Category: National

  • Parti Socialiste. Quand la Brabançonne remplace l’Internationale…

    Où est le PS depuis six mois ? On serait tenté de dire : aux abonnés absents ! Mais cette discrétion illustre bien son projet politique. Depuis les élections, le PS a assisté – sans doute avec un plaisir gourmand mais en tout cas de manière fort discrète – aux problèmes que rencontrait la coalition Orange bleue. Mais cette discrétion a été sélective. On l’a très peu entendu quand l’Orange bleue a commencé à empiler les propositions les plus antisociales.

    Jean Peltier

    Par contre, Di Rupo est monté aux barricades quand les partis flamands ont voté la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde en Commission de l’Intérieur de la Chambre : agression inqualifiable, insulte aux francophones, atteinte aux droits de l’homme, on en passe et des meilleures. Il a ensuite continué à se profiler avant tout sur le terrain communautaire, en enfourchant le cheval belgicain et en participant à la manifestation pour la défense de l’unité de la Belgique.

    En se profilant comme le super-défenseur des francophones, Di Rupo essaie de redonner au PS son image de « premier parti de la Communauté et père de la nation francophone »… et de mettre en difficulté un Reynders prêt à toutes les concessions à la droite flamande pour pouvoir mettre en place un gouvernement sans le PS. En jouant la défense de la Belgique, il mise sur la peur qui grandit dans la population wallonne et bruxelloise. Et en s’opposant à toute nouvelle avancée de régionalisation, il tente de gagner du temps en espérant que son Plan Marshall permettra dans quelques années de relancer l’économie wallonne.

    Par contre, sa discrétion face aux attaques préparées par l’Orange bleue contre les travailleurs s’explique parce qu’il sait que si celle-ci s’écrase au décollage, le PS pourrait être appelé à participer aux nouvelles négociations gouvernementales dans un contexte où une récession économique approche et où plus de six mois auront été perdus en vaines palabres. Dans ce cas, le PS devrait sans l’ombre d’un doute s’associer à une nouvelle volée de mesures d’austérité. Ce n’est donc pas le moment pour les dirigeants du parti de jouer le mariolle dans les rues aux côtés de la FGTB et de faire de grandes promesses aux travailleurs.

    Il suffit de se rappeler comment Rudy Demotte, quand il est devenu Ministre-Président de la Région wallonne cet été, promettait de refaire de la Wallonie une « terre laborieuse » en « libérant le marché », en « offrant les meilleures conditions aux investisseurs » et en limitant le droit de grève.

    Alors que le SP.a ne jure plus que par le lion flamand, le PS veut nous faire marcher au pas vers un avenir néo-libéral, au son de la Brabançonne et main dans la main avec nos patrons, le tout au nom de la Belgique éternelle et de la Wallonie renaissante. Plus que jamais, nous avons besoin d’un nouveau parti qui appelle tous les travailleurs, wallons comme flamands, belges comme immigrés, à manifester et à lutter sous leur propre drapeau – le rouge – et surtout sur leurs propres revendications.

  • Gouvernement. Faites vos jeux, rien ne va plus !

    174 jours après les élections, Yves Leterme a dû pour la deuxième fois donner sa démission comme formateur. Son parti avait mené une campagne électorale basée sur le communautaire et reposant sur un cartel avec le petit parti de droite nationaliste N-VA. Il en paie maintenant le prix.

    Anja Deschoemacker

    Chrétiens et libéraux flamands rejetent la responsabilité de l’échec sur le CDH qui refuse toute avancée vers une nouvelle réforme d’Etat tandis que, du côté francophone, on pointe du doigt les revendications jugées inacceptables de la N-VA. Si Leterme semble hors service pour un bout de temps, d’autres se sentent pousser des ailes, en premier lieu Reynders. Mais, pour lui, le temps presse. Plus la formation d’un gouvernement s’éternise, plus Di Rupo se sent à l’aise pour expliquer que les partis de l’Orange Bleue ne peuvent pas réussir sans le PS.

    Tailler dans le vif

    Après les rebondissements en série des dernières semaines, plus personne n’ose tenter de prédire l’avenir. Deux choses sont pourtant claires. Il y a maintenant autant de chances d’avoir un gouvernement avant la fin de l’année que de rencontrer le Père Noël sortant de la chaudière du chauffage central. Et le prochain gouvernement, quel qu’il soit, va se traîner d’une crise communautaire à l’autre tandis que les noms d’oiseau vont voler tout au long des travaux de la future Convention, puisque tous les partis vont vouloir se positionner au mieux pour les élections régionales (et très vraisemblablement fédérales) de juin 2009.

    La fixation sur le projet de l’Orange Bleue – qui reste la formule souhaitée par le CD&V, l’Open VLD et le MR – paraît bizarre de la part des deux partis flamands qui réclament une importante réforme d’Etat. Car cette coalition ne dispose pas de la majorité des deux-tiers au parlement qui est nécessaire pour mener à bien une telle réforme. Certes, des gouvernements ont pu, par le passé, trouver un soutien dans une partie de l’opposition pour faire passer des réformes d’Etat mais un tel coup de main semble peu probable aujourd’hui puisque, pour l’opposition aussi, il y aura des élections en 2009 !

    Cette fixation sur l’Orange Bleue marque en fait la volonté de ces trois partis de gouverner sans le PS pour aller frapper rapidement au coeur des dossiers socio-économiques. Les partenaires de l’Orange Bleue (y compris le CDH) veulent à nouveau imposer une « modération » salariale alors que, selon la Banque Nationale, le « handicap salarial » de la Belgique a disparu (s’il a jamais vraiment existé, ce qui n’est pas le cas à condition d’avoir l’honnêteté d’inclure dans la comparaison avec les pays voisins la productivité du travail – très haute en Belgique – et pas seulement les salaires horaires). Ils veulent aussi imposer une limitation dans le temps ou une dégressivité pour les allocations de chômage, réduire le nombre de fonctionnnaires,…

    Patate chaude

    “L’atterrissage” de l’Orange Bleue s’est donc terminée (momentanément ?) par un crash magistral. Il ne reste pas beaucoup d’autres options : un gouvernement « d’urgence » ou d’ « intérêt national » qui tente de remettre à plus tard le traitement de la patate chaude communautaire ou une tripartite classique qui tente de mettre sur pied une réforme d’Etat. Mais un gouvernement d’urgence va devoir, dans les faits, être une tripartite pour avoir un semblant de représentabilité. Et les questions qui se posent depuis six mois – comment la N-VA et le FDF pourraient-ils coexister dans un gouvernement, jusqu’où le CD&V et le MR sont-ils prêts à aller pour conserver leurs encombrants partenaires ? – resteront aussi dures à résoudre, quelle que soit la formule gouvernementale.

    Même si le PS traîne parfois un peu la jambe, tous les partis traditionnels veulent continuer à mener une politique d’austérité néolibérale. Ils vont utiliser le ras-le-bol devant cette crise politique qui s’éternise – et bientôt aussi le ralentissement de la croissance économique annoncé par la majorité des économistes – pour tenter de convaincre la majorité de la population d’un nouverau « serrage de ceinture » est indispensable.

    Le 15 décembre, les syndicats vont descendre massivement dans la rue pour dénoncer la diminution du pouvoir d’achat. Et selon tous les chiffres et toutes les études, ils ont toutes les raisons d’être mécontents : pendant que les profits explosent, le pouvoir d’achat des travailleurs et de ceux qui vivent des allocations continue à baisser.

    Dans le climat actuel de surenchère communautaire – qui ne risque pas de s’améliorer à l’avenir – on ne peut qu’espérer que les syndicats seront tout à fait sérieux dans la mobilisation pour le 15 décembre. Une manifestation massive peut montrer aux négociateurs gouvernementaux que le mouvement ouvrier ne va pas se laisser diviser et manipuler. Mais le 15 décembre devra être le début d’une mobilisation et d’une lutte plus larges si nous ne voulons pas devoir payer les 10 milliards d’euros d’économies que Leterme estimait nécessaire de trouver pour fabriquer son budget.

  • L’unité des travailleurs et des jeunes contre la surenchère communautaire et la casse néo-libérale !

    Aujourd’hui celui qui ouvre un journal ou regarde la télé ne peut pas le rater: Partout des voix parlent de donner plus de compétences aux régions, scissionner la sécurité sociale etc. Même la Belgique comme état fédéral est remise en question. En même temps, on voit apparaitre face à cela toutes sortes d’initiatives pro-belgicaine. Nous ne pensons pas que pour les jeunes et les travailleurs le belgicanisme soit une réponse au flamingantisme.

    Jan Van Olmen

    Les divisions communautaires entre les politiciens flamands et francophones servent à cacher leurs accords sur l’agenda néolibéral : de nouvelles attaques sur les salaires, sur les pensions, les chômeurs, sur le droit de grève, sur les services publiques,… Les politiciens flamands veulent plus de compétences pour les communautés afin d’avoir un instrument mieux adapté pour accélérer cette politique. Les politiciens qui défendent plus de fédéralisme veulent le faire sur le plan national. Il est nécessaire d’avancer une réponse politique face aux nationalismes (tant flamingant que belgicain) et d’organiser la résistance syndicale contre les attaques néolibérales. Cela nécessite l’unité des travailleurs flamands, wallons et bruxellois. La scission des syndicats dans une série de secteurs affaiblit aujourd’hui notre capacité de riposte. La force des syndicats et la sécurité sociale ont depuis toujours été basées sur la solidarité entre les travailleurs des différentes communautés.

    C’est pourquoi nous soutenons la pétition « Sauvons la solidarité » lancée par les syndicats suite aux initiatives des délégations de Total et Dégussa contre la scission de la sécurité sociale. Elle met en avant que les acquis sociaux dans notre pays ont été obtenus par une lutte commune des travailleurs flamands, wallons et bruxellois. Des dizaines de milliers de personnes ont déjà signé cette pétition. Malheureusement, l’implication de chanteurs et d’autres personnalités détourne le contenu de cette initiative par leurs propos pro-Belge dans la presse.

    Certains dans la gauche tombent également dans ce piège. Comac a récemment écrit comme conclusion politique de son journal à l’ULB : « La solidarité entre les jeunes, les vieux, les Flamands, Wallons et Bruxellois, les riches et les pauvres, est la base sur laquelle repose la Belgique, elle doit le rester ! ». L’Etat-Nation Belge au service de sa classe dominante avec son marché, ses politiciens et ses parlements, son armée, sa police et sa justice n’est certainement pas basé sur la solidarité mais bien sur l’exploitation de la grande majorité par les capitalistes. S’ils existent des nationalistes flamands de gauche c’est dû à l’oppression linguistique comme l’interdiction d’utiliser le flamand dans les tribunaux, dans l’administration,… sur laquelle la Belgique a été fondée. S’il existe un nationalisme wallon c’est du au fait qu’on a utilisé les faiblesses du mouvement ouvrier en Flandre pour briser la résistance des travailleurs wallons. C’est cela aussi la Belgique ! L’idée que la Belgique se baserait sur une solidarité entre riches et pauvres est un mensonge. Que 15% de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté en est une illustration flagrante que même ceux qui ne se prétendent pas marxistes ont du mal à dissimuler. Les intérêts de la classe des travailleurs sont inconciliables avec ceux de la classe des capitalistes. Les acquis des travailleurs en Belgique, comme la sécurité sociale, ont été arrachés par des luttes sur le plan national. Et ils doivent être défendus ainsi.

  • 71% des Belges désapprouvent les politiciens :

    Dans son édition du 14 novembre 2007, « Le Soir Magazine » a publié les résultats d’un sondage réalisé durant les deux jours qui ont suivi le vote sur la scission de BHV. Le résultat tort le cou à pas mal d’idées reçues largement relayées dans la presse traditionnelle…

    La crise politique dure depuis des mois et rien ne semble avancer. Mais les politiciens ont-ils raison de s’attarder autant sur ces querelles communautaires ? Le sondage en question dévoile un ras-le-bol généralisé. A la question « estimez-vous que le monde politique belge est encore en phase avec la population ? », 67% des Flamands, 72% des bruxellois et 78% des Wallons (soit 71% au total) ont répondu « non ». Quant à la question de la scission de BHV, 60% des Flamands, 66% des Bruxellois et 71% des Wallons sondés estiment que cela ne méritait pas une crise institutionnelle majeure. Et contrairement à certaines idées largement diffusées ces derniers temps, on remarque qu’il n’y a peu de différence entre les réponses des différentes régions…

    Voilà qui illustre parfaitement le fait que la bataille communautaire dispose de bien plus d’officiers que de troupes. Pendant que Di Rupo, Milquet, Leterme & Co se chamaillent, la population a d’autres préoccupations. Mais pourquoi donc s’attarder à cette discussion ? C’est qu’à force d’utiliser le communautaire pour masquer les problèmes socio-économiques (pénurie de logements sociaux, hausse généralisée des prix, emplois sans cesse plus précaires et mal payés, conditions de travail – et plus généralement de vie – qui se détériorent,…), les politiciens ont favorisé la création d’un monstre qu’ils contrôlent à peine. Le patronat, lui, ne s’y trompe pas : dans ces déclarations, la Fédération des Entreprises Belges ne parle de doutes que quant à l’ampleur des futurs diminutions d’impôts en faveur des entreprises. La FEB sait qu’aucun parti traditionnel ne remet ce principe en question et il en va de même pour les privatisations. En ce sens, elle a bien raison de tenir pour acquis de nouvelles baisses de taxes quelle que soit la composition du prochain gouvernement. Hélas pour elle, elle devra attendre. Malgré ses nombreuses déclarations où pointe une grande impatience et un certain énervement, la récréation n’est toujours pas finie. Mais comme l’accord règne sur les diminutions de charges à offrir aux entreprises sur le dos des travailleurs, la seule manière pour les politiciens traditionnels de se distinguer des autres est de se profiler sur le communautaire. Et personne ne veut être le premier à baisser sa culotte sur un sujet que relaye autant les médias.

    La question communautaire est également un prétexte bien utile. Ainsi, les « socialistes » flamands du SP.a ont tiré comme analyse de leur échec le 10 juin dernier que les partis flamands qui avaient augmenté leurs suffrages étaient des partis plus communautaires. C’est vrai, mais ils étaient aussi les partis absents du gouvernement fédéral. De pareils propos ne servent qu’à éviter de parler du bilan du très anti-social gouvernement violet où « socialistes » et libéraux des deux côtés de la frontière linguistique ont travaillé mains dans les mains pour vider les poches des travailleurs et de leurs familles.

    Alors, que faire ? Dans le même numéro du Soir Magazine, François De Brigode – le journaliste bien connu pour sa participation à la célèbre fiction « Bye Bye Belgium » – déclare « même si les Belges émettent un désaveu face aux politiciens, il faut écouter ceux-ci ». Ils sont pourtant sensés gouverner en notre nom, mais c’est à nous d’obéir en cas de désaccord (ce qui est d’ailleurs plutôt la règle que l’exception) !

    Les travailleurs, jeunes ou âgés, avec ou sans emploi, qu’ils soient wallons, bruxellois, flamands ou immigrés doivent forgé ensemble leur propre instrument politique. L’unité dans la lutte contre les attaques anti-sociales est notre meilleure arme. La seule communauté contre laquelle nous devons nous battre, c’est celle des patrons et des actionnaires, c’est celle des riches.

  • Crise politique : Le théâtre de guignols continue…

    Le mouvement ouvrier doit se préparer pour sa propre lutte

    Lors d’une conférence de presse, Jo Vandeurzen (président du CD&V) et Bart De Wever (président de la NVA) ont donné un message clair : il faut une réforme d’Etat et les partis francophones doivent faire un « geste » en ce sens (alors que ces derniers demandent justement aux partis flamands de rétablir la confiance après le vote de la scission de BHV…)

    Anja Deschoemacker (09/11/07)

    Les libéraux francophones ne doivent pas compter sur une reconnaissance ouverte qu’il ne peut être question d’une grande réforme d’Etat dans ces circonstances. La logique du « compromis à la belge » est justement que tout le monde doit baisser sa culotte au même moment, pour qu’après l’on puisse se lancer des fleurs grâce à ce que chacun a pu obtenir. C’est là la preuve ultime du sérieux politique et du fait d’être un homme d’Etat.

    Les déclarations de Frank Vandenbroucke, le flamingant de service du SP.a, selon lesquelles le cartel CD&V/NVA se donne en spectacle pour éviter de devoir montrer qu’il se met à plat ventre sur la question de la réforme d’Etat, contiennent certainement des éléments de vérité. La nouvelle présidente du SP.a, Caroline Genez, fait aussi allusion au manque de crédibilité du CD&V et de la NVA sur le plan communautaire. Nous ne pouvons qu’espérer – dans l’intérêt même du SP.a – que cela ne devienne pas le message central de leur « opposition », si du moins leur but est de regagner quelques voix chez les travailleurs.

    Tout cet épisode clarifie à nouveau l’évidence que le mouvement ouvrier n’a plus rien à attendre de ce parti. Peut-être prononcera t’il encore quelques mots contre l’introduction du service minimum durant les grèves des services publics (bien qu’un un tel accord a déjà été signé sous leur règne à De Lijn – les TEC flamands). Selon l’ancien chef de cabinet de Vande Lanotte (SP.a lui aussi), Jannie Haeck, actuellement grand patron de la SNCB, il serait préférable de réfléchir à un temps minimum d’annonce pour les grèves. En d’autres mots : les syndicats ne seraient alors plus en état de reconnaître des grèves spontanées ! Même en dehors du gouvernement fédéral, et sans perspective d’en faire partie, le sommet du SP.a ne peut pas s’empêcher de corriger les devoirs de la bourgeoisie !

    De son côté, si le PS va certainement faire plus de bruit (également par rapport aux thèmes sociaux), il aura grande peine à se détacher totalement de la politique néolibérale qu’il a lui-même mené 19 ans durant sur le plan fédéral et qu’il continue d’ailleurs encore à mener sur le plan régional avec, entre autres, le Plan Marshall. Le terrain communautaire va certainement devenir le point central de son opposition. Mais au moins sera-t-il vu comme une équipe de défense alors que son pendant du nord a, dans les faits, rejoint les revanchistes flamands.

    Et quoi maintenant pour la formation ?

    Le vote dans la Commission de la Chambre sur la scission de BHV où la majorité flamande a imposé sa volonté de manière unilatérale avec une seule abstention (du parlementaire bruxellois de Groen ! Tinne Van der Straeten) est un fait sérieux. C’est un véritable problème pour les équilibres qui ont été constitués en Belgique : la protection de la minorité francophone en Belgique en compensation de la protection de la minorité flamande à Bruxelles.

    Les francophones ont maintenant pris en main les mécanismes de protection introduits pour les diverses minorités, en commençant par celui de conflit d’intérêt introduit par le Parlement de la Communauté Française le lendemain du vote sur BHV. Cette procédure signifie que la question de BHV est de nouveau arrêtée au niveau parlementaire et passe à des négociations entre communautés (avec PS, donc). Ce report peut, dans le meilleur des cas, permettre aux différents négociateurs pour la formation du gouvernement, et à Leterme en premier, d’avoir un peu de temps pour mettre enfin sur pied un gouvernement. Dans le passé, un « sentiment de crise » a déjà été nécessaire pour arriver à des accords communautaires.

    Mais tout ne devient pas facile pour autant. Les deux partis les plus forts dans les négociations, le CD&V et le MR, sont liés à des partenaires embêtants qu’ils peuvent à peine contrôler : la NVA et le FDF. Leurs déclarations et provocations sans fin n’ont pour effet que de casser sans cesse l’illusion de « confiance » méticuleusement créée. Qu’importe le nombre de fois où Reynders et Leterme vont aller assister à un match de foot ensemble, ils sont tous deux aussi dépendants de ces partenaires afin de maintenir leur position de parti dominant dans leur communauté.

    Directement après le vote, Reynders est retombé sur ses pieds en répétant à nouveau son plaidoyer pour un gouvernement surtout socio-économique: la cas « BHV » est reparti vers des négociations entre les communautés tandis que la réforme d’Etat avec une majorité des deux tiers peut être le problème d’une « commission de sages ». Cela semblait confirmé par la communication du roi et du formateur, la tantième crisette dans les rangs du CD&V et de la NVA a cependant conduit à la conférence de presse citée au début de cet article. Reynders ne doit pas penser qu’il peut pousser le CD&V dans une position où il sera le seul à baisser sa culotte.

    Au plus dure est ce théâtre de guignols, au plus monte la pression pour obtenir un gouvernement. Le déficit budgétaire commence à faire peur, de mauvaises prévisions économiques sont publiées,… Finalement, une solution va être trouvée, qui peut aller d’un « gouvernement normal » (ce que veut le CD&V) à un « gouvernement socio-économique » (ce que désire le MR, mais qui ferait perdre la face au CD&V) qui sera de courte durée, c’est-à-dire avec un accord gouvernemental jusqu’en 2009. Des variantes plus « exotiques » existent aussi : un gouvernement (partiellement) technocratique (du type « socio-économique »), une coalition fédérale totalement asymétrique, ou encore un gouvernement d’unité nationale : la tripartite classique, qui est presque toujours un gouvernement de crise.

    Une solution arrivera, pour la simple raison que l’alternative voulue par la NVA et le Vlaams Belang, l’indépendance de la Flandre, n’est voulue que par une petite minorité, tant parmi les travailleurs et leurs familles que parmi la bourgeoisie. Cette dernière aime bien utiliser la question nationale pour diviser le mouvement ouvrier au moment de l’attaque, mais elle n’aime pas du tout que la question nationale bloque l’application de son programme – même si ce n’est que pour la raison que, sans gouvernement, elle ne peut pas introduire une attaque sur les restes de l’Etat – providence. Leur opinion, « la voix de la raison », va finalement être reprise par le CD&V comme par le MR, à moins que ces derniers ne veulent perdre la confiance de la classe qu’ils veulent défendre. Ceux qui ne sont pas préparés au compromis vont en payer le prix: Reynders peut encore voir que le PS, qu’il déteste tant, rejoindre le gouvernement alors que le CD&V peut en cas de chaos total payer un prix électoral élevé si il est vu comme responsable du désordre.

    Les deux partis vont devoir apprendre la leçon que le PS et le SP ont appris lors de la précédente grande crise de formation (’87-’88, le précédent record de 148 jours) : pour arriver au gouvernement, il ne faut pas seulement gagner les élections, il faut aussi être préparé à mener la politique de ses maîtres et donc… de temps en temps être préparé à baisser sa culotte en ce qui concerne les promesses électorales. Il faut cependant savoir faire cela tout en le masquant, ce en quoi le CD&V était l’exemple ultime quand il s’appelait encore le CVP. De leur côté, le PS et le SP.a ont chacun prouvé au cours des dernières 19 années que des fesses nues et le rouge de la honte ne sont en rien un problème pour eux.

    Quant à messieurs De Wever et Maingain, leur avenir sera-t-il fait d’un poste de ministre ou de l’isolation politique? Tout comme le CD&V et le MR ont besoin de la NVA et du FDF, ces derniers ont aussi besoin des premiers. La NVA a aujourd’hui 5 sièges au Sénat et la dernière fois qu’elle a participé aux élections indépendamment du CD&V, elle n’a à peine obtenu que 5% ! Le FDF n’est pas non plus au sein du MR par grand amour et par grande unité programmatique, mais bien parce que le MR offre des carrières confortables. Dans cette question, les personnes clefs ne sont évidemment pas De Wever et Maingain (la politique belge n’a jamais eu un manque de fous du roi) : ce sont Leterme et Reynders. Tous deux peuvent dire adieu à leur carrière s’ils perdent aujourd’hui dans le poker politique qui occupe le pays depuis déjà 5 mois.

    Les syndicats ont raison de mettre en garde

    Les directions de la FGTB et de la CSC ont, à juste titre, dévoilé lors d’une conférence de presse commune ce qui se déroule derrière les rideaux – la « colle » entre Leterme et Reynders est clairement leur volonté de lancer un nombre d’attaques structurelles au service des supers profits du patronat. Leur réussite dépendra plus de la lutte du mouvement ouvrier contre une nouvelle attaque sur les restes de « l’Etat – Providence » (Etat – Providence que nous avons acquis par la lutte) que de la division communautaire et du cirque auquel nous sommes forcés d’assister depuis des mois.

    Le climat à venir est déjà visible : des données sont publiées sur un déficit budgétaire de 1,5 milliard d’euros, chiffre qui pourrait augmenter jusqu’à 3 ou 4 milliards pour 2008 « avec une politique qui n’est pas changée ». De plus, les perspectives de croissance économique ont été révisées par le bas pour 2008 et l’on parle dans les médias des « 50 mensonges gris » du gouvernement précédent autour du dossier des pensions. Et il faut encore compter le coût des 2 milliards d’euros nécessaires pour augmenter les allocations les plus basses (une douceur que le CD&V veut offrir) et de nouveau quelques milliards pour les diminutions d’impôts et de charges salariales (entre autres, de nouveau, sur les heures supplémentaires). Par contre, l’intérêt notionnel – qui a, notamment, permis à Electrabel de voir ses impôts diminuer de pas moins de 30 millions d’euros – n’est remis en question par aucun des négociateurs pour le futur gouvernement.

    S’ils arrivent à former un gouvernement – et d’une façon ou d’une autre, ils vont y parvenir- les attaques sur le mouvement ouvrier ne vont être longues à attendre. C’est aussi la raison qui explique toutes ces propositions sur une limitation du droit de grève. Le cirque communautaire va durer avec une commission, avec des séances bruyantes dans la Chambre et le Sénat, avec des déclarations musclées et tout cela au moins jusqu’aux élections de 2009. Si le mouvement ouvrier se laisse dévier ne serait-ce qu’un petit peu par cette division communautaire, nous courrons droit aux défaites.

    Pour cette raison, c’est une bonne chose que la FGTB ait appelé à une concentration des militants ce vendredi 16 novembre. Mais une concentration de 1000 syndicalistes ne va pas faire une grosse impression et n’a de sens que comme point de départ pour une campagne d’information large parmi les membres des syndicats pour les préparer à la lutte qui va devoir être menée. Cela doit à son tour être le point de départ d’un plan d’action et de mobilisation pour réagir collectivement à chaque attaque d’un gouvernement qui sera sans aucune doute un gouvernement instable.

  • Sauvons la solidarité. La défense de la sécurité sociale nous concerne tous

    Plus de 140 jours après les élections, les négociations gouvernementales se compliquent encore avec le refus du gouvernement flamand de nommer plusieurs bourgmestres francophones de la périphérie pourtant démocratiquement élus.

    Anja Deschoemacker

    Le 24 octobre, à l’initiative du SETCa et de la Centrale Générale d’Anvers, quelque 250 militants se sont réunis pour une réunion d’information sur le maintien de la sécurité sociale. Les questions au président de la FGTB De Leeuw et à la dirigeante de la CSC Van Laer ont résonné comme un appel à l’action, mais il y a eu aussi des questions sur un prolongement politique pour ceux qui défendent plus de solidarité

    Cependant, les accords partiels conclus par les négociateurs de l’Orange Bleue illustrent l’entente qui règne dans et entre ces partis pour une droitisation marquée de la politique tandis que les médias manipulent l’opinion publique en expliquant que les pensions « deviennent impayables ».

    Le patronat et ses politiciens vont s’employer à faire retomber sur le dos des travailleurs et de leurs familles les déficits budgétaires qui sont pourtant avant tout causés par les diminutions d’impôts et par les baisses des charges « patronales ». On voit nettement arriver les mesures « structurelles » douloureuses et on peut être certain que celles-ci vont s’accompagner de tentatives pour limiter le droit de grève.

    Les nuages qui s’annoncent à l’horizon économique ne sont pas légers, avec un risque de récession internationale l’an prochain. Si un gouvernement peut être formé, il tentera d’imposer des mesures similaires au Plan Global de 1993. Pour rappel, ce plan imposé par un gouvernement chrétien-socialiste avait introduit l’index-santé et la norme salariale, qui ont eu des effets négatifs durables sur le pouvoir d’achat de la population.

    Cependant, ces attaques ne peuvent se concrétiser que si le mouvement ouvrier n’oppose qu’une résistance limitée. Et comment mieux restreindre celle-ci qu’avec la bonne vieille tactique du « diviser pour régner » ? L’objectif des discussions communautaires actuelles n’est pas de scissionner le pays mais bien de scissionner graduellement les systèmes de sécurité sociale et de fixation des salaires en systèmes régionaux qui seront mis en concurrence de manière à augmenter plus encore la pression vers le bas sur les salaires et les allocations.

    Un grand merci aux délégations de Total et Degussa !

    Avec leur initiative pour le maintien de la sécurité sociale fédérale, les délégations syndicales de Total et de Degussa ont brisé le silence. Contrairement aux directions syndicales, ces délégations ont mené une large campagne d’information et ont pris leurs responsabilités pour mettre la pression sur les directions syndicales afin de passer réellement à l’action.

    Au moment où politiciens et médias parlent sans arrêt de LA Belgique, de LA Wallonie ou de LA Flandre, patrons et travailleurs confondus, la pétition «Sauvons la solidarité» a l’énorme mérite de partir de la défense des intérêts de TOUS les travailleurs du pays, quelle que soit la région où ils habitent. Elle a néanmoins quelques faiblesses, notamment quand elle déclare que : «La solidarité entre les citoyens les plus riches et les plus pauvres, ainsi que la solidarité entre les régions plus riches et les plus pauvres sont des piliers de notre société belge». Cette affirmation est correcte dans la mesure où tous les acquis sociaux et démocratiques en Belgique ont été obtenus par la lutte commune des travailleurs flamands, francophones, germanophones et immigrés. Mais la « solidarité » des riches n’a jamais été obtenue que par une lutte résolue des pauvres. Et, en ce qui concerne la construction de l’Etat belge, on ne peut que constater qu’elle a été extrêmement antidémocratique et que l’Etat continue à servir les intérêts de l’élite dirigeante.

    Le soutien d’un grand nombre de personnalités a permis à cette initiative d’obtenir une large audience dans les médias. Mais quand certains d’entre eux expliquent qu’ils ont signé la pétition parce que « la Belgique est un pays où il fait bon vivre et qu’il ne faut pas trop changer », il faut leur mettre sous le nez le sort des 15% de personnes vivant sous le seuil de pauvreté et de toutes ces familles qui doivent vivre avec un salaire au rabais ou une allocation de misère. Nous luttons à la fois contre l’élite nationaliste flamande qui désire presser plus encore les travailleurs flamands d’abord, wallons ensuite, comme des citrons et contre l’élite belge des Lippens, Frère et Davignon, qui veulent faire la même chose en une fois à l’échelle de toute la Belgique.

    Un plan d’action est nécessaire !

    En remerciant tous ceux qui ont soutenu leur campagne, les délégations syndicales de Total et Degussa ont dit « Espérons que le 24 octobre signifie aussi le commencement de plus de mouvements syndicaux ».

    Le MAS/LSP les rejoint dans cet espoir. La pétition était une bonne chose et doit être poursuivie mais il faut plus. Partout en Europe « l’Etat-providence » est dans le collimateur. Là où les attaques ont été arrêtées ou limitées, cela a été rendu possible par une lutte massive, avec des manifestations et des grèves, y compris des mouvements de grève générale. En Belgique aussi, « négocier » ne suffira pas.

    Les délégations de Total et Degussa ont clairement fait entendre la voix de la solidarité de tous les travailleurs et leurs familles, l’une des meilleures traditions du mouvement ouvrier belge. Sur le terrain politique, par contre, cette voix n’est plus représentée. Tout ce qu’on peut encore attendre des liens entre les deux grands syndicats et leurs partis traditionnels, c’est qu’ils permettent de limer un peu les pointes les plus dures – parce que cela fait longtemps qu’ils n’arrêtent plus les attaques ! Les travailleurs ont besoin de leur voix propre, indépendante des «communautaristes» flamands et francophones ou des «unitaristes» belges. Elle doit se traduire dans une action concrète et un programme. C’est pourquoi le MAS/LSP appelle à rejoindre le Comité pour une Autre Politique qui a fixé à sa dernière conférence nationale le 20 octobre l’objectif de construire un nouveau parti des travailleurs.

    Les capacités du CAP à réaliser cet objectif dans les années à venir dépendent largement des luttes dans la société et de la façon dont le CAP sera capable de se construire dans ce processus. Actuellement, il s’agit de la seule initiative qui travaille dans cette direction et qui est prête à organiser ensemble les travailleurs, les chômeurs, les pensionnés et les jeunes contre la politique antisociale, tout en laissant aux groupes et individus la possibilité de maintenir leur propre identité et de mener des discussions ouvertes sur les positions que le CAP doit prendre.

  • La bourgeoisie est faible politiquement, mais quand les syndicats vont-ils passer à l’action?

    Au moment où nous publions ce journal, les négociations sur la formation d’un gouvernement sont en train d’établir un nouveau record. Faute de pouvoir apporter des améliorations au niveau du pouvoir d’achat, de l’emploi ou des soins de santé, les politiciens au service du patronat ont été contraints de se livrer à une guerre communautaire. On verra dans les prochaines semaines si elle aboutira à une crise du régime. Mais, même si un gouvernement chrétien-libéral se mettait en place, ce serait un gouvernement peu stable.

    Peter Delsing

    Lors des négociations, la CGSP-Cheminots a lancé une grève d’avertissement contre les projets sur le service minimum. La direction syndicale avait appelé ses membres à décider « localement » quand mener une heure de grève. Il n’y avait pas de mot d’ordre concret. Or, la force des salariés repose justement sur la discussion et l’action collectives. Pour le syndicat, il existait des méthodes plus efficaces pour émettre un signal, notamment par des actions de grève organisées collectivement et nationalement. En un sens, cette grève a donné une illustration très frappante de la situation politique actuelle.

    La bourgeoisie a un problème avec la génération actuelle de son personnel politique. Ses politiciens ne sont plus capables de défendre les intérêts patronaux à long terme. En face, les travailleurs ne disposent pas d’une direction pour forcer une bourgeoisie divisée et affaiblie à la défensive au moyen de l’action collective. Cette absence de direction montre, tant sur le plan syndical que sur le plan politique, la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs.

    Le 24 octobre, un débat syndical important s’est déroulé autour de la pétition “Sauvons la solidarité” à Anvers. Ici aussi les demandes d’actions ont fusé depuis la salle et la question de la représentation politique des salariés a été posée. Cette réunion a contredit la caricature très unilatérale “des Flamands égoïstes qui veulent scissionner la sécurité sociale”, propagée par les politiciens bourgeois francophones.

    Tant les travailleurs flamands, bruxellois que wallons seront victimes des mesures prévues par le gouvernement de l’Orange Bleue: coupes d’austérité dans les soins de santé, suppression de plus de dix mille emplois chez les fonctionnaires, possibilité de mettre des mineurs dans des prisons pour jeunes dès l’âge de 14 ans,…

    Un nouveau gouvernement profitera moins d’une croissance économique qui se ralentit en Europe et aux USA. Les budgets menacent de devenir déficitaires pendant des années. Cela implique des coupes d’austérité telles que Leterme, Reynders et les autres hésitent encore à imaginer.

    Entre-temps, les libéraux flamands trouvent que les choses pourraient aller plus vite et exigent la limitation dans le temps des allocations de chômage, l’assouplissement des règles de licenciement, de nouvelles diminutions des charges patronales, etc. Si le projet de l’Orange Bleue échoue, une tripartite avec participation des partis socialistes aura encore plus de mal à réaliser les points de son programme.

    La critique du PS et du SP.a sur ce spectacle ? Beaucoup de blabla, peu d’action et surtout du chauvinisme communautaire. Laurette Onkelinx essaie de se dresser comme la Jeanne d’Arc des francophones. Vandenbroucke veut obtenir une victoire “flamande” mais, pour lui, il est plus important encore d’obtenir la scission de la politique de l’emploi (qui jetterait les travailleurs des trois régions dans une concurrence de plus en plus dure) que la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

    Et les intérêts communs des travailleurs dans ce pays ? On n’entend pas un mot là-dessus. Dans la période d’effervescence qui s’ouvre devant nous, le CAP doit utiliser chaque mouvement de lutte pour mettre en avant une politique vraiment solidaire aux piquets de grève, dans les quartiers et dans les écoles. Un programme pour faire payer les riches trouvera un écho important dans les années à venir.

  • La (l’apparente) division de la bourgeoisie ne doit pas diviser les travailleurs

    La bourgeoisie, ses relais politiques sont en grande représentation. Ils brassent beaucoup d’air pour l’instant, cela ne doit pas nous faire perdre le cap. La crise communautaire révèle une divergence de méthode au sein de la classe dirigeante. En effet les bourgeois ont besoin de l’Etat et du gouvernement, on voit d’ailleurs l’ensemble de l’establishment le réclamer à corps et à cri (roi et FEB en tête).

    Alain. (Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi,n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des articles, rapportsd’actions, réflexions,…: redaction@lsp-mas.be)

    Néanmoins le conflit porte sur la méthode : réformer dans le cadre des institutions actuelles (piste privilégiée par les élites francophones), réformer dans un cadre régional (piste privilégiée par les élites flamandes). Il s’agit en tout cas de réformer, soyons-en convaincu, dans le cadre du néolibéralisme. Ils crient et disent de grands mots maintenant, mais souvenons nous de leur accords : lorsqu’il s’agissait de mettre un frein aux migrations, lorsqu’il s’agissait de juger des mineurs comme des adultes au détriment des conventions relatives au droits de la jeunesse, lorsqu’il s’agissait d’attaquer le droit de grève et enfin lors de leur préaccord sur un budget à l’avantage des riches. Ceci pour dire que le fond de leur politique est à la nuance près similaire. L’opposition n’a jamais montré aussi fortement les dents pour défendre les acquis sociaux, un sujet qui, au regard des autres, me semble plus important.

    Allons plus loin, la divergence de méthodes a une base matérielle, au sens marxiste du terme, c’est-à-dire qu’elle correspond à des intérêts qui dépendent directement de la position dans le système de production. En clair, la petite et moyenne bourgeoisie néerlandophone a pris acte de sa prospérité mais aussi de la pression de la concurrence mondiale et face à cela, pour augmenter leur taux de profit, il veulent pousser plus loin le niveau d’exploitation dans un nouveau cadre régional plus apte à aller plus loin dans le détricotage des acquis du mouvement ouvrier belge (comme ce dernier sera divisé et donc plus faible). Du côté francophone, on entrevoit toujours dans le cadre fédéral un moyen d’améliorer leur position, mais cela ne fut pas toujours le cas (dans un passé où la richesse était concentrée sur le territoire wallon, c’est de ce côté que sont venues les propositions de fédéralisme).

    Camarade travailleurs, travailleuses, allocataires sociaux, ne nous laissons pas étourdir par la politique spectacle qui se joue ici à grand renfort de déploiement médiatique. Restons conscient que seul l’unité de la classe ouvrière ainsi que sa lutte déterminée (quelque soit la couleur, la langue et les origines) permettra d’atteindre notre objectif d’une vie décente. Cela ne peut se faire qu’en se débarrassant des attributs bourgeois que sont le nationalisme, en l’occurrence le communautarisme, et cela ne peut se faire aussi que dans un monde débarrassé du capitalisme, dans une société socialiste.

  • Des membres du Vlaams Belang en pèlerinage nazi en Allemagne et en Autriche

    Le 11 septembre, une délégation du Voorpost et de l’ex-Sint Maartensfonds (une organisation d’anciens collaborateurs officiellement dissoute) est allée en Autriche. Sandy Neel, une employée du Vlaams Belang, était parmi les touristes.

    Elle mentionne sur son site qu’ils ont effectué un petit détour pour passer par Braunau am Inn, Wunsidel et Kehlsteinhaus. Quand il n’y a aucune explication, cela cache souvent quelque chose…

    Et de fait, ces villages ont une symbolique importante pour les nazis. Adolf Hitler est né dans le premier et a habité durant des années à Kehlsteinhaus (où se trouvait le fameux « nid de l’aigle ») tandis qu’à Wunsidel est enterré l’ancien dirigeant nazi Rudolf Hess !

  • Scission au FN : on prend les mêmes et on recommence ?

    Traîné en justice pour racisme et pour détournements de fonds, Daniel Féret ne semble plus non plus contrôler le FN : celui-ci se retrouve scindé en deux parties. Le Front National et l’extrême-droite wallonne appartiennent-ils pour autant au passé ?

    Baptiste Libois

    Le Front National a beau adopter une phraséologie virulente à l’égard de la corruption des politiciens traditionnels et déclarer vouloir balayer les pourris du monde politique, les faits démontrent que le grand maître du FN a détourné des fonds de son parti (financé à hauteur de 90% par l’Etat ) pour s’attribuer, par exemple, une villa dans le Sud de la France. Et en grand despote qui se respecte, Daniel Féret a dirigé d’une main de fer le FN ; quiconque n’en était pas heureux était écarté.

    Néanmoins, certains membres du FN ne se sont pas résignés à cette mainmise et, en 20 ans, il y aurait eu pas moins de 35 courants anti-féretistes dans le FN. Ainsi, si le Front National se retrouve aujourd’hui coupé en deux, il s’entredéchire déjà depuis des années. Mais le FN ayant à présent éclaté, est-ce la fin de l’extrême-droite en Wallonie ? Rien n’est moins sûr.

    Si le FN n’atteint pas les scores électoraux du Vlaams Belang, ce n’est certainement pas parce que les Flamands sont plus nationalistes et racistes que les Wallons. La raison est que le FN n’a que très peu de militants actifs et ne possède pas un véritable dynamisme de construction. Toutefois, sur base du mécontentement face aux politiques antisociales des derniers gouvernements et du racisme face auquel aucun parti traditionnel n’a de réponse, le potentiel pour une organisation d’extrême-droite reste présent. Les suffrages que récolte le FN malgré son absence d’activité illustrent ce processus.

    A présent, alors que l’Orange Bleue promet d’autant plus d’attaques contre les acquis sociaux, les anti-Féret du FN ne comptent pas en rester là. Ils envisagent de “refonder le Front National de manière structurelle, sur le modèle du Vlaams Belang, et idéologique, sur la base d’un corpus nationaliste et populiste”.

    Le FN, s’il devient plus actif, sera d’autant plus dangereux sur le plan politique, et sera d’autant plus capable de recueillir les voix de protestation contre le néolibéralisme, sans cependant pouvoir bénéficier du temps sur lequel le VB a pu compter pour se construire.

    Comme nous pouvons le voir, si les néo-fascistes ne représentent en rien une alternative, il ne faut pas non plus s’attendre à ce que leur fin découle de leurs bagarres internes.

    Le seul moyen d’anéantir l’extrême droite, c’est de proposer une réelle alternative de gauche à la politique de casse sociale des partis capitalistes traditionnels et de l’extrême droite pour les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et les retraités, flamands, wallons, bruxellois ou immigrés.

    Toi aussi, rejoins-nous dans le combat anti-fasciste, défends avec nous l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire. Le CAP est aujourd’hui un bon moyen pour cela !

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