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Faire contribuer « toutes les épaules » ? Non, l’Arizona accroît les inégalités
La coalition fédérale dit vouloir faire contribuer toutes les épaules, y compris « les plus larges », à l’effort budgétaire. En réalité, il y en a pour qui ce n’est qu’à peine le cas, tandis que d’autres en supportent tout le poids. Les chiffres sont éloquents : les plus riches paient à peine 4 % au titre de l’impôt sur les plus-values (une partie sera payée par la classe moyenne et il est déjà question d’échappatoires), alors que le reste de la population va devoir casquer pour les 96 % restants. Rien à voir, donc, avec un effort équilibré. La stratégie est claire : perpétuer et approfondir les inégalités structurelles dans la société.
par Nick (Anvers)
Travailler plus dur et plus longtemps
La flexibilisation du travail de nuit, des heures supplémentaires et du rythme de travail sont des exemples douloureux de cette politique de classe. Les travailleur.euses en paient le prix sur le plan de la santé : troubles du sommeil, maladies cardiovasculaires et augmentation du risque de mortalité ne sont que quelques-unes des conséquences. Les études qui ont démontré que le travail de nuit structurel augmente le risque de maladies chroniques ne manquent pas. Pourtant, ce ne sont pas les entreprises qui encouragent le travail de nuit qui en supportent le coût, ni même le gouvernement qui facilite cette flexibilisation. La facture est répercutée sur les travailleur.euses concerné.es ainsi que sur le système de soins de santé. Il s’agit d’une pure externalisation des charges : les entreprises récoltent les bénéfices, les travailleur.euses subissent les risques.
La réforme des pensions constitue une nouvelle étape dans le démantèlement de la sécurité sociale. Les femmes, qui accumulent souvent moins de droits à pension en raison du travail à temps partiel et des responsabilités familiales, sont particulièrement touchées. L’écart entre les genres sur le marché du travail ne fera donc que se creuser. Parallèlement, le nouveau système porte atteinte au droit à une pension décente pour les personnes confrontées à une maladie ou à des problèmes psychologiques au cours de leur carrière.
Le système de bonus-malus oblige les travailleur.euses à travailler plus longtemps, sans prendre en compte le poids physique d’une carrière de longue durée. Les pensions sont ainsi transformées un instrument de punition pour les plus vulnérables au lieu d’un filet de sécurité sociale. Le gouvernement fait tout son possible pour que chacun travaille à temps plein jusqu’à 67 ans, ouvrant la porte à des pressions pour rester au travail au-delà de l’âge légal de la retraite.
Un exemple flagrant du manque de fiabilité de cette politique est l’introduction du malus sur les pensions. Le ministre des pensions, Jan Jambon (N-VA), a d’abord affirmé que les périodes de maladie seraient comptabilisées comme des périodes travaillées et a accusé le PTB de « mensonges » lorsqu’il a remis cela en question. Moins de 36 heures plus tard, il a dû s’excuser : en réalité, la maladie n’est pas assimilée à un travail effectif, de sorte que les travailleurs qui sont malades ne serait-ce qu’un jour au cours d’un emploi à mi-temps perdent une année entière dans leur compteur de carrière. Les femmes et les travailleur.euses exerçant des professions pénibles sont particulièrement touché.es.
L’attaque contre les retraites accroît les inégalités
Le gouvernement justifie la réforme en affirmant qu’en l’absence de mesures drastiques, une part croissante des recettes publiques ira aux pensions. Mais en réalité, ces déficits budgétaires proviennent de choix politiques.
Sous couvert d’« harmonisation », les droits à la pension sont démantelés. L’introduction du malus de pension touche particulièrement les personnes exerçant un travail physiquement pénible. Les maladies de longue durée et la retraite anticipée sont de plus en plus souvent exclues du calcul de la pension, ce qui oblige de nombreuses personnes à travailler plus longtemps. Même la garantie de revenus pour les personnes âgées se durcit, frappant encore plus durement les personnes âgées vulnérables.
Pendant ce temps, des milliards d’euros disparaissent dans les poches des grandes entreprises par le biais de l’évasion fiscale, de la spéculation et des investissements subventionnés. Les chômeurs et les allocataires sociaux sont présentés comme des profiteurs, alors que les vrais parasites sont les élites financières. La stratégie consiste à diviser pour mieux régner : les salarié.es et les allocataires sociaux sont montés les un.es contre les autres pour masquer le fait que les vrais profiteurs ne sont pas touchés.
Le gouvernement présente les déficits budgétaires comme une fatalité, alors qu’ils résultent de choix politiques délibérés. La réduction de l’impôt sur les sociétés de 33,99 % à 25 % sous le gouvernement Michel s’est traduite par une perte de recettes annuelles de 8 milliards d’euros à elle seule. Un déficit a été délibérément créé avec l’idée que la classe travailleuse pourra ensuite le combler avec une pluies d’économies budgétaires et d’augmentations d’impôts.
Les pensions ne sont pas une faveur, mais un droit que les travailleur.euses accumulent tout au long de leur carrière. Les réformes actuelles remettent en cause ce principe et accroissent les inégalités sociales. C’est pourquoi la lutte est nécessaire : pour une répartition équitable des richesses, des salaires plus élevés et une pension décente. Seul un mouvement de masse peut mettre fin à aux attaques de la droite !
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Le Congo dans l’horreur
Avec l’avancée du mouvement M23 dans l’Est du Congo et la prise de Goma et Bukavu, la présence de troupes ougandaises dans la province de l’Ituri et dans le grand Nord de la province du Kivu ainsi que les flux de réfugié.e.s vers l’Ouest du pays et le Burundi, l’Est du Congo est à nouveau plongé dans l’horreur. Un demi-million de réfugié.e.s s’est ajouté.e.s, alors que le Congo comptait déjà 8 millions de personnes déplacées.
