Category: Transports publics

  • STIB : grève à Delta. Interview d’un délégué syndical

    Aisha, Stefanie et Owen

    Pourquoi y a t’il grève aujourd’hui à Delta ?

    Hier matin (lundi 28/08), un moniteur de Delta, qui accompagnait un jeune chauffeur de bus dans ses premiers trajets, s’est fait très violemment agressé par un client, après lui avoir demander de diminuer le son de sa musique.

    Ce matin, les autres conducteurs du dépôt se sont mis en grève, par solidarité avec leur collègue mais aussi parce que les conditions de travail deviennent de plus en plus mauvaises.

    Une Assemblée Générale du dépôt de Delta, en front commun syndical, qui a rassemblé plus ou moins 60 personnes, a voté la grève à l’unanimité. Il y aurait 30% des transports qui sont à l’arrêt, aujourd’hui, pour l’ensemble de la STIB, mais 80% pour Delta.

    Les grévistes ont rencontré, dans la journée, le directeur adjoint aux ressources humaines, qui n’a rien pu faire, mais les conducteurs ont obtenu une réunion pour demain avec Mr Flausch, directeur général de la STIB.

    Quelles sont vos revendications ?

    Premièrement la sécurité ! Il ne s’agit pas ici d’entrer dans un discours sécuritaire en demandant plus de répression, mais nous ne sommes pas payés pour être envoyé à l’hôpital. Nous voulons plus de personnel pour le service de contrôle et de sécurité de la STIB.

    Aujourd’hui, la STIB n’a que 3 voitures pour l’ensemble de Bruxelles, qui peuvent venir aider les chauffeurs en difficultés. Il en faut beaucoup plus.

    Nous voulons aussi, que les politiques tiennent leurs promesses. Il y a 8 ou 9 ans, nous avons fait grève dans l’ensemble du pays, avec les collègues de De Lijn et de la TEC, en front commun syndical pour qu’on trouve des solutions aux problèmes de sécurité dans les transports en commun. Le ministre de tutelle de l’époque avait donné la garantie qu’il y aurait un budget pour installer des caméras dans chaque bus et tram. Pourtant, aujourd’hui, seulement 10% des véhicules en sont équipés à Bruxelles.

    C’est pourquoi, nous voulons aussi une discussion avec les politiques : l’actuel ministre de tutelle pour discuter d’un budget, mais aussi Laurette Onckelinx, ministre de la Justice, car les dernières agressions les plus violentes ont été commises par des récidivistes.

    Quel est la suite du programme ?

    Demain, nous rencontrons la direction pour mettre sur table nos revendications. Si elle ne répond pas à nos attentes, nous discuterons avec l’ensemble des dépôts de bus et tram, pour voir quelles actions mener.

  • “Si on laisse faire une telle logique, on est tous pendus à une ficelle”

    STIB: Chasse aux délégués

    Un délégué de la CGSLB avait été licencié ; le motif officiel était : “plainte de voyageurs”, Mais la raison réelle est que ce délégué était allé au contrôle technique à Delta pour s’enquérir des normes de sécurité à respecter. Interview d’un délégué CGSP.

    Propos recueillis par Cédric Gérôme

    Peux-tu expliquer ce qui s’est récemment passé à la STIB?

    Le délégué de la CGSLB s’étonnait que toute une série d’éléments n’étaient pas conformes: des morceaux de pare-chocs qui manquaient, un morceau de carrosserie saillante qui aurait pu blesser des gens, et bien d’autres choses encore.

    Il s’est présenté là – et ça c’est une erreur de sa part évidemment- en tant que délégué. Il avait à peine quitté les lieux que le responsable du centre de contrôle a plongé sur le téléphone et a averti la direction; trois heures après, il avait son préavis!

    Il m’a mis au courant de ce qui se passait. Je lui ai dit : “il faut bouger tout de suite”. Le vendredi matin, j’ai directement été dans les bureaux de la CGSLB pour aller un peu stimuler ses permanents; et là j’ai vu qu’il n’aurait manifestement aucun soutien: ils étaient prêts à le lâcher.

    J’ai donc pris contact avec différents délégués de la CGSP et on est tombé d’accord pour faire une action.

