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  • Coupe du monde de foot 2014 : les travailleurs font leur entrée sur le terrain !

    Depuis juin 2013 les luttes « anti-coupe du monde » s’intensifient au Brésil devant la masse pharaonique des investissements. Partout, le slogan « Pendant la coupe il y aura la lutte » est scandé dans chaque état. Dans l’affolement, le gouvernement, coincé entre des intérêts privés gigantesques et la colère des classes populaires, utilise les médias et la voix des anciens joueurs comme Pélé pour appeler le peuple « au calme et à l’amour du foot. »

    Mariana Campos (militante de la Gauche Révolutionnaire –CIO- France) Alexandre Arnaud.

    Mais alors, la passion du football aurait-elle quitté le Brésil ? Au moment où la coupe du monde arrive chez eux, 64 ans après avoir laissé filer « leur » coupe à l’Uruguay, et toujours en 2014 sur la liste des favoris, les Brésiliens tourneraient-ils le dos à leur sport national ?

    En 2000, le football au Brésil comptait trente millions de pratiquants (soit 16 % de la population), 800 clubs professionnels et onze milles équipes amateurs. On évaluait alors à un millier le nombre de footballeurs brésiliens à quitter le pays chaque année pour vivre du football à travers le monde. En 2014, ces données ne sont pas remises en cause, bien au contraire. Avec ses 5 éditions remportées, le Brésil est toujours le « pays du football ».

    Dilma, la présidente, comptait d’ailleurs encore récemment sur cet engouement footballistique pour que la crise se résolve d’elle-même dès le premier coup de pied donné au ballon. A quelques jours du coup d’envoi, tous les manifestants sont là pour lui rappeler qu’il n’en sera rien.

    Mais le paradoxe n’en est certainement pas un. Si le football est bien dans le cœur de tous les Brésiliens et dans toutes les conversations, ceux-ci n’ont pas tardé à se rendre compte que quelque chose n’allait pas, quand les sommes d’argent public ont commencé à défiler sous leurs yeux, alors que les moyens alloués à l’éducation et à la santé sont toujours aussi inadaptés à la réalité sociale. La goutte d’eau qui a fait déborder la coupe a été, on s’en souvient, une augmentation de 20 centavos du prix des transports publics en juin 2013, déjà trop chers et insuffisants.

    Depuis 2007 et l’attribution de l’organisation de la coupe du monde au Brésil, le coût de la vie augmente fortement, tant au niveau des produits de base que du logement (qui explose littéralement à Rio).

    Les principales revendications portent sur les bases-mêmes de la construction de la société brésilienne : santé, éducation, meilleures conditions de travail, transport, logement et corruption. Aux yeux du gouvernement, ils sont des enfants gâtés, et la seule réponse apportée par l’Etat est la force : chars, hélicoptères, matraques, cavalerie, balles réelles. Au total, 2000 personnes en prison depuis juin 2013, et de nombreux morts (dont les autorités refusent généralement la responsabilité).

    Dans la réalité, selon le programme des Nations Unies pour le développement, la 8ème puissance économique mondiale se situe à la 85ème place dans le classement des pays par leur Indice de Développement Humain (IDH). Celui-ci est calculé d’après trois critères : l’espérance de vie à la naissance, la durée de scolarisation et le niveau de vie.

    Par ailleurs, d’après l’indice de perception de la corruption (CPI) créé par l’ONG Transparency International, le Brésil se situe à la 69ème place des pays les moins corrompus.

    Les chiffres tellement enthousiasmants du chômage et de la croissance ne sont donc pas les seules données à prendre en compte pour comprendre la situation de la société brésilienne. Sa souffrance n’est donc pas « psychologique » mais s’appuie bien sur une réalité, et aujourd’hui, la coupe du monde se présente comme le moment pour la population de poser les cartes sur la table, de prendre son destin en main tout en prenant à témoin l’opinion internationale.

    « La coupe pour qui ? »

    On se souvient de la déclaration de Lula suite aux catastrophiques inondations suivies de glissements de terrain dans les favelas de Rio en janvier 2011 : « Ne vous inquiétez pas, tout sera prêt pour la coupe du monde ». Depuis, les expulsions se sont succédées, les hôtels de luxe ont fleuri, c’est ce que l’on a appelé la « pacification » des favelas.

    Concernant les stades, les choix du gouvernement PT sont pour le moins curieux, dont celui de démolir des stades existants pour reconstruire des stades de luxe à prix exorbitant, celle d’organiser la coupe sur 12 stades dont 4 dans des villes où le foot est insignifiant. A Manaus, en pleine Amazonie, que va faire le club de 4ème division avec un stade de 40000 places ? En tout, le budget de la coupe du monde représente 17 milliards de dollars, soit plus que la coupe en Allemagne et en Afrique du sud réunies, dont 70% payés par l’Etat. Même la Fifa a déclaré en décembre 2013 qu’il n’a jamais dépensé autant pour la construction de stades.

    Les constructions de stades dans les villes de Manaus, Cuiabá, Natal et Brasilia, inutiles à moyen terme, ont été financées par les programmes destinés au départ à l’adolescence, la scolarisation, la santé et le logement sans aucun projet réaliste pour la suite. Ce qui est sûr, c’est que c’est bien l’Etat qui assurera les dépenses d’entretien annuel.

    Ainsi à Brasilia, le stade Mané Garrincha était prêt, mais a été démoli et reconstruit en dépassant même les exigences environnementales imposées par la FIFA. Il pourrait même être le premier stade au monde certifié LEED Platine ! Plus de 600 millions d’euros ont été dépensés et payés intégralement par le gouvernement fédéral. Les solutions imaginées pour l’après-coupe du monde seraient de louer le stade aux grandes équipes de Rio et São Paulo, alors qu’elles ont déjà leurs propres stades. Par ailleurs, quels supporters feront 5 heures d’avion pour aller voir leur propre équipe jouer à Brasilia ?

    Dans le même ordre d’idées, le gouvernement d’Amazonie envisage de louer le stade de Manaus pour les équipes européennes pendant la saison d’hiver en Europe ! A moins de se moquer des supporters et d’en finir avec l’idée d’un sport populaire, cela paraît bien fantaisiste, les intéressés n’ayant d’ailleurs rien demandé.

    Par ailleurs, pour honorer ses engagements envers la FIFA, la pression sur les travailleurs est telle que ce sont eux qui au final risquent leur vie : pas moins de 8 ouvriers ont trouvé la mort dans les chantiers par manque de sécurité. Leurs salaires ne sont pas seulement en retard, mais ils risquent aussi de ne pas recevoir la totalité.

    Il suffit de considérer l’exemple sud-africain de la dernière coupe du monde pour s’imaginer ce qu’il adviendra des stades. Depuis 2010, les stades de Newspreut, Port Elisabeth, Polokwane sont très peu utilisés. Lee Cape Town stadium dans la ville du Cap est un emblème de l’inutilité de ces constructions. Le plus grand stade du Cap est abandonné car trop cher, même pour le rugby, le sport sud-africain le plus populaire, faute de moyens. C’est donc une dépense publique nette de plus de 3 milliards d’euros par an, la FIFA ayant refusé de détruire le stade afin de ne pas donner de mauvaise image pour les prochains événements de la Coupe du Monde.

    Au Brésil, on calcule qu’il ne faudrait pas moins d’un millier d’années à l’Etat brésilien pour rembourser ces dettes, soit des générations d’emblée sacrifiées. C’est donc bien une vraie question que pose le mouvement contestataire aujourd’hui.

    Le problème est-il circonscrit au football, ou au sport en général ?

    La compétition sportive en soi n’est pas le débat. La plupart des compétitions sportives n’entraîne pas de telles interrogations, tant qu’elle ne saigne pas l’économie d’un pays. Mais la taille des enjeux financiers de la coupe du monde et les appétits qu’elle suscite pose et met en évidence des choix politiques et des priorités.

    En 2013, lorsque les premières manifestations pour plus de moyens pour la santé et l’éducation, l’ancien champion du monde désormais retraité Ronaldo a voulu faire de la pédagogie : « Là, c’est la coupe du monde, et on ne fait pas une coupe du monde avec des hôpitaux ». Il s’agit bien d’un problème de choix politique.
    De très gros marchés publics

    Les trois plus grosses sociétés de BTP brésiliennes, dont Andrade Gutierrez et surtout Odebrecht avec un contrat à 3 milliards de dollars, qui détient de plus les marchés de l’aéroport international et de la rénovation du port de Rio, sont les grands gagnants. Quel que soit ce qu’il advient, ils toucheront l’argent de l’Etat, qui quant à lui devra compter sur une imagination débordante pour rentabiliser ses stades.

    La FIFA, quant à elle, vit à 98% sur les recettes de la coupe du monde, principalement en droits TV et en marketing (soit 3,9 milliards de dollars en 2010). Sa dépendance à l’évènement est totale. Les très grosses entreprises du tourisme, des transports, des medias ont également en jeu de très gros intérêts financiers dans cet évènement.

    La coupe est aussi le moment où les projecteurs sont braqués sur le pays. L’enjeu est aussi médiatique. Si les images qui nous viendront de la télévision seront sans aucun doute très séduisantes, ce que verront les touristes étrangers comptera également évidemment beaucoup. Et on a vraiment le sentiment que le gouvernement s’attache en premier lieu à cacher la misère et la balayer sous le tapis.

    Depuis quelques années, des campagnes publicitaires gigantesques recouvrent les façades des immeubles du centre de Rio. Leur but : inciter la population à jeter leurs déchets dans les poubelles, ce qui est intéressant à comparer avec la situation sanitaire des favelas où les touristes ne mettront pas les pieds : gestion des déchets, des eaux usées, rien ne semble prévu face à cette situation sanitaire qui constitue le quotidien de ces habitants. En revanche, l’Etat a mis en place en vue de la coupe du monde les UPP, Unités de Police Pacificatrices.

    Le massacre des Noirs dans les favelas et les quartiers populaires

    Entre Rio de Janeiro et Sao Paulo, la situation dans les favelas est un état de guerre comparable à celle de l’Irak dans ses moments critiques. Les recherches montrent que 140 personnes meurent sous les coups et les balles de la police tous les jours. La « guerre contre le trafic de drogue » est une extermination de la jeunesse noire et pauvre des favelas.

    Outre l’expropriation des habitants des favelas pour des spéculations immobilières ; la politique de « pacification » cache en réalité des milliers de morts, une répression très forte et une censure culturelle. Le gouvernement de Dilma pousse en effet des familles entières à la rue, car l’aide du gouvernement (250 euros pour 6 mois) ne leur garantit même pas un loyer de misère.

    Dans cette guerre nommée « pacification », à aucun moment les habitants et les travailleurs présents sont pris en compte. Seule importe la survalorisation des zones hôtelières pour la spéculation immobilière en vue des futurs évènements sportifs. Tandis que certaines zones se retrouvent en effet sans conflits, des fusillades vont éclater dans d’autres quartiers pour aller tuer les trafiquants. Entre 1997 et 2012, dans l’Etat de Rio de Janeiro, on compte 12.560 morts par les actions de la police dans les favelas. Les circonstances des morts enregistrées sont nommées « Résistance suivie de mort » et non homicides, et les morts sont systématiquement coupables.

    Une fois « pacifiée », la population n’a plus aucune possibilité de participation dans la vie du quartier. N’importe quel évènement culturel nécessite une autorisation policière, que l’on ait affaire à un « baile funk » ou à une simple fête familiale. Dans les écoles, l’Education a délégué à la police militaire la fonction de sécurité. Ainsi, les élèves qui se trouvent dans un conflit scolaire sont considéré d’emblée comme des criminels potentiels et sont soumis à des systèmes de vigilance de façon permanente. Jamais ce type d’opération ne pourrait se produire en dehors des favelas.

    La population sous contrôle policier et la criminalisation du mouvement social reflète les séquelles d’une dictature militaire.

    Le gouvernement ne s’attendait pas à une mobilisation de massive de travailleurs ces dernières années. Il se prépare maintenant à de nouvelles confrontations. Dilma a déjà affirmé que les forces armées était prêtes à intervenir en cas de besoin pour maintenir l’ordre pendant la coupe du monde, et le Ministère de la Défense a bien publié une autorisation de l’utilisation des forces armées contre d’éventuelles émeutes, le blocage des autoroutes, l’arrêt des activités productives, dégradation du patrimoine public et « invasion » de propriété, qu’il s’agisse en face de mouvement social, institution, association ou organisation non gouvernementale. Cela a déjà été mis en pratique lors des manifestations de juin, en utilisant tout l’arsenal répressif : cavalerie, hélicoptères larguant des bombes de gaz, tirs de balles en caoutchouc, etc. Cela montre bien à quoi la population doit se préparer pour les prochaines semaines.

    Les travailleurs entrent sur le terrain

    La coupe du monde ne fait finalement qu’exacerber une réalité sociale déjà existante en cristallisant les enjeux dans cette période. La lutte des classes au Brésil a seulement commencé. Les mobilisations pour la réduction du prix des transports en juin 2013 ont ouvert la boite de Pandore pour les autres revendications des travailleurs. Depuis, l’hostilité vers le gâchis publique a augmenté. Les grèves s’intensifient chaque jour dans différents secteurs : le pétrole, les éboueurs, les conducteurs de bus et de métros, la police fédérale, les enseignants, les étudiants, les sans-abri, ainsi que les habitants des favelas qui ont vu leur maison démolie pour la spéculation immobilière.

    Les luttes de ces derniers mois a permis aux travailleurs de tester leurs forces, dès lors qu’ils s’organisent, même face à la bureaucratie syndicale. Même la police fédérale prévoit une grève de 24 heures deux jours avant le début de la coupe, ce qui pourrait interrompre tout service de contrôle à l’aéroport.

    La coordination des mouvements permettrait de donner une base pour une grève générale de 24 heures. Ensemble, les travailleurs, les jeunes et le mouvement populaire disputeront le terrain de l’utilisation de l’argent public et de la coupe du monde.

    Un calendrier commun de luttes pour les revendications : gratuité des transports collectifs, contre les expulsions des habitants des favelas, investissement dans le logement populaire, stop à la peine de mort dans les favelas et les quartiers populaires, 10% du PIB pour l’éducation et la santé, fin de la criminalisation des mouvements sociaux … serait un premier pas vers l’éradication du système de privilèges des parasites capitalistes.

  • Des jeux olympiques marqués par l’homophobie et l’exploitation

    Par Stéphane P. (Bruxelles)

    Ce vendredi 8 février ont commencé les Jeux-Olympiques d’hiver de Sotchi en Russie. Le gouvernement Poutine y aura dépensé plus de 50 milliards de dollars, ce qui en fait les Jeux les plus chers de toute l’histoire. Sur le même temps, dans un contexte de crise économique et sociale, le gouvernement russe fait des économies dans les services publics de santé, où les salaires sont très bas et où sévit une pénurie de personnel et même d’ambulances !

    Votées en juin 2013, les lois homophobes interdisant ‘‘toute propagande homosexuelle parmi les jeunes’’ ont suscité une vive indignation parmi de nombreuses organisations de défenses des droits des LGBTQI(1) à travers le monde, certaines appelant au boycott des Jeux de Sotchi. Des élus européens se sont eux aussi montrés inquiets et ‘‘demandent’’ par ailleurs à la Russie d’abroger la loi. Mais le gouvernement Poutine se moque de toutes ces critiques et les députés russes se préparent déjà à débattre dès février d’une nouvelle loi anti-gay qui retirera leurs droits parentaux aux homosexuels en raison de leur orientation.

    Boycott des uns, inquiétudes et demandes des autres
    Au sujet de cette question du boycott, un membre du parti-frère du PSL en Russie nous expliquait en septembre dernier à l’occasion d’une interview accordée à ce journal : ‘‘(…) je pense qu’un boycott ne nous aidera pas à lutter contre l’homophobie. Nous nous opposons également aux Jeux olympiques pour des raisons différentes, parce que cela est aussi synonyme de corruption, de gaspillage d’argent public et de destruction de l’environnement. Il serait plus efficace d’organiser des actions de protestation et de solidarité durant la tenue des Jeux (…)’’

    L’Union Européenne et Coca-Cola mènent une même politique hypocrite ! D’un côté, cette fameuse boisson gazeuse qui sponsorise les JO a récemment dévoilé une campagne de pub ‘‘gay-friendly’’ tout en se taisant dans toutes les langues sur les lois discriminatoires russes. Quant à l’Union Européenne, ses dirigeants donnent des leçons de morale à Poutine alors qu’ils mettent en place et votent des politiques tout aussi réactionnaires et antisociales, comme l’illustre la loi anti-avortement récemment passée en Espagne ou encore le fait que près de 30% des Grecs sont actuellement sans aucune couverture sociale.

    Tant à l’Est qu’à l’Ouest, les classes dirigeantes servent les mêmes recettes de répression et d’austérité aux travailleurs et à leurs familles tout en déroulant le tapis rouge aux multinationales, comme c’est le cas à Sotchi. Les LGBTQI en Russie et partout ailleurs doivent comprendre que c’est en allant chercher l’unité avec les autres couches de la population, surtout les travailleurs en lutte, que l’on pourra réellement peser de toute notre force contre ce même rouleau compresseur antidémocratique et antisocial.

    (1) Lesbiennes , Gays , Bisexuels , Transgenres, Queers, Intersexes. Pour plus d’informations sur les personnes transgenres et intersexes, rendez-vous sur le site web de l’association ‘‘Genres Pluriels’’.

  • Retirons notre sport des mains des requins capitalistes !

    La compétition tronquée par le grand business

    Avec la faillite du Beerschot AC, aucune équipe anversoise ne jouera en première division la saison prochaine. Jamais cela ne s’était produit auparavant dans le football belge. Les raisons de la ‘disparation’ des clubs anversois ne doivent certainement pas être trouvées du côté d’un éventuel manque d’enthousiasme chez les supporters ; ceux-ci sont toujours restés massivement derrière leur équipe. La mauvaise gestion de certaines personnes qui considèrent nos équipes comme des investissements intéressants pour s’enrichir eux-mêmes est à la base de la crise de notre football. C’est un signal typique de l’évolution que vit le football belge et international : le caractère populaire du sport est de plus en plus victime de la logique des investissements tournés vers le business de la petite élite qui peut se la permettre.

    Par un supporter de football anversois

    Une équipe de football est en premier lieu portée par le réseau social qui l’entoure. Ce sont les grands noyaux de travailleurs qui, semaine après semaine, investissent leur argent et leur temps dans leur équipe favorite, qui sont la base du football. Malgré le fait qu’ils n’ont quasiment rien à dire dans la gestion de l’équipe, ils continuent à la soutenir du fond du cœur. Ce sont les intérêts de ces gens – la colonne vertébrale de chaque équipe de football – qui disparaissent à l’arrière-plan, loin derrière les intérêts d’une petite minorité de grippe-sous qui veulent s’en prendre à notre passion.

    Le City marketing étouffe la ville d’Anvers

    Bart De Wever, bourgmestre NVA d’Anvers, s’est violemment heurté à la réalité lorsqu’il pensait avoir trouvé la solution idéale pour résoudre la crise du football anversois. En quelques minutes, il a clarifié n’avoir rien compris de l’esprit du sport et de la mentalité des supporters anversois. Dans le cadre du City marketing, il proposait de fonder une nouvelle équipe sous le nom Antwerpen United. Si cela n’était pas possible, le bourgmestre envisageait même de reprendre une équipe issue de Flandre occidentale pour la faire jouer dans le stade du Beerschot, le Stade Olympique à Kiel.

    Mais la réalité, que De Wever n’a absolument pas comprise, c’est que les équipes et les clubs sont très fortement liés à leur base locale, à cause du réseau social qu’ils créent, et par la fonction sociale qu’ils jouent dans la société. Pour une telle construction artificielle, il n’y a, ni à Anvers ni ailleurs, aucune base de soutien. Anvers connait trois grands noyaux de supporters (Antwerp, Beerschot et Berchem), et aucun des trois n’est intéressé par un plan de city marketing qui balance à la poubelle l’historique et la tradition de ces équipes.

    Un millier de fans de football anversois se sont rendus à l’hôtel de ville sur la Grande Place pour protester contre cette situation. Ils revendiquaient des investissements de la ville dans les équipes et les structures sociales existantes, au lieu de construire un montage élitiste et artificiel où seul un petit nombre d’hommes d’affaires a quelque chose à gagner. Le fait que la ville ne veuille pas faire cela est dans la logique de la ligne politique antisociale de la majorité au conseil communal : l’appauvrissement et la casse des espaces publiques, combinés à des projets mégalomanes qui appauvrissent la population mais enrichissent les city managers.

    Le qataris Saint-Germain contre l’Oligarchie de Monaco

    Notre football nous est volé. Parmi les équipes qui arrivent encore à jouer au top, rares sont celles qui n’ont pas étés reprises par de riches oligarques russes ou des cheiks pétroliers du Qatar. Il y a 10 ans, Chelsea FC a été racheté par Roman Abramovitch, avec l’idée de sortir de la grisaille annuelle habituelle qui était de jouer en milieu du tableau et de se battre pour une éventuelle qualification européenne. Manchester City FC a connu une même évolution 5 ans plus tard, racheté par un homme d’affaire des Émirats arabes unis, et est désormais devenu une équipe du top européen. Il y a 2 ans, le Paris Saint-Germain a été repris par Qatar Sports Investments et est ainsi redevenu champion de France cette année après 19 années d’attente. Et dernièrement, l’AS Monaco est remonté en Ligue 1 française après sa reprise par le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, et ambitionne déjà de défier Paris pour le titre l’an prochain. A partir de maintenant, le championnat français risque fort de ressembler à un duel PSG-ASM, ou plutôt nantis qataris contre nantis russes. Qui va gagner? On s’en fout. Qui va perdre ? Le football, et ses vrais supporters.

    Le flux naturel de la compétition est bouleversé : le sport disparait à l’arrière-plan et les intérêts commerciaux règnent. Un réel amateur de football a seulement un mot pour cela : la falsification de la compétition.

    Football : le plus riche gagne

    ‘‘Le football est un jeu simple : 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent.’’ La fameuse phrase de Gary Lineker a un fond de vérité : à la fin, ce sont très souvent les plus riches qui gagnent. La compétition est de moins en moins honnête et passionnante. Dans la lutte concurrentielle qui s’exerce au sein du système capitaliste, il y a une tendance à la formation de monopoles, avec un nombre toujours plus petit d’entreprises qui restent debout.

    En Belgique, aussi, depuis des années, ce sont les mêmes équipes qui dominent le sommet du classement. De temps à autre, une équipe plus populaire arrive à casser ce cordon, mais il est pratiquement impossible de construire la structure financière nécessaire pour définitivement appartenir à ce cercle limité des équipes du sommet. Notre compétition est ainsi formatée, avec un spectacle terne, délavé et prédictible, où seuls les matchs entre les clubs du top 5 ‘‘en valent la peine’’. Que de telles montagnes d’argent passent dans le football du top n’est pas seulement frustrant, mais c’est aussi mortel pour notre sport en lui-même.

    Les éléments sociaux et sportifs vont de pair

    ‘‘Anvers a besoin d’une seule équipe au sommet, financièrement saine: pour deux, où même trois, il n’y a pas de place dans cette ville.’’ C’est un argument que les supporters anversois entendent éternellement. Cet argument n’est valable qu’à cause de la situation fondamentalement malsaine dans laquelle notre football se trouve. Dans les années ’50, Anvers comptait jusqu’à 4 équipes en D1, mais c’était dans une époque où le monde du football était fondamentalement différent.

    A cette époque, les joueurs jouaient avec leur propre équipe, et n’étaient pas encore vendu sur le marché de transferts pour des montants astronomiques. Les supporters donnaient une contribution active et participative à la vie de leur équipe, les managers et investisseurs n’avaient pas encore découvert le football comme un jouet lucratif. Celui qui jouait du bon football pouvait atteindre le sommet. Entretemps, les équipes de football locales jouait leur rôle parmi la jeunesse en entretenant les jeunes de façon constructive. C’est ainsi que le sport doit être.

    Ce scenario est aujourd’hui très loin de la réalité quotidienne. Aujourd’hui, le football est géré par les revenus TV, les courtiers et le big business. Les supporters doivent payer des prix toujours plus élevés pour aller regarder une équipe qui les écoute de moins en moins, et qui les gardent à bonne distance. Ce n’est plus notre sport.

    Le PSL s’oppose à la manière dont le football moderne est organisé, et revendique le fait que la classe des travailleurs se réapproprie son passe-temps favori, sa passion. Dans les divisions inférieures, certains clubs montrent qu’il est possible d’avoir une équipe gérée par les supporters qui tente de répondre aux besoins sociaux attendus d’une équipe de football. Des exemples pareils doivent être utilisés et élargis par des supporters de football qui comprennent que seule une société socialiste peut sainement organiser une compétition sportive. C’est seulement ainsi que le football pourra redevenir un lieu d’apprentissage pour la jeunesse et de rencontre pour les travailleurs, synonyme de détente dans le réseau social de leur région.

    ‘‘Reclaim the game’’ : stoppez ces reprises, fusions et contrats qui cassent notre football et nos compétitions ! Les supporters sont l’âme de l’équipe : nous avons notre mot à dire !

  • La compétition pervertie par le marché

    Les scandales de corruption, de dopage ou de trafic d’influence touchent quotidiennement le sport de haut niveau. Paris truqués, matches achetés, sportifs dopés,… Rien ne nous est épargné. De forts soupçons pèsent actuellement sur le Qatar qui a été désigné pour accueillir la prochaine coupe du monde de football.

    par Jean (Luxembourg). Article paru dans l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Nous n’allons pas faire ici de révélations fracassantes sur les rencontres discrètes entre Sarkozy, le prince du Qatar et Michel Platini. Mais voici un pays qui n’a aucune tradition footballistique, très peu d’infrastructures sportives et des températures totalement contre-indiquées pour la pratique du football… Et qui réussit à décrocher l’organisation d’une coupe de football. Vous avez dit bizarre ?

    En France, lorsque des températures de plus de 40°C sévissent, les préfectures annulent ou réduisent les compétitions. Cela n’enchante pas toujours les organisateurs. Il y a souvent des discussions… Mais c’est une question de santé publique. Ici, on ne sait pour quelle raison, nous allons envoyer les meilleurs footballeurs de la planète se faire rôtir dans un four géant. Simplement pour la gloire d’un Prince qui a le pouvoir de tout acheter, tant il croule sous les pétrodollars.

    Les ‘‘échanges de bons procédés’’ sont normalement interdits sur le terrain sportif. Quand des joueurs sont pris la main dans le sac, ils sont lourdement sanctionnés. Mais autour du terrain, les maquereaux font la loi.

    Lors des derniers JO, le Comité International Olympique (CIO) a privatisé la quasi-totalité de l’organisation et surtout les bénéfices des Jeux. Une fois entré dans le village olympique, on ne pouvait plus manger, boire, payer,… qu’avec les sponsors des JO. La devise olympique ‘‘Plus vite, plus haut, plus fort’’ semblait uniquement concerner les bénéfices du CIO : 1,6 milliard d’euros de sponsoring et près de 4 milliards en droits télés. Les coûts d’organisation quant à eux, incombent uniquement à la collectivité.

    Cette privatisation accélérée du sport en général à une influence néfaste à tous les niveaux. Dès lors que les sommes en jeux deviennent astronomiques, la tentation de tricher augmente. Les derniers scandales de matches truqués et la mafia des bookmakers nous le rappellent. Dans ce contexte, exiger une honnêteté et une probité totale de la part des sportifs devient incongru. ‘‘Dans un monde où chacun triche, c’est l’homme vrai qui fait figure de charlatan’’, disait André Gide.

    Ensuite, la privatisation du sport a un impact sur les disciplines qui sont mises en valeur parce que plus médiatiques ou profitables.

    Enfin, le sport spectacle prend une importance démesurée (financièrement et culturellement) au détriment du sport pour tous. L’importance du sport dans l’éducation et pour l’épanouissement de chacun est sous-estimée et gravement sous-financée. Dans de nombreuses disciplines, l’accueil est lourdement déficient pour les jeunes ou les novices qui voudraient pratiquer un sport de loisir.

    La joie de l’effort, le fair-play, le respect des autres,… sont des valeurs qui ont été balayées par la mercantilisation du sport. Le CIO essaye habilement de les recycler pour mieux vendre sa salade, mais ce n’est là qu’un subterfuge aussi subtil qu’un haltérophile goinfré de stéroïdes. Si on laisse l’argent roi s’emparer du sport, on risque de revenir rapidement au 19ème siècle, lorsque le sport était réservé à une élite. Le peuple n’aura plus qu’à regarder hagard les exploits de ses idoles et les marquoirs qui indiqueront le cours des actions des clubs à la place des buts. Alors que faire ? Faut-il fuir le sport pour ne pas participer à son aliénation? Non, ce ne serait pas fair-play, et puis si tous les dégoûtés s’en vont, on sait trop bien ce qu’il restera.

    La solution, ce serait plutôt de reprendre le pouvoir sur le sport, ses structures, son fonctionnement, afin de décider démocratiquement des règles du jeu.

    Comment ? Voici quelques pistes :

    • Les fédérations sportives devraient être gérées par des représentants élus par les sportifs, les supporters, et le public (dont les parents des jeunes notamment).
    • Des financements publics doivent être prévus pour toutes les disciplines, afin de démocratiser l’accès au sport. Le football qui était traditionnellement le sport le plus accessible (et le plus populaire) est devenu de moins en moins abordable pour les familles qui veulent inscrire leur enfant dans un club.
    • L’organisation des compétitions devrait être confiée à des comités élus par les sportifs et indépendants des sponsors et autres financeurs privés.
    • Le pluralisme (hommes / femmes / handicapés… ) devrait être introduit dans les épreuves relais ou dans les sports collectifs où cela est praticable. Ce serait une manière de faire vivre une véritable fraternité au travers du sport.

    Bref, pour devenir plus sain, le sport a besoin d’une véritable révolution. Il faut d’abord en expurger les marchands du temple, mais aussi la soif de victoire à tout prix que trop de champions ont épousé, avant de se confesser la larme à l’œil.

  • Les scandales de dopage se poursuivent : le commerce ruine le sport

    Le rapport de l’Agence américaine antidopage USADA sur Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France, et son équipe US Postal a constitué une nouvelle page noire pour le cyclisme et le sport dans son ensemble, quelques années à peine après le scandale Fuentes. Dans ce dossier, plusieurs anciens coéquipiers ont témoigné du dopage systématique de l’équipe d’US Postal mais aussi d’autres équipes. L’une des figures clés de ce mécanisme est le Dr Ferrari, qui a gagné plus de 30 millions d’euros grâce au dopage et au blanchiment d’argent.

    Par Wouter K (Gand)

    Le dopage est présent depuis longtemps dans le sport et le cyclisme. En 1967, Tom Simpson est décédé des suites de son dopage sur le Mont Ventoux, Eddy Merckx a été pris trois fois, il y a eu l’affaire Festina, l’affaire Fuentes,… Les exemples sont nombreux et illustrent que le sport est tout sauf propre. Et cela ne se limite pas au cyclisme. L’affaire Fuentes concernait 200 athlètes, y compris des grands noms du football, de la Formule 1 et du tennis. La place croissante occupée par les intérêts commerciaux ne fait qu’accroître la pression sur les performances, alors qu’elle était déjà bien élevée avant ça. Lance Armstrong a gagnée au cours de sa carrière professionnelle une moyenne de 17,5 millions de dollars par an. ‘‘Seuls’’ trois millions d’euros sont issus des prix accordés par ses sept victoires finales et les diverses autres à l’occasion du Tour de France. Tout le reste est le fruit des bonus gigantesques donnés par les sponsors privés. La société d’assurance SCA lui a ainsi offert 5 millions d’euros pour son titre de champion du Tour en 2004.

    Quand de telles sommes sont en jeu, le million d’euros qu’Armstrong a donné au docteur Ferrari pour son dopage constitue un investissement rapidement amorti. Et en cas de flagrant délit, il reste les moyens des sponsors. Ces derniers, pour éviter que leur nom ne soit traîné dans la boue, sont prêts à tout. Le président de la fédération internationale de cyclisme Hein Verbruggen aurait reçu un demi-million d’euros de pot-de-vin par la marque Nike afin d’enterrer un rapport de dopage positif en 1999.

    Le PSL défend une vision du sport principalement basée sur la détente. La compétition, la tension,… n’auraient pas à disparaître, mais seraient dépouillées des intérêts commerciaux qui dominent aujourd’hui. Les changements de parcours pour des raisons de spectacle, les courses cyclistes en circuit fermé,… sont peut-être idéaux pour les sponsors et les organisateurs mais sont décevants pour les amateurs du vrai sport. Pour nous, lutter pour un sport ‘‘pur’’ signifie de lutter pour une société socialiste où les besoins de la majorité de la population seront au cœur de l’activité humaine, et non plus la satisfaction de l’avidité d’une petite élite.

    Une société socialiste pourra libérer le sport de tous les aspects négatifs qu’a le capitalisme sur l’humanité : l’hostilité, l’égoïsme, le mensonge, la cupidité et la tricherie. Sous le socialisme, une forte augmentation du temps de loisir pourra être obtenue grâce au partage du temps de travail disponible en fonction de la population active disponible. Les conditions matérielles seraient ainsi posées pour que chacun puisse consacrer plus de temps au sport ou au développement sain de ses autres talents, dans une atmosphère d’émulation, de respect et d’admiration de l’autre et de soi.

  • Football : Big business vs supporters

    Après une longue période de disputes et de négociations, VOO associé à Telenet (en Flandre) vient de remporter le contrat de football belge pour les 3 prochaines saisons. Les deux entreprises doivent annuellement payer 55,2 millions d’euros, soit 55 fois le montant payé il y a 20 ans à peine. Les grands clubs de la Première Division et leurs managers vont devenir plus riche : ils reçoivent 10 millions en plus par année. Comme toujours, les supporters n’ont qu’à regarder.

    Article de Jarmo (Anvers)

    Le contrat de Telenet et de VOO est limité aux trois matchs les plus ‘‘intéressants’’ par jour de match. Dans ce cadre, ‘‘intéressant’’ signifie ‘‘capables d’attirer le plus grand nombre de spectateurs’’. Il est évident que les supporters des équipes plus petites seront seulement servis si leur équipe joue contre un adversaire ‘‘intéressant’’. Avec un abonnement chez VOO, les supporters du Standard, d’Anderlecht ou de Bruges pourront voir leur équipe jouer chaque semaine. Il n’est pas neuf que les supporters des équipes d’autres divisions soient complètement exclus.

    Les autres matches resteront chez Belgacom. Les supporters des ‘petites’ équipes de Division 1 auront besoin de deux abonnements : une chez VOO et l’autre chez Belgacom. C’est le cas pour la majorité des supporters, qui seront donc incapables de regarder le championnat dans son entièreté.

    Toute la compétition a été réformée il y a deux ans, avec l’objectif de mieux répondre aux intérêts financiers des grands opérateurs de télévision et des grands clubs. Le système de Play Off assure que les grandes équipes jouent plus contre d’autres grandes équipes, il y a donc plus de matchs ‘‘intéressants’’, et donc plus rentables. Les équipes ‘‘moins intéressantes’’ peuvent entretemps jouer dans l’indifférence en Play Off 2, ou aucun prix n’est directement à gagner. Ainsi, l’écart entre les clubs ‘‘intéressants’’ (qui sont riches et obtiennent beaucoup de pognon par la télévision) et les ‘‘moins intéressants’’ (qui ont moins de fonds en provenance de la télévision, voir pas du tout) s’amplifie. Les petites équipes sont donc condamnées à rester petites, elles n’auront jamais de moyens suffisants pour rivaliser avec les plus grands clubs.

    Sous le capitalisme, les compétitions sportives deviennent toujours plus une vulgaire farce où seul comptent les profits financiers des grands clubs et des chaines de télévision. Avec en plus la hausse du prix des billets, le système des contrats de télévision assure que de plus en plus de supporters quittent le terrain. Ces supporters n’ont en tout cas rien à dire dans la gestion de leur équipe, ils ne peuvent que regarder passivement se faire la répartition inéquitable de l’argent de la télévision, qui prédétermine les chances de leur équipe.

    Il s’agit d’un exemple de la façon dont les intérêts commerciaux constituent la base de ce système capitaliste où tout est contrôlé. Même nos loisirs sont touchés, et détruits par le pognon. Nous sommes pour une compétition loyale, passionnante et participative, avec une répartition égale des ressources et le contrôle démocratique des supporters sur la gestion de leur équipe.

    Banderole réclamant la suppression du contrat de football

  • Le sport : Une fête pour les actionnaires

    La Coupe du Monde de football en Afrique du sud nous a fait vibrer à certains moments et les supporters guettent déjà la prochaine coupe. Il est même probable que, dans quelques années, la fête du foot arrive jusqu’en Belgique et aux Pays-Bas. Jusque-là, que de bonnes nouvelles pour les amateurs. Mais la Fédération Internationale de Football Association, la FIFA, veut surtout faire du foot une fête pour elle-même et les actionnaires. En Afrique du Sud, un profit colossal atteignant 1,5 milliard d’euros a ainsi été engrangé.

    Les gouvernements belges et néerlandais ont tous deux accepté les conditions de la FIFA, même si certaines sont légalement inapplicables (on s’arrangera toujours bien…). Entre autres, la FIFA revendique une exonération d’impôt et de la TVA : ‘‘Les individus employés par la FIFA ou par une de ses filiales, indépendamment du fait qu’en Belgique ils sont, ou ne sont pas, considérés comme contribuables, ne vont pas devoir payer d’impôts individuels.’’

    Alors que nous devons payer une TVA de 21% sur l’énergie, les pontes de la FIFA ne devront payer aucune taxe, ni au restaurant, ni à l’hôtel. Les caisses de la collectivité ne sont bonnes qu’à construire de nouveaux stades et à investir dans l’infrastructure nécessaire, pas question qu’elles se renflouent avec l’évènement. La FIFA exige aussi une bande spéciale sur les autoroutes au cas où les Rois du foot se trouveraient dans un embouteillage…

    La FIFA revendique que dans un rayon de deux kilomètres autour des stades il ne puisse y avoir que la publicité des sponsors officiels et que seules les boissons des sponsors soient servies dans les cafés des alentours. Tout et tout le monde doit s’incliner pour que le chiffre des bénéfices de 1,5 milliard d’euros puisse être dépassé.

    La marchandisation touche tous les sports. Contador a gagné le Tour de France et a reçu un chèque de 450.000 euros à partager avec ses coéquipiers tandis que le propriétaire du Tour (ASO) a gagné des millions en sponsoring, droits d’émission et primes de participation des villes… Entre 2004 et 2008, ASO a payé 136 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires !

    Pour l’élite dirigeante, ces sports sont une manière de faire d’énormes profits et de détourner notre attention de tous les problèmes. Selon nous, le sport doit être un événement populaire, contrôlé par les supporters et la collectivité et non par les rois de la FIFA et leurs patrons des multinationales.

  • Afrique du Sud : La coupe du monde de… l’inégalité !

    Ce qui aurait dû être un bel événement sportif est marqué par les scandales, la corruption et l’avidité. Voilà la toile de fond de la Coupe du Monde de Football qui se tient en Afrique du Sud, la première Coupe du Monde organisée sur le continent africain.

    Democratic Socialist Movement (CIO-Afrique du Sud)

    Avant même qu’un seul match ne s’y soit déroulé, l’Afrique du Sud a déjà vaincu le Brésil pour la Coupe du Monde de l’inégalité. Ce sera d’ailleurs sans doute le seul prix que ce pays remportera. La Coupe du Monde a encore plus aiguisé les contradictions présentes en Afrique du Sud. L’élite politique autour du gouvernement de l’ANC tente notamment désespérément de rapidement mettre sur pied une riche classe capitaliste noire afin d’impressionner le capital occidental blanc.

    Près de 800 milliards de Rand (soit 80 milliards d’euros) ont été dépensés pour les travaux d’infrastructure (routes, aéroports, autoroutes et stades) mais, à l’exception du système BRT (Bus Rapid Transit), aucun de ces investissements ne profitera à la population. Ces moyens auraient été bien plus utiles pour les soins de santé ou l’enseignement. A titre d’exemple, les dépenses d’infrastructures pour la Coupe du Monde équivalent à dix ans d’investissements dans le logement ! Les dépenses sont pour la collectivité, les revenus pour la FIFA et les investisseurs étrangers.

    Les seuls à avoir bénéficié de ces investissements sont les patrons des entreprises de construction. Le profit d’une entreprise telle que Group 5 s’est accru de 73%. Les topmanagers ont reçu 40% en plus, jusqu’à 7,4 millions de Rand par an (740.000 euros par an, soit 2000 €/jour). Un simple ouvrier du bâtiment ne reçoit que 5,5 Rand de l’heure (0,55€/h). Un ouvrier doit donc travailler plus de 25 heures pour se payer le ticket le moins cher pour un match.

    Au salaire s’ajoutent les contrats temporaires et les mauvaises conditions, tout un contexte qui permet de comprendre pourquoi 26 grèves ont eu lieu durant la construction des stades, dont 20 spontanées. Les entreprises ayant généralement des liens étroits avec d’importantes figures politiques qui, à leur tour, entretiennent des relations avec les dirigeants syndicaux, ces luttes ont été loin d’être évidentes.

    FIFA : 1 travailleurs et pauvres : 0

    Lors de cette coupe du Monde, la FIFA va marquer quelques buts. Rien qu’en droits de diffusion des matchs, elle va remporter 1,2 milliard d’euros. Les revenus pour cette année, avant même le début de la Coupe du Monde, s’élèvent déjà à plus de 1 milliard d’euros! Et cela, malgré le faible succès des tickets que beaucoup de Sud-Africains ne peuvent tout simplement pas se payer. La plupart du temps, il ne leur sera même pas possible de suivre les matchs à la télévision, faute d’accès à l’électricité. 2,8 millions de jeunes entre 18 et 24 ans n’ont ni travail ni instruction. Le chômage frappe 8 millions de personnes (35% de la population – 25% selon les chiffres officiels). Le gouvernement parvient à construire des stades flambant neuf en un temps record, mais aucun moyen n’existe pour des logements décents pour la population, sans même parler des services de base, des soins de santé et de l’enseignement.

    Tout ceci est destiné à améliorer l’image du pays à l’étranger. Les clochards et les enfants des rues sont chassés des centres-villes. A Johannesburg, 15.000 sans-abri ont été attrapés et placés dans des centres d’accueil temporaires en-dehors des villes et, à Durban, la police embarque tous les jours des enfants des rues pour les relâcher hors de la ville. A Capetown, les pauvres sont expulsés de la ville et parqués à Blikkiesdorp, une “Région de Relocalisation Temporaire” qui contient 1.300 petits logements-containers de 3 à 6 mètres de long. Les pauvres sont entassés dans des camps de concentration pour les garder hors de vue!

    Résistance

    Marx est notamment connu pour avoir dit que la religion est l’opium du peuple, ce que l’on peut dire du sport aujourd’hui. L’élite dirigeante instrumentalise la Coupe du Monde à la manière des empereurs romains qui endormaient le peuple avec “du pain et des jeux”. Cela a bien fonctionné un moment, mais cela n’a pas pu résoudre les contradictions de la société et la crise. Malgré l’interdiction de toute action de protestation pendant la Coupe du Monde, il n’est pas exclu qu’une action soit menée. Les habitants des bidonvilles se battent pour avoir droit aux services de base et des jeunes de divers bidonvilles brûlent des pneus et bloquent les routes. Ces actions rappellent la lutte contre l’apartheid. C’est une expression des énormes frustrations qui vivent parmi la population. Les chauffeurs de taxi qui risquent de perdre leur revenu à cause du nouveau système de bus dans les grandes villes vont eux aussi entrer en action.

    Très peu de travailleurs se laissent berner par la propagande selon laquelle les grèves seraient “antipatriotiques”. Les fédérations syndicales qui, en général, soutiennent le régime, se sont dites obligées de protester contre le fait que le merchandising autour de la Coupe du Monde soit fabriqué dans des usines chinoises (meilleur marché), et contre le fait que, pendant la Coupe du Monde, le pays sera virtuellement colonisé par la FIFA.

    Le gouvernement de l’ANC continue à rester indifférent aux souffrances de la majorité de la population. Il fait un peu penser à la reine Marie-Antoinette qui, en 1789, aurait dit en parlant du peuple français affamé ‘‘Ils n’ont pas de pain? Qu’ils mangent de la brioche !’’ La réponse du gouvernement sud-africain face au logement, à l’enseignement et à l’emploi est “Mais on vous a donné des stades !”

  • La leçon de football d’Abbas Bayat

    Dans une émission de « Studio 1 » sur la RTBF, Abbas Bayat, président du Sporting Charleroi, nous a donné une bonne leçon de football. Non content d’avoir traité de « clown » le chroniqueur de l’émission Stéphane Pauwels après que celui-ci ait dressé le bilan sportif peu reluisant du club depuis l’arrivée des Bayat à sa tête il y a 10 ans, l’homme d’affaires s’en est allé d’une petite explication de la manière dont un club de football, et toute entreprise privée en général, doit être géré. S’en est suivi une vague de protestations de la part, surtout, des supporters, pour lesquels ces dernières déclarations de Bayat sont celles de trop.

    Par Stéphane Delcros

    Le businessman, également propriétaire de plusieurs marques de boissons, était déjà très critiqué par les supporters pour sa manière de prendre seul des décisions dans des domaines où il n’excelle certainement pas. Et Bayat de clarifier tout cela en direct lors de l’émission: « quelqu’un qui est président, le boss, il peut dire à n’importe qui ce qu’il doit faire en tant qu’employé. (…) La démocratie n’existe pas dans les sociétés privées! » Il dira encore, concernant l’entraineur Tommy Craig, resté muet à l’interview d’après-match alors que Bayat venait de l’engueuler pendant le match: « C’est moi qui signe les chèques en fin de mois. Et quand j’ai envie de dire quelque chose à mes employés, j’en ai le droit, non? » Rien à redire. Et il n’a pourtant pas fondamentalement tort: c’est effectivement comme ça que fonctionnent les entreprises privées. Et les clubs de football – et de sport en général – obéissent également à cette règle: qui amène l’argent prend les décisions. Abbas Bayat le fait certes un peu plus brutalement que d’autres, mais c’est en dernière instance ce qu’il se passe dans tous les clubs professionnels, de même que dans certains amateurs.

    Dans une interview au magazine Guido en 2004, le président expliquait sa manière de fonctionner dans le monde des entreprises : « Nous sommes à l’affût des entreprises qui ne sont pas très bien dirigées ou qui ont trop peu de capitaux. Nous les développons, nous augmentons leur chiffre d’affaires, nous les rendons rentables, pour ensuite les revendre. Nous ne sommes pas une énorme multinationale, nous n’avons pas besoin d’un retour direct sur nos investissements. Acheter bon marché, revendre plus cher. Nous avons fait l’acquisition de Looza avec un chiffre d’affaires de 500 millions d’anciens francs belges. Lors de la vente, cinq années plus tard, le chiffre d’affaires s’élevait à 3 milliards de francs. »

    Les récentes déclarations en ont fait évidemment bondir plus d’un. Les supporters, tout d’abord, qui en ont marre de l’arrogance et de l’attitude dictatoriale du président du sporting. « Abbas Bayat, casse-toi! » criaient des supporters en manif avant le match suivant l’émission de Studio 1. Il faut dire que le grand argentier des Zèbres avait parlé d’eux comme étant « une poignée de fous furieux » qui ne représentent « que 5% » de la totalité des supporters. Cette poignée de supporters en colère était pourtant quasi majoritaire – et avait probablement le soutien d’une bonne partie du public restant – au match précédent à brandir des pancartes contre Bayat, dans un stade tristement presque vide.

    Le capitalisme pervertit le football

    Le monde du football est de plus en plus soumis aux lois du marché. Mais cette évolution est inhérente au système capitaliste. L’immense popularité de ce sport attire les investisseurs désireux d’augmenter leurs profits – et/ou leur notoriété – en mettant temporairement à disposition une partie de leur capital selon leurs conditions, avec les conséquences que l’on connait beaucoup trop : course à l’achat de joueurs étrangers freinant le développement de joueurs locaux ; course à l’achat de stars pour parfois assurer des recettes en marketing plus que des résultats sportifs ; cotation en bourse des grands clubs, l’objectif principal devenant la fructification de la valeur de l’action ; trafic de jeunes joueurs étrangers laissés sur le trottoir s’ils ne répondent finalement pas aux attentes ;… et, bien sûr, faillites de clubs, comme le récent épisode de l’Excelsior Mouscron, qui ne tient évidemment nullement compte ni des joueurs, ni des employés, ni des supporters.

    On ne peut pas laisser quelques capitalistes décider de l’avenir des clubs de football belges, ni quelques milliardaires décider de l’avenir du football mondial. Abbas Bayat devrait-il avoir les pleins pouvoirs chez les Zèbres sous prétexte qu’il a sauvé le club de la faillite en le reprenant il y a 10 ans? Pas question! Tout comme il est nécessaire que les travailleurs ne laissent plus les rennes des entreprises à des actionnaires et managers soucieux de faire du profit, il est plus que temps de donner le contrôle de la gestion des clubs sportifs aux joueurs, employés, supporters et habitants des quartiers des stades !

  • Eté du sport… ou du commerce?

    Big business et sport

    L’été 2008 sera apprécié par les amateurs de sport avec en juin l’Euro 2008, en juillet le Tour de France et en août les Jeux Olympiques. Mais à côté de l’enthousiasme, on trouve une série de scandales qui prennent de plus en plus le dessus sur l’aspect sportif. Le sport de haut niveau est surtout considéré par les sponsors et les organisateurs cupides de ces événements comme une nouvelle manière de faire des bénéfices exorbitants. Le sport en tant que forme de distraction, tel que le perçoivent des millions de fans, disparaît toujours plus.

    Par Tim, MAS Bruxelles

    On estime que l’Euro 2008 aura rapporté au secteur privé 2,15 milliards d’euros, dont la majorité pour les grands sponsors comme Coca Cola, Adidas et McDonalds. La vente des droits télévisuels et des billets a rapporté 660 millions d’euros à l’UEFA pour l’Euro 2004, et on attend une nette augmentation pour 2008. Sans compter le merchandising. Un billet pour l’Euro coûte entre 70 et 250 euros par match et de 160 jusqu’à 550 euros pour la finale. Quelques jours avant le match France-Pays-Bas, des billets circulaient à 3000 euros sur E-Bay! Beaucoup de téléspectateurs en Europe voir l’Euro à la télé, l’UEFA a ordonné que les droits d’émissions soient laissés au plus offrant.

    Les intérêts commerciaux qui pèsent sur le jeu obligent de plus en plus les sportifs à prester. La pression est telle que certains ont recours au dopage. D’autres préfèrent limiter leur carrière de haut niveau à 5 ou 6 ans et ensuite mener une vie « normale », en étant assez riches. Avec les sommes énormes qui sont présentes aujourd’hui dans le sport de haut niveau, on ferait mieux d’investir dans de bons services sportifs accessibles pour chacun.

    Les Jeux Olympiques en Chine ont été considérés dans un premier temps par les autorités chinoises comme un bon moyen de présenter la Chine comme un pays moderne, où les capitaux étrangers sont les bienvenus. La priorité a été donnée à la construction de complexes sportif et d’infrastructure de transport mégalomanes. Parallèlement à cela, les bâtiments scolaires ont été bâtis avec tellement peu de moyen que des dizaines de milliers d’écoliers ont trouvé la mort quand leurs écoles se sont effondrées durant les séismes du mois de mai dans la province de Sichuan. En outre, l’image démocratique que les autorités chinoises ont voulue montré n’est pas apparue en accord avec la réalité : les protestations intenses des Tibétains et d’autres opposants au cours de la tournée de la flamme olympique partout dans le monde en sont le parfait exemple.

    Le sport doit être repris en mains par la population active. Dans le livre « Reclaim the Game » (de John Reid, membre de notre Internationale), on trouve des propositions pour un sport démocratique. Le contrôle des supporters, des joueurs, du staff et des autorités locales sur les clubs de sport et les fédérations, une distribution honnête des droits télévisuels pour toutes les parties de la compétition, et non pas seulement pour les parties les plus élevées. Des prix d’accès bons marchés aux stades et aux halls de sport, la fin des salaires exubérants pour les sportifs de haut niveau et les coûteux contrats de sponsor. Les supporters et les sportifs de toutes disciplines doivent être réunis dans des organisations qui peuvent défendre un tel programme.

    > Reclaim the Game

    > Le cyclisme en crise : L’expression d’une société en déclin. Tour de France ou tour de farce?

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