L’effondrement de l’état, le processus raté de fusion de l’armée, le manque de services publics, la pauvreté, le manque d’accès à la terre sont la base pour les tensions communautaires sur un fond de lutte globale pour accès aux ressources. Au Nord-Kivu, l’or et les diamants, entre autres, se trouvent dans le sol, ainsi que l’étain, le tungstène et le coltan, une matière première essentielle pour les smartphones et les ordinateurs. Certaines des mines de coltan appartiennent depuis longtemps au M23, qui l’exporte via le Rwanda. De l’autre côté, des politiciens et des militaires congolais sont également impliqués dans le commerce des matières premières.
Le mouvement M23, sous la coupole de l’Alliance Fleuve Congo, s’est emparé de Goma et de Bukavu, les plus grandes villes du Nord-Kivu et du Sud-Kivu respectivement. Des dizaines de milliers de personnes ont fui. Le régime faible de Tshisekedi ne parvient pas à rétablir la souveraineté nationale sur l’ensemble du pays et en particulier à l’est. Le régime ougandais a profité de cette faiblesse pour établir une présence militaire en Ituri et le grand nord, au nom de la lutte contre les groupes djihadistes. L’armée burundaise, qui combat le M23, est poussée à se retirer alors que le M23 progresse vers la frontière avec le Burundi. Le régime rwandais de Kagame, longtemps présenté comme un État modèle par les pays d’Europe occidentale et par les Etats-Unis ainsi que par les institutions internationales, fait face aujourd’hui à la menace de sanctions, même de la part de son allié Trump. Par le passé, il y a eu plusieurs fois des menaces de sanctions sous la pression de la mobilisation de solidarité internationale. Mais celles-ci ont eu très peu d’effets, vu le rôle stratégique que joue le Rwanda pour l’impérialisme.
Le pire reste à venir
Les plus grandes victimes de la violence de la guerre et des centaines de milices sont les populations. Outre la destruction de leurs communautés à des fins d’exploitation minière et l’exploitation dans les mines, y compris par le travail d’enfants, celles-ci sont également sous la menace constante de la violence des milices et des crimes de guerre. Les viols et les meurtres font désormais partie de la vie quotidienne.
L’escalade actuelle de la violence vient s’ajouter à l’énorme bilan de 6 millions de personnes tuées en raison des guerres civiles et des interventions étrangères depuis 1996. Le Conseil de sécurité des Nations unies prévient toutefois que « le pire est peut-être à venir ».
Après la chute du régime d’Habyarimana au Rwanda en 1994, de nombreux membres de son gouvernement se sont réfugiés dans l’Est du Congo, ainsi que des milliers d’anciens génocidaires et leurs familles. Ils y ont bénéficié de la protection de la France et ont été accueillis avec bienveillance par le régime de Mobutu, qui jouait la carte des tensions communautaires. En Ouganda, les opposants à la dictature de Museveni se sont organisés en milices qui ont pris pied dans la région.
C’est ainsi que des tensions communautaires ont été créées, tensions qui ont traversé les frontières régionales. La présence de ces groupes est exploitée par Kagame et Museveni pour intervenir militairement et sécuriser leur accès aux matières premières et aux ressources du Congo. Les exportations d’or, par exemple, représentaient en 2023 pas moins de 37 % de toutes les recettes d’exportation de l’Ouganda, la majeure partie de cet or provenant du Congo. Le professeur Kristof Titeca (UA) commente à ce titre : « Museveni peut faire bon usage de cet argent pour se maintenir politiquement : près de la moitié des Ougandais ont moins de 15 ans et, pour éviter une sorte de printemps arabe, la stabilité économique est cruciale pour lui. »
La course mondiale pour l’accès aux matières premières jette de l’huile sur le feu. Les puissances impérialistes sont explicitement complices et jouent un rôle dans le redécoupage de la carte régionale en fonction de leurs propres intérêts en matière de ressources.
Le nécessaire contrôle démocratique de la majorité sociale sur les ressources
Ce sont les luttes pour le pouvoir et le prestige l’argent qui font éclater et durer les guerres. Les luttes et les mobilisations sociales doivent donc viser à extraire les ressources et les richesses (en termes de terres et de travail) des multinationales et des différents groupes armés. Ce type de lutte de masse est possible, comme cela a été démontré à plusieurs reprises au Congo, notamment lors de la lutte contre un troisième mandat de Kabila. Par ailleurs, fin 2024 et début 2025, le Mozambique a connu le plus grand soulèvement de masse de son histoire récente, lorsque les masses ont protesté contre l’investiture de Daniel Chapo en tant que président.
Les luttes sociales sont l’occasion de discuter de la manière dont les travailleurs du secteur minier peuvent se défendre contre l’exploitation au profit de groupes armés et de réfléchir aux besoins sociaux collectifs auxquels l’exploitation minière pourrait répondre dans la région. Cela nécessite le développement d’organisations qui peuvent structurer le mouvement. Cette réflexion doit être menée non seulement dans les mines, mais aussi dans l’ensemble du pays et de la région. La gestion et le contrôle des richesses produites, ainsi que leur orientation vers la satisfaction des besoins de la grande majorité de la population, sont ce qui serait nécessaire pour répondre à ces besoins.
La lutte des classes détermine le cours de l’histoire. Dans cette lutte, nous nous appuyons sur la majorité sociale qui combat l’oppression exercée par la minorité, en réponse aux problèmes et aux contradictions du capitalisme. Cette approche exclut toute division sectaire de la société. Il faut un programme visant à l’unité de toutes les couches exploitées et opprimées, en partant du constat que seule la majorité peut construire une société où les besoins de l’ensemble de la population sont satisfaits. C’est pour une telle société démocratique et socialiste que nous nous battons.