    Qu’en est-il advenu?

    Un tract avait été imprimé à 1000 exemplaires. Tout avait été mis en place pour que le mouvement se fasse le lundi matin. Le dimanche dans l’après-midi, le délégué licencié me téléphone et me dit: “Arrête tout, ils ont suspendu le préavis” (parce qu’évidemment, il y a eu des fuites et c’est arrivé aux oreilles de la direction): ils ont tout de suite suspendu le préavis, et il a eu droit à une conciliation.

    Et à la conciliation le mardi, il a été réintégré: son licenciement a été annulé pour “ vice de forme “, car dans le tract, on avait bien évoqué le fait qu’on n’acceptait pas le motif du licenciement ; en effet, si on laisse faire une telle logique, on est tous pendus à une ficelle!

    Depuis lors, je ne l’ai pas revu. A mon avis, ils ne vont pas le faire revenir à Delta : ils vont probablement l’éloigner sur un autre lieu de travail.

    La lutte contre le Pacte des Générations a-t-elle eu un impact important chez les travailleurs de la STIB?

    Oui, sans aucun doute. Cette lutte a été très bien suivie: plus de 90% de grévistes les deux fois! Même s’il n’y avait pas que des “convaincus” qui y ont participé, on n’avait pas obtenu une telle mobilisation lors des grèves précédentes (les grèves à répétition de la fin 2004).

    Mais on connaît la suite: les directions syndicales nous ont abandonnés: elles ont mis le couvercle car elles ont pris peur que ça débouche sur un mouvement qu’elles ne sauraient plus contrôler.

    Que penser selon toi des récentes publications des salaires mirobolants des directeurs de la fonction publique?

    Quand on pense qu’ils se préparent à nous faire avaler la modération salariale, c’est proprement scandaleux. Après le Pacte des Générations, ils s’entendent tous très bien (gouvernement, patrons et directions syndicales) pour passer au “Pacte de Compétitivité”.

    Ce qui est encore plus honteux, c’est que toutes les négociations se font en catimini, sans demander l’avis de la base. Evidemment, ils le font en connaissance de cause: ils savent très bien que, vu l’ampleur qu’a prise la mobilisation contre le Pacte des Générations, s’attaquer aux salaires des gens est un domaine encore plus sensible qui risque de mettre le feu aux poudres…

  • SNCB: Projet d’accord insuffisant

    Un accord social pour 2006-2007 vient d’être conclu entre la direction du groupe SNCB et les syndicats. Dans les semaines qui viennent, la base devra donner son avis. Et s’il y a des points positifs, il y a aussi pas mal d’insuffisances dans ce projet…

    Par un correspondant

    Le premier point positif, c’est le maintien de l’emploi à 36.696 équivalents temps plein au 1er janvier 2008, ce qui signifie l’embauche de 2.500 nouveaux travailleurs pour remplacer ceux qui partiront en pension. Le deuxième, c’est l’octroi de la gratuité des frais d’hospitalisation à tous les cheminots, actifs et prépensionnés, et aux membres de leur famille. Ce sont 150.000 personnes qui bénéficieront ainsi de cette assurance hospitalisation qui représente 10 millions d’euros.

    Mais cet accord est loin de régler tous les problèmes. Remplacer les pensionnés, c’est bien. Mais cela ne suffira pas. Ces dernières années, on a perdu 5.000 emplois pendant que la productivité augmentait de plus de 25% ! On doit faire plus de boulot avec moins de monde. Et c’est la foire chaque fois qu’on veut prendre un jour de congé parce qu’on ne trouve pas de remplaçant. Résultat : il y a des milliers de jours de congé de retard. Un autre gros problème, c’est qu’il n’y a rien dans cet accord pour garantir que les travaux dits « non ferroviaires » (en particulier le nettoyage) resteront effectués par du personnel SNCB et pas confiés à des sous-traitants. Enfin, rien n’est prévu pour ceux qui veulent passer en 4/5 ou à mi-temps parce qu’à 50 ans, ils ont le dos cassé ou qu’ils ne parviennent plus à récupérer.

