Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Des marxistes protestent aussi en Israël: Stop au blocus!

    Ci-dessous, nous publions une déclaration raccourcie éditée le 31/05/2010 sur le site internet de Tnua’t Maavak Sozialisti / Harakat Nidal Eshtaraki (CIO-Israël):) concernant le meurtre de militants de la flottille chargée d’aide humanitaire qui se dirigeait vers Gaza.

    Déclaration de Tnua’t Maavak Sozialisti / Harakat Nidal Eshtaraki (Mouvement de Lutte Socialiste, CIO-Israël)

    Voici une première réponse du Mouvement de Lutte Socialiste (CIO) suite au meurtre de plusieurs participants au convoi d’aide international à destination de la Bande de Gaza, la nuit dernière. Nous appelons chacun à participer aux manifestations et aux protestations organisées en réaction.

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    Ce lundi, près de 20 militants ont été tués et d’autres blessés au cours d’un assaut violent organisé par le gouvernement israélien de droite contre la flottille internationale qui apportait de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Comme lors d’autres protestations, les militants n’avaient en aucune façon mis en danger la sécurité de résidents israéliens. Cette fois-ci, des hélicoptères ont été envoyés en dehors des territoires officiels d’Israël, de même que des navires de guerre, des commandos et 200 militaires.

    Le gouvernement israélien a cyniquement décliné toute responsabilité. Mais nous n’avons besoin d’aucune commission d’enquête pour comprendre que la responsabilité de ces meurtres repose sur les épaules des ministres. Il existe un blackout médiatique en Israël, la presse raconte que les soldats ont été attaqués sur un bateaux avec divers ‘objets’. Mais ces soldats n’avaient rien à faire là-bas. En réalité, l’armée avait été envoyée réprimer le droit de protester.

    Les ministres, leurs généraux et leurs journalistes essayent de dévier l’attention de la politique d’agression, de destruction et d’oppression de Bibi – Barak – Lieberman, qui comprend le siège et l’occupation de Gaza ainsi que les incitations au racisme contre la population arabo-palestinienne en Israël. Le gouvernement israélien qui opprime les Palestiniens attaque aussi les intérêts à long terme des résidents d’Israël.

    [Le Mouvement de Lutte Socialiste en Israël proclame que] la seule façon de sortir de ce désastre et des autres horreurs du conflit israélo-palestinien est la construction d’un large mouvement social des Israéliens et des Palestiniens, qui unisse les juifs et les arabes, contre la politique de diviser-pour-mieux-régner, contre le siège et l’occupation, contre toutes les oppressions et les discriminations, [et qui plaide pour] le respect des droits démocratiques des minorités, pour que tous soient égaux, et pour le renversement des élites capitalistes corrompues de la région.

    Le Mouvement de Lutte Socialiste soutient l’extension de la lutte pour le socialisme et [va participer et appeler à participer] aux manifestations de protestations de Tel-Aviv, Jérusalem et Haïfa derrière les slogans et chants suivants :

    • Protester, ce n’est pas du terrorisme! Pour la fin du siège de Gaza !
    • La sécurité ne se construit pas sur les cadavres des manifestants !
    • La menace de la sécurité vient du gouvernement raciste!
    • Les actes de l’Etat israélien ne rendent pas nos vies plus sûres, c’est un désastre. Le gouvernement israélien ment.
    • Non au meurtre des manifestants !
    • Non à l’utilisation de soldats contre les civils !
    • Non au couvre-feu!
    • Les juifs refusent d’être les ennemis des Palestiniens !
    • Plus de moyens pour l’enseignement, pas pour le siege et l’occupation !
    • Pour la rehabilitation des services publics et des soins de santé, non à la guerre !
    • Pour la fin du siege, le démantellement des colonies, le renversement du Mur, la fin de la séparation et du racisme !
    • Pour la fin de l’occupation !
  • Attaque scandaleuse contre l’aide en direction de la Palestine

    Un convoi d’aide en route vers Gaza a été attaqué par l’armée israélienne. Selon les médias, il y aurait eu au moins 20 morts. L’armée prétend que ce sont les gens du convoi d’aide qui ont lancé l’attaque. Le régime israélien fait tout pour mettre sous pression la solidarité avec les Palestiniens et ceux qui veulent donner de l’aide aux habitants de la bande de Gaza sont également victimes de la répression et de la violence qui touche les Palestiniens.

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    Les navires étaient en route de Chypre vers la bande de Gaza, avec presque 700 militants sur différents bateaux et des dizaines de tonnes d’aide. C’était une horreur pour le régime israélien, qui avait d’ailleurs annoncé que les navires ne parviendraient jamais à Gaza.

    L’eurodéputé irlandais du Comité pour une Internationale Ouvrière, Joe Higgins, avait déclaré fin de la semaine dernière: «J’apprécie les efforts des militants d’innombrables pays pour fournir des médicaments et des stocks de nourriture de première nécessité à la population de Gaza. Cette population vit dans des conditions terribles, dans une prison à ciel ouvert imposée par le régime israélien.»

    «Les navires en route vers Gaza sont menacés par l’armée israélienne. J’appelle à intensifier la pressions pour assurer que les secours arrivent sur le champ. J’irai d’ailleurs trouver l’ambassadeur israélien à Dublin.

    «Mais bien plus que d’une pression diplomatique, nous avons besoin d’une campagne massive de résistance en Israël et en Palestine qui puisse unir dans l’action les travailleurs et les pauvres Palestiniens et juifs contre l’oppression systématique de la population palestinienne par l’Etat israélien. Notre organisation-sœur dans la région, le Mouvement de Lutte Socialiste, plaide pour un tel programme et pour une fédération volontaire de deux Etats démocratiques et socialistes, sur base d’un accord sur les frontières et du respect des droits des minorités.»

  • Palestine: El Jidar Lazem Inhar! – «Le mur doit tomber!»

    Un millier de personnes ont manifesté ce vendredi 19 février dans le village palestinien de Bil’in, dans la zone occupée de Cisjordanie, pour marquer les cinq ans de lutte et de manifestations hebdomadaires par le village contre le mur de séparation d’Israël, qui annexe 50% de leur territoire (environ 2 km²) au bénéfice de la grande colonie juive ultra-orthodoxe voisine de Modi’in-‘ilit. Les militants du CIO en Israël ont participé à cette manifestation contre le «Mur de la honte».

    Maavak Sotzyalisti (CIO-Israël/Palestine)

    Les manifestants sont parvenus à démolir deux sections du mur, et même à hisser le drapeau palestinien au sommet du poste militaire qui se trouve derrière. L’armée a répondu moins violemment que d’habitude, à cause de l’attention médiatique accrue de cette semaine, et s’est «contentée» d’envoyer un tir de barrage de gaz lacrymogènes projetés à quelques centaines de mètres (touchant même plusieurs enfants en bas âge), en plus de tirs de balles en caoutchouc, et du liquide «Putois» (une invention de la police israélienne, sortes de boules puantes avec une odeur qui colle aux vêtements et à la peau pendant des jours et des jours).