« Ce n’est pas un hasard si cette offensive arrive maintenant que Trump est au pouvoir »
Nous nous sommes entretenus avec Alain Mandiki, un syndicaliste originaire du Kivu et également auteur du livre « 1994, Génocide au Rwanda. Une analyse marxiste »

« Ce n’est pas un hasard si l’offensive contre Goma et Bukavu arrive au moment où Trump est à la Maison Blanche. Trump représente une défense des intérêts impérialistes d’une manière qui ne tient absolument pas compte des principes de droit ou d’humanité. Dans sa méthode transactionnelle de la diplomatie, Trump est disposé à ignorer les normes relatives aux droits et à la dignité humaine afin d’obtenir l’accès aux ressources que le Rwanda pourrait lui offrir.
« C’est ce qui se passe aussi dans l’Est du Congo avec les centaines de milliers de personnes réfugiées ou les combats à l’arme lourde qui ont tué près de 3000 personnes dans une seule ville. L’Etat rwandais justifie la présence de 4.000 soldats par la défense de ses propres intérêts. Ces troupes agissent avec un mépris identique pour toute humanité.
« Ce qui se passe au Congo est en partie déterminé par le jeu des superpuissances en quête d’influence et d’accès aux ressources. Au début de l’année dernière, l’Union européenne a conclu avec le Rwanda un accord de coopération économique qui facilite l’exploitation des « minerais de sang » (étain, tungstène, tantale et or, dont la production est souvent contrôlée par des groupes armés). Ce faisant, l’UE a cherché à offrir une alternative aux investissements chinois dans le cadre du projet des Nouvelles routes de la soie (également appelé Initiative route et ceinture). À la fin de l’année dernière, l’UE a conclu un accord de coopération militaire avec le Rwanda, qui a reçu 20 millions d’euros pour son armée. Ces fonds étaient censés être destinés à des opérations de sécurité au Mozambique. Cependant, rien ne garantit qu’ils ne seront pas utilisés pour le front congolais.
« La mobilisation et la solidarité internationale sont importantes pour arrêter le soutien des politiques impérialistes. Seule la société congolaise et ses organisations peuvent apporter des solutions aux problèmes actuels. La solidarité internationale est nécessaire pour répondre à l’impérialisme et pour augmenter la pression afin que les dirigeants locaux ne soient pas complices des massacres de la population. Nous devons nous organiser pour lutter pour une société où il n’y a pas de loi des plus forts, mais où la production est gérée démocratiquement pour répondre aux besoins sociaux des masses.
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Instabilité et polarisation en Allemagne avec, heureusement, le retour de Die Linke
Le « changement d’époque », c’est-à-dire le virage géopolitique qui a mis à mal le modèle à succès du capitalisme allemand, se concrétise encore sur le front politique avec les élections du 23 février dernier.
Par Christian (Louvain)
Avec 16,4 %, les sociaux-démocrates du SPD, arrivés en troisième position, ont enregistré leur pire score depuis 1890, date à laquelle Friedrich Engels était encore en vie. Le parti d’extrême droite AfD, arrivé deuxième, a plus que doublé son score depuis 2021. Avec 20,8 % des voix, c’est le meilleur résultat depuis 1933 pour un parti réactionnaire allemand tenant un discours fasciste. À l’exception de quelques circonscriptions urbaines, notamment Berlin, l’AfD domine l’ancienne RDA. Bien qu’arrivés premiers avec 28,5 %, les chrétiens-démocrates du CDU/CSU essuient leur deuxième plus mauvais résultat depuis 1949. Le FDP, qui, dans l’après-guerre, était le troisième parti de l’Allemagne de l’Ouest, n’a pas franchi le seuil électoral.
L’Allemagne a bel et bien rattrapé le reste du monde en termes d’instabilité et de polarisation politique. Les dernières années de la coalition dite « feux tricolores » (SPD-Ecolos-FDP), tombée en novembre, ont déjà été marquées par la tendance mondiale qui voit les couches dominantes de la bourgeoisie évoluer vers davantage d’accointances avec l’extrême droite. Le grand favori pour la chancellerie est le chrétien-démocrate Friedrich Merz, un homme qui incarne parfaitement ce tournant brutal. Déjà membre d’une association étudiante ultra-réactionnaire dans sa jeunesse, il a grimpé les échelons de la filière allemande de l’investisseur international BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde, avant de prendre la tête de la CDU en 2018.
Malgré ses flirts avec l’AfD, Merz ne formera toutefois pas de coalition avec ce dernier. Cela serait trop perturbateur pour le capital allemand. La coalition la plus probable est celle entre le bloc CDU/CSU et le SPD. Une tripartite avec les Ecolos ne sera pas nécessaire, étant donné que le FDP et le Bündnis Sahra Wagenknecht (BSW) ont de peu manqué le seuil électoral de 5 %.
Rigueur budgétaire et haine de l’autre à l’agenda
Les prévisions de croissance économique de l’Allemagne pour 2025 ont récemment été révisées à la baisse, se fixant désormais à 0,3 %. Ce pronostic décevant est lié à l’incertitude qui pèse sur l’économie allemande, orientée vers l’exportation, dans le cadre de la présidence Trump. Il fait suite à deux années consécutives de récession, avec une contraction de l’économie de 0,3 % et 0,2 % respectivement en 2023 et 2024. Les divergences sur la Schuldenbremse (qui interdit tout déficit supérieur à 0,35 % du PIB) ont provoqué la chute du dernier gouvernement et pourraient rester problématiques pour la future coalition sous Merz.
Même si, en fin de compte, la rigueur budgétaire pourrait être assouplie, le coût de la crise retombera encore de toute sa force sur la classe travailleuse, les couches les plus opprimées et sur l’environnement. La classe dominante déploiera tous les efforts possibles pour mettre en œuvre une politique de division et faire passer son agenda.
Die Linke est de retour
Le parti Die Linke, ayant obtenu 8,8 % des voix au niveau national, est en tête à Berlin. Il avait enregistré un très mauvais score en 2021, passant sous le seuil électoral et n’obtenant que quelques mandats directs. Le départ de Sarah Wagenknecht en octobre 2023 et la formation de son propre parti, le BSW, socialement conservateur, a encore affaibli Die Linke, du moins électoralement, sinon en termes d’adhésions. En septembre dernier, le BSW est arrivé troisième lors de trois élections régionales dans l’ancienne RDA, éclipsant clairement Die Linke.
