. Début d’après-midi, à la fédération, les échos qui ressortaient de cette grève était une victoire. Il faut dire qu’en absence de front commun, la tâche était plus compliquée de maintenir à l’arrêt toutes les entreprises; mais la combativité de la base la plus consciente sur la nécessité de se battre pour nos acquis a joué un rôle important dans la réussite de la grève. On pouvait toutefois noter des différences dans la conscience des gens, et le recul des années 90 joue encore malgré tout un rôle sur certaines couches.

    Le patronat craint cette grève car elle révèle non seulement l’impopularité des mesures qui tentent d’être prises, mais également la force de la classe ouvrière organisée et le potentiel qui existe pour arracher des acquis et plus de pouvoir ouvrier. A Carollywood par exemple, le complexe cinématographique de Charleroi, le piquet a dû demander le renfort de travailleurs d’autres entreprises notamment Cockerill et Caterpillar, afin de faire face à l’agressivité de la direction du complexe, où un gréviste a été blessé. En soi la situation dans la région de Charleroi montre que le potentiel est là, la capacité de faire face au patronat était bien présente ; qu’il reste « des cartouches de réserves » pour aller plus en avant dans la défense des droits acquis ; c’est-à-dire qu’un élargissement de la lutte ne dépend que d’un appel plus large ; des assemblées et des réunions d’informations dans les entreprises sont à même de renforcer le rapport de force de la classe ouvrière.

    Nous n’en sommes qu’au début de nouvelles luttes offensives de la classe ouvrière en Belgique. Les bonnes traditions de luttes vont vite resurgir très vite. Notre tract a été bien accueilli, le titre « C’est aux patrons de payer » recevait un écho favorable et reflétait ce qui vivait parmi beaucoup de travailleurs. La nécessité d’un nouveau parti des travailleurs était également présent parmi une certaine couche d’entre eux.

  • Flambée des prix du pétrole. Précarité pour les uns, juteux bénéfices pour les autres

    Il y a un an, ceux qui osaient miser sur un baril à 70 dollars pour l’année 2005 étaient presque considérés comme des fous. Maintenant, même les économistes bourgeois n’hésitent plus à évoquer un « troisième choc pétrolier » et parlent d’un baril à 80 dollars – l’équivalent en dollar d’aujourd’hui du record établi lors du deuxième choc, en 1979- comme une perspective à court terme relativement probable. Depuis l’intervention impérialiste en Irak, les pics historiques n’ont fait que se succéder à un rythme presque ininterrompu : en deux ans, le prix du baril a été multiplié par 2,5. Les travailleurs trinquent, les multinationales pétrolières comptent leurs sous.

    Cédric Gérôme

    Anarchie capitaliste ou planification socialiste?

    Sous le capitalisme, la recherche du profit à tout prix et l’absence d’une planification ordonnée de la production entraînent inévitablement un manque total de stratégie à long terme. Depuis 1950, l’utilisation du pétrole brut est en augmentation de 57%. Certains experts estiment qu’une augmentation similaire est à prévoir pour les 25 prochaines années, et pourrait atteindre les 121 millions de barils par jour (contre 77 aujourd’hui) à l’ombre de 2030. Cette énergie fossile est certes indispensable, mais la manière dont elle utilisée relève de l’anarchie la plus aberrante.

    Un simple exemple: le manque d’investissements publics dans les transports en commun et les politiques d’aménagement du territoire poussent les gens à privilégier la voiture comme mode de transport ; or, une même dépense d’énergie permet à un voyageur de parcourir une distance 11 fois plus grande en tram qu’en voiture… De même, les bilans des marées noires de l’Erika et du Prestige ont encore démontré à quel point, dans une logique capitaliste, la gestion des matières premières et des ressources énergétiques est totalement irresponsable.

    Un cocktail explosif

    Aujourd’hui, l’instabilité politique mondiale fait peser de lourdes craintes quant aux possibilités d’approvisionnement, d’autant que le manque d’investissements dans le raffinage ces 25 dernières années ne saurait faire face à une demande qui ne fléchit pas. Depuis plusieurs années en effet, les compagnies extraient davantage de pétrole qu’elles n’en raffinent. Ce coktail crée une envolée vertigineuse des prix du pétrole. La seule “issue” à cette situation nous semble être…une profonde récession entraînant une chute de la demande de pétrole. Car une augmentation sensible de l’offre, qui rétablirait l’équilibre des prix, est hautement improbable, les producteurs d’or noir n’ayant pas de réserves inemployées, toutes leurs capacités tournant pratiquement à plein régime.