  • De Lijn: 7 jours de “tarifs-zéro” à Gand et Anvers

    A l’occasion d’un changement de tarif le 1er mars, les chauffeurs de De Lijn à Anvers et à Gand ont refusé de faire payer les trajets.

    Un correspondant

    Depuis le 1er mars, les voyageurs peuvent acheter des tickets dans 2500 points de vente (librairies,…) et auprès de distributeurs automatiques. Les tickets et cartes vendus dans le bus ou le tram sont au moins 20% plus chers. Mais voilà où le bât le blesse: les distributeurs automatiques, souvent, ne marchent pas, les voyageurs doivent donc payer plus. De surcroît, ni les chauffeurs, ni les voyageurs n’ont été bien informés.

    La direction de De Lijn a simplement poussé les chauffeurs dans la fosse aux lions face à des voyageurs surpris, qui ne pouvaient pas acheter un ticket aux distributeurs automatiques et qui devaient payer plus dans le bus, ou encore qui ne savaient tout simplement pas où acheter les tickets en prévente… C’était au chauffeur d’être confronté, seul, à la colère et l’incompréhension des usagers. Après sept jours de grève de paiement, un accord a été conclu: les distributeurs automatiques vont avoir un entretien, les chauffeurs vont recevoir une formation supplémentaire sur le système et à Anvers, des lignes où tout les arrêts sont pourvus de distributeurs automatiques ne vont plus vendre de tickets dans le tram. Après trois mois suivra une évaluation.

    Le passage à un système de prévente chez De Lijn est une tentative d’alléger la pression sur la durée de conduite et de repos. Mais avec cet accord, rien ne change fondamentalement. Le temps de repos est toujours dans plusieurs cas du temps de rattrapage pour les délais faits.

  • SNCB. La scission comme prélude à la libéralisation

    Les dernières semaines ont vu les problèmes persistants à la SNCB attirer de nouveau l’attention des médias. Cette fois ce sont les divergences entre les trois administrateurs-délégués à propos du plan d’entreprise 2006-2007 qui sont apparues au grand jour.

    Un correspondant

    Scission de la SNCB

    Depuis le 1er janvier 2005, la SNCB est scindée en trois entreprises distinctes: l’entreprise de transport SNCB, le gestionnaire d’infrastructure Infrabel et un holding avec des compétences opérationnelles comme la politique de personnel, les affaires juridiques, les finances et la coordination.

    Le holding est également le propriétaire de toutes les gares et de tous les parkings. A la tête du holding se trouve Jannie Haeck, l’ancien chef de cabinet de Johan Vande Lanotte. Infrabel est dirigée par Luc Lallemand qui, en tant qu’ancien collaborateur du cabinet de Michel Daerden, fut co-responsable de la disparition de la RTM (la Malle Douvre-Ostende). A la tête de la SNCB on trouve Marc Descheemaeker, ancien PDG dans une multinationale de nettoyage danoise ISS.

    Il n’y a pas de rapport hiérarchique entre les trois entreprises. L’année passée a été émaillée de conflits à répétition entre les trois directions qui voulaient sauvegarder leurs propres intérêts. Entretemps, c’est le personnel qui paie la note.

    Productivité accrue

    Les économies et les hausses de productivité consécutives au plan d’entreprise 2004-2005 sont dues à des coupes drastiques dans le personnel. Depuis 2004 les effectifs ont été réduits de 42.000 à 38.000. En 2005 il y a eu à peine 300 recrutements. Mais le trafic ferroviaire continue d’augmenter chaque année. Entre 1997 et 2004 le nombre de passagers a crû de 24%. La productivité des cheminots n’a jamais été aussi élevée.

    Le nouveau plan d’entreprise gèle les effectifs à 38.000. Pour y arriver, 2500 recrutements sont prévus pour les deux années à venir. La question est de savoir si cette promesse sera tenue.

    Privatisations

    Les dernières années ont vu de plus en plus de tâches passer en sous-traitance. A côté de cela, il y a la concurrence accrue des filiales, des sociétés privées dans lesquelles la SNCB participe et qui reprennent un tas de tâches, ce qui signifie en pratique la privatisation des services.