Le fait que le BSW ait échoué de très peu (14 000 voix !) à franchir le seuil électoral pourrait être lié à son entrée dans deux gouvernements régionaux, à un manque d’adhérent.es pour mener une campagne convenable au niveau national, et à l’élection de Trump, qui a rendu son positionnement sur l’Ukraine moins pertinent. Probablement, une partie des électeur.trices potentiel.les a tout simplement préféré voter directement pour l’AfD, avec laquelle le BSW se retrouve sur de nombreux sujets.
Le 29 janvier au Bundestag, le Parlement fédéral, Merz a fait appel aux voix de l’AfD pour faire passer une motion visant à durcir les politiques migratoires. Le BSW a lui aussi soutenu la motion, qui a été rejetée de justesse. Cette remise en cause du « pare-feu » jusqu’ici en vigueur à l’égard de l’extrême droite a été un signal d’alarme et a suscité de nombreuses manifestations. À cette occasion, la députée de Die Linke, Heidi Reichinnek, a prononcé un discours passionné qui a fait d’elle une star montante des réseaux sociaux. Dans son discours, elle a critiqué le chef de la CDU pour avoir « délibérément » collaboré avec l’AfD seulement deux jours après la commémoration d’Auschwitz. Cela a contribué à une augmentation radicale du nombre d’adhérent.es au parti Die Linke. Ainsi, le 18 février, Die Linke comptait 91.000 membres, soit 31.000 de plus qu’un mois auparavant.
Avec 11,6 %, les Ecolos sont le parti de la coalition gouvernementale sortante ayant encaissé le moins de pertes. Son électorat, assez prospère, semble peu concerné par des thèmes tels que la sécurité sociale et les hausses de prix. Bien que son discours sur la migration conserve des traces de préoccupations humanitaires, celles-ci ne sont pas crédibles en raison de sa volonté d’entrer dans une coalition avec la CDU/CSU.
L’électorat jeune renforce la gauche
La renaissance de Die Linke a été portée par les jeunes, en particulier les jeunes femmes. Parmi les électeur.trices de 18 à 24 ans, 34 % des femmes ont voté pour Die Linke, contre 15 % chez les hommes. Pour les femmes de moins de 25 ans, Die Linke est ainsi le parti le plus populaire, tandis que chez les hommes de cette tranche d’âge, il arrive troisième, derrière l’AfD et le CDU/CSU. Les Ecolos, un parti précédemment très populaire auprès des jeunes femmes, sont arrivés en troisième position chez celles-ci, juste derrière l’AfD.
Globalement, le retour encore modeste de Die Linke est à célébrer. Son programme socio-économique de gauche est partiellement en rupture avec la manière dont le système capitaliste est géré aujourd’hui, uniquement au profit d’une poignée d’ultra-riches. Elle défend également de bonnes positions pour lutter contre les oppressions, notamment le racisme et la LGBTQIA+phobie, qui sont en forte augmentation en Allemagne (comme partout ailleurs), boostées par les comportements, les paroles et les actes des médias dominants et des partis pro-capitalistes.
Cependant, Die Linke présente aussi de grands défauts qui expliquent son déclin, qui jusqu’à peu pouvait encore sembler inexorable. Là où Die Linke a pris part au pouvoir, il s’est adapté au système. Trop souvent absent des luttes et confronté à des divisions internes profondes, certaines de ses positions sont confuses, faibles, voire tout simplement très mauvaises. C’est notamment le cas en ce qui concerne le génocide en cours à Gaza et la libération de la Palestine, un thème absent des élections.
Les jeunes qui se trouvent attiré.es par Die Linke devront prendre eux-mêmes et elles-mêmes l’initiative pour s’organiser et faire avancer la lutte nécessaire, sans jamais faire de concession au fascisme ou au capitalisme en crise, dont il est l’expression. Ce n’est que de cette manière qu’ils et elles pourront retourner les revers sur les fronts socio-économique, écologique et des oppressions, y compris l’oppression raciste et coloniale que subit la Palestine.
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‘Transgender Warriors’. Une arme contre la transphobie et l’oppression
Dans un monde où la diversité des genres est de plus en plus la cible de réactions négatives, l’ouvrage de Leslie Feinberg intitulé « Transgender Warriors : Making History from Joan of Arc to Dennis Rodman » (L’histoire en marche de Jeanne d’Arc à Dennis Rodman) offre une réponse puissante et indispensable.
par Nick (Anvers)
Cet ouvrage fondamental combine des réflexions personnelles, une analyse historique et un appel à la solidarité pour non seulement célébrer l’existence des personnes non conformes au genre, mais aussi pour démanteler les structures sociales qui les oppriment. Le message de Feinberg est clair: la diversité des genres n’est pas un phénomène moderne, mais fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité, et la lutte pour les droits des transgenres est inextricablement liée à des mouvements plus larges en faveur de la justice sociale.
La diversité des genres : un phénomène qui n’est pas nouveau
L’un des thèmes les plus forts de «Transgender Warriors» est la réfutation par Feinberg du mythe selon lequel les identités transgenres et non binaires sont un phénomène récent. En présentant un large éventail d’exemples historiques, Feinberg montre que la diversité des genres a existé dans d’innombrables sociétés au cours des siècles. Des traditions bispirituelles des cultures indigènes d’Amérique du Nord aux pratiques de transcendance du genre de Jeanne d’Arc, Feinberg montre que les personnes de genre différent ont souvent joué un rôle respecté dans leurs communautés.