    Selon un porte-parole de l’armée, les dégâts infligés au mur sont estimés à des centaines de milliers de shekels (1 shekel valant 0,2 €). Malheureusement, il est probable que le gouvernement israélien injecte plus d’argent du contribuable dans l’entretien du Mur. Maavak Sotzyalisti – section du CIO en Israël/Palestine – a participé aux mouvements de protestation contre le mur de séparation ces dernières années, partout où c’était possible, que ce soit à Bil’in ou ailleurs en Cisjordanie, à Jérusalem-Est ou en Israël. Au cours de la dernière manifestation, nous avons organisé un bloc à l’intérieur du cortège vers le mur, avec des pancartes sur lesquelles étaient inscrits des slogans à la fois en arabe et en hébreu – tels que «La solidarité vaincra l’occupation, l’oppression et la pauvreté» ou «Démantelez le Mur, les checkpoints, les colonies, à bas l’occupation».

    Nous avons aussi crié des slogans en arabe, en hébreu et en anglais, y compris «Le Mur n’est pas une solution – l’occupation c’est la terreur», «Netanyahu et Barak – Notre lutte n’est pas finie», «Ceci n’est pas un Mur de sécurité – mais un vol de terres», «A Bil’in et à Sheikh-Jarakh [un quartier de Jérusalem-Est] – On va se battre, on ne fuira pas», «Le gouvernement des élites piétine nos familles – à Bil’in comme à Sderot [ville près de Gaza qui est souvent touchée par des tirs de roquettes]», «Investir dans l’emploi, pas dans l’occupation ou les colonies» et «Soldats, que gardez-vous? Des propriétés pour les colons», etc.

    Nous avons reçu un accueil chaleureux de la part des autres manifestants, et avons attiré certains manifestants palestiniens et israéliens, qui ont marché à nos côtés. Par exemple, un manifestant palestinien a tout d’un coup soulevé un de nos membres pendant 15 minutes pour crier des slogans.

    Un symbole international de lutte

    Bil`in est devenu un symbole international pour une lutte populaire large contre le Mur, réunissant non seulement des militants internationaux pour le soutien de solidarité, mais aussi un nombre exceptionnel d’Israéliens/Juifs qui ont participé aux manifestations hebdomadaires. Ceci se passe malgré que les régulières tentatives antidémocratiques de la police israélienne d’interdire l’accès à Bil’in aux manifestants israéliens, et malgré les efforts en parallèle par l’Etat de déporter les militants internationaux. La participation de manifestants israéliens a été encouragée dès le départ de la lutte en tant que principe stratégique par le Comité Populaire du village.

    Face à la répression militaire croissante de la lutte à Bil’in, et en Cisjordanie de manière générale – ce qui justifierait le fait que les résidents organisent leur propre autodéfense – les villageois insistent sur le fait qu’ils veulent mener une «lutte non-violente» afin de se défendre, mais ils sont néanmoins lourdement réprimés.

    Toute résistance contre le Mur est réprimée par «la seule démocratie du Moyen-Orient», pour divers prétextes, tels que l’«illégalité» des manifestations (à la suite d’une déclaration de «zone militaire fermée»), ou à cause des «jets de pierre» par les jeunes du village lors des bagarres avec l’armée (parfois lancées par des agents provocateurs infiltrés), ou encore l’endommagement du Mur par les manifestants. Presque toutes les manifestations contre le Mur en Cisjordanie sont brutalement et violemment dispersées, avec des méthodes qui incluent habituellement des balles en caoutchouc et autres munitions mortelles, différents types de grenades à gaz lacrymo, de grenade à effet de choc, de fluide Putois, etc.

    En avril dernier, l’armée a tué un des villageois, Bassem « Phil » Abu-Rahme, pour le punir d’avoir appelé un officier à calmer la répression. Bassem a rejoint la longue, longue liste des combattants d’autres villages qui tout comme lui sont morts lors de la longue lutte contre le Mur qui a débuté en 2002.

    Depuis juin, l’armée israélienne et le Shabak (services de sécurité israéliens) ont organisé arrestation après arrestation à Bil’in et dans le village en lutte voisin de Ni’lin. Près de 40 des 1.800 habitants de Bil’in, y compris certains dirigeants de la lutte et des adolescents, ont été arrêtés au cours de raids nocturnes par le Magav («Police frontalière » israélienne). Certains sont toujours détenus dans une prison militaire israélienne.

    Mais Bil’in peut aussi jusqu’ici être fier de certains succès partiels. En septembre 2007, la Cour Suprême israélienne, qui soutient la construction du Mur de manière explicite, a ordonné à l’armée de planifier un nouvel itinéraire pour celui-ci, comme elle l’a déjà fait auparavant afin de tempérer la résistance dans certaines autres zones où une lutte sérieuse s’est développée. La Cour ne peut pas ignorer le fait que l’itinéraire actuel prévoit non seulement d’encercler une colonie existante, mais aussi une vaste portion de territoire volé afin d’en faire des propriétés immobilières pour la colonie. La semaine dernière, des géomètres officiels sont venus dans la zone pour préparer le terrain pour une modification d’itinéraire. Ceci est une victoire importante. Cependant, même le nouvel itinéraire ne rendra qu’un tiers des terres volées au village et, bien entendu, le Mur sera toujours là.

    Impasse politique

    La manifestation de commémoration a commencé avec une série de discours par le maire de Genève, en visite, et des politiciens palestiniens, y compris le Premier Ministre Salam Fayad (un néolibéral extrémiste, ancien cadre de la Banque Mondiale et du FMI), et le libéral de gauche Moustafa Barghouti. Bil’in est un bastion traditionnel du Fatah, pourtant la scène reflétait le morne vide politique qui s’offre aux travailleurs et aux pauvres palestiniens.

    Quelle est la connexion entre ces dirigeants et la lutte populaire palestinienne ? Fayad peut bien parler de soutien à la lutte contre le Mur, mais en même temps, il appelle le Président palestinien, Mahmud ‘Abbas, à redémarrer des négociations avec l’actuel gouvernement israélien belliqueux et d’extrême-droite de Netanyahu, sans même parler de la reprise du projet de colonisation israélienne ni de l’escalade permanente de l’oppression des Palestiniens de Gaza et d’ailleurs.

    Sur l’arrière-plan d’un fort sentiment – compréhensible – en faveur d’une unité palestinienne, il est difficile de dire quelles sont les différences de programme entre les différents partis politiques laïques (le Hamas n’étant pas présent à cette manifestation). Malheureusement, les organisations de la gauche du Fatah ne sont plus que l’ombre des organisations de la gauche palestinienne d’il y a 20 ans, qui ont vécu pendant la Première Intifada et jusqu’à la chute de l’URSS et des accords d’Oslo, qui ont poussé les organisations de masse dans une complète impasse politique. Une anecdote qui illustre où mène ce processus: certains jeunes manifestants du FDLP (Front Démocratique pour la Libération de la Palestine) ont avoué être payés par leur parti pour se rendre à la manif.

    Des explosions sont à venir

    Cette lutte est loin d’être terminée. L’immense Mur de séparation, qui est démagogiquement présenté par la classe dirigeante israélienne comme étant une «Barrière de sécurité», est un des mécanismes lourds de l’occupation. Ses origines proviennent des accords d’Oslo. Le Premier Ministre de l’époque, Yitzhak Rabin (assassiné peu après), avait dit que: «Nous devons décider la séparation en tant que philosophie. Il faut qu’il y ait une frontière nette».

    Le Mur sert à approfondir les divisions nationales et à rendre le conflit encore plus compliqué. Il sert aussi à la classe dirigeante israélienne pour annexer les terres, avec le but d’imposer de nouvelles frontières futures. Derrière le Mur, c’est un camp de prisonniers géant et contrôlé par l’armée qui est en train de se développer, selon un modèle semblable à celui de la Bande de Gaza, excepté que celui-ci est bien plus disséqué. Il inclut des enclaves de colonies élitistes, avec des infrastructures séparées et, dans certains cas, qui incluent des nids de kahanistes-fascistes israéliens qui terrorisent la population palestinienne sur une base quotidienne. Les conditions impossibles qui sont imposées au Palestiniens de Cisjordanie, abandonnés «en-dehors» du Mur sont, en fait, un moyen de les forcer à se réinstaller «à l’intérieur» du Mur, ce qui profite aux ambitions démographiques de la classe dirigeante israélienne.

    Une Troisième Intifada est inévitable. Ceci est clair pour des couches de plus en plus larges de la classe dirigeante israélienne, et pour certains dirigeants impérialistes sur le plan international, qui essaient d’appeler à un nouvel accord de «paix» néocolonial, caché sous le masque d’un nouvel Etat pantin palestinien, en tant que «stratégie de sortie» pour «désamorcer» le conflit. Comme le montre l’exemple tragique de Gaza, surtout après le massacre perpétré l’an dernier par l’armée israélienne, même si la classe dirigeante israélienne décide à un certain stade (et ceci est très improbable à l’heure actuelle) de faire la concession d’un retrait des colonies, des bases militaires et de sa présence formelle dans la zone entourée par le Mur, le régime israélien est toujours capable de lancer une déferlante infernale sur la population israélienne. Et même si l’Autorité Palestinienne était définie, dans le futur, en tant qu’ « Etat » – du moins sur papier – le conflit ne serait pas résolu. Il ne peut pas se terminer, parce que le régime capitaliste israélien et ses soutiens impérialistes ne permettront pas que se développe un Etat palestinien véritablement indépendant à l’entrée d’Israël.

    Construire la résistance

    Seul un retour à une lutte populaire de masse offre une issue pour les Palestiniens, afin de remporter des concessions et finalement de renverser l’occupation et mettre un terme à l’oppression nationale. Mais sans une direction politique claire, qui se range du côté des travailleurs, des paysans et des pauvres palestiniens, tout soulèvement de ce genre sera incapable d’accomplir l’objectif de libérer les Palestiniens de l’oppression.

    Il y a un besoin urgent d’unir les forces réellement de gauche, les syndicats et les comités populaires, pour former un nouveau parti politique large dans les Territoires Palestiniens Occupés, en tant qu’alternative à la droite, à l’impasse du Fatah et du Hamas. La déception qui est ressentie par de nombreux Palestiniens par rapport à ces partis et forces traditionnels palestiniens crée un espace pour une telle initiative. Celle-ci devrait être basée autour d’un programme socialiste, avec une approche de classe claire, ayant pour but d’unir dans la lutte les classes ouvrières palestinienne et israélienne, tout en exigeant de véritables droits nationaux égaux. Au même moment, il y a la tâche vitale d’étendre le CIO dans cette région, et de créer une nouvelle organisation combative marxiste au sein des Territoires Palestiniens.

  • Un nouveau front contre Al-Qaeda au Yémen

    C’est de manière très discrète que les Etats-Unis ont ouvert un troisième front contre le réseau d’Al-Qaeda. A côté des opérations en Afghanistan et en Pakistan, ils ont maintenant lancé une opération militaire au Yémen. Le front de la « lutte contre le terrorisme se rapproche ainsi de l’Arabie Saoudite voisine immédiate du Yémen, mais aussi, de l’autre côté de la Mer Rouge, de la Somalie qui connaît également une montée des fondamentalistes.

    Geert Cool

    Le président Obama a déjà parlé de « quatre pays » où des terroristes préparent des attentats contre les Etats-Unis, citant l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen et la Somalie. En juin, Gilles De Kerchove, responsable européen chargé de la coordination de la lutte contre le terrorisme, déclarait déjà que le Yémen, de même que le Pakistan et le Maghreb, sont des régions où existent des menaces envers les intérêts européens. Ces derniers mois, la menace d’Al-Qaeda au Yémen est devenue encore plus évidente. L’annonce presqu’officielle d’une offensive militaire contre Al-Qaeda au Yémen va exporter l’instabilité et le chaos de l’Afghanistan et du Pakistan vers la péninsule arabe, à proximité immédiate du grand allié régional des Etats-Unis, l’Arabie Saoudite.

    Après l’attentat raté d’Umar Farouk Abdulmutallab, ce Nigérien qui a voulu faire exploser un avion américain et qui a habité au Yémen, l’attention portée à ce pays a fortement augmenté. Mais, en décembre déjà, des opérations militaires lancées par des troupes locales avaient fait plus de 100 morts. Ces opérations étaient menées par des troupes locales, mais avec le soutien explicite et direct de l’armée américaine. Plusieurs camps d’Al-Qaeda ont été attaqués, mais aussi des villages habités par des minorités ethniques et religieuses près de la frontière avec l’Arabie Saoudite. Selon la population locale, des avions de l’armée américaine ont participé activement aux opérations, bien que le gouvernement d’Obama nie toute implication active.

    Les autorités du Yémen estiment que 300 militants d’Al-Qaeda sont actifs dans leur pays, parmi lesquels une centaine de militants originaires de l’Arabie Saoudite. Beaucoup de ces militants étaient auparavant actifs au Pakistan (d’après des estimations sérieuses, il y aurait 8.000 combattants venus de l’étranger actifs dans ce pays). Après les offensives de l’armée pakistanaise dans la vallée du Swat et au Waziristan du Sud, un certain nombre de militants d’Al-Qaeda ont cherché de nouveaux horizons, notamment au Yémen.

    Jusqu’à récemment, le gouvernement yéménite n’avait pas de problème avec la présence des militants d’Al-Qaeda dans le pays. En février 2009, il avait encore fait libérer 170 militants qui étaient emprisonnés, et ce probablement afin d’éviter que le groupe effectue des attentats dans le pays. Ce n’est qu’en août dernier, après un attentat raté contre le prince d’Arabie Saoudite Mohammad bin Nayef, que l’attention internationale a été attirée sur la présence d’Al-Qaeda en Yémen.

    En 2009, les Etats-Unis ont déjà dépensé, selon les sources, entre 47 et 67 millions de dollars dans l’accompagnement et la formation de troupes au Yémen. Seul le Pakistan a obtenu un soutien supérieur. Depuis quelque temps, des agents des services de sécurité des Etats-Unis sont actifs dans le pays. Les Etats-Unis ont été impliqués de manière active dans les opérations militaires de décembre, bien que les gouvernements yéménite et américain aient tout fait pour convaincre l’opinion que la collaboration entre les deux pays se limitait à la formation. Après les attaques de décembre, le président Obama a tout de suite téléphoné à son collègue yéménite Saleh pour le féliciter pour cette opération.

    Auparavant l’Arabie Saoudite avait déjà effectué des attaques d’artillerie, en partie pour des raisons sectaires sur le plan religieux (contre les shiites dans le nord du Yémen, et en particulier contre la rébellion des Houthis). L’Arabie Saoudite n’envisage pas de rester passive en cas d’actions militaires chez son voisin.

    Le Yémen est un pays important sur le plan régional. Dans le sud du pays, il y a (un peu) de pétrole ; le pays est tout près de l’Arabie Saoudite et une instabilité au Yémen permettrait le développement des opérations menée par les pirates somaliens dans le golfe d’Aden. La décision des Etats-Unis et de la Grande Bretagne de fermer (temporairement) leurs ambassades au Yémen, n’annonce pas une rupture avec le régime de Saleh mais plutôt une préparation d’une nouvelle offensive contre Al-Qaeda. Car, dans cette situation, les ambassades deviennent une cible pour des attentats, comme cela a été les cas en 2008 avec un attentat contre l’ambassade américaine qui avait fait 19 morts.

    Une escalade de « la guerre contre le terrorisme » ne conduira pas à davantage de stabilité. Une telle offensive ne résoudra pas les problèmes en Afghanistan ou en Pakistan, mais conduira plutôt à exporter le chaos existant déjà dans ces pays. Les tensions régionales et religieuses vont monter au Yémen, avec une montée des forces séparatistes au sud du pays pendant que la révolte chiite au nord s’amplifiera. Et c’est à juste titre que l’Arabie Saoudite craint que l’instabilité ne s’arrête pas à la frontière.

    La possibilité d’une escalade dans « la guerre contre le terrorisme » montre aussi qu’Obama ne fait pas le choix d’une politique fondamentalement différente de son prédécesseur Bush. C’est la même la logique de guerre qui se poursuit et elle aggrave le caractère explosif de la situation dans des pays comme l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen,…

  • COURRIER DES LECTEURS: Eté turc… et début d’un printemps kurde ?

    Bien que le soleil continue de briller impitoyablement, un petit vent frais traverse la Turquie. Du moins, c’est l’impression qu’on a ici. Depuis que le gouvernement a décidé en juillet de prendre une «initiative kurde», une tempête de commentaires a éclaté dans la presse. Des articles qui, il y a quelques mois encore, auraient conduit leurs auteurs directement devant les tribunaux, sont aujourd’hui couchés sur papier avec intrépidité.

    Par Dikili

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    Des lecteurs réagissent

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    S’il est vrai que le gouvernement d’Erdogan a déjà plusieurs fois annoncé son intention de faire passer des changements, ces annonces n’ont souvent été suivies que par le silence. Mais, cette fois-ci, il se passe vraiment quelque chose. Atalay, le ministre de l’Intérieur, qui a reçu pour mission de réaliser une « feuille de route », a ouvert les discussions avec plusieurs interlocuteurs dans la société. Il n’y a pas que les partis politiques qui sont invités (il est à noter que les deux plus grands partis d’opposition n’ont pas répondu à l’invitation) mais aussi des ONG, des syndicats, des intellectuels et des organisations patronales. Cela en soi est déjà exceptionnel car, la plupart du temps, les décisions sont prises sans aucune forme de consultation. Même si dans la vie quotidienne, une culture de débat semble être la chose la plus naturelle au monde en Turquie, dans le monde politique par contre, cette culture est quasiment inexistante.

    Pendant longtemps, lorsque quelqu’un évoquait le problème kurde, on lui rétorquait immanquablement qu’il n’y avait pas de problème kurde, qu’il n’y avait qu’un problème de terrorisme et qu’après la suppression des terroristes, on pourrait reprendre le contrôle de la région et que tout se terminerait bien. Cela peut sembler naïf et ça l’est bien sûr, mais c’est un raisonnement qui a subsisté pendant des années. Le seul résultat de la négation de cette réalité kurde est qu’entre 1984 et aujourd’hui, il y a eu plus de 40.000 morts, dont une majorité de Kurdes.

    Une révolte qui vient de loin

    Le problème kurde existe depuis la création de la République turque en 1923. La guerre d’indépendance a été menée conjointement par les Turcs et les Kurdes mais, lorsque la République naît, il s’avère assez rapidement qu’il n’y a pas de place pour les Kurdes dans celle-ci. Officiellement, ils n’existent même pas. Lorsque la première rébellion kurde éclate en 1925, elle reste isolée. En effet, les Kurdes eux-mêmes sont divisés entre eux. Il n’y a pourtant pas qu’une seule révolte. En 1937-1938, les Kurdes se révoltent à nouveau et la république turque leur répond de la même manière qu’en 1925 : elle réprime la révolte dans le sang, déporte la population pour l’assimiler et interdit l’usage de la langue kurde.

    Par contre, celui qui renonce à son identité ethnique et s’assimile comme Turc peut faire carrière. Ainsi on m’a déjà prétendu que certains Kurdes étaient même devenus président (en fait, on faisait allusion à Turgut Özal qui est d’origine Kurde) et qu’il n’y a donc pas de problème kurde !

    Après la répression de la révolte kurde dans les années ’30, les Kurdes ne sont plus désignés que comme des Turcs des Montagnes. Plusieurs études sont même publiées pour expliquer en long et en large que les Kurdes n’existent pas et que tous les groupes ethniques (kurdes) sont d’origine turque. Certains auteurs prétendent même que le Kurde est une langue turque avec des influences persanes ! Des villes et des villages perdent leur vieille appellation et reçoivent des noms turcs. Cela fait partie d’une vision nationaliste exacerbée, qui laisse des traces jusqu’à aujourd’hui. Plus de 12.000 villes et villages portent aujourd’hui un nom différent de leur nom d’origine !

    Après la Deuxième guerre mondiale, un calme relatif règne. Les provinces du Sud-Est qui sont essentiellement peuplées de Kurdes ne sont pas touchées par le développement industriel. Les Kurdes issus de cette région qui veulent faire des études doivent aller dans l’Ouest de la Turquie où ils s’établissent souvent par la suite. Les Kurdes du Kurdistan n’ont donc quasiment aucun porte-parole.

    Après le premier coup d’Etat en 1960 naît le Parti Ouvrier Turc (TIP) mais celui-ci n’accorde au début que peu d’attention à la question kurde bien que des Kurdes fassent partie de sa direction. Mais cela change dès la fin des années ’60 : le TIP demande la reconnaissance des Kurdes. En fait, c’est la seule fois dans l’histoire de la République turque, que le mouvement ouvrier réunit aussi bien des Kurdes que des Turcs et prend clairement position. Le TIP lie aussi les droits démocratiques et sociaux au droit à l’autodétermination ! Mais, en 1970, le TIP est interdit.

    Le PKK, du séparatisme à l’autonomie

    Dans les années ’70, les groupes et petits partis qui se réclament du marxisme se développent considérablement mais vont de scission en scission. En 1978, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) voit le jour. Il lutte pour un Kurdistan unifié et pour le séparatisme. Dès l’origine, le nationalisme kurde est le principal moteur du PKK, bien qu’officiellement il se réclame du marxisme-léninisme. Bien que la lutte armée ne débute officiellement qu’en 1984, le PKK assassine de temps en temps des grands propriétaires terriens qu’il présente comme des agents de l’impérialisme turc. Il se gagne ainsi la sympathie d’une population paysanne pauvre qui ne connaît guère autre chose qu’une vie de serfs.

    En 1980, les militaires prennent le pouvoir en Turquie. Le bilan de la répression est terrible et beaucoup de militants du PKK sont arrêtés. Le parti survit grâce à sa structure autoritaire et militariste (que le PKK présente comme étant du « centralisme démocratique ») et à l’exil d’Abdullah Öcalan, son fondateur, en Syrie.

    Le PKK se prépare dans un climat où tous les partis politiques sont interdits et où l’armée occupe le pouvoir. En 1984, il considère qu’il est prêt. Des militants attaquent un poste de police et tuent deux agents.

    Au début, l’armée turque nie l’existence des attentats – admettre ceux-ci nuirait à son prestige – tout en commençant à mener des attaques de grande ampleur au Kurdistan. La population kurde en est la principale victime. Alors que, dans le reste de la Turquie, l’Etat d’urgence est progressivement levé, il est maintenu voire renforcé dans les provinces kurdes. Il n’y est évidemment plus question de la moindre liberté d’expression ni de droits démocratiques.

    Le déploiement massif de l’armée, les arrestations arbitraires, les exactions d’Escadrons de la mort qui opèrent pour le compte du Jitem (une section secrète de la gendarmerie dont officiellement on nie encore et toujours l’existence), les contrôles sur la population qui ne peut circuler librement… sont autant d’éléments qui entraînent un renforcement continu du PKK. Celui-ci atteint son point culminant entre 1990 et 1993. A cette époque, le PKK contrôle des villages, des quartiers dans les villes et même, la nuit, des routes.

    En plus de l’armée, l’Etat turc fait aussi appel à des « gardiens de village ». Ceux-ci sont armés et perçoivent un salaire. Leur mission consiste à aider l’armée et la gendarmerie dans leur lutte contre le PKK. Au milieu des années ’90, 300.000 soldats, gendarmes et troupes de police occupent le Kurdistan et sont assistés par plus de 60.000 « gardiens de village ». Le PKK renforce ses actions et fait de plus en plus de victimes, parmi lesquelles aussi des gardiens de village et des fonctionnaires civils.

    En réponse, l’Etat turc applique la politique de la terre brûlée. Il fait évacuer, souvent de façon violente, entre 3.000 et 5.000 villages kurdes. Au total, entre un million et demi et trois millions de Kurdes sont ainsi forcés de migrer vers les villes. Les villages évacués sont minés ou remis aux mains des gardiens de villages.

    En 1999, Öcalan est fait prisonnier. Après un procès au cours duquel il fait des aveux complets, il est condamné à mort. Mais la sentence n’est pas exécutée car la peine de mort est abolie officiellement en 2002.

    Au cours de toute cette période, le PKK en tant qu’organisation s’est transformé en profondeur. Après la création du parti, le marteau et la faucille disparaissent assez rapidement du drapeau et les références au marxisme passent à l’arrière-plan. L’attitude vis-à-vis de l’islam change également. Après l’emprisonnement d’Öcalan, le PKK renonce au séparatisme et opte pour une solution interne à la Turquie !

    Contrairement au TIP, le PKK n’a jamais vraiment compris la nécessité de lier le droit à l’autodétermination aux libertés individuelles et collectives. De ce fait, il s’est aliéné le mouvement ouvrier turc qui lui est peu favorable car, au nationalisme turc, il n’a opposé que le nationalisme kurde.

    Pourtant, l’influence ou plutôt la valeur symbolique d’Öcalan ne doit pas être sous-estimée. Beaucoup de Kurdes – même ceux qui n’ont aucune sympathie pour le PKK – considèrent Öcalan comme un symbole de liberté. Cette popularité s’explique aussi par le fait que, même à l’heure actuelle, il est interdit de fonder un parti qui remette en question l’unité de la nation turque.

    En 1990 un certain nombre de parlementaires quittent le SHP (Parti social-démocrate) et, pour la première fois, une députée, Leyla Zayna, prend la parole en Kurde au parlement. Cela lui vaut une peine de prison à vie, ainsi qu’à 3 autres parlementaires kurdes. A chaque fois qu’un parti kurde – bien qu’officiellement, il ne puisse utiliser le mot « Kurde » dans leurs statuts, sinon il est déjà interdit avant même d’avoir vu le jour – est fondé et qu’il essaie de fonctionner de façon légale, il est interdit peu de temps après. Cela a été le cas pour le DEP, puis pour le HADEP. Cette épée de Damoclès pend aujourd’hui au-dessus de la tête du DTP (Parti de la Société Démocratique).

    Si le PKK, lui, a pu survivre, c’est à cause de la loi constitutionnelle de 1982 qui cadenasse les libertés individuelles et collectives à un tel point que seul un parti illégal peut survivre.

    Mais il y a plus grave. Le conflit a mené à l’appauvrissement total de la région kurde. A Diyarbakyr (Amed, en kurde) par exemple, le chômage atteint 80 % !

    Nouveaux Tigres anatoliens contre vieilles élites kémalistes

    La question essentielle est donc de comprendre pourquoi, aujourd’hui, le gouvernement prend une initiative sur la question kurde.

    Une première explication est à chercher dans les résultats des élections communales de cette année. La forte progression de l’AKP, le parti au pouvoir depuis 2002, a été brutalement enrayée. Ces derniers temps, la politique de ce parti à l’égard des Kurdes avait été d’accepter l’emploi de la langue kurde de manière limitée (entre autres par la création de la TRT6, une sixième station de la télévision d’Etat qui émet en Kurde) et de promettre une série d’investissements économiques dans la région. Il espérait ainsi couper l’herbe sous le pied au DTP (le parti kurde). C’est en fait le contraire qui s’est passé. L’AKP a perdu beaucoup de voix en faveur du DTP qui est sorti renforcé de cette confrontation.

    Mais il y a d’autres explications. La situation géopolitique est très incertaine. Personne ne sait exactement comment la situation en Irak va évoluer si les USA n’y maintiennent plus qu‘une présence militaire stratégique et non plus massive. Le Nord de l’Irak est dans les faits une région kurde autonome avec son propre gouvernement. Si l’Irak se désagrégeait, il y a fort à parier qu’un véritable Etat kurde émergerait. Depuis un an, le gouvernement de la région kurde autonome (KRG), est tout miel avec l’Etat turc et il est évident qu’aussi bien la Turquie que le KRG aspirent à une collaboration plutôt qu’à une confrontation. Dans ce contexte, la question de Mossoul et de Kirkouk – deux régions pétrolifères revendiquées par le KRG – et leur statut restent un problème en suspens.

    L’Occident et les Etats-Unis espèrent que la Turquie sera un facteur stabilisant dans cette région explosive (l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan et la Palestine). La Turquie fait partie de l’OTAN, envoie des troupes en Afghanistan, entretient de bons rapports avec Israël mais aussi avec les Palestiniens et est surtout un allié fiable de l’Occident.

    De plus, depuis 2002, le pays est dirigé par un gouvernement stable qui essaie de devenir membre de l’Union Européenne et qui présente un programme économique libéral. Enfin, sur le plan militaire, le pays occupe la sixième place au niveau mondial, ce qui est d’une importance cruciale pour l’Occident.

    Depuis que l’AKP est arrivé au pouvoir, la lutte pour le pouvoir fait rage entre les diverses élites en Turquie. Bien que l’AKP se présente comme un parti populaire libéral et conservateur, son sort politique est fortement lié aux « Tigres anatoliens ». Ce terme désigne la bourgeoisie qui se développe de plus en plus en Anatolie, la région géographiquement centrale du pays. Cette nouvelle bourgeoisie est ultralibérale et pro-européenne, mais aussi islamiste traditionnaliste et conservatrice. Cette bourgeoisie veut faire fructifier son pouvoir économique en se servant de l’appareil d’Etat turc mais ce processus ne se déroule pas sans problème.

    La vieille élite au pouvoir (qu’on appelle aussi les Kémalistes, du nom de Mustapha Kemal Ataturk, le fondateur de la République en 1923) a utilisé l’Etat pour développer son propre pouvoir économique. Cela remonte à l’instauration de la république turque : dès le début, la politique capitaliste d’Etat a ouvert la voie à l’industrialisation. Celle-ci a donné naissance à de grands groupes économiques privés comme Koç, Yabancy,… qui ont acquis de plus en plus de pouvoir. En même temps, l’Etat a mis sur pied un fort appareil bureaucratique qui défend fidèlement les principes de base de l’Etat unitaire turc. L’armée, le sommet de l’administration et de l’enseignement, une grande partie du pouvoir juridique sont (ou étaient) aux mains des Kémalistes. L’élite kémaliste est beaucoup moins impatiente d’entrer dans l’Union européenne, surtout si cette entrée doit entraîner une modification des structures de l’Etat. Contrairement aux Tigres anatoliens, ils sont partisans d’un « Islam d’Etat sous le contrôle de l’Etat » et refusent qu’on touche trop à la Constitution car celle-ci leur offre la garantie de leur pouvoir politique.

    Il ne faut pas oublier que c’est le coup d’Etat perpétré par l’armée en 1980, qui est à l’origine de la constitution actuelle. Via la holding Oyak, dans laquelle les chefs militaires détiennent de nombreuses parts, le sommet de l’armée dispose également d’un pouvoir économique non négligeable.

    Alors qu’au début, on avait l’impression que l’élite kémaliste pouvait conserver son pouvoir par le biais du CHP (le Parti Républicain du Peuple), il est devenu de plus en plus évident par la suite, que le manque total de vision du CHP n’offrait pas de perspectives. Par manque d’alternative, le CHP est à présent beaucoup trop faible pour jouer un rôle politique significatif ou pour élargir sa base électorale. C’est pourquoi une partie croissante de l’élite kémaliste a préféré (et préfère encore) un partage de pouvoir avec l’AKP à une confrontation perpétuelle.

    Grâce au dossier Ergenekon, l’AKP a gagné un soutien indirect. Dans cette enquête judiciaire en cours, il apparaît clairement que le terrorisme, les complots d’Etat, les meurtres illégaux et les « profondeurs de l’Etat » sont inextricablement mêlés. Indépendamment de la manière dont l’enquête est menée (car tout ne se déroule pas de façon aussi « nette »), le lien étroit entre une partie de l’élite kémaliste et une organisation illégale comme Ergenekon a été clairement démontré.

    Mais pour la toute grande majorité de l’élite kémaliste, un coup d’Etat serait un coût trop élevé à payer pour conserver le pouvoir. C’est pour cette raison qu’une trêve a été décidée et que, dans les faits, s’est instauré un partage du pouvoir.

    Un pas en avant…

    Dans ce contexte, il n’est donc pas étonnant que le sommet de la hiérarchie militaire – qui reste très puissant – donne son feu vert à une solution du problème kurde par la voie de négociations. Dans le conflit géopolitique, l’Occident a besoin d’une armée turque forte et professionnelle (actuellement il y a un service militaire obligatoire) avec laquelle il soit possible d’intervenir dans la région. Cette année encore, la Turquie a reçu des compétences supplémentaires au sein de l’Otan et la question d’une armée de professionnels (avec diminution et/ou suppression du service militaire) plaît bien à la population. En effet, chaque année, des soldats qui font leur service militaire meurent lors des confrontations entre l’armée et le PKK.

    Parallèlement, on commence à prendre de plus en plus conscience en haut lieu qu’une solution militaire n’est pas une solution. Car le PKK pourra continuer à recruter dans une région kurde appauvrie et arriérée où une vie de pauvreté sans avenir est l’unique perspective pour des milliers de jeunes.

    De plus, le pipeline « Nabucco » qui, au départ de l’Iran, doit traverser toute la Turquie afin d’approvisionner l’Europe, traversera la région kurde. L’idée de possibles attentats sur ce pipeline doit être terrifiante.

    Cela fait déjà bien longtemps que l’organisation patronale Tusiad réclame une solution. Aucun industriel ne peut se sentir à l’aise dans une région où se multiplient opérations militaires et barrages routiers et où des attentats sont commis. En outre, ici, ce n’est pas la main d’œuvre bon marché qui manque. Enfin, le sous-sol regorge de richesses minières qui n’ont pas encore été exploitées et qui pourraient considérablement rehausser la position concurrentielle d’un pays comme la Turquie.

    La question qui se pose est : jusqu’où veut-on aller ?

    La reconnaissance des Kurdes en tant que minorité serait bien sûr le début d’une véritable solution. Actuellement, les minorités reconnues sont les Grecs et les Arméniens (toutes deux chrétiennes) ainsi que les Juifs. D’après la Constitution (et le Traité de Lausanne), les minorités ont le droit de suivre l’enseignement dans leur propre langue et leurs droits démocratiques doivent être respectés. Bien que ce soit formellement le cas, la pratique est différente. Mais étendre ce statut aux Kurdes nécessiterait une modification de la Constitution.

    Tous les partis sont d’accord sur un point : il ne faut pas toucher au caractère unitaire de l’Etat turc (même le DTP et le PKK soutiennent cette position !). Par conséquent, un changement conséquent n’aura certainement pas lieu.

    La reconnaissance de la langue Kurde comme langue officielle se heurterait également à la Constitution puisqu’il y est stipulé que la langue du pays est le turc.

    Par contre, tout le monde (à l’exception du MHP, le parti ultranationaliste turc) est tombé d’accord pour dire que, dans l’enseignement, en plus de la langue turque, il pourrait y avoir un cours de kurde facultatif. En plus de cela, un consensus existe aussi pour retoucher la loi sur l’amnistie, de sorte à l’interpréter plus largement. Ainsi, des milliers de Kurdes qui se sont vus retirer leur nationalité turque pourraient la récupérer et des militants du PKK (à l’exception de la direction) pourraient revenir et être réintégrés dans la société.

    Des dizaines de jeunes Kurdes enfermés (suite à des émeutes lors de manifestations, des enfants et des adolescents ont été arrêtés et ont été condamnés à de lourdes peines de prison) seraient libérés.

    Lors de leurs campagnes politiques, des partis politiques pourraient également s’exprimer en kurde. Les villages évacués seraient rendus à nouveau accessibles et le retour des Kurdes dans ces villages serait facilité ; des solutions seraient cherchées pour les « gardiens de villages ». Des chaînes privées pourraient émettre en Kurde. Des villes et des villages dont le nom a été modifié retrouveraient leur appellation d’antan.

    Enfin, un programme d’investissements serait mis en œuvre pour rénover les régions et les villes appauvries.

    Par contre, les opinions divergent radicalement sur deux points : le sort qui serait réservé à Öcalan et l’implication ou non du PKK dans les négociations.

    Si l’on compare cette situation à celle d’il y a un an, c’est incontestablement un pas en avant.

    … mais sera-t-il suivi d’autres ?

    Les attentes sont énormes, tout particulièrement dans la population kurde. Il y a pourtant de grands obstacles.

    En vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, le gouvernement Erdogan veut faire passer certaines modifications dans la constitution rédigée par les militaires après le coup d’Etat de 1980. Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, ces propositions se heurtent à une forte résistance. En outre, le gouvernement veut atteindre un consensus au parlement car, dans le cas contraire, il est fort possible que la Cour constitutionnelle torpille toute l’affaire.

    La pièce peut encore tomber sur une face ou sur l’autre. En l’absence d’un parti des travailleurs, ce sont surtout les forces bourgeoises qui veulent arriver à un consensus pour renforcer le rôle de la Turquie dans un Moyen-Orient explosif et, en même temps, améliorer leur propre position concurrentielle. Cela peut paraître cynique, mais je pense que ceci est la réalité.

    Pour ma part, je pense que la seule vraie solution aussi bien pour les Kurdes que pour les Turcs est à chercher dans le cadre d’un processus où les libertés individuelles et collectives sont garanties dans une nouvelle Constitution. La nécessité d’un parti de travailleurs se pose donc une nouvelle fois parce que c’est la seule garantie qu’une solution offrant de vraies perspectives voit le jour.

    Le nationalisme – qu’il soit turc ou kurde – ne mène qu’à une impasse. Les débats de cet « été turc » chaud vont-ils mener à un « printemps kurde » ou au contraire à un automne triste ? La question reste posée. J’espère la première alternative mais je crains la dernière.

  • Protestations de masse contre l’homophobie en Israël

    Le 1er août, deux gays et une lesbienne ont étés tués à Tel-Aviv. Ce tir aveugle, l’attaque homophobe la plus sérieuse jamais commise en Israël, a également fait de nombreux blessés. Une vague de protestations a de suite suivi à laquelle a activment participé notre organisation-soeur en Israël, Maavak Sozialisti.

    Une manifestation spontanée, où les militants de Maavak Sozialisti et du Hadesh (le front autour du Parti Communiste) ont joué un rôle moteur, a réuni 1.000 personnes. Par la suite, les actions ont continué jusqu’à une manifestation historique de 70.000 personnes à Tel-Aviv. Des manifestations de solidarité ont aussi eu lieu aux Etats-Unis et en Europe occidentale.

    L’ampleur des protestations a forcé les politiciens traditionnels à condamner la violence, qui ont tout de même essayé d’affaiblir les actions de protestations en parlant juste d’un règlement de compte personnel, le même argument n’est pas utilisé pour les attaques palestiniennes en Israël…

    Les politiciens traditionnels stimulent l’homophobie, la discrimination et le soutien à l’extrême-droite. L’homophobie foisonne au parti Kadima, dont les membres sont à la base des mesures anti-démocratique qui ont dans le passé interdit les Gay Pride.

    Lors de la plus grande manifestation, Maavak Sozialisti avait notamment une banderole proclamant: “les détenteurs du pouvoir homophobes sont responsables“. Le quotidien Haaretz a fait remarquer à juste titre que ce slogan illustrait clairement la position du président Peres, qui a du mal à se détacher de ses prises de positions homophobes passées.

    Quelques photos

    Banderole du CIO-Israël: "Les détenteurs du pouvoir homophobes sont responsables"

    Militants de Maavak Sozialisti


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • IRAN: rapport et photos

    Depuis mardi, les manifestations s’amplifient à l’extérieur de Téhéran. Dans différents villes se sont déroulées des confrontations entre des étudiants de gauche et les fondamentalistes islamistes. A Isfahan, il y a eu deux lors de confrontations avec la police. A Tabriz, 180 étudiants ont été arrêtés. A Ahvaz, il y a eu trois morts et d’innombrables blessés. Dans le territoire kurde, toutes les prisons sont pleines. Entre-temps, à Téhéran, il y a déjà eu 32 morts.

    Par Reza Farnoud

    Les slogans criés aux manifestations sont en train de changer. L’accent est désormais moins mis sur les élections ou le soutien à Moussavi, mais de plus en plus de slogans émergent avec pour base les questions des droits démocratiques, des salaires, de l’emploi ou encore des droits syndicaux. …Les militants de gauche sont pleinement impliqués dans la mobilisation et l’organisation des actions. Ils essayent de renforcer les revendications sociales dans leurs tracts, leurs articles ou leurs prises de parole aux manifestations.

    Hier, des bus remplis de travailleurs des raffineries de pétrole d’autobus sont partis vers Teheran pour témoigner de leur soutien aux jeunes et aux travailleurs de la capitale. A nouveau, il y eu des actions dans la rue et il est important de mentionner qu’il ne s’agissait pas seulement de jeunes, mais aussi de plus larges couches de la population issues de la classe ouvrière.

    Le président américain Obama se continue à se tenir de côté, espérant que le régime pourra résoudre ces problèmes. Il semble même que les impérialistes préféreraient préserver les actuels détenteurs du pouvoir. Si les réformateurs arrivent au pouvoir et que Khamenei quitte la scène, alors l’instabilité dans la région pourrait être renforcée. D’autre part, Ahmadinejad constitue aussi un problème pour l’impérialisme à cause de ses positions provocatrices et du mouvement immense maintenant dans la rue.

    Pour les travailleurs et les jeunes, il faut maintenant organiser le mouvement, le structurer et clairement mettre en avant les revendications politiques et sociales. De notre côté, nous devons témoigner de notre solidarité!

    • Protestations de masse en Iran

    Photos d’Isfahan

  • Protestations de masse en Iran

    Il s’ouvre une nouvelle période de lutte

    Des protestations et des manifestations de masse se sont développées en réaction à une apparente fraude électorale de la part du régime d’Ahmedinejad. Il semblerait que la plus grande manifestation anti-gouvernement ait rassemblé plus d’un million de personnes à Téhéran, la capitale. Les rapports qui arrivent d’Iran affirment qu’il y a au moins eu une douzaine de morts suite à des affrontements avec la police et la détestée milice iranienne, une branche des gardiens de la révolution islamique. Avec la censure de la presse, très lourde, la plus grosse partie du mouvement a été coordonnée par internet – l’Iran a le plus grand nombre de ‘blogs’ par habitant.

    Comité pour une Internationale Ouvrière, texte mis en ligne sur socialistworld.net le mardi 16 juin

    Même si les choses sont loin d’être claires au moment d’écrire ce rapport, des protestations de masse semblent également se passer dans d’autres villes, comme Shiraz. L’université de Téhéran a été encerclée par la police armée et une répression brutale a frappé les étudiants dans leurs dortoirs. D’autres rapports parlent de coups de feu tires dans la capitale Durant la nuit qui a suivi les élections. Ahmedinejad, qui a annoncé sa victoire quelques heures seulement après le vote, a apparemment simplement quitté le pays et est en Russie pour des rencontres diplomatiques.

    Un point tournant

    Ces protestations de masse contre le régime de Téhéran ont pris place malgré la terrible répression et la menace d’utiliser des armes mortelles contre les protestataires. Même si la situation est encore floue, il semble bien qu’une grande partie de la population urbaine a perdu sa peur du régime et se prépare à prendre les rues d’assaut pour protester ouvertement contre lui. Cela représente un point tournant crucial dans la lutte contre la dictature. Les reportages vidéo de la BBC montrent des manifestants refusant de se disperser sous les attaques de la police militaire.

    A l’avant plan de ces protestations se trouvent les étudiants, clairement soutenus par des sections plus âgées de la population – particulièrement les travailleurs intellectuels. Le régime est divisé sur la manière d’intervenir dans ce mouvement de masse. Cela, en combinaison de mobilisations massives de la classe moyenne et des étudiants, indique clairement que des éléments de crise pré-révolutionnaire se développent. Jusqu’à présent, cependant, la classe ouvrière n’a pas encore décidé de rejoindre la lutte et la conscience politique des participants est confuse, comme l’illustrent certains slogans religieux qui sont également criés, comme “Dieu est grand”. Souvenons-nous toutefois que la première manifestation de la Révolution russe de 1905 était dirigée par un prêtre, le père Gapon.

    La manière dont ce mouvement va se développer n’est pas encore claire, mais il a déjà forcé le régime à faire volte face. Le Conseil des gardiens, face à cette opposition de masse, a été forcé de revenir sur sa décision première et d’autoriser un recompte des votes. C’est là une tentative de calmer la situation, le régime craignant que les protestations puissent aller plus loin et se développer en une insurrection contre le régime lui-même.

    Ces actions sont alimentées par le chômage de masse et les revendications sur la question des droits démocratiques, particulièrement parmi les jeunes – 60% de la population iranienne n’a pas encore trente ans. Les jeunes citadins en particulier sont en révolte contre la répression théocratique qui les oppresse. Un élément important de ce mouvement est aussi la mobilisation et la participation importante des jeunes femmes, qui revendiquent l’égalité. Cela s’est notamment reflété durant la campagne électorale dans l’énorme popularité de Zahra Rahnavard, la femme du principal candidat de l’opposition Mir Hossein Moussavi. Il n’est jamais arrivé dans de précédentes élections qu’une femme joue un tel rôle de premier plan. En même temps, alors que l’opposition de masse dans les villes s’est ralliée à Moussavi, il n’est ni socialiste, ni partisan de la défense de la classe ouvrière et des pauvres. C’est un ancien Premier ministre et son programme pro-capitaliste est limité à des réformes de l’actuel État théocratique. Cependant, la tentative de frauder les élections de la part d’Ahmedinejad peut avoir ouvert la porte à un mouvement de masse qui pourrait renverser le régime et ouvrir une nouvelle ère pour l’Iran.

    Mais des pauvres des régions rurales et de certaines des sections les plus opprimées des villes et des centres urbains ont tendance à soutenir Ahmedinejad en raison de sa rhétorique, populiste et réactionnaire de droite, contre la corruption, l’élite riche et l’impérialisme occidental.

    L’Iran a été transformé ces dernières années avec presque 70% de la population vivant dans les centres urbains avec une couche importante de jeunes avec un haut niveau d’éducation.

    La question décisive à court terme est de savoir si la classe ouvrière va rejoindre le mouvement, certains rapports font état de discussion dans les syndicats pour une grève générale, ce qui est la principale crainte du régime. Au moment où ces lignes ont été écrites, l’opposition avait appelé à annuler une protestation de masse à Téhéran pour éviter des confrontations avec les forces pro-gouvernementales. Cela illustre la peur de réformistes pro-capitalistes comme Moussavi face à des mobilisations qui peuvent facilement sortir de leur contrôle pour se diriger dans une direction plus radicale et révolutionnaire. Il est possible que Moussavi cherche à obtenir un compromis avec le régime actuel pour éviter que les rues ne sont constamment occupées par les masses. De la même manière, le régime peut être forcé d’accepter la défaite d’Ahmedinejad pour maintenir un certain contrôle de la situation. Moussavi a déjà appelé à annuler des manifestations, et ce genre de tentatives de faire baisser la pression de la rue continuera.

    Un nouvelle phase de lutte

    Le diable est sorti de sa boîte et une nouvelle phase de lutte s’ouvre en Iran. La lutte pour de véritable droits démocratiques, pour le droit de grève, pour le droit de tenir des élections libres, de constituer des syndicats libres et des partis politiques ainsi que pour l’égalité entre femmes et hommes a besoin d’être menée par tous les travailleurs, les jeunes, et les véritables socialistes. L’arrivée de la classe ouvrière dans ce mouvement peut donner la cohésion et la force nécessaires pour faire chuter le régime.

    La formation de comité de lutte démocratiquement élus dans les entreprises et les universités liés aux classes moyennes et aux citadins pauvres peut constituer la base d’une lutte unifiée.

    Un appel à une grève générale et à la formation de milices de défense au côté d’un appel de classe vers les fonctionnaires et l’armée sont des étapes cruciales pour pousser le mouvement plus loin afin de faire tomber le régime.

    De tels comités de lutte démocratiquement élus pourraient aussi convoquer des élections pour une assemblée constituante révolutionnaire qui déciderait de l’avenir de l’Iran.

    L’obtention et la garantie de droits démocratiques et des solutions pour la pauvreté de masse et le chômage ne peuvent être assurés qu’avec la formation d’un gouvernement des travailleurs et des paysans avec un programme révolutionnaire socialiste pour transformer la société et la faire fonctionner dans les intérêts de tous les travailleurs.

    (De nouvelles analyses suivront)

    Vidéos de la BBC


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Ce texte est issu du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • VIDEO: Révolte à Téhéran

    Les élections iraniennes ont débouché sur des protestations massives contre le régime dictatorial iranien. Voici 2 vidéos des évènements de ce week-end, et une autre d’une action de solidarité organisée à Bruxelles ce dimanche.

    Action à Bruxelles

  • Protestations à Téhéran

    La journée de samedi a été particulièrement agitée dans la capitale iranienne, avec des affrontements entre la police et les manifestants anti-Ahmadinejad. Ce dernier s’est lui-même proclamé vainqueur des élections présidentielles. Pour beaucoup de manifestants, une fraude électorale massive a caractérisé le scrutin. Le candidat de Khamenei, Ahmadinejad, a effectivement un nombre de suffrages très frappant. Beaucoup de jeunes et de travailleurs, très mécontents, sont descendus dans les rues, ce à quoi le régime a répondu par une intervention de la police et des services spéciaux de sécurité militaire. Voici un court rapport, quelques photos et une vidéo de ces évènements.

    Par Reza

    Beaucoup savent que la victoire d’Ahmadinejad est le résultat d’un règlement de compte au sein de la classe dirigeante dont la population aura à payer le prix. D’innombrables actions ont pris place contre la police. Des voitures de police ont été ainsi incendiées et les rues du centre-ville bloquées. Le mouvement étudiant a publié un tract sous le titre : Nous sommes déjà réveillé, nous sommes prêts à nous soulever !

    De nombreux habitants de la capitale iranienne ont laissé leur porte ouverte en signe de protestation, pour que les manifestants puissent venir se réfugier. Moussavi a été placé sous surveillance policière et plusieurs dirigeants des réformateurs ont été arrêtés. Les réformateurs ont toutefois à peine été impliqués dans ces actions, ils ne font d’ailleurs rien pour soutenir les manifestants en colère. Ce n’est pas une coïncidence si Moussavi est un ancien Premier ministre du pays. Il est lui aussi membre de l’establishment du pays.

    De suite, le samedi, une petite action de solidarité du Comité étudiant iranien s’est déroulée devant l’ambassade iranienne. Une nouvelle action de protestation avec d’autres groupes d’opposition a eu lieu le dimanche. Ci-dessous, voici quelques photos de l’action de samedi à l’ambassade iranienne et quelques photos d’Iran ainsi qu’une vidéo.

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