    C’est ainsi que la commercialisation du réseau en fibre de verre de la SNCB a récemment été transférée à la filiale Syntigo. Cette entreprise fournit des services et du matériel informatique aux entreprises du groupe SNCB et aux chemins de fer néerlandais. En outre, Infrabel conclut des contrats privé-public pour la pose et l’entretien de nouvelles voies ferrées, comme le désenclavement de l’aéroport de Zaventem.

    Enfin, les trois entreprises publiques veulent avoir atteint l’équilibre financier d’ici 2008. D’après le directeur financier, cela doit se faire par une hausse encore plus importante de la productivité et un accroissement des recettes.

    La situation chez B-Cargo, la filiale de la SNCB qui est chargée du transport des marchandises, illustre bien ce que cela signifie en réalité. Il y a quatre ans, B-Cargo représentait 8000 équivalents temps plein. En décembre de l’année passée il y en avait encore 5500 et la direction s’est fixé un objectif de 4500. Les volumes de marchandises ne diminuent évidemment pas, que du contraire. La formule magique est la multifonctionnalité. Le travail de quatre ou cinq salariés est maintenant réalisé par un ou deux salariés, avec ce que cela implique en termes de pression du travail et de risques pour la sécurité.

    Libéralisation du trafic ferroviaire

    La concurrence accrue qui va de pair avec la libéralisation du trafic ferroviaire en Europe est utilisée comme prétexte pour augmenter encore plus la pression. Il y a ainsi le projet d’imposer aux conducteurs de train des prestations de onze heures avec une interruption de deux heures maximum qui ne seraient pas considérées comme des heures de service.

    En septembre le Parlement européen a voté la libéralisation du trafic international des voyageurs d’ici 2008 et de tout le trafic des voyageurs d’ici 2012. La libéralisation du transport international des marchandises est déjà un fait et, le 1 janvier, 2007 ce sera le tour du transport national de marchandises. A côté de B-Cargo il y a déjà six entreprises qui sont actives en Belgique ou sur le point de l’être. On y trouve notamment la SNCF et Rail4chem, une filiale de BASF.

    Entretemps, le mécontentement et la volonté d’action croissent de jour en jour parmi les cheminots. Ils ne se laissent pas tromper par la bisbrouille au sommet et par les vagues promesses. Le personnel a ainsi arrêté le travail le 20 février à Charleroi. La grève portait sur le manque de personnel, et sur l’impossibilité pour les conducteurs de prendre leurs jours de congé et sur les formations.

  • “Les projets du gouvernement sont tellement immonde qu’ils sont capables d’entraîner une forte réaction malgré n’importe quelle défaite précédente”

    Dans le cadre des mobilisations pour la grève générale de ce vendredi 7 octobre, nous sommes intervenu ce mercredi matin au dépôt des TEC de Robermont, à Liège. Les deux camarades du MAS qui y étaient présent ont distribués le tract sur les propositions de la coalition violette concernant les fins de carrière et sur la grève générale en réaction, et vendu notre journal, l’Alternative Socialiste.

    Christophe Cusumano et Nicolas Croes

    Cette intervention nous a permis de vendre une quinzaine de journaux, et de « sentir le pouls » des travailleurs face aux attaques du gouvernement et du patronat, ainsi que vis-à-vis de la réaction des syndicats. Nous nous interrogions notamment sur la manière dont l’appel à la grève générale allait être ressenti après la défaite à peine déguisée de la grève du mois de mai dernier.

    Une employée, quand nous lui avons posé la question, nous a livré ses impressions: « Les projets concoctés par le gouvernement sont tellement immonde qu’ils sont capables d’entraîner une forte réaction malgré n’importe quelle défaite précédente ». Ce dégoût, nous avons pu le percevoir dans presque toutes les discussions que nous avons eue, bien souvent lié à des interrogations légitimes face aux méthodes des bureaucraties syndicales. Un mécanicien nous a ainsi rappelé que la défaite subie il y a quelques mois était principalement due à la volonté des directions syndicales de ne pas s’attaquer trop violement à la région wallonne, où le PS et le CDH mènent la danse…

    Nous avons donc pu vérifier une fois de plus à quel point l’action contre le néo-libéralisme peut compter sur un large soutien, et combien les travailleurs veulent agir, en sachant où ils vont, c’est-à-dire en étant intégré dans un plan d’action démocratiquement établi.