Dans les cultures indigènes, telles que celles des tribus nord-américaines, les personnes non conformes au genre étaient souvent considérées comme des guides spirituels et des leaders. Cependant, cette reconnaissance a été détruite par les forces coloniales et religieuses. Le colonialisme a apporté non seulement l’exploitation économique, mais aussi l’imposition de rôles binaires stricts en matière de genre comme moyen de déstabiliser et d’assujettir les communautés. Le travail de Feinberg nous rappelle que ces dichotomies de genre ne sont pas universelles, mais le produit de processus historiques spécifiques.
Le lien entre l’oppression de genre et d’autres luttes
Feinberg démontre de manière convaincante que l’oppression fondée sur le sexe n’est pas isolée, mais qu’elle est étroitement liée à des systèmes de pouvoir et d’exploitation plus vastes. De l’esclavage au capitalisme et au colonialisme, l’oppression fondée sur le sexe a souvent été utilisée pour renforcer les hiérarchies sociales. Le patriarcat, affirme Feinberg, fonctionne comme un outil essentiel dans ces systèmes, utilisant les normes de genre pour centraliser le pouvoir et légitimer l’exploitation économique.
La persécution historique des personnes de sexe différent n’est pas un accident, mais une stratégie consciente des classes dirigeantes pour briser la solidarité entre les groupes marginalisés. Cette leçon reste d’actualité. À l’heure où les personnes transgenres sont de nouveau la cible d’attaques organisées, l’analyse de Feinberg apporte un éclairage important: la protection des droits des transgenres n’est pas seulement une question morale, mais aussi une étape stratégique dans la lutte contre des formes plus larges d’oppression.
Le combat personnel de Feinberg : de la marginalisation à l’activisme militant
L’histoire personnelle de Feinberg est au cœur de «Transgender Warriors» et illustre les luttes quotidiennes auxquelles sont confrontées les personnes non conformes au genre. Ayant grandi en tant que femme masculine dans la société hostile des années 1950, Feinberg a connu un monde où l’expression du genre était strictement contrôlée et la déviance punie. C’est ce qui l’a amenée à rejoindre des mouvements sociaux et à devenir l’une des principales voix de la lutte pour les droits des transgenres.
Le livre montre comment Feinberg a trouvé son inspiration dans les mouvements révolutionnaires des années 1960 et 1970, du Black Panther Party à la lutte pour les droits des femmes et au mouvement de libération LGBTQAI+. Il souligne également que les personnes issues de la diversité de genre ont des modèles historiques souvent négligés, de la rébellion de Jeanne d’Arc aux soulèvements de Stonewall. Ces exemples montrent que les personnes issues de la diversité de genre ne sont pas seulement des victimes de l’oppression, mais aussi des leaders de la résistance.
Un appel à la solidarité et à l’action
L’un des aspects les plus frappants de «Transgender Warriors» est l’appel de Feinberg à la solidarité entre les communautés touchées par différentes formes d’oppression. Le livre préconise une approche intersectionnelle, dans laquelle la lutte pour l’émancipation des genres va de pair avec les mouvements contre le racisme, le sexisme et l’inégalité économique. Feinberg insiste sur le fait que les droits des transgenres ne sont pas distincts des questions sociales plus générales, mais qu’ils constituent un élément essentiel de la lutte pour un monde juste.
Cet appel est particulièrement puissant à la lumière de la réaction contemporaine contre les droits des transgenres. Les forces réactionnaires cherchent à marginaliser les personnes transgenres en les présentant comme une menace pour les valeurs traditionnelles ou comme une mode. Le travail de Feinberg s’oppose à ces mensonges en montrant que la diversité des genres a toujours existé et qu’elle était souvent honorée dans les sociétés avant que les systèmes coloniaux et capitalistes ne la suppriment.
Une arme contre les réactions négatives
À l’heure où les droits des transgenres sont remis en question dans le monde entier, «Transgender Warriors» est plus que jamais d’actualité. Ce livre constitue une arme puissante contre les réactions négatives organisées visant à délégitimer les personnes transgenres et à restreindre leurs droits. L’analyse historique approfondie et le message militant de Feinberg prouvent que la lutte pour les droits des transgenres n’est pas seulement un phénomène moderne, mais un combat fondamental pour la liberté et l’égalité qui remonte à plusieurs siècles.
Ce livre incite non seulement les personnes transgenres, mais aussi les alliés et les militants à s’élever contre l’injustice. Le message de Feinberg est clair: la libération des personnes transgenres est inextricablement liée à la libération de tous les groupes marginalisés. Grâce à la solidarité et à l’action collective, nous pouvons créer un monde où la diversité des genres n’est pas seulement tolérée, mais célébrée comme un élément fondamental de l’expérience humaine.
«Transgender Warriors» n’est pas seulement un livre d’histoire; c’est un manifeste, un chant de lutte et un guide d’action. Le travail de Feinberg nous rappelle que la lutte pour l’émancipation des femmes ne concerne pas seulement les identités individuelles, mais aussi la lutte plus large pour un monde plus juste et plus humain. À une époque où les forces réactionnaires tentent de revenir en arrière, ce livre est un appel non seulement à comprendre l’histoire, mais aussi à la façonner activement dans le présent et l’avenir.
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Faire du 8 mars une journée d’action contre toutes les oppressions
À l’approche du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes et des minorités de genre, cette date doit être revendiquée comme un moment central de mobilisation contre toutes les formes d’oppression. Ce n’est pas seulement une journée pour honorer les luttes passées, mais une occasion capitale de reprendre du terrain dans un contexte mondial marqué par la confiance de gouvernements et des partis de l’extrême droite.
par Ophélie (Bruxelles)
Le succès de figures politiques réactionnaires comme Trump illustre l’efficacité du backlash contre ce que ses détracteurs appellent le “wokisme”. Cette offensive contre les idées progressistes sur le genre, le racisme et la sexualité trouve un écho inquiétant auprès d’une partie de l’électorat, nourries par des discours populistes et des médias complices. Face à cette régression, la mobilisation est plus que jamais vitale.
L’exemple de Gisèle Pélicot, qui s’est battue sans relâche contre les violences sexuelles et les ambiguïtés du système judiciaire, doit nous encourager à persévérer. Son courage met en lumière une réalité accablante: la justice inflige souvent un second traumatisme aux victimes de viol. Les procédures sont longues, humiliantes et à peine accessibles pour celles qui n’ont ni les ressources financières ni le soutien émotionnel nécessaire. La «victimisation secondaire» – ce processus par lequel la victime est mise en accusation et sommée de justifier son propre traumatisme – est un fléau qu’il faut combattre.
Ce qui doit être dénoncé, c’est l’injustice d’un système qui préfère reconnaître des «victimes idéales», celles qui correspondent à des stéréotypes de souffrance évidente. Les victimes qui osent parler de leur douleur intérieure ou qui n’entrent pas dans ces cases sont souvent écartées ou ignorées. Cette sélection arbitraire de la reconnaissance des violences est non seulement une atteinte à la dignité des victimes, mais aussi une preuve des biais structurels d’un système qui refuse de se remettre en question. La lutte contre les violences sexuelles et le traitement des victimes n’est pas une bataille à mener seul.e.
En cette période troublée, le combat pour la reconnaissance et le respect de la parole des victimes est donc loin d’être terminé. Les récents mouvements comme #MeToo ont montré la puissance de la solidarité et de l’action collective. Cependant, les réactions hostiles à ces avancées, notamment de la part de l’extrême droite, démontrent la nécessité de rester vigilants.
Il est temps de mettre fin au cercle vicieux de la culpabilisation des victimes et de la violence: dans la société, dans les tribunaux, dans les communautés et les familles. Nous exigeons davantage de ressources pour le conseil et la prévention des victimes de violences sexistes et sexuelles. Ainsi, nous défendons un investissement public important dans les refuges, les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) et les lignes téléphoniques d’urgence pour soutenir chaque victime.
Le 8 mars est notre moment pour montrer notre force et notre détermination. Cela va au-delà d’une seule journée: il s’agit d’un engagement continu pour transformer notre société. En unissant nos voix et nos actions, nous pouvons faire face à la montée des idées réactionnaires et poser les bases d’une société libérée de l’exploitation et de l’oppression.
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Cinéma. L’acier a coulé dans nos veines
Ce film réalisé par Thierry Michel et Christine Pireaux rend hommage aux travailleurs de la sidérurgie liégeoise et à leurs luttes pour le maintien de l’outil et de l’emploi à travers les multiples restructurations : Cockerill puis Cockerill-Sambre, puis Arcelor et enfin Arcelor-Mittal.
Le film nous plonge dans l’univers des sidérurgistes liégeois, révélant une saga industrielle et humaine exceptionnelle.
Ce documentaire captivant explore les destins forgés par le fer et le feu, à travers des témoignages personnels et des archives inédites sur 50 ans. Il met en lumière les luttes sociales et la résilience d’une communauté face aux défis économiques.
Plus qu’un simple retour sur le passé, ce film essentiel interroge notre présent et notre avenir, soulignant l’importance de la solidarité et de la mémoire collective.
Sortie en salles à partir du 22 janvier 2025.
Courez vite le voir!
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Nous n’accepterons aucun retour dans le passé !
Le 8 mars nous luttons avec le courage de Gisèle Pelicot. Nous n’accepterons aucun retour dans le passé !
La droite et l’extrême droite ont le vent en poupe. Des éléments des politiques brutales de Trump trouvent des échos en Europe, y compris un soutien ouvert à l’oppression contre les femmes, les personnes LGBTQIA+, les migrant.e.s… Les nouvelles de ces jours-ci sont un spectacle d’horreur dystopique. La résistance, cependant, est nécessaire et possible !
par Nicky (Anvers)
Le président condamné pour abus sexuel
Le président d’extrême droite Trump, reconnu coupable d’abus sexuels, a officiellement pris ses fonctions en tant que 47e président des États-Unis. Il a commencé son mandat en signant immédiatement une quarantaine de décrets présidentiels.
L’un d’entre eux stipule que seuls deux genres seront désormais officiellement reconnus. Depuis mars 2023, il était possible d’être officiellement enregistré sur son passeport avec le marqueur de genre non binaire « X », mais cette possibilité disparaît désormais. Il a supprimé un décret qui traitait de la prévention de la discrimination fondée sur l’identité de genre et la sexualité. Il a également rétabli l’interdiction des personnes transgenres dans l’armée, que Biden avait précédemment abolie. Par ailleurs, un site web gouvernemental qui proposait des informations sur la santé reproductive a été mis hors ligne.
Trump a déclaré une situation d’urgence à la frontière avec le Mexique, avec pour raison officielle l’immigration « illégale », et veut commencer immédiatement des déportations massives de réfugiés.
Ces projets sont terrifiants pour de nombreux Américains, en particulier les femmes, les personnes queer et trans, les personnes de couleur et celles issues de l’immigration. Nous exprimons notre solidarité avec tous ceux qui vivent aujourd’hui dans la peur.
L’Arizona frappe durement les femmes
Les projets du futur gouvernement de l’Arizona sont inquiétants. Ce sera un gouvernement d’austérité. Les attaques contre les pensions touchent particulièrement les femmes. Le nombre d’années de travail effectif nécessaire pour avoir droit à une pension minimale passerait de 20 à 30 ans. De nombreuses femmes, en particulier les mères, n’atteignent pas ce nombre. Elles n’ont souvent pas d’autre choix que d’interrompre leur carrière lorsqu’elles ont des enfants. L’écart de pension entre les hommes et les femmes s’élevait à 19 % en 2022. Avec les propositions actuelles, cet écart risque de se creuser, rendant les femmes encore plus dépendantes financièrement de leur partenaire. Les projets visant à affaiblir davantage la semaine de 38 heures en augmentant la flexibilité rendront la conciliation travail-famille plus difficile. Les partis de l’Arizona ont bloqué l’extension de la loi sur l’avortement en septembre.
Les manifestations et les grèves du 7 novembre (soins de santé et secteur public) et du 13 janvier (y compris l’éducation) ont vu une présence massive de travailleurs issus de secteurs typiquement féminins. Nous continuons à descendre dans la rue pour réclamer des pensions complètes à 60 ans, des salaires (minimum) plus élevés et des investissements massifs dans les services publics tels que les soins de santé, l’éducation, la garde d’enfants…
Solidarité avec la Palestine
Le cessez-le-feu entraîne le début d’un échange de prisonniers. Parmi les 90 premiers Palestiniens libérés, 69 étaient des femmes. L’une d’entre elles a parlé des terribles conditions dans lesquelles elles étaient détenues. Elle a évoqué le manque d’intimité, de médicaments et de nourriture. Les femmes ont été maltraitées et ont dû se déshabiller tous les jours pour être fouillées.
Pendant ce temps, les Palestiniens de Gaza tentent de regagner leurs maisons pour les reconstruire sur les décombres. Nous continuons à montrer notre soutien au peuple palestinien, la lutte pour la libération n’est pas terminée.
#MeToo n’est pas terminé
La confiance de l’extrême droite entraîne le retour d’un soutien plus manifeste au racisme, au sexisme et à la queerphobie.
Ce n’est pas un hasard si Bart De Pauw fait son retour en Flandre avec des spectacles de théâtre pour lesquels des milliers de billets ont été immédiatement vendus avant même que l’on sache quoi que ce soit de leur contenu. De Pauw a été condamné pour comportement transgressif en 2021 et était le visage flamand de tout ce à quoi #MeToo s’oppose.
S’il a immédiatement vendu autant de billets, c’est parce que les gens veulent le soutenir. Il y a l’idée qu’il a déjà été suffisamment puni parce que son image a été grandement endommagée par toute l’affaire. En décembre, le procureur de Bruxelles a demandé qu’aucune sanction ne soit prise à l’encontre d’un barman d’Ixelles qui avait violé deux femmes, estimant que le coupable avait « déjà été suffisamment puni » par un « lynchage sur les médias sociaux ». Il y a clairement un sentiment anti-metoo.
On l’a vu il y a quelques années avec l’affaire Amber Heard et Johnny Depp. En ce moment, il y a l’affaire Justin Baldoni et Blake Lively, où l’opinion publique s’est également retournée contre elle dans un premier temps.
D’un autre côté, nous avons vu en France comment Gisèle Pelicot a bénéficié d’un soutien massif dans l’affaire qui l’opposait à son ex-mari et à plus de 50 autres hommes qui l’avaient agressée sexuellement. Nous devons toujours être du côté des survivants qui luttent contre leur agresseur.
Nous descendrons dans la rue le 8 mars, Journée internationale de la femme, en solidarité avec les Palestiniens, avec les Américains qui souffrent déjà sous le règne de Trump, avec toutes les victimes de violences et de harcèlement sexistes et sexuels, et contre le gouvernement d’austérité de l’Arizona.
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Une solide indemnité de départ pour Steven Vanackere !
Les négociations entre partis pour la formation d’un gouvernement Arizona traînent en longueur et doivent paraître interminables à Steve Vanackere (CD&V) car il est toujours en attente du renouvellement de son mandat de directeur et de vice-gouverneur de la Banque nationale. Cela a amené le conseil de gérance de la banque à discuter de son indemnité de départ si son mandat n’est pas renouvelé. Il aurait droit à une indemnité de 534.803 euros brut !
Vous me direz qu’avec un tel montant, il peut bien attendre un peu. Par comparaison le salaire médian brut mensuel pour un emploi à temps plein dans le secteur privé est de 3.100€ en Wallonie, soit près de 15 fois moins que le salaire de Vanackere! Et encore ! Il faut bien comprendre ce que l’on entend par salaire médian. Il s’agit de la médiane : la moitié des personnes travaillant à temps plein dans le secteur privé gagnent plus, l’autre moitié gagne moins que 3.100 !
Puisqu’on sort de la période du salon de l’auto, faisons uns comparaison. Le prix d’achat d’une voiture bon marché, par exemple une Dacia, avoisine les 15.000€. Cela représente 5 mois de salaire (sans rien dépenser d’autre!) pour un salarié médian wallon. Cela n’a pas de sens de calculer avec le salaire de Vanackere car il ne roule pas en Dacia, et de plus il dispose d’une voiture de société ! (GVS)
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Non, les pensions des fonctionnaires ne sont pas trop élevées
L’affirmation selon laquelle les pensions des fonctionnaires sont trop élevées et qu’une « péréquation » devrait consister à les ramener au niveau des pensions des salarié.es est un non-sens absolu.
par Tim Grauls, militant CGSP UGent
Quelques chiffres pour l’illustrer. Prenons le taux de remplacement net des pensions moyennes par rapport au salaire moyen de fin de carrière. Les chiffres d’Eurostat montrent que les pensions moyennes en Belgique (ratio de 0,48) sont nettement inférieures à la moyenne européenne (ratio de 0,6).

Les chiffres de Pensionstat montrent que les pensions nettes s’élèveront en moyenne à 1.640 euros par mois en 2023. Pour les fonctionnaires, cela représente une pension nette moyenne de 2.357 euros par mois, soit un ratio de remplacement de 0,69. Ce chiffre est légèrement supérieur à la moyenne européenne, soit le niveau du Luxembourg.
Dans le secteur privé, la pension nette moyenne n’est que de 1.467 euros par mois, soit un taux de remplacement de 0,42. C’est le troisième niveau le plus bas d’Europe, à peu près au niveau de Chypre. En d’autres termes, la réforme des pensions de De Wever et Bouchez entraînera notre pays vers le bas de l’échelle européenne en matière de pensions.

Le gouvernement veut économiser 3 milliards d’euros sur les pensions grâce à ces réductions. N’y a-t-il pas d’autres solutions? Si, il y en a. Encore un chiffre – tiré du baromètre socio-économique 2024 de la FGTB. Il en ressort quelques chiffres intéressants. Par exemple: l’ampleur des réductions de charges annuelles pour les entreprises au détriment de la sécurité sociale. En 25 ans, elles sont passées de 1,6 milliard à 16 milliards d’euros par an, soit 10 fois plus. C’est pourquoi la droite affirme que les pensions ne sont plus supportables: les fonds de la sécurité sociale ont été utilisés pour distribuer des cadeaux au patronat, et cela ne devrait pas faire l’objet d’un débat.

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Pourquoi les femmes doivent lutter contre la super-note de De Wever
Comme c’est toujours le cas lorsque la politique antisociale passe à la vitesse supérieure (encore une fois!), les conséquences pour les groupes les plus vulnérables sur le plan social sont les plus désastreuses. La super-note de Bart De Wever ferait baisser le niveau de vie de tous les travailleurs et des pauvres, mais ce sont les femmes et les jeunes qui le ressentiront le plus durement.
par Anja Deschoemacker
Le droit à la pension à temps plein rendu encore plus impossible
Il est bien connu qu’à l’écart salarial s’ajoute un écart de pension. Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral des pensions (basés sur les données de 2022), l’écart dans la pension légale est de 19%, soit une différence de 406 euros dans la pension mensuelle brute. Pour la pension complémentaire, l’écart s’élève à 53%, ce qui est énorme.
Pour les indépendants, l’écart de pension entre les hommes et les femmes est de 52% et pour les salariés de 28%, alors qu’il n’est que de 3% pour les fonctionnaires. L’attaque contre les pensions de la fonction publique prive donc les femmes de leur seul accès à une pension décente.
A cela s’ajoute le poids plus faible des périodes assimilées. Selon une étude Sigedis de 2023, 66% des hommes font une carrière de plus de 30 ans contre seulement 34% des femmes, principalement en raison du travail à temps partiel et des crédits d’heures que de nombreuses femmes sont obligées de faire pour équilibrer leur vie familiale dans un cadre où les services de garde d’enfants, de jeunes, de personnes âgées, d’aide aux tâches ménagères, accessibles et abordables, sont absolument inadéquats…
Nouvelle pièce finale dans la chasse aux sorcières contre les femmes et les jeunes chômeur.euse.s
De Wever concocte au niveau fédéral de limiter les allocations de chômage dans le temps. Comme pour les pensions, il s’agit d’un pas supplémentaire dans des décennies de grignotage incessant du niveau de vie et de l’indépendance financière des femmes. Toute l’histoire des attaques contre le droit aux allocations de chômage est une histoire antiféministe. Les attaques incessantes des gouvernements de droite dans les années 1980 ont ensuite été amplifiées et rendues structurelles par les précurseurs du Vooruit/PS et du CD&V/les Engagés. Résultat: dans les années 1990, les femmes représentaient 92% des dizaines de milliers de chômeurs en sursis.
L’objectif est clair après ces décennies: il s’agit d’un maillon central qui a contraint les femmes et les jeunes à accepter des emplois précaires, des emplois à temps partiel et des emplois temporaires faiblement rémunérés. Il s’agit également d’une mesure essentiellement symbolique. En réalité, après deux ans de chômage, vous vous retrouvez sans revenu vital pour une longue période. Echapper à une situation familiale problématique équivaut donc, pour les femmes et les jeunes, à être condamnés à la pauvreté.
Gouvernement anti-woke
Un gouvernement anti-woke se prépare: les femmes, les personnes LGBTQI+, les migrants, les réfugiés et les sans-papiers doivent se préparer à lutter!
Avec De Wever et Bouchez, deux fans de Trump et de la rhétorique anti-wokiste, la droite socio-économique sera dirigé par des personnages pivots au sein de l’élite politique belge pour avoir ouvertement soutenu Israël.
C’est un signe révélateur que le resserrement supplémentaire de la politique migratoire était quelque chose sur lequel tous les partis Arizona étaient d’accord, y inclus Vooruit. Soyons clairs : même sans durcissement, des milliers de réfugiés dorment déjà dans la rue, même pendant un froid glacial, plusieurs dizaines de milliers de sans-papiers n’ont aucune chance de régulariser leur situation, et des centaines de milliers de personnes issues de l’immigration – de la première, deuxième, troisième, quatrième … génération sont systématiquement confrontées à la discrimination dans tous les domaines de la vie.
Ces dernières années, le MR et Vooruit auraient pu former une majorité parlementaire avec le PS, les Verts et le PTB pour étendre et améliorer le droit à l’avortement. A l’exception du PTB, ils ont tous cédé sans se battre, comme s’il s’agissait d’un laissez-passer pour être au gouvernement. En ce qui concerne l’Arizona, il est pratiquement certain que les années à venir ne verront pas grand-chose se produire. Des centaines de femmes continueront à devoir se rendre à l’étranger chaque année pour se faire avorter après 12 semaines. C’est plus difficile et plus cher, donc inaccessible aux plus pauvres.
Comme pour les femmes, les personnes qui ne se conforment pas au genre seront également confrontées à une stagnation, dans le meilleur des cas, tandis que la LGBTQI+phobie de plus en plus attisée par la droite et l’extrême-droite ne sera pas combattue.
Ce ne sont là que quelques raisons de s’organiser contre le gouvernement annoncé. Les syndicats, les militants de gauche, les féministes et les organisations d’autres groupes opprimés doivent se donner la main et intensifier la mobilisation, non pas pour obtenir des concessions à la marge, mais pour obtenir des progrès réels pour la grande majorité de la population grâce à une politique sociale qui met l’argent là où il se trouve. Parallèlement à la lutte contre la droite internationale – Netanyahu et Trump en tête – la lutte contre les gouvernements de droite anti-woke devrait être centrale le 8 mars.