    En dépit des nombreuses déclarations de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui fournit 40% des réserves de pétrole brut mondial) concernant un relèvement de ses quotas de production, ses capacités excédentaires sont limitées. Elle produit déjà à son niveau le plus haut depuis 26 ans, et ce ne sont pas ses maigres offres supplémentaires qui vont significativement inverser la tendance. La découverte de nouveaux gisements est quant à elle de plus en plus rare. Au point qu’une véritable course aux réserves est en train de s’engager; plus globalement, les approvisionnements en énergie deviennent un nouveau terrain de confrontation entre les grandes puissances. Cela est notamment illustré par la véritable guerre que se mène la Chine et le Japon pour le contrôle du pétrole russe.

    L’Irak : la quête d’un nouvel eldorado

    Selon les plans de l’administration Bush, le pillage et le contrôle des ressources pétrolières de l’Irak était sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas. Mauvais calcul. Avant l’entrée des troupes américaines dans le pays, l’Irak exportait plus de deux millions de barils par jour. En comparaison, les exportations étaient déjà réduites à une moyenne de 1,5 millions de barils par jour pour l’année 2004. Aujourd’hui, le niveau de la production est toujours plus bas que celui d’avant-guerre, pour cause du chaos qui règne dans le pays et des attaques régulières sur les infrastructures pétrolières.

    Cet effondrement des exportations pétrolières de l’Irak, cumulé à l’accroissement de l’instabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient – région qui regorge deux tiers des ressources pétrolières mondiales- semble être la cause première de la flambée des prix du brut. A cela se rajoutent d’autres facteurs, qui s’influencent mutuellement : forte demande de la Chine et de l’Inde, spéculation intense sur les marchés financiers, tensions politiques dans d’autres pays producteurs (Nigéria, Vénéuela…). En ce sens, le récent cyclone Katrina n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu. Environ 91,7 % de la production quotidienne de la région, soit 1,38 million de barils par jour, a été interrompue. L’arrivée de Katrina a contraint à la fermeture un grand nombre d’installations du Golfe du Mexique, où se concentrent un quart des infrastructures pétrolières des États-Unis.

    Des bénéfices affolants

    Mais tous ces phénomènes ne doivent pas nous faire oublier la toile de fond sur laquelle ils s’opèrent : la crise mondiale du capitalisme, à travers laquelle se meut une poignée de multinationales qui profitent de leur mainmise sur cette ressource énergétique de première importance pour imposer leurs conditions et surtout leurs prix à l’ensemble de la planète. “Le Soir” du 8 septembre titrait: “Des bénéfices affolants”. C’est le moins que l’on puisse dire: les 5 plus grosses multinationales pétrolières ont réalisé un bénéfice net cumulé de 43,47 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2005, une augmentation de 30% par rapport à l’année dernière. “En tant qu’actionnaire, cela ne me dérange pas, mais je plains bien entendu les ménages modestes qui doivent encaisser la facture du mazout cher”, commentait Albert Frère, actionnaire chez Total. On le remerciera au passage pour cette belle démonstration de compassion.

    Les travailleurs paient la note

    Au-delà de l’augmentation du prix à la pompe et du mazout de chauffage, les prix élevés du pétrole entraîne une augmentation des coûts de production, qui mine la rentabilité des entreprises. Cela fournit de nouveaux prétextes aux entreprises pour licencier et stimule de surcroît une augmentation générale des prix, qui frappe les travailleurs de plein fouet.

    Le MAS exige:

    > la réaffectation des recettes pétrolières dans les secteurs prioritaires tel que l’enseignement, les soins de santé, le logement.

    > l’abolition de la TVA sur le mazout et sur les autres sources de chauffage, le gel immédiat des prix

    > le retour du carburant dans l’index

    > la nationalisation des multinationales pétrolières sous contrôle ouvrier, ce qui permettrait aussi de mettre la main sur tout les brevets d’énergies alternative accaparés par les multinationales.

  • Grève dans la région d’Ottignies – Wavre

    Le mot d’ordre de grève générale semble avoir été bien suivi dans la région. Les trains étaient évidemment à l’arrêt, mais également la grosse majorité des bus de la TEC. Nos camarades de la section de Wavre (dont aucun ne sait conduire ) ont dû marcher de Louvain-la-Neuve jusqu’à la gare d’Ottignies, où seuls quelques bus de la TEC et ceux des sociétés privées, où il n’y a pas de délégation syndicale, roulaient. Un bus nous a conduit au dépôt de bus de Lasne, et de là, nous nous sommes rendus à pied et en stop jusqu’au Zoning de Wavre, en passant par le bureau de poste de Lasne.

    La section de Wavre

    Au Zoning Nord de Wavre, quelques boîtes étaient en grève. Mais nous n’avons pu intervenir que sur l’une d’entre elles : Vanparys Chocolatier, une entreprise dont l’actionnaire majoritaire est Albert Frère. Depuis 30 ans, il n’y avait plus eu de grève dans cette boîte. Aujourd’hui, les travailleurs ont bloqué l’entreprise. Seuls les 2 délégués effectifs CSC et 2 intérimaires étaient au travail. Le patron, pour essayer de casser la grève est venu faire pression sur certains au piquet et a fait appel à Adecco pour que des intérimaires viennent travailler. Mais 20 à 25 travailleurs bloquaient l’accès à l’usine, y compris les membres de la CSC.

    Globalement, sur l’ensemble des piquets que nous avons vus, l’heure était à l’unité : délégation FGTB et CSC organisaient les piquets ensemble. Au Carrefour de Wavre, les deux délégations avaient organisé cette semaine une Assemblée Générale de mobilisation pour l’action d’aujourd’hui. Près de 150 membres du personnel sur 320 y ont participé. Nous avons encore été voir les piquets sur Delhaize, Brico et Lunch Garden à Wavre, où les délégations FGTB sont majoritaires. Il n’y a qu’au Disport de Wavre que la délégation majoritaire au piquet était celle de la CSC… mais bien décidée à ne pas se laisser divisée de ses collègues FGTB ! On percevait clairement le ras-le-bol des politiques du gouvernement, mais également de celles des bureaucraties syndicales. Les travailleurs veulent avoir une certaine sécurité pour leur avenir et celui de leurs enfants. Partout il y avait aussi une volonté d’un plan d’action à plus long terme. Des délégués des 2 syndicats nous prévenaient que si un mauvais accord était signé, on allait vers des mouvements de ce type plus régulièrement.

    Enfin, plusieurs délégués nous expliquèrent que si aucun piquet n’avait été envoyé à l’Esplanade de Louvain-la-Neuve ( le tout nouveau centre commercial ), c’était parce qu’il n’en était qu’à son deuxième jour d’ouverture, et parce qu’aucun des travailleurs n’y est encore syndiqué. Une action de syndicalisation est prévue pour les semaines qui viennent. Sur notre petit tour, nous avons vendus 13 journaux et fait 10, 77 euros de fonds de lutte, notamment grâce à nos autocollants "C’est au patrons de payer, nous on est déjà fauché."

    En clôturant ce rapport, nous venons d’apprendre qu’ un de nos camarades est aussi intervenu à Nivelles au piquet de Arjo Wiggins, une fabrique de papiers. Le travail dans cette entreprise était perturbé suite à la grêve organisée par la FGTB. Ce camarade a aussi vendu 5 journaux.

  • La capitale paralysée

    Cela fait 12 ans qu’on n’a pas connu une grève d’une telle ampleur. Aucun secteur n’a été épargné. Aucun train n’a roulé ; peu de trams et de bus. Le trafic aérien a été perturbé. Un piquet a bloqué les accès du centre de tri postal de Bruxelles X. Volkswagen-Forest était fermé. De nombreuses autres entreprises du privé étaient aussi fermées ou fortement perturbées. La plupart des grands magasins n’ont pas ouvert leurs portes. La grève a été également fortement suivie dans le secteur des banques et assurances ainsi que dans les administrations et l’enseignement. Des assemblées d’information ont eu lieu dans la plupart des hôpitaux.

    La FGTB a organisé le blocage de plusieurs accès au ring, ce qui a fortement perturbé la circulation. Seule la FGTB appelait officiellement à la grève, mais nombre d’affiliés CSC s’y sont ralliés malgré la reculade du sommet de la CSC. Cela variait fortement d’une entreprise à l’autre, d’un secteur à l’autre.

    Une trentaine de membres et de sympathisants du MAS sont intervenus activement dans la grève à Bruxelles. Les uns l’ont fait dans leur entreprise ou université, d’autres sur les nombreux piquets et blocages. Notre intervention a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme. Nous sommes intervenus avec un tract et un autocollant spécifiques et nous avons vendu 35 exemplaires de notre journal.

    Aperçu de nos interventions

    Blocages et rapport de force

    En plus des piquets dans les entreprises, la FGTB avait aussi appelé ses militants à se rendre à différents points stratégiques afin de paralyser la circulation bruxelloise.

    Appel auquel ont répondu plusieurs délégations derrière les « barricades » dressée à Delta (Ixelles), Viangros (Anderlecht) ainsi que sur le boulevard Charles-Quint dès 6h du matin et la sortie du ring à Grand Bigard plus tard dans la matinée.

    A Anderlecht plus ou moins 300 militants de différents secteurs, principalement du SETCA s’étaient mobilisés pour bloquer le ring. Beaucoup de camarades des banques-assurances était présent mais aussi des militants du non-marchand, de la poste,… La Police a du fermer la sortie du Ring.

    A Delta, c’était plus de 200 militants combatifs qui stoppaient l’autre sortie du Ring malgré les menaces des « chefs » policiers de casser par la force la mobilisation. Ces menaces n’ont pas entamées la détermination et la présence massive des manifestants. Des délégations de différentes entreprises étaient présentes ( Citybank, Siemens,…) dès le matin. Ensuite des délégations de Renault, de la VUB et de l’ULB se sont déplacées plus tard pour renforcer le barrage.

    Certaines parties du ring ont été complètement à l’arrêt pendant plusieurs heures, à d’autres endroits les ralentissements étaient importants. La chambre de commerce a déclaré que la FGTB avait outrepassé son droit de grève. Les blocages sont une tradition du mouvement ouvrier.

    Ceux-ci ont finalement été levés après la confirmation de libération des deux militants arrêtés par la police à Anderlecht plus tôt dans la matinée. Avec notre intervention, nous avons ainsi pu récolter plusieurs contacts de militants intéressés à construire avec nous une aile combative et démocratique au sein du syndicat.

    Volkswagen:

    La FGTB et la CGSLB ont organisé un piquet de grève qui a rassemblé vers 6h une bonne centaine de travailleurs de l’usine. La présence en nombre sur le piquet montre la combativité à la base. Les menaces récurrentes de fermeture ou de restructuration y rendent la question des pré-pensions particulièrement sensible.

    Solvay:

    Les grévistes s’étaient partagés entre les deux sites (Ixelles et Neder-over-Hembeek). La grève était essentiellement portée par les employés et les ouvriers. Les cadres, la majorité du personnel, sont toutefois venus travailler en grand nombre. Surtout, la grève n’était portée que par le SETCA. La CNE s’est ouvertement opposée au mouvement. Cela n’a pas entamé le moral des militants.

    Grands Magasins:

    Un piquet de grève bloquait les accès à quasi chaque Carrefour-SuperGB, Delhaize et Brico. Les piquets des grandes surfaces ont coloré la ville en rouge et vert. La grève était appelée par le SETCA, mais les militants et les délégués de la CNE étaient souvent présents aux piquets. Dans certains cas, le piquet était même dominé par la CNE. Il n’était pas rare que des piquets communs formés de militants d’enseignes différentes, comme à Auderghem et à Drogenbos, bloquent l’entièreté du site. Ils étaient même parfois rejoints par des petits commerçants qui fermaient leur boutique en signe de solidarité.

    STIB:

    De nombreux dépôts étaient bloqués par des piquets (Haren, Molenbeek, Ixelles, Delta, …). Seule la CGSP a appelé à la grève mais quelques militants CSC ont également débrayé. Les grèves dans les transports publics combinés aux blocages ont donné un coup dans les coffres-forts des patrons !

    VUB:

    A la VUB il y avait dès 7h30 un piquet commun de la CGSP-VUB et des travailleurs de la firme de nettoyage de sous-traitance ISS, en total 20 militants. Les militants essayaient de convaincre les travailleurs de ne pas aller travailler. Aussi vu le très bon succès de la grève à la SNCB, beaucoup de membres du personnel administratif et technique n’ont pu venir travailler. Les Etudiants de Gauche Actifs de la VUB ont participé à l’action par solidarité avec le personnel en grève. Vers 10h30 les participants du piquet sont allés renforcer le blocage routier à Delta.

    ULB:

    A partir de 6h30, des étudiants d’EGA et de l’Interfac étudiante bloquent les deux entrées principales de l’université, avec les délégués de la CGSP. Les étudiants et le personnel peuvent passer, mais les voitures et les camions sont bloqués. Toute la matinée, il y aura eu une cinquantaine de personnes (étudiants, professeurs, personnel) qui seront passées aux « piquets » afin de faire connaître leur soutien à la grève. La CNE, elle aussi était présente et faisait grève. A 10h00, une trentaine d’étudiants se sont dirigés vers le blocage des routes à Delta, en occupant eux aussi la chaussée, sous le mot d’ordre d’ « étudiants, ouvriers, solidarité ». Là nous avons rejoint les travailleurs de différents secteurs, dont le cortège des étudiants et travailleurs de la VUB. Ces derniers nous ont ensuite « raccompagnés » vers midi au blocage de l’ULB, afin de revendiquer et de démontrer la solidarité et l’unité dans la lutte des deux universités. Malheureusement, il ne restait alors que plus qu’un « piquet barbecue », et une activité quasi normale régnait sur le campus.

    EGA est intervenu avec un tract et des affiches appelant à la solidarité des étudiants avec la grève et sur la nécessité d’avoir une assemblée générale démocratique afin de faire prendre positions aux étudiants et au personnel du campus sur la grève.

  • Elections anticipées: programme antilibéral s’impose d’urgence

    Dans les éditions précédentes de l’Alternative Socialiste, nous avons expliqué pourquoi il fallait s’attendre à des élections anticipées en novembre ou en décembre. La coalition violette est cliniquement morte. Après DHL et BHV, le gouvernement n’a pas pu faire davantage que produire une note d’orientation sur les fins de carrière. En mobilisant leur base, les dirigeants syndicaux peuvent lui donner le coup de grâce à tout moment. La CSC comme la FGTB ont déjà brandi la menace d’une grève générale. La seule chose qui les retient de mettre cette menace à exécution, c’est la peur de perdre le contrôle de la base comme à l’époque du Plan global.

    Eric Byl

    Le problème n’est pas de faire tomber le gouvernement, Que faire ensuite? Le PS, les dirigeants syndicaux et une partie du patronat sont convaincus que la violette est trop faible pour boucler avec succès le dossier des fins de carrière et les budgets pour 2006 et 2007. Il ne fait aucun doute qu’une coalition rouge-romaine, de par sa capacité à tenir en laisse les deux grands syndicats, en serait bien plus capable. Avec son Plan Marshall ultralibéral pour la Wallonie, le gouvernement régional rouge-romain a donné toutes ses assurances au patronat.

    La façon dont va tomber le gouvernement n’est pas une question sans importance. Si Verhofstadt jette lui-même le gant ou si le gouvernement tombe sur les vols de nuit, la nouvelle coalition rouge-romaine n’aura pas beaucoup de difficultés à poursuivre la politique de régression sociale quitte à la couvrir d’un vernis social. Verhofstadt s’accroche pourtant à son poste. Il réalise que la fin de son gouvernement pourrait signifier du même coup celle de sa carrière politique et le début d’une longue période d’opposition pour les libéraux. Ce faisant, il met les dirigeants syndicaux dans l’embarras. Ils savent en effet que si le gouvernement tombe suite à un mouvement de masse, cela donnera du fil à retordre à une future coalition rouge-romaine. C’est qu’on ne manipule pas la base syndicale aussi aisément qu’un chalumeau.

    Le MAS ne doute pas un seul instant que la violette et la rouge-romaine convergent sur l’essentiel, c’est-à-dire la casse de nos acquis sociaux. l’une et l’autre veulent nous imposer un programme néolibéral. L’époque où le néo-libéralisme passait pour efficace auprès de l’opinion publique a été balayée par le souffle de Katrina. Désormais, le sentiment général est que le néolibéralisme n’est pas fiable, bâti sur du sable, exclusivement dans l’intérêt des riches et antisocial. D’où notre appel à une liste qui soit en rupture avec le néolibéralisme et notre quête de partenaires pour porter ensemble un tel programme lors des prochaines élections.

    Les possibilités d’une telle liste – le résultat du Parti de Gauche en Allemagne en est l’illustration (bien qu’il s’agisse d’un tout autre ordre de grandeur) – ne sont hélas pas exploitées comme il le faudrait. Sans doute que le MAS devra propager seul cette idée lors des prochaines élections. Entretemps, nous voulons renforcer le MAS afin de pouvoir défendre nos vues avec plus de crédibilité.

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