Category: National

  • SP.a et PS : la faillite du réformisme

    Avec un recul global de 700.000 voix, la coalition violette sort grande perdante des élections du 10 juin. C’est surtout la social-démocratie qui a perdu près d’un tiers de ses électeurs (quelque 500.000 voix). Sanctionnée à cause du Pacte des Générations? De la droitisation de la société ? De l’augmentation du nombre des pauvres ? Des scandales à répétition à Charleroi ? On peut songer à 1001 raisons, bonnes ou moins bonnes. Nous ne les écartons pas mais nous pensons qu’il y a une cause plus profonde à cette sanction.

    Eric Byl

    Des réformes de l’Etat-Providence…

    Le mouvement ouvrier a jadis pu faire reculer l’inégalité dans la société. Rappelons-nous la semaine des 8 heures, les cotisations patronales obligatoires aux pensions des ouvriers en 1924 et des employés en 1925. Les congés payés annuels en 1936.

    Après la Deuxième Guerre mondiale, l’affaiblissement de la bourgeoisie et la radicalisation du mouvement ouvrier ont mené à une nouvelle vague de réformes en échange de la paix sociale. De 1944 à 1949, il y a eu pas moins de 7 gouvernements, dont 5 avec les communistes, et tous avec les socialistes. Leur but ? Empêcher la révolution en associant les dirigeants ouvriers à la gestion de la société capitaliste et en faisant une série de concessions. Et non des moindres. L’Arrêté-Loi de 1944 oblige les patrons et les salariés à verser une partie du salaire à l’Office national de Sécurité sociale. En 1945 sont établis un impôt de 5% sur le capital, une augmentation salariale généralisée de 20%, l’indexation des salaires, les négociations paritaires obligatoires sur les salaires et les conditions de travail avec reconnaissance des syndicats dans les entreprises, les secteurs et au niveau national.

    C’étaient là les bases de l’Etat-Providence qui ont permis aux pouvoirs publics de stimuler le pouvoir d’achat pour relancer l’économie. De 1967 à 1977, le salaire horaire a crû en moyenne de 12,7% par an en Belgique! Il y avait un quasi-plein emploi et un haut taux de syndicalisation (90% en Belgique). D’où l’idée qu’on pouvait humaniser peu à peu le capitalisme pour en arriver à une société plus égalitaire sur le plan social. Cette illusion a été dissipée à partir de la fin des années ’70 : le marché ne parvenait plus absorber suffisamment vite de nouveaux produits, les entreprises voyaient s’éroder leurs profits et patronat et gouvernements ont mis en oeuvre des restructurations et des mesures d’économie pour sauvegarder le système. …aux contre-réformes qui le minent

    Depuis lors, les acquis sociaux ont été remis en cause, d’abord progressivement, ensuite à un rythme toujours plus soutenu. Les profits des entreprises ont ét rétablis, les managers ont reçu des salaires fabuleux pour réduire les coûts de production tandis que les pauvres et les exclus se multipliaient. Les partis sociaux-démocrates ont essayé de dorer la pilule : le PS en se servant des institutions publiques au service de son propre public, quitte à prendre quelques libertés avec la loi, le SP.a en essayant d’emballer la régression sociale d’une façon plus acceptable. Cela devait se payer. Le PS se traîne de scandale en scandale. Le SP.a n’est plus vu comme le parti qui applique la régression sociale avec un gant de velours, mais comme celui qui la conçoit. Cela illustre l’absence d’alternative de la social-démocratie qui se prosterne devant la logique du profit de la droite parce qu’elle ne croit plus elle-même dans la possibilité d’imposer des réformes.

    Résultat: toutes les réformes d’après-guerre sont menacées. L’index est vidé de son contenu par l’introduction de l’index-santé et la modification de la composition du panel des produits pris en compte au détriment des consommateurs. La loi sur la sauvegarde de la compétitivité jugule fortement les salaires. Les cadeaux fiscaux aux entreprises minent la sécurité sociale. Le droit de grève est remis en cause avec des requêtes unilatérales, des astreintes et bientôt l’introduction d’un service minimum. La progressivité de l’impôt qui veut que les plus hauts revenus soient proportionnellement les plus taxés est mise à mal par les hausses de TVA qui sont les mêmes pour tous. La concertation sociale est de plus en plus remise en cause.

    Quelle alternative?

    Sur base des premières expériences du mouvement ouvrier, Rosa Luxemburg écrivait déjà au début du 20e siècle que toute concession arrachée par le mouvement ouvrier sous le capitalisme serait inévitablement remise en cause dès que le rapport de force changerait.

    Aujourd’hui, la social-démocratie et les directions syndicales ne veulent pas organiser la lutte parce qu’elles réalisent très bien que la bourgeoisie est bien moins timorée aujourd’hui qu’il y a 30 ans. A l’époque, celle-ci acceptait encore de faire des concessions auxquelles elle n’est plus disposée aujourd’hui parce que le capitalisme a augmenté la concurrence à un point tel que toute concession sociale est sanctionnée sans pitié par la concurrence. La soif de profit des capitalistes mène aujourd’hui à de telles catastrophes sociales, économiques et écologiques qu’on ne peut plus en limiter l’ampleur par des réformes. C’est d’après nous la cause fondamentale de la sanction électorale subie par la social-démocratie, même si elle peut toujours se rétablir temporairement et partiellement dans les élections futures.

    Le problème est que la seule alternative possible, une transformation socialiste de la société, a été discréditée au plus haut point par les caricatures staliniennes de l’Est. Et que le moyen d’y arriver, la révolution, a été perverti par certains en soutien au terrorisme, à la guerilla urbaine et au pillage pur et simple.

    Face à la crise que connaît la social-démocratie, le MAS veut redonner vie à une véritable alternative au capitalisme. C’est-à-dire une société socialiste démocratique où la production est organisée en fonction des besoins de la population et non de la soif de profit d’une minorité de capitalistes. Et une révolution qui n’est pas une orgie de violence gratuite mais l’irruption consciente de la grande majorité de la population sur la scène politique et sociale pour prendre elle-même en main la gestion de la société.

  • Aucun gouvernement n’offre une chance de progrès pour les travailleurs et les pauvres

    Les élections sont terminées. En Flandre, le CD&V a gagné. L’humiliante défaite des partis sociaux-démocrates – PS et surtout SP.a – fait de la famille libérale la première du pays et du MR le plus grand parti en Wallonie et à Bruxelles. La droite a partout les clés en mains.

    Anja Deschoemacker

    Le triomphe pouvait se lire dans les yeux de Reynders et de Leterme. Toutefois, le CD&V/NVA refuse d’entrer dans un gouvernement sans avoir obtenu une réforme d’Etat d’ampleur ainsi que la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde tandis qu’aucun parti francophone n’est chaud pour cette nouvelle aventure communautaire.

    Le VOKA (l’organisation patronale flamande) et tous les partis flamands ont fait savoir avant les élections qu’ils jugeaient indispensable une régionalisation du marché de l’emploi afin de pouvoir le « moderniser ». Pourtant, les entreprises belges jouissent déjà actuellement d’une excellente position concurrentielle et engrangent des profits records. Et le MR rétorque qu’une modernisation est maintenant possible au niveau fédéral puisque le PS a (temporairement) perdu sa position dominante.

    Les patrons vont effectivement certainement utiliser la défaite du PS pour tenter d’en finir de manière plus brutale avec nombre de droits et d’acquis du mouvement ouvrier, comme le droit de grève dans les services publics, la sécurité sociale et l’accès aux pensions (on parle déjà d’un deuxième Pacte des Générations).

    Mais la population belge n’a pas voté à droite parce qu’un programme de droite est plus attractif. Il manque en fait une force réellement de gauche qui aurait, par exemple, défendu avec énergie les intérêts du million de travailleurs qui ont fait grève contre le Pacte des Générations. Juste avant les élections, une série de grèves ont cependant encore démontré que le mécontentement du mouvement ouvrier sommeille et peut à chaque instant éclater au grand jour si les actions sont crédibles et si le cahier de revendications vaut la peine de se battre. Un gouvernement sans le PS va-t-il pouvoir garder sous contrôle la base de la FGTB ? La direction de la CSC réussira-t-elle à maintenir son contrôle sur sa base une fois les premières mesures antisociales du gouvernement appliquées par le CD&V?

    Si le prochain gouvernement risque d’être instable, l’unité au sommet de la politique belge pour faire payer à la population les profits des actionnaires des grandes entreprises est néanmoins grande. Le thème d’opposition par excellence – chez les partis établis – sera bien plus le communautaire que le social. Nous ne devons pas nous attendre à ce que le PS et le SP.a rejoignent tout d’un coup le camp des travailleurs et des chômeurs et se mettent à agir pour les défendre, sauf sur l’un ou l’autre point si cela ne coûte pas grand chose. Puisque ces deux partis siègent toujours aux gouvernements régionaux et continueront à y mener une politique fondamentalement proche de celle du fédéral, les cadeaux aux patrons ne manqueront pas. Pour le reste, cela continuera à être à nous de nous serrer la ceinture.

    Le développement de nouveaux mouvements contre les plans d’austérité du prochain gouvernement est probable – et c’est là que devra être présent le CAP s’il veut se construire et devenir l’instrument de la résurrection politique des travailleurs. Il ne fait aucun doute que la réforme de l’Etat et les problèmes communautaires seront habilement utilisés comme excuse si le gouvernement tombe sur un tel mouvement.

    Plus que jamais, la nécessité unité du mouvement ouvrier à travers tout le pays va se faire sentir pour stopper l’offensive déjà annoncée. Construire une nouvelle expression politique sur le plan national sera tout aussi bien un résultat de cette unité qu’une condition de son existence.

  • Contre les attaques de la droite : Solidarité

    Lors des élections du 10 juin, le gouvernement violet a été puni. À défaut d’une alternative visible réellement de gauche, ce sont surtout les partis de droite qui ont pu en profiter . En Flandre, le CD&V-NVA sort grand vainqueur et la Liste Dedecker a dépassé ses propres espérances. Du côté francophone, Ecolo récupère une partie des pertes du PS mais la c’est la formation (très) libérale de Didier Reynders qui est pour la première fois la plus grande formation politique tant en Wallonie et à Bruxelles.

    Karel Mortier

    Après leur lourde défaite, le PS et le SP.a sont dans les cordes et doivent tenter de se refaire une santé. Une coalition orange bleue composée des démocrates-chrétiens et des libéraux est en marche, ce qui n’augure rien de bon pour la population de tout le pays.

    En décembre 2006, Yves Leterme avait déjà affirmé sa volonté d’opérer une série d’attaques sévères contre la sécurité sociale, ce qui pourrait « au besoin » mener à des « troubles » à l’automne. Durant sa campagne électorale, Leterme n’a d’ailleurs cessé de se référer au « modèle » de la politique économique menée par le premier ministre hollandais Balkenende : réduction de la sécurité sociale, de l’aide aux personnes âgées, des indemnités de chômage,…

    Leterme – qui est le mieux placé dans la course pour la direction du futur gouvernement – a donc averti, en termes prudents, qu’il était prêt à engager la confrontation avec les syndicats. Il n’est donc pas surprenant de voir l’empressement vorace avec lequel le patronat lui fait part de ses souhaits. Le précédent gouvernement avait déjà été un beau Père Noël pour les patrons mais leur soif de profits n’a pas de limites et ils attendent plus encore de preuves de loyauté de la part de l’Orange bleue.

    Mais l’euphorie du patronat provoquée par la progression des partis de droite, surtout en Flandre, est déplacée. Les victoires de Leterme et Dedecker sont en premier lieu une conséquence de l’aversion provoquée par la politique de la coalition violette. Et que représentent Leterme et Reynders comme alternative ? Une même politique, mais encore un cran au-dessus. Avec, entre autres, l’augmentation des prix chez Electrabel et la fermeture de nombreux bureaux de poste, nous savons à quoi nous en tenir pour les conséquences des libéralisations. Mais que veulent obtenir les patrons du prochain gouvernement ? Justement, plus encore de libéralisations.

    L’aversion grandira aussi parmi les électeurs de Leterme et Reynders contre la politique que ceux-ci représentent. Mais le PS ou ECOLO peuvent-ils apporter une alternative à cette politique ? Si les Verts ne sont pas ultralibéraux comme l’est Dedecker en Flandre – qui profite du même vote de protestation et de dégoût face aux partis précédemment au pouvoir – il est à parier que son opposition ne sera dure qu’en paroles. Et encore. Sur le fond, ECOLO se prononce aussi pour des cadeaux au patronat et ne s’oppose plus à la privatisation de services publics. Quant au PS, s’il fera payer cher au MR sa première place perdue, sa hargne viendra uniquement de sa volonté de reprendre rapidement les rênes du pouvoir.

    Selon Guy Quaden, gouverneur (PS) de la Banque Nationale, 1,2 milliard d’euros devra être épargné par l’Etat cette année et encore 2,3 milliards d’euros l’an prochain. Pour réaliser cet « assainissement », les mesures à effet unique, comme la vente de bâtiments publics, ne suffira plus et la probabilité d’attaques dures contre les acquis des travailleurs en sera d’autant plus grande. La résistance doit s’organiser dès aujourd’hui.

    Les résultats électoraux du CAP (Comité pour une Autre Politique) n’ont pas reflété ce que nous espérions et encore moins le potentiel et le dynamisme de cette nouvelle organisation. A l’avenir, la nécessité d’un nouveau parti large pour défendre les travailleurs et leurs familles ne cessera pourtant de s’affirmer. Nous avons besoin de solidarité entre les travailleurs, entre les jeunes et les plus âgés, entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas, entre Wallons, Flamands et Bruxellois,… Pour tout cela, nous vous appelons à continuer à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.

  • La recherche “d’autre chose” prépare la voie à un gouvernement de droite

    Si les élections fédérales de 2007 ont démontré quelque chose, c’est sans doute la frustration profonde face à la politique menée ces dernières années. En Flandre, le CD&V-NVA, la Liste Dedecker et dans une nettement moindre mesure Groen ! et le Vlaams Belang en sortent vainqueurs. En Wallonie, c’est surtout ECOLO qui profite des coups que le PS doit encaisser, le MR devient bien la plus grande formation mais avec un résultat à peine meilleur qu’en 2003. Le temps des glissements derrière la virgule est maintenant du passé, on calcule désormais avec des pourcents entiers.

    Déclaration du Bureau Exécutif du MAS/LSP

    Vande Lanotte, le président du SP.a, et Somers, son collègue du VLD, ont eu de la peine à le croire. Où cela a-t-il foiré ? La défaite majeure du SP.a n’avait été annoncée par aucun sondage. Il y a dix mois à peine, le SP.a s’en était encore bien tiré lors des élections communales (+ 1,8% en moyenne) avec certaines percées plus importantes dans les grandes villes. On disait alors qu’il s’agissait de l’effet « Vande Lanotte ». Tant les bons résultats de l’ancien parti de Dedecker, le VLD, que le score personnel de Dedecker lui-même semblaient alors annoncer l’enterrement politique de ce personnage. Aujourd’hui, le même Vande Lanotte doit encaisser à Ostende une perte qui approche des 20% (48% lors des élections communales de 2006 et seulement 25,6% en 2007) tandis que Dedecker renaît de ses cendres. Et cela ne s’arrête pas là. A Gand, SP.a-Spirit descend de 31,7 à seulement 21,3%, à Louvain de 38,1 à 20,5%, à Saint-Nicolas de 35,4 à 19,9% et à Hasselt de 45,7 à 25,6%. On accepterait pour moins « que le parti n’a pas bien compris l’électeur ». Au VLD, on est soulagé puisque la perte n’est que de 5% contre 9% son partenaire à la coalition violette, mais, quoi qu’il en soit, tous sont bleus de coups. Le VLD peut cependant se consoler avec l’idée que la famille libérale devient la plus grande famille politique avec un siège de plus que la famille chrétienne.

    Le quotidien flamand de la Violette, De Morgen, qui, en octobre dernier, mettait encore en lumière les figures de proue libérales et socialistes, explique cette fois-ci les mauvais résultats de SP.a-SPIRIT par l’image écaillée de Vande Lanotte. « Le programme était à 100% du travail de professeur d’université, chiffré à la virgule près, plus précis que jamais. Mais avec un effet secondaire : chiant, peu excitant et surtout pas stimulant » écrit son journaliste Walter Pauli. Groen ! n’a pas vraiment pu profiter de la défaite du SP.a puisque, toujours selon De Morgen, ce parti ressemblait trop au SP.a, trop exemplaire et trop orienté vers le pouvoir. Et le journaliste continue : « Celui qui en a marre d’être sage ne pouvait regarder que d’un côté, en direction de Dedecker. Peut-être a-t-il eu un peu de force d’attraction sur les électeurs de gauche. » Image écaillée de Vande Lanotte ? Et Leterme alors ? Vande Lanotte était-il tellement dans le coup avant son apparition en pirate dans l’émission de variété des Drag Queens Stacy et Nancy ? Nous ne le croyons pas. Nous ne croyons pas non plus à la suggestion de Vera Dua (Groen !) selon laquelle l’électeur flamand serait de droite. Il est vrai que les électeurs flamands votent bien à droite mais c’est surtout parce que la gauche « visible », le SP.a-SPIRIT et Groen !, les délaissent systématiquement pour leur faire avaler de force une politique de droite.

    Où peut-on aller en tant que travailleur ? Le SP.a prétend défendre nos intérêts mais fait exactement l’inverse : démanteler des services publics et les rendre plus chers, obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition, dévaliser notre sécurité sociale pour distribuer les cadeaux aux patrons,… Beaucoup de travailleurs pensent que si c’est cela qu’ils veulent, autant alors voter pour les vrais partis du patronat. Les Verts flamands ne semblent se servir de leur image de gauche que lorsqu’ils sont dans opposition ; dès que des postes s’approchent, même de loin, seule la soif de pouvoir l’emporte. Les seules alternatives possibles, le PTB et le CAP, par manque de moyens et puisque les médias les ignorent complètement, n’apparaissent même pas dans l’écran de vision de la majorité des travailleurs et de leurs familles. Du PTB, il a encore été un peu question, mais pour combien de personnes le CAP est-il encore inconnu ? Dans cette situation, beaucoup font le tour de ce qu’ils connaissent : hier Rossem, puis Vlaams Belang, alors Groen !, puis une dernière fois SP.a-Spirit et cette fois-ci Dedecker qui a pu profiter de sa présence quotidienne sur les petits écrans avec ses conneries. L’électeur est à la recherche de changements mais quelle soit sa manière de voter, à chaque fois le marteau de la casse sociale tombe sur sa tête.

    Reynders dans une position moins confortable que Leterme

    Il y a évidemment d’énormes différences entre la situation politique en Wallonie et à Bruxelles et celle en Flandre. Le PS paie par une perte de 7% les innombrables scandales dans lesquels le parti est impliqué. Dans la province du Hainaut, la perte monte jusqu’à 10% avec un pic de 15 % à Charleroi. A Bruxelles-Hal-Vilvorde, le PS tient mieux le coup (-1,6%) bien qu’avec un pic de -5,6% à Saint-Gilles, la commune du ministre-président Picqué. Mais, malgré tout, le PS reste un poids lourd considérable avec 26,8%, en partie parce que, contrairement au SP.a, le PS réussit encore à se présenter comme celui qui défend le tissu social contre les attaque de l’ultra-libéral Reynders. Le MR devient bien, pour la première fois depuis 1946, la formation ayant le plus grande score, mais cela est plutôt dû au recul du PS qu’à ses propres prestations. Les chrétiens-démocrates de Milquet avancent légèrement mais c’est surtout ECOLO qui profite de la perte du PS et ressort du scrutin comme le grand vainqueur. Reynders affirme que ce résultat est en soi une réforme d’Etat. Il admet ainsi implicitement ce que De Tijd (le pendant flamand de L’Echo de la Bourse) avait déjà dit sur la réforme d’Etat, à savoir que l’objectif principal de cette réforme est la cassure du tissu social.

    Là où Leterme dispose d’une majorité confortable pour s’attaquer aux acquis sociaux, Reynders se trouve dans une situation plus difficile. D’abord, il doit tenir compte de l’avancée d’ECOLO qui se dit bien prêt à rentrer dans un gouvernement mais pas à n’importe quel prix. Ensuite, Milquet crie qu’elle n’est pas prête à accepter une réforme d’Etat qui nuise aux francophones. Finalement, Reynders plus encore que Leterme, devra tenir compte de la rue. Vande Lanotte a déjà déclaré que le SP.a est préparé à une cure d’opposition, que le parti est éventuellement préparé à soutenir une réforme d’Etat à tout en étant dans l’opposition et donc à fournir la majorité nécessaire. Si le SP.a atterrit dans l’opposition, nous nous attendons plutôt à une opposition douce, à ce qu’ils appellent une « opposition constructive », selon le modèle des Démocrates américains. Le sommet de l’ABVV sera peut-être un peu bousculé, mais ce n’est pas dans sa nature de prendre l’initiative d’organiser la résistance. Par ailleurs, avec le CD&V dans le gouvernement, l’ACV ne sortira pas vite ses troupes.

    Ce sera différent en Wallonie. Jusqu’ici, le PS a été capable de vendre la politique de casse sociale en exerçant une pression sur ses amis de la direction de la FGTB et d’ailleurs également sur la CSC. Dans l’opposition, le PS ne sera pas prêt à sortir les marrons du feu pour Reynders. Au contraire. Une opposition du PS ne sera ni douce, ni constructive mais dure. Ceci évidemment dans le cas où les socialistes atterrissent dans l’opposition.

    Dans les syndicats, ce résultat électoral provoquera pas mal de discussions. Au sommet, on mettra en avant la « droitisation » et on voudra encore plus évoluer vers des syndicats de service. A la base, et peut-être même parmi les cadres intermédiaires, on voudra tirer le bilan de la manière dont les syndicats ont avalé la politique de la Violette. L’appel ouvert de la part de l’ABVV dans le Nieuwe Werker (journal de la FGTB flamande) à voter pour certains délégués syndicaux qui étaient présents sur les listes du SP.a n’aura pas été digéré par beaucoup. Le mauvais résultat de SP.a-Spirit et les maigres scores des quatre candidats issus de l’ABVV sera considéré comme une punition.

    Former un gouvernement devient extrêmement difficile

    Leterme est confronté à une tâche extrêmement difficile : il doit à lui-même et à son partenaire de cartel le fait de devoir obtenir une réforme d’Etat. Mais il doit faire attention aux extrémistes qui lui poussent dans le dos et sont déjà prêt à crier « trahison ! ». Il ne peut se permettre de laisser son partenaire de cartel les mains vides. Du côté flamand, le SP.a aurait été un partenaire souhaitable mais il est temporairement dans les cordes. Les Verts et surtout leur position confuse sur le plan communautaire ne conviennent pas tellement au CD&V-NVA. Reste le VLD, mais c’est justement le parti qui, sur le plan communautaire, se dit en faveur d’un renforcement du niveau fédéral, un discours qu’on aime pas entendre dans les cercles de la NVA. Par contre, la liste Dedecker, favorable à une réforme de l’Etat dans le sens confédéral, sera probablement tenue hors des discussions par le VLD.

    Du côté francophone, Leterme peut faire des affaires avec les libéraux du MR mais il sera confronté à la résistance du partenaire de sa propre famille, le CDH. Dans le scénario de l’ « Orange bleue », il peut de plus s’attendre à un PS dans l’opposition qui punira sans merci chaque concession francophone sur le plan communautaire. Dans ce sens, il ne semble pas que la formation du prochain gouvernement se fera facilement ; elle pourrait bien se tirer en longueur. Peut-être même au point où Leterme sera forcé de faire le choix déchirant d’en arriver à une cassure avec la NVA si une coalition Orange bleue, avec éventuellement un troisième partenaire, se casse le nez sur une réforme d’Etat. Dans ce cas, une tripartite classique, éventuellement avec le SP.a encore sur les bancs de l’opposition, n’est pas à exclure. Un tel gouvernement sera inévitablement un cabinet de crise qui jettera l’éponge aux alentours des élections régionales de 2009.

    Leterme sera d’ailleurs confronté à des défis socio-économiques qui ne seront pas minces. Surtout dans le cas où une majorité Orange bleue serait formée, le patronat saisira l’occasion pour annoncer son cahier de revendications : la limitation des allocations de chômage dans le temps, une forte baisse des charges patronales, le report de la fermeture des centrales nucléaires, un assainissement fort des services publics,… Tout cela approche. Vers la fin de cette année encore, il faudrait déjà trouver 3 à 4 milliards d’euros mais il faudra encore voir si tout cela sera possible sans que les syndicats sortent de leurs pantoufles. De plus, quelle qu’en soit la manière, lors du scrutin régional et européen de 2009, Leterme risque de voir sa politique punie.

    CAP : tirer les leçons des résultats

    Avec 21.215 voix au Sénat (0,32%) – 8.277 voix (0,33%) pour le collège francophone et 12.938 (0,32%) pour le collège néerlandophone – et 20.083 pour la Chambre (0,30%), le CAP récolte un peu plus que les 19.841 voix du MAS/LSP aux élections européennes de 2004. Mais si le CAP fait mieux que le MAS dans la partie francophone (8.277 voix / 0,33% au lieu de 5.675 / 0,23%), il fait moins que le LSP dans la partie néerlandophone (12.938 voix / 0,32% au lieu de 14.166 / 0,35%) !

    C’est moins que ce que nous espérions, en nous basant sur une bonne campagne électorale et sur les bonnes réponses que nous avons reçues là où nous avons été capables d’expliquer notre projet. En Flandre, le PVDA+ a obtenu pour le Sénat presque 3 fois le chiffre du CAP (34.768). En Wallonie, tant le PTB+ avec 20.039 voix que le PC avec 19.632 voix ont obtenu plus du double du CAP. Que le CAP ait réussi à obtenir à Peer 5,32% avec l’ancien bourgmestre SP.a Jules Doutremont illustre le potentiel mais nous n’avons pas été capables de transférer cet effet ailleurs. Comment pensons-nous pouvoir expliquer ces résultats et comment continuer ?

    Evidemment, tant le PC que le PTB existent depuis des décennies là où le CAP vient à peine de se créer et reste encore inconnu chez une grande partie des électeurs. Nous connaissons la signification de cela : lors de notre première participation électorale au Sénat en Flandre en 2003, nous avons dû affronter le même phénomène et nous avions obtenu 8.337 voix. Une année plus tard, ce chiffre était grimpé, aux élections européennes, à 14.166. De plus, le CAP – pour le PC et le PTB, cela n’a pas été beaucoup mieux – a été complètement exclu des médias. Dans une époque où les élections se jouent surtout à travers les médias et où les tracts classiques et les affiches n’influencent les résultats que marginalement, c’est un énorme handicap. Le budget du CAP – 20.000 EUR (nationalement !) – était probablement le plus petit de tous les partis.

    De plus, beaucoup de temps a été perdu dans des discussions qui ont duré trop longtemps et qui ont miné nos possibilités d’implanter, de construire et de profiler le CAP. Dès le début, le CAP avait choisi d’être une formation nationale dans laquelle tous ceux qui désiraient lutter contre le néo-libéralisme étaient les bienvenus tout en gardant leur propre identité. C’était la base sur laquelle le MAS/LSP s’était engagé dans le CAP. Mais, du côté francophone, s’est créé, sur base d’un appel dans La Libre Belgique, « Une Autre Gauche ». UAG avait une vision totalement différente : un modèle confédéral avec deux directions différentes et une série de règles qui limitaient le droit de garder sa propre identité. Il a malheureusement fallu attendre jusqu’en février 2007 pour obtenir de la clarté à ce sujet. En décembre encore, certains prétendaient que le CAP avait échoué. Les difficultés internes ont été instrumentalisées par des concurrents pour présenter le CAP comme une bande en perpétuel conflit avec elle-même, le CAP francophone comme un « MAS+ »,… Comme nous le savons, des partis qui sont divisés par des querelles internes font des mauvais scores, surtout s’ils se présentent pour la première fois aux élections.

    Les trois initiateurs – Georges Debunne, Lode Van Outrive et surtout Jef Sleeckx – ont joué un rôle-clé dans la mise sur pied du CAP et nous leur en sommes reconnaissants. Malheureusement, aucun des trois n’a été prêt à participer aux élections pour le CAP – et en particulier Jef, pour des raisons familiales compréhensibles, alors que beaucoup de membres, dont le MAS/LSP, l’attendaient. Si Jef avait participé, nous aurions probablement été invités, comme le PTB l’a été, à l’émission « Doe de Stemtest » et les médias auraient accordé plus d’attentions au CAP. Cela aurait été une aide appréciable pour populariser le CAP. C’est d’ailleurs pour cette raison – le refus de Jef d’être candidat aux élections – qu’à la fin de l’année passée, le PTB a refusé la proposition d’un cartel PVDA+/CAP à Anvers. Comme si cela ne suffisait pas, une petite minorité du CAP a plaidé en faveur de la proposition de Groen ! de former une « bande rouge » de candidats CAP sur les listes de Groen !, proposition rejetée par une large majorité du CAP (90%), mais qui a contribué à une confusion durable, entre autres parce que quelques-uns ont passé outre à cette décision et se sont tout de même présentés comme candidats sur les listes de Groen !, occasion utilisée pour que la presse parle enfin du CAP, mais de quelle manière !

    Certains ont plaidé qu’il ne fallait pas participer aux élections fédérales pour attendre jusqu’aux élections régionales et européennes de 2009. Tout comme la majorité du CAP, le MAS/LSP n’a pas trouvé qu’il s’agissait là d’une bonne idée. Le Pacte des Générations est déjà derrière nous depuis plus d’une année, la situation est plus que mûre pour une nouvelle formation large des travailleurs. Le mécontentement contre la politique néo-libérale est énorme, nous l’avons constaté dans de nombreuses grèves spontanées et cela est confirmé élection après élection par les grands glissements de votes, bien qu’hélas – à cause de notre absence dans les médias et nos moyens financiers limités – pas encore dans la direction que nous souhaitons. Le nouveau gouvernement va d’ailleurs encore renforcer la politique néo-libérale, s’attaquer fortement aux services publics et probablement limiter encore plus le droit de grève entre autres par l’introduction d’un service minimum dans certaines entreprises et secteurs. Il sera crucial d’assurer que le nom et le projet du CAP soit connu à ce moment-là. Si nous n’avions participé aux élections pour la première fois qu’en 2009, nous aurions alors été désespérément en retard sur les faits.

    Chaque syndicaliste peut nous décrire en couleur et en odeur comment l’unité se forge à travers l’action et n’est obtenue que très rarement par la discussion abstraite. La majorité du CAP était convaincue que nous n’allions pas casser la baraque avec notre participation bien que la majorité d’entre nous, y compris le MAS/LSP, avait espéré un résultat un peu meilleur. Mais cela ne pèse pas en comparaison avec la camaraderie et la bonne collaboration qui a été forgée lors de la campagne entre des gens provenant pourtant d’horizons très divers : des ex-sociaux-démocrates, des ex-verts, des membres du MAS/LSP, des indépendants, des syndicalistes de la CSC et de la FGTB,… Nous n’avons pas obtenu un score terrible et pas non plus ce que nous avions espéré mais, durant la campagne, nous avons forgé une unité plus consolidée et nous avons placé le CAP, bien que de façon modeste, sur la carte politique.

    Finalement, nous voulons citer quelques défaillances de la campagne :

    • nous pensons qu’il est temps de laisser derrière nous les discussions sans fin. Cela ne signifie pas que nous ne voulons plus discuter avec des groupes qui défendent un autre projet mais ces discussions ne peuvent plus paralyser durant des mois la construction du CAP.
    • nous pensons aussi que notre affiche électorale « Une autre politique est possible » était trop vague, que beaucoup d’électeurs ne savaient pas vraiment où situer le Comité pour une Autre Politique. En ce sens, les affiches du PC et celles du PTB étaient beaucoup plus claires. Il nous manquait aussi un thème clair : « On en a marre des assainissements » ou « Contre l’inégalité » ou quelque chose de ce genre nous aurait mieux positionné à gauche.
    • enfin, nous avons systématiquement mis l’accent sur la nécessité d’un programme en dix points courts et clairs dont l’essentiel serait vu en un coup d’oeil. Hélas, nous en sommes restés à un programme très correct, mais aussi trop étendu pour les élections, sur le site internet.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste n’est pas satisfait des résultats du CAP mais il l’est par le déroulement de la campagne et par la consolidation du groupe qui a été forgé durant cette campagne. La nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs se posera systématiquement à l’avenir. Pour répondre à cela, le CAP a posé les premières fondations, il faut maintenant construire sur celles-ci. Nous espérons qu’à l’avenir, plus de groupes et d’individus trouveront le chemin du CAP et que le CAP continuera à intervenir avec autant d’acharnement dans les conflits sociaux, comme il l’a fait à La Poste, Volkswagen et Opel. Peut-être le CAP ne deviendra-t-il jamais ce « nouveau parti des travailleurs » mais on ne court un marathon qu’après s’y être préparé petit à petit. Le CAP est le premier lancement et pendant que le CAP se construit, nous serons toujours ouverts à collaborer, à fusionner, ou même à adhérer à des groupes qui voudront construire avec nous ce nouveau parti.

  • Reynders dans une position moins confortable que Leterme

    Il y a évidemment d’énormes différences entre la situation politique en Wallonie et à Bruxelles et celle en Flandre. Le PS paie par une perte de 7% les innombrables scandales dans lesquels le parti est impliqué. Dans la province du Hainaut, la perte monte jusqu’à 10% avec un pic de 15 % à Charleroi.

    A Bruxelles-Hal-Vilvorde, le PS tient mieux le coup (-1,6%) bien qu’avec un pic de -5,6% à Saint-Gilles, la commune du ministre-président Picqué. Mais, malgré tout, le PS reste un poids lourd considérable avec 26,8%, en partie parce que, contrairement au SP.a, le PS réussit encore à se présenter comme celui qui défend le tissu social contre les attaque de l’ultra-libéral Reynders. Le MR devient bien, pour la première fois depuis 1946, la formation ayant le plus grande score, mais cela est plutôt dû au recul du PS qu’à ses propres prestations. Les chrétiens-démocrates de Milquet avancent légèrement mais c’est surtout ECOLO qui profite de la perte du PS et ressort du scrutin comme le grand vainqueur. Reynders affirme que ce résultat est en soi une réforme d’Etat. Il admet ainsi implicitement ce que De Tijd (le pendant flamand de L’Echo de la Bourse) avait déjà dit sur la réforme d’Etat, à savoir que l’objectif principal de cette réforme est la cassure du tissu social.

    Là où Leterme dispose d’une majorité confortable pour s’attaquer aux acquis sociaux, Reynders se trouve dans une situation plus difficile. D’abord, il doit tenir compte de l’avancée d’ECOLO qui se dit bien prêt à rentrer dans un gouvernement mais pas à n’importe quel prix. Ensuite, Milquet crie qu’elle n’est pas prête à accepter une réforme d’Etat qui nuise aux francophones. Finalement, Reynders plus encore que Leterme, devra tenir compte de la rue. Vande Lanotte a déjà déclaré que le SP.a est préparé à une cure d’opposition, que le parti est éventuellement préparé à soutenir une réforme d’Etat à tout en étant dans l’opposition et donc à fournir la majorité nécessaire. Si le SP.a atterrit dans l’opposition, nous nous attendons plutôt à une opposition douce, à ce qu’ils appellent une « opposition constructive », selon le modèle des Démocrates américains. Le sommet de l’ABVV sera peut-être un peu bousculé, mais ce n’est pas dans sa nature de prendre l’initiative d’organiser la résistance. Par ailleurs, avec le CD&V dans le gouvernement, l’ACV ne sortira pas vite ses troupes.

    Ce sera différent en Wallonie. Jusqu’ici, le PS a été capable de vendre la politique de casse sociale en exerçant une pression sur ses amis de la direction de la FGTB et d’ailleurs également sur la CSC. Dans l’opposition, le PS ne sera pas prêt à sortir les marrons du feu pour Reynders. Au contraire. Une opposition du PS ne sera ni douce, ni constructive mais dure. Ceci évidemment dans le cas où les socialistes atterrissent dans l’opposition.

    Dans les syndicats, ce résultat électoral provoquera pas mal de discussions. Au sommet, on mettra en avant la « droitisation » et on voudra encore plus évoluer vers des syndicats de service. A la base, et peut-être même parmi les cadres intermédiaires, on voudra tirer le bilan de la manière dont les syndicats ont avalé la politique de la Violette. L’appel ouvert de la part de l’ABVV dans le Nieuwe Werker (journal de la FGTB flamande) à voter pour certains délégués syndicaux qui étaient présents sur les listes du SP.a n’aura pas été digéré par beaucoup. Le mauvais résultat de SP.a-Spirit et les maigres scores des quatre candidats issus de l’ABVV sera considéré comme une punition.

  • Former un gouvernement devient extrêmement difficile

    Leterme est confronté à une tâche extrêmement difficile : il doit à lui-même et à son partenaire de cartel le fait de devoir obtenir une réforme d’Etat. Mais il doit faire attention aux extrémistes qui lui poussent dans le dos et sont déjà prêt à crier « trahison ! ». Il ne peut se permettre de laisser son partenaire de cartel les mains vides.

    Du côté flamand, le SP.a aurait été un partenaire souhaitable mais il est temporairement dans les cordes. Les Verts et surtout leur position confuse sur le plan communautaire ne conviennent pas tellement au CD&V-NVA. Reste le VLD, mais c’est justement le parti qui, sur le plan communautaire, se dit en faveur d’un renforcement du niveau fédéral, un discours qu’on aime pas entendre dans les cercles de la NVA. Par contre, la liste Dedecker, favorable à une réforme de l’Etat dans le sens confédéral, sera probablement tenue hors des discussions par le VLD.

    Du côté francophone, Leterme peut faire des affaires avec les libéraux du MR mais il sera confronté à la résistance du partenaire de sa propre famille, le CDH. Dans le scénario de l’ « Orange bleue », il peut de plus s’attendre à un PS dans l’opposition qui punira sans merci chaque concession francophone sur le plan communautaire. Dans ce sens, il ne semble pas que la formation du prochain gouvernement se fera facilement ; elle pourrait bien se tirer en longueur. Peut-être même au point où Leterme sera forcé de faire le choix déchirant d’en arriver à une cassure avec la NVA si une coalition Orange bleue, avec éventuellement un troisième partenaire, se casse le nez sur une réforme d’Etat. Dans ce cas, une tripartite classique, éventuellement avec le SP.a encore sur les bancs de l’opposition, n’est pas à exclure. Un tel gouvernement sera inévitablement un cabinet de crise qui jettera l’éponge aux alentours des élections régionales de 2009.

    Leterme sera d’ailleurs confronté à des défis socio-économiques qui ne seront pas minces. Surtout dans le cas où une majorité Orange bleue serait formée, le patronat saisira l’occasion pour annoncer son cahier de revendications : la limitation des allocations de chômage dans le temps, une forte baisse des charges patronales, le report de la fermeture des centrales nucléaires, un assainissement fort des services publics,… Tout cela approche. Vers la fin de cette année encore, il faudrait déjà trouver 3 à 4 milliards d’euros mais il faudra encore voir si tout cela sera possible sans que les syndicats sortent de leurs pantoufles. De plus, quelle qu’en soit la manière, lors du scrutin régional et européen de 2009, Leterme risque de voir sa politique punie.

  • CAP : tirer les leçons des résultats

    Avec 21.215 voix au Sénat (0,32%) – 8.277 voix (0,33%) pour le collège francophone et 12.938 (0,32%) pour le collège néerlandophone – et 20.083 pour la Chambre (0,30%), le CAP récolte un peu plus que les 19.841 voix du MAS/LSP aux élections européennes de 2004. Mais si le CAP fait mieux que le MAS dans la partie francophone (8.277 voix / 0,33% au lieu de 5.675 / 0,23%), il fait moins que le LSP dans la partie néerlandophone (12.938 voix / 0,32% au lieu de 14.166 / 0,35%) !

    C’est moins que ce que nous espérions, en nous basant sur une bonne campagne électorale et sur les bonnes réponses que nous avons reçues là où nous avons été capables d’expliquer notre projet. En Flandre, le PVDA+ a obtenu pour le Sénat presque 3 fois le chiffre du CAP (34.768). En Wallonie, tant le PTB+ avec 20.039 voix que le PC avec 19.632 voix ont obtenu plus du double du CAP. Que le CAP ait réussi à obtenir à Peer 5,32% avec l’ancien bourgmestre SP.a Jules Doutremont illustre le potentiel mais nous n’avons pas été capables de transférer cet effet ailleurs. Comment pensons-nous pouvoir expliquer ces résultats et comment continuer ?

    Evidemment, tant le PC que le PTB existent depuis des décennies là où le CAP vient à peine de se créer et reste encore inconnu chez une grande partie des électeurs. Nous connaissons la signification de cela : lors de notre première participation électorale au Sénat en Flandre en 2003, nous avons dû affronter le même phénomène et nous avions obtenu 8.337 voix. Une année plus tard, ce chiffre était grimpé, aux élections européennes, à 14.166. De plus, le CAP – pour le PC et le PTB, cela n’a pas été beaucoup mieux – a été complètement exclu des médias. Dans une époque où les élections se jouent surtout à travers les médias et où les tracts classiques et les affiches n’influencent les résultats que marginalement, c’est un énorme handicap. Le budget du CAP – 20.000 EUR (nationalement !) – était probablement le plus petit de tous les partis.

    De plus, beaucoup de temps a été perdu dans des discussions qui ont duré trop longtemps et qui ont miné nos possibilités d’implanter, de construire et de profiler le CAP. Dès le début, le CAP avait choisi d’être une formation nationale dans laquelle tous ceux qui désiraient lutter contre le néo-libéralisme étaient les bienvenus tout en gardant leur propre identité. C’était la base sur laquelle le MAS/LSP s’était engagé dans le CAP. Mais, du côté francophone, s’est créé, sur base d’un appel dans La Libre Belgique, « Une Autre Gauche ». UAG avait une vision totalement différente : un modèle confédéral avec deux directions différentes et une série de règles qui limitaient le droit de garder sa propre identité. Il a malheureusement fallu attendre jusqu’en février 2007 pour obtenir de la clarté à ce sujet. En décembre encore, certains prétendaient que le CAP avait échoué. Les difficultés internes ont été instrumentalisées par des concurrents pour présenter le CAP comme une bande en perpétuel conflit avec elle-même, le CAP francophone comme un « MAS+ »,… Comme nous le savons, des partis qui sont divisés par des querelles internes font des mauvais scores, surtout s’ils se présentent pour la première fois aux élections.

    Les trois initiateurs – Georges Debunne, Lode Van Outrive et surtout Jef Sleeckx – ont joué un rôle-clé dans la mise sur pied du CAP et nous leur en sommes reconnaissants. Malheureusement, aucun des trois n’a été prêt à participer aux élections pour le CAP – et en particulier Jef, pour des raisons familiales compréhensibles, alors que beaucoup de membres, dont le MAS/LSP, l’attendaient. Si Jef avait participé, nous aurions probablement été invités, comme le PTB l’a été, à l’émission « Doe de Stemtest » et les médias auraient accordé plus d’attentions au CAP. Cela aurait été une aide appréciable pour populariser le CAP. C’est d’ailleurs pour cette raison – le refus de Jef d’être candidat aux élections – qu’à la fin de l’année passée, le PTB a refusé la proposition d’un cartel PVDA+/CAP à Anvers. Comme si cela ne suffisait pas, une petite minorité du CAP a plaidé en faveur de la proposition de Groen ! de former une « bande rouge » de candidats CAP sur les listes de Groen !, proposition rejetée par une large majorité du CAP (90%), mais qui a contribué à une confusion durable, entre autres parce que quelques-uns ont passé outre à cette décision et se sont tout de même présentés comme candidats sur les listes de Groen !, occasion utilisée pour que la presse parle enfin du CAP, mais de quelle manière !

    Certains ont plaidé qu’il ne fallait pas participer aux élections fédérales pour attendre jusqu’aux élections régionales et européennes de 2009. Tout comme la majorité du CAP, le MAS/LSP n’a pas trouvé qu’il s’agissait là d’une bonne idée. Le Pacte des Générations est déjà derrière nous depuis plus d’une année, la situation est plus que mûre pour une nouvelle formation large des travailleurs. Le mécontentement contre la politique néo-libérale est énorme, nous l’avons constaté dans de nombreuses grèves spontanées et cela est confirmé élection après élection par les grands glissements de votes, bien qu’hélas – à cause de notre absence dans les médias et nos moyens financiers limités – pas encore dans la direction que nous souhaitons. Le nouveau gouvernement va d’ailleurs encore renforcer la politique néo-libérale, s’attaquer fortement aux services publics et probablement limiter encore plus le droit de grève entre autres par l’introduction d’un service minimum dans certaines entreprises et secteurs. Il sera crucial d’assurer que le nom et le projet du CAP soit connu à ce moment-là. Si nous n’avions participé aux élections pour la première fois qu’en 2009, nous aurions alors été désespérément en retard sur les faits.

    Chaque syndicaliste peut nous décrire en couleur et en odeur comment l’unité se forge à travers l’action et n’est obtenue que très rarement par la discussion abstraite. La majorité du CAP était convaincue que nous n’allions pas casser la baraque avec notre participation bien que la majorité d’entre nous, y compris le MAS/LSP, avait espéré un résultat un peu meilleur. Mais cela ne pèse pas en comparaison avec la camaraderie et la bonne collaboration qui a été forgée lors de la campagne entre des gens provenant pourtant d’horizons très divers : des ex-sociaux-démocrates, des ex-verts, des membres du MAS/LSP, des indépendants, des syndicalistes de la CSC et de la FGTB,… Nous n’avons pas obtenu un score terrible et pas non plus ce que nous avions espéré mais, durant la campagne, nous avons forgé une unité plus consolidée et nous avons placé le CAP, bien que de façon modeste, sur la carte politique.

    Finalement, nous voulons citer quelques défaillances de la campagne :

    • nous pensons qu’il est temps de laisser derrière nous les discussions sans fin. Cela ne signifie pas que nous ne voulons plus discuter avec des groupes qui défendent un autre projet mais ces discussions ne peuvent plus paralyser durant des mois la construction du CAP.
    • nous pensons aussi que notre affiche électorale « Une autre politique est possible » était trop vague, que beaucoup d’électeurs ne savaient pas vraiment où situer le Comité pour une Autre Politique. En ce sens, les affiches du PC et celles du PTB étaient beaucoup plus claires. Il nous manquait aussi un thème clair : « On en a marre des assainissements » ou « Contre l’inégalité » ou quelque chose de ce genre nous aurait mieux positionné à gauche.
    • enfin, nous avons systématiquement mis l’accent sur la nécessité d’un programme en dix points courts et clairs dont l’essentiel serait vu en un coup d’oeil. Hélas, nous en sommes restés à un programme très correct, mais aussi trop étendu pour les élections, sur le site internet.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste n’est pas satisfait des résultats du CAP mais il l’est par le déroulement de la campagne et par la consolidation du groupe qui a été forgé durant cette campagne. La nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs se posera systématiquement à l’avenir. Pour répondre à cela, le CAP a posé les premières fondations, il faut maintenant construire sur celles-ci. Nous espérons qu’à l’avenir, plus de groupes et d’individus trouveront le chemin du CAP et que le CAP continuera à intervenir avec autant d’acharnement dans les conflits sociaux, comme il l’a fait à La Poste, Volkswagen et Opel. Peut-être le CAP ne deviendra-t-il jamais ce « nouveau parti des travailleurs » mais on ne court un marathon qu’après s’y être préparé petit à petit. Le CAP est le premier lancement et pendant que le CAP se construit, nous serons toujours ouverts à collaborer, à fusionner, ou même à adhérer à des groupes qui voudront construire avec nous ce nouveau parti.

  • Elections 2007: Austérité et Solidarité sont sur un bateau…

    “Noir, c’est noir", chantait Didier Reynders lors du 1er Mai du MR. On comprend qu’il aime chanter cette couleur, c’est celle qu’il réserve à notre avenir. Et il n’est pas le seul…

    Par Nicolas Croes, 3e suppléant sur la liste du Sénat

    MR : Austérité contre Solidarité

    La droite officielle est pour une nouvelle réduction de l’impôt des entreprises : de 33% actuellement, il devrait baisser à 20% ! D’une manière générale, l’idée du MR est de diminuer encore les taxes pour les patrons et de reporter les coûts en augmentant la TVA, que tout le monde paie de la même manière, riche ou pauvre. Autre point de programme intéressant : limiter les allocations de chômage dans le temps ! Car, pour le MR, quand il y a une offre d’emploi pour 130 demandes à La Louvière, le problème, ce sont les 129 chômeurs restants !

    PS : Austérité contre solidarité

    Quand Anne-Marie Lizin, qui mène la liste PS pour le Sénat, surfe sur la vague Ségolène Royal, c’est pour dire qu’elle a particulièrement apprécié la campagne de la candidate française car elle était moins idéologique que celle de Jospin en 2002… alors que celui-ci avait déjà lui même claironné que son programme n’avait rien de socialiste ! Pourtant, selon Armand De Decker, tête de liste MR au Sénat, le PS " se fait de plus en plus doctrinaire ". En reprenant la doctrine de la droite peut-être ?

    Au menu du PS pour l’emploi : accompagnement individualisé des chômeurs, droit au transport gratuit pour chercher un emploi,… Forcer les chômeurs, là aussi, à traquer un emploi qui n’existe pas – ou si peu. Autres paroles vides de sens, le refus que La Poste soit libéralisée d’ici 2008. Cela a pourtant déjà bien été entamé depuis des années et le PS a laissé faire.

    Malgré tout, le PS a reçu le soutien d’Anne Demelenne, Secrétaire Générale de la FGTB, qui a affirmé que " quand la gauche du pouvoir et du contre-pouvoir (PS et FGTB) est divisée , le libéralisme sauvage triomphe ". Le Pacte des Générations, c’était effectivement du libéralisme sauvage, mais le PS était au gouvernement et tous ses parlementaires l’ont voté le doigt sur la couture du pantalon…

    CDH : Austérité contre solidarité

    Pour Milquet, " on ne peut pas avoir un projet de société quand on défend une classe sociale au détriment de l’autre ". Dans un système basé sur l’exploitation d’une classe par l’autre, on pourrait se demander comment Joëlle compte arriver à ménager intelligemment la chèvre et le chou… Eh bien, par exemple, en supprimant les cotisations sociales sur les salaires minimum, ce qui, selon elle, permettrait de les augmenter. Mais une telle mesure servira surtout à encourager les patrons à diminuer les salaires pour qu’ils deviennent moins taxés. Pour lutter contre la pauvreté, peut-être est-ce l’inverse qu’il faudrait faire…

    ECOLO : Austérité contre solidarité

    Depuis 1992, ECOLO a accepté de " décroiser la question des services de la question de la propriété des opérateurs ". Plus besoin donc que les services destinés à la collectivité soient gérés par celle-ci. En ayant ainsi accepté la privatisation, Ecolo est bien hypocrite de s’indigner aujourd’hui parce que la libéralisation de l’énergie fait flamber les prix pour le consommateur.

    ECOLO dirige ses critiques contre “l’Etat social actif” cher à la coalition libérale-socialiste (“un système qui culpabilise sans tenter de rendre capable”) mais quand les Verts parlent d’augmenter les bas salaires, c’est, par exemple, en permettant au travailleur de garder pendant trois ans les avantages (sic) auxquels il avait droit en tant que chômeur. Encore une fois, ce ne sera pas au patron de relever les salaires !

    ECOLO déclare se méfier du MR “qui privilégie le capitalisme ultra-libéral”. De la part d’un parti dont deux des trois membres de la direction collégiale partagent le pouvoir dans leur commune avec le MR, c’est assez comique…

    CAP : Solidarité contre austérité!

    Finalement, les partis établis sont bien tous d’accord. Pour eux, les patrons semblent être une espèce en voie de disparition qu’il faut protéger. Aucun de ces partis ne s’oppose clairement aux amalgames “chômeurs-profiteurs”, “grévistes-preneurs d’otages” que certains reprennent même avec entrain. Tout doit être fait pour sauver les riches. C’est pourtant vrai qu’il y en a de moins en moins… pour de plus en plus de pauvres.

    Pour la solidarité avant l’austérité, tournez-vous vers le CAP !

  • Les travailleurs, les chômeurs et les pauvres ont besoin de leur propre parti !

    Depuis 1995 déjà, le MAS/LSP met en avant la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. A cette époque, le Plan Global était encore dans toutes les mémoires mais les directions syndicales avaient encore réussi à convaincre leur base que la coalition chrétienne-“socialiste” au pouvoir était “le gouvernement le plus à gauche possible”.

    Par Anja Deschoemacker, 3e sur la liste néerlandophone pour le Sénat

    Aujourd’hui, les choses ont bien évolué. Depuis des années, le PS commence enfin à être vu comme l’architecte de la casse sociale. Au vu de la résistance contre ce démantèlement de nos acquis – entre autres les centaines de milliers de grévistes et de manifestants contre le Pacte des Générations – il est clair que « le fossé entre le citoyen et la politique » dont parlent les médias signifie surtout que la grande majorité de la population ne se sent plus représentée politiquement.

    Un vote utile ?

    Beaucoup de travailleurs, de chômeurs, de pensionnés et de jeunes vont pourtant de nouveau opter pour le soi-disant « vote utile à gauche ». Ce processus, en France, a permis à Ségolène Royal d’obtenir un bon score au premier tour des présidentielles tandis que Tony Blair a pu se maintenir au pouvoir pendant dix ans en Grande-Bretagne, et ce malgré l’énorme chute de popularité du New Labour. Chez nous, les partis socialistes viennent de passer 20 années d’affilée au pouvoir malgré leur participation à toutes les privatisations et au démantèlement de nos droits et acquis.

    Nous comprenons les motivations de ces électeurs qui veulent voter « utile » mais nous pensons que l’expérience des dernières décennies démontre que ce vote « utile » ne nous mène à rien sauf à une politique de démantèlement social négociée.

    Si on parle en termes d’équivalents temps plein, aucun emploi supplémentaire n’a été créé au cours de ce dernier quart de siècle et la part des salaires dans la richesse nationale a constamment diminué, tout comme le pouvoir d’achat des salariés, notamment à cause du coût toujours croissant du logement. Beaucoup de services publics sont quant à eux soit déjà privatisés, soit en passe de l’être et les conditions de travail y sont souvent devenues plus pénibles pour un service aux usagers fortement diminué (au contraire des prix…).

    Contre tout cela, un “vote utile” n’est pas suffisant. Le prochain gouvernement – où seront très probablement à nouveau présents le PS et le SP.a – va poursuivre les attaques contre les pensions et les chômeurs tout en continuant à donner des cadeaux aux patrons sous forme, notamment, des diminutions de charges patronales qui minent notre sécurité sociale….

    Résistance !

    La lutte contre la régression sociale sera en grande partie une lutte syndicale. Pour la mener de manière efficace, il est nécessaire de rassembler les militants syndicaux combatifs dans un parti capable de les armer avec un programme et une stratégie corrects.

    Nous ne pouvons pas garantir que le CAP deviendra un nouveau parti large de gauche qui défende de façon conséquente les intérêts des travailleurs, des chômeurs et des pauvres. Mais, ce qui est sûr, c’est que le CAP offre une opportunité qui doit être saisie à pleines mains. Si le CAP ne se développe pas, nous en serons réduits une nouvelle fois à entrer dans les prochaines luttes sans aucune réponse politique du mouvement ouvrier.

    Nous pensons que le CAP a un potentiel gigantesque. Les résultats électoraux ne pourront exprimer ce potentiel que très partiellement, mais la campagne électorale offre une excellente base pour construire cette initiative. Après les élections, le MAS/LSP va donc continuer ses efforts pour aider à construire le CAP avec autant d’enthousiasme et d’énergie !

  • Tf1 en campagne… idéologique

    Dans le journal parlé du 21/05/2007 sur la télévision de Bouygues, un journaliste ouvre son reportage par ce commentaire : « bonne nouvelle, les Français s’endettent… », il tempère un peu sa joie en poursuivant plus loin : « il y a aussi de plus en plus de surendettement.. .». L’analyse du journaliste étant que un ménage qui s’endette a confiance en l’avenir et en l’économie.

    Alain. (Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi, n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des artciles, rapports d’actions, réflexions,…: redaction@lsp-mas.be)

    Les politiques monétaires et fiscales menées dans la zone euro ces dernières années ont permis une explosion des bénéfices (transfert d’une partie des revenus du travail vers le capital) qui ne sont plus réinvestis dans l’économie réelle. Cette masse monétaire vient donc gonfler le stock d’argent, rendant ainsi le crédit meilleur marché. Ceci permet au prolétariat de continuer à consommer en hypothéquant leur salaire futur. Cette situation les rendant de plus en plus dépendant des organismes financiers et à la merci d’une éventuelle crise.

    Il faut vraiment tout l’optimisme de l’idéologie libérale pour considérer l’augmentation du taux d’endettement comme une bonne nouvelle.

    Ce fait illustre, à lui seul, l’ensemble de la campagne présidentielle qui a mené à la victoire de monsieur Nicolas Sarkozy. L’ensemble du paradigme intellectuel développé par le candidat de la droite, asséné sans relâche par son camp et cautionné de manière plus ou moins ouverte par une partie de l’establishment médiatique et intellectuel, a été déroulé sans qu’il y ait eu en face un argumentaire de poids. Le parti socialiste de madame Ségolène Royal, est tombé dans tous les pièges stratégiques tendus par la droite. Cela est essentiellement dû au manque de fond politique.

    L’aggiornamento que la gauche doit effectuer si elle veut réussir à obtenir l’adhésion populaire, c’est d’abord de proposer une vision globale et cohérente de la société. Une vision qui ne considère pas l’augmentation du taux d’endettement comme une bonne nouvelle pour les travailleurs.

    La méthode d’analyse marxiste, que le partis sociaux démocrates ont abandonnés, est le seul outil qui permette de penser une voie de sortie du capitalisme et de son corollaire idéologique qu’est le libéralisme.

    Il est primordial de porter haut les valeurs et les analyses du socialisme révolutionnaire afin de pouvoir mobiliser dans le futur l’ensemble du prolétariat pour abattre le capitalisme.

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