Category: Le PSL

  • 1 mai à Bruxelles – quelques photos

    Yvan


    • Voeux de mai du CIO
    • Le Premier Mai, fête des travailleurs – Plus que jamais un jour de lutte! Histoire du premier mai
    • Texte de Rosa Luxembourg sur les origines du premier mai
    • Le socialisme comme alternative à l’ordre du jour Editorial de l’édition de mai 2009 de l’Alternative Socialiste

    Interventions du PSL le 1er mai 2009

    • Le Parti Socialiste de Lutte au 1er mai Rapport général des interventions
    • Reportage-photos de Liège
    • Reportage-photos d’Anvers
    • Reportage-photos de Mons
    • Reportage-photos de Charleroi
    • Veille de Premier Mai à Gand
    • Veille de Premier Mai à Alost
  • 1 mai à Anvers – quelques photos

    Walter


    • Voeux de mai du CIO
    • Le Premier Mai, fête des travailleurs – Plus que jamais un jour de lutte! Histoire du premier mai
    • Texte de Rosa Luxembourg sur les origines du premier mai
    • Le socialisme comme alternative à l’ordre du jour Editorial de l’édition de mai 2009 de l’Alternative Socialiste

    Interventions du PSL le 1er mai 2009

    • Le Parti Socialiste de Lutte au 1er mai Rapport général des interventions
    • Reportage-photos de Bruxelles
    • Reportage-photos de Liège
    • Reportage-photos de Mons
    • Reportage-photos de Charleroi
    • Veille de Premier Mai à Gand
    • Veille de Premier Mai à Alost
  • 1 mai à Liège – quelques photos

    Nico


    • Voeux de mai du CIO
    • Le Premier Mai, fête des travailleurs – Plus que jamais un jour de lutte! Histoire du premier mai
    • Texte de Rosa Luxembourg sur les origines du premier mai
    • Le socialisme comme alternative à l’ordre du jour Editorial de l’édition de mai 2009 de l’Alternative Socialiste

    Interventions du PSL le 1er mai 2009

    • Le Parti Socialiste de Lutte au 1er mai Rapport général des interventions
    • Reportage-photos de Bruxelles
    • Reportage-photos d’Anvers
    • Reportage-photos de Mons
    • Reportage-photos de Charleroi
    • Veille de Premier Mai à Gand
    • Veille de Premier Mai à Alost
  • Le Parti Socialiste de Lutte au 1er mai

    Les militants du PSL ont saisi l’occasion du premier mai pour diffuser leur programme clairement socialiste. Chez nous, pas de slogans creux. Il est absolument nécessaire d’apporter des réponses claires face à la crise du capitalisme. C’est pourquoi notre campagne électorale a comme points centraux des revendications comme les nationalisations pour sauver les emplois, les 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, l’arrêt de la commercialisation du secteur des soins de santé, plus de moyens publics pour l’enseignement,… Ces slogans composent notre affiche électorale ainsi que la première page de notre mensuel de mai.

    La veille du 1er mai, nous avons organisé des réunions locales dans certaines grandes villes. Mardi soir, à Liège, un meeting de la liste commune pour les européennes LCR-PSL a pu compter sur une participation de plus de 70 personnes. Mercredi soir, à Anvers, 40 personnes ont assisté au meeting de nos camarades. La veille du premier mai au soir, à Gand, 75 personnes s’étaient déplacées, et 40 à Alost. A la soirée de Gand, un appel au soutien financier de notre parti a rapporté 500 euros!

    Le 1er mai, des militants du PSL étaient présent à Bruxelles, Liège, Verviers, Charleroi, La Louvière, Mons, Oostende, Brugge, Courtrai, Alost, Gand, Dendermonde, Sint-Niklaas, Anvers, malines, Mol, Louvain, Diest, Tienen et Diepenbeek. A Bruxelles, nous avons participé à une action combative des sans-papiers dans laquelle certains membres du PSL ont joué un rôle central.

    Nous avons eu un bon écho pour les idées pour lesquelles nous luttons. Le résultat provisoire de la vente de notre mensuel est de 744 exemplaires, plus que les années précédentes (700 en 2008, 650 en 2007 et 600 et 2006). La vente s’est particulièrement bien passée à Bruxelles (170) et à Liège (90), comme l’an dernier. A Liège, nous avons aussi récolté 650 euros de fonds de lutte, et la vente de nos livres et brochures a rapporté 88 euros. Notre stand était juste à côté de celui de la LCR avec laquelle nous nous présentons pour les élections européennes (liste n°24 LCR-PSL). A Verviers, 20 Alternative Socialiste ont été vendus. À Bruxelles, notre stand était au côté de ceux de la LCR, du Parti Communiste et du Parti Humaniste, organisations avec lesquelles nous présentons une liste commune pour les élections régionales à Bruxelles (liste PC-PSL-LCR-PH). Le PSL a joué un rôle clé pour lancer cette liste unitaire. Dans le Hainaut, 43 exemplaires de l’Alternative Socialiste ont été vendus.

    Traditionnellement, c’est en Flandre Orientale que nous vendons le plus grand nombre de journaux. Il n’en a pas été autrement cette année avec 191 exemplaires vendus à Gand (75), Alost (61), Sint-Niklaas (40) et Dendermonde (15). En Flandre occidentale, nous avons vendus 118 exemplaires de notre journal avec les ventes à Bruges (50), Ostende (36) et Courtrai (32). A Anvers, des militants étaient présents à Anvers, Malines, Sint-Niklaas et Dendermonde. Ces militants ont vendu ensemble presque 110 exemplaires de notre mensuel (contre 68 l’an dernier). À Anvers nous avons récolté 150 euros de fonds de lutte, notamment en vendant des boissons durant la manifestation. Comme chaque année, notre intervention a été plus difficile dans le Brabant Flamand et au Limbourg, où 35 exemplaires de l’Alternative Socialiste ont été vendus.

    Le PSL a partout été bien visible et a accentué les traditions de lutte et de solidarité du 1er mai. Pour nous, le 1er mai n’est pas la journée où l’on peut entendre les « socialistes » officiel faire un discours plus musclé alors que le jour d’après ils continuent à appliquer une politique néolibérale. Nous considérons le 1er mai comme un jour de lutte pour les travailleurs, une journée de lutte vers une alternative socialiste à la société capitaliste: une société dans laquelle les besoins de la majorité de la population sont centraux et non les bénéfices d’une petite minorité de parasites. Vous aussi, rejoignez la notre lutte, rejoignez le PSL et son internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, pour développer une alternative socialiste au niveau mondial!


    • Voeux de mai du CIO
    • Le Premier Mai, fête des travailleurs – Plus que jamais un jour de lutte! Histoire du premier mai
    • Texte de Rosa Luxembourg sur les origines du premier mai
    • Le socialisme comme alternative à l’ordre du jour Editorial de l’édition de mai 2009 de l’Alternative Socialiste

    Interventions du PSL le 1er mai 2009

    • Reportage-photos de Bruxelles
    • Reportage-photos de Liège
    • Reportage-photos d’Anvers
    • Reportage-photos de Mons
    • Reportage-photos de Charleroi
    • Veille de Premier Mai à Gand
    • Veille de Premier Mai à Alost
  • III. NOTRE PROGRAMME

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    Idéologie

    Beaucoup de gens disent qu’ils n’adhèrent à aucune idéologie particulière, il est même devenu assez «tendance» de se dire pragmatique. Depuis la chute du stalinisme, à la fin des années ’80 – début des années ’90, la classe dominante et ses collaborateurs intellectuels ont déclaré avec grand fracas que le débat idéologique avait pris fin. Seul le marché «libre» était dorénavant considéré comme étant efficace. Pour reprendre la célèbre expression du philosophe Francis Fukuyama (qui a très peu fait parlé de lui par la suite) la «fin de l’histoire» a été explicitement proclamée.

    La raison pour laquelle peu de gens parlent encore de cette prétendue «fin de l’histoire» n’est pas compliquée à trouver: les contradictions de classes n’ont fait que s’accroître durant les années 1990 et 2000 et le clivage entre riches et pauvres est aujourd’hui gigantesque. De plus en plus de travailleurs et de jeunes se retrouvent sur le côté. Cette situation conduit inévitablement à de nouveaux questionnements ainsi qu’à la recherche d’une réponse générale contre le capitalisme ; autrement dit : une autre idéologie, capable de mieux expliquer les développements sociaux que l’ancienne.

    A travers l’histoire, les classes dirigeantes ont toujours essayé de présenter leurs idées comme «naturelles», «éternelles», et «normales». La bourgeoisie n’agit pas différemment au travers de ses partis, de son enseignement, de ses médias et de ses intellectuels. Attardons nous sur quelques clichés de la vision capitaliste :

    – «La société n’est pas constituée de différentes classes économiques, mais bien d’individus indépendants.»

    Cela est totalement faux. Il existe une classe dirigeante qui dispose de la propriété privée des machines, des ressources, etc. Cette propriété privée des moyens de production entraîne inévitablement l’exploitation de la majorité de la population et une compétition mortelle, contrairement à ce que permettrait une économie démocratiquement planifiée. Il y a donc bien des groupes aux intérêts divergents et irréconciliables dans la société capitaliste. Un tel système contradictoire conduit immanquablement à des crises de surproduction.

    – «Les restructurations et les licenciements sont déplorables, mais sont un phénomène temporaire, et nécessaire à la viabilité de l’économie.»

    Tout aussi faux. Le chômage a, en Belgique, augmenté de 70.753 personnes au début des années ’70 à plus d’un demi-million de personnes qui dépendent de l’ONEM aujourd’hui. Le licenciement des travailleurs est seulement «nécessaire» afin de garantir les profits des patrons et PAS pour maintenir une économie saine. Les profits d’une petite élite priment sur tout le reste.

    – «Celui qui est sans emploi l’est uniquement par sa propre faute. C’est un problème personnel, pas social.»

    Une fois de plus, c’est un mensonge. Le chômage structurel – alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société (garderies à bon marché, facilités de loisir, enseignement de qualité,…) – est une maladie liée à la crise de surproduction capitaliste.

    Les frais salariaux sont seulement une excuse pour des capitalistes à la mémoire courte. Dans les années ’50 et surtout ’60, un système de sécurité sociale a été construit, et les salaires réels sont montés de manière significative. Mais ce processus a pris place dans une période de forte croissance capitaliste. Depuis la politique néolibérale, au début des années ’80, nos salaires directs et indirects (pensions, allocations, etc.) ont fortement diminué en termes de pouvoir d’achat. Cela n’empêche pas les patrons de systématiquement parler du coût salarial comme d’un facteur «destructif pour l’emploi». La seule chose destructive pour l’emploi est pourtant le système capitaliste qu’ils défendent.

    – «L’idée de redistribuer les richesses est le reflet d’une jalousie vis-à-vis de ceux qui ont réussi dans la vie. La position de quelqu’un dans la société correspond à ses efforts et à ses talents.»

    Faux. La redistribution des richesses signifie de réclamer aux grands actionnaires le travail non-payé, grands actionnaires dont l’activité ne consiste d’ailleurs qu’à s’asseoir sur leurs culs de fainéants, à remplir des coupons et à les commercialiser. Etre riche aujourd’hui signifie avant tout être né dans une «bonne famille». Les efforts et les talents de la majorité des travailleurs sont constamment niés par le capitalisme. Par la routine robotique, le manque de contrôle et de démocratie, ces talents sont à peine utilisés.

    – «Le socialisme ne correspond pas à la nature humaine, car la majorité des gens est égoïste.»

    Encore une autre désinformation. Dans la nature humaine, on peut indubitablement constater des éléments d’altruisme, par exemple dans la relation des parents envers leurs enfants. Mais la lutte pour le socialisme ne se base pas sur l’idée que nous devrons faire «plus avec moins». Bien en contraire. C’est dans la lutte pour les intérêts matériels de la majorité de la population que se trouve le fondement même des mouvements de lutte à venir.

    – «La révolution, c’est un coup d’Etat chaotique réalisé par une petite minorité, comme cela a été le cas en Russie en octobre 1917.»

    C’est quelque chose que l’on entend également très souvent, mais là encore, c’est très loin de correspondre à la réalité. Les révolutions ont lieu seulement quand les masses ne veulent plus vivre de l’ancienne manière : quand les masses laborieuses arrivent sur la scène de l’histoire. Nous parlons d’une intervention consciente et organisée des masses pour prendre la gestion de la société entre leurs mains. La révolution de 1917 était portée par la majorité des travailleurs et des paysans pauvres, organisée dans des conseils (soviets) démocratiquement élus.

    – «Une économie planifiée n’est pas réaliste. Qui voudrait encore travailler?»

    Cette idée rejoint la thèse sur la nature humaine «égoïste». La satisfaction du travail pour les masses trouvera sa source dans le fait qu’elles contrôleront elles-mêmes les produits de leur travail, et ce d’une manière démocratique. Ce sera un stimulant économique et social énorme. Les conditions de vie pourraient de nouveau augmenter sur toute la planète, avec des possibilités gigantesques pour les nouvelles technologies et les sciences, tout en tenant compte de l’environnement. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que l’on pourra réellement respecter l’environnement, nécessité vitale pour chacun.

    Ce sera l’intérêt commun et non le profit d’une petite élite qui sera mis en avant par des discussions dans les conseils ou comités de travailleurs. La technologie, qui actuellement conduit à plus de chômage au fur et à mesure des progrès en entraînant des crises de surproduction, pourrait sous une économie planifiée élargir le temps libre, la liberté humaine et la connaissance de ce que la planète a à nous apporter de façon considérable.

    On pourrait encore aborder beaucoup d’autres questions. Est-ce que les travailleurs d’aujourd’hui sont encore exploités, comme au 19e siècle ? La majorité d’entre nous n’est-elle pas devenue heureuse grâce au capitalisme, à l’exception de quelques problèmes provisoires et marginaux ? En fait, la machine de propagande bourgeoise tourne tellement bien que certaines finissent pas la croire, malgré des statistiques qui prouvent le contraire.

    Il en va ainsi du «Quart-Monde», que beaucoup de gens considèrent comme ayant toujours existé, et destiné à disparaître à terme. En réalité, la notion de «Quart-Monde» est née dans les années ’80 suite aux économies opérées dans les services sociaux. Depuis quelques années, même ceux qui ont un emploi ne sont plus certain d’échapper à la pauvreté.

    En fait, les idées capitalistes sont quotidiennement diffusées par des milliers de canaux tandis que la réponse socialiste à ce flot de propagande ne dispose bien évidemment que de peu de moyens. Ainsi, quand la presse bourgeoise parle des grèves, elle parle essentiellement de la nuisance de celles-ci. Pourquoi n’entend-t-on jamais dire de leur part que sans les grèves, les grèves générales et les manifestations de travailleurs, nous n’aurions jamais eu le droit de vote ou la sécurité sociale? Ce n’est pas un fait objectif peut-être? Ou est-ce simplement parce que cela déplaît à l’idéologie dominante, celle de la classe dominante et de ceux qui servent ses intérêts?

    Et d’ailleurs, est-ce qu’il existe encore des idéologies? On prétend aujourd’hui facilement qu’au 19e siècle, à l’époque de Marx, il y avait encore de grandes contradictions de classes, mais que celles-ci ont entre-temps disparu. La raison avancée pour étayer cette thèse est que la classe ouvrière de l’époque de Marx n’existe plus aujourd’hui. C’est un argument auxquelles nos oreilles auraient à force presque tendance à s’habituer, alors qu’il n’y a pas la moindre parcelle de vérité là-dedans.

    Au 19e siècle, la classe ouvrière était une petite minorité largement désorganisée. Politiquement, elle était proche du parti Libéral, et on ne parlait même pas encore d’un parti ouvrier (de tels partis sont nés seulement vers la fin du 19e siècle). Une des tâches les plus importantes de Marx a consisté à donner une idéologie propre et globale à la classe ouvrière ainsi qu’à créer des organisations ouvrières indépendantes de la bourgeoisie. Marx parlait de transformer la classe ouvrière d’une classe «en soi» (qui existe) en une classe «pour soi» (conscience de son existence en tant que classe aux intérêts communs).

    Aujourd’hui, la classe ouvrière constitue la majorité de la population. Elle est bien éduquée, organisée dans des syndicats, possède un certaine degré d’indépendance politique et, depuis le 19e siècle, elle a obtenu le droit de vote, la liberté de la presse, le droit de grève, etc. Il est normal que la bourgeoisie essaie de s’en prendre à ces droits. Les patrons font bien entendu tout pour miner et diviser cette force potentielle en scissionnant des entreprises (la scission de Bayer à Anvers en Bayer et Lanxess, par exemple) ou à l’aide de la sous-traitance.

    C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les attaques contre le droit de grève. Les patrons veulent limiter le pouvoir potentiel des travailleurs, avant que ce pouvoir ne se manifeste de manière trop évidente. En France, Sarkozy a fait voter une loi qui oblige les grévistes, dans le secteur des transports publics, à annoncer préalablement une grève à la direction. Ils veulent ainsi pouvoir anticiper les effets de la grève et soumettre les travailleurs à l’intimidation. Les politiciens et les patrons rêvent d’élargir cet exemple à d’autres secteurs.

    En Belgique, comme en France, la discussion sur le «service minimum» est lancée. A quoi sert une grève, si des remplaçants sont sur place? Les directions syndicales nationales de la CSC et de la FGTB n’ont pourtant pas émis de forte résistance contre une telle idée. Dans certains cas, ils ont même aidé la droite dans ses réflexions sur le sujet, tant leur peur des actions spontanées et des mouvements généralisés est profonde. Comme Trotsky l’a déclaré il y a quelques décennies, si les dirigeants syndicaux ne rejettent pas le système, alors ils s’y incorporent de plus en plus.

    Les dirigeants syndicaux ne portent pas juste une «petite» part de responsabilité sur leurs épaules dans l’absence de perspectives de toute une génération et d’une jeunesse immigrée abandonnée par le capitalisme. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes européennes, on assiste à l’émergence de ghettos auxquels aucun politicien bourgeois ne s’intéresse. L’aliénation que ceci peut amener, nous avons pu la voir à l’œuvre dans les explosions violentes des banlieues françaises en 2005. Des voitures et des entreprises ont été incendiées. Des attaques ont été commises contre des bus dans lesquels se trouvaient des travailleurs ordinaires victimes de la politique néolibérale au même titre que les jeunes. On a pu voir également les attaques de la part de jeunes immigrés contre leurs compagnons d’âge pendant les manifestations et les grèves contre le CPE (Contrat Première Embauche), tout cela parce qu’ils faisaient selon les jeunes des banlieues partie des «riches». Ces exemples sont tous des signes d’une société malade. De nouveaux partis des travailleurs doivent, avec l’aide des syndicats, défendre toutes les couches de la population, même les plus opprimées. Ne pas le faire ouvre la porte aux islamistes radicaux, et, parmi la jeunesse blanche, à l’extrême-droite.

    Il y a encore de grands débats idéologiques en vue. Ni la classe ouvrière, ni l’exploitation n’ont disparu et, en conséquence, pas non plus la nécessité d’un fondement idéologique. Ce qui a disparu, c’est les idéologies réformistes des sociaux-démocrates, ainsi que des dirigeants staliniens.

    Ces derniers, après la chute des régimes staliniens, ont couru à toute vitesse vers le camp du marché libre, parfois avec quelques «corrections sociales» mais sans le plus souvent. A tel point que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair prétend maintenant que le Parti Travailliste n’aurait jamais dû rompre avec les libéraux! En fait, ce que Blair demandait en disant cela, c’était un retour à la période qui a précédé Marx.

    C’est assez logique pour quelqu’un qui a intérêt à ce que l’idéologie capitaliste reste la seule en course, ce qui concrètement signifie que tout doit rester comme avant. «Pas d’idéologie» ou le «pragmatisme» néolibéral, ce ne sont rien d’autre que des formes revêtues par l’idéologie bourgeoise qui a entre autres conduit aux libéralisations, aux privatisations, à la chute du pouvoir d’achat et à une flexibilité croissante.

    Le fait que la discussion sur le «socialisme du 21e siècle» ait été lancée au Vénézuela et en Amérique Latine n’arrive pas au bon moment pour la classe capitaliste. Pour nous, ce n’est que le début du type de discussions qui vont gagner en intensité dans les années à venir, en Europe et dans les pays développés également. Très certainement dans le cadre de cette crise économique qui risque d’être la plus importante jamais connue et si la tendance à la formation de nouveaux partis des travailleurs se confirme.

    Chavez a mené une série de mesures positives pour la population pauvre en partie grâce au prix élevé du pétrole, dont le Vénézuela regorge. Nous soutenons bien entendu ces mesures (supermarchés spéciaux pour les pauvres, campagnes d’alphabétisation, meilleurs soins de santé avec l’aide de médecins cubains,…). Mais, malheureusement, Chavez n’est pas clair sur la nécessité d’opérer une véritable rupture avec le capitalisme. Il n’y a pas encore autant de nationalisations qu’il y en a eu au Nicaragua dans les années ’80, où d’ailleurs le processus révolutionnaire avait été renversé. Suite à la crise économique, au fur et à mesure de la baisse des revenus pétroliers, cela va fortement limiter l’espace dont dispose Chavez pour l’application de mesures sociales et le soutien pour le régime pourrait en sortir considérablement miné. De plus, le développement d’organes de classe indépendants (comités de lutte élus, partis, etc.) est freiné par l’approche «de haut en bas» du régime.

    Les références de Chavez au socialisme reflètent une pression de la base. Elles expriment la volonté des masses d’abandonner la misère du capitalisme pour construire un nouvelle société.

    IDEOLOGIE ET PROGRAMME

    Le mot «programme» est souvent compris comme «cahier de revendications». Mais un programme, c’est bien plus que cela. Le cahier de revendications n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit l’application concrète d’un programme sous certaines conditions.

    Par exemple, il est possible que l’on soit complètement d’accord avec le cahier de revendications du MR aujourd’hui, sans nécessairement souscrire à tout le parcours historique de ce parti, aux différentes réponses que les libéraux ont offert à travers l’histoire. Pour être un vrai libéral, il ne faut pas seulement souscrire à leur cahier de revendications actuel, mais aussi à la manière avec laquelle ils sont arrivés à cela.

    En d’autres termes, un programme signifie: un cadre idéologique consistant et historiquement construit, une analyse de la situation actuelle, une orientation générale, une stratégie et une tactique. Sans cela, on peut être d’accord avec le MR aujourd’hui mais être complètement en désaccord avec eux demain, lorsque les conditions auront changé. A l’inverse, il est possible d’être d’accord avec le populiste de droite Jean-Marie Dedecker sur un cadre historique libéral, mais avec un autre cahier de revendications.

    Dans un parti qui souscrit à l’idéologie dominante, l’idéologie bourgeoise, cela ne joue pas un rôle tellement important. Par contre, lors d’une révolution ou de grands mouvements de lutte, ces différences peuvent comporter des conséquences catastrophiques.

    C’est pour ça qu’un programme, au sens marxiste du terme, ne peut pas se limiter à un simple cahier de revendications. Le Manifeste du Parti Communiste, écrit par Marx et Engels comme proposition de programme pour la «Ligue des Communistes», était en premier lieu une analyse historique du développement du capitalisme, une perspective sur son futur développement, une orientation générale vers le mouvement ouvrier, et enfin une discussion sur la stratégie et la tactique à adopter vis-à-vis d’autres courants socialistes. Une page seulement sur les 80 à 100 pages du Manifeste (en fonction de l’édition), contient un cahier de revendications en 10 points.

    Les thèses d’Avril de Lénine, le document programmatique des Bolcheviks pour la révolution d’Octobre ‘17, ou encore le programme de transition élaboré par Trotsky en 1938 nous donnent la même image. Autrement dit : on n’est pas pour autant marxiste parce qu’on est d’accord avec une ou même toutes les revendications du cahier de revendications. On le devient réellement sur base d’une analyse historique et actuelle de l’évolution de la lutte des classes et des grandes tâches générales qui en découlent.

    Le PSL/LSP et le Comité pour une Internationale Ouvrière basent leur programme sur l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky; sur les textes des quatre premiers Congrès de la Troisième Internationale, sur le Congrès fondateur de la Quatrième Internationale et sur les textes du CIO (créé en 1974) et de ses pionniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Cela n’est pas rien et cela ne signifie pas non plus que nous sommes d’accord avec ces textes à la virgule près. Nous utilisons ces documents comme référence, comme méthode d’analyse et comme fil rouge pour nos orientations et tâches pratiques.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION

    Naturellement, nous comprenons que tous les travailleurs et les jeunes ne souscrivent pas à 100% de notre programme. C’est pour cela que Trotsky a développé la notion de programme de transition. Par «programme de transition», il entendait un programme qui part de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles à un moment précis et qui met en avant la transition socialiste de la société.

    Trotsky affirmait qu’il ne sert à rien d’élaborer un programme ou des revendications pour une gestion «plus humaine» du capitalisme, mais qu’il faut cependant offrir des solutions qui partent des besoins des travailleurs et de leurs familles. Trotsky a argumenté que le capitalisme ne sera jamais capable de satisfaire ces besoins, que seule une société socialiste pourrait offrir une solution durable.

    En fait, il n’a rien fait d’autre que d’exprimer sous une forme plus claire un concept que Marx avait déjà élaboré dans le Manifeste du Parti Communiste et Lénine dans ses Thèses d’Avril. Lénine utilisait le slogan «Terre, pain et paix» pour arriver à la conclusion que le gouvernement transitoire qui a succédé au tsarisme après la révolution de février 1917 ne pourrait jamais satisfaire ces revendications pourtant primordiales. A travers cela, il est arrivé au slogan «Tout le pouvoir aux soviets».

    De même, le PSL/LSP parle aujourd’hui de la «nécessité que la production soit basée sur les besoins de la population et pas sur les profits d’un petit groupe de capitalistes» pour arriver à la conclusion que cela n’est possible que par un changement socialiste de la société.

    Le programme du PSL/LSP exprimé ci-dessous n’est rien d’autre qu’une application actuelle de ce programme de transition. Il doit être lu en prenant en considération les remarques ci-dessus à propos de l’idéologie et du programme.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION AUJOURD’HUI

    La classe ouvrière est soumise à un recul perpétuel sous le capitalisme. La «cathédrale» de la sécurité sociale et d’autres acquis sont sous attaque depuis des décennies par le patronat et leurs politiciens. Ce n’est pas un processus économique inévitable. Le passé nous apprend que lorsque les travailleurs s’organisent dans des syndicats et des partis, la situation peut se retourner.

    D’une lutte défensive visant à défendre nos intérêts par entreprise ou par secteur, nous devons reprendre tous ensemble l’offensive et réclamer la richesse que nous avons créée : pour créer des emplois décents, bien payés et stables; pour augmenter les allocations ainsi que les retraites et disposer d’un pouvoir d’achat digne de ce nom; pour initier un programme de construction massif de logements sociaux et plafonner les prix des habitations; pour renationaliser, sous le contrôle démocratique de la population, les services privatisés et libéralisés ; pour refinancer l’enseignement; pour organiser collectivement les tâches ménagères qui actuellement pèsent toujours sur les épaules des femmes ;… En bref, pour mettre réellement en avant les besoins de la majorité, au lieu de la soif de profit d’une minorité de grands actionnaires et de patrons.

    Tous ensemble, jeunes et vieux; Flamands, Wallons ou Bruxellois; Belges ou immigrés; hommes et femmes;… nous sommes plus forts !

    1. La technologie : un ami ou un ennemi ?

    Cette situation est navrante lorsque l’on considère que les possibilités n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

    Un vol jusqu’en Amérique dure à peine 5 heures. Grâce aux ordinateurs, le boulot de centaines de milliers d’employés et de travailleurs peut être réalisé avec beaucoup moins de personnes. Internet, les e-mails et les GSM rendent la communication plus facile pour ceux qui y ont accès et créent pour beaucoup de jeunes et de travailleurs le sentiment d’appartenir à une communauté internationale. La médecine peut résoudre des problèmes dont nous ne pouvions que rêver auparavant. Mais, malgré toutes ces avancées, la chasse au profit joue un rôle extrêmement désastreux.

    Les fonds gouvernementaux pour la recherche scientifique sont drastiquement réduits. Seule la recherche servant directement les intérêts des entreprises et leur fournissant des bénéfices est encore subventionnée. Et quand les entreprises prétendent vouloir financer la recherche, ils la déduisent en réalité de leurs impôts.

    Les seuls qui en profitent sont les patrons. Les centres de recherches perdent ainsi leur indépendance. De plus, cela entraîne une concurrence entre les différents centres pour tenter d’obtenir des fonds. Les scientifiques sont isolés ; ils ne peuvent pas se concerter ni échanger des expériences, ce qui entraîne un gaspillage énorme d’énergie, de temps et d’argent.

    Et même si l’on fait de la recherche utile, et que l’on arrive à trouver des solutions – pensons aux différents traitements des problèmes cardio-vasculaires – les traitements sont pour beaucoup de gens inaccessibles à cause de leur coût.

    Pendant ce temps-là, les problèmes pour lesquels il faut urgemment trouver une solution continuent de s’empiler. Pensons au SIDA, aux catastrophes naturelles qui coûtent la vie à des millions de gens, aux traitements des cancers, à la production des déchets et à la pollution, à la famine dans de larges parties du monde,… Prenons plus particulièrement la famine. Un raisonnement logique serait: il y a une grave pénurie de nourriture, il faut donc produire plus. Et pourtant, les usines tournent au ralenti en craignant la surproduction, alors qu’une énorme quantité de nourriture est détruite tout simplement pour garder les prix à un certain niveau.

    L’écrasante majorité des scientifiques sont d’accord pour affirmer que le réchauffement de la planète aura des conséquences désastreuses pour de larges parties du globe si on ne commence pas à y remédier maintenant. Selon des centaines d’experts présents lors du sommet sur le climat à Bruxelles (en avril 2007) l’Antarctique, l’Afrique Subsaharienne, les îlots et les grands deltas asiatiques sont les régions qui souffriraient le plus du réchauffement de la planète. On parle d’inondations, de tempêtes et de glissements de terrain qui se produiront plus fréquemment. Les franges les plus pauvres de la population mondiale seront les plus touchées par ces catastrophes naturelles. Mais l’existence d’une quantité inquiétante d’espèces de la faune et de la flore est également menacée, entre autres, par le réchauffement de la planète.

    Une économie planifié à l’échelle mondiale et sous le contrôle démocratique de la population permettrait de prendre des mesures immédiates pour réduire «l’empreinte écologique» de l’Homme, notamment par un usage massif de transports publics gratuits mais également par des investissements massifs dans la recherche de sources d’énergie alternatives. Il est difficile de se rendre actuellement compte du potentiel de ces alternatives, du fait que l’industrie pétrolière et automobile leur mettent souvent des bâtons dans les roues.

    La question-clé est qu’aujourd’hui, la science et la technologie sont aux mains et au service des multinationales. Ainsi, les différents gouvernements bourgeois ne peuvent pas prendre les mesures qui s’imposent, ou alors uniquement de façon ambiguë quand il est déjà trop tard. Leur politique est destinée à satisfaire la soif de profit, et pas à satisfaire les besoins de l’Homme et de son environnement. Nous devons exiger le contrôle démocratique de la science, au nom des scientifiques et de la population mondiale.

    Aussi longtemps que les banques, les multinationales,… disposent du monopole de toutes les solutions possibles, nous sommes totalement impuissants. Ce n’est pas le développement de la science et de la technologie qui est en soi désavantageux, mais bien leur contrôle par les groupes mentionnés ci-dessus. Au service de la population, la technique et la science pourraient sauver et améliorer la vie de millions de personnes.

    2. Pour des emplois décents, stables et bien payés.

    • RETABLISSEMENT DE NOTRE POUVOIR D’ACHAT!
    • STOP A LA FLEXIBILISATION!
    • REDUCTION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR LA REDISTRIBUTION DU TRAVAIL DISPONIBLE!
    • 32 HEURES PAR SEMAINE SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES!

    Les paroles du gouvernement contrastent de façon criante avec ses actes. Dans de larges parties de Bruxelles et de Wallonie, il y un chômage massif et structurel. En juin 2007, le chômage dans la région Wallonne était de 14,4% (allocataires au chômage complet et élèves ayant quitté le système scolaire). Presque la moitié de cette catégorie était au chômage depuis plus de 2 ans. Dans la région Bruxelloise, à la même période, le nombre de chômeurs était de 19,9%. Des générations entières sont exclues par l’économie de marché !

    En Flandre, certains essaient de donner l’impression que le chômage a baissé considérablement dans le courant de 2006-2007 et qu’il y a même une pénurie dans certains métiers. Beaucoup de ces métiers sont flexibles (nettoyage, construction) et ne sont pas toujours rémunérés convenablement pour les efforts supplémentaires demandés. Que veulent les patrons? Des travailleurs prêts à se faire exploiter pour une bouchée de pain? La soi-disant pénurie est utilisée pour importer, de façon sélective, des travailleurs bon marchés en Belgique. Des travailleurs qui disposent de moins ou, dans le cas des sans-papiers ou des travailleurs au noir, d’aucun droits sociaux du tout. Le PSL/LSP défend les droits égaux pour tous les travailleurs. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra combattre la pression sur les salaires et la politique de diviser pour régner appliquée par le patronat. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    Au niveau national, plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement dépendantes d’une allocation de chômage. Ce niveau est un record historique. Au début des années ’70, le taux de chômage officiel tournait autour des 70.000-80.000. En 1995, on comptait déjà 505.944 chômeurs : une croissance de 1,9% à 12,3% de la population active !

    Depuis la moitié des années ’80, les chômeurs les plus âgés (de + de 50 ans) ne sont plus comptabilisés dans les statistiques. C’était déjà le cas pour les prépensionnés, et depuis 1986, pour ceux qui sont en pause carrière. Aujourd’hui, tous ces groupes constituent ensemble plusieurs centaines de milliers de personnes, qui reçoivent une allocation de l’ONEM mais ne sont pas comptées dans les statistiques.

    Le chômage partiel et temporaire – pour ceux qui ont signé un contrat de travail mais qui, pour des raisons particulières, ne peuvent pas travailler – n’est pas non plus repris dans les statistiques. C’est également le cas pour les gens qui sont «activés», pour qui on utilise l’allocation de chômage comme une subvention salariale! Les patrons sont ravis! Depuis juillet 2004, les chômeurs entre 50 et 58 ans sont réinscrits comme demandeurs d’emploi à cause de la politique «d’activation» des chômeurs, sauf s’ils peuvent prouver au gouvernement que leur carrière a été suffisamment longue. Le gouvernement force les travailleurs à travailler plus longtemps à travers le Pacte des générations. Mais lorsqu’ils sont licenciés sur le tard, la réalité nous montre que peu d’employeurs acceptent de leur offrir une seconde chance!

    En septembre 2007, le chômage officiel en Flandre était de 6,43% (selon le VDAB). Il faut tenir compte qu’il y a plus de gens en pause carrière et de prépensionnés en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. En outre, la politique d’activation et de suspension commence à «payer»: c’est-à-dire que des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur allocation de chômage ces dernières années.

    A Ostende, suivant le modèle de «l’activation», les jeunes sont massivement soumis à des sessions intensives pour la recherche d’un emploi, afin de leur apprendre à solliciter collectivement. Il ne s’agit même pas de formations professionnelles, et il n’y a aucune garantie d’avoir un emploi à la fin du parcours. De cette façon, les statistiques du chômage peuvent être embellies. D’autre part, le système incertain et extrêmement flexible des chèques-services connaît un succès grandissant. En juillet 2007, 4,38 millions de chèques ont été utilisés. Le système s’est rapidement répandu, surtout en Flandre (66,2% pendant la première moitié de 2007). A Bruxelles (5,9%) et Wallonie (27,8%), c’est moins le cas.

    L’introduction d’emplois à 10, 20 ou 30% permet de beaucoup jongler avec les statistiques. Ainsi, si vous allez repasser ou nettoyer 3 à 4 heures par semaine grâce aux chèques-services, le gouvernement vous raie déjà des statistiques officielles de chômage. Ce genre d’emploi est largement subventionné par le gouvernement, et le système risque de devenir impayable. Sans parler du fait que les contrats flexibles, temporaires et intérimaires sapent de plus en plus la position des travailleurs qui bénéficient encore un emploi stable.

    Ceux qui plaident pour une limitation du paiement des allocations de chômage dans le temps afin d’obliger les gens à dépendre du CPAS vivent sur une autre planète ou se foutent tout simplement des conséquences sociales de telles mesures. S’il est vrai que les gens choisissent de vivre d’une allocation plutôt que d’aller travailler parce que la différence entre les deux est trop faible, alors il faut augmenter les bas salaires plutôt que de réduire encore les allocations.

    Les bureaux d’intérims sont devenus aujourd’hui des entreprises florissantes. Cela n’a rien d’étonnant. De cette manière, les entreprises n’ont plus à assumer la responsabilité d’un employé fixe. L’entreprise se dirige directement vers l’agence d’intérim qui lui fournit des travailleurs, parfois même avec des contrat à la journée! Vous n’avez plus besoin de travailleurs? Licenciez-les sans en subir les conséquences. Certains intérimaires travaillent depuis plus de 3 ans pour le même patron, ils fournissent à ce patron toute leur expérience, mais ne reçoivent ni la sécurité d’emploi, ni un salaire décent.

    Les Etats-Unis sont cités comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre le chômage. Le taux de chômage y serait très bas (entre 4 et 5 %). Ce que l’on ne raconte pas, c’est que la majorité des gens sont obligés de prendre un deuxième boulot après avoir fini le premier pour pouvoir s’en sortir. Ce modèle est en réalité un champ de bataille social. Pourtant, on voit que notre marché du travail évolue vers une croissance des contrats à temps partiel et des chèques-services, de plus en plus comme le système américain.

    Un argument trop souvent cité est le manque de formation. Quelle hypocrisie! Les entreprises exigent que les élèves qui quittent l’école soient formés pour un job spécifique dans l’entreprise. La subvention des écoles par ces entreprises, pour pouvoir utiliser ces jeunes une fois sortis de leurs études, n’est plus un phénomène exceptionnel depuis longtemps. Une fois que le jeune – spécialement formé – n’est plus utile pour l’entreprise, il est mis à la porte.

    Le patronat exige d’assainir le financement de l’éducation. Le raisonnement est toujours le même : les écoles doivent fournir des travailleurs formés, alors pourquoi organiser une formation large quand il s’agit d’emplois précaires ou de rester au chômage? La revendication du mouvement ouvrier comme quoi l’enseignement doit fournir une formation générale est un luxe qui doit être réservé aux enfants de la bourgeoisie. Voilà les pensées cyniques qui se cachent derrière les chiffres et les plaidoyers des chefs d’entreprises et de leurs organisations.

    La crise du capitalisme mène de plus en plus à la croissance du chômage et des emplois précaires à bas salaires. L’ironie est que cela renforce la position des capitalistes, parce qu’ils peuvent menacer les travailleurs avec l’argument que si ces derniers n’acceptent pas les conditions qu’on leur impose, il y en a d’autres qui accepteront de travailler aux conditions imposées.

    Le PSL/LSP défend un rétablissement complet de l’index et un salaire minimal de 1.500 euros net; dénonce le démantèlement de la sécu et « l’érosion » des contrats de travail. Nous nous opposons à chaque fermeture d’entreprise car, dans le cadre du système capitaliste, chaque fermeture mène au chômage et à la pauvreté. La seule revendication capable de commencer à résoudre le problème du chômage est l’introduction de la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires.

    3. Stop aux libéralisations et aux privatisations ! Renationalisation sous contrôle démocratique de la population!

    Dans les années ‘90, après la chute du Bloc de l’Est, l’idée selon laquelle le marché libre était le seul système viable a été largement diffusée. Tant la social-démocratie que les dirigeants syndicaux ont cru à cette fable et ont refusé de continuer à résister à l’offensive idéologique de la bourgeoisie. En utilisant l’unification européenne comme excuse, nos services publics ont été attaqués les uns après les autres, libéralisés et préparés à la concurrence privée. Au vu de la croissance plus lente de beaucoup d’autres secteurs – en conséquence de la crise de surproduction – le capital a cherché de nouveaux créneaux pour faire du profit.

    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs commencent à percevoir les conséquences de cette politique – ou à la sentir dans leur portefeuille ! On pense par exemple à l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique : "Test achat" a ainsi calculé que le prix pour un kilowattheure (kWh) chez Electrabel a augmenté de 50% entre janvier 2005 et décembre 2006.

    Peu après les élections de juin 2007, Electrabel a annoncé qu’elle augmenterait à nouveau ses prix de 13% à 20% ! Après d’énormes protestations, l’entreprise a donné l’impression qu’ils n’allaient finalement pas mettre en place cette décision. Mais en réalité, le CREG, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz, a publié un peu plus tard les résultats de sa recherche sur les augmentations des prix du gaz et de l’électricité. La commission a confirmé que, pour les particuliers, l’augmentation sera de 17% en 2008. Une famille moyenne va donc payer environ 172 euros de plus par an pour sa consommation d’énergie.

    Et ceci alors que, selon le VREG qui est le régulateur flamand des marchés du gaz et de l’électricité, le nombre de familles qui ne sont pas capables de payer leur facture d’énergie a augmenté pour atteindre 91.600 en 2006. Une augmentation de 50% par rapport a l’année passée ! Le nombre de « mauvais payeurs » en Flandre a donc atteint un niveau record en 2006. Déjà 4,5% des ménages flamands sont dépendants du tarif social pour leur électricité. Le VREG affirme, à propos de ce scandaleux bradage d’un besoin essentiel, que « Les clients sont seulement intéressants pour les fournisseurs s’ils rapportent quelque chose. Les mauvais payeurs sont donc mis plus vite à la porte par leurs fournisseurs. »

    Sur le marché du gaz, au début de la libéralisation, Electrabel a temporairement baissé ses prix pour attirer le plus de clients possible. Du moment que le marché a été divisé entre plusieurs concurrents, les prix ont augmenté assez vite pour assurer un maximum de profits pour les patrons et les gros actionnaires du secteur. C’est l’évolution naturelle à attendre de chaque forme de libéralisation et de privatisation d’un service public.

    Le PSL/LSP se demande pourquoi la collectivité n’a pas de contrôle sur le marché de l’énergie. Pourquoi le profit est-il central s’il s’agit de notre consommation d’énergie ? Le PSL/LSP exige l’abolition des 21% de TVA sur l’énergie, qui représente un besoin essentiel pour chaque famille et revendique un gel des prix de l’énergie comme première mesure dans le processus de mise sous contrôle démocratique de tout le secteur de l’énergie. C’est seulement sur cette base que seront pris en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles (y compris les besoins écologiques).

    La libéralisation et la privatisation signifient toujours un drame social concernant le nombre d’emplois et les conditions de travail. A La Poste, 9.000 des 35.000 emplois ont été supprimés ce qui équivaut à la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de voitures. Les travailleurs de La Poste qui sont restés ont été confrontés au système « géoroute » qui conduit à une augmentation perpétuelle de la charge de travail pour moins de personnel. Cela a mené, ces dernières années, à une vague de grèves spontanées dans de nombreux bureaux de poste à travers tout le pays. A quand un mouvement unifié pour jeter tout le plan « géoroute » à la poubelle et stopper net les pas « en avant » vers la libéralisation ?

    Au début des années ’90, 26.500 personnes travaillaient encore chez Belgacom alors que ce chiffre est descendu à 15.000 début 2007. Aujourd’hui, la direction veut encore éliminer 1.500 places. A la classe ouvrière de supporter drames sociaux et pertes d’emplois tandis que les profits exorbitants sont réservés aux patrons. En 2006, Belgacom a ainsi réalisé 6,1 milliards d’euros de profit. La même année, le top manager Didier Bellens a reçu 1,85 millions d’euros de salaire, en plus des 480.000 euros de dividendes pour ses actions. Il en avait d’ailleurs également vendu pour une valeur de 6 millions d’euros. Les ex-« services publics » sont de véritables « jackpots » pour les capitalistes. Et bien sûr, les libéraux, les sociaux-chrétiens et les sociaux-démocrates trouvent que ce genre de profits ne devraient surtout pas être attaquables. Pour eux, les profiteurs sont les chômeurs, dont il faut au plus vite suspendre les allocations ou limiter celles-ci dans le temps.

    Dans les chemins de fer, le transport de marchandises a déjà été libéralisé, et le transport de voyageurs est en train d’y être préparé. L’avenir en Belgique sera-t-il le même qu’en Grande-Bretagne ? Les divers accidents et autres misères qu’y ont connus les chemins de fer privatisés sont loin d’être des coïncidences pour l’opinion publique qui a, depuis, clairement changé d’opinion vis-à-vis de la privatisation. Aujourd’hui, la revendication de la renationalisation du secteur trouve de plus en plus d’échos en Grande-Bretagne, ce qui représente un sérieux changement par rapport aux années ’90.

    En Amérique Latine également, les ravages de la politique de privatisation ont provoqué un changement dans la conscience. Aujourd’hui, les « gouvernements de gauche » en Bolivie et au Venezuela sont mis sous pression pour nationaliser les richesses naturelles. Les pillages et les expropriations par les multinationales sont de moins en moins tolérés par les masses. Comme l’expliquait Engels, le compagnon de Marx, les nationalisations apparaissent déjà comme des «éléments de socialisme» qui s’imposent à la veille société en crise. Ils démontrent la faillite du capitalisme et du libre marché.

    Pendant que les gouvernements néolibéraux organisent la casse sociale, le nombre de personnes ayant besoin de services publics de qualité augmente de jour en jour. Par exemple, de nombreux parents qui travaillent ont un réel problème concernant la garde de leurs enfants. Ils seraient sans aucun doute enchantés d’avoir à disposition des crèches dignes de ce nom, et organisées par l’Etat.

    Chaque jour, des milliers d’ouvriers et d’employés vont au boulot en transport en commun. Quelqu’un est-il capable de nous expliquer pourquoi les transports en train, en tram et en bus sont de plus en plus chers ? Quelle est la logique derrière cela ? A Bruxelles, n’est-ce pas scandaleux de devoir payer 2 euros pour un ticket de la STIB si celui-ci n’a pas été acheté à l’avance à un guichet ? Est-ce comme cela que l’on pense pouvoir résoudre les problèmes des embouteillages ? Un gouvernement au service de la population rendrait directement tous les transports publics gratuits pour faire face au problème des embouteillages et à la pollution. Dans le secteur de transports, il existerait des règles beaucoup plus strictes pour éviter que la pression du travail – en réalité la pression des profits – n’impose à des chauffeurs fatigués de devoir prendre la route.

    Aujourd’hui, la destruction du système des soins de santé est une réalité flagrante et mène parfois à des situations dramatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les Belges doivent déjà payer eux-mêmes 33% de leurs coûts médicaux. L’OCDE estime ce pourcentage à 28%. Le sous-financement des hôpitaux devient une excuse pour les médecins pour commencer à organiser des consultations « personnalisées », pour lesquelles ceux qui paient le plus sont évidemment les plus vite servis. Les médecins sont rémunérés selon leurs prestations, ce qui favorise les abus.

    Le PSL/LSP veut mettre fin à la course aux profits dans l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et aux abus de la médecine de prestation. Nous sommes pour la création d’un service de soins de santé public et national, avec des statuts fixes – qui sont de plus en plus minés dans les hôpitaux publics – et des salaires décents pour tout le personnel. Selon nous, des éléments tels que le profit ou le prestige de certains individus ou de multinationales ne peuvent intervenir dans le secteur des soins de santé.

    L’argument invoqué en permanence pour la privatisation est le manque de "rentabilité" des services publics. Mais comment un service public peut-il être rentable ? Un service public a pour objectif de rendre un certain nombre de services le plus accessible possible pour chacun, qu’il soit riche ou pauvre.

    Une prestation de services est par définition non rentable parce qu’elle ne peut générer de bénéfice. Ce qu’on oublie, c’est que le droit à des services publics – tout comme à la sécurité sociale – a été arraché par la lutte dans l’objectif de pourvoir à certains besoins sociaux.

    En réalité, la libéralisation et la privatisation signifie la vente de nos services, avec moins d’emplois disponibles et des conditions de travail diminuées, pour nous faire payer doublement le prix. Ainsi le gouvernement économise-t-il sur les dépenses publiques, mais au détriment de qui ? Nous ne payons pas un centime de moins d’impôts, tandis que les managers de nos ex-services publics s’en mettent plein les poches !

    Le PSL/LSP lutte contre la privatisation, pour la gratuité des transports publics, des soins de santé, de la distribution postale et de la collecte des déchets, parce que tous ces services doivent être accessibles a tout le monde, quelque soit l’âge, la situation professionnelle, le sexe,…

    L’argument selon lequel un service public fonctionne mal par définition est largement répandu dans les consciences. Les services publics ont toujours été victimes de ragots. Ils seraient "inefficaces", "bureaucratiques", "tout sauf ponctuels", etc. Et, au contraire, dans le privé, tout marche évidemment à merveille.

    Cette image est complètement fausse. Il y a toujours eu trop peu d’argent disponible pour les services publics, et ce même dans les "golden sixties". Mais même avec suffisamment d’argent, le problème n’est pas totalement résolu. Pour qu’un service fonctionne le plus efficacement possible, la participation de tous ceux qui l’utilisent ou y travaillent est également nécessaire.

    Par exemple, les chemins de fer seraient bien plus efficaces et accessibles en impliquant les travailleurs et les voyageurs dans le fonctionnement du service. Cela permettrait à beaucoup de travailleurs de laisser leur voiture chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail en prévoyant suffisamment de correspondances aux heures opportunes. Ces services seraient gratuits et donc accessibles a tous. Les points de départ du PSL/LSP sont l’efficacité et l’accessibilité pour tous, et non pas la logique de privatisation pour le profit de quelques-uns.

    4. Et la concurrence alors ? Qui va payer tout cela ? Il n’y a pas d’argent pour cela ? Les patrons ne vont jamais l’autoriser…

    Une citation des ouvriers des Forges de Clabecq, à l’époque de leur lutte dans les années ’90 pour le maintien de leur usine : « Si tu mets une pile de briques sur le sol, elles ne vont pas se mettre l’une sur l’autre d’elles-mêmes pour former un mur une maison. C’est pour cela que l’intervention humaine est nécessaire. C’est le travail qui génère la richesse. ». Des richesses, il y en a assez. La question est : qui en bénéficie ?

    Si nous regardons à quel point la productivité a augmenté durant les dernières décennies, il apparaît que la durée du travail n’a pas augmenté aussi vite. Si c’était le cas, nous ne travaillerions qu’une paire d’heures par jour. Tous les profits que les patrons ont amassés, ils les ont gardés dans leurs poches.

    Pour résoudre le chômage, le travail disponible doit être partagé entre tous les travailleurs disponibles. Cela déterminera la durée hebdomadaire du travail, qui pourra ainsi être fortement diminuée. Mais attention, nous voulons que le salaire soit totalement conservé, car nous y avons droit.

    Naturellement, le patronat et le gouvernement vont refuser, car cela signifierait qu’une grosse partie de leurs profits leur échapperaient. Cela signifierait aussi que leur position concurrentielle serait menacée. Mais la concurrence est aussi vieille que le capitalisme. Les travailleurs doivent-ils tout avaler pour être « concurrentiels » ? Si on pousse la logique à l’extrême, cela peut être lourd de conséquences. Cela signifierait que nous devrons accepter à terme les mêmes salaires que les ouvriers chinois ou indiens surexploités.

    Si les travailleurs et leurs organisations avaient suivi le même raisonnement au début du 20e siècle, nous serions encore en train de travailler 12, 13 ou 14 heures par jour au lieu de 8. Lorsque la classe ouvrière a fait pression pour la journée des huit heures, après la 1ère guerre mondiale, il n’était pas question de pertes de salaire.

    Au lieu de partir de la question « Qu’est-ce qui est supportable et réaliste pour les entreprises », nous préférons nous demander « Qu’est-ce qui est nécessaire pour les travailleurs ». Nous trouvons simplement logique que la richesse produite par les travailleurs serve à subvenir à leurs besoins.

    5. Pour un syndicat combatif !

    Une des conditions pour atteindre les objectifs ci-dessus, c’est que les travailleurs puissent compter sur des organisations, tant sur le plan politique que syndical, avec lesquelles pouvoir mener le combat pour ces revendications.

    C’est certain, une bataille sera nécessaire à l’intérieur des syndicats, pour remettre en avant le syndicalisme de combat. Le modèle de négociation par lequel la direction des syndicats essaye de convaincre le patronat a échoué. La force des syndicats réside dans leur capacité à mobiliser les travailleurs dans la défense de leurs intérêts immédiats, comme l’histoire l’a démontré à mainte reprises.

    C’est de cela que les patrons ont peur. Au contraire, si le patron sait que la direction syndicale est prête à accepter un petit accord, il n’a aucune raison de faire des concessions. Si par contre, il comprend que le syndicat est prêt à se dresser comme un seul homme pour défendre les intérêts des travailleurs, il réagira de façon plus prudente. Ce qui importe, c’est que les travailleurs se lancent avec un peu plus de confiance dans la lutte, en sachant qu’ils ont la possibilité d’y gagner quelque chose.

    Les syndicats ne servent pas à aider les patrons dans leurs « restructurations », ils servent à défendre les intérêts des travailleurs. A la place du syndicalisme de concertation, nous défendons le syndicalisme de combat. Nous soutiendrons chaque lutte dans ce sens. Il est crucial de se battre pour chaque emploi et pour le maintien de tous les acquis.

    Un nouveau parti des travailleurs devra aussi organiser une aile gauche combative à l’intérieur des syndicats pour offrir une alternative à la « stratégie » d’enterrement des mouvements de lutte des directions syndicales. C’est la principale raison pour laquelle beaucoup de travailleurs sont aujourd’hui cyniques par rapport au rôle des syndicats. C’est aussi pour cette raison que les militants syndicaux ont du mal à convaincre les jeunes de s’engager dans un travail syndical.

    Pensons par exemple à l’arrêt du mouvement contre le Pacte des Générations en 2005. Au cours de cette lutte, la base a été « consultée », dans le meilleur des cas, au cours d’assemblées régionales sans avoir la possibilité de décider réellement. Le mouvement a été stoppé arbitrairement par la direction de la FGTB et de la CSC. Pourquoi les militants ne pourraient-ils pas décider eux-mêmes de la fin ou non d’un mouvement ? Nous avons besoin d’une réelle démocratie syndicale, fondée sur une base active et impliquée qui peut décider elle-même du déroulement de la lutte par des votes démocratiques. La force de la classe ouvrière est potentiellement présente mais nous avons besoin de leaders syndicaux qui osent utiliser leur force pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions, etc. Et qui puissent concilier ce combat quotidien avec la recherche d’une autre société.

    6. Appel pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs

    Mais la classe ouvrière a aussi besoin d’un parti capable de traduire cette stratégie politiquement. Il est clair que le PS et le SP.a sont toujours considérés par une majorité de travailleurs comme « leurs » partis. Mais ces partis ne sont plus prêts à mener la lutte.

    Au contraire, ils sont devenus parmi les meilleurs exécutants des politiques d’austérité. Leur participation aux gouvernements durant de nombreuses années – ainsi que la désorientation et la démoralisation qui ont suivi la chute des régimes dits « socialistes » avec comme conséquence le triomphe des dogmes du libre marché – ont totalement corrompu ces partis.

    Si nous voulons une traduction politique de nos revendications de travailleurs, nous devons en conséquence construire un nouveau parti, mais nous savons qu’un tel parti ne tombera pas du ciel. Comme le dit l’adage populaire, Rome ne s’est pas construite en un jour. Celui qui n’est pas prêt à se retrousser les manches pour franchir les premières étapes vers un nouveau parti oublie que le Parti Ouvrier Belge (POB, l’ancêtre du PS) n’est pas apparu du jour au lendemain.

    Nous sommes conscients qu’un tel nouveau parti des travailleurs ne sera vraiment viable que s’il est soutenu par une partie importante du mouvement ouvrier, et en particulier par des fractions syndicales, sur base d’expériences de mouvements et de luttes massives. Mais si nous devons attendre les directions syndicales, cela peut encore durer longtemps. C’est seulement s’il y a suffisamment de pression de la base que les meilleurs d’entre eux seront prêts à se mettre en avant.

    Ce parti doit être ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre la casse sociale. Des discussions libres doivent être ouvertes pour les différents courants, syndicats, groupes d’actions,… qui veulent défendre leurs points de vue propres. Ce parti doit se battre contre chaque division des travailleurs, que ce soit sur base de la nationalité, de la race, du sexe, ou de la religion. Les seuls qui trouvent un intérêt quelconque dans ces divisions sont les patrons et leur système. Tous ensembles, nous sommes forts et, en luttant pour des droits égaux pour tous, nous renforcerons cette unité.

    Ce parti large doit aussi lier la lutte contre l’exploitation de tous les ouvriers, y compris ceux du monde néo-colonial. Les intérêts des travailleurs des autres pays sont souvent présentés comme étant opposés aux intérêts des travailleurs d’ici, mais c’est là une tentative de briser la lutte internationale. Les travailleurs de VW Forest auraient certainement été plus forts dans leur combat contre la restructuration s’ils avaient été capables de convaincre leurs collègues des autres sites VW de mener une lutte efficace à l’échelle internationale contre la fermeture. Mais la lutte internationale ne peut pas être une excuse pour ne pas mener le combat dans son propre pays. Les deux sont indissociablement liés.

    Un nouveau parti des travailleurs doit respecter le droit à l’autodétermination des Flamands, des Wallons et des Bruxellois, sans tomber dans le piège de ceux qui veulent affaiblir les travailleurs par la surenchère communautaire. Le PSL/LSP estime que chaque peuple doit avoir le droit de prendre ses propres décisions. Si un peuple veut vivre avec un autre peuple dans le cadre d’un Etat national, cela doit être possible. Mais sur un pied d’égalité et sur une base complètement libre.

    Être obligés de vivre dans un Etat où une partie de la population a moins de droits que l’autre, cela ne peut mener qu’à des situations désastreuses. Nous sommes par conséquent pour toutes les facilités susceptibles de mettre un terme aux sentiments d’oppression nationale. Donc également pour les facilités linguistiques.

    Beaucoup d’Etats capitalistes sont basés sur l’oppression de peuples ou de groupes de population. La Belgique a sur ce plan une mauvaise réputation. Les Flamands ont ainsi été empêchés durant 100 ans d’aller à l’école dans leur propre langue. Toute l’administration était francophone. Il était donc facile d’affaiblir les travailleurs en les divisant sur une base linguistique. On pouvait par exemple lire dans le journal wallon « Les Nouvelles », du 25 octobre 1904 : « Les Flamands de La Louvière ont reçu hier leur salaire et l’ont directement dépensé pour se saoûler et provoquer des bagarres pendant toute la nuit. Il faut relever qu’à chaque fois que des telles bagarres générales se déroulent à La Louvière, on y trouve des Flamands qui jouent avec des couteaux ».

    Entre temps, l’image s’est transformée. Selon le modèle propagé aujourd’hui, le Flamand est le travailleur courageux, le Wallon le profiteur et l’immigré celui qui sort son couteau. Fondamentalement, c’est toujours la même rengaine : les patrons empochent les profits tandis qu’ils dressent les travailleurs les uns contre les autres. C’est surtout la sécurité sociale qui constitue une épine dans le pied des patrons et du gouvernement. En brandissant la menace d’une scission, ils font du chantage sur les travailleurs wallons et, en même temps, ils nourrissent la Flandre de l’illusion que cela serait bon « pour tous les Flamands ».

    Les seuls qui tireraient avantage de la scission de la sécurité sociale sont les patrons, aussi bien les Wallons que les Flamands. Ils feraient pression sur nos salaires, nos pensions, nos pécules de vacances et nos prestations de santé en menaçant de déménager vers l’autre région. Aucun travailleur n’y a intérêt, ni les Wallons, ni les Flamands, ni les immigrés. Seuls les patrons y gagneraient.

    Un tel parti devrait agir pour la nationalisation des secteurs les plus importants de l’économie, sous contrôle ouvrier, car aux mains du privé, ces secteurs ne servent qu’à générer des profits pour les patrons et leurs actionnaires (banques, investisseurs, etc.).

    La seule manière pour que la population puisse profiter des revenus et/ou des services de ces secteurs (énergie, transport, banques…) est de les nationaliser. Mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Dans les mains de l’Etat actuel, qui n’est ni plus ni moins qu’une marionnette aux ordres de la classe capitaliste, ces services devraient toujours être rentables et ne pas trop coûter à l’Etat. La même argumentation est actuellement utilisée pour privatiser les entreprises publiques.

    La participation et le contrôle des travailleurs et de leurs familles dans et sur la politique sont essentiels. En tant qu’utilisateurs et qu’employés, ils savent mieux que quiconque où se situent les déficiences et quelle est la meilleure manière d’y remédier.

    7. Révolution

    Au regard du fait que les multinationales travaillent main dans la main avec les régimes les plus sanguinaires ; que des guerres sont menées pour le pétrole en faisant des milliers et des milliers de victimes innocentes ; que ces multinationales dressent des populations entières les unes contre les autres pour qu’elles finissent, à la longue, par s’entretuer ; qu’elles préfèrent encore laisser les gens mourir de faim plutôt que de toucher à leurs profits et qu’au besoin l’armée choisit la solution militaire, il est clair que ce programme ne peut être atteint autrement que par une lutte résolue.

    Bien plus, pour avoir la possibilité de pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on veut faire de la richesse produite, un mouvement déterminé des travailleurs sera nécessaire pour arracher le pouvoir des mains de la petite minorité des capitalistes.

    Beaucoup feront remarquer que cette minorité est très puissante, car elle dispose de tous les instruments nécessaires pour maintenir les gens sous contrôle. Elle utilise tous les canaux pour diffuser son idéologie, comme l’enseignement, les médias,… afin de faire croire aux gens que le système capitaliste est le seul système qui peut fonctionner.

    Et si ce n’est pas suffisant, elle contrôle encore la police, l’armée et la justice pour faire respecter les lois capitalistes par la force. Les tentatives visant à briser le droit de grève se situent complètement dans cette logique, tout comme la tentative d’exercer un contrôle policier plus sévère au travers d’un appareil policier unifié. Comme nous le voyons à chaque grève, la justice et la police ne sont pas de notre côté.

    Mais cela ne peut pas nous arrêter. C’est le rapport de forces qui sera déterminant. Une classe ouvrière convaincue, dont le noyau le plus dynamique est décidé à ne plus se laisser berner, et déterminée à prendre le pouvoir ne peut pas être arrêtée, même par mille armées.

    Nous devons tenir compte du fait que le capitalisme en crise est continuellement pendu à un fil. Si le système ne parvient plus à convaincre dans ses propres rangs, ce qui est souvent le cas lors d’une révolution, alors il est pour ainsi dire mort.

    Le meilleur exemple est celui de la révolution russe, mais aussi de Mai 68 en France, ou plus récemment les révolutions en Serbie, Géorgie, Ukraine, etc. Ces révolutions ont montré comment une classe dirigeante peut perdre prise sur ses propres troupes face à un mouvement de masse qui se développe. On peut encore parler de la radicalisation énorme en œuvre en Amérique Latine avec les mouvements de masse au Mexique, en Bolivie et dans beaucoup d’autres pays ainsi qu’avec le processus révolutionnaire qui se déroule au Venezuela. Selon nous, c’est un avant-goût des mouvements révolutionnaires qui vont se développer en Europe et dans le monde industrialisé.

    Ce qui a manqué dans beaucoup de ces exemples, c’est une organisation prête à mener le combat contre l’impérialisme jusqu’au bout, en faisant clairement le choix d’un autre type de société. C’est à la construction d’une telle organisation que travaille le PSL/LSP.

    8. Que sera le nouveau système ? Cela ne va-t-il pas dégénérer de la même manière qu’en Russie ?

    Pour éviter une situation où l’élite bureaucratique tire tous les avantages vers elle et rend impossible toute participation démocratique comme cela a été le cas dans l’ancien Bloc de l’Est, nous devons veiller à ce que le système et son économie fonctionnent pour satisfaire les besoins réels de la population.

    La discussion sur le stalinisme n’est pas seulement une discussion historique. Nous ne pouvons pas simplement dire que des « fautes » ont été commises dans l’ancienne Union Soviétique. Trotsky et ses partisans sont les seuls à avoir expliqué l’avènement d’une élite bureaucratique en Russie sur base d’une analyse marxiste. Le stalinisme était la conséquence de l’isolement de la révolution dans un pays arriéré sur le plan industriel et culturel. Trotsky a laissé deux possibilités ouvertes : soit la nouvelle élite régnante était chassée par une révolution politique qui aurait préservé l’économie planifiée, mais qui aurait réinstallé les soviets (ou démocratie des conseils), soit la bureaucratie se réformerait d’elle-même pour devenir une nouvelle classe capitaliste, lorsque l’économie bureaucratiquement planifiée arriverait à bout de souffle. C’est malheureusement cette deuxième possibilité qui s’est produite. Une économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière tout comme le corps humain a besoin d’oxygène.

    Le Socialisme suppose un système dans lequel le plus possible de travailleurs, ainsi que leurs familles, puissent participer et exercer un contrôle sur les prises de décision et ce tant sur le plan économique et social que politique. Un plan de production démocratiquement établi et contrôlé par des conseils composés de représentants des travailleurs, des syndicats nationaux et de la population dans son ensemble doit pouvoir faire une estimation correcte de ce qui est nécessaire et prioritaire. Chaque décision doit ensuite pouvoir être évaluée.

    Mais que se passera-t-il avec ceux qui seront au pouvoir ? N’est-il pas exact de dire que le pouvoir corrompt ? Si être au pouvoir signifie pouvoir rester à son poste sans aucun contrôle de la collectivité, cela pose effectivement un problème.

    Ce que nous défendons au contraire, et que nous mettons déjà en pratique dans notre organisation, c’est que chaque fonctionnaire doit être élu mais aussi révocable à tout moment, au cas où il n’a plus la confiance de ses électeurs. De même, il ne doit pas disposer d’un salaire plus élevé que la moyenne des travailleurs qu’il représente.

    La situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle les parlementaires touchent des milliers d’euros par mois fait en sorte que ceux qui nous représentent vivent bien loin de notre réalité. Comment peuvent-ils savoir quels sont nos besoins ? Ils ne vivent pas dans les quartiers ouvriers, ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, ils ne savent pas ce que c’est que d’arriver péniblement à payer toutes ses factures chaque mois, etc.

    Joe Higgins, jusqu’il y a peu notre parlementaire en Irlande, mais aussi nos parlementaires à l’intérieur du Labour Party dans les années ’80, ne gardaient comme salaire que l’équivalent d’un salaire moyen. Tout le reste était consacré aux campagnes et aux luttes des travailleurs, et non à la construction d’une villa dans le sud de la France…

    9. Pour le socialisme et l’internationalisme !

    Si les travailleurs d’une entreprise se mettent en grève, le patron fera tout pour briser cette grève. Il va proposer un accord aux leaders syndicaux, essayer par tous les moyens d’isoler le noyau dur de la grève et faire appel aux gardes de l’entreprise ou à la police et aux tribunaux pour briser les piquets.

    Il essayera, si la grève dure trop longtemps, de compenser ailleurs les pertes de production, si possible dans une société sœur à l’intérieur ou à l’extérieur du pays mais, s’il le faut, chez la concurrence. En d’autres mots, le capitaliste fera appel à sa classe, à ses représentants politiques, aux médias, et à l’appareil de répression pour briser la grève.

    A l’ère de la production internationale et des flux financiers mondiaux, le capitaliste fera de plus en plus appel à la « solidarité » des patrons à travers les frontières. Les travailleurs doivent en tirer les leçons. Ils doivent aussi faire appel à leur classe pour faire triompher leur lutte. Ils doivent aussi, et plus que jamais, s’appuyer sur leurs collègues à l’étranger.

    Aucune lutte n’éclate partout en même temps, chaque lutte commence quelque part. Les chances de réussite augmentent à mesure que la lutte s’élargit. Cela vaut pour les grèves, pour les mouvements de désobéissance civile, pour les marches de protestation… mais aussi pour la révolte et la révolution.

    Même une révolution socialiste éclate à une échelle nationale, mais sa réussite finale est déterminée par les événements internationaux. La solidarité a une importance majeure, mais avec un soutien moral ou même des collectes, etc. on ne remporte pas une victoire. C’est pour cela que le soutien actif des travailleurs d’autres entreprises, secteurs et pays et un élément d’importance cruciale. La révolution va donc débuter sur un plan local, mais sans élargissement national et international, elle est condamnée à l’échec. La démocratie ouvrière et la planification socialiste ne peuvent pas être limitées à un seul pays, comme cela a été démontré en Russie. L’isolement de la Russie soviétique a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    La Révolution russe, la seule dans laquelle la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir pendant une courte période, a été l’événement le plus important de l’histoire. L’expérience n’a été que partiellement réussie, mais nous pouvons en tirer des leçons énormes et entre autres que nous devons nous organiser au niveau international, dans le cadre d’un parti mondial. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Le CIO est actif sur tous les continents. Nous avons des sections aux États-Unis, mais aussi au Chili, au Brésil et au Venezuela. En Afrique, nous sommes présents au Nigeria et en Afrique du Sud. En Asie, nous avons des sections au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Kazakhstan et au Japon.

    En Europe, nous sommes présents en Belgique, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Écosse, en Irlande (Nord et Sud), en Autriche, en Tchéquie, en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Italie, en Grèce, à Chypre, en Espagne et en France. Au Moyen-Orient, nous avons des sections en Israël et en Palestine et des sympathisants au Liban. Le CIO a aussi une section en Australie. Le PSL/LSP voit donc sa lutte en Belgique dans le cadre de la lutte des travailleurs du monde entier, pour une société socialiste.

  • IV. NOTRE FONCTIONNEMENT INTERNE

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – III. Notre programme

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    Le point de départ de notre parti n’est pas notre structure organisationnelle, mais nos idées. Nous nous battons et nous recherchons un soutien pour ces idées et pour notre programme parce que nous sommes persuadés qu’ils constituent nos meilleures armes dans la lutte contre les attaques des capitalistes sur nos conditions de travail et de vie et pour pouvoir changer de société.

    Mais les idées ont besoin d’une organisation pour pouvoir devenir une force sociale. Nos structures ont pour objectif de constituer une organisation efficace et consciente ayant pour but la réalisation de notre programme.

    L’unité de base du PSL/LSP est la section locale. C’est par le biais de la section que le parti communique et qu’il obtient une image concrète, dans son ensemble, de l’atmosphère et de la conscience présente dans la société et dans les différentes couches de la classe ouvrière à un moment donné. La section locale réunit les membres qui sont actifs dans différents domaines – à l’école, à l’université, sur leur lieu de travail, dans les comités de quartiers,… – et élabore une stratégie sur la manière de développer le parti dans un quartier ou une ville.

    L’engagement de chaque membre auprès de sa section est donc très important. Il veille à ce que chacun acquière l’expérience et la formation nécessaires, dans la théorie comme dans la pratique. Il veille aussi à ce que le parti puisse, à tout moment, par le biais de ses membres, faire une évaluation de la lutte des classes et puisse prendre les initiatives appropriées.

    Ce sont les sections qui élisent les délégués pour les Congrès nationaux et les Conférences nationales où les perspectives, le programme et les priorités du PSL/LSP sont discutés et décidés et où une direction nationale est élue.

    Cette direction a pour tâche de centraliser l’expérience de tout le parti et, sur base de cette expérience, de donner une orientation au parti et, par le biais du parti, à la lutte de la classe ouvrière, avec laquelle le parti reste organiquement liée grâce à ses membres.

    Dans la mesure du possible, il est demandé à chaque membre de participer activement à sa réunion de section hebdomadaire, de vendre le journal du parti (l’Alternative Socialiste), de l’utiliser comme un moyen pour introduire nos idées et nos slogans dans la société et de faire une contribution financière mensuelle, une cotisation, dont le montant dépend de la situation et des possibilités de chacun.

    L’organisation d’une section comprend différentes tâches, de la présidence à la trésorerie, en passant par la responsabilité du travail jeune voire le suivi du travail syndical, selon la composition sociale de la section. La force et l’énergie d’une section ne sont pas seulement déterminées par le nombre de membres qui la compose. Le nombre de camarades qui participent activement aux tâches de la section est également très important. Si un seul camarade est responsable de chaque aspect du fonctionnement – la convocation des membres, les campagnes de récolte du fonds de lutte, la formation politique,… – cela réduit considérablement le fonctionnement et les possibilités.

    C’est en impliquant chaque membre au maximum que nous serons en mesure de convaincre le plus de monde possible de notre programme. Sur base de perspectives et d’un programme corrects, des interventions actives dans la lutte des classes et de la volonté de se battre pour nos idées, nous voulons, dans la pratique, gagner la confiance des couches les plus combatives et les plus conscientes de la classe ouvrière. Notre capital est constitué de membres formés et combatifs ayant une implantation dans la classe ouvrière.

    Les statuts

    Le PSL/LSP travaille selon les principes du centralisme démocratique. Cela signifie un processus décisionnel aussi démocratique que possible et une exécution centrale des décisions. Cela exige un engagement aussi grand que possible des membres lors de toutes les activités du parti et une centralisation de cette expérience dans les structures nationales du parti. Ces structures nationales sont, à leur tour, indispensables pour donner, sur base de cette expérience accumulée, une direction politique et organisationnelle à tout le parti. Réagir comme un seul homme – une seule femme – cela peut transformer une bonne idée en une arme redoutable dans la lutte pour le renversement de la société capitaliste.

    Ci-dessous sont retranscrits les statuts du PSL/LSP. Des statuts ne sont évidemment pas une garantie suffisante du fonctionnement démocratique d’une organisation. Les circonstances matérielles dans lesquelles cette organisation doit travailler, les traditions du mouvement ouvrier et la formation des militants sont beaucoup plus importants que les statuts, qui doivent donc être considérés au maximum comme un outil.

    En réalité, ils reflètent la forme d’organisation la plus appropriée à un moment donné et sont donc, en ce sens, plutôt un instantané qu’un principe à appliquer indéfiniment. Il va de soi que le fonctionnement en tant que parti socialiste révolutionnaire dans une "démocratie" parlementaire exige d’autres structures organisationnelles que le fonctionnement sous une dictature militaire. Aucune structure ne pouvant prévoir tous les développements possibles, nous ne pouvons qu’essayer d’agir au maximum de la manière politique la plus correcte possible.

    De plus, l’utilisation des statuts et règlements sont limités à leur minimum absolu, c’est-à-dire à ces situations dans lesquelles nous ne réussissons pas, via la discussion politique collective, à arriver à un même avis, quand nous sommes obligés de prendre une décision à la majorité pour pouvoir agir efficacement. Les statuts doivent offrir une méthode de travail avec laquelle il est possible, malgré les désaccords, de mener campagne collectivement.

    Ci-dessous sont également retranscrits les statuts du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Le PSL/LSP a approuvé ces statuts. La lutte pour le socialisme peut bien commencer sur le plan national, elle finira inévitablement dans l’arène internationale. Nous sommes persuadés que seul un "parti mondial", comme le Comité pour une Internationale Ouvrière veut le construire, constitue un instrument efficace contre le capital international.

    Les statuts du PSL/LSP doivent donc être lus en relation avec ceux du CIO.

    Statuts du PSL/LSP

    But et principes

    1. Le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij est une organisation révolutionnaire qui se base sur la classe ouvrière avec laquelle elle lutte pour l’instauration d’une société socialiste, où les travailleurs seront au pouvoir, en Belgique et dans le monde. Pour écraser l’Etat bourgeois et le remplacer par un État ouvrier démocratique, pour nationaliser les moyens de production, la classe ouvrière a besoin d’un parti révolutionnaire de masse.

    2. Le PSL/LSP est pour la lutte, la solidarité et le socialisme et vise à faire partager ces idées à la classe ouvrière et à ses organisations de masse politiques et syndicales.

    3. Le PSL/LSP est pour la plus grande unité possible des travailleurs: tout effort de la bourgeoisie et de la bureaucratie pour diviser la classe ouvrière selon le nationalisme, la race, la langue, le sexe ou de quoi que ce soit, représente un poison, mortel qui doit être tué dans l’œuf par les marxistes. Sur la base des droits égaux pour tous, nous défendons les droits démocratiques de la classe ouvrière contre la répression de l’État capitaliste.

    4. Le PSL/LSP défend le point de vue selon lequel la question nationale en Belgique ne peut être résolue qu’à partir d’une transformation socialiste de la société. Ce n’est que sur cette base qu’il est possible de réaliser les aspirations démocratiques et économiques de chaque minorité et d’établir une base pour vivre ensemble de manière égalitaire et volontaire.

    5. Le PSL/LSP se fonde sur les idées du marxisme: la lutte pour le socialisme est une lutte internationale, qui ne peut être menée jusqu’au bout que par la classe ouvrière. Nous sommes pour une fédération socialiste mondiale. C’est seulement sur cette base que les richesses du monde pourront être utilisées pour satisfaire les besoins de chacun. Cette sécurité matérielle permettra à chacun de développer de manière optimale toutes ses potentialités.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière – CIO/CWI

    6. Le PSL/LSP est la section belge du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) et oeuvre avec les autres sections à la construction d’une nouvelle internationale socialiste révolutionnaire.

    Principes d’organisation

    Le Congrès National

    7. Le congrès national est convoqué au minimum une fois tous les deux ans et est composé de délégués élus par les sections selon les modalités définies par le Comité National. Le Comité National peut organiser entre deux Congrès Nationaux des Conférences Nationales pour discuter avec les membres sur un aspect déterminé de la situation politique ou du travail

    8. Pendant la période de discussion ouverte pour le Congrès National, le Comité National édite un bulletin interne de discussion ouvert à toutes les contributions. Les modalités pratiques telles que le délai de rentrée des textes et le nombre de pages maximum est réglé par le Comité National lors du lancement de la discussion.

    9. Le Congrès National est l’organe souverain du PSL/LSP. Le Comité National sortant est dissout automatiquement par l’ouverture du Congrès National. Celui-ci organise ses travaux. Le Congrès national élit le Comité National, une Commission de contrôle et une Commission de contrôle financier. A la fin des travaux du Congrès National, celui-ci est dissout par un vote.

    10. A chaque instant, le Comité National peut convoquer un congrès extraordinaire qui a l’autorité d’un congrès statutaire.

    11. A la demande d’un tiers des membres du Comité National ou d’un quart des sections, le Comité National doit, dans les trois mois de la requête, organiser un Congrès extraordinaire.

    Le Comité National

    12. Le Comité National est élu par le Congrès National selon les modalités élaborées au Congrès National même sur base des principes du centralisme démocratique. A part les membres effectifs, on peut aussi élire des candidats membres avec voix consultative. Entre deux Congrès, le Comité National a l’autorité du Congrès National. Il est responsable de la direction politique et du développement de l’organisation au niveau national.

    13. Le Comité National a le droit de coopter avec une majorité simple de nouveaux membres au Comité National. Le nombre est limité à un maximum d’un tiers du nombre des effectifs. Le Bureau Exécutif peut inviter des camarades au Comité National quand le Comité National l’accepte et au moment de la présentation de l’ordre du jour.

    14. Entre deux Congrès Nationaux, le Comité National peut créer des groupes de travail ou commissions non élus qui peuvent contribuer au travail du PSL/LSP. Ces organes travaillent sous l’autorité du Comité National et doivent s’y rapporter. (Il y a aujourd’hui, entre-autres, un comité de rédaction, une commission femme, un comité jeune et des groupes syndicaux actifs, ceux-ci peuvent cependant à l’avenir être complétés ou partiellement remplacé par de nouveaux organes).

    15. Le Comité National élit en son sein un Bureau Exécutif. Entre deux réunions du Comité national, le Bureau Exécutif a l’autorité du Comité National.

    16. Chaque membre du Bureau Exécutif a une tâche bien définie par celui-ci.

    La Section

    17. La structure de base du PSL/LSP est la section, constituée au minimum de trois membres sur base géographique. Tout membre participe à sa section et applique les décisions de celle-ci. La section dirige le travail de ses membres. Toute création d’une nouvelle section, toute division d’une section devenue trop grande ou toute dissolution de section est décidée par l’instance supérieure: le Bureau de District ou à défaut le Bureau Exécutif.

    18. Chaque section se réunit de façon hebdomadaire. Elle détermine en son sein les responsabilités. Elle applique les décisions des instances supérieures et développe une activité politique sur son terrain d’intervention. A la demande d’un tiers des membres, le responsable de section doit convoquer une réunion de section dans les deux semaines.

    19. Est membre celui ou celle qui accepte les buts, les principes de base et les statuts du PSL/LSP, qui paie des cotisations et travaille sous la direction de ses instances officielles.

    20. L’adhésion se fait par la section. Tout recrutement est ratifié par le bureau de district ou à défaut par le Bureau Exécutif.

    21. Chaque membre paie une cotisation mensuelle. Le Congrès National fixe un objectif mensuel moyen selon le revenu. Sur base de cet objectif le trésorier local aura une discussion régulière sur la situation personnelle du membre pour fixer un montant concret. Le PSL/LSP applique des devoirs financiers vis- à-vis du CIO selon les décisions des instances du CIO.

    Le District

    22. Le Comité National peut décider de grouper dans un District un groupe de sections sur base géographique. Le Congrès de District est convoqué par le Comité de District et se réunit au moins une fois tous les deux ans. A ce Congrès de District, un Comité de District est élu sur base d’une discussion politique sur les perspectives et les objectifs. Le Comité de District peut élire un Bureau de District qui aura l’autorité du Comité de District entre deux réunions. Le Comité de District et le Bureau de District travaillent selon le cadre tracé par les structures nationales élues.

    La Commission de contrôle

    23. Le Congrès National élit une Commission de contrôle composée de trois membres ne faisant pas partie du Comité National. La Commission de contrôle doit examiner toute plainte ou soupçon sérieux et, sur base de cette enquête, remettre un avis au Comité National ou au Congrès National. La Commission de contrôle ne prend aucune décision et informe le Comité National de toutes ses activités.

    Principes de fonctionnement

    24. Le régime intérieur du PSL/LSP à l’échelle nationale, régionale et locale est régi par les principes et la pratique du centralisme démocratique. Représentant le maximum de démocratie possible dans la discussion intérieure pour l’élaboration d’une ligne politique, et la discipline la plus ferme dans l’application de cette ligne, après qu’elle ait été déterminée, il comprend la procédure suivante:

    • a) l’élection de toutes les instances de direction par des assemblées et congrès appropriés, avec la réélection périodique statutaire, et la possibilité de démettre des instances à tout moment par les instances qui les ont élues. Des rapports périodiques de ces instances à leurs mandataires;
    • b) l’interdiction des mandats impératifs;
    • c) le caractère strictement obligatoire des décisions des instances supérieures par les instances inférieures; l’exécution immédiate des décisions, mais avec un droit d’appel aux instances supérieures, ces appels ne justifiant pas un retard dans l’exécution des directives;
    • d) la prise de décision de chaque instance par la majorité simple et pour autant que le quorum soit atteint.
    • e) Tant qu’il satisfait aux conditions pour être membre, tout membre a le droit de faire connaître des opinions différentes à l’intérieur des structures de PSL/LSP, aussi bien oralement que par écrit. Ceci inclut le droit d’utiliser le bulletin interne. Des tendances et des fractions peuvent, à leur demande, être reconnues par le Comité National. Ce ne peut pas être fait à la légère. Cela ne peut se faire que sur base d’une plate-forme écrite, autour de divergences importantes et après une période de discussion orale et écrite pour éclaircir les divergences.
    • f) La minorité doit appliquer de façon disciplinée les décisions majoritaires, mais a le droit inaliénable de se positionner en tant que groupe, de s’organiser en tendance ou même en fraction sur base d’une plateforme écrite, et de disposer des droits démocratiques tels que: – présenter ses positions à toute l’organisation dans un bulletin intérieur pendant la période de discussion dans l’organisation; – avoir la possibilité sur le plan national d’intervenir dans les discussions préparatoires au Congrès après consultation préalable du Comité National; – être représentées au Comité National en ce qui concerne les tendances et les fractions.
    • g) le droit pour les membres ayant à répondre à une sanction disciplinaire de prendre connaissance à l’avance des accusations portées contre eux et de présenter leur défense;
    • h) une information aussi complète que possible sur les développements et les activités de l’Internationale,
    • i) aucun permanent ni aucun membre titulaire d’un mandat public ne peut disposer d’un salaire supérieur à celui d’un travailleur moyen qualifié. L’organisation décide de l’utilisation des indemnités résultant d’un mandat.

    Sanctions

    25. Tout membre qui ne répond plus aux conditions minimales (être actif, soutenir financièrement) depuis trois mois ne peut participer aux votes. Après six mois, il peut être radié de l’organisation par sa section. Tout membre qui refuse d’appliquer le centralisme démocratique ou qui met en danger l’organisation peut être exclu pour raison disciplinaire par sa section. La décision d’exclusion doit être ratifiée par l’instance supérieure: le Bureau de District ou à défaut le Bureau Exécutif. Tout membre exclu pour raisons disciplinaires à un droit d’appel devant le Congrès National.

    26. Un rapport écrit des décisions prises par chaque réunion d’une instance statutaire doit être tenu à disposition des membres de la réunion, de toutes les structures supérieures et de toutes les structures qui ont le droit de révoquer cette structure supérieure.

    27. Chaque mois, les trésoriers des sections doivent faire un rapport écrit. Le Comité National fait parvenir un rapport financier au Congrès National.

    28. Les statuts peuvent être modifiés par le Congrès National par une majorité simple.

    29. Pour tous les cas où les statuts nationaux ne prévoient pas de solution, les statuts du CIO entrent en vigueur.

    Statuts du Comité pour une Internationale Ouvrière

    (adoptés au Congrès mondial de novembre 1993)

    1. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’appuie sur les idées fondamentales de Marx, d’Engels, de Lénine et de Trotsky ; sur les principales décisions des quatre premiers Congrès de fondation de la III° Internationale et des documents du Mouvement marxiste depuis 1938

    2. Le CIO se considère comme l’embryon de la future Quatrième Internationale et est composé de sections nationales qui s’efforcent de construire, dans leur pays respectif, des partis ouvriers révolutionnaires de masse. Il se fonde à chaque niveau sur les traditions du centralisme démocratique.

    Affiliation

    3. Le CIO est composé de militants révolutionnaires membres d’une organisation unifiée. Tous les membres sont organisés dans des sections du CIO qui agissent dans les différents Etats nationaux.

    4. Chaque section nationale se fonde sur le programme et s’accorde avec les structures définis et établis par le Congrès Mondial du CIO.

    5. Là ou il n’existe pas de section nationale, des individus peuvent adhérer au CIO et travailler sous la direction du Secrétariat International (SI). Des membres individuels du CIO doivent travailler à constituer un groupe qui peut adhérer au CIO comme section nationale.

    6. Les organisations nationales sont normalement des sections à part entière du CIO. Cependant, quand des groupes sont encore en cours de formation ou encore en discussion avec le CIO, ils peuvent poser leur candidature pour être reconnus comme section sympathisante.

    7. Le Comité Exécutif International (CEI) est mandaté pour prendre toute décision concernant l’affiliation, avec droit d’appel final au Congrès Mondial. 8. Un Congrès Mondial doit être tenu au moins tous les trois ans. Le Congrès Mondial représente l’autorité suprême au sein du CIO et ses documents politiques et ses résolutions sont impératives pour chaque section nationale.

    9. Les sections à part entière sont représentées aux Congrès et aux Conférences sur base des modalités déterminées à chaque occasion par le CEI, en tenant compte de la taille, de l’influence et de l’importance respective de chaque section. Le nombre maximum de délégués par section est limité à cinq.

    10. Les sections sympathisantes ont des déléguées consultatifs avec droit de parole mais avec droit de vote consultatif.

    11. Les délégués présents au Congrès mondial sont habilités à voter sur base d’une voix par délégué. Ceci vaut pour chaque section sauf dans les conditions suivantes :

    • a) Les sections qui, en raison de certaines circonstances spécifiques, sont dans l’impossibilité d’envoyer au Congrès Mondial l’entièreté de leur délégation habilitée peuvent se voir accorder un vote par procuration à concurrence du nombre de délégués dont elles ont droit. Une telle procuration doit être attribuée à un délégué de la section choisi par la même instance que la section qui élit les délégués.
    • b) Le CEI décide de l’attribution d’un tel système de vote par procuration et des conditions sous lesquelles il peut être accepté. Les sections qui adoptent une telle procédure devront informer la Commission des mandats à l’ouverture du début du Congrès Mondial qui présentera le fait dans son rapport lors de la première session du Congrès.

    12. Les délégués seront élus par leur section nationale lors d’une réunion appropriée du Comité Central (CC), d’un Congrès ou d’une Conférence Nationale

    13. Pour désigner des délégués effectifs une section ne peut avoir plus de trois mois de retard de cotisations, sauf si le CEI en décide autrement.

    14. S’ils ne sont pas élus comme délégués effectifs, les membres du CEI, de la Commission internationale de contrôle (CIC) et les vérificateurs des comptes, peuvent participer au Congrès en tant que délégué consultatifs. Ils auront le droit de parole. Les membre du CEI auront un droit de vote consultatif.

    15. Aucun mandat impératif ne peut être imposé à un délégué au Congrès Mondial.

    16. Le CEI élira une Commission des mandats pour le Congrès. Celle-ci doit comprendre trois membres et doit soumettre un rapport complet soumis au vote au début de la première session du Congrès.

    17. Le Congrès élira un présidium qui organise ses activités.

    18. Les décisions sur toutes les questions sont prises à la majorité simple des délégués effectifs.

    19. Des invités des sections nationales ou de pays ou il n’existe pas encore de section peuvent aussi être présents au Congrès avec l’accord préalable du CEI ou du SI.

    20. Un Congrès Mondial extraordinaire peut-être convoqué par le CEI et doit l’être aussi à la demande d’un tiers des sections à part entière affiliées au CIO

    Le Comité exécutif international

    21. Un CEI sera élu à chaque Congrès Mondial. Il sera composé de membres dirigeants des sections nationales et/ou des permanents du CIO. Le CEI sera composé d’une part de membres effectifs avec droit de vote effectif et de candidats membres avec droit de vote consultatif.

    22. Le CEI se réunira au moins deux fois par an pour discuter des développements internationaux majeurs et pour évaluer et guider le travail de chaque section nationale.

    23. Entre deux Congrès Mondiaux, le CEI est l’autorité suprême. Il a l’obligation de préparer les documents et les résolutions à présenter au Congrès Mondial. A travers le SI, il est aussi responsable pour la publication régulière d’un bulletin.

    24. Le CEI à le droit de coopter des membres additionnels à la majorité simple des membres effectifs du CEI.

    25. Une réunion extraordinaire du CEI peut-être convoquée par le SI et doit être convoquée à la demande d’un tiers des membres effectifs du CEI.

    Le Secrétariat International

    26. Le CEI élit un Secrétariat International responsable du travail quotidien de l’organisation. Entre deux réunions du CEI, le SI a le pouvoir de prendre, au nom du CEI, toutes les décisions nécessaires entre deux réunions du CEI. Le SI attribuera des responsabilités à ses membres qui seront soumises à l’approbation du CEI. Le SI présentera à chaque réunion du CEI un rapport complet de ses travaux.

    27. Le SI désignera tout sous-comité approprié nécessaire à la conduite du travail, à soumettre à la ratification du CEI.

    28. Le SI est responsable de l’engagement des permanents du CIO, à soumettre à l’aval du CEI.

    Droits démocratiques et discipline

    29. Les décisions majoritaires de l’Internationale sont impératives pour tous les membres et les sections. En coopérant à l’application des décisions de la majorité, toutes les minorités ont le droit d’exprimer des opinions dissidentes au sein de l’Internationale. Des membres de sections et des sections nationales ont le droit de faire circuler travers le CIO, avec l’accord du SI/CEI, tout matériel concernant ces opinions.

    30. Toutes les sections et tous les membres ont le droit d’appel auprès des instances supérieures contre toute décision avec laquelle ils sont en désaccord.

    31. Après avoir épuisé toutes les procédures possibles de discussion, les membres ont le droit de former des fractions sur des sujets et des idées spécifiques sur lesquelles il existe des désaccords.

    32. Le Congrès Mondial déterminera les limites de chaque discussion. Préalablement à la convocation d’un Congrès Mondial, le CEI sera responsable pour déterminer les limites et la conduite de la discussion.

    33. Tout membre sujet à une mesure disciplinaire dispose du droit d’appel d’abord auprès de l’instance la plus élevée de la section dont il est membre, ensuite auprès du SI, du CEI et du Congrès Mondial ; entre-temps la sanction reste en vigueur.

    34. Tous les responsables de l’Internationale et les membres des Comités peuvent être révoqués par les instances appropriées qui les ont choisis.

    La Commission internationale de Contrôle

    35. Chaque Congrès Mondial élira une Commission Internationale de Contrôle. Elle ne comprendra pas de membres de CEI, ni de permanents employés pour le CIO. La CIC sera composée d’un panel de camarades permettant à la commission de fonctionner dans les différents parties du monde, et ses membres doivent élire un président.

    36. Au sein de ce panel, un groupe d’au moins trois membres sera choisi par le président de la CIC, en consultation avec le SI, pour entreprendre une enquête. La composition de la commission sélectionnée parmi le panel par le président de la CIC et le SI doit être approuvée à la majorité simple par les membres effectifs de la CIC. Cette approbation sera obtenue sur base d’une consultation des membres de la CIC par le président de la CIC et le SI.

    37. Les fonctions de la CIC devraient être :

    • a) D’enquêter sur toute plainte ou toute recherche particulière qui peuvent être renvoyées devant le SI ou le CEI, et de faire rapport au CEI des résultats de ses investigations et recherches.
    • b) D’enquêter sur les plaintes émanant d’individus, de parties constituantes des sections nationales et/ou de sections nationales contre des mesures disciplinaires prises contre eux par des instances supérieures, et de soumettre leur recommandations sur ces plaintes au SI, au CEI et au Congrès mondial pour une décision finale.

    Conférences Internationales

    38. Le CEI peut convoquer des Conférences Internationales durant la période entre deux Congrès Mondiaux afin de lancer et de développer la discussion sur des questions clés dans l’ensemble de l’organisation internationale.

    39. Le CEI, ou le SI en consultation avec le CEI, peut organiser d’autres réunions ou rencontres internationales de formation et de discussion politique. D’autres activités de solidarité et de campagne peuvent être organisées si le SI/CEI le trouve opportun.

    Finances

    40. Chaque section nationale doit payer des cotisations trimestrielles. Le montant des cotisations est fixé par le Congrès Mondial, par les Conférences Internationales ou par le CEI.

    41. En cas de nécessité, le montant à verser par une section peut être déterminé après consultation entre le SI et les directions nationales, en tenant compte du niveau de vie relative et d’autres considérations opportunes. Ceci doit faire l’objet d’un rapporté à soumettre à l’approbation du CEI.

    42. Des contributions additionnelles peuvent aussi être imposées par le SI/CEI. Le CEI peut décider d’annuler des cotisations ou des contributions.

    43. Lors de chaque réunion du CEI et du Congrès Mondial un rapport financier sera présenté.

    44. Chaque Congrès Mondial élira trois vérificateurs des comptes, qui ne seront ni membres du CEI ni employés par le CIC, afin d’examiner régulièrement les finances du CIO. Les vérificateurs seront membres de différentes sections nationales. Les vérificateurs des comptes présenteront annuellement un rapport à la réunion du CEI et à chaque Congrès mondial.

    Divers

    45. Le CEI peut autoriser la formation de toute structure consultative régionale qui peut être nécessaire pour l’organisation des activités de l’Internationale.

    46. En cas d’urgence, le CEI aura le pouvoir d’amender ces statuts avec l’accord de deux tiers des membres effectifs du CEI et à soumettre à la ratification du Congrès Mondial suivant.

    47. Ces statuts entrent en vigueur à la date du 1er décembre 1993 et peuvent être amendés à la majorité des votants lors d’une prochain Congrès Mondial.

  • II. PERSPECTIVES, TÂCHES ET OBJECTIFS

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    – III. Notre programme

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    MARX et les lois générales du développement du capitalisme

    Le PSL/LSP ne travaille évidemment pas à partir de rien. Marx avait défi ni les lois générales du développement du capitalisme: la concentration continuelle du capital dans de moins en moins de mains (l’accumulation du capital), la tendance de la production à sortir des frontières (ce qui conduit inévitablement à des conflits commerciaux et des guerres), la tendance à la diminution du profit par unité de capital et, par conséquent, le besoin de plus en plus de capital (baisse tendancielle du taux de profit), les crises de surproduction ou la capacité de surproduction (entre autres à cause de l’exploitation de la classe ouvrière et de la partie de notre journée de travail qui n’est pas rémunérée au bénéfice des capitalistes); la création d’une couche grandissante de travailleurs qui ont pour seule source de subsistance la vente de leur force de travail (en fonction des conditions sociales rencontrées).

    Concentration de capital et croissance des profits Le pourcent le plus riche de la population mondiale contrôle 24% de la richesse globale. Aujourd’hui, ces riches capitalistes viennent aussi d’Amérique Latine, du Moyen Orient et d’Afrique (qui a récemment connu la plus grande croissance du nombre de riches) à cause de l’augmentation des prix des matières premières. Ces augmentations ont en fait disparu dans les poches d’un petit groupe de super riches dans le monde néo-colonial. De la même manière, la croissance des pays capitalistes développés a surtout enrichi les milliardaires.

    En 1960, il était estimé que les 20% les plus riches sur le plan mondial possédaient 30 fois ce dont disposaient les 20% les plus pauvres. Vers 1997, cette proportion était de 74/1 tandis que pour la fi n 2005, le rapport était de 150 pour 1. Selon une étude de l’université américaine de Michigan, les 2% les plus riches des Etats-Unis ont depuis 1984 doublé leurs revenus pour atteindre une moyenne de 2,1 millions de dollars en 2005. Quant au 1% le plus riche, leur revenu moyen est de 4,9 millions de dollars par an.

    Le salaire moyen d’un manager américain est maintenant 300 fois supérieur au salaire moyen, différence 10 fois plus grande que durant les années ‘70. En 2007, le revenu cumulé de tous les milliardaires à travers le monde avait augmenté de 35% en une année seulement ! Le capital se retrouve concentré auprès de moins en moins de personnes mais – à cause de la super exploitation du néo-libéralisme – celles-ci sont de plus en plus riches. Il s’agit d’un phénomène mondial.

    En Belgique également, l’élite dominante n’a pas trop de difficultés. Les 10% les plus riches possèdent 50% de la richesse totale. En 2006, les valeurs financières des Belges ont connu un record en atteignant 793,4 milliards d’euros, c’est-à-dire 80.000 euros par Belge (compte d’épargne, actions boursières,…) Beaucoup de travailleurs se demandent sur quel compte se trouve leurs 80.000 euros… Sur celui de leur patron? Ou sur ceux des actionnaires principaux de l’entreprise qui les emploie ? Ou encore sur le compte des politiciens bourgeois ? C’est vrai que ces derniers se sont bien servis avec leurs sièges dans les conseils d’administration des grandes entreprises (entreprises qu’ils ont d’ailleurs toujours bien soigné au cours de leurs carrières politique).

    Au regard du développement des profits, l’origine de cette inégalité sociale n’est pas difficile à trouver. Ces dernières 30 années, depuis le début de la politique néolibérale sous le gouvernement Martens – Verhofstadt de 1981, ont été une véritable « ruée vers l’or » pour les capitalistes et leurs partisans. Une ruée vers l’or en direction de moyens initialement prévus pour la sécurité sociale (pensions et autres allocations) et en direction de notre pouvoir d’achat. En Belgique, les profits des entreprises étaient en 1980 de 241 milliards de francs belges. En 1985, ce chiffre avait déjà augmenté jusqu’à 484 milliards FB, jusqu’à 821 milliards FB même en 1994. Cependant, en 2005, les profits des entreprises avaient atteint… 41 milliards d’euros (environs 1.640 milliards d’anciens FB). Même en tenant compte de l’augmentation des prix, les richesses d’une petite élite ont énormément grandi. L’objectif de la politique néolibérale est limpide. La classe dominante a par ce moyen tenté de rétablir le taux de profit face à la compétition sur un marché qui connaissait depuis 1974- 75 une croissance plus faible ou des périodes de stagnation. Un nouveau développement était seulement possible sur base d’une répartition différente des richesses. Les salaires (directs ou indirects à travers les allocations sociales) – que les travailleurs avaient arraché au cours de leurs luttes – ont alors chuté. C’est sur cette base qu’ont pu exploser les profits de la classe capitaliste. Les super-profits permettent d’ailleurs aussi de comprendre la taille appréciable des salaires des managers : un manager d’une entreprise du Bel 20 empoche chaque année en moyenne 1,5 million d’euros brut.

    La politique néolibérale a signifié un transfert gigantesque de richesse de la classe ouvrière vers un groupe de super-riches tel que jamais encore l’histoire n’en avait connu. Ces capitalistes ne savent que faire de leur prospérité, beaucoup d’entre eux se sont même lancés dans la charité. Probablement veulent ils ainsi «redistribuer» une part de ce qu’ils ont extorqué aux travailleurs, aux bénévoles,… Plus sérieusement, il s’agit là d’un moyen commode pour redorer son blason dans la société au moment où les capitalistes à la richesse indécente sont de plus en plus perçus comme nuisibles pour la société.

    Les riches deviennent plus riches tandis que la classe ouvrière s’appauvrit.

    Il n’est pas ici question d’un d’une paupérisation relative face à une minorité « qui a eu de la chance ». La majorité des travailleurs et des employés auraient d’ailleurs soi-disant eux aussi fait des pas en avant vers de meilleurs conditions de vie ces dernières 25 à 30 années. Les statistiques du gouvernement démontrent pourtant le contraire. D’abord, il ressort clairement que la plupart des allocataires (pensionnés, chômeurs,…) a connu un appauvrissement absolu. 21% des pensionnés sont officiellement sous le seuil de pauvreté et 39% des pensionnés ont une pension inférieure à 750 euros. En 1980, l’allocation moyenne de chômage représentait 41,6% du salaire brut moyen ; en 1999, cela avait diminué jusqu’à 27,9%. L’allocation d’invalidité moyenne était équivalente à 43,9% d’un salaire brut moyen en 1980, tandis qu’en 1999, ce chiffre avait baissé jusqu’à 33,3%.

    Il n’est donc pas surprenant que la pauvreté touche – malgré la croissance des richesses – de plus en plus de personnes. Aujourd’hui, elle représente 15% de la population alors que dans les années ’80, on parlait de quelques 6%. Une situation pareille est honteuse pour un pays soi disant « prospère ». Il faut y voir le résultat direct des attaques sur la protection sociale des divers gouvernements néo-libéraux, avec ou sans le PS, le SP.a ou les verts.

    Mais n’y a-t-il tout de même pas une couche aisée de familles avec deux revenus ayant quand même progressé?

    Les médias nous resservent régulièrement cette soupe. Le fait est qu’aujourd’hui, deux travailleurs sont nécessaires dans une famille pour préserver un certain niveau de vie, et cela en dit déjà beaucoup. En réalité, le pouvoir d’achat des salariés normaux a fortement reculé. Les coûts d’une maison ou les loyers, par exemple, ne se reflètent pas dans les augmentations salariales ou dans l’indexation. «L’index-santé» actuel est devenu une caricature face aux augmentations réelles des prix de beaucoup de produits. Comme le remarquent correctement beaucoup de gens : «Tout devient de plus en plus cher, mais nos salaires ne suivent pas».

    Déjà au début des années 1980, le gouvernement néolibéral de Martens a forcé une dévaluation de la monnaie et l’index a alors subi des manipulations. Entre 1981 et 1985, les salaires réels ont diminué de 13% à 21%, en fonction de leur catégorie. Depuis ce temps, le coût du logement a pris énormément plus de place dans le budget des ménages – parfois jusqu’à 1/4 ou plus du total – et le pétrole, les cigarettes,… ont été retirés de l’index.

    Il n’y a pas beaucoup d’études concrètes sur la chute du pouvoir d’achat de nos salaires, mais ce n’est probablement pas exagéré de l’estimer autour de 30 à 40%. Ceci correspondrait à l’expérience concrète de beaucoup de ménages qui ont besoin de 2 emplois ou d’un emploi et un temps partiel pour préserver un certain niveau de vie. En 1981, les salaires représentaient 59,2% de la production nationale. En 2006, cette partie était arrivée sous la barre des 50%. Et encore, les patrons trouvent que le coût salarial est trop élevé pour leur soif de profit insatiable !

    Le néolibéralisme a conduit à une augmentation énorme de la pression au travail et du stress, en combinaison avec une insécurité d’emploi croissante. Beaucoup de ces problèmes – en fait des problèmes sociaux, liés au capitalisme – se retrouvent au sein de la famille et n’ont certainement pas aidé à développer des relations harmonieuses entre partenaires ou entre parents et enfants. Mais quand un nouveau «drame familial» prend place, tout l’establishment jette les mains dans l’air. On les entend beaucoup moins parler des 17% de Belges qui, à un certain moment de leurs vies, sont confrontés à une dépression. Quant à la responsabilité de la politique néo-libérale dans tout cela (avec la disparition de la protection sociale,…), les médias n’en parlent pas.

    En Amérique Latine comme en Afrique ou encore dans les ex-pays du bloc de l’Est et même dans les pays capitalistes développés, la crise économique commencée au milieu des années ’70 a conduit à une paupérisation de la population. Toutefois, certains idéologues libéraux ont persisté jusqu’à aujourd’hui à affirmer que le marché «libre» a diminué la pauvreté dans le monde. Ils se basent sur des rapports des Nations Unies qui clament qu’en Asie «des centaines de millions de paysans» sont sortis de la pauvreté. Mais cet exemple Asiatique peut être critiqué. En fait, cette prétendue diminution de la pauvreté en Asie est seulement basée sur l’Inde et la Chine. En ce qui ce concerne l’Inde, la méthode de calcul a été modifiée dans les années ‘90. La soi-disante baisse du nombre de pauvres est un point fortement contesté, même entre «économistes du développement» qui ne remettent pas en doute le «libre» marché.

    La Chine est un cas spécial. Sur base de l’économie bureaucratiquement planifiée, le développement de l’agriculture a atteint ses limites dans les années ‘70. La bureaucratie en Chine a commencé à augmenter les prix pour les denrées produites par les paysans, ce qui a entraîné une croissance de la productivité. Beaucoup de paysans sont devenus un peu moins pauvres et sont tombés hors des statistiques des Nations Unies. Mais le fait que la Chine reste essentiellement dépendante des exportations pour sa croissance économique démontre qu’un marché interne n’a pas été créé. Officiellement, les campagnes chinoises sont un peu moins pauvres qu’auparavant. Mais la transition vers le capitalisme a signifié la mort du «bol de riz d’or» (la protection sociale chinoise) sur les plans de l’éducation, des soins de santé, de l’espérance de vie,… Si en Chine également les lois du capitalisme vont de plus en plus jouer, cela ne va que mettre encore plus en évidence – pour ceux qui n’en étaient pas encore convaincus – que combattre la pauvreté dans ce système est une illusion.

    La Chine a connu une forte croissance, précisément parce Le PSL/LSP, un parti pour changer de société 27 qu’elle est devenue «l’usine du monde». Cette position a seulement pu être acquise sur base d’une super-exploitation, du manque de législation sociale et de conditions qui rappellent le 19e siècle en Europe (ou pire encore).

    En conclusion: devenir riche aujourd’hui n’est en rien une question de chance ou d’intelligence. Dans la plupart des cas, cela veut simplement dire que, sur base de sa position de classe comme grand actionnaire ou propriétaire privé, il est possible de manœuvrer pour obtenir des parties sans cesse plus grandes de «travail gratuit». Dans ce processus, les gouvernements – qui aident à miner les salaires et les allocations, vident les contrats de travail et privatisent les services publics – sont les gentils petits toutous du capital.

    Avec leurs salaires, les politiciens sont certains de ne pas ressentir les conséquences de leur politique de casse sociale. L’insécurité croissante et l’absence de perspectives pour l’avenir ont favorisé l’arrivée d’une énorme méfiance vis-à- vis de «la politique» précisément parce qu’il ne s’agit pas d’une politique en faveur des travailleurs et de leurs familles. Ce développement amène aussi une plus grande volatilité lors des élections. La classe dominante possède beaucoup moins d’instruments stables pour pouvoir mener sa politique comparativement à la période de croissance extraordinaire qui a suivi 1945.

    Surproduction et crise économique

    Karl Marx a expliqué dans «Le Capital» comment la classe ouvrière reçoit une valeur (son salaire) qui ne correspond qu’à une partie de la valeur qu’elle produit elle-même (en biens et en services). Ce travail non-rémunéré est la base de la plusvalue des capitalistes. Les capitalistes peuvent acheter une partie des voitures, des machines à laver, des télévisions,… que les travailleurs produisent pendant la partie non-rémunérée de leur journée de travail et qu’ils ne consomment pas, mais ils ne peuvent acheter toute la production. Donc, à un certain moment, une surproduction ou capacité de surproduction survient inévitablement.

    Un autre facteur doit être pris en compte. Sous pression de la compétition, les capitalistes ont une tendance à investir de plus en plus dans de meilleures et de plus modernes machines. De cette façon, ils espèrent augmenter la productivité du travail, diminuer leurs prix et ainsi acquérir une plus grande part de marché. Le problème, c’est que seule la force de travail peut engendrer la plus-value. Les machines se déprécient pendant un nombre d’années calculable. En elles-mêmes, elles ne produisent pas de plus-value, uniquement représentée par le travail non-rémunéré de la classe ouvrière. Quand la plus-value reste égale, tandis que les coûts pour les machines et nouvelles technologies grandissent, le taux de profit (le profit par unité de capital investi) commence à baisser.

    Ces deux éléments ont été à la base, vers les années ‘70, de la fi n de la période de forte croissance économique. Les profits ont aussi été amoindris par un autre développement. Dans les ans ‘60 et jusqu’au milieu des années ’70, les travailleurs ont, dans la plupart des pays industrialisés, livré un combat acharné pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, mais souvent également avec des revendications portant sur un changement radical de société, avec les sommets atteints par mai ‘68 en France, la révolution des œillets au Portugal et la lutte contre le régime des colonels en Grèce. Le patronat et les gouvernements ont donc dû faire des concessions. En Belgique, par exemple, les salaires réels ont augmenté pendant plusieurs années durant cette période. Évidemment, cela a d’autant augmenté la pression sur les bénéfices de la classe dominante.

    Ces développements ont conduit à un point tournant fondamental pour l’économie capitaliste mondiale. Le taux de profi t était miné et la crise économique a causé, en 1974, une forte augmentation du chômage. Le chômage structurel de masse a dès ce moment été un élément permanent, malgré les diverses tentatives des gouvernements pour masquer et manipuler les statistiques. A ce moment, les bourgeois ont opté pour une politique néolibérale, après une première réaction qui a consisté à de nouveau injecter de l’argent dans l’économie, ce qui n’avait seulement produit que des augmentations de prix et de l’inflation.

    Le problème avec les solutions néolibérales pour rétablir le taux de profit, c’est elles conduisent toutes à terme à une crise plus profonde. Faire baisser le pouvoir d’achat des salaires directs et indirects (allocations de chômage, pensions,…), faire travailler les travailleurs plus durement et plus longuement pour le même salaire ou pour un moindre,… tout cela aggrave au final le fossé entre la production et le pouvoir d’achat des masses. Ce phénomène explique pourquoi les économies capitalistes ont également une tendance à connaître des crises de plus en plus graves depuis les années ‘70. Les montagnes de dettes que les gouvernements ont construit dès les années ‘80 ont d’ailleurs été autant de tentatives d’éviter une crise plus profonde et plus rapide. De même, ces dernières années, on a poussé les travailleurs à dépenser les salaires qu’ils n’avaient pas encore gagné (sur base de dettes, d’hypothèques, de différentes formes de crédits,…).

    Le problème n’est pas qu’il n’existe pas assez de richesses dans la société. Par contre, cette richesse est constamment plus invisible pour une majorité de travailleurs. Le taux de dettes des ménages belges a augmenté en 2005 vers le record de 43,1% du PIB. Il y a vingt années, il ne s’agissait encore que de 28,1%. Là où dans le passé une important portion des revenus pouvaient encore être épargnée – aux environs de 20% dans les années ‘80 – cela a également beaucoup diminué dans la période néolibérale. Pourtant, c’est avec cette épargne que de nombreux retraités évitent de sombrer dans la pauvreté.

    Ces dernières années, on remarque même que les capitalistes ont moins investi dans de nouvelles machines et technologies pour augmenter la productivité. Où pourraient-ils encore vendre tout ces produits sur un marché miné ? Ils tentent, au travers d’assainissements, de rassembler ou de garder des fonds chez les grands actionnaires ou alors les prêtent aux banques, ce qui est à la base d’une stratégie de fusions et de reprises. Ils veulent «devenir plus grands» en achetant d’autres entreprises, puis y faire plus de profits avec moins de gens en effectuant des économies d’échelle. Jan Marijnissen, le président du SP hollandais (à la gauche de notre PS) a convenablement qualifié ce phénomène de «capitalisme prédateur». Malheureusement, en tant que politicien réformiste, il croit encore qu’il peut domestiquer «l’animal prédateur».

    L’importance accrue des bourses et de la spéculation financière illustre la dégénérescence du capitalisme qui – à cause de la surproduction – investi moins dans la production réelle. A titre d’exemple, aux Etats-Unis, la part des institutions purement financières dans les profits a grandit de 10 à 15 % dans les années ’50 et ’60 jusqu’à 30 à 40% aujourd’hui.

    A son époque, Marx a mené une vive et intense polémique contre les socialistes utopiques et les anarchistes qui attaquaient les phénomènes visibles du capitalisme, mais ne voulaient pas mener une analyse approfondie du système pour voir quelles forces contradictoires étaient présentes.

    Marx a ainsi polémiqué contre ceux qui plaidaient pour des îlots «socialistes» dans un océan capitaliste comme les entreprises «socialistes» autogérées et les coopératives et/ou communes autogérées par des socialistes ou des anarchistes. Au contraire, il a démontré que le capitalisme engendre sa propre déchéance avec la création d‘un groupe croissant de travailleurs rassemblés dans de grandes unités de production.

    La bourgeoisie a, depuis le début de la crise au milieu des années ‘70, détruit une grande partie de l’industrie. En Belgique, elle a essayé de partiellement remplacer ces emplois en créant des emplois dans «le secteur tertiaire des services». Mais même dans des call-centers ou des PME’s, ces travailleurs ont vu leurs salaires et conditions de travail se détériorer. Les syndicats devraient considérer leur présence et les élections sociales dans les PME’s comme d’une importance majeure.

    Ignorer cela équivaut à laisser l’opportunité à la bourgeoisie d’affaiblir notre lutte. De plus, cela pousse les couches non-organisées de notre classe en direction de solutions individuelles – de fausses solutions – et les rend plus perméables à la vague de propagande droitière contre les grèves.

    Concurrence capitaliste… ou socialisme mondial ?

    En 1848, quand Marx a écrit le «Manifeste du Parti Communiste», la classe des travailleurs salariés n’était même pas encore une majorité dans la société sur le continent européen. Ce qui est particulièrement brillant dans le «Manifeste du Parti Communiste», c’est que l’estimation de la tendance générale du mode de production capitaliste était correcte. Le capital était destiné à conquérir le monde à cause de sa soif d’accumulation et de production de profits.

    Observons la situation telle qu’elle se présente actuellement. En septembre 2007, Janssen Pharmaceutica a annoncé le licenciement de 688 de ses travailleurs. Parmi eux se trouvaient aussi 194 de chercheurs hautement qualifiés. Un délégué syndical du Setca a fait remarquer dans la presse: «Janssen Pharmaceutica a réalisé l’année passé un profit de 250 millions d’euros. Tous ces licenciements sont-ils nécessaires? Ou est ce que Johnson & Johnson (l’entreprise mère, NDLR) veut prendre un chercheur en Inde pour chaque place perdue ici ?»

    En 2006, un autre géant belge, Inbev, a décidé de délocaliser une partie de son administration vers des pays meilleur marché: la Tchéquie et la Hongrie. L’année précédente, Inbev avait fait un profit de 1 milliard d’euros. Les grandes entreprises sont aujourd’hui des «joueurs mondiaux» à la recherche de la production la plus rentable partout à travers le monde. De grandes parties du monde néo-colonial sont trop instables pour cela, à cause du niveau d’instruction très bas et des structures gouvernementales corrompues. Mais, heureusement pour les maîtres du monde capitalistes, il y a encore les nouveaux Etats membres de l’Union Européenne, l’Inde ou encore la Chine où ce qui reste de la bureaucratie stalinienne garde un oeil sur les travailleurs.

    La délocalisation révèle de façon aiguë de quelle manière les systèmes de productions capitalistes, depuis le temps de Marx et du «Manifeste du Parti Communiste», sont inter-connectés sur le plan mondial. En même temps, on ne saurais mettre en avant un meilleur argument en faveur de la nécessité de l’organisation internationale des travailleurs. Le PSL/LSP et son organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, perpétuent une tradition de solidarité internationale. Sinon, quelle est la norme? Les salaires et conditions de travail de Pologne? Ou alors ceux de Chine? Les travailleurs doivent résister et s’organiser contre cette spirale négative.

    Les besoins de la classe ouvrière se heurtent à la dictature des grands actionnaires. Pour ce club, beaucoup de profits ce n’est pas encore assez. La rentabilité est relative et la concurrence renforce ce processus. Des actions baissent de valeur ? Les «assainissements» sont, dans ce système concurrentiel, la seule réponse. Ce ne sont pas seulement les ouvriers industriels qui ont à craindre la «logique» folle du capitalisme, mais aussi des employés et de chercheurs hautement qualifiés.

    Comme Marx l’avait déjà démontré, le marché capitaliste traverse les frontières et mène à des tensions commerciales et à des guerres. Si, grâce à la force potentielle du mouvement ouvrier en Europe ou aux Etats-Unis, les pays capitalistes développés sont aujourd’hui épargnés, ce n’est pas le cas du monde néo-colonial.

    Regardons l’intervention de Bush en Irak. Même Alan Greenspan, l’ancien chef de la FED (la Banque centrale américaine), admet maintenant que le motif de la guerre en Irak était «principalement la protection du transfert du pétrole». La seule «moralité» du capital est son chiffre d’affaires. La «lutte pour la démocratie» est seulement une façade pour l’impérialisme, derrière laquelle se cachent les profits des grandes entreprises. Seul le mouvement ouvrier a un intérêt à maintenir et à élargir les droits démocratiques.

    Un conflit commercial existe aussi entre les Etats-Unis et la Chine qui importe des produits bon marché aux Etats-Unis. De leur côté, plusieurs pays d’Amérique Latine essaient de faire des accords de commerce entre eux afin de contrer quelque peu l’influence de l’impérialisme, surtout américain. En Europe, les bourgeoisies nationales ont tenté de limiter la compétition entre elles par l’introduction de l’euro et la création de la Banque Centrale Européenne. Une crise fondamentale du système liée à des révoltes ouvrières vont pousser les bourgeoisies nationales les plus faibles vers la sortie. Ce développement va à terme casser la zone euro et l’Union Européenne, avec seulement la persistance d’un noyau dur.

    La production capitaliste tente de surpasser les frontières, mais elle se heurte toujours au carcan de l’Etat-nation. La propriété privée des moyens de production et l’Etat-nation sont des formes sociales dépassées. Elles doivent être remplacées par une économie démocratiquement planifiée et par le socialisme mondial.

    La majorité de la classe ouvrière et l’avant-garde

    Sur base des lois générales du développement du capitalisme analysées plus haut, Marx a mis en avant la nécessité d’une société socialiste, une société harmonieuse de producteurs et de consommateurs où la production n’est pas dirigée vers les profits d’une petite minorité, mais vers les besoins de chacun.

    Selon Marx, la classe ouvrière est la seule classe capable de réaliser cela au vu de son rôle dans la production. C’est de là que découle sa stratégie visant à essayer de gagner la majorité des travailleurs pour un programme socialiste. En contradiction avec les anarchistes – avec Bakounine, leur plus éminent représentant à ce moment – qui voulaient rendre les travailleurs «conscients» au travers d’actes terroristes, Marx pensait que seule une majorité consciente de la classe ouvrière serait capable de mener une transformation socialiste de la société.

    Le terrorisme, comme l’ont toujours expliqué les socialistes de Marx à Trotsky, est l’arme du petit-bourgeois désespéré ou du «prolétaire en haillons» non-organisé. Ces éléments n’ont pas de confiance dans le mouvement de la masse de la population. Ils essaient, en tant que petite minorité, de forcer le développement de la société. Une révolution socialiste peut seulement aboutir si elle est soutenue par la majorité de la population: la classe ouvrière.

    Bien sûr, entre la constatation de ce qui est objectivement nécessaire – gagner la majorité de la classe ouvrière pour un programme socialiste – et effectivement atteindre cet objectif, il y a encore beaucoup d’obstacles. Tous les travailleurs ne montrent pas le même degré d’initiative. Parmi les travailleurs comme parmi les jeunes, il y a des individus actifs qui sont ont un rôle décisif pour la réaction de groupes plus larges de travailleurs et de jeunes. C’est surtout cette «avant-garde» qui doit dans un premier temps de radicalisation être gagnée à un programme socialiste. Ce n’est qu’à travers celui-ci qu’il est possible de plus tard atteindre et gagner les couches plus larges. En somme, un parti révolutionnaire doit d’abord s’orienter vers l’avant-garde, la partie la plus active et consciente des travailleurs et des jeunes, afin d’atteindre ensuite sur cette base les couches plus larges. Mais il est très important de ne pas isoler cette avant-garde des couches larges avec un programme ultra-gauchiste, mais d’adopter un programme de transition qui offre la possibilité d’entrer en dialogue avec ces couches larges.

    Sous le stalinisme, cette option stratégique a été déformée pour servir les intérêts d’une bureaucratie. Vu l’isolement de la Révolution dans le pays industriellement et culturellement arriéré qu’était la Russie de 1917, une vieille couche de carriéristes a pu envahir le Parti Communiste. Cette couche de carriéristes était principalement constituée de personnes capables de lire et d’écrire, souvent déjà fonctionnaires sous l’ancien régime tsariste. Ils n’avaient évidemment pas fait la révolution (et pour la plupart était même contre). Sous le régime de Staline, ce groupe social a transformé le Parti Communiste en un instrument taillé en fonction de ses propres intérêts bureaucratiques. Tous les éléments de démocratie ouvrière qui existaient encore ont été abolis.

    Pour la bureaucratie, il n’était plus nécessaire de gagner l’avant-garde. Au contraire, les staliniens se sont proclamés eux-mêmes l’avant-garde et ont défini leur parti comme celui de l’avant-garde. Cette approche élitiste a sérieusement discrédité l’idée de gagner les couches les plus conscientes des travailleurs et des jeunes. En réalité, les staliniens ont rompu avec la stratégie qui a été proposée par Marx. Ils ont déformé ses idées pour servir leurs propres objectifs bureaucratiques.

    Des perspectives comme guide pour l’action

    Marx a dévoilés les lois générales du développement du capitalisme et les tâches stratégiques les plus importantes. Ces lois générales de mouvement ainsi que la lutte entre les travailleurs et le capital ne se déroulent pas de façon linéaire. Des moments de progrès et de recul se succèdent.

    Pour une organisation révolutionnaire, il n’est pas seulement nécessaire d’étudier le mouvement général à long terme, mais aussi d’estimer comment les choses vont se développer à court et à moyen terme. C’est sur base d’une telle analyse qu’on peut déduire les tâches concrètes pour aujourd’hui et demain.

    Prenons une comparaison connue. Sur base du nombre potentiel de spectateurs et des réserves financières, on peut en déduire qu’une équipe de football d’un pays riche a plus de chances d’avoir un bon résultat en compétition qu’une équipe d’une petite ville, avec moins de revenus issus des spectateurs et de la publicité. On pourrait appelé cela une «loi de mouvement général».

    L’équipe qui se base seulement sur cette loi de mouvement général et ne se force pas trop ne va pas aller bien loin malgré son futur prometteur. Il est nécessaire que l’équipe comprenne aussi ce qu’elle a à faire aujourd’hui. Si l’équipe joue contre une équipe offensive, elle devra jouer d’une autre façon que contre une équipe avec une attitude défensive. Autrement dit, l’équipe devra aussi estimer à court terme le jeu de l’adversaire et sur cette base décider d’une tactique afin de remporter le match.

    L’idée quelle pourrait acheter quelques nouveaux joueurs l’année prochaine ne changera rien au résultat d’aujourd’hui. De plus, une défaite aujourd’hui aurait aussi un effet sur le nombre de spectateurs et la publicité à l’avenir. Une bonne équipe, donc, n’a pas seulement besoin d’une stratégie à long terme, mais doit aussi estimer tactiquement le jeu de l’adversaire à court terme. Sinon, les bonnes perspectives pour le futur pourraient être transformées en son contraire assez rapidement.

    Pour une organisation révolutionnaire aussi, il est important d’estimer les rapports de forces de façon correcte, d’analyser les développements à court terme et d’élaborer sur cette base une approche tactique. Mais l’adversaire peu aussi essayer de jouer sur la surprise est décider de jouer d’une autre façon. De la même manière, les perspectives d’une organisation révolutionnaire ne sont pas des prévisions exactes, mais une tentative d’estimer les développements de la façon la plus correcte possible, à court et moyen terme, afin d’y ajuster tactiques et objectifs de façon systématique.

    Par exemple, le lancement de Blokbuster, notre campagne antifasciste flamande, a pris place, comme cela a déjà été mentionné, quelques mois avant la percée du Vlaams Blok lors des élections de 1991. Nous avions mis en avant la perspective que, malgré la croissance économique de cette époque, une couche importante de la population des villes connaissait un recul de leur niveau de vie. Une victoire du Vlaams Blok allait probablement provoquer une certaine radicalisation parmi une couche de jeunes. Sur base de ces perspectives correctes, les précurseurs du PSL/LSP ont posé les fondations de la construction d’une organisation révolutionnaire et d’une tradition antifasciste encore largement respectée aujourd’hui.

    Perspectives et tactiques

    Dans les années ’70 et au début des années ’80, il y avait encore une large conscience socialiste auprès d’une couche importante de travailleurs et de jeunes. L’idée qu’il y avait une alternative au capitalisme, même sans être claire à 100% sur ce que représentait cette alternative dans les détails, était acceptée par un groupe important de travailleurs et de jeunes. Durant cette période, les marxistes avaient surtout à confronter leurs points de vue spécifiques avec les réformistes sociaux-démocrates et les staliniens.

    La chute des régimes staliniens et le processus de bourgeoisifi cation de la social-démocratie ont miné cette conscience «socialiste». Aujourd’hui, le rôle des marxistes ne se limite plus à défendre leurs positions contre celles des dirigeants sociaux-démocrates et de ce qui reste des staliniens. Notre tâche est aussi de propager l’idée générale du socialisme.

    De là découle l’appel tactique du PSL/LSP pour un nouveau parti de masse des travailleurs indépendant de la bourgeoisie où tous les courants et individus qui résistent à la politique néolibérale seraient les bienvenus. Cet appel pour un nouveau parti des travailleurs date déjà de 1995. Les membres du PSL/LSP étaient dès lors préparés pour des initiatives comme celle du CAP, le Comité pour une Autre Politique qui avait le potentiel d’aller dans la direction d’un tel nouveau parti des travailleurs, sans toutefois avoir pu y parvenir.

    Nous sommes convaincus que seul un programme socialiste achevé – une économie planifiée et la démocratie ouvrière – peut résoudre les problèmes quotidiens de l’emploi, de la pression au travail, de la chute du pouvoir d’achat, de la crise du logement, de l’éducation plus chère, de la destruction du climat,… Mais nous voulons discuter de cela de façon ouverte avec des couches plus larges de travailleurs, sans mettre en avant des ultimatums comme les groupes gauchistes.

    Mais nous ne pensons pas qu’un nouveau parti des travailleurs ne peut pas avoir comme objectif principal ou pré-condition d’unifier tous les groupes de la gauche radicale. Tout ces courants n’ont pas la même vision de la manière de construire une alternative de gauche, ni la même orientation vers les couches larges de travailleurs, ou encore n’ont pas les mêmes méthodes ouvertes pour arriver à une nouvelle formation. La première tâche des initiatives qui veulent aller en direction d’un nouveau parti des travailleurs est de gagner des couches fraîches de travailleurs et de jeunes à travers des campagnes vers les lieux de travail, les piquets de grève, les quartiers, les écoles et les universités. Au plus il existera de réels courants de gauche voulant participer de façon constructive à ce projet, au mieux cela sera selon le PSL/LSP. Mais, selon nous, il y a une différence fondamentale entre la «recomposition de la gauche» et le lancement d’un nouveau parti des travailleurs.

    Pour le PSL/LSP, des nouveaux parti larges des travailleurs sont des instruments importants pour avoir, à nouveau, une organisation de base, pour donner une voix à la lutte des syndicats sur le terrain national et politique, pour rassembler des travailleurs et des jeunes qui auparavant étaient isolés, pour élever la conscience sur le rôle du capitalisme, et pour entamer la discussion sur une société démocratique et socialiste.

    Mais les partis larges de travailleurs ne sont pas immunisés à la pression idéologique et matérielle de la bourgeoisie, comme cela peut déjà se remarquer au niveau international. En Italie, Rifundazione Comunista (RC) a participé au gouvernement néolibéral de Romano Prodi. RC était une scission du vieux Parti Communiste stalinien. Ce parti a adopté une position plus ouverte et se tenait à distance des dictatures de l’ancien bloc de l’Est. Dans les années ’90 déjà, RC avait des dizaines de milliers de membres et pouvait mobiliser, sur ses propres forces, une masse de gens dans les rues.

    Les dirigeants de ce parti tenaient malheureusement au capitalisme. Vu la crise actuelle de ce système, il n’y a presque plus de marges sociales pour acquérir des améliorations sociales permanentes. De nouveaux partis des travailleurs sont beaucoup plus vite confrontés au choix de s’adapter au marché capitaliste et ainsi mener une politique de casse sociale néolibérale, ou de rompre avec ce système et alors se battre pour une transformation socialiste de la société. En clair: réforme ou révolution. Malheureusement, la direction de RC a choisi les postes parlementaires et le carriérisme. Une crise profonde dans RC en a été le résultat, et l’aile droite du parti a dû partir. Il est aujourd’hui assez peu clair de voir dans quelle direction va évoluer RC et si ce parti pourra se débarasser du discrédit de sa participation gouvernementale.

    Le SP, en Hollande, avec des dizaines de milliers de membres Le PSL/LSP, un parti pour changer de société 31 sur papier, présente lui aussi une pensée anti-néolibérale. Ce parti était une alternative au PVDA social-démocrate devenu néolibéral. Mais au sein du SP également, un processus similaire à celui de RC en Italie s’est développé. La direction du SP a dans le passé laissé entendre qu’il était ouvert pour des coalitions même avec le CDA, un parti ouvertement à droite (si toutefois ce dernier devenait un peu plus social). Sur le plan local, le SP participe à des coalitions qui ont mené des privatisations. Il y a beaucoup de mécontentement au sein du SP sur l’absence de démocratie interne. Les vieilles méthodes maoïstes et le parlementarisme de la direction du SP jouent un grand rôle dans ce processus. Plus de 1.000 personnes auraient, à cause des ces problèmes internes, déjà montré un intérêt dans le lancement d’un nouveau parti vraiment socialiste et démocratique. On doit encore voir si la direction de cette nouvelle initiative va mettre en avant les mêmes objectifs, mais la chasse aux sorcières contre les éléments les plus à gauche dans le parti a déjà commencé. Selon le PSL/LSP, il y a un lien entre la forme que revêt une organisation et le programme politique. Si il veut défendre les intérêts des travailleurs et pas ceux d’une élite du parti qui vise des postes parlementaires, un parti doit véritablement fonctionner de façon démocratique.

    En Allemagne, Die Linke, avec Oskar Lafontaine, atteint parfois 15 % dans les sondages. C’est une confirmation du vide politique existant à gauche. Le fait que Lafontaine, comme Chavez, fait des références au «socialisme du 21ième siècle» est très positif. La défense des grèves et des grèves générales marque aussi un pas en avant important. Die Linke peut commencer à organiser une nouvelle génération contre la casse sociale néolibérale. Mais l’alternative de Die Linke reste malheureusement limitée. Le programme du parti défend une sorte d’économie capitaliste mixte, avec un plus grand rôle pour le gouvernement au lieu de la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous le contrôle des travailleurs. En même temps, Die Linke peut être discrédité par sa participation au conseil néolibéral de Berlin, par exemple avec les empois «1 euro» (un euro par heure en plus d’une allocation de chômage déjà très basse). Le parti court le danger d’être vu comme complice des mesures antisociales.

    Selon le PSL/LSP, on peut seulement participer aux conseils locaux sur base d’une majorité socialiste en menant la lutte et en mobilisant les gens dans la rue pour plus de moyens financiers de la part du gouvernement central avec le but d’élaborer un «budget des besoins» qui représente une rupture visible et importante avec la politique néolibérale. C’est ce que nos camarades ont fait à Liverpool dans les années ‘80, alors qu’ils étaient l’aile gauche marxiste du Labour Party, la parti travailliste. Cela doit impérativement être lié à l’idée qu’un changement fondamental n’est possible qu’en brisant, sur le plan national et international, le pouvoir des grandes entreprises et en mettant en place une démocratie ouvrière.

    Le PSL/LSP pense donc qu’il y a une double tâche pour les socialistes révolutionnaires: défendre l’idée d’un nouveau parti des travailleurs, aider activement au lancement d’un tel parti afi n d’établir à nouveau les idées générales de lutte et socialisme, construire en même temps notre propre courant révolutionnaire afin de mettre en avant un programme révolutionnaire achevé et, avec d’autres socialistes, combattre l’influence des bureaucrates et des carriéristes – et leurs idées et méthodes de droites – au sein du nouveau parti. Très certainement dans une situation de victoires électorales, le danger existe que ces couches voient un nouveau parti non pas comme un instrument pour changer de société, mais comme un outil pour acquérir un poste confortable au Parlement.

    Un nouveau parti des travailleurs a donc intérêt à avoir une forte aile gauche marxiste afin de donner le plus de poids possible aux points fondamentaux tels que la démocratie interne et un véritable programme socialiste (ou en tout cas les éléments les plus importants d’un tel programme). Sur base de discussions et de l’expérience en commun, nous espérons à terme convaincre la majorité, aussi dans la société, de notre programme révolutionnaire socialiste.

    Perspectives et objectifs

    Elaborer des perspectives, stratégies et tactiques est une chose, mais tout cela ne vaut rien sans être lié à des tâches et objectifs concrets. Tout comme un entraîneur d’une équipe de football qui, dans le cadre de la stratégie et de la tactique déterminée collectivement, va voir comment chaque joueur peut individuellement contribuer sur base des ses qualités et de ses faiblesse, de la même façon, une organisation révolutionnaire socialiste doit faire le maximum pour utiliser toutes ses qualités et vaincre ses faiblesses.

    On ne doit pas mettre en avant des tâches et des objectifs – par exemple pour la vente du journal, la récolte de soutien financier ou le recrutement de nouveaux membres – impossibles à atteindre. On doit motiver les membres pour atteindre un objectif qui est dans leurs capacités. Ce qu’on fait, on doit bien le faire, sans essayer d’en faire beaucoup trop, en mettant en avant des objectifs à chaque niveau, et finalement pour chacun individuellement en s’assurant que toutes les capacités soient utilisées de façon optimales.

  • BROCHURE: Le PSL – LSP, un parti pour changer de société

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – III. Notre programme

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    Cette brochure est une version actualisée d’un texte discuté à notre Conférence Nationale de novembre 2007 consacrée à la nécessité du parti révolutionnaire ainsi qu’à son programme.

    Cette discussion qui pouvait encore être abstraite pour certains est aujourd’hui beaucoup plus concrète. La crise économique et politique mondiale remet à l’agenda le débat sur le socialisme de même que celui sur l’instrument nécessaire pour parvenir à un changement de société.

    Nous voulons donner ici l’opportunité au lecteur de mieux faire connaissance avec le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP), ses idées, ses analyses, ses méthodes et son programme.

    Bien entendu, même en abordant beaucoup de choses, il n’est pas possible de donner avec cette brochure un aperçu exhaustif de notre parti. Nous abordons l’histoire du PSL/LSP, la description de quelques unes de ses activités parmi les plus caractéristiques, quelques éléments de son programme et, enfin, ses statuts ainsi que ceux du Committee for a Workers’ International (Comité pour une Internationale Ouvrière, CWI-CIO, l’organisation internationale dont le PSL/LSP est la section belge).

    Le PSL/LSP base son travail sur les expériences accumulées par le mouvement ouvrier à travers son histoire. En ce sens, nous essayons – dans la continuité de la tradition marxiste – de former la mémoire collective de la classe ouvrière pour l’aider à relever les défis qui lui font face. La lutte des classes en produit continuellement de nouveaux, de même que de nouvelles difficultés. C’est que pour réaliser leur politique sur le dos des travailleurs, patrons et politiciens capitalistes disposent d’un arsenal immense de moyens qu’ils renforcent constamment.

    Afin d’éviter que la classe ouvrière ne reproduise les erreurs qu’elle a précédemment pu commettre, l’importance de l’étude des expériences à tirer des luttes s’impose avec force. Les diverses tactiques utilisées par la bourgeoisie à travers l’histoire du capitalisme ainsi que ses tentatives continuelles pour faire payer la crise à la classe ouvrière ont été systématiquement analysées et combattues par les marxistes (entre autres dans les oeuvres de Marx, Engels, Lénine, Trotsky,… et dans d’innombrables autres ouvrages). Le PSL/LSP se base sur la méthode employée dans ces textes pour analyser, interpréter et donner une réponse aux évènements contemporains.

    Avec cette brochure, nous espérons vous donner une vision claire des idées pour lesquelles milite le PSL/LSP ainsi que de sa méthode de construction.

    Mars 2009

  • BROCHURE: HISTOIRE DU PSL/LSP

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – III. Notre programme

    – IV. Notre fonctionnement

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    Ne pas rester sur le bord de la route et jouer un rôle actif dans le processus politique du moment : voilà une des caractéristiques essentielles du PSL/LSP. Nous essayons toujours de prendre les initiatives selon nous nécessaires à la construction et au progrès des forces socialistes.

    D’importants événements mondiaux ont eu une grande infl uence sur le mouvement socialiste. Sans aucun doute, cela a été le cas de la chute du stalinisme ; ses conséquences se font encore sentir aujourd’hui. Les forces du PSL/LSP et de son internationale, le CIO, ont elles aussi été atteintes. Pourtant, même au cours des périodes les plus difficiles, au cours des périodes où la lutte des classes n’était plus qu’une vague idée fort abstraite, nous avons réussi à mettre sur pied la base de ce qu’est aujourd’hui le PSL/LSP : un parti révolutionnaire encore petit, certes, mais fort dynamique.

    Le PSL/LSP est passé de 31 membres en février 1992 à une centaine au début du nouveau siècle pour ensuite tripler et atteindre les 300 membres fi n 2008. Ses forces ont donc été décuplées et sont aujourd’hui organisées en plus d’une trentaine de sections locales en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre. Nous travaillons activement parmi la jeunesse, avec des lycéens et des étudiants. Mais nous avons également réussi à construire une position syndicale importante sur quelques lieux de travail en intervenant activement dans les mouvements syndicaux et politiques les plus importants au cours de ces dernières 15 à 2O années. Nous jouons aussi un rôle de premier plan dans la lutte antifasciste et antiraciste, et accordons encore une attention toute particulière au thème de l’oppression des femmes et à la lutte contre les discriminations et le sexisme.

    Tous les deux ans, nous organisons un Congrès National et une Conférence Nationale l’année intermédiaire, afin d’armer nos membres d’une analyse, de perspectives et d’un programme pour intervenir dans la société. Les dernières Conférences Nationales consacrées à la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs et à la question nationale en Belgique n’ont pas manqué leur objectif.

    Des perspectives correctes ont préparé notre parti à affronter les turbulents évènements et développements politiques que nous connaissons actuellement.

    Pour construire ses forces, le PSL/LSP a appliqué des tactiques diverses à ses différents stades de développement, en fonction des condition du moment. En adoptant une orientation constante vers les premières couches de la population à s’opposer au système – sans oublier toutefois le contact avec les couches plus larges dans la société – nous avons réussi à approcher la partie la plus combative de la classe ouvrière et de la jeunesse.

    Ce qui suit est un résumé de ces tactiques, des différents stades traversés par le PSL/ LSP, de son orientation, ainsi que des leçons les plus importantes que nous avons tirés.

    1. Les « Jongsocialisten » et le SP

    Une très petite minorité des actuels membres du PSL/ LSP est originaire d’une tendance marxiste active dans les “Jongsocialisten” (“jeunes socialistes”) et dans le SP (ancien nom du parti “socialiste” fl amand) à partir de 1975 en tant que VONK et à partir de février 1992 sous le nom de DE MILITANT.

    Le Vonk était issu des “Oostendse Jongsocialisten” (jeunesses socialistes ostendaises) en 1975. A cette époque régnait un climat révolutionnaire : Mai 1968 n’était pas très loin, la Révolution portugaise des œillets (1974) était à peine accomplie et l’Espagne et la Grèce connaissaient également le développement de situations révolutionnaires.

    Bien que la social-démocratie (le PS et le SP) avait à ce moment déjà une longue histoire de trahison, elle exerçait cependant encore une grande attraction sur un grand nombre de travailleurs et de jeunes.

    Les rangs du SP comprenaient encore beaucoup de travailleurs activement engagés pour le parti et qui menaient de vifs débats politiques. Les « maisons du peuple » jouaient aussi un rôle central dans la vie sociale de beaucoup de quartiers ouvriers. Qui voulait être actif dans le mouvement ouvrier ne pouvait passer à côté. Par conséquent, les précurseurs du PSL/LSP étaient d’avis qu’il était préférable de rejoindre le SP avec un programme marxiste plutôt que de s’isoler en dehors de ce parti.

    Les résultats n’ont pas démenti cette analyse: au cours des années ’80, les Vonkistes ont obtenus entre 20 et 40% des voix aux Congrès des jeunesses socialistes. Les sections d’Ostende, de Grammont, de Ninove, d’Alost, de Bruxelles, d’Evere, d’Anvers et d’Aarschot ainsi que les fédérations d’Ostende- Furnes-Dixmude, de Bruxelles, d’Anvers et d’Alost ont toutes compté à un moment ou à un autre une majorité marxiste. ALS (Actief Linkse Studenten, notre cercle étudiant dont le nom du côté francophone est Etudiants de Gauche Actifs) était déjà gagnée à un programme marxiste à la fin des années ’70 quand elle était encore l’organisation étudiante officielle du SP.

    Ce phénomène n’a pas été limité à la Belgique : ailleurs en Europe, mais aussi en Afrique, en Amérique, en Asie et en Australie, des organisations similaires au Vonk se sont créées et ont rapidement gagné en influence. Liées entre elles par le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière – Commitee for a Workers’ International), ces groupes à tendance marxiste ont combattu dans le monde entier la direction bureaucratique de la sociale-démocratie.

    Cette activité a mené ici et là à des suspensions et à des expulsions mais, en général, la pression de la base faisait alors respecter le droit de tendances au sein de ces partis.

    2. La chute du Mur

    Dès le milieu des années ’80, mais surtout après la chute du mur de Berlin, la situation a commencé à changer. Le SP est devenu moins attractif pour les travailleurs et les jeunes, ce qui a diminué la pression de la base pour garantir le droit de tendance.

    En 1990, un véritable coup de force a pris place lors d’un Congrès des jeunesses socialistes. A cette occasion, les marxistes ont été exclus et des sections et fédérations ont été dissoutes. Même la presse nationale a accordé de l’attention à ce règlement de comptes contre les Vonkistes.

    Une situation similaire s’est développée dans le SP. La section ostendaise a été dissoute avec ses 900 membres et 22 militants ont été exclus du parti. Johan Vande Lanotte, un ex-anarchiste, a été envoyé là-bas avant de devenir parlementaire et ministre.

    Pour beaucoup de travailleurs devenait sans cesse plus limpide le fait que le SP n’était plus un instrument pour porter leurs revendications, mais plutôt le “moindre mal” parmi les partis traditionnels. L’idée selon laquelle les travailleurs et les jeunes en lutte se dirigeaient en premier lieu vers la socialdémocratie était devenue constamment plus invraisemblable.

    Pour cette raison, petit à petit, la plupart des sections du CIO ont opté pour la création d’organisations révolutionnaires indépendantes et ouvertes.

    Sur ce sujet, les Vonkistes belges se sont littéralement déchirés en deux : une minorité (qui a pu conserver le mensuel “Vonk” pour des raisons légales et techniques) a décidé de rester au sein du SP tandis que la majorité, qui animait aussi Aktief Linkse Studenten et Blokbuster (une campagne antifasciste expliquée plus loin dans ce texte), a porté dès ce moment son attention sur un travail indépendant sous le nom de “De Militant” (“Le Militant”). Mais ce n’est qu’en 1995 que “De Militant” a offi ciellement opté pour une organisation ouverte en créant “Militant Links” (“Gauche Militante”).

    Le test ultime des idées se fait à travers la pratique. Une comparaison des résultats actuels des deux tendances illustre que la tactique de la majorité, la construction d’un parti révolutionnaire, était la plus correcte, même au regard de l’attention médiatique dont dispose aujourd’hui en Flandre un de leur dirigeant, Eric De Bruyn, porte parole de SP.a rood, depuis les élections pour la présidence du parti en 2008.

    3. Le rôle du travail vers la jeunesse

    Idéologiquement, la chute du mur a surtout été un coup dur pour le mouvement ouvrier. L’idée selon laquelle le capitalisme était le seul système possible au monde s’est développée, fortement accentuée par la propagande bourgeoise. Au même moment, quasiment tous les partis et toutes les organisations liés de près ou de loin au mouvement ouvrier ont subi un important virage à droite.

    La bourgeoisie a profité de cette faiblesse et a consolidé son offensive à l’encontre de pratiquement toutes les organisations de la classe ouvrière. Le droit à des services publics abordables et de qualité a constamment été plus attaqué par les libéralisations et privatisations successives. Partout a augmenté le degré d’exploitation, et le fossé existant entre riches et pauvres s’est par conséquent approfondi. Le célèbre mouvement anti-mondialisation a été la première réaction face à ce processus.

    Mais au début des années ’90, cette situation a surtout conduit à un réflexe de démoralisation et anti-politique tandis que l’ensemble des partis sociaux-démocrates et communistes s’est converti au marché libre. Ils ont alors relégués au placard l’idée de la lutte pour la transformation socialiste de la société. La base électorale traditionnelle de ces partis s’est érodée, dans certaines régions plus vite et plus profondément que dans d’autres, phénomène souvent accompagné d’un accroissement des partis d’extrême-droite, sur base d’un programme populiste et raciste. Cette croissance de l’extrême droite a suscité un mouvement de protestation, surtout parmi la jeunesse, mouvement que nous avions anticipé en créant la campagne Blokbuster en Belgique et YRE en Europe (Youth against Racism in Europe).

    L’idée derrière la mise en place de ces campagnes était de nous orienter vers la partie la plus dynamique et la plus ouverte de la classe ouvrière envers nos idées : sa jeunesse. Il ne s’agissait pas d’un but en soi, nous voulions de cette manière mieux nous préparer à l’inévitable réveil de la classe ouvrière à une étape plus lointaine en préparant une nouvelle génération de jeunes marxistes.

    4. Blokbuster

    Dans les années ’90, en Flandre, la notoriété de Blokbuster chez les jeunes était assez considérable. Lancée comme campagne “anti-Vlaams Blok” l’été ayant précédé les fameuses élections de 1991 et le “dimanche noir” qui a vu la première percée du VB, Blokbuster est rapidement devenu la campagne la plus conséquente et la plus efficace contre le racisme et le fascisme. A son apogée, Blokbuster a compté 50 comités locaux et environ 2.500 jeunes possédaient leur carte de membre !

    La campagne antiraciste Blokbuster n’était pas basée sur des éléments “moralisateurs” mais sur l’organisation locale de la lutte concrète contre Vlaams Blok & Co: d’innombrables manifestations et blocages sous la revendication “Pas de forum pour les fascistes!” ont été organisés. Blokbuster était également le seul mouvement anti-raciste à présenter un programme socio-économique afi n de stopper la propagande raciste et fasciste tout en liant ensemble travailleurs belges et immigrés, à côté de revendications destinées à améliorer les conditions de vie des immigrés et des sans-papiers. Cette stratégie explique le slogan : “Des emplois, pas de racisme! Tout ce qui nous divise nous affaiblit!”, que l’ont peut notamment trouver sur nos autocollants. Ce dont nous avions besoin, c’était d’un programme capable d’unir toute la classe ouvrière, sans distinctions de race, de couleur ou de religion.

    Blokbuster a aussi été le point de départ de la création de YRE (Youth against Racism in Europe), une organisation internationale contre le racisme et l’extrême-droite lancée en octobre 1992 lors d’une manifestation internationale contre le racisme qui avait rassemblé 40.000 participants.

    Partout en Europe, nous avons organisé les jeunes contre l’extrême-droite. Jusqu’à aujourd’hui, YRE a été, et reste, actif dans des pays européens aussi divers que la Grèce (en particulier sur le thème du droit d’asile), l’Angleterre,… ou encore la Russie et d’autres pays de l’ex-bloc de l’Est (où nous organisons toujours la lutte contre de nouvelles tendances fascistes).

    En dehors de l’aide apportée à l’organisation de bien des manifestations nationales et locales ou de grèves lycéennes contre le racisme, Blokbuster a lancé l’appel pour une nouvelle “Marche des Jeunes pour l’emploi et contre le racisme” en 1993. Nous avons pu compter à cette occasion sur le soutien des jeunes de la FGTB fl amande, des “Jongsocialisten” et d’AFF (pendant néerlandophone du FAF, le “Front Anti-Fasciste”). Nous avons mené les discussions pour cette mobilisation dans les écoles et des stands de Blokbuster étaient présents à chaque festival.

    A la même époque que la “Marche pour l’emploi” de 1993 s’est développé un mouvement général de grève contre le Plan Global du gouvernement Dehaene (démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates). Le Plan Global a constitué la première attaque structurelle contre l’index (à travers l’instauration de l’index-santé) et contre les salaires (à travers l’introduction de la norme salariale).

    Nous avons alors mis en place des grèves lycéennes au même moment des grèves locales contre le Plan Global : les jeunes écoliers et les travailleurs marchaient donc ensemble contre le Plan Global et contre l’extrême-droite.

    Blokbuster et “De Militant” étaient présents aux piquets qui ont empêché toute activité sur beaucoup de terrains industriels. Ce mouvement de grève générale – la plus grande numériquement depuis 1936 – a échoué à cause de l’absence d’alternative au soi-disant “gouvernement le plus à gauche possible”.

    5. ALS – Aktief Linkse Studenten

    Dans les universités et les écoles supérieures, les membres de “De Militant”, ont constitué la force dynamique d’ALS, qui a jusqu’au début des années ’90 offi ciellement fait partie de la “Socialistische Gemeenschappelijke Actie” (Action Communautaire Socialiste). Mais ALS s’était entre-temps séparé du SP pour devenir notre organisation étudiante et était aussi devenue la plus importante organisation étudiante de Flandre. ALS organisait notamment des critiques marxistes de cours dispensés dans les universités et les écoles supérieures.

    Cette organisation était pratiquement la seule à s’opposer à la privatisation des restaurants universitaires et à la diminution des services sociaux, avec l’effort constant de rechercher l’appui des syndicats. ALS, surtout à Gand, a pu compter sur une base forte et a notamment pu obtenir que le NSV – l’organisation étudiante non-offi cielle du Vlaams Blok – soit exclue du PFK (la faculté de politique et de philosophie) tout en empêchant au Vlaams Blok de tenir des conférences dans les locaux de l’université.

    ALS s’est aussi distingué par sa solidarité avec les causes de la classe ouvrière. Quand, par exemple, les travailleurs du Chantier de Boel sont partis en grève en 1994 contre la fermeture de leur chantier, ALS a organisé une campagne de solidarité comprenant des manifestations en commun et des récoltes de fonds dans les auditoires. ALS a agit de même dans plusieurs universités lors de la grève de Clabecq.

    6. D’autres groupes nous rejoignent

    La fermeté de principe IDEOLOGIQUE est une exigence absolue pour une organisation marxiste, faute de quoi elle ne sera jamais capable de résister à la pression idéologique, politique, sociale et financière de la société capitaliste. La bourgeoisie dispose d’une pléthore de moyens pour isoler et/ ou récupérer ses adversaires. Un simple regard aux directions du SP actuel (le SP.a) et du PS suffit pour constater ce dont la bourgeoisie est capable. La corruption les a touché, de la même manière qu’elle a atteint les “extrême-gauches “ du sommet de ces partis ou encore des syndicats.

    Cette fermeté de principe, cependant, ne peut pas conduire au dogmatisme et au manque de flexibilité. Quand change la situation, les marxistes doivent être assez ouverts pour remettre en question certaines “vieilles certitudes” afin d’opérer les changements tactiques nécessaires.

    Grâce à ses capacités d’interprétation correctement une situation nouvelle ainsi qu’à son ouverture aux changements, “De Militant” est devenu un pôle d’attraction pour d’autres forces, ce qui s’est entre autres exprimé le 9 Octobre 1994. Après des mois de discussion, un petit groupe de syndicalistes bruxellois francophones qui avait rompu avec le POS (Parti Ouvrier Socialiste, actuellement Ligue Communiste Révolutionnaire) en raison de l’opportunisme de cette organisation a décidé de rejoindre “De Militant”. Pour nous, qui n’avions jusqu’ici été actifs qu’en Flandre, cet évènement revêtait une grande importance, également sur le plan syndical. Suite à cela, à partir du 1er Mai 1995, le journal “De Militant” a fait son apparition en français sous le nom “Le Militant”.

    En juin 1996, une scission s’est produite chez les verts flamands, et ces membres nous ont ensuite rejoint nos rangs. Suite à l’évolution systématique de la social-démocratie vers la droite, Agalev (l’ancien nom de Groen !) a commencé à connaitre un certain progrès électoral à partir du début des années ‘90, suivi un peu plus tard par Ecolo du côté francophone. Si ces “marcheurs en sandales” de mai ’68 étaient regardés avec peu de sérieux par les travailleurs, leurs positions concernant la démocratie de base formaient par contre, aux yeux des intellectuels progressistes, une alternative bienvenue face à la bureaucratie constamment plus conservatrice du SP. Parmi l’organisation de jeunesse d’Agalev (“Jong-Agalev”) quelques jeunes ont commencé à s’intéresser aux idées marxistes et anarchistes. Cette situation a finalement conduit à une confrontation au sein de “Jong-Agalev”, suivie par une reprise en mains par le sommet d’Agalev.

    A partir de juin 1996, quelques-uns de ces jeunes sont entrés en contact avec ALS et certains ont rejoint “Militant Links”. En Octobre 1999, durant la campagne électorale qui a vu Agalev entrer au gouvernement, ALS avait organisé une série de débats avec une assistance nombreuse entre ces jeunes militants et les bonzes d’Agalev.

    Enfin, lors de son assemblée générale du 22 juin 1997, la majorité de “Socialisme International” a également décidé de rejoindre “Militant Links/ Militant”. “Socialisme International “ était actif en Wallonie et à Bruxelles depuis le milieu des années ’80. Après une série de bulletins de discussions et de débats, les deux organisations ont publié une déclaration commune dans laquelle ont été annoncées la fin de “Socialisme International” et l’adhésion de ses membres à Militant Links/Militant.

    Le PSL/LSP ne pense pas qu’un parti révolutionnaire se construit uniquement sur base du gain individuel de membres, bien que cela soit très important. Les groupes politiques qui participent à la lutte des classes ne sont indifférents ni à ses succès, ni à ses défaites, mais affinent leur jugement à partir d’expériences concrètes. Les regroupements qui en découlent sont importants dans la construction d’un parti.

    7. “Militant/Militant

    Links” comme parti de lutte Le processus de bourgeoisification de la sociale-démocratie s’est accéléré au cours des années ’90. Afin de marquer notre éloignement de celle-ci, nous avons, beaucoup trop tard, décidé de construire officiellement une organisation indépendante en février 1995. En Flandre, nous avons choisi le nom “Militant Links” et celui de “Militant” du côté francophone, qui disposait d’une organisation plus faible.

    Au vu de l’attitude défensive dans laquelle se trouvait le mouvement ouvrier et étant donné que la radicalisation des jeunes se limitait surtout à des thèmes “one-issue”, des thèmes uniques, il n’y avait plus besoin d’une formation plus large, dirigée vers une couche plus large de la population, mais plutôt d’une formation de lutte, orientée vers les couches les plus radicalisées.

    Le nom “Militant Links/Militant” voulait exprimer la combativité et l’action tout en tenant compte à la fois du discrédit provisoire de l’idée du socialisme et de la méfiance vis-à-vis des partis politiques parmi les couches vers lesquelles nous voulions nous orienter en première instance.

    Parallèlement, nous avons lancé le slogan “Pour un nouveau parti des travailleurs”, en partant de la nécessité d’un instrument politique indépendant pour la classe ouvrière. Il nous a toutefois fallu attendre jusqu’au “Pacte des Générations” pour que ce slogan trouve un débouché concret. Cette revendication est donc demeurée propagandiste jusqu’à ce moment.

    Entre temps, Militant/Militant Links n’est pas resté les bras croisés. Nous sommes restés vigilants et avons adopter des détours et des orientations temporaires vers des groupes spécifiques, par exemple vers les habitants des quartiers gantois ou vers les syndicats lycéens de Courtrai. Nous avons à cette époque fait beaucoup de tests. Ces réorientations tactiques étaient une réponse à la confusion et à la fragmentation globalement présente dans la société.

    Nous avons également posé nos premiers pas sur le terrain électoral. Sur base de nos interventions locales, nous avons participé aux élections de 1999: sur la liste Debout (autour de Roberto D’Orazio et des ouvriers de Clabecq ) aux élections européennes et sur les listes du Parti Communiste pour la Chambre à Liège et à Bruxelles. A Gand-Eeklo, nous nous sommes présentés sous notre propre nom, “Militant Links”. Il est à regretter que « Debout » ait décidé de s’arrêter après une assez bonne première participation, tandis que le PC espérait trop des élections. A Gand, cette participation électorale sous notre nom propre nous a permis de renforcer “Militant Links”.

    La question est restée ouverte : que faire de la contradiction entre le vide à gauche et l’absence d’une large formation des travailleurs ? Nous avons alors proposé des “Alliances de Gauche” afin de participer aux élections communales de 2000, non pas comme précurseur d’une formation large, mais plutôt comme une aide ponctuelle servant à ne pas laisser ce vide totalement inoccupé. Un tel nom a cependant trop accentué l’alliance avec les autres formations et trop peu l’attraction vers des travailleurs et des jeunes encore inorganisés. “Opposition de Gauche” aurait été un bien meilleur nom. Finalement, nous avons participé aux communales avec le PC à Liège, nous avons appelé à voter pour la liste PVDA+ (PTB+) à Anvers, tandis que nous nous sommes présentés sous notre nom à Ostende et avec “LEEF !” à Gand.

    “Militant/Militant Links” a donc nagé dans beaucoup d’eaux, avec l’objectif constant d’exploiter les possibilités présentes pour populariser les idées socialistes, augmenter la conscience et fortifier le mouvement socialiste dans la société.

    8. Les trois piliers de Militant/Militant/ Links : Lutte, solidarité, socialisme

    1. La lutte

    Parce que seule la lutte paie.

    Lutte contre une bourgeoisie qui nous vole tout ce que nous avons gagné : de bons salaires, des emplois stables, la sécurité sociale, des conditions de travail et de vie confortables, des services publics, etc.

    Lutte contre une bourgeoisie qui nous divise, femmes, jeunes, immigrés, minorités nationales, ethniques ou religieuses, pour mieux nous exploiter et pour garder les travailleurs sous son contrôle.

    Lutte contre une bourgeoisie qui est en train de détruire notre planète à un rythme de plus en plus effréné avec son mode de production barbare.

    Lutte contre une bourgeoisie qui n’offre à la majorité de la population mondiale que pauvreté, insécurité, chômage, guerre, oppression nationale,… bref, la barbarie et rien de plus.

    Avec “Militant/Militant Links”, nous ne sommes pas seulement intervenus dans les luttes de la classe ouvrière et des jeunes, mais nous avons également initié nos propres campagnes autour de quelques thèmes importants et avons essayé d’organiser et de mobiliser des travailleurs et des jeunes autour de ces campagnes.

    En voici quelques exemples :

    Sur les lieux de travail

    Bien que nous n’avons pas assisté à des luttes généralisées lors de la deuxième moitié des années ’90, quelques luttes isolées se sont développées, ici et là. Dans beaucoup d’entre elles, nous n’avons pas pu intervenir simplement en raison de manque de forces ; mais là où l’opportunité se présentait pour nous d’intervenir, nous avons soutenu la lutte en paroles mais aussi en actes.

    La grève de 7 semaines menée à Gand en septembre 1999 à l’entreprise métallurgique de Carnoy contre la suspension du délégué de l’ABVV (FGTB) Raf Verbeke et contre la restructuration de l’usine constitue un exemple de ce soutien. Le patron a utilisé tous les moyens possibles et imaginables pour casser la grève : recours à la justice, pressions politiques, police, intimidations, caméras, hélicoptères pour faire entrer les casseurs de grève dans l’usine,…

    Nous avons systématiquement mobilisé pour renforcer les piquets, organiser la solidarité nationale et internationale et avons également apporté nos conseils et notre soutien contre chaque tentative du patron pour faire un pas de plus vers ses objectifs. Malgré une inventivité étonnante, ce dernier n’a pas réussi à casser la grève. L’attitude des secrétaires syndicaux nationaux et régionaux a toutefois constitué le point faible de cette grève. Alors qu’ils avaient l’opportunité de terminer la lutte à l’avantage des travailleurs, ils ont refusé d’utiliser les possibilités qui s’offraient à eux.

    Militant/Militant Links a à ce moment lancé un appel pour une grève régionale de 24h dans le secteur du métal. Malgré le fait que beaucoup de travailleurs ont soutenu cette revendication, ceux-ci n’ont pu qu’être confrontés à la mauvaise volonté des dirigeants syndicaux pour qui primaient les bonnes relations entretenues avec Fabrimetal (association patronale de la métallurgie, des industries mécaniques, électriques et plastiques). En conséquence, les travailleurs ont constamment plus été isolés et ils ont finalement dû reprendre le travail tête baissée. Peu de temps après, l’entreprise devait fermer ses portes.

    Le travail avec les journaux d’entreprises

    En 1994 déjà, nous avons commencé à éditer un journal d’entreprise pour La Poste, le Modèle 9, que nous utilisons toujours aujourd’hui comme instrument d’intervention dans la lutte des postiers et des postières contre les attaques incessantes sur leurs conditions de travail et leur statut. Certains membres éprouvaient un besoin urgent de matériel spécifi que sur leur lieu de travail, du fait que les travailleurs de La poste, à l’époque encore le plus grand employeur de Belgique, sont complètement éparpillés dans des bureaux éloignés les un des autres et que les syndicats négligent de transmettre les informations nécessaires. Moyen d’information pour les postiers et les postières sur la lutte d’autres bureaux au début, Modèle 9 s’est parfois développé comme outil de mobilisation là où des salariés travaillaient avec ce bulletin.

    Dans le secteur des hôpitaux aussi, nous avons lancé un journal d’entreprise : Ziekenhuiswerker (Le travailleur des hôpitaux). Nous avons voulu étendre l’action de ce journal aux autres secteurs des soins de santé, car ce secteur connaissait une carence en informations et en moyens de discussions stratégiques (pour ou contre le Maribel, comment unifier la lutte, …) et de mobilisation pour des actions. Ce travail est poursuivi aujourd’hui avec « Hypertension », avec lequel nous essayons de participer à la construction d’un rapport de forces dans l’ensemble du secteur non-marchand.

    A côté de ces journaux d’entreprises spécifiques, nous avons publié un bulletin d’information syndical périodique. Le premier exemplaire a clairement exprimé où nous nous situions: c’était un tract de mobilisation pour la lutte des travailleurs des Forges de Clabecq.

    Nous n’avons jamais sous-estimé l’importance du travail syndical et l’orientation des jeunes vers le mouvement ouvrier. Pas même quand, à certains moments, l’activité syndicale était au repos. Nos premiers délégués syndicaux datent d’ailleurs de cette période. Notre orientation politique vers le mouvement ouvrier a aussi permis à nos jeunes, qui à ce moment là constituaient l’essentiel de notre travail politique, de se rôder pour pouvoir ultérieurement jouer un rôle important sur leur lieu de travail.

    Parmi les jeunes

    A côté de Blokbuster, ALS a commencé à jouer un rôle encore plus important dans la construction des bases d’une campagne pour un syndicat étudiant. Ce syndicat étudiant a connu son point culminant au moment de la Marche Blanche de 1996.

    Des jeunes sont spontanément partis en action et ont manifesté dans les rues de toutes les villes et communes à cette occasion. Le coup d’envoi avait été donné par la délégation de VW qui avait observé un arrêt de travail après l’annonce de “l’arrêt spaghetti” (le dessaisissement du juge d’instruction Connerotte parce qu’il avait pris part à un souper spaghetti au bénéfi ce des victimes de Dutroux). S’en sont suivies plusieurs grèves et actions à Ford Genk, Phillips à Hasselt,… et un nombre incalculable de petites entreprises. Il en était de même à la SNCB et dans les sociétés de transport en commun. Mais ce sont surtout les jeunes qui ont fait parler d’eux la semaine qui a précédé la Marche Blanche. C’est à Gand, où le syndicat étudiant était organisé, que le mouvement a été le plus développé. Le slogan de la manifestation était « le système est pourri jusqu’à la moelle ». L’appel à une action unitaire le vendredi avant la Marche Blanche a conduit à la plus grande manifestation de l’histoire de Gand. Les écoliers et les étudiants étaient particulièrement présents, mais pas mal de travailleurs avaient également rejoint le cortège. Chez De Lijn et chez les éboueurs, le personnel s’est mis en grève et s’est rendu en protestant jusqu’au palais de justice. Un signe des directions syndicales aurait suffi t à transformer ces actions spontanées en grève générale, mais l’absence de ce signe a donné au roi et aux partis politiques traditionnels la possibilité de récupérer le mouvement et de le remettre sur des voies plus sûres.

    A Courtrai, en 1997, Militant/Militant Links a été à l’initiative de la mise en place d’un syndicat des écoliers à l’occasion du premier anniversaire de la Marche Blanche. Le 28 avril 1998, ce syndicat a organisé une grève des écoliers contre l’extension des accords de coopération par lesquels le ministère de l’enseignement voulait faire passer ses économies.

    Sous le titre “le choix de la personnalité – nous préférons le faire nous-mêmes” le syndicat des écoliers de Courtrai a protesté le 1er octobre 1999 contre l’interdiction du port des piercings à l’école. Selon le syndicat des écoliers, cette interdiction était une suite directe de la politique d’austérité budgétaires. Les directions des écoles sont, du fait des économies, toujours obligées d’être en concurrence pour avoir plus d’étudiants. Pour avoir une bonne image, l’école doit avoir plus d’étudiants pour obtenir plus de subsides. La pression mise sur les écoliers afin qu’ils soient “dans la norme” s’est donc amplifiée. Pour le syndicat des écoliers de Courtrai, les écoliers ne pouvaient pas devenir les victimes de cette lutte concurrentielle. Cette action a éveillé l’attention des médias et a engendré une semaine de débat public sur le droit de porter des piercings. Des caricaturistes renommés ont aussi illustré ce débat dans leurs dessins humoristiques.

    Dans les quartiers

    En novembre ’97, Militant/Militant Links a fait ses premiers pas dans le domaine de la politique communale. Nous avons essayé de mobiliser la population de Gand contre la hausse de prix scandaleuse des sacs poubelles, une mesure qui découlait directement de la privatisation de l’intercommunale Ivago. Une manifestation d’une centaine d’habitants des quartiers de Gand a constitué le début d’une campagne active dans quelques quartiers gantois. Nous avons mobilisé parmi les habitants des quartiers les plus pauvres – Belges et émigrés – et nous avons miné la stratégie de diviser pour régner du Vlaams Blok (ancien nom du Vlaams Belang) qui exprimait son désaccord avec la direction des sociétés de ramassage d’immondices mais qui, dans la pratique, votait de la même manière que les autres partis au Conseil Communal. Nous avons appelé à une « désobéissance civile» et à ne pas payer les sacs poubelles. Chaque semaine, les comités locaux organisaient une manifestation de quartier et le rassemblement des immondices. Nous n’avons pas été en mesure de répéter cette tactique dans d’autres quartiers, mais avons illustré dans la pratique ce qu’un parti large des travailleurs pourrait faire.

    La lutte était trop isolée à quelques quartiers et nous n’avons, de ce fait, pas pu faire revenir l’administration communale sur sa décision. Il en a cependant résulté quelques concessions pour les familles les plus pauvres qui reçoivent (encore actuellement d’ailleurs) une indemnité annuelle qui compense le prix des sacs poubelles.

    Cette politique a été testée à Gand d’abord et ensuite appliquée à toute la Belgique, pour soi-disant diminuer le tas d’immondices, sous couvert de la devise du «pollueur-payeur».

    Nous ne nous opposons pas à une politique écologique, mais nous contestons que cette mesure ait quelque chose à voir avec cela. Ce qui est finalement proposé, c’est que nous payions pour les déchets d’emballages superflus de l’industrie et ensuite encore pour les bénéfices du secteur de l’enlèvement des immondices et le recyclage.

    Une autre campagne a été initiée plus tard quand, le 14 janvier 2000, la police de Gand a fait une descente dans les ASBL turques et les snacks-pitas du quartier de Rabot. A quelques GSM et autoradios près, dont nous ne sommes d’ailleurs pas vraiment surs qu’ils aient bien été volés, rien n’a été découvert. Cette razzia, et principalement sa grande campagne médiatique, visait surtout à faire croire que ce quartier était rempli de criminels et de bons à rien. Militant/Militant Links a immédiatement commencé une campagne dans ce quartier pour l’emploi, pour des logements de bonne qualité et pour plus de moyens de loisirs. A travers cette campagne, nous avons provisoirement réussi à diminuer la pression que cette razzia avait causée dans le quartier.

    Dans les mêmes quartiers, le PSL/LSP s’est investi en 2002- 03 dans une campagne contre le projet de prestige “Oxygène dans le port de Bruges” qui avait pour conséquence l’expulsion de 89 vieilles petites maisons pour faire place à des ménages plus fortunés.

    International

    Notre section irlandaise, le Socialist Party , fait fonction d’exemple concernant ce type d’action politique. En juin ’97, ils ont été récompensés par la première élection en cinquante années d’un marxiste au parlement. Joe Higgins a entamé une fi ère tradition : un parlementaire avec un salaire d’ouvrier qui utilise sa position pour informer, sensibiliser et mobiliser. Joe a été élu grâce à une campagne que nos camarades avaient mené contre les taxes sur l’eau, un produit de première nécessité que les taxes rendaient tellement chère que les familles pauvres étaient obligées de sacrifier leur hygiène pour pouvoir payer leurs factures. A travers cette campagne qui a largement mobilisé la population de Dublin, la capitale irlandaise, ces taxes ont finalement été retirées. D’autres campagnes réussies ont suivi par la suite: l’une contre la taxe des immondices pour laquelle Joe et d’autres membres et militants ont passé quelques mois en prison ; une autre en solidarité avec les travailleurs turcs de Gamma qui étaient lourdement sous-payés et devaient prester un très grand nombre d’heures,…

    2. La solidarité

    Parce qu’individuellement, nous ne pouvons pas faire grandchose.

    Le slogan « améliorez le monde en commençant par vous-même » a été utilisé pour nous empêcher de nous battre contre la cause de ces problèmes : le système capitaliste. Nous opposons à cela la solidarité avec tous les travailleurs et leurs familles, quelque soit l’âge, la nationalité, les convictions religieuses,… à travers le monde entier. La solidarité est quelque chose de concret : cela signifie l’union dans la lutte, demander de l’aide ici pour l’offrir à une lutte ailleurs,…

    Cela signifie aussi s’organiser localement, nationalement et internationalement.

    LENINE était déjà très clair à ce sujet : la première tâche d’un socialiste internationaliste est la lutte pour le socialisme dans son propre pays. La solidarité internationale est nécessaire, mais ne peut exister sans la solidarité avec les travailleurs en lutte dans son propre pays.

    Avec les travailleurs de Clabecq

    Militant/Militant Links a soutenu dès le début la lutte des travailleurs de Clabecq. Ces travailleurs devaient faire face à leurs patrons, au monde politique et aux médias, mais ils pouvaient compter sur un grand soutien dans la population laborieuse. Plusieurs manifestations ont mobilisé des dizaines de milliers de travailleurs. Quand ces travailleurs, avec des syndicalistes d’autres entreprises et d’autres secteurs, ont créé le Mouvement pour le Renouveau Syndical, ils ont dû tenir compte d’un autre type de pression : celle venant de l’intérieur des organisations syndicales. La pression des directions syndicales, qui dépeignaient ce mouvement comme un mouvement « violent, stalinien,… », était énorme. Ces directions syndicales avaient principalement peur des conséquences que pouvaient avoir sur leur base les critiques justifiées qu’avaient contre elles les travailleurs de Clabecq.

    Nous pensons que les militants de gauche doivent s’organiser au sein des syndicats pour ramener complètement ces organisations sur le chemin de la lutte syndicale : pas avec une sorte de radicalisme insignifiant, mais parce qu’une stratégie de concertation sans volonté de se battre ne profite qu’au capitalisme. Nous voulons que les syndicats soient à nouveau dirigés par les travailleurs et qu’ils portent à nouveau activement l’étendard de la solidarité.

    Pour nous, la solidarité ne s’arrête pas quand la lutte dans l’entreprise se termine. Au contraire : l’expérience nous a appris qu’aussitôt que les travailleurs sont démobilisés, la bourgeoisie fait tout pour punir les meneurs, même si ce n’est que pour l’exemple. Dans le cas de Clabecq, le tribunal a essayé de condamner les meneurs de la grève. A côté d’une mobilisation permanente pour le soutien financier des travailleurs de Clabecq, les membres de Militant/Militant Links sont allés chercher de l’argent là où ils le pouvaient, entre autres à la CGSP-VUB (Vrij Universiteit Brussel) qui, sous l’impulsion de son délégué principal, un membre de Militant/Militant Links, a utilisé le montant des primes syndicales pour lancer un appel à la solidarité avec les 13 accusés de Clabecq. Mieux, 29.000 francs belges (environ 720 euros) ont été offerts en contribution aux frais du procès. Ce genre de solidarité ajoutée à la force des 13 de Clabecq a entraîné un non-lieu.

    Soutien aux travailleurs d’Aldi

    La solidarité internationale est un autre point très significatif de notre travail, comme l’illustre celle que nous avons organisée avec les travailleurs irlandais d’Aldi.

    En 2000, un conflit a commencé à l’Aldi de Dublin, en Irlande du Sud, en raison des heures supplémentaires systématiques qui, de plus, n’étaient pas payées. Quand le représentant du personnel est allé se plaindre de cette situation à la direction, lui et quatre autres travailleurs (sur un total de douze) ont été licenciés sur le champ. Ce genre de pratique arrive encore souvent. En général, on prétend qu’il n’y a rien à faire. La réaction de notre parti-frère irlandais a consisté à mettre sur pied des groupes de résistance dans les quatre villes où Aldi était implanté. Ces groupes de résistance ont organisé des activités quotidiennes et ont appelé au boycott d’Aldi, alors que les travailleurs de la succursale de Dublin étaient en grève depuis deux mois. De plus, ils ont organisé une journée d’action internationale le 19 août 2000. Ce jour là, les membres de Militant/Militant Links de Bruxelles, Gand et Ostende ont mené le même genre d’actions dans les magasins Aldi. En Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Ecosse, aux Etats-Unis, au Danemark, en Autriche et en Australie, des actions similaires ont été menées.

    Résultat : les licenciements ont été levés, le droit de se syndiquer a été reconnu et des négociations sur les heures supplémentaires ont été entamées.

    Avec les activistes politiques et syndicaux du Nigéria Autre exemple encore, les actions menées par notre organisation contre la répression des activistes politiques et syndicaux au Nigéria. L’une des campagnes a été menée contre Shell, qui aidait l’élite nigériane à maintenir la population locale sous contrôle afin de pouvoir se faire le plus d’argent possible. Nous avons mis sur pied des comités anti-Shell partout où le CIO avait des sections et nous avons mené des actions dans les stations Shell en prenant la défense des droits syndicaux et en exigeant la libération des prisonniers politiques. Nous avons mené des actions en collaboration avec d’autres organisations et organisé des tournées de conférences avec des militants nigérians en Belgique. Les campagnes et les actions étaient tant destinées à faire pression sur le régime en dévoilant la répression qu’à rassembler des moyens financiers permettant le déroulement d’actions politiques au Nigéria. Pour cela, nous avons reçu à plusieurs reprises le soutien de militants syndicaux, de sections syndicales et d’organisations pour la paix.

    A travers ce genre de solidarité avec des travailleurs en lutte du Nigéria, du Sri Lanka, du Kazakhstan,… nous avons pu obtenir des concessions importantes et aider ainsi de nombreux mouvements de lutte dans la pratique.

    On pourrait encore parler de la campagne de soutien internationale avec les travailleurs grévistes des télécoms au Pakistan.

    Une caractéristique incontestable de notre Internationale est que, là où nous le pouvons, nous réagissons de manière internationale contre tout type de répression et d’intimidation dirigée contre le mouvements ouvrier.

    Un autre élément de notre internationalisme est l’importance accordée aux leçons à tirer des différentes expériences de lutte. Pour cela, il est indispensable de construire un parti des travailleurs révolutionnaire international comme le Comité pour une Internationale Ouvrière.

    3. Le socialisme

    Parce que le capitalisme nous prive de nos droits. Le monde se construit sur base de notre travail : c’est nous qui produisons toute la richesse. En échange de cela, nous recevons de la part des patrons des salaires de misère, le chômage, la pauvreté et la répression.

    Parce que le socialisme signifie que la majorité de la population peut déterminer ce qui se passe dans le monde. Parce que le socialisme signifie aussi que la démocratie véritable est garantie si tous les droits des minorités de la société sont respectés – la classe ouvrière n’a en effet pas le moindre intérêt dans la répression raciste, nationaliste, religieuse ou sexiste.

    Le socialisme, encore, parce qu’une telle société qui produira pour les besoins de chacun et non plus pour les vils gains de quelques-uns utilisera cette production de tout autre manière, en produisant entièrement selon toutes les techniques écologiques connues aujourd’hui – et en les développant davantage – afin de sauver le monde de la catastrophe.

    Un exemple de vraie direction socialiste

    La chute des régimes staliniens en Europe de l’Est, combinée à la progression vers la droite et à l’embourgeoisement de la sociale-démocratie, a créé parmi des couches larges de la population la confusion et la suspicion contre le concept même du socialisme. “Beaucoup de belles phrases, mais quand ils viendront au pouvoir ils seront quand même comme les autres.”

    Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’est pas le cas. Mais après les différents projets de “renouveau politique” lancés à la tête des gens ces dernières années, sans pourtant rien de neuf, il est normal que la prudence règne. La dernière variante est l’idée de “bonne gouvernance” introduite par Leterme & Co en réponse à la politique d’annonces fracassantes de la coalition violette (libéraux et sociaux-démocrates). Nous n’avons aucune illusion envers le “renouveau politique” ou la “bonne gouvernance” de la part de partis dont nous savons que la priorité va aux capitalistes et pas à la majorité de la population. Nous pensons que ce qu’il faut, c’est la création d’un nouveau parti des travailleurs qui défende les intérêts des travailleurs et des jeunes et qui développe une stratégie de lutte pour s’opposer à la politique de la bourgeoisie.

    Mais soyons clairs : ceci ne veut pas dire que nous devons rester les bras croisés, encore moins que “faire de la politique” aujourd’hui doit seulement signifier “se remplir les poches” ou “faire beaucoup de bruit pour rien”.

    Liverpool, une ville qui a osé se battre

    Nous en avons donné un exemple édifiant pendant les années ’80 au Conseil communal de Liverpool, alors contrôlé par les membres britanniques du CIO qui travaillaient encore à l’époque au sein du Parti Travailliste (Labour Party), tout comme nous au sein du SP.a. Ce Conseil communal a démontré ce qu’une politique socialiste signifie en pratique et dans les limites de la politique communale.

    Entre 1983 et 1987, ce Conseil communal a construit plus de 10.000 logements sociaux, sept nouvelles écoles et six hôpitaux. Il a aussi rétabli l’approvisionnement de lait gratuit dans toutes les écoles gardiennes, instauré la semaine des 32 heures pour les employés de la commune, apporté un soutien concret aux luttes des travailleurs dans le secteur privé,… Et encore n’est ce qu’un résumé succinct de ce qu’a pu obtenir ce Conseil communal. Et cela pendant la période Thatcher…

    Le Conseil communal s’est principalement attaché à ce que Le PSL/LSP, un parti pour changer de société 13 les intérêts des travailleurs, immigrés, jeunes, femmes,… soient mis en avant en opposition aux bénéfices excessifs des banques qui extirpaient des taux énormes sur la dette de la ville: au lieu de payer les intérêts, cet argent a été réinvesti dans les projets cités plus haut sous la devise que cette dette avait déjà été largement remboursée avec les taux d’intérêts demandés.

    Le grève des mineurs terminée, Thatcher a dû concentré toutes ses forces sur Liverpool pour casser ce foyer de résistance qui était une source d’inspiration pour les travailleurs de toute la Grande-Bretagne, et même au-delà. Pour cela, elle a reçu le soutien de l’appareil du Parti Travailliste qui, au lieu de soutenir le Conseil communal tout en menant une politique similaire dans d’autres communes, a dessaisi le Conseil communal de Liverpool de ses fonctions.

    Liverpool reste cependant encore un exemple de la manière dont les méthodes et idées socialistes devraient être utilisées au sein d’un conseil communal pour mener une politique dans l’intérêt des travailleurs et des jeunes.

    9. D’un organe de lutte vers un petit parti

    L’année 1997 a signifié un tournant tant sur le plan économique que politique à cause de la crise asiatique. Sur le plan politique, le clivage de plus en plus criant entre les riches et les pauvres a fait naître un nouveau mouvement, celui contre la mondialisation. Face aux mouvements autour d’un unique thème qui se sont déroulés dans les années ‘90, le mouvement contre la mondialisation a développé une critique plus générale sur la société capitaliste. Ce n’était toutefois pas encore la lutte massive du mouvement ouvrier, mais tout de même son précurseur.

    Nous avons commencé à adapter nos slogans à ces changements dans la conscience pour arriver à des slogans plus généraux.

    Mais de plus en plus, la nécessité d’une organisation de lutte axée autour de thèmes spécifiques a graduellement cédé la place à la nécessité d’un instrument ayant une ambition plus large, comme nous l’avons argumenté dans notre document de Congrès de mars 2001.

    Militant/Militant Links était trop restreint, et le nom sonnait un peu comme un groupe de militants sélectionnés et, tout en n’invitait pas à nous rejoindre, avait quelque chose de mystique, de presque fondamentaliste. Un tel nom exprimait de manière insuffi sante les tâches qui allaient nous incomber en tant que marxistes dans une période de mouvements plus larges dans la société et faisait appel à un public trop restreint.

    Nous avons voulu insérer le terme « parti » dans le nom afin de mettre en évidence que nous n’étions pas un mouvement “volontariste”, mais un parti en herbe, et nous voulions le clarifier auprès de tous nos membres. Le nouveau nom devait également exprimer notre alternative au capitalisme et être reconnaissable sans être en marge des traditions du mouvement ouvrier : d’où Linkse Socialistische Partij (LSP)! Mais cela ne s’est pas opéré sans discussion dans nos rangs. Deux Congrès précédés de longues périodes de discussions dans les sections ont été nécessaires afi n de pouvoir réaliser ce pas.

    Du côté francophone, une référence concrète au terme de “parti” dans le nom était encore un pas trop précoce. D’une part, notre stade de construction n’était pas encore de caractère à pouvoir nous défi nir comme un parti et, d’autre part, le PS possédait encore un tout autre caractère comparé à celui du SP.a. Il n’était pas encore discrédité auprès de couches larges comme le SP.a l’était.

    Le nom «Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS)» rejoignait davantage les tâches de nos camarades en Wallonie et à Bruxelles, à savoir le rassemblement des premiers membres formés afin de pouvoir s’étendre vers d’autres villes en Wallonie car, bien que nous connaissions déjà une étendue géographique assez importante en Flandre, cela n’était pas encore le cas en Belgique francophone : nous n’avions alors des sections qu’à Bruxelles et à Liège.

    10. Le mouvement contre la mondialisation : ”RESISTANCE INTERNATIONALE / INTERNATIONAAL VERZET”

    Afin de pouvoir entrer en contact avec les jeunes attirés par le mouvement contre la mondialisation (MCM), nous avons mis sur pied «Résistance Internationale / Internationaal Verzet» début 2001. C’était juste à temps : après les protestations de Prague et de Nice, mais avant celles de Götheborg et de Gênes. En Belgique, ce sont surtout ces deux évènements qui ont donné corps au MCM. RI/IV était présent à ces deux occasions et en est revenu avec l’idée de diffuser des témoignages de ces événements dans différentes régions. C’est sur base de cela que les premiers comités RI/IV ont été fondés.

    L’ampleur des manifestations de Gênes a produit d’énormes répercussions sur la conscience. Il ne s’agissait pas seulement de manifestations et de protestations de la jeunesse la plus radicalisée. En Italie, le mouvement durant l’été 2001 a entraîné aussi le mouvement ouvrier avec en résultat une manifestation de plus de trois cent mille personnes.

    L’ampleur de la répression, ainsi que l’utilisation de provocateurs policiers afin de susciter des émeutes pour pouvoir criminaliser le mouvement – comme cela a d’abord été appliqué à Götheborg, puis de manière ouverte et systématique à Gênes – ont conduit à beaucoup de dégoût et ont radicalisé et élargi le mouvement. En Italie, le jeune Carlo Giuliani a été abattu par les balles de la police et des centaines de personnes ont été blessées. L’agence de presse électronique indépendante Indymédia, où les jeunes manifestants avaient centralisé leurs images de la manifestation et de la répression, a été attaquée par la police après la manifestation et tout le matériel qui servait de preuve a été confisqué.

    En trois ans seulement, le MCM a mobilisé plus de trois millions de manifestants dans plus de vingt pays. Ce mouvement a commencé à avoir des répercussions sur le mouvements ouvrier et une vague mondiale de protestations anti-néolibérales a ensuite déferlé. L’idée selon laquelle le monde des entreprises ne s’intéressait qu’à la maximalisation des profits – indépendamment de ce que cela pouvait signifier sur la vie de millions de salariés et leurs familles – est devenue une conception largement partagée.

    Avec RI/IV, nous avons défendu un programme socialiste au sein du MCM et RI/IV a dès le début étroitement été lié à notre parti. Etre anticapitaliste était une chose, offrir une alternative en était une autre. Nous avons intégré l’aspiration à un monde socialiste dans notre programme, mais pas dans le nom, parce que nous n’avons pas voulu imposer cette alternative, mais l’offrir à la discussion. Ceux qui se déclaraient en accord avec nous nous ont automatiquement rejoint. Les autres ont reçu la liberté de douter, mais de pouvoir construire tout de même quelque chose avec nous.

    La discussion la plus importante portait alors sur quel programme et quelle orientation appuyer pour renforcer le mouvement. La nécessité d’une orientation transitoire a été largement débattue afin de faire le lien entre les couches déjà radicalisées et le mouvement plus large, mais aussi pour lier les revendications d’aujourd’hui à la nécessité de changer de société. Dans les manifestations contre la mondialisation, nous avons systématiquement porté avec nous des slogans contre la libéralisation de La Poste, par exemple, à côté de slogans anticapitalistes plus généraux.

    Dans la deuxième moitié de 2001, la Belgique assumait la présidence de l’Union Européenne. RI/IV s’est préparé à fond pour l’organisation des protestations contre les réunions de l’Union Européenne néolibérale. Des alliances de collaboration entre organisations et partis se sont formées partout, et partout où l’UE organisait un meeting, le MCM a organisé une contre-manifestation. RI/IV a été largement impliqué dans l’organisation de ces manifestations, et a pris l’initiative de lancer des grèves lycéennes un peu partout. Celle de Gand a particulièrement été réussie, avec plus de deux mille cinq cent participants.

    11. Le onze septembre, la guerre en Irak et le mouvement anti-guerre

    Les attentats du 11/09 ont eu pas mal de répercussions dans le mouvement. La question du terrorisme a pris le dessus sur la résistance croissante au néo-libéralisme. Les néo-conservateurs, avec Bush comme président, ont utilisé ces attentats comme prétexte pour déclencher la guerre en Afghanistan, très vite «victorieuse», (fort temporairement, comme cela s’est par la suite avéré) et comme tremplin vers la guerre en Irak en mars 2003. Derrière le masque de la démocratie se trouvait la question du contrôle du pétrole irakien.

    Les attentats du 11/09 ont eu un effet démobilisateur et démoralisateur sur le MCM. L’occasion de tourner la situation en sa faveur s’est présentée au régime de Bush, alors qu’il était d’abord sur la défensive. Mais même à ce moment-là, le soutien pour Bush était loin d’être unanime. Bien au contraire! L’opinion publique a été très partagée et ce dès le début de la guerre, elle s’est montrée très consciente des véritables enjeux de l’invasion et s’y est opposée dans sa grande majorité.

    Naturellement, la situation s’est présentée différemment aux USA à cause de l’effet du 11/09 et de la crainte de nouveaux attentats de ce type. L’effet contre-révolutionnaire de ce genre d’actions et le caractère réactionnaire des organisations telles qu’Al-Qaïda a aussi été démontré. Le MAS/LSP et le CIO ont à l’époque immédiatement réagi en condamnant tant ces attentats que la politique et l’attitude hypocrite de l’impérialisme américain.

    A travers le monde entier, des protestations contre la guerre ont eu lieu, y compris aux USA. La conscience anticapitaliste avait laissé des traces et l’idée que cette guerre était une guerre pour le pétrole était largement acceptée. L’ampleur des manifestations anti-guerre a été révélée le 15 décembre 2003, un mois avant l’invasion militaire des USA et de leurs alliés en Irak. Ce jour-là, plus de dix millions de personnes sont descendues dans les rues avant même le début des opérations militaires!

    En Belgique, RI/IV a été l’initiateur des protestations du «Jour X», le jour du début de la guerre. Des manifestations et des meetings ont été organisés dans bon nombre de villes et de communes. Le gouvernement belge, comme beaucoup de gouvernements capitalistes en Europe, s’était caché derrière son refus de participer à cette guerre très controversée, y compris parmi toute une frange de la bourgeoisie. Mais ces gouvernements n’ont pas su faire barrière à la guerre. Seule la classe ouvrière en était capable en s’organisant et en se débarrassant du système capitaliste mondial qui se sert de la guerre quand bon lui semble.

    Dès le déclenchement de la guerre, des manifestations annuelles ont été organisées contre celle-ci au jour anniversaire de son déclenchement, et RI/IV a toujours été présent avec une forte délégation. Mais ces manifestations sont loin d’avoir le même caractère de masse qu’au début. Pour que ce mouvement adopte à nouveau un caractère massif, nous avons toujours expliqué que l’opinion publique aux USA était un élément décisif.

    Au fur et à mesure que cette guerre s’est révélée être un bourbier et qu’une partie toujours plus grande du budget gouvernemental a commencé à s’y engouffrer, de plus en plus d’américains se sont levés contre la guerre. Des slogans comme «De l’argent pour l’enseignement, les emplois, la santé publique,… pas pour la guerre !» sont alors devenus très populaires. Nos camarades américains de Socialist Alternative (www.socialistalternative.org) ont mené des campagnes parfois très réussies contre le recrutement militaire dans les écoles et les universités.

    Contrairement à certaines organisations de gauche, nous ne sommes pas tombés dans le piège de slogans tels que «yankee, go home» et «Stop USA» . Avec ces slogans, plusieurs organisations ont visé la population américaine dans son entièreté sans comprendre qu’aux USA également les oppositions de classe étaient en train de se développer. Sous la surface, un mouvement d’opposition grandissait. La promesse d’Obama de fermer la prison illégale de Guantanamo et de ramener les troupes joue ainsi un rôle important pour comprendre sa popularité parmi la jeunesse.

    Nous avons écrit qu’à un prochain stade, un ralentissement économique combiné à des attaques drastiques contre le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles, pouvait encore accentuer l’ampleur du mouvement antiguerre.

    Les troupes de la coalition n’ont été capables d’encourager l’établissement d’une démocratie ni en Irak, ni en Afghanistan, ni au Liban. La démocratie n’était qu’un masque bien pratique pour cacher les motivations véritables de l’intervention. La lutte contre la guerre ne peut être qu’une lutte contre le capitalisme, système qui est sans cesse contraint de recourir à l’armée pour défendre les intérêts de l’élite dominante.

    Notre perspective était qu’une montée du mouvement et des votes contre la guerre coïnciderait avec des mouvements contre la politique néolibérale, ce qui signifierait une résurrection du mouvement antiguerre à un niveau considérablement plus élevé.

    C’est finalement la crise économique qui a donné le coup de grâce au régime de Bush en novembre 2008. La force de la campagne d’Obama reposait sur l’écho qu’il donnait à ce qui chauffait sous la surface de la société. Les slogans orientés autour du changement ont été un reflet de cette aspiration parmi la population et le slogan «yes, we can» celui d’une confiance en soi grandissante parmi la population. Les espoirs sont maintenant immenses, espoirs qui ne seront pas concrétisés par Obama (ni pour la fi n de la guerre, de la crise ou de l’oppression).

    La promesse de retirer toutes les troupes hors d’Irak d’ici 2012 contraste avec les intérêts stratégiques de l’impérialisme américain de contrôler cette région riche en pétrole. La situation en Irak ne peut être stabilisée sur une base capitaliste. Un désengagement partiel ira de pair avec une augmentation des tensions entre les différents groupes de la population dans la lutte pour le pouvoir.

    A présent, le scepticisme augmente, et pas seulement à propos du timing du désengagement! La force présente en Afghanistan a été renforcée de 17.000 soldats supplémentaires et le Pakistan, lourdement déstabilisé par cette guerre, connait de plus en plus de difficultés.

    La tentative d’Obama de tourner le dos à l’unilateralisme de Bush a été bien accueillie dans la presse à travers le monde mais, fondamentalement, Obama défend uniquement une politique en faveur des intérêts de l’impérialisme américain. La différence se situe dans la volonté de l’administration Obama d’impliquer d’autres puissances derrière le terme de «coopération internationale».

    L’espoir qu’Obama représente le début de la fin des aspirations guerrières de l’impérialisme américain n’a pas une grande espérance de vie. Pour le mouvement anti-guerre aux Etats- Unis et au niveau international, une grande leçon à tirer est la nécessité cruciale de lier la lutte contre la guerre à celle contre le capitalisme.

    12. Préparer le MAS/LSP à la lutte des classes

    “Mettre la lutte des travailleurs en avant”, tel était le titre de nos textes de Congrès de novembre 2004 dont l’objectif était de préparer le parti et ses membres à une période de lutte. Un climat de lutte et de résistance se développait partout en Europe: en France et aux Pays-Bas, la Constitution Européenne néolibérale avait été rejetée en 2005; en Allemagne, un mouvement de masse était né contre le plan Hartz 4; en Italie, six grèves générales avaient eu lieu en cinq ans contre les réformes du système de retraites; en Grèce, nous avons été témoins de mouvements de masse contre les coupes d’austérité dans les services sociaux,… Bref, partout, il y a eu des réactions de masse contre les attaques sur nos acquis sociaux.

    En Belgique aussi, une résistance croissante s’est manifestée. En 2004, les salariés du secteur non-marchand ont mis sous pression le gouvernement à travers des manifestations et des grèves qui ont obtenu la satisfaction d’une partie de leurs revendications. A La Poste, l’introduction des divers plans Géoroutes s’est heurtée à des protestations massives et continuelles, mais la résistance s’est produite de manière divisée. A côté de cela, des actions ont fait surface chez De Lijn, à la STIB, dans les chemins de fer, dans l’enseignement,…

    Afin de mettre sous pression les négociations pour un nouvel Accord Interprofessionnel, et sous l’inspiration des opérations d’austérité massive menées aux Pays-Bas et en Allemagne, les organisations patronales belges ont présenté leur cahier de revendication. Le patronat, les médias et le gouvernement ont agi sur l’opinion publique pour imposer un menu de démolition sociale: diminution du temps de travail sans augmentation de salaire, gel des salaires, triplement du nombre d’heures supplémentaires autorisé, diminution des restrictions sur le recours au travail intérimaire, diminution des charges sociales et remplacement par la TVA, abolition du principe d’ancienneté, restriction des possibilités de fi n de carrière, alignement du statut des services publics sur celui du privé, etc. Tout cela alors que les profits des entreprises avaient triplé en 2003 !

    Cela a radicalisé la base des syndicats au point que les négociations pour l’Accord Interprofessionnel ont été précédées d’une manifestation syndicale de 50.000 personnes en décembre 2004. Le MAS/LSP y était fort présent et y a vendu 170 journaux. La direction syndicale «socialiste» n’a pas réussi à vendre l’Accord Interprofessionnel à sa base. Une majorité a voté contre et la contestation s’est développée, au sein de la CSC également et particulièrement dans la CNELBC (employés et cadres). La direction de la CSC a alors appelé le gouvernement pour imposer l’AIP de manière unilatérale! Ce genre de trahison totale allait caractériser la direction de la CSC plus tard, en 2005, face à la lutte contre le “Pacte de Solidarité entre les Générations”. Lors des accords intersectoriels, des tensions se sont manifestées également et beaucoup de secteurs sont passés à l’action.

    13. Marche des Jeunes pour l’Emploi

    Afin de pouvoir donner à nos jeunes membres un instrument avec une orientation plus pratique vers le mouvement ouvrier, nous avons appelé les organisations de jeunesse de la FGTB et de la CSC à organiser avec nous une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi. Malgré la résistance que nous avons ressentie dans l’appareil syndical contre l’idée d’une marche combative portée par de jeunes délégués et des militants syndicaux dans les entreprises, nous avons bénéficié de beaucoup de sympathie pour cette campagne. Nous sommes intervenus avec des tracts spécifiques dans différents actions et mouvements syndicaux avec l’appel à généraliser la lutte. Cela a surtout permis à davantage développer l’orientation du MAS/LSP sur l’action syndicale.

    Le 19 mars 2005, cette Marche des Jeunes a coïncidé avec une manifestation syndicale européenne contre la directive Bolkenstein et avec la manifestation du Forum Social Européen. Environ 80.000 personnes sont descendues dans la rue ce jour là pour l’une des trois manifestations. La Marche des Jeunes a rassemblé à peu près 2.000 manifestants. Le MAS/LSP, avec des camarades issus de nos organisations en France, aux Pays- Bas et en Angleterre, a vendu 650 journaux, un record pour notre vente de presse lors d’une manifestation essentiellement syndicale.

    14. La lutte contre le Pacte des Générations

    Lorsque la ministre du SP.a Freya Vanden Bossche a élaboré une note de négociation préparatoire pour le gouvernement visant à une réforme drastique des prépensions, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

    Durant l’été 2005, la CSC a menacé de lancer une grève générale si cette note n’était pas modifiée. La note a bien été modifiée, mais uniquement dans l’objectif de laisser la porte entre-ouverte et de permettre le développement d’un climat favorable à son acceptation. Mais rien n’a été accepté pour autant. Les gens en avaient tout simplement marre. Les travailleurs « n’étaient plus raisonnables », comme devait l’avouer Luc Cortebeek, le président de la CSC. Il ajoutait ensuite que l’attitude adoptée envers le Pacte des Générations était comparable à celle qui existait en France et aux Pays-Bas vis-à-vis de la Constitution Européenne. Cette attaque s’est heurtée à un mur de résistance et a abouti à une grève générale organisée par la FGTB le 7 octobre 2005 et à une nouvelle, liée à une manifestation nationale le 28 octobre, cette fois-ci avec le soutien de tous les syndicats.

    Les conclusions politiques tirées dans ce mouvement étaient particulièrement intéressantes et importantes.

    Pour la première fois depuis que le MAS/LSP avançait le slogan pour un nouveau parti des travailleurs, cette revendication a trouvé un écho. Environ deux cents de nos membres étaient présents aux piquets de grève pour les renforcer et pour mettre en évidence notre soutien à la grève. L’ouverture à la revendication d’un nouveau parti des travailleurs était impressionnante et nous avons saisi cette occasion pour lancer une pétition, récoltant ainsi des centaines d’adresses. Nous y avons en outre vendu cinq cents exemplaires de notre journal, l’Alternative Socialiste.

    Nous n’étions pas les seuls à avoir constaté ce vide. La délégation FGTB d’Agfa-Gevaert a appelé à rompre les liens existants entre la FGTB et le SP.a tandis que l’ancien parlementaire social-démocrate fl amand Jef Sleekx a déclaré dans une interview au magazine «Knack» que le temps était venu pour un nouveau parti de gauche. Jef Sleekx a ensuite manifesté avec un large groupe de syndicalistes de la FGTB contre le Pacte des Générations devant un congrès du SP.a. Le potentiel était alors énorme. Le temps était effectivement venu pour une nouvelle initiative concrète…

    15. Le développement du CAP

    Début janvier 2006, nous avons invité Jef Sleekx à une discussion avec notre Bureau Exécutif. Nous étions d’accord avec lui qu’il existait un espace à gauche pour un nouveau parti, que ce dernier devait s’orienter vers la classe ouvrière, qu’il était nécessaire de s’organiser nationalement et que l’espace devait être laissé à chaque chaque courant pour défendre son identité au sein de l’initiative. Jef Sleekx, au nom du comité qu’il avait formé avec George Debunne (ancien président de la FGTB) et Lode Van Outrive (qui avait précédemment mené une pétition de campagne contre la Constitution Européenne néolibérale et pour un référendum en Belgique sur cette constitution), a entamé une tournée de Belgique pour tâter le terrain en vue d’une nouvelle initiative politique de gauche. C’est ainsi qu’est née l’idée du CAP, le Comité pour une Autre Politique.

    Du côté francophone également, une initiative a vu le jour: Une Autre Gauche (UAG). Jef Sleeckx a alors noué des contacts avec eux et le MAS/LSP s’y est joint. Notre idée était de les convaincre d’arriver le plus vite possible à une initiative nationale avec une structure et un programme. Le temps de sortir publiquement et de construire un mouvement était selon nous arrivé. Comme le dit le vieil adage, il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Ce calcul n’était pourtant pas partagé par tout le monde. Très vite, nous avons dû constater que l’unité sur ce point avec UAG était impossible. Des divergences supplémentaires sur l’orientation et sur la méthode de construction et de fonctionnement interne ont amené nos chemins à se séparer. Le MAS/LSP a donc décidé de se retirer d’UAG et a commencé à concentrer ses forces sur la construction du CAP à Bruxelles et en Wallonie.

    Cette discussion a annoncé le début d’une période où beaucoup d’opportunités ont été manquées. Lorsque le CAP a fait son entrée sur internet en août 2006 et a annoncé un nouveau mouvement politique, l’intérêt était énorme. Jour après jour, des centaines de travailleurs ont visité le site et se sont inscrits pour l’initiative. Nous avons expliqué cet intérêt à partir des scores électoraux élevés pour les formations de gauche aux Pays-Bas et en Allemagne, dans les sondages et lors des élections. L’ancien expert en communication Noël Slangen a quant à lui déclaré qu’un tel parti pouvait récolter 10% des suffrages, à condition que ce parti ne se laisse pas séduire par une participation gouvernementale.

    Les hésitations systématiques des initiateurs pour se prononcer clairement et une fois pour toutes en faveur des trois points de départ du CAP (structure nationale, orientation vers les travailleurs et espace pour chaque courant), de peur de faire sauter les liens avec UAG de manière défi nitive ont fait raté le moment propice au CAP. En politique, le timing est un élément crucial. Les médias n’ont par la suite plus jamais accordé le même intérêt qu’au début.

    Une autre faiblesse provenait du manque de clarté politique et de détermination du CAP lorsque de nouveaux moments cruciaux se sont présentés à lui.

    Malgré cela, la conférence de fondation du CAP le 28 octobre 2006, avec six cent participants, a été un grand succès qui a illustré qu’un potentiel était bel et bien présent. Lors de sa participation aux élections communales du 8 octobre 2006, le MAS/LSP avait mis en évidence sur ses affi ches électorales un appel pour cette conférence. A celle-ci, une motion a été adoptée selon laquelle le CAP déclarait vouloir continuer la construction du mouvement sur base d’un programme anti-néolibéral, participer aux élections là où les possibilités de le faire étaient présentes et aspirer à un seul mouvement national.

    Après la conférence cependant, UAG n’était pas entièrement gagnée à la participation électorale, ni à une collaboration étroite avec l’objectif d’en arriver à une structure commune. Lors de la conférence du CAP de février 2007, UAG n’a envoyé personne, et une majorité du CAP a décidé de déposer une liste néerlandophone et francophone.

    L’intervention et le soutien du CAP dans la lutte des travailleurs de VW ont été décisifs pour l’orientation et la construction du CAP à Bruxelles et en Wallonie. Nous sommes alors entrés en contact avec quelques militants syndicaux issus du Hainaut et de Bruxelles qui ont plus tard joué un rôle important dans la construction du CAP.

    Lors de la manifestation de solidarité avec VW du 2 décembre 2007, qui a compté 25.000 participants, le CAP a fait une impression non négligeable. Dans la manifestation et autour du bus de solidarité du CAP, 10.000 tracts de solidarité du CAP et 10.000 tracts du comité de solidarité VW mobilisant pour la fête de Saint-Nicolas pour les enfants des travailleurs de VW ont été distribués par des centaines de militants du CAP et du MAS/LSP. Des dizaines de travailleurs ont rejoint le CAP ou ont demandé plus d’informations à cette occasion.

    A côté de cela, les militants du MAS/LSP ont distribué quelques 4.000 tracts de notre parti centrés sur un appel à étendre la grève des travailleurs de VW à tout le secteur et à préparer une nouvelle grève générale. Nous avons vendu plus de 500 journaux et avons récolté 900 euros de fonds de lutte avec un badge de solidarité avec VW.

    Ce mouvement a laissé des traces politiques. Ps et SP.a ont par la suite parlé de «candidats ouvriers» sur leurs listes électorales pour sauvegarder leur aile gauche. Sans succès. Les deux partis ont reçu des défaites cuisantes lors des élections fédérales de juin 2007. Leur rôle en tant qu’architectes du Pacte des Générations a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les nouveaux scandales de corruption du PS ont porté le coup de grâce. Ainsi, lors des élections de juin 2007, le SP.a n’avait obtenu que 16% des voix et le PS avait perdu sa position de plus grand parti francophone en faveur du MR.

    Mais, comme cela a déjà été mentionné, le CAP ne s’est pas construit sans peine malgré le potentiel qui lui faisait face. Les nombreuses discussions avec UAG, mais aussi au sein du CAP (sur une participation électorale ou non, sur le fait de se présenter comme force indépendante ou non – certains avaient lancé un plaidoyer pour une «ceinture rouge» sur la liste de Groen !-, etc.), n’ont pas permis au CAP de se présenter publiquement comme une force unie et l’initiative n’était pas perçue par les gens comme une alternative crédible. A cela est venu s’ajouter un slogan électoral vague («Une autre politique est possible») qui ne défi nissait pas ce que le CAP défendait et a en réalité fait le jeu des partis anti-gouvernementaux. Au fur et à mesure que les élections se sont rapprochées, l’élément communautaire a été mis en avant au détriment de l’aspect socio-économique. Le CAP a été fi nalement boycotté très effi cacement par les médias lors de la campagne électorale, ce qui explique aussi le résultat électoral (20.000 voix, c’està- dire pas plus que les suffrages obtenus par le MAS/LSP sous son propre nom et programme), malgré les excellentes réactions que le CAP avait reçu dans la rue lors de sa campagne.

    Les élections ne sont qu’un « instantané » d’un moment donné. Bien que le résultat a certainement eu ses répercussions et que le rythme du CAP et de la construction d’un nouveau parti des travailleurs a pu ralentir, le vide à gauche demeurait un grand handicap pour les salariés dans la défense de leurs intérêts. Dès lors, la lutte des classes ne pourrait que remettre en évidence la nécessité d’un instrument politique pour la lutte du mouvement ouvrier. Le CAP aurait encore pu jouer un rôle en ce sens à une condition : réussir à intervenir dans le mouvement réel avec des perspectives et un programme capables d’aider le mouvement.

    16. Le mouvement pour le pouvoir d’achat

    Ce test est arrivé sous la forme du mouvement pour le pouvoir d’achat, très tôt au début de l’année 2008. L’infl ation avait rapidement augmenté, avec des conséquences néfastes pour le pouvoir d’achat des familles. La combinaison de bénéfi ces record, d’un rythme de travail très élevé dans les entreprises, d’un patronat arrogant et, en Flandre, du nombre moins élevé de chômeurs, a été la base d’une croissance de la confi ance et de la volonté d’en découdre parmi les travailleurs. C’est une grève spontanée pour 1€ de plus par heure chez un sous-traitant de Ford qui a mis le feu aux poudres. Les grèves spontanées se sont alors succédées en Flandre. Dans environ 200 sociétés, la grève et la menace de grève ont permis d’obtenir des augmentations salariales ou des boni salariaux.

    Le CAP n’a pas réussi à jouer un rôle signifi catif dans ce mouvement. Nous avons constaté que si nous voulions intervenir dans ce mouvement pour populariser l’idée d’un nouveau parti des travailleurs, il fallait le faire sans le CAP. Le mouvement s’est ensuite généralisé jusqu’à pousser les syndicats à organiser un plan d’action national. La compétition parmi les syndicats à la veille des élections sociales dans les entreprises a assuré qu’une semaine d’action soit organisée en juin 2008. La participation a été massive, surtout en Wallonie, ce qui était une bonne réponse à l’argument selon lequel le mouvement pour le pouvoir d’achat était essentiellement un mouvement flamand. Les revendications s’adressaient tant au patronat qu’au gouvernement. Les travailleurs réclamaient aux patrons une part de leurs bénéfices et exigeaient du gouvernement la fi n des querelles communautaires. Il y avait des choses bien plus importantes dans la vie, comme la défense du pouvoir d’achat des familles.

    Les slogans développés par le MAS/LSP dans ce mouvement étaient : plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et une augmentation des allocations – 1€ de plus par heure ; FTGB et CSC – rompez les liens avec le PS et le CDH; Avec et autour de la base syndicale : un parti syndical est nécessaire.

    17. La double tâche des marxistes

    Les marxistes ont devant eux une double tâche. Ils doivent d’une part jouer un rôle dans la construction et le renforcement des organes de lutte larges des travailleurs et de leurs familles – tant sur le plan politique que sur le plan syndical – et d’autre part s’atteler à la construction d’un parti révolutionnaire. Ces deux tâches vont de pair : la discussion sur un programme socialiste et révolutionnaire n’est pas détachée de la lutte quotidienne, mais y est liée. Le parti révolutionnaire doit être présent là où le débat est mené et engagé afi n de remporter la confi ance des travailleurs et des jeunes dans la pratique. Ainsi, dans le cadre de notre travail au sein du CAP, nous avons démontré que nous ne voulions pas imposer notre programme, mais que nous voulions mener la discussion.

    Ce type d’activités ne nous empêche nullement d’organiser les révolutionnaires socialistes dans un parti indépendant qui poursuit son objectif révolutionnaire. A travers ses interventions dans le mouvement large, le MAS/LSP a augmenté ces dernières années pour, du plus petit facteur à gauche au début des années ’90, devenir un pôle d’attraction pour au moins une partie de la nouvelle génération des jeunes radicalisés et des jeunes travailleurs. Comment ? Comme le démontre l’histoire du MAS/LSP, en ne restant pas à l’écart mais en intervenant énergiquement dans la lutte des classes sur base d’une analyse claire et de perspectives discutées par tous les membres. Nos membres sont prêts à mouiller leur chemise et à se battre pour leurs idées. Et ce, y compris lorsque les choses sont un peu plus diffi ciles et quand la lutte des classes est au plus bas. Notre devise : cerner les occasions et les saisir.

    18. Quelques unes de nos campagnes les plus récentes

    Dans les quartiers

    Le PSL/LSP considère la propagande, le travail vers la jeunesse et l’intervention dans la lutte des classes comme ses tâches les plus importantes.

    Mais le néolibéralisme a des effets tout aussi énormes sur les conditions de vie à l’extérieur des entreprises. Loyers élevés, suppression des services locaux pour faire de l’espace à des projets de prestige sans utilité pour la population locale, négligence des quartiers pauvres,… les problèmes s’empilent pour beaucoup d’habitants pauvres.

    Un large parti des travailleurs s’en prendrait à cette problématique et organiserait les gens dans leurs quartiers pour lutter pour l’amélioration des conditions de vie de chacun. Sans entretenir d’illusions sur le fait que nous pourrions à notre échelle résoudre cela au même niveau qu’un large parti des travailleurs, le PSL/LSP veut attirer l’attention sur ces problèmes et offrir aux gens l’opportunité de lutter là où nous en avons la possibilité.

    Ainsi, nous avons mené des campagnes de quartier contre les privatisations des services locaux, les projets de prestiges et le manque d’investissements dans les quartiers de logements sociaux.

    A Liège, dans le quartier populaire de Droixhe, nous sommes rentrés en contact avec des locataires de logements sociaux aux prises avec une rénovation des logements basée sur des priorités économiques et urbanistiques globales au détriment de leur bien-être, rénovation d’ailleurs conduite de façon autoritaire et inefficace. Par l’intermédiaire de notre site internet et d’une intervention dans le quartier, ils nous ont contacté et, début 2007, nous les avons aidé à mettre sur pied un comité. Plusieurs actions et manifestations ont ensuite été menées avec notre soutien actif, dont des occupations successives des locaux de la société de logements « Atlas ». Après une lutte de plusieurs mois, une prime d’indemnité et d’autres avantages ont été obtenus.

    A Gand, comme nous l’avons déjà dit, nous avons organisé des protestations contre la démolition de 89 vieilles maisons qui devaient céder la place à un parc pour accommoder des couches plus aisées de la population. On peut encore mentionner Louvain où, avec le CAP, nous avons initié une campagne contre la hausse du prix des sacs poubelles.

    Aux universités

    Le travail de nos cercles étudiants, Etudiants de Gauche Actifs et Actief Linkse Studenten , continue de jouer un rôle important dans le développement du PSL/LSP. Sur base de différents c a m p a g n e s , nous avons déjà organisé des milliers d ’ é t u d i a n t s contre les assainissements dans l’enseignement, contre la fermeture de services sociaux, contre les attaques visant le personnel de l’enseignement, contre les étudiants néofascistes fl amands du NSV, contre le sexisme, contre la politique d’asile répressive, pour un enseignement démocratique et de qualité ainsi que pour l’obtention d’un budget public correspondant à 7% du Produit Intérieur Brut pour l’enseignement.

    L’offensive contre la démocratisation de l’enseignement a été lancée avec les accords de Bologne. La commercialisation de l’enseignement supérieur a de grandes conséquences sur l’accessibilité de l’enseignement, sa qualité, l’offre d’études et les conditions de travail des étudiants et du personnel. L’initiative de la délégation FGTB de la VUB (Vrije Universiteit Brussel) afin de poursuivre le combat pour les 7% du PIB est pleinement soutenue par le PSL/LSP et EGA/ ALS. A plusieurs occasions, cette délégation a pris l’initiative d’actions concrètes avec la participation de plusieurs centaines et milliers d’étudiants et de membres du personnel.

    Partout, les gouvernements capitalistes veulent augmenter les droits d’inscription, comme c’est déjà le cas dans certains pays européens. EGA/Als participe pour cette raison à la campagne Respact mise en place par la FEF (Fédération des Etudiants Francophones), un front qui a pour but l’unité la plus large possible dans l’action contre l’augmentation permanente des frais des études dans l’enseignement supérieur. Bien entendu, nous sommes pour le retrait complet des accords de Bologne.

    Campagnes contre le racisme et le fascisme

    L’absence d’une gauche conséquente et crédible ainsi que le manque de réponse face aux nombreux problèmes sociaux auxquels sont confrontés la population, et maintenant face à la crise économique, apportent sans aucun doute de l’eau au moulin de la droite populiste et de l’extrême-droite.

    En Flandre, certains pensent cependant que la lutte contre le Vlaams Belang touche à sa fin car le parti néofasciste a reculé aux élections communales de 2006 dans un certain nombre de districts d’Anvers (le bation du VB) et que le parti néofasciste cède des voix à ses concurrents de droite, la Lijst Dedecker (LDD) et la NVA.

    Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que la politique urbanistique du SP.a à Anvers a déplacé une partie de la population pauvre, remplacée par des ménages aux revenus plus élevés. Le sol d’alimentation pour l’extrême droite n’a donc pas diminué, mais a simplement été déplacé. De son côté, le Vlaams Belang a expliqué que les meurtres racistes de Hans Van Themsche à Anvers ont joué un rôle dans le recul du VB.

    Les grandes manifestations et les nombreuses réactions face à cette violence raciste ont effectivement rassemblé des dizaines de milliers de personnes, ce qui a illustré à quel point l’aversion était grande contre ce type de violence. Étant donné que le Vlaams Belang est généralement considéré comme le principal responsable de la création d’un climat raciste, cela peut certainement avoir également joué un rôle. Mais un tel effet ne saurait être que temporaire si de semblables mouvements, aussi grands soient-ils, n’ont pas de programme et d’instrument pour combattre les causes sous-jacentes de la croissance du racisme.

    Dans une situation de crise économique, le danger que des groupes et partis semblables n’instrumentalisent la détresse et la désillusion de la population est réel, très certainement en l’absence d’un parti des travailleurs combatif. De plus, un déclin électoral du VB donnera plus d’espace aux stratégies violentes, ce qui conduira à plus de violence ouvertement raciste et fasciste.

    Chaque année, avec la manifestation anti-NSV, nous organisons les étudiants sur un programme combatif avec le but de lutter contre le NSV (Nationalistische Studenten Verening – Association des Etudiants Nationalistes, l’organisation étudiante offi cieuse du VB) dans les universités. En manifestant massivement, nous pouvons briser leur confi ance. Ainsi, chaque année, entre 800 et 1.500 étudiants et lycéens antifascistes se mobilisent, ce qui dépassent largement le nombre de participants à la manifestation des néofascistes. Un chômage structurel massif, le délabrement de nombreux quartiers, la désintégration du tissu social et le Parti Socialiste le plus corrompu d’Europe forment aussi un cocktail explosif favorable à l’émergence d’une formation d’extrême-droite du côté francophone du pays. Le Front National obtient d’ailleurs des scores électoraux non négligeables (à concurrence de 7% à 8%) malgré son inactivité.

    Le FN belge ne dispose d’aucune structure solide ou de cadre de parti développé et est de plus rongé par les querelles internes et les pratiques frauduleuses. Après l’exclusion de son président à vie Daniel Féret (qui avait utilisé l’argent du parti pour se construire une villa au sud de la France, notamment), Le FN avait tenté de s’offrir une image rénovée et de corriger le tir. Avant de retomber bien vite dans ses vieux travers. Cela offre un certain espace au groupuscule néo-nazi violent Nation. Ce dernier a voulu rassembler ses troupes à Charleroi le 1er Mai 2008, se ventant sur son site de ne rencontrer aucune opposition dans la rue. Leur projet a échoué non pas suite à l’interdiction de leur rassemblement mais grâce à la mobilisation conjointe de Résistance Internationale, des jeunes-FGTB de Charleroi et d’autres organisations antifascistes. 300 jeunes et travailleurs ont pris part à la contre-manifestation.

    De même, avant d’être à nouveau enlisé dans des scissions et scandales, Le FN «rénové» a cherché à sortir du bois en organisant un meeting de provocation raciste à Molenbeek afi n de lancer sa campagne électorale. Mais ils ont finalement dû annuler ce meeting avec pour explication que “Les communistes du MAS (ancien nom du PSL) et de Résistance Internationale ont appelé à manifester contre le droit du FN à s’exprimer publiquement dans la commune symbolique de Molenbeek.” La véritable raison pour laquelle ils n’ont pu tenir leur meeting est qu’il n’y a aucun soutien actif dans les quartiers pour une formation raciste et d’extrême-droite. La campagne de Résistance Internationale à Molenbeek a simplement permis de rendre ce fait visible.

    Ce ne sont que quelques exemples servant à illustrer les méthodes de Résistance Internationale, à savoir organiser les jeunes autour d’un programme et d’actions concrets. De plsu, nous sommes d’avis que l’arme la plus effi cace pour lutter contre l’extrême-droite est la construction d’une alternative politique de gauche pour et par les travailleurs apte à lutter pour un monde sans pauvreté et oppression.

    Pour le droit d’Asile

    Dès le début de l’occupation d’un bâtiment de l’Université Libre de Bruxelles par les sans-papiers en 2008, par exemple, EGA/ALS a activement participé à la création d’un comité d’action et de soutien. La politique impérialiste dans les pays pauvres a pour conséquence qu’il y est presque impossible d’échapper à la pauvreté par le travail. Beaucoup de familles dans ces pays ne sauraient plus survivre sans l’aide apportée par des membres de la famille qui travaillent en occident. Mais une fois ici, la politique d’asile du gouvernement belge pousse des milliers de familles dans la clandestinité. La dérégulation du marché du travail et la politique d’expulsions se renforcent l’une l’autre : des pans entiers de l’économie capitaliste sont basé sur le travail au noir, en marge de la légalité, ce qui met une grande pression sur les salaires et les conditions de travail dans les parties légales de l’économie. Le soutien d’EGA/ALS au mouvement étudiant de l’ULB a entraîné quelques succès, surtout à l’apogée du mouvement en avril 2008 et durant les protestations contre la rafl e orchestrée par le bourgmestre PS de Bruxelles peu avant le 1er mai.

    EGA a systématiquement stimulé la présence de sanspapiers et d’étudiants aux actions syndicales (entre autres lors des actions pour le pouvoir d’achat) en expliquant que seule l’unité des travailleurs, avec ou sans-papiers, dans la lutte pour des emplois décents pour chacun était une solution. Les sanspapiers ne peuvent obtenir une victoire que s’ils réussissent à gagner le soutien de couches plus larges parmi la population, et en particulier du mouvement ouvrier organisé.

    “Destroy capitalism, before it destroys the planet”

    Avec Résistance Internationale/International Verzet, nous avons lancé une campagne spécifi que pour se profi ler et apporter des réponses sur la problématique environnementale ainsi que pour mobiliser les jeunes dans des actions locales concrètes, entre autres devant les centrales d’électricité ou les sièges des multinationales.

    Il est toujours plus limpide que les capitalistes et leurs politiciens ne sont pas capables de résoudre la crise environnementale : l’appât du gain conduit toujours obligatoirement à la recherche de la façon la plus économique de produire, indépendamment de ses conséquences.

    Nous mettons donc en avant au sein du mouvement écologique une réponse socialiste face à la problématique environnementale, c’est-à-dire une politique qui ne fait pas porter le coût de la défense de l’environnement sur les travailleurs et les pauvres (comme avec une fiscalité ‘verte’ qui rend les produits polluants plus chers mais ne s’en prennent pas aux entreprises produtrices ou en augmentant la TVA, la forme de taxe la plus asociale). Nous rechercherons des revendications transitoires capables de faire le lien entre les besoins actuels des jeunes et des travailleurs impliqués dans le mouvement et la nécessité d’une transformation radicale de la société.

    Notre campagne ne vise pas toutefois pas uniquement les jeunes et les travailleurs radicalisés, mais veut aussi faire le lien entre la lutte pour le respect de l’environnement et la lutte des travailleurs pour acquérir de meilleures conditions de logement, de travail, de vie, etc.

    Pour les droits des femmes

    Le néolibéralisme, qui conduit au démantèlement des services, des salaires décents et des conditions de travail, touche l’ensemble du monde du travail, et plus particulièrement les travailleuses. La dépendance économique des femmes ainsi que la violence et la pression qu’elles subissent augmentent à vue d’oeil. Le sexisme, comme le racisme, est un produit du capitalisme et est utilisé comme un instrument servant à dresser les travailleurs les uns contre les autres pour affaiblir leur force.

    La pensée unique des années ’90 partait de l’idée que le capitalisme était le meilleur des systèmes et l’unique possible. Cette assertion est allée de pair avec la pensée postféministe qui affi rme que l’inégalité légale n’existerait (presque) plus, ou dépendrait seulement de la femme prise individuellement. Il découle de cette idée que le travail à temps partiel, les bas salaires dans les secteurs les plus féminisés, les retraites scandaleusement basses des femmes (car incomplètes), etc., serait justifi é par le «mauvais choix» des femmes concernées qui auraient «moins d’ambition» car la famille serait prioritaire pour elles, etc. Un regard un tant soit peu réaliste posé sur la société réfute d’un simple revers de la main ce type d’arguments fallacieux.

    La commission-femmes du PSL/LSP a discuté de ce postféminisme et développé des arguments contre afin de former nos membres et de les armer contre cette vision officielle. Nous avons pointé du doigt la création de secteurs à bas salaire, le manque de crèches à prix démocratique, le stress qu’engendre la flexibilité du marché du travail et l’impossibilité de combiner un emploi à temps plein avec les tâches domestiques encore assumées aux trois quarts par les femmes. Le démantèlement des services publics augmente aussi – moins d’heures passées à l’école pour les enfants, des malades censés libérer leur lit d’hôpital plus rapidement, des institutions de repos et de soins pour retraités sans cesse plus onéreux,…

    Ce post-féminisme est de plus combiné à un nouveau type de sexisme. La lutte des femmes pour la liberté sexuelle – une lutte à laquelle se rallie le PSL/LSP – a été détournée par les capitalistes pour rendre possible une énorme extension de l’industrie du sexe. Les politiciens, fl amands en particulier, ont commencé à dépeindre la prostitution comme un métier comme tous les autres. Celle qui a des problèmes avec la pornographie ou avec l’utilisation abusive de la sexualité féminine à des fins commerciales est d’offi ce qualifi ée de coincée moraliste ayant avant tout des problèmes avec sa propre sexualité. De même, chaque personne qui lutte contre l’image de la femme perçue uniquement comme un objet de désir est immédiatement rejeté dans le camp du pape. Malgré tout cela, l’industrie du sexe n’a rien à voir avec la liberté sexuelle des femmes, bien au contraire. Les bas salaires et les mauvaises conditions de travail dans les «emplois féminins» liés à la croissance de la durée de la vie active pousse de plus en plus de femmes dans cette industrie. La pénurie de femmes du monde occidental consciemment prêtes à «travailler» dans ce secteur qui, au passage, réalise des profi ts exorbitants a été surmontée par la traite mondiale des femmes et des enfants, ce qui n’est en réalité rien d’autre qu’une nouvelle forme d’esclavage.

    Internet a offert aux marchands d’esclaves un énorme forum pour vendre leurs «marchandises» et se créer un marché. Différentes études actuelles illustrent que l’extension énorme de la pornographie – une industrie orientée à 97% vers les hommes et où la servitude féminine est un facteur-clef – créent de plus en plus de pression sur les jeunes filles pour accepter les rapports sexuels. Chez les garçons, cela engendre une vision déformée de la sexualité «libre» et s’y opposer n’est pas toujours accepté. Si les étudiantes se prostituent ou posent nues pour l’industrie pornographique, cela reste offi ciellement un «choix libre». Le PSL/LSP continue à son engagement dans ce débat, en lien avec des actions régulières contre la marchandisation des femmes, surtout dans les universités.

    Depuis 1995, le PSL/LSP a une commission-femmes qui se focalise systématiquement sur des campagnes et sur un programme combatif pour les femmes et les filles. Dans notre programme, l’idée centrale est la nécessité d’obtenir un programme unifi cateur, à l’opposé du féminisme bourgeois qui oppose les hommes aux femmes et ne cesse de justement renforcer le sexisme. La lutte pour les droits des femmes est indissolublement liée à celle des travailleurs pour des emplois et des salaires décents, pour des services publics accessibles et de bonne qualité pour tous qui reprennent notamment les tâches domestiques ainsi que pour une sécurité sociale capable de fournir à tous – y compris ceux qui sont dans l’impossibilité de travailler – une place réelle dans la société.

    Le chômage parmi les femmes a diminué, mais le sousemploi a pris des proportions inquiétantes : de plus en plus de femmes travaillent à temps partiel ou bien sous divers statuts sous-payés (tels que les chèques-services) qui n’offrent pas de salaire à part entière, et donc aucune indépendance fi nancière. La nécessité d’organiser les salariés dans ces secteurs souspayés devient de plus en plus urgente.

    Via la commission-femmes, nous portons une attention particulière à la formation de tous nos membres femmes et nous assurons que cette thématique reste un point de discussion et de lutte dans tout le parti. Par l’intermédiaire de mesures très pratiques, comme la mise en place de crèches pour les réunions de section et pour les activités nationales, nous faisons en sorte que les femmes ayant des enfants puissent être actives dans l’organisation. La discussion continuelle qui est menée dans nos rangs sur cette question combat le sexisme et la vision limitée du rôle des femmes dans la société qui nous est imposée au quotidien.

    19. Pour l’unité de la classe ouvrière, contre la surenchère communautaire

    En 2005, le MAS/LSP a tenu la Conférence Nationale qu’il tient tous les deux ans, cette année-là au sujet de la question nationale en Belgique. Une organisation qui ne mène pas de discussion approfondie est vouée à se retrouver dans un des deux camps : les régionalistes ou les belgicistes. Les deux camps sont caractérisés par une similitude commune : ils sont fondamentalement d’accord sur la politique néolibérale à appliquer. Le discours fl amand-nationaliste du CD&V et du NVA sert à mettre la Wallonie et Bruxelles sous pression pour diminuer les dépenses sociales et forcer leurs chômeurs à accepter n’importe quel emploi, comme en Flandre. Mais c’est aussi ce que veulent les belgicains comme Rudi Aernoudt (auteur du manifeste anti-Warande « Flandre, Wallonie, je t’aime, moi non plus »), ancien membre du VLD et ancien cabinetard de Kubla (MR) et de Moermans (VLD) suite à la prise de position offi cielle de la Fédération des Entreprises Belges.

    Le mouvement ouvrier doit prendre une position indépendante s’il ne veut pas être le dindon de la farce. La défense de la sécurité sociale nationale, de la politique du marché d’emploi et des négociations sociales nationales sont des dossier centraux, tout comme le respect de l’identité culturelle et les droits des minorités. Les nationalistes fl amands illustrent fort bien leur idéologie antidémocratique en refusant de signer le traité européen pour les droits des minorités.

    Le PSL/LSP et son internationale, le CIO, défendent partout où ils sont présents le droit à l’autodétermination des nations opprimées. Nous ne sommes pas d’accord avec les points de vue des organisations qui s’inscrivent dans un nationalisme “de gauche”. Ce genre de nationalisme disparaît complètement dans le fl ot du discours politique dominant dans la Flandre actuelle, par exemple. Cette rhétorique relève d’un contenu foncièrement antisocial, antidémocratique et égoïste. Nous ne nous battons que contre l’oppression nationale en tant qu’une des formes d’oppression les plus universelles. Quand la lutte se transforme en la formation et en la propagation d’un nouvel Etat-nation qui à son tour impose sa langue par des mesures de contrainte – comme le sont les conditions linguistiques pour obtenir un logement social imposées par le gouvernement flamand, par exemple – alors cette lutte s’est déjà transformée d’une aspiration démocratique progressiste vers un nationalisme qui aspire lui-même à la domination.

    Le point de départ à partir duquel nous élaborons notre position n’est pas le nationalisme, mais la position de la classe ouvrière. Nous ne soutenons le nationalisme que dans la mesure où il fait progresser la lutte des classes et rend plus favorables les conditions dans lesquelles la lutte de la classe ouvrière peut se réaliser. Nous pensons par exemple que l’oppression nationale des populations palestinienne, kurde ou kosovare agit comme un énorme frein sur l’organisation et la clarté politique du mouvement ouvrier tant du côté des peuples opprimés que du côté des nations oppresseuses. Au sein du mouvement ouvrier en Israël, notre organisation-soeur milite ainsi concrètement pour l’acceptation du droit des Palestiniens d’accéder à un véritable Etat palestinien. Toutefois, parmi la population palestinienne, nous nous opposons au nationalisme qui ne fait aucune distinction entre les travailleurs israéliens et l’élite israélienne. Nous sommes ainsi contre les attentats-suicide qui ne font de victimes que parmi les travailleurs israéliens et leurs familles sans pour autant toucher réellement l’élite israélienne dominante. Cette attitude pousse les travailleurs israéliens dans les bras de l’élite israélienne. En définitive, notre programme et nos activités visent à l’unité de classe contre chaque forme d’oppression.

    Mais, en Flandre, il ne s’agit plus d’un nationalisme libérateur. Nous avons plutôt affaire à un nationalisme égoïste et revanchard qui vise à rendre aux Belges francophones «la monnaie de leur pièce», comme si la majorité de la population francophone était responsable de l’horrible oppression passée des Flamands. Le mouvement ouvrier belge dans son ensemble a, au contraire, une longue histoire de lutte et de solidarité communes contre le capital belge. C’est justement cette lutte qui a obtenu le suffrage universel, la sécurité sociale, le statut des services publics, les salaires élevés, etc. A contrario, la lutte distincte des travailleurs contre le démantèlement de l’enseignement, imposée par les décisions nationales sur les budgets des régions, a conduit, depuis la régionalisation et la scission de fait des syndicats des enseignants, aux défaites des lycéens, des étudiants et du personnel enseignant.

    Les travailleurs flamands n’ont selon nous rien à gagner dans ce nationalisme flamand dominant dont l’objectif est seulement de mettre encore davantage de pression sur ces travailleurs. Cela ne signifie toutefois pas que nous ignorons les questions comme celle de l’exode social dans la périphérie bruxelloise, cela signifi e seulement que nous ne considérons pas que la solution puisse être trouvée en partant d’un point de vue nationaliste. Pour rester sur cet exemple, l’idée du gouvernement fl amand n’est pas de lancer un projet de construction massif de logements sociaux afi n de pouvoir offrir la possibilité à la population de rester sur place avec leurs enfants. Comme partout en Belgique, la politique du logement donne priorité à celui qui paie le plus.

    Il faut arriver à un programme capable d’unifier les travailleurs flamands, bruxellois, wallons, germanophones et leurs familles en acceptant la démocratie la plus exhaustive et en engageant la richesse nationale afin de s’attaquer à la pauvreté, au chômage, à l’insécurité sociale, à la pénurie de logements à bas prix, au manque de services, etc. La cohabitation des différents groupes de la population n’est pas impossible : nous ne pensons absolument pas qu’un Etat ne doit héberger qu’une seule nation. Mais le capitalisme organise de plus en plus la pénurie parce que les richesses sont sans cesse détournées par une élite constamment plus restreinte de grands actionnaires et de patrons. La seule lutte qui peut à la fois en fi nir avec la pénurie et orienter la maind’oeuvre et la productivité de la population laborieuse pour la satisfaction des besoins de la majorité écrasante est une lutte contre le capitalisme.

    A partir de cette discussion, qui avait conduit à une position et à un programme détaillé, le MAS/LSP était préparé pour faire face à la polémique qui s’est développée entre le CAP d’une part (défendant l’idée d’un parti national) et UAG de l’autre (partisan d’une structure «confédérale», ce qui signifi e que les francophones décident de leur côté pour ensuite se réunir pour voir si un accord est possible). Au sein des rangs du CAP, nous avons défendu l’idée de l’unité des travailleurs, ce qui impliquerait l’idée d’une régionalisation plus poussée uniquement au cas où ce serait dans les intérêts du mouvement ouvrier et de la majorité de la population.

    Nous avons appelé à signer la pétition «Sauvons la solidarité» (contre la surenchère communautaire) et avons récolté nousmêmes des signatures pour cette initiative, mais nous avons aussi indiqué la faiblesse principale de cette pétition : la disparition de la revendication originale de la délégation syndicale de Total-Degussa contre la scission de la sécurité sociale, remplacée par un appel à la solidarité entre les classes, entre les riches et les pauvres. Cette pétition a pu servir à mettre l’attention sur ce point, mais la lutte des travailleurs et la construction d’un parti des travailleurs sera d’un intérêt primordial pour maintenir les acquis sociaux et les élargir.

    20. La crise du capitalisme remet le socialisme à l’ordre du jour

    La croissance de l’économie mondiale ainsi que les bénéfi ces record de cette dernière période ont apporté bien peu de soulagement à la classe ouvrière. Les éléments de crise ont toujours été présents au cours de cette période de politique néolibérale. Beaucoup d’acquis sociaux obtenus par les luttes ont été réduits au minimum et le pouvoir d’achat de la classe ouvrière a été mis sous pression pour maximaliser les bénéfices.

    La dégradation du pouvoir d’achat a durant des années été compensée par la mise à dispostion d’un crédit bon marché grâce auquel une illusion de richesse a été créé. Jamais auparavant autant de dettes sur le plan mondial n’avaient été empilées par les gouvernements, les entreprises et les familles. Un jour cette bulle de savon devait éclater en une crise sans égale. C’est la position qu’ont défendus les marxistes durant cette période alors qu’on leur reprochait souvent de n’être que des oiseaux de mauvaise augure.

    De leur côté, les économistes et commentateurs capitalistes ont été totalement surpris par cette crise. Plusieurs certitudes sont maintenant en déclin. Afi n de tenter d’éviter une récession profonde et de longue durée et avec la crainte de troubles politiques et sociaux extrêmes, la vapeur a été radicalement renversée vers des nationalisaions et des politiques d’intervention d’Etat massives. C’étaient pourtant autant de tabous et de mesures considérées durant des années comme impensables.

    Pendant un an et demi, les syndicats étaient régulièrement descendus dans les rues de Belgique, sous la pression de leur base, en revendiquant plus d’argent pour le pouvoir d’achat. Face au paquet de revendications des syndicats pour les manifestations et grèves du 6 octobre 2009, la réponse du gouvernement a été «il n’y a pas d’argent !» Environ un mois après, presque 20 milliards d’euros ont été débloqués pour sauver de la faillite les trois plus grandes banques belges, une autre venant encore s’ajouter par la suite. La classe ouvrière n’a pas de responsabilité dans cette crise, mais c’est pourtant elle que l’on va chercher à faire payer. L’opposition à une telle utilisation de l’argent de la collectivité grandit.

    Il est très parlant de voir que l’on se réfère aujourd’hui à nouveau à Marx pour tenter de comprendre cette crise. Des représentations de Marx sont régulièrement apparues à la une des magazines et journaux bourgeois, y compris parmi les plus éminents, avec la question : «Marx avait-il raison ?» Cette crise est une blessure idéologique d’ampleur pour la bourgeoisie. L’euphorie de la période qui a suivit la chute du stalinisme a cédé la place à la panique. Tout sera essayé pour éviter une dépression semblable aux conséquences du crash de 1929. Reste à savoir si cela sera possible.

    Cette crise mine la confi ance dans le capitalisme et sera l’occasion de mouvements de lutte massifs et d’un intérêt renouvelé envers les idées socialistes. Mais cela ne se produira pas de façon linéaire, la lutte des classes se développera avec tâtonnement. La tâche des marxistes dans ce processus est de tirer les leçons de la lutte des classes et de construire un instrument pour cela, construire un parti révolutionnaire.

    21. Congrès National de 2008

    Nos membres se préparent à une période semblable, et cette préparation était l’objectif de ce Congrès de 2008. Une des décisions prise était de changer notre nom du côté francophone de MAS (Mouvement pour une Alternative Socialiste) vers PSL (Parti Socialiste de Lutte) afin de clairement nous positionner comme parti dans un contexte de changement de la situation objective ainsi que pour refléter notre croissance du côté francophone (un tiers de nos membres environ). La même logique nous avait conduit à adopter le nom de Linkse Socialistische Partij du côté néérlandophone en abandonnant celui de Militant Links. Nous voulions clairement nous positionner à la gauche du PS tout en tenant compte des traditions du syndicalisme de lutte enracinées dans la conscience collective de la classe ouvrière wallonne.

    Une autre décision a été de commencer à construire un profil public. Nous devons aller vers l’extérieur avec notre programme socialiste ! Même si une partie de la classe ouvrière préfère fermer les yeux et espérer contre tout espoir dans cette crise va passer, une autre partie va être à la recherche de réponses. Nous devons tenir compte de cela en faisant plus de meetings publics et plus de propagande, en stimulant le débat idéologique, en organisant des groupes d’étude marxiste dans les universités,…

    Avant tout nous devons être prêt à nous tenir aux côtés de ceux qui entrent en action pour la défense de leur emploi, de leur revenu, des pensions,… Nous devons jouer un rôle dans le développement de ces mouvements de lutte en les liant systématiquement à la nécessité d’une société socialiste. Nous devons continuer à fournir des arguments et à prendre des initiatives pour en arriver à la construction d’un grand parti des travailleurs combatif, un instrument de lutte qui soit une arme dans le combat contre la crise, la guerre et l’exploitation de la classe ouvrière.

    La pression existe pour céder à la facilité et rechercher des solutions à l’intérieur du système capitaliste, ce sera une caractéristique de la plupart de ces nouveaux partis. Il y aura une tendance à suivre la même voie que les anciens partis réformistes et commettre ainsi les mêmes erreurs que dans le passé. La bourgeoisie elle-même, au cours de la lutte des classes, essayera de donner plus de poids à ces courants, avec l’objectif de protéger leur système combattant le développement de conclusions radicales.

    Au sein de telles formations ainsi qu’au sein du mouvement ouvrier dans son ensemble, le PSL/LSP participera bien entendu au combat pour chaque réforme possible qui soit dans l’intérêt de la classe ouvrière. Mais cela ne doit toutefois pas se faire au prix de la mise sur le côté de la tâche historique de renverser le capitalisme et d’engager ainsi le combat politique pour un programme socialiste révolutionnaire et pour le développement d’un parti socialiste révolutionnaire.

    Comme Marx l’a affirmé, il ne faut pas seulement interpréter le monde, mais le changer!

  • Meeting national de lancement de la campagne du PSL/LSP

    La récolte de signatures de parrainage maintenant derrière nous, notre campagne électorale proprement dite peu commencer. C’est ce que nous avons lancé aujourd’hui au cours d’un meeting national suivi d’un souper qui a rassemblé des camarades venus des quatre coins du pays, ainsi qu’un camarade de la LCR, avec qui nous participons aux élections européennes du côté francophone. Il y a été discuté de divers aspects de notre programme, et les affiches néérlandophones ont été présentées (les francophones arriveront sous peu), de même que nos nouveaux T-shirts, une brochure de présentation de notre parti,…

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop