Category: Politique belge

  • Manifestations contre l’occupation

    Un an après la guerre en Irak

    Réactions à chaud dans la manif

    – Julie, étudiante: "Il y a un an, on était dans la rue avant que la guerre commence et, aujourd’hui, on est toujours là, on brave la pluie pour montrer qu’on est encore plus mécontent. C’est de la grande hypocrisie de la part de l’administration Bush: on voit encore plus clairement maintenant que les motifs pour entrer en guerre étaient complètement infondés. La situation en Irak est loin de s’être améliorée…"

    – Simon, lycéen: "Les Etats-Unis ont imposé une fois de plus leur politique impérialiste. Ils ne vont rien faire pour stabiliser le pays: ils vont laisser les irakiens crever de faim et ils vont pomper les ressources pétrolières."

    A l’aube du 20 mars 2003, les premiers missiles américains étaient envoyés sur Bagdad, la capitale de l’Irak, déclenchant ainsi une guerre rejetée par l’écrasante majorité de la population mondiale. Un an plus tard, les opposants à cette guerre se sont donnés rendez-vous dans quelques grandes villes à travers le monde pour manifester leur colère.

    Stéphane Delcros

    A Bruxelles, la manifestation "Pour la paix au Proche-Orient" a rassemblé 5.000 personnes, c’est-à-dire moins de la moitié de l’objectif des organisateurs. Le MAS/LSP et Résistance Internationale étaient présents à cette manifestation avec une délégation très dynamique d’une centaine de personnes. Par ailleurs, Notre organisation était la seule à scander des slogans clairement anticapitalistes.

    D’une manière générale, les manifestants étaient venus dire non à l’occupation de l’Irak et de la Palestine. Mais c’est surtout l’Irak qui focalisait l’attention à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement de la guerre de Bush. Les opposants à cette guerre n’en voient pas la raison d’être ou la jugent injuste et ils veulent le faire savoir.

    Depuis la déclaration de la fin officielle de la guerre le 1er mai dernier, jamais la victoire américaine n’a autant été remise en question. "La guerre n’est pas finie: ils sont toujours là-bas!" affirme Marie-Emilie (étudiante). Sur le terrain, les attaques et attentats se succèdent sans répit. Six cents soldats américains sont morts et la popularité de Georges W. Bush ne cesse de diminuer. Pour y remédier, le président américain a prévu un transfert du pouvoir vers un gouvernement provisoire pour le 30 juin alors que les élections ne sont programmées que pour la fin de l’année ou le début 2005.

    La situation sociale et économique des Irakiens s’est aggravée depuis un an. Le chômage atteint aujourd’hui 70% de la population! Les écoles, les hôpitaux et tous les services publics de base sont totalement désorganisés. 10.000 civils irakiens ont perdu la vie depuis le début de la guerre tandis que 11.000 sont en prison.

    Aujourd’hui, les mensonges de Bush, Blair et Aznar leur explosent à la figure. Dans le cas d’Aznar, littéralement. Le terrorisme sort renforcé de cette guerre. Aucune arme de destruction massive n’a été retrouvée. Le chef des inspecteurs américains a démissionné en affirmant que ces armes n’existaient plus depuis la première guerre du Golfe. Les liens présumés entre l’ancien régime irakien et le terrorisme n’ont jamais été prouvés. Plusieurs dirigeants de la "coalition des volontaires" admettent ouvertement qu’ils ont été "induits en erreur".

    Les efforts – les mensonges – déployés par les dirigeants américains et leurs alliés et destinés à faire accepter la guerre à l’opinion publique se sont retournés contre eux. Le mouvement anti-guerre international n’a peut-être pas permis d’éviter la guerre mais a tout de même réussi à dévoiler les vraies raisons de celles-ci et les manipulations opérées par la coalition.

  • “Je pensais que ces études menaient facilement à l’emploi…”

    Interview de Nicolas, ingénieur industriel, 24 ans

    Dans notre numéro précédent nous avons exposé les nouvelles mesures asociales prises par le gouvernement lors du week-end de Gembloux, notamment en vue d’exclure les chômeurs incapables de prouver qu’il ne «cherchent pas activement» un emploi. Emploi par ailleurs souvent inexistant. Ceux qui ont un emploi stable depuis longtemps ou qui n’ont jamais chômé n’imaginent pas la difficulté de décrocher un job aujourd’hui. En particulier ceux qui sont entrés sur le marché du travail au moment du plein emploi. Nous avons donc demandé à un jeune, qualifié, motivé et disponible pour le marché de l’emploi de témoigner.

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

    – Alternative Socialiste: Bonjour Nicolas. Peux-tu nous expliquer ton parcours scolaire et ton expérience en matière de recherche d’emploi?

    – Nicolas: En 1998, après mes humanités, j’ai entamé des études d’ingénieur industriel en électricité: 4 ans d’études. On nous disait qu’avec un tel diplôme en poche on trouvait facilement du travail. J’ai décroché mon diplôme en juin 2002 sans avoir doublé et après un stage en entreprise. Comme j’avais déjà entamé mes recherches avant la fin des études, j’ai déjà eu un premier entretien d’embauche le 5 juillet 2002.

    – A.S.: Super! Donc quelques jours après être sorti de l’école, tu avais déjà un emploi!

    – N: Non hélas! Ce premier entretien n’était que le premier d’une série qui s’est étalée sur 3 mois. Finalement je n’ai pas été engagé. Je ne m’étais bien entendu pas limité à cette entreprise, d’autant plus que je suis assez bon bilingue. J’ai écrit nombre de lettres: candidatures spontanées, réponses à des offres d’emploi. J’ai reçu le plus souvent une réponse polie mentionnant qu’on prenait bonne note de ma candidature. Certaines entreprises ne prennent même pas la peine de répondre!

    – A.S.: Et ensuite?

    – N.: Face à ces premières difficultés, j’ai décidé en octobre 2002 de suivre une formation complémentaire d’un an afin de ne pas perdre de temps et de mettre une corde en plus à mon arc. Ces cours (coût du minerval: 750 euros) ne se donnant pas à temps plein cela me permettait donc de continuer à solliciter et à me présenter à des entretiens d’embauche. En octobre 2003 j’ai obtenu mon diplôme d’études complémentaires et j’ai alors orienté mes recherches vers un plus large domaine de fonctions. Après plusieurs mois de recherche j’ai été engagé comme chef de service dans une grande entreprise, mais cela a été un échec. Je me suis bien vite rendu compte que, manquant d’expérience professionnelle et surtout n’étant pas encadré par quelqu’un d’expérimenté, une telle responsabilité ne pouvait être confiée à quelqu’un de 24 ans qui sort de l’école.

    -A.S.: Et les autres diplômés de ta session d’ingénieur industriel?

    – N.: Nous étions une douzaine de diplômé en juin 2002. Une dizaine ont trouvé des emplois divers. Les autres pas. Mais la situation est pire pour la session de juin 2003. Certains n’ont pas eu le moindre entretien d’embauche pendant plusieurs mois.

  • Elargissement du droit de vote. Le libéralisme contre la démocratie

    Elargissement du droit de vote

    Le 19 février, la Chambre a enfin voté la proposition de loi qui accorde le droit de vote communal aux étrangers noneuropéens. Les libéraux francophones du MR y ont imposé des conditions très restrictives. Les libéraux flamands du VLD ne voulaient même pas entendre parler de ce droit de vote au rabais. Nous passons ici en revue leurs arguments contre le droit de vote.

    Thierry Pierret

    «Pas de droit de vote sans réciprocité»

    Le Mexique interdit aux étrangers toute activité politique. Si on accepte la logique de la réciprocité, on aurait dû, par exemple, interdire aux Mexicains qui vivent ici de participer aux manifestations contre la guerre en Irak… Si on la pousse jusqu’au bout, cette logique aboutirait aussi à ce qu’on n’accorde pas plus de droits aux étrangers qu’ils n’en auraient dans leur pays d’origine.

    «La majorité de la population (flamande) est contre le droit de vote»

    C’est le leitmotiv du VLD pour s’opposer au droit de vote. Les sondages les plus contradictoires ont pourtant circulé, selon qu’ils étaient commandités par les adversaires ou les partisans du droit de vote. C’est surtout un argument d’une grande hypocrisie. D’après un sondage paru en février, 53% des Belges désapprouvent le principe de l’amnistie fiscale chère aux libéraux. Cela n’empêchera pourtant pas un Rik Daems de continuer à prétendre que «la fraude sociale est pire que la fraude fiscale»…

    «Le droit de vote n’est pas un droit de l’Homme»

    Karel De Gucht, Rik Daems et 3 autres élus VLD osent écrire cela dans une libre tribune de La Libre Belgique du 31/01/2004. En somme, ils ne sont pas très différents des politiciens libéraux du 19ème siècle qui estimaient que seuls les riches pouvaient voter. Un politicien libéral de l’époque, FrèreOrban, s’était même exclamé: «le suffrage universel, c’est la bêtise au pouvoir!». Les libéraux d’aujourd’hui, Karel De Gucht et Daniel Ducarme en tête, auront tout fait pour lui donner raison.

    «Le droit de vote n’aide pas à l’intégration des immigrés»

    Ce n’est pas le droit de vote mais la politique néolibérale qui dissout les liens sociaux. L’égalité des droits politiques entre Belges et étrangers est justement un moyen de renforcer l’unité entre les travailleurs pour mieux combattre cette politique anti-sociale. L’absence de droits politiques contribue à maintenir nombre d’étrangers dans une attitude d’apolitisme qui les rend moins aptes à défendre leurs droits et déforce la lutte de l’ensemble des travailleurs.

    «La simplification de la naturalisation rend caduque la question du droit de vote»

    La question du droit de vote aux étrangers concerne par définition ceux qui, pour une raison ou l’autre, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu obtenir la nationalité belge. Pourquoi contraindre les étrangers à faire un choix déchirant entre la nationalité belge et celle du pays d’origine avec lequel ils souhaitent garder un lien? Le chanteur Adamo a ainsi expliqué qu’il avait toujours refusé de devenir belge «par fidélité à son père». Cela doitil le priver du droit de donner son avis une fois tous les quatre, cinq ou six ans sur la façon dont le pays, la région ou la commune est dirigé?

    «Le droit de vote des étrangers n’est pas une mesure électoralement neutre»

    Nos archéolibéraux démontrent ici qu’ils ne sont même pas des démocrates. Cet argument est révélateur de l’attitude des politiciens pas seulement des libéraux envers la population en général. Nous pouvons voter pour qui bon nous semble, du moment que tout continue comme avant. Ne viennentils pas d’instaurer un seuil d’éligibilité de 5% pour limiter les effets du suffrage universel?

  • Insécurité dans les quartiers. Ici comme ailleurs: tout ce qui nous divise nous affaiblit

    Insécurité dans les quartiers

    ACTUELLEMENT, ON NE compte plus les thèmes d’émissions et d’articles qui sont consacrés à l’insécurité, entretenant par la même ce sentiment de malaise dans la population. Les médias exagèrent sans doute, mais on ne peut nier la réalité. Le vandalisme existe, et la violence dans les quartiers également. Face à cela, il fait réagir. Le tout est de voir comment réagir.

    Nicolas Croes

    Les partis traditionnels, depuis longtemps en marge des problèmes et réalités rencontrés par la population, n’ont vu là qu’une raison supplémentaire d’augmenter le nombre de policiers dans les rues. S’attaquer aux effets et non aux causes de l’insécurité est une absurdité. L’amalgame entre insécurité et immigration est devenu un réflexe dans une partie de la population. Or, le phénomène est beaucoup plus large. Il est nécessaire de s’interroger sur ce qui pousse une partie de la jeunesse, belge ou d’origine immigrée, à agir ainsi. Les raisons de ces accès de violences trouvent leur origine dans la situation sociale.

    Entre 1998 et 2002, c’est presque un quart de la population belge (23%) qui fut à un moment ou à un autre personnellement confronté au problème de la pauvreté. En 2002 le nombres de personnes dépendantes du CPAS a augmenté de 15%, et certains jeunes ont toujours connus leurs parents au chômage. Ajoutons à cela les difficultés des jeunes issus de l’immigration pour trouver un emploi, le racisme de certains emplo-yeurs, l’impossibilité de travailler dans un service public sans nationalité belge, et autres attaques racistes… Le malêtre de ces jeunes est compréhensible. Mais leur violence – même si elle est souvent encouragée par différents films, chansons, émissions télé – est inadmissible.

    Jusqu’à la fin des années 80, la plus grande peur, celle dont les médias parlaient sans cesses, relayés par la plupart des familles occidentales, était celle du communisme. De nombreuses attaques contre les travailleurs, dont diverses lois répressives, sont passées au nom de la lutte contre les états staliniens. Depuis, l’économie de marché s’est auto-proclamée seul système viable. Le capitalisme est cependant fort loin d’avoir résolu ses contradictions, et il est facile d’expliquer différentes dérives par la petite criminalité. C’est donc en détournant l’attention de la population du système qu’elle subit que l’insécurité est devenue une véritable star.

    Devant la crise et les programmes d’austérité que l’on nous prépare (passé les élections bien entendu) il n’est que trop pratique de diviser la population en montant les uns contre les autres travailleurs, chômeurs, immigrés, habitants de quartiers et autres.

    La meilleure méthode pour réduire les incompréhensions entre ces différents groupes est de mettre en avant leurs points communs et non leurs divergences. L’exploitation et l’oppression du système nous unis, et ce n’est qu’en luttant en commun contre lui et ses défenseurs que viendra l’émancipation de la population et qu’elle pourra enfin prendre en main sa destinée dans l’intérêt de tous.

    Unissonsnous contre le racisme, les exclusions et le capitalisme qui les engendre!

  • Tarifs des garderies: de plus en plus chers!

    IL Y A QUELQUES semaines à Gand, nombre de parents ont reçu une lettre de l’échevin de l’Enseignement Rudy Coddens (SP.a) annonçant une hausse des tarifs des crèches et des écoles de devoir communales à partir du 1er mars . Motif invoqué: une comparaison avec les prix du marché montre que les tarifs communaux sont "anormalement bas".

    Anja Deschoemacker

    Mais n’est-ce justement pas la mission d’un service public d’offrir un accueil à bon marché quand les tarifs des institutions privées sont hors de portée du budget d’une famille modeste?

    Pourquoi cette augmentation a telle lieu maintenant? Dans sa lettre, Coddens explique qu’une des institutions communales, reconnue par Kind en Gezin (l’équivalant en Flandre de l’Oeuvre nationale de l’Enfance), doit pratiquer les mêmes tarifs que Kind en Gezin. Et donc que pour éviter les différences de tarifs entre institutions communales il vaut mieux tout aligner vers le haut (sur les tarifs de Kind en Gezin). Les parents qui n’ont pas d’autre revenu qu’une allocation (chômage, mutuelle, invalidité, CPAS) pourront demander un tarif social (50% du prix). Mais ce tarif «social» coûtera de toute façon plus cher que le tarif actuel.

    Ce que Coddens ne dit pas, c’est que la ville de Gand est en déficit et qu’elle veut, cette année encore, réduire de 21 millions d’euros ses dépenses. Coddens ne dit pas non plus que de nombreux projets de prestige coûtent cher. Par exemple le projet contesté «Oxygène à la Brugse Poort»: 89 petites maisons ouvrières vont être abattues pour faire place à une dizaine de grandes maisons à 3 chambres, accessibles seulement aux familles avec deux salaires. Autre exemple, l’aménagement de Portus Ganda: un port de plaisance pour les yachts.

    Les restrictions budgétaires se feront au détriment du personnel communal (250 emplois vont disparaître), du CPAS et des usagers des services communaux, comme par exemple, les parents qui ont besoin d’une garderie pour leurs enfants.

    Coddens ne dit pas non plus un mot sur la politique du SP.a et du VLD au gouvernement fédéral ou à la Région flamande. Il aurait pu, par exemple, mentionner que la politique de la libéralisation du marché de l’électricité (uniquement appliquée en Flandre pour l’instant) prive les communes des revenus qu’elles percevaient au travers des intercommunales de distribution de l’électricité. Ou encore que la baisse des impôts impulsée par Didier Reynders au niveau fédéral aura pour conséquence de réduire les centimes additionnels reversés aux communes.

    Coddens est le successeur de Freya Vanden Bossche à l’échevinat de l’Enseignement de la ville de Gand. A l’époque elle n’avait à la bouche que le mot «enseignement gratuit». «Gratuit» si l’épouse ne travaille pas et qu’elle peut s’occuper de la garde des enfants dès la fin des cours. L’horaire des écoles gardiennes est de 8h15 à 11h45 et de 13h à 15h20. Ceux et celles qui ne peuvent se permettre, en raison de leur activité professionnelle, d’aller chercher leurs mioches sur le temps de midi, de leur donner à manger et ensuite de les ramener à l’école doivent payer la garderie. Jusqu’à présent, cela coûtait 1,49 euros. A partir du 1er mars ce sera 2 euros. Le mercredi après-midi le tarif passera de 1,49 à 3,60 euros. Pendant les vacances scolaires, il passera de 1,49 euros à 7,10 euros si l’accueil dure plus de 6 heures.

    Un grand nombre de femmes travaillent à temps partiel. Pour beaucoup d’entre elles, dont les revenus ne sont pas beaucoup plus élevés qu’une allocation sociale, cette brusque hausse des tarifs de garderie représente un casse-tête financier. D’autant plus que l’employeur ne fixe pas l’horaire de travail à temps partiel en tenant compte des horaires de l’école gardienne ou primaire.

    Comment dans ces conditions les femmes avec des enfants en bas âge pourront-elles à la fois payer les frais de garderie avec un travail à temps partiel mal payé? On voudrait inciter les femmes à rester chez elles qu’on ne ferait pas autrement! Comme tous les partis traditionnels, le SP.a a beaucoup de langue, mais quand il s’agit de passer aux actes c’est une autre paire de manches!

  • Retrait des sanctions contre les chômeurs

    Tous ensemble:

    EN WALLONIE, les syndicats ont déterré la hache de guerre contre le plan Vandenbroucke. Il faut dire qu’avec un taux de chômage dépassant les 18%, les travailleurs wallons sont fort concernés par les mesures contre les chômeurs décidées au conclave gouvernemental de Gembloux, au mois de janvier.

    Vincent Devaux

    Pour rappel l’ONEm sera chargé de faire subir aux chômeurs des contrôles répétitifs et d’exclure du chômage ceux qui ne peuvent prouver leurs efforts pour trouver un emploi. La Belgique reste le seul pays de l’Union européenne où les allocations de chômage ne sont pas limitées dans le temps (pour les chefs de famille et les isolés). Et la pression est forte pour que la Belgique s’aligne sur les autres pays. L’exclusion d’une partie des chômeurs permettra de truquer un peu plus les statistiques de chômage, de persécuter les chômeurs en leur faisant accepter n’importe quel boulot à n’importe quelle conditions et de faire pression sur l’ensemble des salaires. D’une part le gouvernement va pourchasser les chômeurs, de l’autre il instaure l’amnistie fiscale pour les fraudeurs et couvre les entreprises de cadeaux en baissant les charges sociales.

    Seule une politique où les besoins de la population déterminent les choix économiques peut résoudre le problème de l’emploi: une réduction du temps de travail sans perte de salaire avec embauche compensatoire, de vastes programmes de constructions de logements sociaux, un refinancement de l’enseignement sont des mesures qui contribuent à restreindre le chômage

    La direction de la FGTB à réagi dans un premier temps en faisant pression sur ses "camarades" du PS. Une grande partie du journal Syndicat du 30 janvier était consacré à ces mesures. Par contre Mia de Vits présidente de la FGTB n’en touche pas un mot dans son éditorial. Elle est plus préoccupée de maintenir de bonnes relations avec ses amis SP.a qui pourraient d’ailleurs l’accueillir sur leur liste pour les élections européennes et par le résultat des élections sociales que par le sort réservé des chômeurs.

    Dans un premier temps il n’a été question que de pressions symboliques: une manifestation le 2 février à Verviers rassemblant 250 militants, les Travailleurs sans Emploi de Charleroi et de Liège/Huy/Waremme en manifestation à Bruxelles et à Liège le 3 février. Mais la tendance à l’élargissement des actions semble l’emporter. Les concessions obtenues après le conclave ne sont que des miettes en vue de calmer les esprits avant les élections: les mesures Vandenbroucke ne s’appliqueront pas aux chômeurs de plus de 50 ans, ni aux temps partiels, ni aux travailleurs ALE. Mais pour l’essentiel, la chasse aux chômeurs est ouverte. A l’appel de la FGTB, des actions sont prévues le 1er mars à Liège et le 4 mars à Namur. La CSC et la FGTB appellent à manifester ensemble lors du prochain conclave gouvernemental qui se tiendra le 20 mars à Ostende.

    Nous vous appelons à participer massivement à ces manifestations pour défendre nos acquis fondamentaux.

  • Quand la perception se heurte à la réalité

    Entre-temps, rue de la Loi…

    L’Establishment politique est en difficulté. Il aurait besoin de stabilité pour faire avaler un plan d’austérité canon après les élections du 13 juin. Mais les libéraux s’empoignent sur la place publique.

    Eric Byl

    Les Chrétiens-Démocrates remontent dans les sondages en Flandre, mais la faiblesse du CDH n’en fait pas une alternative valable. La famille sociale-démocrate devient incontournable et l’extrême-droite rit sous cape.

    Ainsi s’arrêtent quelques fables tenaces. Après la défaite historique des Chrétiens-Démocrates en 99, beaucoup pensaient que la famille libérale allait reprendre le rôle d’instrument politique le plus important pour la bourgeoisie. Les vieilles contradictions de classes seraient dépassées et réduites à une contradiction parmi beaucoup d’autres dans la société. Le VLD et le MR se sont profilés par conséquent comme des partis «populaires» d’un nouveaux type. Pas comme le vieux CVP, sur la base de branches socio-économiques («standen») et de classes, mais de «citoyens». De plus Verhofstadt prétendait que ce n’est pas la réalité qui est la plus importante, mais plutôt la perception de cette réalité qui est décisive. A gauche nous retrouvons cette même idée dans la surestimation du rôle des médias. L’optimisme de Verhofstadt I et II a été contagieux un petit temps, tant qu’il y avait de l’argent dans les caisses.

    Le MAS a dû nager à contre-courant. Dans notre texte du congrès de 2000, nous écrivions qu’il était prématuré d’enterrer le CVP et que la Belgique évoluerait à terme vers la domination de deux pôles bourgeois, un conservateur (l’aile droite du CD&V, du CDH, du VLD, du MR et aussi de ce qui s’appelait encore la Volksunie) et un pseudo pôle progressiste (autour du SP.a, du PS et des verts, des nationalistes de gauche, des libéraux de gauche et surtout le MOC). Nous y ajoutions que le pôle «progressiste» jouirait légèrement de la préférence de la bourgeoisie grâce à son contrôle de l’appareil syndical.

    La crise du capitalisme mettra de nouveau à l’avant-plan la contradiction fondamentale dans la société, entre travail et capital. Finalement, reconnaissant l’importance de la perception, nous y ajoutions que «en dernière instance ce sont les conditions matérielles qui déterminent le mouvement et pas le contraire».

    La crise a miné l’autorité des instruments politiques traditionnels. Mais pas nécessairement comme nous le voulions. Dans les années 90 cela a mené à la croissance de l’extrême-droite et au morcellement politique. Quand il y a de l’insatisfaction, il y a toujours un aventurier pour en tirer parti. Mais quand cela devient vraiment important, l’aventurier fait le choix le plus payant, comme par exemple Duchâtelet, le fondateur de Vivant. Le morcellement du paysage politique est par définition un phénomène temporaire. Dans une époque de cartels politiques les politiciens interprètent volontiers le morcellement politique comme la raison de l’impossibilité de gérer. En réalité le morcellement n’est pas la cause, mais une conséquence temporaire de cette impossibilité de gérer. Aujourd’hui les politiciens découvrent le principe de «l’unité dans la diversité». En Flandre, «cartel» est un nouveau mot à la mode. La question cruciale est cependant jusqu’où il y a une unité dans cette diversité. Le VLD peut utiliser un peu plus de cohérence. Pour le MR, Richard Fourneaux, n’est pas vraiment un cadeau. Après Ducarme, c’est déjà le deuxième politicien MR en difficulté avec le fisc. Le CD&V, se positionne bien dans les sondages et a de la chance que le NVA ne passe pas le seuil électoral.

    Le cartel peut cependant faire tourner à l’aigre le CD&V: le N-VA bruxellois veut aller seul aux élections, mais c’est surtout le départ de Bert Peirsegaele, secrétaire national à la mutualité chrétienne, qui trouve que le CD&V est poussé trop à droite par son alliance avec le N-VA, qui constitue un dangereux précédent. Une opinion que partagent bien des membres de l’ACW (MOC flamand). En attendant, le SP.a semble le plus malin. Il a déjà digéré Spirit et une partie des verts. Le PS attend simplement que le CDH et le MR s’entre-déchirent.

    Ecolo ne peut plus inquiéter le PS. Le SP.a et le PS deviendront probablement incontournables après le 13 juin. Le réel défi ne se situe cependant pas encore là. La tension grimpe déjà avant les élections entre l’aile wallonne et l’aile flamande de la FGTB. En outre la CSC ne va pas rendre la situation plus facile pour le gouvernement.

    Les dirigeants syndicaux auront plus de difficultés de tenir leurs troupes en mains après les élections, lorsque le gouvernement lancera l’offensive contre les pensions, la SNCB, la Poste et les soins de santé. Alors les masques du SP.a et du PS tomberont vite. Plus que jamais il faut une réelle opposition de gauche à la politique de droite.

    Aidez le MAS à relever ce défi.

  • Prendre le mal à la racine

    Qui est Johan Weyts?

    Johan Weyts, la nouvelle recrue du Vlaams Blok, avait déjà fait parler de lui avant la controverse autour de son adhésion au comité des carriéristes ratés mis sur pied par Dewinter. En effet, il s’était déjà fait remarquer auparavant par ses opinions très à droite. Ainsi, il a sorti tout un plaidoyer en faveur de la suppression des Conventions collectives de travail et donc de la concertation sociale sur les conditions de travail.

    L’année passée, dans les colonnes du «Brugsch Handelsblad», il se plaignait qu’on ne tînt pas compte des électeurs du Vlaams Blok tout en niant qu’il pût y avoir des parallèles entre le Vlaams Blok et le fascisme…

    La motivation principale de son passage au Vlaams Blok est sans doute l’absence de place éligible pour lui sur les listes du CD&V pour les prochaines élections.

    Comment va-t-on réagir au sein du Vlaams Blok ?

    Tout le monde au Vlaams Blok n’approuve pas l’orientation actuelle de la direction du parti. Le vice-président Roeland Raes s’est ainsi fait remarquer par sa critique acerbe des positions atlantistes d’Alexandra Colen et, à travers elle, de Filip Dewinter, qui a affirmé maintes fois que son parti était favorable aux Etats-Unis. Raes juge ces propos tels qu’ils ont été rapportés dans ce qu’il appelle des «périodiques de "notre" courant» (il s’agissait d’une publication de la section bruxelloise du Vlaams Blok) «étonnants, si pas pire encore». L’actuelle opération de débauchage des mécontents d’autres partis et l’opportunisme qui va de pair suscitera de plus en plus de mécontentement auprès d’une partie de la vieille garde idéologique du parti.

    Les dernières semaines ont porté un coup décisif au cordon sanitaire. D’abord le vote sur les nouvelles circonscriptions électorales provinciales au parlement flamand a été acquis avec les voix du Vlaams Blok et, si l’on en croit le CD&V, cela s’est fait après des accords conclus entre le SP.a, le VLD et le VB. Peu de temps après, le Blok mettait sur pied un comité contre le droit de vote des immigrés qui a reçu le soutien d’un parlementaire CD&V et d’un parlementaire VLD.

    Geert Cool

    Depuis le fameux Dimanche Noir du 24 novembre 1991, où le Vlaams Blok a réalisé sa première percée électorale au plan national, les partis tradi-tionnels s’étaient mis d’accord pour ne conclure aucune alliance ou aucun accord poli-tique avec le Vlaams Blok. Cette tactique a été baptisée "cordon sanitaire".

    Le MAS-LSP n’a jamais nourri d’illusions dans le cordon sanitaire ni sur les procès judiciaires pour empêcher la croissance électorale du Vlaams Blok. De telles tactiques visent les conséquences et non les causes du succès dont jouit ce parti auprès d’une frange croissante de l’électorat. Le cordon ne tient pas compte des frustrations à la base de ces succès électoraux. C’est pourquoi nous avons toujours affirmé que le cordon sanitaire n’était pas un instrument utile au combat contre le Vlaams Blok. En re-vanche, nous avons annoncé que nous protesterions si ce cordon était rompu, car nous croyons en effet qu’une participation au pouvoir du Vlaams Blok comporte des risques considérables.

    Jusqu’ici le cordon s’était maintenu bon an mal an. C’est-à-dire jusqu’au vote sur les circonscriptions électorales provinciales. Le gouvernement Verhofstadt était confronté au fait que les Verts et le CD&V avaient refusé de voter pour. Pour obtenir les deux tiers des voix requises, le soutien du Blok était nécessaire et le gouvernement a fini par l’obtenir. Que tout cela ne posât pas de problème au gouvernement n’a pas de quoi étonner. Auparavant, plusieurs libéraux fla-mands (comme Jeannine Leduc ou Danny Smagghe) s’étaient fait remarquer par leurs propos racistes ou par leurs propositions à forts relents racistes comme celle sur l’interdiction du foulard à l’école.

    On perçoit mieux à présent le prix que le gouvernement va devoir payer: il est désormais clair aux yeux de tous que la bonne vieille stratégie électorale et la répartition des postes priment sur tous les principes. En outre, cela crée un précédent pour des collaborations ultérieures. Le Vlaams Blok a tout de suite annoncé la mise sur pied d’un Comité contre le droit de vote des immigrés avec Ward Beysen, mais également avec un parlementaire CD&V, Johan Weyts, qui a pour cela été exclu de son parti.

    Le remueménage au sein et autour du comité du Vlaams Blok est frappant. Il s’agit d’appâter avec toutes sortes de promesses des carriéristes de tout poil qui n’ont pas obtenu une place satisfaisante sur les listes pour les prochaines élections régionales. Tout cela démontre que le Vlaams Blok n’a d’yeux lui aussi que pour la lutte des places. Il peut se le permettre car son électorat est particulièrement passif et ne participe pas activement à la vie du parti.

    Nous protestons contre la rupture du cordon sanitaire. Nous protestons également contre l’introduction d’un seuil électoral qui empêchera les petits partis d’être représentés. Il ne faut pas y voir autre chose que des moyens pour empêcher la création d’une véritable opposition. Néanmoins la façon dont le Vlaams Blok s’est conduit dans la discussion sur la réforme électorale montre une fois de plus qu’il faut construire une opposition consistante qui se base sur les travailleurs et les jeunes au lieu d’entrer dans les jeux politiciens du gouvernement violet. Seule une telle opposition, enracinée dans les mouvements de lutte contre la politique antisociale, pourra stopper la montée du Vlaams Blok.

  • Pourquoi le MAS-LSP se présente aux élections du 13 juin

    Pourquoi le MAS-LSP se présente aux élections du 13 juin

    LES LICENCIEMENTS chez Ford Genk, Sobelair, Cockerill,… et dans une série d’entreprises de moindre importance: tous ces chiffres signifient autant de drames sociaux. Les familles qui ne peuvent plus rembourser leurs crédits hypothécaires, les factures qui s’accumulent, les projets de vacances qui tombent à l’eau,…

    Peter Delsing

    L’incertitude d’un système en crise pèse de plus en plus lourd sur une frange croissante de la population laborieuse. Les jeunes réalisent qu’on les jette dans une épouvantable société de compétition qui n’aura rien de commun avec «l’âge d’or» des années 50 et 60 qu’ont connues leurs aînés.

    Comment les travailleurs et les jeunes peuvent-ils résister à un capitalisme caractérisé par un chômage de masse, aux attaques contre les acquis sociaux et aux guerres comme celle de Bush en Irak? Les partis ne sont-ils pas corrompus par définition? Quel sens cela a-t-il de voter si les grands partis mènent tous la même politique de démolition sociale?

    Un vrai parti, pas une machine électorale

    Le MAS-LSP n’est pas un parti comme les autres. Nos membres n’ont rien de commun avec ces carriéristes qui monnayent leur loyauté contre un poste grassement rémunéré. Nos membres luttent sur leur lieu de travail, dans leur école, leur université ou leur quartier aux côtés des autres travailleurs et des autres jeunes. Nous ne voulons pas d’avantages pour nous-mêmes, mais lutter pour les intérêts de toute la classe des travailleurs. Les chômeurs exclus par la crise capitaliste en font pleinement partie.

    A Gand, nous avons organisé la campagne «Stop à la démolition» contre l’expropriation de dizaines d’habitants du quartier Brugse Poort au nom d’un projet environnemental de prestige. A Bruxelles, les Etudiants de Gauche Actifs se sont fort impliqués dans les actions de solidarité avec les réfugiés iraniens à l’ULB. Ils y ont mis en avant un programme qui faisait le lien avec les attaques contre les emplois et la sécurité sociale des travailleurs belges. Le capitalisme mène à des catastrophes sociales au niveau mondial, nous devons également le combattre au niveau mondial. C’est pourquoi le MAS-LSP fait partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO), une organisation socialiste internationale avec des sections dans plus de 30 pays.

    Lors des actions contre les licenciements à Ford Genk, nous avons fait des propositions concrètes pour gagner la lutte: des grèves de solidarité dans le secteur, une manifestation nationale pour l’emploi, la réduction du temps de travail avec embauche compensatoire sans perte de salaire, la nationalisation des entreprises qui menacent de licencier. Ce sont nos besoins qui comptent, pas les profits des grandes entreprises. Lors de la manifestation des travailleurs de Cockerill il y a quelques mois, notre revendication d’une nationalisation de l’entreprise sous le contrôle des travailleurs était bien accueillie.

    Les jeunes nous connaissent par les campagnes Blokbuster et Résistance Internationale. Blokbuster ne se contente pas de s’en prendre au Vlaams Blok. Nous avons argumenté que tout ce qui divisait les travailleurs et les jeunes les affaiblissait face aux patrons et au gouvernement.

    Une opposition active dans les syndicats et dans les quartiers est nécessaire, et non pas les paroles hypocrites de l’extrème-droite?

    Les dernières années ont vu le MAS-LSP participer à des tentatives de construire une gauche combative dans les syndicats, avec le Mouvement pour le Renouveau syndical (MRS) autour de Roberto D’Orazio et le Mouvement pour la Démocratie syndicale (MPDS). Le 19 octobre 2001, nous avons, avec notre campagne Résistance Internationale, fait descendre dans la rue 2500 lycéens et étudiants contre le sommet européen de Gand.

    Les élus de notre courant, comme Joe Higgins (député du CIO au parlement irlandais), ne reçoivent que le salaire moyen d’un travailleur et donnent le reste au parti, à des campagnes dans les quartiers, etc. Joe Higgins est connu en Irlande comme «le politicien qui n’est pas à vendre». Nous voulons que les élus soient révocables à tout moment au cas où ils ne respecteraient pas leurs promesses. Cela vaut pour notre parti également. Le MAS-LSP n’est pas une machine électorale, mais un groupe de travailleurs et de jeunes qui, tous ensemble, discutent un programme, le testent dans la pratique et l’affinent si nécessaire. Nous voulons construire un mouvement de masse pour mener la lutte pour une société socialiste où la production sera planifiée et gérée collectivement par des conseils démocratiquement élus dans les entreprises et les quartiers.

    Le MAS-LSP et les élections

    Les mois de février et de mars verront nos membres battre le pavé pour s’efforcer de récolter le nombre de signatures requis pour pouvoir participer aux élections du 13 juin. Nous voulons présenter des listes pour les élections européennes dans les collèges flamand et francophone. Nous ne sommes pas sûrs d’y arriver du côté francophone. En Flandre orientale, nous présenterons une liste pour les élections régionales. Le but premier de cette campagne n’est pas de récolter beaucoup de voix; notre parti n’est pas encore assez connu pour cela. La lutte de classes en Belgique – la lutte des travailleurs et des jeunes – n’est pas encore assez développée pour que les marxistes puissent faire une percée aux élections.

    Tout comme lors des élections du 18 mai 2003, cette campagne est pour nous une campagne de renforcement: nous voulons convaincre de nouvelles personnes d’adhérer, mettre sur pied de nouvelles sections, récolter de l’argent pour la construction de notre parti, nous faire connaître plus largement,…

    Un nouveau parti des travailleurs

    Vu la transformation progressive, bien qu’à des rythmes différents, du SP.A et du PS en partis bourgeois, le MAS-LSP appelle depuis 1995 à la formation d’un «nouveau parti large des travailleurs», un instrument capable de rassembler des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs pour faire reculer les privatisations, les attaques contre les conditions de travail, la sécurité sociale, l’enseignement,… Nous ne nous considérons pas nous-mêmes comme ce nouveau parti des travailleurs. Il surgira de luttes politiques et sociales importantes. Cette lutte mènera à la conclusion que nous avons besoin de notre propre instrument politique. Le MAS-LSP y interviendrait comme une tendance socialiste révolutionnaire avec son propre programme. Avec le CIO, nous voulons construire à terme un parti révolutionnaire de masse au niveau mondial.

    A la fin des années 90, le MAS-LSP a mené campagne pour des alliances de gauche. Une telle initiative aurait pu, en attendant la création d’un nouveau parti des travailleurs, combler partiellement le vide à gauche (à la gauche du PS et d’Ecolo). Notre initiative n’a cependant reçu que peu de répondant: une liste unitaire Leef à Gand et des listes ouvertes du PC à Bruxelles, à Liège et dans le Hainaut.

    En tant que seule organisation non stalinienne de la gauche radicale à se présenter aux élections du 18 mai, nous avions présenté un programme clairement socialiste. Nous voulons relever le même défi d’ici le 13 juin 2004. Dans le cadre des violentes secousses que la crise capitaliste va provoquer – à commencer par une vague de mesures d’austérité après le 13 juin – nous voulons nous faire connaître le plus largement possible avec un programme clairement socialiste pour gagner à notre alternative de gauche les travailleurs et les jeunes les plus combatifs. Rejoignez-nous!

  • Interdiction du foulard: Diviser pour régner

    DEPUIS QUE le gouvernement français a déposé un projet de loi pour interdire les «symboles religieux ostensibles» à l’école, la discussion a éclaté aussi en Belgique. D’abord en Wallonie où deux parlementaires, Destexhe (MR) et Lizin (PS), ont fait des propositions allant dans le même sens, puis en Flandre où Dewael veut faire oublier la défaite que le VLD a subie dans le débat sur le droit de vote et montrer que le VLD «ose». Pas besoin de beaucoup de courage pourtant pour désigner un groupe déjà discriminé comme bouc émissaire pour les prétendus problèmes de vie en commun. Le but de cette manoeuvre, c’est de diviser les travailleurs dans la perspective des assainissements draconiens qui sont prévus pour les prochains mois.

    Anja Deschoemacker

    Le débat est faussé par un certain nombre d’arguments tirés par les cheveux. Ainsi, la séparation de l’Etat et l’Eglise. Une institution doit être neutre du point de vue religieux, ne peut donc pas imposer l’une ou l’autre religion, mais ni le personnel de l’institution, ni les gens qui utilisent ses services ne doivent être obligés de cacher leurs opinions religieuses. Leur droit à porter le voile, s’ils le souhaitent, relève totalement de la liberté de religion individuelle. Sans oublier en plus que la Belgique ne connaît pas une séparation stricte entre l’Etat et l’Eglise et que la majorité des écoles appartiennent au réseau catholique!

    Comment le racisme se déguise en féminisme

    Les défenseurs de l’interdiction abusent de manière hypocrite de l’idée de l’émancipation des femmes afin de stigmatiser un autre groupe opprimé. Dans les pays occidentaux il existe une égalité légale entre hommes et femmes. Dewael et les autres essaient de nous faire croire qu’il s’agit aussi d’une égalité réelle. Mais une femme peut bien être considérée par la loi comme égale à l’homme, si elle ne gagne pas assez elle-même pour assurer sa vie et celle de ses éventuels enfants, elle reste dépendante de celui qui gagne le revenu, qui est le plus souvent un homme. L’égalité légale n’a pas mené à un salaire égal, à des conditions de travail et à des chances de trouver un emploi égale, à la disparition de la violence intrafamiliale,…

    Les immigrés, et parmi eux les femmes, subissent des discriminations sur le plan de l’enseignement, du logement et du marché du travail. Une fille musulmane, à qui les parents imposent le foulard, ne fera pas un pas en avant avec l’interdiction de celui-ci. Le foulard est unilatéralement présenté comme un élément de soumission de la femme. Pourtant aujourd’hui de nombreuses femmes le présentent comme un élément de défense de leur identité personnelle ou comme un élément de protestation contre une société raciste. Et qu’est-ce que Dewael a à offrir aux filles musulmanes qui se révoltent contre leur père, leurs frères ou leur mari? Une protection? Un emploi ou une allocation qui leur permettent de vivre? Une habitation sociale si elles ne peuvent plus rester à la maison? Non, même pas un accueil de première ligne, comme par exemple un refuge où elles pourraient rester quelque temps si nécessaire. Il y a plus de places d’accueil pour les chiens errants que pour les femmes qui sont victimes de violence. L’émancipation des femmes doit être tangible, sinon ce n’est que des paroles vides de sens.

    L’oppression fait le jeu des courants réactionnaires

    On parle aussi beaucoup du danger qui proviendrait d’une radicalisation de l’Islam. L’Islam est présenté comme dangereux pour «nos valeurs démocratiques». S’il y a une radicalisation, ce n’est pas parce qu’il y a des forces réactionnaires qui font de la propagande – elles le font déjà depuis longtemps – mais parce qu’il y a un bouillon de culture favorable pour cette radicalisation. Etant donné le rôle impérialiste de l’Occident dans le monde musulman, il n’y a rien de surprenant à ce qu’il y ait des sentiments anti-occidentaux. Ces sentiments pouvaient dans le temps trouver un cadre progressiste dans les idées du socialisme. Mais, depuis la chute du stalinisme, c’est vers un islam politique plus radical qu’ils se tournent à la recherche d’une réponse à des situations économiques catastrophiques.

    En Belgique, les immigrés sont de plus en plus attaqués, sous la pression du Vlaams Blok apparemment suivi de toute la caste politique. La discrimination est claire quel que soit le terrain: un chômage plus grand, un accès moindre à l’enseignement, une concentration dans des secteurs mal payés et/ou lourds,… Demander à des femmes immigrées de ne voir leur discrimination qu’en tant que femmes et non qu’en tant que travailleurs d’origine étrangère est absurde. Ce sont justement des mesures comme l’interdiction du foulard qui vont pousser les immigrées à se replier toujours plus sur leur propre communauté, dans lesquelles des courants de l’islam politique sont souvent les seuls leaders d’opinion.

    Un point de vue socialiste

    Les marxistes partent du point de vue que la religion est l’opium du peuple. Les classes dirigeantes utilisent toujours les religions pour développer le fatalisme dans les classes opprimées, afin de leur faire accepter l’inégalité sociale. Mais, de même qu’on ne peut pas contraindre des toxicomanes à se désintoxiquer, on ne peut pas lutter efficacement contre la religion par la répression, comme le montre clairement l’histoire des systèmes staliniens.

    Nous voyons la religion comme un choix personnel. Pour nous, l’Etat a le devoir d’assurer à la population un enseignement qui lui permette d’accéder aux connaissances et à la compréhension scientifiques les plus avancées. Mais l’Etat ne peut néanmoins pas obliger les gens à abandonner leurs croyances religieuses; le résultat d’une telle contrainte serait totalement contre-productif.

    Le plus important pour nous est la création des liens de solidarité entre les travailleurs de toute nationalité, de toute religion, de toute ethnie,… Nous ne voulons pas que les travailleurs d’origine étrangère se conforment aux idées de Dewael et des autres, mais nous voulons que les immigrés soient intégrés dans la classe ouvrière. Pour cela, la lutte pour l’égalité des droits et contre la discrimination est indispensable. La libération de la femme musulmane – comme celle de la femme belge – se fera dans la lutte pour des revendications comme un emploi et une habitation accessible à tous, des droits individuels à la sécurité sociale, un enseignement gratuit de qualité pour tout le monde.

    Tant que la classe ouvrière organisée se laissera diviser par le racisme, le sexisme, le nationalisme,… elle ne pourra avancer dans sa lutte pour construire des organisations qui puissent l’amener à la victoire.

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