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Category: Privé divers
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Grève au sein du personnel précaire de la société BlueComm
Nous sommes des travailleurs précaires – étudiants, chômeurs,… -, engagés en Belgique francophone par la société suisse BlueComm pour faire remplir des questionnaires dans le cadre d’une enquête sur « l’esprit d’entreprise » parmi les jeunes Wallons et Bruxellois de la tranche d’âge 15-24 ans.
Nous représentons la majorité des employés de cette société en Belgique. Face à des conditions de travail et de rémunération particulièrement mauvaises et à des pratiques qui nous semblent ne pas respecter nos droits élémentaires, nous avons décidé de nous mettre en grève, avec les revendications suivantes.
1) Les responsables de la société Bluecomm ont explicitement incité les travailleurs à prester au noir : aucune information sur les contrats n’était disponible aux séances de briefing organisées au moment du recrutement, on nous a incité à travailler au noir pour plus de facilité, verbalement d’abord, puis par incitants salariaux. Ceux qui désirent être déclarés ne recevrons pas les 12 ? prévus par questionnaire, mais 7,70 ? net. Les autres gardent 12 ?. Après des demandes répétées, aucun d’entre nous n’a pu obtenir de contrat de travail. Nous disposons des preuves (courriels et enregistrement vocal) de ce que nous avançons.
Nous exigeons des contrats de travail en bonne et due forme.
2) Nous sommes payés de façon forfaitaire et non pas à l’heure de travail. Nous avons droit à 12 ? (brut) par questionnaire rempli, alors que, tout compris, le temps estimé pour en remplir un est en moyenne de 2 à 3 heures. Nos frais de téléphone et de déplacement nécessaires pour trouver les personnes à interroger (l’enquête est conduite selon la méthode dite « des quotas », ce qui implique l’obligation pour les enquêteurs de trouver des profils précis) ne sont pas remboursés, sauf les timbres pour renvoyer les questionnaires remplis à BlueComm et les boissons (« non alcoolisées ») qu’on aurait dû offrir… Nous recevons donc un salaire qui tourne autour de maximum 4 ? de l’heure (sans prendre en compte les coûts non quantifiables).
Nous exigeons une rétribution forfaitaire nette de 25 ? par questionnaire et le remboursement complet des frais.
3) La société BlueComm se réserve dans l’état actuel des choses le droit d’invalider unilatéralement les questionnaires que nous remplissons. Nous ne sommes pas payés pour les questionnaire invalidés.
Nous exigeons une modification de la procédure de validation des questionnaires.
Nous transmettrons à BlueComm les questionnaires remplis (que nous avons pour le moment décidé de conserver à titre de moyen de protection, dérisoire sans doute, mais qu’importe) quand ces trois conditions seront rencontrées.
Par ailleurs, nous constatons que la société BlueComm et ses pratiques indéfendables ne sont que les sous-traitants d’un organisme belge ayant pignon sur rue : la fondation Free, elle-même composée du gratin économique belge (Compagnie Nationale à Portefeuille s.a., Electrabel, Fortis Banque s.a., GlaxoSmithkline Biologicals s.a., Lhoist s.a., Groupe Siemens Belgique/Luxembourg s.a., Sonaca s.a.). Ceci appelle, nous semble-t-il, une réaction vis-à-vis de BlueComm de la part de ces différentes structures si elles ne veulent pas être assimilées aux pratiques de leur sous-traitant.
Si nos revendications ne sont pas satisfaites avant mercredi, nous organiserons des actions de protestation dans l’espace public pour dénoncer les pratiques dont nous sommes victimes (nous donnons d’ores et déjà rendez-vous à la presse devant la bourse jeudi à 13h30). Nous avons décidé de donner à notre mouvement le nom de Flexblues et nous avons ouvert le site web http://flexblues.be/ sur lequel vous trouverez d’ici peu des informations complémentaires.
Signé : le collectif Flexblues
Site : http://flexblues.be/
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Gand: manifestation contre la chasse aux délégués
A l’occasion, entre autres, du licenciement de deux délégués chez Stora Enso à Gand, une manifestation contre les atteintes aux droits syndicaux aura lieu le 7 février.
La fin de l’année a vu une grève particulièrement tendue à l’usine de papier Stora Enso à Gand. La direction n’avait alors pas hésité à recourir aux astreintes pour faire disparaître une tente des travailleurs en grève. La fin de la grève n’a pas signifié le retour de la paix sociale. La responsable de la FGTB ne peut plus mettre les pieds dans l’entreprise, deux délégués ont été licenciés le 30 décembre (sans respecter la procédure légale) et deux délégués d’une firme de nettoyage ne peuvent plus travailler chez Stora (sinon la firme de nettoyage perd le contrat).
Il s’agit clairement d’une grave atteinte aux droits syndicaux. On ne peut accepter le sabotage intégral de l’activité syndicale pas plus que l’ouverture d’une véritable chasse aux délégués. En outre, la FEB veut aller encore plus loin; la fédération patronale déplore dans sa note “Stratégie 2010” qu’il y a trop de travailleurs protégés qu’on ne peut pas licencier facilement. Une réplique d’ampleur et unifiée s’impose face à ces attaques. La manifestation du 7 février peut en être l’amorce.
Rendez-vous: 7 février, 19h, Vrijdagmarkt, Gand
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La déléguée CSC Maria Vindevoghel licenciée
Maria Vindevoghel est devenue célèbre en tant que militante syndicale lors de la faillite de la Sabéna. Après une période de chômage, elle a pu rentrer chez Flightcare, avec un moindre salaire et des conditions de travail plus mauvaises, évidemment. Flightcare est présente à Zaventem depuis 2001, mais ne dispose toujours pas d’un réglement de travail.
Une militante syndicale
Vindevoghel a été réélue dans le « Comité pour la prévention et la protection au travail » (CPPT), mais comme la direction ne reconnaît pas la délégation syndicale, les représentants syndicaux ne peuvent pas faire du travail syndical durant leurs heures de prestation. Les délégués étaient donc contraints de le faire après leurs heures de travail. Flightcare a licencié Maria Vindevoghel parce qu’elle se servait de son badge après les heures de travail pour défendre ses collègues ainsi que pour contrôler le respect des règles d’hygiène et de sécurité.
Ce licenciement a dévoilé tous les abus dans l’entreprise. L’inspection sociale a déjà visité l’endroit. Il est clair pour tous que Flightcare se moque de toute réglementation du travail et ne craint pas de mettre des ‘délégués trop curieux’ à la porte. Les syndicats ont alors décidé de lier la revendication pour la réintégration de Vindevoghel avec la revendication pour de meilleures conditions de travail.
Maria Vindevoghel est une de ces délégués licenciés pour cause de ‘prétextes urgents’. Même si par la suite le délégué gagne devant le tribunal – licenciement injuste et/ou procédure non respectée – le patron devra seulement payer une indemnité. Il n’existe pas de législation qui oblige la réintégration. Les patrons ne manquent souvent pas d’imposer des astreintes aux travailleurs en grève, mais faire respecter la législation du travail par les patrons, semble en dehors de leurs pouvoirs ou de leur volonté.
Ensemble nous devons lutter: Pour une protection efficace des délégués! Pour une réintégration obligée des délégués qui sont licenciés injustement! Contre les réquêtes unilatérales et les astreintes qui menaçent le droit de grève !
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Pour gagner les prochaines luttes nous devons tirer les leçons de la grève de AGC-Splintex
Beaucoup de travailleurs de Splintex de la région de Charleroi et du pays se posent la question sur l’origine de la défaite d’AGC-Slintex. C’est pour répondre à cette attente que Gustave Dache et le Mouvement pour une Alternative Socialiste ont écrit une brochure afin de répondre aux interrogations et d’éviter à l’avenir pareilles déconvenues pour le mouvement ouvrier.Ce tract est un court extrait de la brochure et est en fait un appel à la discussion afin de répondre à la question Que faire pour éviter les défaites?
Tract Produit le 7 juin 2005 en commun par Gustave Dache, ex-délégué FGTB-métal et le MAS, Mouvement pour une Alternative Socialiste
Il n’y avait pas de justification économique aux pertes d’emplois, avec un personnel hautement qualifié dans le verre, un outil des plus moderne -ASHASI a fait en 2003 des bénéfices de 1,3 milliards $. Pour justifier son plan de restructuration, la direction d’AGC parle de pertes. En se rappelant l’objectif de départ qui était « Non au plan de restructuration, non aux licenciements, non aux pertes d’emplois » (289) et voyant que tout le plan patronal est passé malgré l’énorme potentiel de combativité des travailleurs, on doit se poser des questions. Il y a comme un gouffre entre les déclarations triomphantes des responsables syndicaux qui à l’issue de cette lutte la considère comme une victoire et le résultat, avec les conséquences pour les travailleurs de Splintex et leur famille qui se retrouvent à la porte sans compter toutes les conséquences négatives pour ceux qui n’ont pas été licenciés.
De part la durée du conflit et ses objectifs, celui-ci a eu un impact national. Ce conflit par ces objectifs et ses résultats concernait l’ensemble de la classe ouvrière. Devant les pertes d’emplois à répétition personne ne peut plus rester indifférent et fataliste. Car accepter le fatalisme de la crise capitaliste, cela se traduit toujours par des pertes d’emplois. En refusant ce fatalisme les travailleurs de Splintex ont montré la voie à suivre à toute la classe ouvrière. Il est évident que ce n’était pas le choix le plus facile à faire. Ils ne croyaient plus aux arguments de la direction qui disait que ce plan était nécessaire pour la pérennité de l’entreprise. L’expérience nous montre qu’une victoire des ouvriers en lutte à un impact positif sur toute la classe ouvrière. Cela entraîne une plus grande confiance de celle-ci face au patronat. Mais une défaite à l’effet inverse.
S’il est plus agréable de tirer les leçons d’une victoire, il est cependant nécessaire de tirer aussi les leçons d’une défaite, sans complaisance, afin que cette lutte malgré son aboutissement, arme la classe ouvrière pour les prochaines luttes qui ne vont pas manquer de se produire dans un laps de temps relativement court.
Une « lutte exemplaire » est-elle suffisante en soi pour gagner la grève?
Dans la presse ouvrière de toute tendance lors du conflit, il était frappant de lire de toute part que la lutte était à juste titre une lutte exemplaire, la conclusion logique serait que la victoire était à portée de main. Cela n’a pas été le cas. Que les grévistes aient fait preuve de courage à toute épreuve est indéniable ! Plus de trois mois de grève avec toutes les pressions montrent la grande combativité qu’il y avait. Mais si la combativité est une chose importante, la méthode de lutte et les moyens employés ont aussi leur importance.
Cinq semaines avant la fin de la grève, réunis en assemblée interprofessionnelle des délégués FGTB, Gustave Dache à proposé publiquement une grève régionale interprofessionnelle de 24 heures pour appuyer et créer un rapport de force en faveur des grévistes de Splintex. Cette proposition à été très bien accueillie par les délégués présents et aussi par les ouvriers de Splintex, mais le bureau de l’interprofessionnelle a fait la sourde oreille comme si rien n’avait été proposé. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
A l’annonce du plan de restructuration les travailleurs ouvriers et employés sont partis spontanément en grève. Ils ont demandé à ne pas rester cantonné à Fleurus, de bouger afin d’animer la lutte par des actions ponctuelles. Mais les appareils syndicaux tant FGTB que CSC sous toutes sortes de prétextes ont répondu NIET. Ils ont fait en sorte de verrouiller le conflit pour ne pas qu’il prenne une ampleur trop importante. Ils ont constitué un comité de grève désignant eux-mêmes paritairement un nombre restreint d’ouvriers sans pouvoir de décisions qui était dans les faits sous contrôle de la délégation syndicale. Un comité de soutient a aussi été créé mais il s’est très vite révélé inefficace sinon que de se placer dans l’ombre des appareils syndicaux sous prétexte de non « ingérence dans la grève ». Pendant toute la grève l’avant-garde ouvrière de Splintex à cherché le moyen pour étendre la lutte, mais des pressions des appareils ont été faites afin que les ouvriers de Splintex qui le souhaitaient ne puissent faire partie du comité de soutient qui aurait pu avoir ainsi un autre impact.
Pourquoi l’appareil a-t-il freiné l’élargissement de la grève ?
Sous la pression de la base et vu l’arrogance patronale, c’est après trois mois seulement que la régionale FGTB avait finalement annoncé dans un communiqué de presse qu’elle « se prépare à mettre en œuvre une réaction syndicale interprofessionnelle ». Mais ce n’était que des intentions, qu’une façade. Depuis de nombreuses années la classe ouvrière est dominée par la politique social-démocrate réformiste des directions ouvrières tel que le PS et la FGTB. Tant qu’il ne s’agit que de se placer sur le terrain du réformisme pour obtenir des petites améliorations, des petits avantages de rattrapage vis-à-vis de la hausse du coût de la vie, alors et alors seulement les appareils syndicaux poussés par la base répondent parfois positivement et sont disposés à des mobilisations limitées dans le temps et qui ne dépassent pas un certain cadre autorisé et toléré par la démocratie bourgeoise, et qui n’est pas trop préjudiciable pour les patrons.
Mais comme on le constate, un demi siècle de collaboration de classe prôné par la social-démocratie et les réformistes n’a pas adouci d’un iota le cœur des capitalistes. Les appareils réformistes tant syndicaux que politiques s’opposent avec la plus grande énergie à poser le moindre acte qui va dans le sens des méthodes traditionnelles employées depuis toujours par les travailleurs en grève. Les appareils syndicaux réagissent violemment et avec la plus grande détermination contre tous ceux qui veulent appuyer et défendre les méthodes traditionnelles de la lutte des classes sans compromis pour arracher les revendications ouvrières et faire triompher les luttes.
L’absence de prolongement politique aux luttes syndicale et le rôle du PS.
Beaucoup de permanents syndicaux FGTB ont leur carte au PS. C’est presque une obligation s’ils veulent faire carrière au syndicat et devenir des fonctionnaires disciplinés. Les liens entre le PS et la FGTB sont encore très forts. Avec un parti qui défendrait vraiment les travailleurs sur base de la lutte de classe en les mobilisant, le problème ne serait pas pareil. Mais nous avons un PS qui se trouve en coalition avec d’autres partis dans les gouvernements pourtant en position dominante – mais le PS au lieu de défendre les revendications ouvrières, joue le rôle de médecin au chevet du capitalisme malade d’un cancer généralisé. Il gère la crise capitaliste en bon gestionnaire. Dans ces conditions le PS ne veut certainement pas de conflits qui pourraient mettre à mal sa position au sein des institutions de l’Etat. La tradition réformiste du PS s’accorde très mal avec des mots d’ordre de grève régionale ou nationale, car il existe toujours le risque qu’une grève régionale de 24 heures s’élargisse et prenne un caractère nettement politique.
L’idéologie réformiste qui prédomine au sein des instances syndicales FGTB, qui considèrent toujours le PS comme leur relais politique, pèse également sur les délégations syndicales qui n’ont pas une longue expérience de la lutte de classe et qui sont aussi facilement enclines à accepter le réformisme parce qu’elle ne voient pas où ne croient pas dans l’efficacité d’un syndicalisme combatif qui remet en cause le capitalisme.
Pourquoi avons-nous autant insisté pour que l’interprofessionnelle donne le mot d’ordre de 24 heures de grève avec piquets devant les usines à Charleroi ?
Parce que d’une part, la direction d’AGC, filiale de la multinationale japonaise, avait le soutien inconditionnel de la FEB et aussi de la police de la justice, de la presse du politique. Les plus hauts dirigeants du PS également ne sont pas restés au balcon. Devant cette concentration de forces pour soutenir les patrons AGC, il était impératif et nécessaire, si les appareils syndicaux voulaient vraiment que la lutte soit gagnée, mettre dans la balance toute la force, tout le poids de la classe ouvrière, afin de créer un rapport de force en faveur des grévistes. Il n’y a pas d’autres moyens plus efficaces que d’étendre la grève aux autres usines et de commencer par une grève générale interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi. Pourquoi les appareils syndicaux jouent-elles un tel frein?
La peur des arguments patronaux n’a pas été absente dans cette lutte, la menace de fermeture a joué comme argument massue pour impressionner les permanents en charge qui ont eu un prétexte pour accepter la reprise du travail et le plan patronal. L’argument sous-jacent était « Nous ne voulons pas prendre le risque d’être responsables de la fermeture ». Dès le début, la stratégie syndicale n’était pas à la hauteur de l’enjeu. Les appareils syndicaux ont emmuré et laisser pourrir le conflit au lieu de profiter du temps qui était disponible pour organiser la solidarité à l’ensemble des autres usines de la régionale de Charleroi.
L’occupation de l’usine couplée à un élargissement de la lutte, proposition faite le 16 janvier n’a pas été reprise non plus par la délégation syndicale, ni par l’appareil FGTB-CSC sous le prétexte que les ouvriers pouvaient endommager l’outil. Il était dès lors plus facile pour les patrons dans une situation qui s’enlisait d’organiser de l’intérieur de l’usine les non-grévistes afin de réclamer la reprise du travail et d’exercer des pressions sur les grévistes. Dès le début, la stratégie patronale était de briser la grève. Cela s’est concrétisé par la création d’un comité anti-grève sous la conduite des cadres. Il fallait élire un comité de grève composé des ouvriers les plus combatifs et les plus déterminés indépendamment de l’affiliation syndicale. Ce comité de grève devait tenir une assemblée générale quotidienne afin que l’ensemble des travailleurs soient tenus au courant de tout et participent activement au développement de la lutte. Un plus grand nombre de travailleurs se seraient sentis plus concernés, plus impliqués, et n’auraient alors qu’un seul objectif, la victoire de la grève.
Quel rôle a joué la CSC?
Il est incontestable que dans cette grève la CSC, qui pratique depuis toujours une politique de collaboration de classe ( même si par moment elle est poussée plus loin qu’elle le veut par sa base ) a joué un rôle néfaste. La direction syndicale CSC a dans ce conflit, dès le début, pris l’attitude d’accepter le préaccord proposé par le patronat. Elle porte une lourde responsabilité dans la défaite de ce conflit.
Que manque-t-il pour gagner les futures luttes?
Tous les délégués et militants syndicaux combatifs doivent développer dans les usines une stratégie de lutte de classe et au travers de la compréhension qu’un changement de la société est nécessaire et que sous le régime capitaliste tout acquis n’est que provisoire. Si nous ne voulons plus continuer d’aller de défaite en défaites, nous devons nous organiser à la base dans une tendance de Gauche Syndicale à l’intérieur de notre syndicat ; il n’est nullement question de créer un nouveau syndicat. Mais cela n’est pas suffisant, il faut aussi s’organiser afin d’avoir un prolongement politique qui s’appuie sur les méthodes traditionnelles de la lutte de classe. Pour cela il faut construire un grand parti ouvrier, organe de combat de la classe ouvrière pour permettre la transformation socialiste de la société. Un grand parti ouvrier qui lutte contre le capitalisme et qui ne fait aucune concession politique ni au PS, ni aux appareils syndicaux, n’existe pas encore à ce jour. Le MAS est partie prenante dans cette construction, il est encore à l’heure d’aujourd’hui petit mais ses militants agissent sur le plan syndical et politique avec des revendications et un programme qui va dans un sens anti-capitaliste et anti-réformiste. C’est aux travailleurs et à son avant-garde qu’il incombe la tâche d’atteindre ce but.
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AIS Genk. Agression patronale contre un piquet de grève
Chez AIS, une petite entreprise de peinture de Genk, un travailleur a été licencié car il avait osé se rendre auprès du syndicat avec une série de plaintes du personnel. Huit travailleurs de la PME, sur onze, ont alors débrayé pour s’opposer au licenciement. L’employeur est brutalement passé à l’attaque. Il a introduit une requête unilatérale au tribunal pour imposer des astreintes aux grévistes. Ceux-ci doivent payer 750 euros si l’accès à l’entreprise est refusé aux non-grévistes. Manifestement, le patron trouvait que ce n’était pas encore suffisamment musclé.
Luc Wendelen et Tina De Greef
Le 13 avril, lors d’une action de soutien aux travailleurs en grève, menée par la FGTB, le patron a foncé à toute allure avec sa voiture sur le piquet de grève. Quatre travailleurs ont été blessés. Le patron a été arrêté. La grève est menée contre le licenciement, mais aussi pour obtenir du matériel de sécurité et de meilleures conditions de travail. Dans une entreprise industrielle de peinture, les mesures concernant la sécurité et la protection du personnel ne sont effectivement pas un luxe superflu.
Les travailleurs d’AIS doivent travailler dans des conditions épouvantables. Nous avons discuté avec un ouvrier gréviste: “Nous devons manger, nous doucher et aller aux toilettes dans le même petit baraquement où nous ne pouvons pas une seule fois y ranger nos vêtements tellement la puanteur pénètre partout. Il n’y a qu’une serviette éponge par semaine pour quatre ouvriers! Il manque des gants (qui coûtent 1,25 euro la paire), des masques et des casques. Il n’y a pas de chauffage et la porte doit rester ouverte. Pour avoir un minimum de lumière, nous devons parfois travailler dans des températures en-dessous de zéro. La poussière n’est pas aspirée après le sablage, le frein à main du charriot élévateur ne fonctionne pas, les câbles électriques doivent se trouver à 80 cm en-dessous du sol, mais sont partiellement nus…”
Les ouvriers en grève exigent que le licenciement soit annulé. Ils revendiquent en outre un environnement de travail plus sûr et l’application de la convention collective sectorielle, qui stipule que des primes doivent être payées pour le travail insalubre. Pour finir, les travailleurs exigent le droit à une représentation syndicale dans l’entreprise. Effectivement, la situation intolérable chez AIS à Genk montre, une fois de plus, la nécessité d’une présence syndicale organisée dans les petites entreprises. C’est absolument indispensable pour répondre à l’extrémisme des patrons comme celui d’AIS à Genk.
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Splintex – il faudra tirer les leçons !
Entretien avec Gustave Dache. Un point de vue de classe sur le conflit
Pour rappel, le 2 janvier, les 840 ouvriers de l’usine verrière AGC Automotive (ex-Splintex) à Fleurus apprenaient que la direction de leur entreprise mettait en place un plan de restructuration incluant le licenciement de 284 personnes. Les ouvriers sont alors spontanément entrés en action. Cette grève, qui a duré plus de cent jours, a montré la détermination des travailleurs, mais aussi l’acharnement patronal, aidé par ses laquais que sont la justice, la police et les médias.
Vincent Devaux
Cette lutte, par sa durée, la détermination des grévistes et l’intransigeance patronale, a dépassé le cadre de l’entreprise elle-même. Cette grève pose également de nombreuses questions sur le rôle et la stratégie de l’appareil syndical ; comment n’a t’il pas été possible d’obtenir plus avec toute la détermination des grévistes ? L’outil de la grève générale régionale, mis en avant très tôt dans le conflit par Gustave Dache et par le MAS, et relayé par de nombreux ouvriers n’a jamais été utilisé. Au travers de cet entretien avec Gustave, nous voulons poser les premiers jalons de l’analyse du conflit, même s’il est certain que nous y reviendrons plus tard de manière plus approfondie. Nous devrons en effet tirer les leçons de cette grève afin d’apporter des perspectives claires aux prochaines luttes, des outils nécessaires au mouvement ouvrier pour la période à venir.
Gustave Dache a été un acteur dans le déroulement du conflit. Il a donné dans cette lutte son temps et son énergie pour défendre les ouvriers de Splintex en s’appuyant notamment sur son expérience mais également sur les meilleures traditions du mouvement ouvrier. Par le passé, Gustave a participé activement à la grève de 60-61. A l’époque il était responsable sur le plan local (Gilly) régional et national des Jeunes Gardes Socialistes (JGS) et militant syndical en verrerie (Glaverbel). Par la suite délégué syndical Métal (notamment Caterpillar), Gustave a participé a d’autres conflits, notamment Clabecq.
Une défaite
V.D. : Doit-on parler d’une victoire ou d’une défaite?
G.D. : On doit appeler les choses par leur nom, nous avons affaire à une défaite. Il n’y aurait même qu’un seul licenciement, ce serait une défaite. Maintenant on doit en tirer les conclusions et les responsabilités. Je sais que de plus en plus de responsables syndicaux ont tendance à faire passer une défaite pour une victoire, surtout quand ils sont mis en cause, mais cela n’empêche que nous devons regarder la réalité en face si nous voulons éviter que de semblables défaites ne se répètent à l’avenir. Dans le cas d’AGC-Fleurus, c’est une défaite pour tout le mouvement ouvrier. La combativité des travailleurs d’AGC n’est surtout pas à mettre en cause, au contraire. Elle est digne de la combativité que la classe ouvrière développe depuis de nombreuses années en Belgique, notamment au travers de conflits tels que Renault et Clabecq. Ce n’est pas du côté des travailleurs qu’il faut chercher les causes de cette défaite mais du côté des appareils syndicaux réformistes et des partis politiques dits ‘de gauche’.
V.D. : Penses-tu que l’Interprofessionnelle a fait tout ce qu’elle devait faire?
G.D. : Il faudrait d’abord poser la question : qu’est-ce qu’une interprofessionnelle ? A mon avis c’est pour concentrer toutes les forces des différentes centrales pour peser dans tous les conflits. Devant les multinationales, il y a longtemps que le temps du corporatisme est révolu. Ici à Splintex, le conflit à été verrouillé par la centrale générale avec la bienveillance de tout l’appareil syndical, au nom de l’autonomie des centrales, afin que le conflit reste localisé à Fleurus. Et cela malgré la volonté des travailleurs pour l’étendre.
Grève interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi
V.D. : Alors qu’aurait dû faire l’Interprofessionnelle ?
G.D. : Les conséquences que pouvait avoir l’issue du conflit sur l’ensemble de la classe ouvrière imposaient de mettre toutes les forces syndicales dans la balance afin de faire le contrepoids à une position patronale intransigeante. Cinq semaines avant la fin du conflit, j’avais proposé 24 heures de grèves à l’Interprofessionnelle à Charleroi afin de créer un rapport de force en faveur des travailleurs. Dans les jours qui ont suivi cette proposition, plusieurs travailleurs de Splintex l’ont également proposées dans les assemblées du personnel d’AGC-Fleurus. Là également, cette proposition a été ignorée par la délégation syndicale. Les 24 heures proposées n’étaient pas une fin en soi mais le début d’actions plus longues.
Je ne pense pas comme le sous-entendent certains camarades que ces 24 heures de grèves soient « la panacée », mais l’histoire du mouvement ouvrier nous enseigne que les patrons ne comprennent qu’un seul langage, le langage de l’action. Et ces 24 heures devaient être considérées comme un début. Faire une manifestation à Fleurus pour AGC après trois mois de grèves comme une fin en soi avec des remerciements de circonstances donnait l’impression d’un enterrement de première classe.
V.D. Peux-tu expliquer les conséquences de cette défaite ?
G.D. Malgré certaines améliorations financières et les prépensions, tout le plan patronal est passé, avec toutes les conséquences pour ceux qui n’ont pas été licencié, par exemple le passage de trois à cinq pauses, les changements de postes. Maintenant il faut mettre en évidence que les ouvriers sont rentrés battu dans l’entreprise et affaiblis par la destruction d’une partie de la base la plus combative et d’une partie des membres de la délégation syndicale, qui doit maintenant continuer à travailler dans un climat difficile. D’autant plus qu’une paix sociale a été signée et doit être respectée et que le nombre de délégués syndicaux a été fortement réduit.
PS: contre les travailleurs
V.D. Qu’a fait le PS durant le conflit ?
G.D. Le PS n’a surtout pas été du côté des travailleurs ; au contraire. Avec le comité d’alerte*, ils s’étaient réuni pour faire libérer le directeur afin qu’il négocie ; mais quand la direction refusait de négocier, le comité n’est pas intervenu pour la contraindre à négocier. Jean-Claude Van Cauwenberg (ministre-président du gouvernement wallon ndlr.) a considéré la grève de Splintex comme une tache noire pour la Wallonie. La ministre de l’emploi et du travail Freya Van Den Bosche a autorisé l’intervention des robocops. La ministre de la justice n’a pas dit un seul mot contre les astreintes. Après toutes ces prises de positions de la part des politiciens du PS on doit considérer qu’ils sont occupés à jouer le rôle de médecin au chevet du capitalisme malade.
(* Un comité d’alerte dont le but était d’éviter tout conflit spontané été constitué sous l’initiative d’Elio Di Rupo, à l’époque où il était informateur pour la formation du gouvernement. Ce comité est composé du Ministre de l’Economie et de l’Emploi Wallon – J.C. Marcourt- et des représentants syndicaux et patronaux)
V.D. Qu’elle a été l’attitude de la presse dans ce conflit ?
G.D. La presse en général a toujours donné des informations tendancieuses, elle a comme d’habitude mis en avant des arguments patronaux, allant jusqu’à noircir les travailleurs. En plus elle a surtout mis en avant la menace de fermeture de l’entreprise et des conséquences que cela pouvait avoir pour une région déjà durement touchée.
V.D. Alors cette menace de fermeture, était-elle réelle ?
G.D. Dans touts les conflits importants, cette menace revient toujours, pour peser sur la détermination des travailleurs. Les appareils syndicaux sont vite impressionnés par cet argument qui n’est dans la plupart des cas qu’une menace. Car quand un patron veut fermer, il ne fait pas de menace, il ferme. A Renault, il n’y a pas eu de menaces, ils ont fermé. Si les travailleurs se laissaient impressionner par ces menaces de fermeture, il n’y aurait plus aucune lutte pour empêcher les pertes d’emplois et l’on retournerait cent ans en arrière. Les travailleurs sont toujours disposés à mener la lutte indépendamment de toute menace.
Eléments pour un syndicalisme de combat
V.D. Peux-tu donner des éléments pour un syndicalisme de combat ?
G.D. Tout d’abord, la première chose à faire (dans un conflit ndlr.), c’est l’élection d’un large comité de grève, élu en assemblée générale. Avec comme seul objectif la victoire de la grève. Ce comité doit être composé des travailleurs les plus déterminés, les plus dévoués à leur classe. Il peut y avoir des délégués syndicaux mais ils doivent être très minoritaires.
Il doit y avoir une assemblée journalière avec un rapport fait à l’ensemble des travailleurs réunis en assemblée générale, qui est la seule instance de décision. Le comité de grève, quand le conflit prend des proportions importantes et qu’il est clair que c’est une question de rapport de force, ne doit pas hésiter à lancer le mot d’ordre d’occupation de l’usine pour ainsi créer un rapport de force en faveur des travailleurs en grève.
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Splintex. Les travailleurs décident de poursuivre la grève
Ce mercredi 17 février était un jour crucial pour les travailleurs en grève de Splintex. Ils devaient, après 11 semaines de grève, se prononcer sur un préaccord négocié entre la direction, le conciliateur social (ministère de l’Emploi) et les syndicats. Ce préaccord, présenté aux ouvriers pour «sauvegarder l’outil à long terme» était une sinistre farce: 248 pertes d’emplois et la prépension à 50 ans, rien même sur d’éventuelles primes de départ.
Vincent Devaux
De plus, pour faire passer plus facilement la pilule, en divisant les travailleurs, la direction a voulu un vote à bulletins secrets sur le préaccord. Mais l’assemblée générale en a décidé autrement. Non seulement elle a rejeté cette proposition de vote secret, mais elle a voté à l’unanimité le rejet de ce préaccord funeste. 350 mains courageuses se sont levées pour la poursuite de la grève après 79 jours de pressions patronales, après l’intervention des huissiers et de la police, après les calomnies dans la presse, bien que dans chaque famille de gréviste l’argent manque,… Le directeur a eu le culot d’annoncer à la presse que le vote en assemblée n’était pas légitime. Cela montre qu’en plus, il est mauvais perdant.
Au fil des semaines la combativité n’a pas faibli. Elle s’est même colorée d’une nouvelle conscience au travers de cette expérience de lutte. Les directions syndicales freinent l’action et ne veulent pas lancer un appel à une grève régionale de solidarité. Lors de cette assemblée, des ouvriers ont proposé l’occupation de l’usine et ont relancé l’idée d’une grève générale régionale: une proposition déjà émise lors d’une assemblée interprofessionnelle. Les directions syndicales ne peuvent se défiler. Il est de leur responsabilité de donner toutes les facilités pour élargir cette lutte. Un élargissement de la lutte à d’autres usines exercerait une pression terrible sur la bourgeoisie. Elle permettrait de faire reculer un patronat hargneux et prêt à tout.
La résistance magnifique des ouvriers de Splintex est un cinglant démenti face aux affirmations des menteurs, des cyniques et des affabulateurs en tous genres qui proclament que les travailleurs ne veulent plus se battre. Nous entrons dans une nouvelle période de luttes où la classe ouvrière va se forger une nouvelle expérience. Ce qu’il faut à la classe ouvrière, c’est une avant-garde syndicale à la hauteur de ses espoirs, une gauche syndicale organisée et cristallisée au sein de délégués combatifs, dotés d’une conscience socialiste. Ce qu’il faut aussi, c’est un nouveau parti des travailleurs, capable d’organiser – à une échelle de masse – le soutien matériel et politique aux ouvriers en lutte. Un parti capable de mettre le holà à la régression sociale et d’orienter les travailleurs et la jeunesse vers une lutte pour la transformation socialiste de la société.
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Soutenons les verriers de Splintex (AGC Fleurus)
Suite à une rencontre avec des travailleurs de Splintex (AGC Fleurus), le 22 février 2005, un Comité de Soutien à la lutte des ces travailleurs verriers s’est constitué à Bruxelles. Ces verriers, en grève depuis le 2 décembre 2004, luttent contre l’exclusion et le chômage de 284 travailleurs que le patron veut remplacer par des intérimaires.
Ils sont confrontés à un patronat agressif qui utilise les grands moyens de répression contre le monde du travail, en faisant appel à la police, aux tribunaux et aux astreintes (7.000 euros par personne!) pour casser le droit de grève et empêcher les verriers de défendre leur emploi. La presse, la radio, la TV mènent campagne contre ces travailleurs pour les isoler de la population et les diviser entre-eux.
Nous appelons tous les travailleurs, la population, les militants syndicaux et progressistes à se mobiliser pour soutenir et populariser la lutte des verriers de Splintex (AGC Fleurus), et à renforcer le Comité de Soutien.
Comment soutenir?
En rendant visite au piquet de grève.
En versant un soutien financier au compte 001-4518516-41 avec la mention «Soutien aux verriers en lutte».Le Comité bruxellois de Soutien
José Arango Menendez, Francine Dekoninck, Jean Flinker, Silvio Marra, Elisabeth Peeters, Ataulfo Riera, Nadine Rosa Rosso, Thierry Roucloux, Stef Salien, Fabienne Scandella, Jan Talpe, Françoise Thirionet, Jean Van Hees, Griet Van Meulder, Jean-Claude Vannieuwenhuyze, Guy Van Sinoy, Gary Vargas, Dominique Waroquiez.> Soutenons les verriers de Splintex (Word)