  • TEC. Une défaite, malgré la combativité de la base

    Les travailleurs des TEC ont mené, pendant plus de trois semaines, en mai dernier, un enchaînement de grèves à l’occasion du renouvellement de la convention collective. Ce fut à la fois un combat tenace, difficile et courageux car la direction de la SRWT (PS), le gouvernement wallon (et en particulier le ministre des Transports, le CDH André Antoine) et les médias se sont acharnés sur les travailleurs des TEC pour salir leur combat.

    Vincent Devaux

    SRWT, TEC et apparatchiks

    La Société Régionale Wallonne du Transport (SRWT) chapeaute les TEC (transports en commun) du Brabant wallon, de Charleroi, du Hainaut, de Liège/Verviers et de Namur/Luxembourg. En Flandre, il n’y a qu’une seule société (De Lijn) et les billets sont valables dans toute la Flandre. En Wallonie, un billet du TEC Charleroi ne peut être utilisé à Liège. La structure féodale chapeautée par la SRWT a été faite pour placer des directeurs grassement payés (et qui ont en poche la carte du PS). Un exemple? Jean-Claude Phlypo touche 300.000 euros/an comme administrateur général de la SRWT et 200.000 euros/an comme président d’Eurobus holding, une société privée qu’il a créée en 1996 en puisant 650.000 euros dans les caisses des TEC!

    Mensonges et provocations

    A l’annonce du dépôt d’un préavis de grève pour le 9 mai, la direction de la SRWT a déclaré de façon provocatrice que "les syndicats des TEC abusaient de leur position pour poser des revendications déraisonnables". Déraisonnable? Les syndicats demandaient 3% d’augmentation en deux ans. En avril, le conciliateur social avait proposé 6% (index compris), ce qui revenait à une augmentation de 1,1% en deux ans: une misère! La direction de la SRWT a ensuite déclaré dans la presse que les chauffeurs gagnaient entre 1.500 et 2.200 euros nets par mois. Un mensonge éhonté pour isoler les travailleurs des TEC de la population: un chauffeur avec 13 ans d’ancienneté gagne 1.200€ par mois en travaillant tous les jours et deux week-ends par mois!

    L’action se durcit

    Le 12 mai, les chauffeurs ont bloqué le siège de la SRWT avec une centaine de bus. Au cours des négociations menées sous la conduite d’un conciliateur social, la SRWT a proposé une augmentation de 0,15 euro l’heure (le front commun CGSP/CGSLB demandait 0,25€), une prime de 15% pour le travail du samedi (les syndicats demandaient 25%), 30% d’intéressement du personnel aux recettes (les syndicats demandaient 50%). Les médias ont continué de dénigrer les grévistes à tour de bras ("chaos", "climat pourri", "prise d’otage des voyageurs"…). Les conciliateurs, insultés par l’administrateur général de la SRWT ("Marchands de frites!") ont fini par démissionner. Trois grévistes qui avaient arrêté, de façon musclée, un bus d’une société de sous-traitance ont été licenciés.

    Les appareils syndicaux

    La presse a écrit que les dirigeants syndicaux "ne contrôlaient plus leur base"… comme si leur rôle était d’être les gendarmes de la base plutôt que de suivre l’avis des travailleurs qui les ont élus et qui les rétribuent grâce aux cotisations syndicales. Chacun à leur manière, les dirigeants syndicaux ont tenté de reprendre la situation en mains.

    La CCSP (CSC) a proposé une action "tarif zéro" (rouler sans faire payer les passagers). Nous avons déjà expliqué que cette forme d’action est peu efficace (les abonnés ont déjà payé) et peu mobilisatrice. La direction de la SRWT a immédiatement menacé de licencier pour faute grave tout chauffeur qui pratiquerait le "tarif zéro"!

    A la fin mai, les responsables de la CGSP (FGTB) ont commencé à dire "qu’on était condamné à s’entendre" : en fait ils ne voulaient pas se heurter au PS, à travers les responsables de la Région wallonne. La CGSP et la CGSLB ont fini par accepter une augmentation de 0,17 euro l’heure et une prime unique de 35 euros. Brut évidemment! Après une lutte aussi dure, le résultat est maigre! La CCSP, de son côté, n’a rien signé du tout car elle voulait un meilleur intéressement du personnel aux recettes.

    Les limites du conflit

    Ce n’est ni le courage ni la combativité qui ont manqué aux travailleurs des TEC pour remporter une victoire, mais la capacité de mettre sur pied, face à la bureaucratie syndicale qui voulait ménager les dirigeants de la Région wallonne, une direction de grève alternative (un comité de grève wallon démocratiquement élu dans les assemblées de dépôts) qui aurait coordonné les actions et négocié sans prendre de gants avec les responsables politiques.

  • Grève des cheminots contre les contrats de gestion

    Le 13 mai, une grève nationale des chemins de fer a été organisée contre les contrats de gestion proposés entre le gouvernement et la SNCB. Dans ces contrats on fixe entre autre la subvention d’exploitation et d’investissement.

    La proposition contient le fait que moins de trains de passagers vont être utilisés sur des lignes non-rentables et que sur ces lignes le service de train pourrait être remplaçé par des autobus. La vente des tickets pourrait être faite par exemple dans des supermarchés ou des kiosques à journaux. Le principe de partenariat public-privé (une privatisation cachée) est repris dans le contrat de gestion pour l’infrastructure.

    Les contrats de gestion disent aussi que la SNCB doit atteindre un " équilibre financier " pour 2008. Ce qui veut dire que les chemins de fer doivent faire du profit au lieu de mettre au centre le service aux passagers. Les syndicats craignent que l’implication des ces contrats de gestion mènent à une remise du personnel de 38.000 à 35.000 ou même à 33.000 pour 2009.

    La grève du 13 mai a été une réussite. Alors qu’il était prévu une grève de deux heures, les travailleurs ont fait grève toute la journée dans bon nombre d’endroits. Pour l’instant, des négociations ont toujours lieu, mais il n’est pas exclu que d’autres actions suivent.

  • TEC. Il faut arracher les revendications initiales

    Quand les pouvoirs publics ne veulent pas lâcher un franc ils se renvoient la balle jusqu’au moment où la situation est ‘mûre’ – pour en appeller à la ‘bonne volonté de leurs concitoyens’. Tel est l’appel lancé hier par Jean-Claude Van Cauwenberghe, ministre-président wallon (PS) aux chauffeurs. Dans le journal Le Soir du 30 mai on peut y lire que ce dernier exhorte les chauffeurs à reprendre le travail et à revenir dans deux ans pour une nouvelle négociation ! Cela montre -après les déclarations qu’il a faite durant la lutte de Splintex- le rôle que joue le PS vis-à-vis des travailleurs. A croire que les chauffeurs font grève pour le plaisir ! La tactique « de la mise au frigo » n’est pas à utiliser à toutes les sauces !

    Ce vendredi 27 mai, après deux jours de grèves, avait lieu la manifestation des chauffeurs de bus à Namur, plus de 1.500 d’entre-eux étaient présents, tout drapeaux confondus bien que les bleux et les rouges soient majoritaires. Cela alors que les négociations sont bloquées ; c’est à dire que ni la SRWT, ni le gouvernement régional, ne veulent répondre aux demandes des travailleurs des TEC. La manifestation n’a apparemment pas intéressé André Antoine qui n’a pas reçu les travailleurs. La colère n’était pas absente, il faut dire que le déroulement du conflit ne peut que leur donner raison.

    Un pouvoir d’achat qui s’effrite

    Pour rappel, la proposition de la SRWT est une « augmentation » de 6% ; index (sur deux ans) et augmentation barémique comprise ; ce qui signifie une augmentation de seulement 1,1 % brut. En fait, en retirant les impôts, l’augmentation du coût de la vie non indexé on assiste à une diminution du pouvoir d’achat. Pour exemple il y a 2 ans, le litre d’essence super (sans plomb 98) côutait 1,01 euro, aujourd’hui 1,29 euro ; Le mazout de chauffage coûtait en mai 2003: 0,28 euro le litre. Aujourd’hui: 0,50 euro le litre. Il a presque doublé ! Sans compter l’augmentation du prix du logement,…Aussi beaucoup de chauffeurs ne comprennent pas que pour faire le même travail, ils sont payés un euros de moins par heure (brut) que leurs collègues de la STIB ou De Lijn

    Faute de solution les esprits s’echauffent…mais ce sont les chauffeurs qui dégustent !

    La bonne vieille excuse du financement par enveloppe fermée peut permettre un moment au politique de s’asseoir sur les revendications des chauffeurs, en grève depuis plus d’un mois, en laissant la patate chaude dans les mains de la SRWT. Mais au final les chauffeurs ont besoin d’une solution, qu’elle que soit du niveau qu’elle provienne. Les négociations piétinnent et les conciliateurs se succèdent, au rythme des bourdes, de la pression des politiciens,… Jean-Claude Phlypo administrateur de la SRWT, insultant les conciliateurs : « ils peuvent aller vendre des frites sur la place Saint-Lambert », un conciliateur qui insulte des syndicalistes,…. Et le temps qui passe et qui joue en défaveur des chauffeurs, car eux ne sont pas payés durant une grève, tout au plus reçoivent-ils une aide de leur centrale syndicale. C’est également eux qui prennent la mauvaise humeur des utilisateurs et les attaques qui se succèdent dans les médias.

    Des politiques et le patronat qui attaquent le droit de grève !

    L’Union Wallonne des Entreprises, la fédération wallonne de l’agriculture, l’Union des classes moyennes et l’Union francophone des entreprises non marchandes ont rédigés un appel commun accusant ‘Une Wallonie renouant avec la culture de gréviculture’ (Le Soir 27 mai ) et demandant aux pouvoirs publics la mise en place d’une obligation de service minimum. Il faut voir derrière cette attaque la tentative de casser les mouvements de luttes par la culpabilisation de la classe ouvrière suite à la publication des chiffres des revenus du PIB moyen par habitant moins élevés en wallonie (78%) par rapport à la moyenne européenne. Derrière le service minimum, se trouve une tentative pour d’attaquer par un bout le droit de grève.

    Cette revendication a notamment été reprise par Jean-Claude Van Cauwenberghe ou André Antoine. En fait ils suivent la même logique patronale qui consiste à dire que tous le monde doit faire des efforts pour le redressement de la Wallonie. Le problème c’est que ce sont toujours les mêmes qui doivent faire des efforts, toujours les même qui s’appauvrissent, quand d’autres font des profits ou gaspillent l’argent de la collectivité par une mauvaise gestion ou en renflouant les caisses du privé avec de l’argent public(*).

    Toutes les méthodes sont utilisées pour casser le mouvement des TEC’s, le Lock-out sur ordre de la SRWT à ces 5 sections afin d’empêcher les chauffeurs d’utiliser les bus pour faire des actions. Les déclarations mensongères d’André Antoine (CdH) Ministre des Wallon des transports sur le salaire des chauffeurs, afin de faire passer l’idée aux yeux de l’opinion que les chauffeurs seraient des privilégiés insatisfaits. L’utilisation des médias pour discréditer le mouvement est encore renforcée en accusant les chauffeurs « de prendre les clients en otages »,… En fait, les seuls qui prennent en otage la population ce sont les politiques qui ne veulent pas trouver les fonds nécessaires pour satisfaire les revendications des chauffeurs.

    Toutes les propositions ne sont pas bonnes à prendre : Des fausses solutions qui retournent le problème sur les chauffeurs.

    Dernièrement la CCSP au travers de Christian Fagnoul, son secrétaire général, afin d’en finir avec la lutte, propose qu’une partie des recettes supplémentaires, dûe à la nouvelle législation, qui demande que les voyageurs ne puissent plus monter que par l’avant du bus, soit ristournée au chauffeur. Ce système à permit à Mons d’augmenter les recettes de 4%, la CCSP estime 6% d’augmentation pour Liège. Le chauffeur va donc en plus de son rôle de chauffeur devoir se transformer en contrôleur ; cela signifie que dans le cas où cet accord est signé, le chauffeur 1) n’est pas sûr à l’avance de son augmentation salariale (cela dépendra de l’augmentation effective de recettes 2) aura plus de risque de recevoir des mauvais coup ; selon un délégué, la moitié des agressions résultait de clients qui ne voulaient pas payer. 3) dans les grandes villes, les bus vont devoir rester à l’arrêt plus longtemps. Cette proposition n’est jusqu’ici et à juste titre retenue ni par la CGSP, ni par la CGSLB.

    Il est primordial pour les chauffeurs de rester mobiliser sur les revendications initiales afin que les sacrifices endurés ces dernières semaines ne soient pas inutiles.


    (*) Selon Le Soir du 27 mai, Jean-Claude Phlypo est également, en plus de son mandat public, président du conseil d’administration d’Eurobus Holding (EBH) société privée qui regroupe plusieurs entreprises de ‘transports public’. Il apparaît qu’une somme de 650.000 euros, provenant de la SRWT a été injecté dans cet Holding privé lors de sa création,… quand le public finance le privé !

  • Mouvement de grève aux TEC

    Depuis le 29 avril, les Transports En Commun (région wallonne) sont en grève, des arrêts de travail ont eu lieu suite aux négociations pour le Contrat de Gestion 2004-2009 et les augmentations salariales.

    Vincent Devaux

    Alors que la SRWT (Société régionale wallonne des transports) estime qu’il faudrait 15.667.000 d’euros pour la sécurité et les ‘ressources humaines’ pour les cinq prochaines années, elle n’est prête à mettre que 500.000 euros. Or elle n’accepte de concéder qu’une augmentation de 6% sur 2 ans, index et augmentation barémique comprise. Donc une augmentation de 1.1 % pour les chauffeurs, dont il faut déduire les cotisations sociales, les impôts et l’augmentation du coût de la vie non intégralement compris dans l’index: en conséquence, une perte du pouvoir d’achat. Les chauffeurs réclament 3 % d’augmentation hors index et une augmentation barémique. Le 9 mai, la grève en front commun (CGSP-CCSP) a été suivie à près de 100 % en ce qui concerne les firmes publiques ; du côté des firmes privées, desservant plutôt les zones rurales et la province du Luxembourg, la grève était suivie à 30-40 %. Le mercredi 11, plus d’une centaine de bus ont bloqué les artères de Jambes où siège la SRWT. Pour la première fois, alors que les syndicats avaient déposé un préavis pour le mercredi 18 afin de couvrir les chauffeurs en grève, la direction des TEC a fait un lock-out, demandant aux centres régionaux de bloquer l’accès des bus aux chauffeurs.

    André Antoine, ministre CDH des transports, a annoncé que les chauffeurs gagnent entre 1.500 et 2.200 euros. Ces chiffres ne sont valables que dans le cas d’un grand nombre d’heures supplémentaires par mois et en y intégrant les titres-repas, primes de fin d’année, chèques vacances. Selon Charly Covaert, porte-parole de la CCSP (CSC), le salaire moyen des chauffeurs se situe entre 1.200 et 1.300 euros. Un argument utilisé contre les travailleurs est le budget à enveloppe fermée, mais lorsque les syndicats s’adressent à André Antoine, celui-ci répond que l’interlocuteur est la SRWT et qu’il n’est pas question de l’augmenter car cela se ferait au détriment du non-marchand ou de la fonction publique. Diviser les travailleurs pour mieux rêgner ! Malgré les mots d’ordre des syndicats de suspendre les actions durant les négociations, celles-ci ont eu lieu spontanément, notamment dans le Hainaut. Vu la détermination des travailleurs, il n’est pas exclu que le mouvement prenne de l’ampleur si la SRWT ne fait pas de concessions.

    Les mécontentements dans les TEC sont une facette de l’insuffisance de moyens qui touche tous les transports publics. Quelques exemples : De Lijn, dans le Brabant flamand a débrayé le 6 mai afin de protester contre le mauvais entretien des bus ; dans la région d’Alost et en Flandre Orientale, des actions ont eu lieu pour exiger de nouveaux engagements et de meilleures conditions de travail; à Bruxelles, la STIB a eu 6 jours de grève entre octobre et janvier derniers,… Seul un syndicalisme de combat et un élargissement de la grève peut obtenir des concessions et préserver les transports publics mis à mal par la politique néo-libérale.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop