Your cart is currently empty!
Category: Politique belge
-
NON à la chasse aux chômeurs!
Le gouvernement prépare un bain de sang social
EN TITRANT «Chasse aux chômeurs», le quotidien économique De Tijd a salué l’objectif du gouvernement d’exclure du bénéfice des allocations 30.000 chômeurs d’ici 2007. Le quotidien se base sur une série de notes internes aux cabinets ministériels PS et SP.a qui tracent les grandes lignes pour exclure les chômeurs.
Peter Delsing
Depuis le début de la crise, dans les années 70, le chômage est en progression ininterrompue. Le trucage des chiffres (les chômeurs âgés et les exclus des allocations ne sont plus repris dans les statistiques) ne peut masquer le fait que le capitalisme condamne une partie croissante de la population au chômage structurel. Cet été, le VDAB (l’équivalent en Flandre du FOREm wallon ou de l’ORBEm bruxellois) a annoncé que pour chaque poste vacant il y a six chômeurs.
Le ministre de l’Emploi Frank Vandenbroucke (SP.a) crie sur tous les toits que les chômeurs doivent s’adapter pour décrocher un emploi. Mais ce n’est pas la faute des chômeurs, mais du marché de l’emploi. Même des diplômés hautement qualifiés ont du mal à trouver du travail malgré les dizaines de lettres qu’ils envoient pour répondre aux offres d’emploi parues dans la presse.
Heureusement que l’on peut encore compter sur le PS et le SP.a pour faire les petits boulots ingrats du patronat! L’exclusion de 30.000 chômeurs signifie une diminution de 8% du nombre d’allocations de chômage. L’ONEm, vivement encouragé par le gouvernement, entend réduire ses dépenses de 209 millions d’euros d’ici 2007. (De Tijd, 10/1/2004).
Frank Vandenbroucke veut contrôler si, après 18 mois de chômage, les allocataires ont réellement cherché du travail. Après leur avoir donné une seconde «chance», ils risquent déjà de perdre une partie de leur allocation. Ceux qui ne parviennent pas à prouver qu’ils ont cherché un emploi risquent l’exclusion pure et simple, y compris les chefs de ménage!
Les contrôles seront effectués par l’ONEM même, ce qui est une rupture avec la situation actuelle. L’ONEm n’est pas un service d’accompagnement des chô-meurs. Il aura la tâche d’exclure du droit au chômage un quota de chômeurs fixé à l’avance.
D’autre part, le gouvernement se montre prévenant envers ceux qui ont planqué leur magot dans des banques étrangères et n’ont donc pas payé le moindre centime d’impôt sur les intérêts encaissés: ils pourront bénéficier d’une amnistie fiscale en rapatriant leurs capitaux moyennant un léger impôt de 9%, voire de 6% (comparez avec le taux d’impôt sur les salaires!). Les entreprises reçoi-vent en cadeau une nouvelle baisse des charge sociales.
Le gouvernement Verhofstadt/Onkelinx est un instrument au service des intérêts de la bourgeoisie. Les centaines d’emplois perdus chez Sobelair montrent encore une fois la nécessité d’une riposte organisée. Le syndicalisme de concertation prôné par la bureaucratie syndicale est une impasse. Il faut une offensive qui regroupe les travailleurs du privé, du public et tous ceux qui ont perdu leur emploi afin de contrer la politique asociale de ce gouvernement.
C’est le message que le MAS/LSP entend mettre en avant au cours des prochains mois. Rejoignez-nous dans ce combat!
-
Un an après la loi sur le revenu minimum d’intégration
CPAS négrier
Il y a plus d’un an (26 mai 2002) une nouvelle loi (Van de Lanotte/Onkelinx) entrait en vigueur pour remplacer le minimex par un hypocrite «droit à l’intégration sociale».
Cécile et Caroline
Le CPAS est devenu un pourvoyeur de main-d’oeuvre au rabais et participe par là à la précarisation de l’emploi en général. La loi sur le minimex, de 1974, prévoyait l’octroi d’un revenu minimum à toute personne qui remplissait des conditions objectives (âge, nationalité, absence de ressources,…) et qui était disposée à travailler (une notion au départ moins contraignante que celle de la disponibilité sur le marché de l’emploi applicable en matière de chômage).
Les aspects positifs de la loi de 1974 ont été anéantis par la loi de 2002. L’intégration sociale prend la forme d’un emploi et/ou d’un revenu d’intégration. Une pression financière est exercée sur les CPAS pour que ceux-ci poussent les allocataires à accepter n’importe quel boulot. Les CPAS sont sous-financés mais perçoivent une subvention du fédéral pour chaque personne mise au travail (à laquelle s’ajoutent des primes régionales, européennes, etc.).
Comment le CPAS s’y prend-il pour contraindre à accepter aux allocataires des jobs précaires et mal payés? La nouvelle loi a remplacé le droit objectif (au minimex) par un «contrat» entre l’allocataire et le CPAS. Le contrat s’appelle «projet d’intégration». Bien entendu le rapport de force est inégal. Si la personne refuse le job proposé par le CPAS, elle perd l’allocation d’intégration sociale pour une période pouvant aller jusqu’à trois mois. C’est donc le retour au travail forcé!
Quels «emplois» proposent le CPAS? Des travaux sub-alternes, généralement sans rapport avec les aspirations, les qualifications ou la vie familiale des intéressés. Ces derniers sont rémunérés au salaire minimum garanti et à durée déterminée. En fait le CPAS les met au travail juste le temps de cumuler l’ancienneté nécessaire pour émarger au chômage.
C’est cela «l’intégration sociale»! Soit le CPAS engage des personnes ou les fait travailler dans le privé. Il peut même les faire travailler dans le cadre d’une «formation préalable», payée 1 euro de l’heure (en plus du revenu d’intégration sociale) et qui est exclue du champs d’application du droit du travail.
Finalement, le CPAS joue le rôle «d’ORBEm ou de FOREm des plus pauvres» et ne propose que des petits boulots pré-caires là où on pourrait engager avec un vrai contrat et un vrai salaire.Les syndicats n’ont pas réagi à cette nouvelle précarisa-tion de l’emploi.
-
Austérité pour le monde du travail
Maximum à facturer pour les gros utilisateurs industriels d’énergie
Les gros utilisateurs industriels font la bonne affaire
Après le durcissement du contrôle des chômeurs, l’introduction d’un maximum à facturer pour la consommation d’électricité est de loin la mesure la plus importante du conclave. Les 25 plus grosses entreprises paient ensemble 40% de la facture totale de l’énergie en Belgique. Puisque l’industrie achète l’électricité à des tarifs inférieurs à ceux des particuliers, cela signifie que ces 25 entreprises consomment largement plus de 40% de la consommation totale d’électricité en Belgique. Le gouvernement veut rémunérer cela en «plafonnant» les taxes sur la consommation d’énergie. 145.000 entreprises vont en profiter, parmi lesquelles la SNCB. Etant un service public, la SNCB payait annuellement 2 millions d’euros en taxes sur l’électricité. Maintenant que l’entreprise va être scindée en vue de la libéralisation et de la privatisation, ce qui était impossible à discuter auparavant devient possible: la SNCB ne paiera plus que 250.000 euros au maximum en taxes sur l’électricité.
C’était prévisible! La coalition violette ne tient pas debout. On cherche à grand peine une politique commune. En revanche, les annonces ministérielles pleuvent, les unes plus irréalistes que les autres (les Jeux Olympiques en Belgique, les trains gratuits,….). Il était donc temps pour le Premier ministre Verhofstadt d’impulser une dynamique de groupe. Le gouvernement a donc fait une retraite, le temps d’un week-end, dans une ferme château à Gembloux. Après ce week-end, les organisations patronales n’ont pas ménagé leurs éloges tandis que les syndicats affichaient leur déception. Et pour cause !
Eric Byl
Victoire libérale
Tous les observateurs sont d’accord: les libéraux sont sortis vainqueurs du conclave. C’était nécessaire du point de vue du gouvernement. Le fait que la Belgique avait été critiquée internationalement pour la croissance des impôts sous la coalition violette doit surtout avoir été dur à avaler pour les partis «anti-impôts», le VLD et le MR. De plus, l’image de marque du bon père de famille, que le gouvernement aime à se donner, a été mise à mal par le Fonds Monétaire International. Le FMI a donné un avertissement au gouvernement pour la façon dont il a équilibré son budget. Le FMI aimerait voir remplacer la reprise des pensions de Belgacom et la vente de bâtiments par des mesures plus structurelles.
Ensuite, il y eut les bricolages successifs de la déclaration libératoire unique (DLU), autrement dit de l’amnistie fiscale. A l’origine, celle-ci devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2004. L’ordonnance d’application a été coulée par le Conseil d’Etat. Le cabinet du ministre des Finances Reynders a tenté d’arranger la chose, mais la nouvelle ordonnance est tellement ambiguë que les banques conseillent à leurs clients d’attendre encore un peu. Bref: l’ordonnance ne vaut rien.
Tant de bévues devaient inévitablement mener à des grognements et à de la nervosité sur les bancs libéraux. Le VLD voit s’exprimer, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des voix dissidentes fortes sur son aile droite. Cela a commencé avec l’ancien ministre Daems, qui a déclaré à l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal que la fraude sociale était pire que la fraude fiscale, tout en trônant sur le perron de sa luxueuse villa. Cela a continué avec la flibuste menée par Coveliers sur le droit de vote des immigrés, sa démission comme dirigeant de la fraction VLD au Sénat et sa menace de démissionner du parti. Puis ce fut à nouveau Dewael, qui a lancé à mauvais escient le débat sur le foulard. Enfin le VLD a été obligé d’exclure Claudine De Schepper, parlementaire anversoise, pour son adhésion au Comité contre le droit de vote des immigrés, lancé et contrôlé par le Vlaams Blok. Aller aux élections d’une manière aussi divisée et peu crédible n’était pas possible pour Verhofstadt et le VLD et, dans une moindre mesure, le MR. Ils avaient besoin de concessions pour apaiser leur aile droite et pour augmenter leur crédibilité. C’était là le véritable objectif de Gembloux.
Un maigre résultat?
"Quand les libéraux obtiennent un succès, alors c’est bien aussi pour les socialistes"
(Steve Stevaert, président du SP.a)Selon la presse, en fin de compte peu a été décidé: de vieilles décisions ont été confirmées, d’autres reportées. Se-lon l’hebdomadaire Knack: «Il faut encore attendre le grand projet de société dont Guy Verhofstadt parlait dans ses Manifestes du Citoyen. Quel projet? «Le gouvernement sait pourtant que la même tâche l’attend que celle qui a déjà commencé dans les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il s’agit de la réorganisation complète de notre sécurité sociale et du marché de travail.» Voilà qui est très clair, mais les journalistes pensaient-ils vraiment que le gouvernement annoncerait cela publiquement moins de six mois avant les élections?
Qu’est-ce qui est alors sorti de Gembloux? Toutes sortes de cadeaux aux patrons sous la forme d’une réduction des charges sur le travail de nuit et le travail en équipes, de la possibilité de faire travailler le personnel des magasins le dimanche et de l’assouplissement de la loi sur l’implantation des centres commerciaux, d’une plus grande réductibilité des déjeuners et des dîners d’affaires. Le plus grand cadeau est le maximum à facturer sur l’utilisation d’électricité par les grands entreprises (voir cadre).
Comme les petits indépendants s’opposent à la révision de la loi sur l’implantation des surfaces commerciales en faveur des grandes surfaces et à l’élargissement du travail de dimanche, le gouvernement leur offre en compensation un statut social meilleur… qu’ils payeront eux-mêmes au travers de cotisations plus élevées. Le gouvernement veut aussi réduire la TVA de 21% à 6% dans le secteur Horeca (mais ceci doit encore être approuvé par l’Europe). Bref: les libéraux ont obtenu les succès qu’ils voulaient.
Il se peut que les succès des libéraux soient bien aussi pour certains «socialistes», surtout ceux qui – comme Stevaert – sont patrons d’une chaîne de cafés. La majorité des socialistes – et les travail-leurs qui ont été il y a long-temps «représentés» par eux – devront malheureusement constater que le gouvernement n’a pas seulement été géné-reux avec la santé des travailleurs – en impulsant le travail en équipe, le travail de nuit et le travail du dimanche – mais qu’il sera aussi de plus en plus difficile d’être malade ou vieux. En effet, pour favoriser l’engagement de travailleurs à bas salaires, le gouvernement à décidé de «donner» un «bonus crédit d’emploi». Ce-lui qui gagne moins de 1.956 euros brut par mois paiera moins de cotisations sociales, celui qui gagne moins de 1.095 euros brut n’en paiera même plus. Ainsi nous gagnerons plus en net, mais que se passera-t-il quand nous serons malades, licenciés où retraités? Nous devrons payer de notre propre poche parce que la baisse des cotisations sociales aura ruiné la sécurité sociale. Ainsi le gouvernement reprendra (largement) d’une main ce qu’il a donné de l’autre.
Les chômeurs dupés
Selon Alfons Verplaetse, l’ancien gouverneur de la Banque Nationale, la tâche de ce gouver-nement et de ses successeurs est comparable à celle de Wilfried Martens pendant les années 80. Les gouvernements de cette époque ont appliqué de lourdes mesures d’austérité. Durant cette période, les salaires ont baissé en moyenne de 15% et les allocations de 20% en moyenne. Simultanément la productivité des travailleurs est devenue une des plus élevées au monde. Les profits ont battu tous les records, la dette publique a triplé. En bref, ce fut un transfert massif de moyens financiers des pauvres vers les riches.
C’est ce que le FMI, la Banque Nationale, la FEB et com-pagnie attendent aujourd’hui du gouvernement: un carnage social en limitant dans le temps le droit à une allocation de chômage et en allongeant la durée moyenne d’une carrière professionnelle. Les décisions concernant ce dernier point ont été reportées jusqu’après les élections. Nous pouvons deviner pourquoi. Le droit à une allocation de chômage n’a pas été officiellement limité dans le temps. Mais, en pratique, cela reviendra au même par la centralisation accrue du contrôle des chômeurs par l’ONEm fédéral au détriment des services d’emplois régionaux, l’ORBEm, le FOREm et la VDAB.
Contrairement aux services d’emplois régionaux, qui accompagnent les demandeurs d’emplois dans leur recherche d’un emploi et essaient d’éviter une suspension, l’ONEm est purement un mécanisme de contrôle. Après 18 mois en moyenne de chômage, tous les demandeurs d’emploi seront obligés de prouver à l’ONEm qu’ils ont activement recherché du travail. Celui qui ne pourra prouver «suffisamment d’efforts» sera définitivement suspendu après trois convocations. Il faudra démontrer au moins 312 journées de travail dans une période de 18 mois pour avoir de nouveau droit à une allocation. Knack appelle cela «une percée de principe pour limiter le chômage dans le temps». Cette mesure asociale sera aussi appliquée aux chômeurs âgés (50 ans et plus). On comprend après tout cela pourquoi petits et grands patrons crient victoire… et pourquoi, à gauche, il vaut mieux être patron de café(*) que chômeur!
(*) Steve Stevaert, président du SP.a, est patron de café.
-
Prépensions. Lettre à Frank
Cher ministre de l’Emploi et des Pensions,
J’ai lu que tu vas commencer un débat sur l’avenir des prépensions et d’autres systèmes de pensions anticipés. Mais les élections sociales, européennes et régionales doivent d’abord être passées. Tu dois d’abord être sûr d’une victoire étourdissante des partis de la coalition violette, il faut d’abord répartir les postes et puis… il faut tirer des conclusions.
Johan Douveren
Parce que tu nous a avertis: "Sans une réforme profonde de notre marché de travail nous ne pouvons pas garder notre niveau de prospérité ". Le système des prépensions est donc en haut de la liste des choses à grignoter. Oui, je veux dire grignoter. Parce qu’il y a aussi une pression de l’Europe de bouffer le système en une fois. Mais viens, tu veux goûter. Peu à peu tu vas t’attaquer aux prépensions… jusqu’à un certain jour où les gens ne pourront plus jouir de la pré-pension lors d’une fermeture d’entreprise.
Le grignotage a commencé. Cher Ministre, tu désires de nous que l’on travaille tous plus longtemps afin de continuer à pouvoir payer les pensions. Et nous devons construire notre carrière de façon plus flexible. Un de tes collègues libéral dit même que chaque homme/femme doit devenir le manager de son ou de sa propre carrière.
Beaucoup de jolies phrases, mais que va-t-il se passer si la crise économique continue à ramper et si toi et tes amis violets continuez entre-temps de grignoter la sécurité sociale… Peut-être qu’une grande couche de la population devrait commencer à gérer leur vie dans la pauvreté? Je suis trop grossier? Probablement. Mes excuses, monsieur le Ministre, parce qu’ils disent que tu es le plus intelligent de la classe et le plus brave selon Yves Desmet du journal De Morgen. Le plus brave, parce que tu oses parler de la problématique du vieillissement et de la brève durée de travail des Belges, qui sont les causes pour lesquelles notre sécurité sociale est mise sous pression.
Est-ce que ça demande tant de courage de chercher une solution en coupant dans les droits acquis des travailleurs, pendant que les profits de ceux qui ont vraiment le pouvoir restent intacts. Nous devons avoir le courage d’ouvrir véritablement le débat. Nous devons oser poser chaque question. Tout le monde se focalise sur le vieillissement, mais notre sécurité sociale n’est-elle pas sous pression parce que notre type d’économie est sous pression?
Pourquoi dans ce débat ne parle-t-on jamais d’une économie des besoins au lieu des profits? Pourquoi crois-tu tellement dans une troisième voie (un marché libre avec des petits côtés sociaux) si tu sais (comme tu es le plus intelligent de la classe) que pendant une crise économique les côtés sociaux sont coupés avec les ciseaux du petit groupe qui a beaucoup de pouvoir?
Ton président de parti appelle les socialistes qui choisissent la troisième voie des socialistes "modernes". Les socialistes qui ne choisissent pas cette voie sont nommés des "vieux" socialistes. Bien, monsieur le Ministre de l’Emploi et des Pensions, le MAS/LSP est en train de se construire avec beaucoup de "vieux" travailleurs, lycéens et étudiants,… pour un socialisme combatif. Le MAS/LSP lutte pour le maintien des prépensions, pour une pension complète à l’âge de 60 ans pour tous les hommes et les femmes, contre la privatisation du système de pensions, pour le rétablissement total de l’index et contre l’érosion des pensions d’état.
-
Couvre-feu. Après Dinant et Seneffe,… bientôt Bruxelles?
Richard Fournaux, le bourgmestre (CDH) de Dinant est à l’initiative d’une ordonnance de police interdisant le rassemblement à plus de 5 personnes entre 22 heures et 6 heures du matin.
Céline Moulin
Le conseil communal se justifie en invoquant que des personnes "perturbent la tranquillité publique par leurs jeux, leurs cris, la consommation de boissons alcoolisées, etc…". Les personnes risquent une peine de prison d’un jour minimum! Dans un article intitulé "Dinant ne sera jamais Chicago!", le bourgemestre déclare "qu’à l’heure où la violence gratuite éclôt chez les adolescents qui se disent incompris et qui, au nom de la liberté d’expression et d’action, se révoltent contre les usages ancrés dans le passé, il convient de redéfinir les bonnes et justes limites". C’est donc sur cette fine analyse de la situation qu’il s’attaque à la liberté de réunion pacifique. D’autre part, le Bourgmestre PS de Seneffe va dans le sens d’un couvre-feux pour les moins de 14 ans en expliquant qu’il doit tenir compte du sentiment d’insécurité de ses concitoyens (c’est bien une mesure populiste!). Ducarme déclare à son tour être intéressé par la formule à Bruxelles…
Ce sont toujours les enfants des familles les plus pauvres qui sont visés. Il est bien plus facile de criminaliser le désoeuvrement et la pauvreté plutôt que d’agir sur les causes économiques qui les génèrent.
-
Seulement 33% de confiance pour le gouvernement
L’opposition officielle n’en profite pas pour autant…
LORSQUE VERHOFSTADT a annoncé il y a quelques mois que "Le pays est reparti du bon pied", il n’imaginait sans doute pas sur quel pied il allait danser. La Conférence pour l’Emploi qui devait créer 200.000 jobs avait à peine entamé ses travaux que la direction de Ford annonçait déjà 3.000 licenciements. Depuis lors, les faillites et les restructurations pleuvent. Le chômage croît à un rythme accéléré. On voit mal comment Verhofstadt peut inverser la tendance avec des chèques-services et un cadeau supplémentaire de 850 millions d’euros au patronat.
Eric Byl
Confiance en baisse
D’après un sondage commandé par La Libre Belgique, Het Laatste Nieuws, VTM et RTL, la confiance dans le gouvernement fédéral a baissé de 7% depuis les élections, passant de 40% à 33%. Seule consolation pour Verhofstadt, les gouvernements des entités fédérées font encore moins bien…
L’impact de la réforme fiscale sur l’économie a déjà épuisé ses effets. Il pouvait difficilement en être autrement. Verhofstadt et Reynders (MR) en ont fait reporter le coût sur les entités fédérées qui ont à leur tour présenté la note aux contribuables. Le gouvernement s’est fait tancer par les instances internationales. La Belgique est un des rares pays où la pression fiscale a augmenté ces dernières années.
Pour les libéraux, qui ne cessent de dénoncer la "rage taxatoire", c’est plutôt fâcheux. Pour ne rien arranger, le Conseil d’Etat a descendu en flammes les dispositions sur l’amnistie fiscale.
Le panier de crabes des partis libéraux élargi
La famille libérale était très homogène jusqu’à la création du VLD et du Mouvement Réformateur. Depuis lors, Verhofstadt et Michel ont attiré dans leur giron des débris du CD&V (ex-CVP) et de la Volksunie pour le premier, des débris du CDH (ex-PSC) et le FDF tout entier pour le second. Pour ce faire, ils n’ont pas hésité à bousculer la vieille garde libérale.
Résultat: Verhofstadt et Michel maintiennent plus facilement la cohésion au sein du gouvernement qu’au sein de leurs partis respectifs. Michel s’est appuyé sur le FDF pour imposer le droit de vote aux immigrés non européens à la vieille garde du PRL, ce qui a engendré nombre de frustrations. Michel s’est ensuite heurté au président du FDF Maingain sur la question du survol de Bruxelles. Maingain a dû retirer sa motion de défiance contre le ministre Anciaux après une discussion "cordiale mais virile" avec Michel. Le ralliement probable des chrétiens fondamentalistes du CDF, une scission de droite du CDH, avivera les tensions avec le FDF et l’aile laïque du PRL.
Faiblesse de l’opposition
Le principal parti d’opposition, le CD&V, ne parvient pas à tirer parti des difficultés du gouvernement. Il se profile de plus en plus à droite jusqu’à remettre en question le cordon sanitaire autour du Vlaams Blok. Son pendant francophone, le CDH, est prêt à faire l’appoint d’une coalition "alternative" (PS/Ecolo/CDH).
PS/SP.a: un pôle "de gauche" pour le patronat
En dehors du Vlaams Blok, le PS et le SP.A sont les seuls partis qui ont peu de soucis à se faire pour les prochaines élections. La social-démocratie est en passe de devenir la première formation politique des deux côtés de la frontière linguistique, devant les libéraux.
Puisque Groen! (ex-Agalev) a décidé d’aller seul aux élections, le cartel SP.a/Spirit pourra plumer l’électorat vert sans devoir s’encombrer de l’appareil écologiste.
C’est cependant au sein de l’ACW (le MOC flamand) que le SP.a trouve son plus gros potentiel de croissance. L’opposition du CD&V est tellement à droite, tellement faible aussi, que l’ACW n’aura bientôt plus d’autre option que de chercher un rapprochement avec le SP.a. Seul le lien entre le SP.a et la FGTB y fait provisoirement obstacle. Il n’est pas exclu que le SP.a relâche ses liens avec la FGTB pour faciliter un rapprochement avec l’ACW. Le parti pourrait alors jouer des rivalités entre les deux syndicats pour pouvoir leur faire avaler sa politique de droite.
Le gouvernement va gagner les prochaines élections, à moins d’une crise imprévue. Non pas grâce à sa "politique sociale", mais à cause de la faiblesse de l’opposition et pour "faire barrage à la droite". Beaucoup voteront pour la social-démocratie comme un moindre mal.
L’espace à la gauche de la social-démocratie sera marginal lors des prochaines élections. Il faudra des événements de grande ampleur et des luttes sur le terrain industriel pour changer cela. Nous voulons pourtant présenter des listes LSP en Flandre, l’une pour les élections européennes, l’autre pour les élections régionales dans la province de Flandre orientale.
Du côté francophone, nous allons tenter de présenter une liste MAS pour les élections européennes, même si nous ne sommes pas certains d’obtenir les 5.000 signatures requises en Wallonie et à Bruxelles. La signification de notre participation? Renforcer et mieux faire connaître le MAS/LSP.
-
Expulsés par l’ULB, grugés par Dewael
LA DATE du 17 décembre sera décidément à marquer d’une pierre noire pour les réfugiés et leurs défenseurs. Quelques heures avant la condamnation des membres du collectif, la police investissait l’ULB – à la demande de sa direction – pour en déloger la cinquantaine de réfugiés iraniens qui menaient encore leur occupation.
Thierry Pierret
Les forces de l’ordre ont vidé la salle Honoris Causa de ses occupants et défoncé les locaux de la délégation étudiante (BEA), où femmes et enfants dormaient. Les Iraniens ont été répartis entre plusieurs centres ouverts et un d’eux se trouverait en prison faute de place dans les centres fermés.
Le vice-président du Conseil d’Administration (CA), Fabrizio Bucella, justifie la décision d’expulsion pour des motifs de sécurité (l’ULB ferme ses portes pour les vacances de Noël) et sous prétexte que l’occupation ne se justifierait plus après l’accord conclu entre les Iraniens et le ministre de l’Intérieur Patrick Dewael. C’est proprement scandaleux. Ceux-ci avaient stoppé leur grève de la faim le 14 novembre suite à un accord conclu avec Dewael. Cet accord disait que ceux d’entre eux qui avaient été déboutés du droit d’asile pouvaient introduire une nouvelle demande d’asile individuelle. Mais les Iraniens maintenaient l’occupation entamée le 19 septembre tant que l’Office des Etrangers ne déclarait pas ces nouvelles demandes recevables. Or, l’Office n’a rendu jusqu’ici que 61 décisions sur plusieurs centaines de dossiers! Dont seulement 17 positives… L’expulsion des Iraniens n’est pas restée sans réaction de la part des étudiants: quelque 300 d’entre eux ont manifesté devant le rectorat avant de bloquer l’Avenue Roosevelt. De nouveau la police est intervenue et ce même sur le campus. Cela annonce l’attitude qu’est prête à prendre les autorités envers tout mouvement de contestation.
Pour nous, cette issue illustre la faillite de la stratégie des délégués étudiants au CA qui dirigeaient le comité de soutien. Ils insistaient sur la nécessité d’éviter toute confrontation avec les dirigeants de l’ULB même lorsque ces derniers rechignaient à mettre les infrastructures de l’université à la disposition des Iraniens, même lorsqu’ils leur posaient des ultimatums pour les inciter à partir.
Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont dès le départ pris une part très active à la lutte des Iraniens. Nous insistions sur la nécessité d’élargir le mouvement au sein comme à l’extérieur de l’université, de faire l’unité avec les étudiants et les travailleurs plutôt qu’avec les caciques de l’université qui soutenaient les revendications des Iraniens en paroles tout en leur mettant des bâtons dans les roues en pratique.
Nous voulons faire le bilan du mouvement avec ceux qui se sont impliqués dans les actions de soutien afin d’en tirer ensemble les leçons pour l’avenir.
-
La coalition violette tourne à l’aigre
Entre 1992 et 2002 le nombre d’habitants qui ont du faire appel à la banque alimentaire a doublé. En 2002 le nombre de minimexés a grimpé de 15%. Dans la période de 1998/2002, 23% de la population a dû vivre occasionnellement sous le seuil de pauvreté.
Bart Vandersteene
A part cela tout va bien en Belgique! Du moins s’il faut en croire Verhofstadt! Car le gouvernement a de nouveau un budget en équilibre et la dette publique baisse. Mais elle diminue par un tour de passe-passe budgétaire. Les magiciens ont du talent mais tout cela n’est que du trompe-l’oeil. Vande Lanotte a peut-être des talents de manager d’équipe de basket, mais il ne gère pas le budget en "bon père de famille".
Le gouvernement précédent – arc-en-ciel – avait déjà commencé avec la vente au rabais des biens de l’état. En 2001, la vente publique des licences UMTS (réseau GSM) pour 440 millions d’euros, des bâtiments publics pour une valeur de 320 millions d’euros, Shanghai Bell pour 89 millions d’euros. En 2002: vente des terrains de BIAC pour 200 millions d’euros, de la cité administrative de l’État à Bruxelles pour 27 millions d’euros,…
Tout cela n’était qu’un signe précurseur des spectaculaires interventions en 2003 dans la comptabilité publique. Le grand tour de magie est le fonds de pension de Belgacom, d’une valeur totale de 5 milliards d’euros. C’est plus que la valeur totale en 2000 de tous les bâtiments publics (entre-temps bon nombre de ces bâtiments ont été vendus).
En fait Vande Lanotte a de nouveau fait un emprunt. Celui-là va devoir être repayé sous la forme de pensions des travailleurs de Belgacom. Pas de diminution de la dette publique donc.
Le FMI a compris cela. Il a fait savoir au gouvernement belge qu’il était "inquiet" pour le budget et les finances publiques. Selon le FMI, afin de rectifier cette situation, il faut en finir avec les prépensions, il faut une limite dans le temps aux allocations de chômage et il faut d’urgence un plan d’austérité pour les entreprises publiques.
Le FMI ne doit naturellement pas prendre en compte les élections. Il peut laisser tourner sans obstacle sa machine de propagande.
Il n’y a aucun doute sur le fait que le gouvernement va essayer – après les élections de juin – d’appliquer ce programme néo-libéral. Entre-temps il essaye de toute ses forces de camoufler le manque de moyens financiers. Des factures ne seront plus payées avant le 1er janvier 2004, les autorités régionales et locales doivent éponger les problèmes financiers. Et les travailleurs du secteur des handicapés ont été renvoyés à la maison sous la menace des autopompes avec la promesse qu’ils recevront enfin leur salaire.
La sacro-sainte position concurrentielle de la Belgique va être utilisée après les élections pour justifier les attaques contre nos acquis. SP.a et PS vont à ce moment jeter les masques et jouer leur rôle comme d’instruments le plus efficace pour la bourgeoisie. Ils montreront alors qu’ils sont des loups déguisés en agneaux et que la majorité de la population ne doit rien attendre d’eux.
Mais même à ce moment-là, le magicien Vande Lanotte continuera d’essayer de faire croire qu’il est encore un agneau. La question d’une alternative politique pour le mouvement ouvrier sera plus que jamais à l’ordre du jour.
-
L’ULB envoie la police contre les sans papiers
Ce mercredi 17 décembre, une cinquantaine de policiers casqués et armés ont débarqué sur notre université vers 6h du matin. Venus arrêter la cinquantaine de demandeurs d’asile iraniens présents sur le campus depuis presque 3 mois, les forces de police ont vidé la salle Honoris Causa de ses occupants et défoncé les locaux de la délégation étudiante (BEA), où femmes et enfants dormaient. La police est intervenue sous les ordres du ministre de l’Intérieur, P. Dewael, avec l’autorisation des autorités de l’ULB, les sites universitaires étant des zones privées.
EGA-ULB
Bien que l’ultimatum officiel était fixé au vendredi 19/12, l’ULB a préféré la répression plutôt que de soutenir les demandeurs d’asile. C’est la première fois que l’ULB autorise une rafle musclée contre les sans-papiers (et ce juste avant la période de blocus, afin d’éviter une mobilisation large des étudiants). Et cela annonce l’attitude qu’est prête à prendre les autorités envers tout mouvement de contestation. Les universités sont des lieux de débats et de luttes ! Les étudiants doivent s’opposer à toute présence policière sur le campus !
Une action de protestation a été organisée à 13h devant le rectorat. Plus de 300 étudiants se sont mobilisés pour dénoncer cette rafle. Nous n’avons trouvé qu’une porte clause et aucun des responsables n’a osé venir s’expliquer. Nous avons décidé de bloquer les portes du rectorat et de manifester sur l’avenue Franklin Roosevelt pour les obliger à venir discuter, tout en scandant « Buccella Démission », « 1ère, 2ème, 3ème génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés »… Mais de nouveau la réponse a été l’appareil policier : 2 auto-pompes, 5 combis et un hélicoptère de la police fédérale formaient le comité d’acceuil des manifestants ! La police a bloqué notre manifestation sur le campus même, justifiant cela par le fait qu’ils avaient l’autorisation d’intervenir ce matin (à 6h) et donc qu’ils le pouvaient l’après-midi aussi. Après 3 heures, l’action a continué sur le campus par une occupation du Janson.
Dès l’arrivée des Iraniens sur le campus, les autorités de l’ULB ont montré leur opposition à cette occupation. Elles ont refusé de soutenir les réfugiés sur le plan logistique, bien qu’une motion de soutien politique ait été votée au CA. Durant la grève de la faim, entamée par une trentaine des occupants, la politique de l’ULB s’est précisée : leur but était clairement que les Iraniens évacuent au plus vite les locaux ! Le sheriff Bucella fut nommé pour exécuter cette tâche.
Peu d’aide fut accordée, mais il y a eu beaucoup de pression : refus de mettre à disposition les infrastructures nécessaires pour des conditions de vie décentes durant leur lutte (lits, sanitaires corrects, électricité, nourriture…) ; renvoi à plusieurs reprises de la Croix Rouge, pourtant nécessaire pour les soins des grévistes de la faim ; plusieurs lettres avec des ultimatums pour l’occupation ont été envoyées… Au bout de plusieurs semaines, les Iraniens se sont vus apporter des lits de camps, et rétablir l’électricité, qui leur avait été coupé, mais cela dans le seul but de calmer les pressions grandissantes, et de ne pas avoir à faire de concessions plus importantes.
Pendant 3 mois, plus de 200 réfugiés iraniens qui ont reçu un ordre de quitter le territoire de l’Office des étrangers donc du gouvernement, ont occupé plusieurs universités (ULB, VUB, UCL). Ils revendiquent leur régularisation collective et l’octroi d’un permis de travail c-à-d le droit d’avoir une vie normale: travailler, étudier ou tout simplement se promener dans la rue sans craindre d’être arrêté et enfermé dans un centre de rétention. Le gouvernement n’est pas prêt à envisager une régularisation collective des Iraniens et donc toujours pas prêt à changer d’un pouce sa politique en matière de droit d’asile. Même si les dossiers sont à nouveau reçus, de nombreux Iraniens se retrouveraient dans quelques temps dans la même situation à savoir l’obligation de quitter la Belgique. La réponse du Haut Commissariat aux Réfugiés aux réintroductions des dossiers se solde déjà par 6 refus et un ordre de quitter le territoire. L’illusion d’une solution individuelle avancée par le gouvernement a comme seul but de diviser les Iraniens et de casser le mouvement.
La politique d’expulsion va confiner un grand nombre d’Iraniens dans la clandestinité. Des petits boulots au noir sous-payés, aucune protection sociale est l’avenir que leur réserve notre gouvernement. Des pans entiers de l’économie capitaliste basculent dans l’illégalité, ce qui exerce une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail des salariés dans la sphère légale. Les sans papiers ne pourront obtenir une victoire que s’ils parviennent à gagner le soutien d’une frange plus large de la population, notamment au sein du mouvement ouvrier organisé. Les Iraniens ne peuvent compter que sur cette perspective de lutte, et non sur les politiciens traditionnels qui participent ou ont participé à cette politique d’asile. Car il est clair que les réfugiés servent de boucs émissaires pour la crise économique. Ce ne sont pourtant pas les réfugiés et les immigrés qui attaquent nos droits sociaux en matière d’enseignement (restaurants sociaux, kots bon marché,…), qui licencient (3000 pertes d’emplois à Ford Genk, plusieurs milliers annoncés à la Poste, Sncb, Cockerill,…), qui ferment les entreprises, qui privatisent les services publics, qui rallongent l’âge de la pension ou qui appliquent les plans d’économies.
Une certaine solidarité estudiantine s’est créée avec la cause des sans – papiers. Un Comité de soutien s’est formé. Mais il ne s’est concentré que sur les besoins humanitaires urgents des grévistes au lieu de les exiger des autorités universitaires (qui possèdent, eux, les réels moyens d’un soutien logistique). La délégation étudiante, qui dans un premier temps a pris la tête du mouvement, a poussé dans ce sens, tout en négociant avec les autorités de l’ULB des accords boîteux. Elle a voulu régler la question des Iraniens de manière bureaucratique, main dans la main avec Bucella, sans s’appuyer sur le mouvement étudiant naissant, en refusant d’entrer en conflit avec les autorités de l’ULB. La bureaucratie étudiante, de peur de ne pas continuer à diriger ce mouvement et à être débordée, a toujours empêché le débat politique et l’élargissement du débat. Le fonctionnement même du comité de soutien était peu démocratique : des étudiants se sont vus refuser la parole, les lettres de Bucella n’ont pas été communiquée à l’ensemble de la comunauté universitaire…
Depuis le début, E.G.A. avance la nécessité de créer un réel rapport de force étudiant afin d’imposer aux autorités de l’ULB le soutien catégorique nécessaire aux Iraniens pour mener à bien leur lutte et ainsi créer une plus forte pression au niveau du gouvernement. Nous pensons que le but d’un comité de soutien doit être de politiser les étudiants à la problématique des sans papiers. C’est en clarifiant le lien entre les politiques néolibérales de nos gouvernements et celles qui poussent des milliers d’hommes à fuir la misère et la guerre dans le monde néo-colonial que l’on peut espérer arriver à une victoire. Les pays du Tiers-Monde sont obligés d’ouvrir leurs marchés aux entreprises occidentales. Les multinationales, n’ayant comme intérêt que leurs profits, jouent un rôle important dans le maintien des régimes réactionnaires et de la politique de pillage des richesses et de surexploitation de la force de travail (inexistence de protection sociale, journées de 18 heures de travail et cela dès le plus jeune âge,…). Les grandes puissances n’hésitent pas à utiliser la force pour assurer leur domination économique et politique. Les interventions impérialistes des Etats-Unis en Irak et de la France en Côte d’Ivoire en sont des exemples. Nous refusons la distinction entre réfugiés politiques et économiques car c’est la politique des puissances capitalistes qui engendre la misère et les conflits sanguinaires qui poussent des milliers de personnes à fuir. Le fossé entre pauvres et riches n’a jamais été si profond. La science et la technique n’ont jamais été aussi développées qu’aujourd’hui. Normalement cela devrait permettre de couvrir tous les besoins élémentaires. Le capitalisme a fait faillite ; un monde socialiste où la production est démocratiquement planifiée en fonction des besoins, et non aux mains d’une poignée de patrons, est nécessaire.
Construisons des organes politiques combattifs dans nos universités et nos écoles afin d’amener les jeunes à s’organiser et à discuter d’une alternative viable au système capitaliste, une alternative socialiste. Rejoins EGA !
Nous ne pouvons compter que sur nos propres luttes !
Pas d’accès aux campus universitaires à la police ! Démission immédiate du recteur DE MARET et de son shériff BUCELLA !
Il faut s’en prendre aux multinationales, pas à leurs victimes. Des papiers pour tous!
Fermeture de tous les centre fermés. Stop aux expulsions et à la répression !
Tout ce qui nous divise nous affaiblit. Stop au racisme, au sexisme,…tous ensemble contre le système capitaliste !
Pour un monde socialiste, où l’on produit en fonction des besoins des gens et non pas pour les profits d’une minorité !
-
Suffrage universel ou “Notre peuple d’abord”?
La question de l’extension du droit de vote, pour les élections communales, aux résidents étrangers non européens occupe à nouveau le devant de l’actualité politique. Le gouvernement précédent avait décidé de reporter ce point après les élections. Mais le gouvernement est paralysé: PS, SP.a, Spirit et MR (avec des réserves) sont pour. Le VLD est contre.
Guy Van Sinoy
Dans l’opposition, CdH et Ecolo sont pour. CD&V, NV-A, Vlaams Blok et FN sont contre. Une majorité alternative pour faire voter la loi semble possible au parlement. Toutes les manoeuvres semblent alors permises.
Hugo Coveliers, chef de groupe VLD à la Chambre, a menacé d’utiliser la procédure de la "sonnette d’alarme", prévue par la constitution, pour bloquer le débat au parlement. Les quotidiens réactionnaires Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg ont réalisé un sondage pour prouver qu’une majorité de la population est contre l’élargissement du droit de vote. Qui a été interrogé et comment les questions ont-elles été posées, c’est une autre paire de manches!
Les élections régionales de 2004 approchent. Chaque politicien se demande si l’adoption ou le rejet d’une telle loi fera gagner ou perdre des voix à son propre parti. Quand on gratte un peu, on s’aperçoit vite que les beaux principes démocratiques foutent le camp au premier sondage électoral défavorable.
Il y a plus de deux siècles, en 1793, pendant la Révolution française, la Convention montagnarde écarta le droit de vote censitaire – qui limitait le droit de vote aux riches – et instaura le droit de vote pour tous les citoyens (pas seulement pour les communales) quelle que soit leur nationalité. Mais c’étaient des révolutionnaires bourgeois qui avaient un peu plus d’audace que les épiciers politiques de notre pays.
Faut-il rappeler la médiocrité démocratique des gouvernants depuis la création de la Belgique? Le 10 octobre 1830, alors que les masses populaires s’étaient faites tuer sur les barricades pour repousser les armées hollandaises, le gouvernement provisoire décida d’adopter "provisoirement" l’ancien vote censitaire. 46.000 électeurs censitaires, sur une population de 4.000.000 d’habitants, élirent le Congrès national chargé d’élaborer la Constitution. Ce "provisoire" allait durer 63 ans: jusqu’en 1893 où, sous la poussée des grèves pour le suffrage universel, le vote censitaire allait faire place au vote plural (un homme = une voix, mais ceux qui possédaient un bien immobilier, qui payaient un impôt ou qui avaient un diplôme avaient plusieurs voix). Ce n’est qu’en 1919, par peur de l’extension de la Révolution russe, que le suffrage universel fut adopté. Mais uniquement pour les hommes! Les femmes ne purent voter pour la première fois aux élections législatives qu’en 1948 (118 ans après l’indépendance belge!). Les politiciens bourgeois qui aiment tant vanter les traditions démocratiques de la Belgique devraient se rappeler ces dates et être un peu plus modestes.
Le LSP-MAS est pour le droit de vote et d’éligibilité à tous les niveaux pour tous ceux et celles qui résident en Belgique. Cela n’a rien de révolutionnaire: cela existe déjà depuis des dizaines d’années pour les élections sociales. L’immense majorité de ceux qui pourront bénéficier de l’extension des droits démocratiques sont des travailleurs. Cet élargissement du droit de vote à tous ceux qui résident en Belgique donnera des droits politiques à tous les travailleurs, permettra de dépasser la division entre travailleurs, et renforcera le camp de tous les salariés face aux patrons.