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Category: Asie
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Les journalistes du Sri Lanka protestent contre la violente répression
Mardi dernier (23 janvier), à Colombo, la capitale du Sri Lanka, sâest déroulée une action de centaines de journalistes et de travailleurs du secteur des médias. Ils ont protesté contre les menaces et l’intimidation auxquels sont confrontés les journalistes. Ces derniers temps, d’innombrables reporters ont été kidnappés, arrêtés et même assassinés.
Par un journaliste de Colombo
Sunantha Deshappriya, le coordinateur de Free Medias Movement (FMM), a déclaré: "Les médias au Sri Lanka ont un avenir difficile devant eux en tentant d’apporter de l’information correcte et véridique dans un environnement hostile."
Les menaces contre les journalistes continuent et malgré les interpellations répétées au gouvernement et au président Mahinda Rajapakse pour ne plus déranger les journalistes.
Dans ce contexte de progression de la violence et des mesures répressives du gouvernement, les activités des syndicats sont sanctionnées et les protestations des travailleurs à Colombo sont confrontées à la répression armée de la police et même de l’armée. Le 9 janvier, une action de travailleurs a eu lieu au quartier général du Colombo Transport Board à laquelle étaient présents certains parlementaires. Cette action a été violemment réprimée. Le même jour, une réunion du United People’s Movement a été attaquée à Nugegoda, attaque menée par le vice-ministre Mervyn Silva.
La semaine passée, ce même vice-ministre était présent à lâaction des journalistes, avec une centaine de partisans, pour une contre-action sous le slogan : " Les journalistes doivent raconter la vérité ". Câétait une tentative visant à faire croire que son comportement, notamment à Nugegoda, nâétait pas correctement relayé. Il avait pour cela amené deux autobus de contre-manifestants criants bruyamment des slogans à la fois contre les médias et pour l’armée.
Lors de l’attaque de Nugegoda, trois journalistes ont été rossés par les partisans de Mervyn. Ces derniers voulaient ainsi avertir les journalistes contre tout rapport de lâusage de la violence contre une réunion anti-guerre démocratique. Un récent rapport publié dans les médias fait état, pour lâannée dernière seulement, de pas moins de 8 assassinats de journalistes au Sri Lanka.
Ce dernier mois uniquement, 10 incidents graves ont été perpétrés contre les médias. Trois journalistes du journal de l’Etat Sunday Observer et du journal dominical cinghalais Silumina ont subi un interrogatoire du Criminal Investigation Department sur base de la nouvelle législation sur la prévention du terrorisme. Une jeune journaliste tamoule de lâhebdomadaire cinhalais Maubida a été arrêtée et un rédacteur de la chaîne de télévision Derana a été attaqué. Trois autres employés des médias, dont un photographe de lâagence Reuters et le président du Sri Lanka Tamil Medias Alliance, ont dû quitter le pays après des menaces de mort.
Restrictions inacceptables
Les barrages routiers et les restrictions des transports vers le nord veillent à ce que les journaux tamouls qui publient de la péninsule de Jaffna nâaient plus de matériel pour produire leurs journaux. Les groupes paramilitaires travaillent avec les troupes du gouvernement dans l’est du pays pour empêcher toute publication de journaux tamouls à Colombo. Le droit à l’information et à la liberté d’expression est gravement menacé sous le régime actuel du président Rajapaksa.
Ceci va de pair avec une grave dégradation des droits démocratiques en général. Tous les droits démocratiques subissent une attaque dans lâescalade vers la guerre et des actions violentes sont entreprises contre toutes initiatives de paix. Des incidents tels que des enlèvements, des meurtres et des attaques de toutes sortes contre les Tamouls à Colombo continuent à augmenter. Plus de 80 cas sont déjà connus.
Solidarité !
Le régime du président Rajapaksa renforce sa campagne contre les droits démocratiques, les syndicats, les médias, les organisations qui se prononcent contre le gouvernement ou qui sont simplements critiques face aux promesses du gouvernement d’un plus haut niveau de vie et d’une paix « honorable ». Dans ses tentatives désespérés pour continuer à tenir l’Etat entre ses mains, le régime passe à des mesures répressives avec une grande pression sur les petits partis et le recours à des groupes répressifs violents comme celui sous la direction du vice-ministre Silva. Les partis d’opposition les plus importants cèdent à ces manipulations politiques. Les travailleurs et d’autres forces démocratiques doivent faire appel au soutien international pour mettre fin au développement du Sri Lanka vers un régime totalitaire.
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Résistance ouvriÚre en Irak
Le seul espoir pour les travailleurs irakiens est la reconstruction du mouvement ouvrier. Cela nâest pas un slogan creux, mais lâampleur de cette tâche est immense, après plus de 40 ans de répression impitoyable contre ce qui furent autrefois un puissant mouvement syndical basé sur les industries pétrolières et lâun des plus grands partis communistes du monde arabe.
Nicolas Croes
Cette difficulté est encore accentuée par la participation du Parti Communiste Irakien à la coalition pro-américaine et au gouvernement quâelle a mis en place ainsi que par la mainmise quâexerce depuis lors ce même PCI sur la Fédération Irakienne des Syndicats (IFTU â qui a pris la place de lâancien syndicat unique baathiste sous le régime de Saddam) qui a ainsi été neutralisée sur une ligne de soutien au gouvernement.
Mais dès le début de lâinvasion, on a pu assister à de premiers développements de cette reconstruction dâun mouvement ouvrier indépendant.
Dès lâentrée des troupes coalisées en Irak, une vague de grèves a été déclenchée de laquelle est sortie la Fédération des Syndicats et Conseils Ouvriers en Irak (Federation of Workers Councils and Unions in Iraq â FWCUI) forte aujourdâhui de 350.000 membres et qui est active dans lâindustrie (coton, cuir, bois, agro-alimentaire, transports) aussi bien que dans les services publics (administration, santé, banques). Câest aujourdâhui le principal syndicat libre dâIrak, à côté de la Fédération irakienne des syndicats, seule fédération à être reconnue par lâEtat.
Dès sa création, liée à la formation du Syndicat des Chômeurs dâIrak (UUI), la FWCUI sâest engagée pour le retrait des troupes dâoccupation, de véritables droits sociaux, un système laïque, la pleine égalité hommes-femmes, la libre élection des délégués syndicaux et la revendication dâune nouvelle législation du travail. Les lois répressives de Saddam Hussein (code du travail de 1987) sont en effet toujours en vigueur : elles interdisent les grèves et les syndicats libres et nâautorisent lâactivité que dâun seul syndicat, et uniquement dans le secteur privé (10% seulement de lâéconomie).
A côté de la FWCUI existent également des syndicats de branches autonomes, notamment chez les enseignants et dans le secteur pétrolier.
En 2003, câest grâce à la mobilisation héroïque des militants et militantes des organisations du mouvement ouvrier renaissant (Fédération des Syndicats et des Conseils Ouvriers, Organisation Pour la Liberté des Femmes en Irak, Syndicat des Chômeurs dâIrak, Parti Communiste-Ouvrier dâIrak ) que la tentative du gouvernement pro-US dâimposer la loi islamique, la Sharia, fut mise en échec.
Depuis, ce processus sâest développé par lâintermédiaire des luttes menées par les ouvriers du pétrole, les étudiants, les chômeurs (le chômage touche près de 70% de la population selon les estimations), pour les droits de femmes et des homosexuels,âŠ
Sur base de ces luttes, le 5 décembre 2006, plusieurs leaders syndicaux se sont rencontrés en vue dâorganiser une conférence générale des travailleurs. Leur objectif est de discuter des problèmes essentiels des travailleurs dans la situation de guerre civile et de mettre fin à la division actuelle du mouvement ouvrier. Etaient présents la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak, la Fédération générale des travailleurs irakiens, le Syndicat de la construction, le Syndicat des ingénieurs en Irak, le Syndicat des ingénieurs du secteur pétrolier,âŠ
Lâenjeu de ce processus est la création dâun mouvement ouvrier uni capable de mener la lutte pour lâamélioration des conditions de vie des travailleurs et de la population, contre lâoccupation américaine et son gouvernement fantoche, mais aussi contre les dangers de guerre civile et dâinstauration de nouveaux régimes dictatoriaux par les milices et partis, quâils soient saddamistes, nationalistes, djihadistes sunnistes ou intégristes chiites.
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Corée du Nord. Poker menteur en Asie
En 2006, les dépenses militaires mondiales auront, selon un rapport récent dâOXFAM, dépassé les 1.000 milliards de dollars. Les montants records atteints durant la guerre froide seraient donc dépassés. Lâannonce par la Corée du Nord, ce 9 octobre, dâun test nucléaire, trois mois après le lancement de ses premiers missiles longue portée, fait craindre une nouvelle progression de la course à lâarmement.
Nicolas Croes
Nous nous opposons bien évidemment au développement des armes nucléaires. Mais, outre le fait quâaucune certitude nâexiste sur les capacités du régime stalinien de Corée du Nord de fabriquer et dâutiliser des armes stratégiques nucléaires (lâamplitude de la déflagration lors de lâessai était bien inférieure aux explosions de Nagazaki et dâHiroshima), câest surtout lâhypocrisie de lâimpérialisme américain et lâéchec de sa stratégie qui ressortent de cette crise.
Placée par le régime de Bush parmi les pays de « lâAxe du Mal » avec lesquels aucune discussion nâest permise, la Corée du Nord a pu observer la différence de traitement réservée à lâIrak et à lâIran, les deux autres pays de ce fameux « axe ». La Corée sâest retirée du Traité de non-prolifération nucléaire (TPN) en janvier 2003, alors que grandissait la menace dâintervention en Irak qui a finalement eu lieu deux mois plus tard. En juin de la même année, les intentions nucléaires de la Corée du Nord sont devenues officielles. Câest que, quitte à faire partie des pays menacés dâinvasion notamment pour détention hypothétique dâarmes de destruction massive (dont lâinexistence en Irak a finalement dû être reconnue par Washington), autant les avoir réellement. Ou du moins le faire croire…
Cependant, en ce domaine comme en bien dâautres, le « gendarme du monde » a fait sienne la devise « Fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Retrait du Traité sur les missiles balistiques, accord de coopération nucléaire avec lâInde (qui nâadhère pourtant pas au TPN), silence complice sur lâexistence dâarmes atomiques en Israël ou au Pakistan (alliés des USA),… en ce qui concerne le respect des traités sur lâarmement, les Etats-Unis nâont de leçons à donner à personne.
Pour lâinstant, lâessai nucléaire nord-coréen est surtout instrumentalisé par les différentes puissances asiatiques afin dâaugmenter leur budget militaire. Lâexemple du Japon est frappant : lâEtat-major japonnais disposera pour lâannée 2006 dâune somme de quelques 50 milliards dâeuros, plus que la France ou le RoyaumeUni. Impressionant pour un pays qui, officiellement, ne peut plus, depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, entretenir une armée ou participer à un conflit en dehors de son territoire. Mais être lâallié majeur des USA dans la région autorise bien des choses.
Ni le gouvernement américain ni ceux de la région ne désirent actuellement vraiment une chute du régime nord-coréen, mais tous souhaitent plutôt sa déstabilisation. Câest un processus à la chinoise qui semble être attendu de tous : que la Corée du Nord sâintègre petit à petit dans la logique de marché, permettant une transition progressive du pouvoir de la bureaucratie vers une classe bourgeoise qui doit encore naître. Une « zone économique spéciale » existe déjà à la frontière des deux Corées, où le fabricant automobile sud-coréen Hyundai peut profiter de la main dâoeuvre bon marché de son voisin du nord. Câest que les travailleurs nord-coréens travaillent 48 heures pour 57 dollars…
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25,000 mineurs de charbon partent en grève contre des salaires et des conditions de travail atroces
Kazakhstan
Les mineurs du « Département Charbon » de « Mittal Steel Temirtau », une succursale de la multinationale « Arcelor Mittal » au Kazakshtan, sont partis en grève ce 25 septembre 2006. Les travailleurs demandent une hausse salariale (leur salaire actuel est de 250-300 dollars par mois), la baisse de lââge de la retraite (avec payement à lâheure), entre autres revendications. La grève a débuté après la mort de 41 mineurs, due à lâusure de leur équipement de minage, et à cause du manque de conditions de travail décentes.
(Pour plus dâinformations, voir : sur le site http://kazakhstan.socialism.ru/solidarity/2006/shahtersky_bunt.html (il y a une traduction électronique vers lâanglais))
Chaque jour, une assemblée générale des mineurs a lieu dans lâhôtel de ville de Shakhtinsk (à 45km de la ville de Karaganda). Les mineurs sont déterminés à aller jusquâau bout avec leurs revendications.
La grève a quand même commencé, malgré le « conseil » du syndicat officiel (qui sâappelle « Korgau ») aux mineurs de ne pas entreprendre dâaction. Maintenant, les mineurs tentetn de recréer de nouvelles structures par en-bas. Socialist Resistance (CWI Kazakhstan) soutient pleinement les mineurs, et appelle à la formation de syndicats démocratiques et combatifs, et à la nationalisation des mines et de lâindustrie métallurgique au Kazakhstan.
Ceci est la première grève des mineurs à une telle ampleur, depuis les troubles de 1989. En ce moment, 25 000 mineurs ont cessé le travail. La grève est aussi soutenue par les travailleurs de lâindustrie métallurgique de Karaganda, qui ont leurs propres batailles à mener. Ces travailleurs ont tenu une assemblée générale le 30 septembre, dans la ville de Temirtau, pour demander une hausse salariale de 40%.
Besoin dâun soutien moral et politique
Les mineurs ont entrepris une action courageuse, et découvrent en ce moment leur pouvoir, mais ils ont besoin dâun soutien moral et politique rapide. Les dirigeants des syndicats officiels, accompagnés des autorités locales et régionales, tentent de diviser les travailleurs. Une surveillance permanente des grévistes a été organisée. Les médias de masse, qui appartiennent au gouvernement, déversent sans discontinuer des flots de mensonges et dâinsultes au sujet des ouvriers.
Nous appelons à lâenvoi de lettres de solidarité à Pavel Shumkin, le dirigeant « officieux » des mineurs en grève, qui sâest rendu célèbre par son action lors des grèves de 1989.
Vous pouvez contacter Pavel Shumkin à lâadresse suivante :
Loboda St., 13, Apt. 49, 100000, Karaganda, Republic of Kazakhstan
Tel ++7 3212 41 36 04, mobile ++7 705 574 75 91
e-mail : pshumkin@yandex.ruNous vous serions gré dâenvoyer des copies de ces mails à « Socialist Resistance (Kazakhstan) » par e-mail: kri-ainur@mail.ru and ainur1917@yandex.ru
Un fonds de solidarité a été établi pour les grévistes. Vous trouverez plus dâinformations à ce sujet sur www.kazakhstan.socialism.ru
Nous vous demandons aussi de contacter les syndicats dans dâautres usines appartenant à « Arcelor Mittal », dans 16 pays à travers le monde. Cela inclut les usines de Tchéquie, du Canada, et des USA. La politique de conditions de travail brutales et de paye misérable qui est promue par Arcelor Mittal est aussi pratiquée par lâentreprise « Krivorozhstal », en Ukraine et Roumanie.
Une situation explosive se développe dans les mines du Kazakhstan. Une vague de grèves, avec lâapparition de nouveaux syndicats combatifs, pourrait parcourir le pays tout entier, en particulier si cette lutte des mineurs devait être victorieuse. Tous les socialistes, les syndicats et les activistes, où quâils soient, doivent soutenir les mineurs du Kazakhstan. Ce nâest que par la solidarité et la lutte commune que nous pourront défendre nos droits, et remporter de véritables victoires !
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Thailande. Un coup dâétat suite à lâimpasse politique. Lâarmée supprime les droits démocratiques.
Ce 19 septembre, la Thailande a été le théâtre dâun autre coup dâétat. Ceci est le 17ème coup dâétat depuis que la « monarchie constitutionnelle » a été établie en 1932. Ce coup dâétat, mené par Sonthi Bunyaratglin, commandant en chef des forces armées, a expulsé le premier ministre Thaksin Sinawatra, un magnat des télécoms milliardaire. Depuis 2001, avec son gouvernement du parti « Thai Rak Thai » (TRT â « les Thaïs aiment les Thaïs »), Thaksin Sinawatra a remporté deux écrasantes victoires électorales, avant de devoir faire face cette année à des manifestations de rue contre la corruption. Il est largement entendu que le roi Bhumibol a donné le feu vert à lâarmée quant à la mise sur pied de ce coup dâétat. Les forces armées, avec le soutien du roi, misaient sur lâhostilité générale envers Thaksin, en particulier sur celle de la population urbaine de Bangkok, afin dâobtenir une victoire rapide, remportée sans devoir tirer le moindre coup de feu ni verser la moindre goutte de sang. Ce coup dâétat avait pour but, selon ses chefs, de mettre un terme à plus dâun an dâimpasse politique.
Dossier par Ravie Chandren
La chute de Thaksin
Thaksin est arrivé au pouvoir en 2001, en utilisant à son avantage lâimpact de lâagenda de « restructuration » demandé par le FMI lors de la crise de lâéconomie asiatique en 1997. Il gagna un soutien significatif, surtout dans les zones rurales, pour son programme populiste vis-à-vis des fermiers et des pauvres, avec par exemple des promesses de soins de santé bon marché. En même temps, il utilisa des mesures protectionnistes pour servir ses propres intérêts économiques. Ses cinq ans au pouvoir furent caractérisés par son administration de style « PDG ». A cause des pressions économiques au niveau mondial, Thaksin recourut à une politique néo-libérale, comprenant des privatisations de services publics (par exemple, lâélectricité). Il introduisit des accords de libre échange pour faciliter les investissements étrangers.
Ces mesures furent à la source de désaccords importants avec des hommes dâaffaires locaux, et dâautres plus petits commerçants et industriels, ainsi que dâune certaine colère de la population urbaine, lorsque lâinflation atteignit son plus haut niveau en 6 ans. La population urbaine était également outragée par le contrôle que Thaksin exerçait sur les médias et par sa négligence des droits démocratiques, par ses incessantes tentatives de remplir les institutions avec ses propres hommes, par sa « guerre contre les trafiquants de drogue » (qui lui servait dâexcuse pour commettre des meurtres illégaux), et par les moyens de répression brutaux quâil employa contre une insurrection organisée par les musulmans au Sud, et qui intensifia les émeutes séparatistes.
La goutte qui fit déborder le vase, fut la vente de toutes les parts que la famille de Thaksin détenait dans Sin Corp., le géant des télécommunications, à Tamasek Holdings, une société singapourienne, pour une valeur de 1,88 milliards de dollars, réalisant ainsi la plus grosse vente de toute lâhistoire de Thaïlande. Pas un centime de taxe nâen fut prélevé. Cette opération donna naissance à des manifestations de milliers de personnes dans les rues de Bangkok, en février et mars de cette année, comprenant les classes moyennes, des groupes de citoyens, dâétudiants, dâintellectuels, les partis dâopposition et les églises, ainsi que des travailleurs. Pendant ce temps, Thaksin se reposait sur son soutien populaire à la campagne, où habite 60% de la population, utilisant à son avantage les divisions entre campagne et ville, élaborant des stratégies de « diviser pour régner » afin de remporter les élections.
Cependant, les tensions entre Thaksin et les partis dâopposition atteignirent un sommet lors des derniers mois. Thaksin tenta de calmer les manifestations à Bangkok, en improvisant des élections le 2 avril de cette année. Les partis dâopposition boycottèrent le scrutin, de sorte quâil fut impossible de former un nouveau parlement sur base des maigres résultats. Par conséquent, Thaksin promit de démissionner dès quâun nouveau cabinet aurait été mis sur pied. On pense que cette décision lui fut conseillée par le roi Bhumibol, afin de mettre un terme à lâimpasse politique. Mais la crise ne se résolut pas, ce qui poussa le roi à demander aux juges du pays de « mettre de lâordre » dans le pays.
La cour constitutionnelle annula rapidement les élections dâavril, puis la cour criminelle emprisonna trois des commissaires qui avaient organisé les élections. Les nouveaux commissaires avaient été choisis un peu plus tôt ce mois-ci. Il semblait que la Thaïlande se dirigeait vers de nouvelles élections, peut-être dès le mois de novembre, et auxquelles les partis dâopposition auraient pris part. Mais la crise politique nâaurait pas été terminée, même après ces élections de novembre, puisquâil était largement attendu que le parti de Thaksin (le TRT) allait remporter les élections, grâce à son important soutien rural. Et donc, même si Thaksin avait démissionné de son poste de premier ministre, comme il avait suggéré de le faire, il aurait continué de contrôler le gouvernement à travers le TRT.
Au même moment, des couches entières de lâélite dirigeante ressentaient un profond malaise vis-à-vis des conséquences politiques et économiques que causerait une confrontation prolongée entre Thaksin et ses opposants politiques : plus longtemps durerait ce conflit, plus grand allait en être lâimpact sur les prix des actions, sur lâinflation et sur les investissements. Des couches encore plus larges de la population étaient aussi prêtes à donner de la voix si lâéconomie continuait à se détériorer.
Une autre cause du coup dâétat semble avoir été les manĆuvres de Thaksin contre des officiers âgés, dont le Général Sonthi, qui était critique envers le premier ministre. Des rapports indiquent que pendant le mois de juillet, cent officiers de rang moyen qui étaient loyaux à Thaksin, furent écartés des postes-clés à Bangkok. Récemment, Thaksin avait projeté de placer deux de ses partisans à des endroits stratégiques, pour contrôler la sécurité de la capitale.
Depuis le coup dâétat de cette semaine, les généraux de lâarmée ont insisté sur le fait que Thaksin, qui se trouve pour lâinstant à Londres, est libre de rentrer au pays, et même de participer aux prochaines élections. Pendant ce temps, Reuters a mentionné deux juges et lâancien dirigeant de la banque centrale comme membres attendus du nouveau comité de six experts qui aurait pour mission dâenquêter sur les affaires financières de Thaksin, de sa femme, de ses autres parents, et de ses collègues politiques. Divers accusations ont été formulées contre lui auprès des tribunaux et, maintenant quâil a quitté le pouvoir, dâautres semblent devoir bientôt suivre.
Le roi et lâarmée
La Thaïlande, le seul pays dâAsie du Sud-Est à nâavoir jamais été colonisé par une puissance européenne, était une monarchie absolue pendant presque quatre siècles, jusquâen 1932, lorsquâun coup dâétat pacifique limita les pouvoirs du roi. Cependant, le roi reste extrêmement révéré et influent, de par la constitution. Câest par son implication dans le coup dâétat militaire que le gouvernement Thaksin a vu son terme. Pendant presque les deux tiers du siècle dernier, la direction du pays a été dominée par les forces armées, avec toute une succession de dictateurs militaires.
Le lendemain du coup dâétat, la junte militaire qui a pris le pouvoir, composée de six hommes, est apparue devant les medias du monde entier, insistant quâils nâavaient aucune intention de sâaccrocher au pouvoir. Ils ont promis de passer le pouvoir dans deux semaines, après quâils aient sélectionné lâadministration civile qui devra diriger le pays pour une année. Les généraux ont aussi insisté sur le fait que ce nouveau cabinet devrait constituer un comité à charge dâécrire une nouvelle constitution, qui serait soumise à un référendum avant que des élections nâaient lieu.
Bien que le pays ait déjà eu 15 constitutions différentes depuis 1932, de nombreux politiciens et académiciens thaïs semblent convaincus quâune nouvelle réécriture sera un grand succès. Le magazine The Economist a écrit : « Lorsque la dernière constitution a été rédigée, en 1997, elle fut largement perçue comme porteuse dâun équilibre certain. Dâun côté, elle fournissait à la Thaïlande des partis politiques et un pouvoir exécutif plus forts – ce dont elle avait besoin, avec son histoire faite de différentes administrations aussi faibles quâéphémères ; dâun autre côté, elle introduisait de nouveaux équilibres et contrepoids, tels que la cour constitutionnelle, et un important organe anti-corruption. Malgré cela, on reproche maintenant à la constitution de 1997 dâavoir permis à M. Thaksin de dominer les institutions étatiques, et dâabuser de son pouvoir de premier ministre. Différentes propositions de réformes â telles que des restrictions aux changements dâallégeance politique â ont été rédigées ; bien quâil semble peu probable quâelles puissent réaliser les miracles qui sont attendus dâelles, même si elles devaient être promulguées. »
La junte militaire, qui sâest donnée le nom de « Conseil pour la Réforme Démocratique », répète que son but est de sauver la démocratie thaï de la « corruption galopante » du gouvernement Thaksin, de mettre un terme à ses interventions au sein des institutions du pays, supposées « indépendantes », et de réparer les divisions profondes que Thaksin a ouvertes parmi les Thaïs. Néanmoins, lorsque nous examinons le passé (pas si lointain que ça) de la Thaïlande, il est clair que les solutions ne sont pas à aller chercher du côté des chefs militaires qui prennent le pouvoir.
Cette semaine, après que lâarmée ait pris le contrôle à Bangkok et dans les zones environnantes, la première action des généraux a été dâinterdire toutes les manifestations et les rassemblements de plus de 5 personnes. Le nouveau régime a ensuite interdit tous les meetings et autres activités qui auraient pu être organisés par des partis politiques. Ces mesures répressives ont été conçues pour tenter dâempêcher toute tentative de contre-coup dâétat de la part des partisans de Thaksin au sein de lâarmée, et dâempêcher les mouvements de protestations parmi la population rurale, chez qui Thaksin est très populaire. En prenant les pouvoirs législatifs jeudi 21 septembre, les militaires ont interdit tout compte-rendu médiatique jugé « négatif », ont renforcé les restrictions vis-à-vis des partis politiques existants (mais nâont donné aucune indication quant à la durée de ce blocus), et ont interdit la formation de nouveaux partis politiques.
Il semblerait que le commandant en chef de lâarmée, Sonthi Boonyaratglin, officiellement intronisé ce vendredi 22 septembre en tant que chef de la nouvelle junte militaire, ne correspond pas au profil habituel des anciens putschistes. Les généraux de police ou dâarmée qui ont dirigé la Thaïlande précédemment étaient en général des personnages arrogants et égoïstes â des descriptions qui, jusquâici, ne peuvent sâappliquer à Sonthi. « Lors de mes conversations avec le général Sonthi, je lâai trouvé honnête, modeste, poli et professionnel », a déclaré Surin Pitsuwan, un ancien ministre des affaires étrangères thaï, et le chef du « Parti Démocrate ». Sonthi va tenter dâutiliser son image « modérée » pour assurer à la fois à la population thaïe et aux groupes de la finance internationale que sous son règne la vie sera paisible et prospère. Mais, si la situation économique et politique devait ne pas se redresser, ou empirer, le commandant en chef Sonthi Bunyaratglin et sa junte peuvent toujours prendre des mesures plus sévères contre lâopposition populaire.
Les meneurs du coup dâétat vont probablement assigner un premier ministre par intérim, capable de rassurer la « communauté financière » nationale et multinationale. Le message quâils cherchent à faire passer est que lâéconomie thaïe, si dépendante de ses exportations, se trouve entre de « bonnes mains ». La spéculation autour de qui sera appointé aux postes gouvernementaux cruciaux pointe en direction Supachai Panitchpakdi, lâancien chef de lâOMC, et de lâancien directeur de la Banque Centrale, Pridiyathom Devakula. De toutes façons, qui que soit le prochain premier ministre, tout le monde sâattend à ce que ce soit la junte militaire, accompagnée du roi, qui dirige la politique des cabinets par intérim.
Les conglomérats de la finance et des multinationales qui, depuis 2001, ont beaucoup bénéficié de la politique néolibérale du premier ministre Thaksin, applaudiraient aussi à ce coup dâétat, sâil aidait à résoudre la longue crise politique débilitante qui a frappé la croissance économique. Les économistes disent quâils ne sâattendent guère à un gros impact sur lâéconomie thaïe, pourvu que la situation politique du pays demeure calme et que le pays sâachemine rapidement vers un régime civil. Somjai Phagaphasvivat, professeur en sciences politiques à lâuniversité Thammasat, à Bangkok, a dit que « Je ne prévois pas beaucoup dâimpact sur lâéconomie globale, qui, ironiquement, aurait pu encore plus se dégrader si Thaksin était resté au pouvoir. Jusquâà présent, elle a été affaiblie par une société sérieusement divisée, et par la crise politique de cette année⊠Le redressement ou lâeffondrement de lâéconomie dépendra de la manière dont les meneurs de ce coup dâétat vont la diriger, et de la manière dont ils tiendront leur promesse dâorganiser rapidement des élections correctes. »
Bien que les grandes puissances occidentales, comme les USA et le Royaume-Uni, ont exprimé leur « considération » quant à la fin de la démocratie en Thaïlande, il nây a eu aucune condamnation sérieuse du coup dâétat. Ces puissances sont plutôt satisfaites de voir la démocratie supprimée, et lâarrivée au pouvoir des généraux, si cela est dans lâintérêt général des grosses entreprises et de lâimpérialisme, et si cela permet de faire taire les mouvements de protestation populaires. Quâen est-il de lâidée des « révolutions démocratiques », que Bush et les autres leaders occidentaux ont proclamée partout au Moyen-Orient et dans le monde néocolonial ?!
Les partis dâopposition thaïs, la population urbaine et les groupes de « citoyenneté » qui ont mené les manifestations au cours des derniers mois, ont bien acclamé lâintervention de lâarmée. Ils pensent que lâaction des généraux peut mettre un terme à lâincertitude politique qui avait été amenée par le régime Thaksin. Les directions de ces organisations nâont pas un programme pour en finir avec les crises économiques et politiques. Ceci signifierait la fin du système de profit.
Les populations rurales et urbaines
A de nombreuses reprises, lâhistoire de la Thaïlande a démontré quâà chaque fois quâil y a une intense crise politique ou économique, la classe dirigeante utilise soit la monarchie, soit lâarmée, ou, quand elle le peut, le système parlementaire, comme outil pour briser la révolte populaire et façonner lâEtat en faveur des besoins de la classe capitaliste. Le coup dâétat militaire de cette semaine a été mené à des fins similaires. Lâintervention de lâarmée a été conçue pour mettre un terme à un an de troubles politiques, qui ont affectés lâindustrie et lâéconomie toute entière, en particulier à Bangkok, qui se trouve être le pivot de lâéconomie thaïe.
Sous le règne militaire, il pourra y a voir quelques réformes pour apaiser des couches de la population, tels que les pauvres à la campagne. Mais aucune réforme ne peut être durable dans le système de profit, quâelles soient établies par des gouvernements civils ou par des dirigeants militaires. Le capitalisme est incapable de satisfaire les besoins fondamentaux des travailleurs et des paysans. La classe ouvrière thaïe et les paysans pauvres vont devoir faire face à encore plus dâincertitudes et dâattaques sur leur mode de vie au cours des prochaines années, ce qui mènera à une nouvelle instabilité politique, qui déclenchera de nouvelles luttes de masse.
Lors des deux précédentes émeutes de masse en Thaïlande, il y avait des illusions envers la soi-disant « bourgeoisie progressive » (la classe capitaliste), surtout parmi les classes moyennes, les étudiants et les paysans, qui espéraient gagner des droits démocratiques par des luttes contre le régime militaire. Le 14 octobre 1973, une manifestation menée par des étudiants renversa une dictature militaire et amena une courte période de régime démocratique. Cette période dura jusquâen 1976, lorsque des forces militaires de droite réprimèrent violemment le mouvement étudiant. En mai 1992, un autre dictateur militaire, Suchinda Kraprayoon, a été chassé par des citoyens thaïs. Ils étaient en colère contre ses mesures anti-démocratiques. Mais Suchinda Kraprayoon fut remplacé par un gouvernement de droite qui fut incapable de résoudre les problèmes économiques et sociaux qui se posaient au peuple thaï.
Ces événements montrent que les travailleurs et paysans thaïs peuvent avoir des illusions dans les ailes soi-disant « démocratiques » ou « progressives » de la classe capitaliste. Toutes les différentes sections de la classe dirigeante et des partis politiques agissent dâabord au profit des grosses entreprises, et cela inclut la suppression des droits démocratiques sâils entrent en contradiction avec leurs intérêts de classe.
Cette année, al crise politique a révélé les différents agendas des organisations qui constituent lâopposition, qui inclut les partis politiques, les étudiants, les ONG (organisations non-gouvernementales), les syndicats et dâautres, tous unis sous « lâAlliance Populaire pour la Démocratie » (APD). Ils resserrèrent les rangs après que Thaksin ait été accusé dâabuser de son pouvoir, et en particulier, de sâenrichir soi-même grâce à une grosse opération financière dans le secteur des télécommunications. Mais les forces qui composent lâAPD différèrent au sujet de ce quâil fallait faire de Thaksin et de son parti, de la nature des réformes constitutionnelles, et des négociations de « libre échange » avec les Etats-Unis.
Les partis dâopposition de droite, tels que le Parti Démocrate, qui a organisé des attaques sur les paysans et les travailleurs lorsquâil était au gouvernement, se concentre maintenant essentiellement sur le démantèlement du parti de Thaksin. La demande dâune « réforme constitutionnelle » émanant du Parti Démocrate nâest quâune rhétorique politique pour tenter dâélargir son soutien électoral. Les syndicats, les « groupes de pression », et les organisations dâétudiants veulent plus de changements fondamentaux, exigeant la fin des privatisations et des autres attaques néolibérales sur les travailleurs. Mais cela nâest pas à lâagenda des directions de lâAPD et du Parti Démocrate.
La plupart des partis politiques et des organisations de masse misent publiquement sur le roi, espérant quâil calmera la situation, et quâil veillera à lâamélioration de la vie pour les Thaïs. Mais lâhistoire des nombreux coups dâétat en Thaïlande montre que le roi a toujours donné son soutien à partir des coulisses aux juntes militaires comme le régime Sonthi. Cela montre bien que la monarchie aide les magnats de lâindustrie tels que Thaksin à monter au pouvoir. Le roi légitimise les coups dâétat et les régimes anti-travailleurs et anti-paysans.
Le problème des rébellions des musulmans, et des demandes séparatistes – une cause dâinstabilité majeure en Thaïlande â ne peut être résolu sur base du capitalisme. Seule, lâaction de la classe salariée, par la lutte pour ses droits démocratiques, pour les réformes sociales et économiques, et pour le socialisme, peut gagner de véritables droits pour cette communauté opprimée.
Les expériences passées de luttes de masse en Thaïlande ont clairement prouvé que, en dépit de leur héroïsme et de leur sacrifice, ni les paysans, ni les étudiants, ni la classe moyennes, à cause de leur caractère très hétérogène, ne peuvent mener la bataille pour la mise à bas du capitalisme. En ce moment, il semble que la population rurale (surtout composée de paysans), qui constitue la majorité de la population en Thaïlande, penche vers un soutien à des meneurs tels que Thaksin.
La classe salariée est la seule classe capable de prendre la direction jusquâà la chute du capitalisme, et capable de tirer à elle le soutien des pauvres des campagnes, des étudiants et des classes moyennes, ainsi que celui des pauvres musulmans du Sud. Afin dâaccomplir cette tâche, il est crucial de commencer la construction dâun parti des travailleurs. Un tel parti, avec un soutien massif, sur base dâun programme socialiste, donnerait assez de confiance à la classe salariée pour quâelle prenne la direction des luttes dâopposition.
Pour un parti des travailleurs et des paysans, il est nécessaire de lier les revendications pour des droits démocratiques et des réformes économiques et sociales, au besoin de bâtir un Etat ouvrier. Une Thaïlande socialiste gagnerait le soutien des travailleurs à travers toute lâAsie du Sud-Est, et le monde entier.
Le CIO demande :
- Opposition totale au coup dâétat militaire
- Non au règne des généraux, non au règne des politiciens millionnaires et corrompus
- Non à la suppression des droits démocratiques, et à la mainmise étatique sur les médias
- Pour une lutte de masse afin de remporter des droits démocratiques complets, y compris le droit aux travailleurs de sâorganiser, de manifester et de faire grève
- Pour des organisations paysannes et des syndicats indépendants, combatifs, et démocratiques
- Des droits syndicaux pour les soldats â afin de gagner le soutien des soldats pauvres pour les luttes des travailleurs
- Pour la construction dâun parti de masse, des salariés et des paysans
- Pour une lutte unie des travailleurs et des paysans, afin de renverser lâarmée et son gouvernement fantoche
- Pour une Assemblée Constituante honnête et représentative
- Abolir la monarchie
- Pour un gouvernement à majorité ouvrière et paysanne
- Des droits égaux pour toutes les minorités ethniques, y compris les populations musulmanes
- Non à la politique néolibérale de privatisation et de dérégulation
- Nationaliser les grosses entreprises, les secteurs-clé de lâindustrie, les grands holdings privés et les banques
- Pour une économie planifiée destinée à fournir à tous les travailleurs et paysans leurs besoins de base, sous le contrôle et la gestion démocratique de comités élus à partir des ouvriers et des paysans
- Pour une Thaïlande socialiste et membre dâune fédération socialiste dâAsie du Sud-Est
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Népal. Mouvement de masse et crise révolutionnaire
Une grève générale de 18 jours, doublée de protestations de masse, ont contraint le roi du Népal Gyanendra à rétablir le parlement le 24 avril. La crise était profonde. Sâil y avait eu un parti socialiste révolutionnaire de masse au Népal, la question de la création dâun Etat des travailleurs et des paysans se serait posée sans aucun doute.
Depuis le 1er février 2005, le roi dictatorial tenait fermement les rènes du pouvoir. Il avait alors proclamé lâétat dâurgence pour trois mois. En 2005, la moitié des cas de censure recensés dans le monde étaient dus au Népal dâaprès un rapport de Reporters Sans Frontières.
Le roi sest lui-même isolé chaque jour davantage de toutes les couches de la population au fur et à mesure que la répression et le marasme social sâaccentuaient. Non seulement les travailleurs et les paysans le rejetaient, mais aussi la classe moyenne. Il y a eu des élections communales au Népal le 9 février de cette année. Le roi voulait de cette manière restaurer quelque peu son image. Ce fut pourtant un coup dâépée dans lâeau. Les rebelles maoïstes ont appelé à une semaine de grève et une grande manifestation de lâopposition a rassemblé 150.000 participants. Le régime était clairement aux abois.
Les 18 jours de grève en avril nâont pas choqué que lâélite népalaise. Les USA et les grandes puissances régionales comme la Chine et lâInde redoutaient elles aussi une insurrection populaire. LâInde est elle-même aux prises avec une rébellion maoïste dans certaines régions. Le gouvernement chinois avait encore envoyé à la fin de lâannée passée 18 camions remplis dâarmes au Népal. Elles devaient servir à réprimer la guérilla maoïste et les mouvements de protestation subversifs en général. Ce soutien militaire est révélateur de la politique des dirigeants chinois qui font passer leurs intérêts économiques et diplomatiques avant tout et ne veulent surtout pas voir triompher une révolution à leurs portes.
Les derniers jours de la grève dâavril ont vu des centaines de milliers de personnes participer aux manifestations. Les fonctionnaires et la plupart des syndicats ont rallié la grève générale. Lorsque la police a abattu 3 manifestants le 20 avril, cela nâa fait que radicaliser le mouvement dans les jours qui ont suivi. Les masses ne voulaient plus continuer à vivre de cette façon à tel point que la peur de mourir les avaient quittées ; la classe moyenne soutenait le mouvement; lâappareil dâEtat commençait à se fissurer;… Les conditions dâune crise révolutionnaire étaient réunies.
Par crainte dâune manifestation monstre – 2 millions de participants attendus – prévue pour le 25 avril, le roi a décidé la veille de restaurer le parlement. Lâopposition parlementaire est cependant largement discréditée. Le Parti du Congrès népalais a mené une politique néolibérale dans les années â90 quand il dirigeait le pays. Quant au Parti communiste unifié – marxiste-léniniste qui a une audience plus large, il se prononce pour une ârépublique démocratique â en renvoyant le socialisme à un futur lointain, selon la théorie stalinienne de la révolution en deux stades. Lâun comme lâautre veulent ménager leurs alliances avec des partis bourgeois.
La guérilla maoïste – qui détient 75% des campagnes – ne répugne pas non plus à des accords avec les partis bourgeois et ne prône quâune ârépublique démocratiqueâ à court terme.
Il nâest pourtant pas possible de sortir le Népal du marasme économique et social dans le cadre du capitalisme. Il faut combiner les revendications démocratiques comme la réforme agraire et les droits démocratiques avec des revendications comme les nationalisations et le contrôle ouvrier. Un appel à une fédération socialiste dâAsie aurait des répercussions importantes dans la région et sur le plan mondial.
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«Pour survivre, nous devons lutter pour le socialisme!»
Pakistan/Cachemire:
Du 23 au 6 avril, j’ai visité le Pakistan et le Cachemire afin de participer à une série d’activités de nos organisations-soeurs dans ces régions. Le Comité pour une Internationale Ouvrière est une organisation socialiste internationale organisée dans plus de 35 pays. Le Socialist Movement Pakistan (SMP) et le CIO au Cachemire sont, tout comme le MAS/LSP en Belgique, des sections de ce parti révolutionnaire mondial.
Geert Cool
Pakistan: lutte contre les privatisations
Notre organisation au Pakistan est très jeune, mais possède déjà une bonne réputation. Ces dernières années, les conditions de vie des travailleurs, des jeunes et des paysans pauvres se sont considérablement dégradées. Le fossé entre riches et pauvres est plus grand que jamais, comme en témoigne le taux dâanalphabétisme, de 55% à travers le pays. Dans la province de Sindh, à côté des gigantesques villas protégées par des milices armées, 1 million d’habitants souffrent de tuberculose. A Rawalpindi (ville de 3 millions d’habitants) un tiers des maladies sont uniquement dues au manque d’eau potable.
De pareilles conditions sociales ont des conséquences pour l’organisation de la résistance contre la politique néolibérale du dictateur Musharraf. Celui-ci tente de mettre en avant le pays comme un compagnon de route islamiste, mais moderne, des Etats-Unis en dressant une façade de démocratie.
En réalité, il mène une politique néolibérale très brutale qui augmente encore l’écart entre riches et pauvres. Mais les premiers signes de résistance apparaissent, comme l’an dernier lors du mouvement contre la privatisation de l’entreprise télécom PTCL. Nos camarades ont joué un rôle crucial dans l’organisation des actions de grève et des manifestations. Cela n’a pas échappé à l’attention du régime et divers camarades dirigeants du SMP ont temporairement dû continuer leur travail clandestinement.
Ce mouvement, bien que n’ayant pas mené à une victoire, a mis l’idée de la lutte à l’ordre du jour. C’est pourquoi le SMP jouit d’une autorité et d’un respect général. Cela m’a particulièrement frappé lors d’un meeting de notre section d’Islamabad où étaient présents beaucoup de dirigeants et de militants syndicaux combatifs. A Karachi, une réunion de la direction nationale d’un nouveau syndicat des postiers, où se trouvaient 200 participants, a explicitement demandé un speetch d’un orateur du CIO.
Notre organisation pakistanaise est aussi active parmi les paysans pauvres et la jeunesse. Une section de notre campagne internationale de jeunes "Résistance Internationale" a été récemment mise sur pied et nous menons également des campagnes contre l’oppression de la femme etc.
Travailleurs et paysans pauvres mènent une lutte quotidienne contre la misère, lutte qui ne peut être gagnée fondamentalement qu’en établissant une société socialiste mondiale.
Cachemire: 6 mois après le tremblement de terre, le cauchemar continue
Il y a six mois, le Cachemire et le Pakistan ont vécu un terrible tremblement de terre. Des villes et des villages entiers ont disparu. Aujourd"hui, la situation ne s’est guère améliorée, la reconstruction est loin d’avoir commencé. La petite ville de Bagh demeure toujours un grand camping dans lequel la population a dû passer l’hiver. Même l’hôpital est encore abrité par des tentes.
Depuis Islamabad, au Pakistan, le voyage vers Bagh dure 5 heures, même si cette ville n’est pas lointaine. Quelques ponts supplémentaires suffiraient à réduire le trajet actuellement fait de routes étroites et sinueuses à travers les montagnes. Dans la ville de Kotli, il n’existe l’électricité que depuis 1980.
A Bagh, presque toutes les habitations ont été détruites par les ravages du tremblement de terre et tous ont perdu des parents ou des amis. Un camarade m’a ainsi raconté comment 36 membres de sa famille ont péri.
Le Kashmire est une région disputée et occupée tant par l’Inde que par le Pakistan (et une petite partie par la Chine). La population y revendique l’indépéndance et nous soutenons cette lutte, mais nous lions cette revendication à la nécessite du socialisme. Nous y avons une section indépendante, même si la coopération avec la section pakistanaise est étroite.
Nos camarades y ont construit de petites écoles et postes médicaux, aux côtés d’une implication active dans la reconstruction des instruments de lutte que sont les syndicats. Il est nécessaire de soutenir les revendications pour la reconstruction et de garantir qu’il y ait un contôle démocratique sur les travaux de reconstruction. Ces travaux ont été cofinancés par une campagne de solidarité que nous avons entre autre mené en Belgique. L’argent que nous avons recolté a été intégralement versé à la Trade Union Rights Campaign (campagne pour les droits syndicaux).
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La lutte des classes émergente et la crise capitaliste en Asie
Conférence Internationale du CWI
« Si lâĂ©conomie et les relations mondiales sont dominĂ©es par les dĂ©veloppements sociaux et Ă©conomiques dramatiques en Chine, alors pour lâAsie le pas et lâampleur de ces dĂ©veloppements sont encore plus significatifs. » Clare Doyle ouvrit la discussion sur les dĂ©veloppements en Asie lors de la confĂ©rence du ComitĂ© ExĂ©cutif International du CWI en dĂ©cembre dernier. Une fois que lâĂ©conomie chinoise commencera Ă faiblir, voire Ă sâeffondrer, cela aura des consĂ©quences terribles Ă lâintĂ©rieur de la Chine et Ă travers toute la rĂ©gion.
Article de www.socialistworld.net
Bien que la plupart des Ă©conomies en Asie sont toujours sujettes Ă une croissance relativement grande, celle-ci est extrĂȘmement fragile. Tout comme la Chine, ces Ă©conomies reposent sur une main dâĆuvre bon marchĂ©, sur de hauts niveaux dâinvestissement, et sur le commerce, avec les USA aussi bien quâavec les autres pays asiatiques.
Elles nâont pas Ă©tĂ© capables de dĂ©velopper aucun marchĂ© interne sĂ©rieux pour y Ă©couler leurs marchandises. La course nĂ©olibĂ©rale mondiale vers les superprofits, conduite Ă la fois par les capitalistes nationaux et internationaux, nâa menĂ© Ă aucune amĂ©lioration de la capacitĂ© de la majoritĂ© asiatique frappĂ©e par la pauvretĂ© Ă acheter mĂȘme les produits vitaux de base. Au contraire, Ă©normĂ©ment de pays asiatiques ont Ă©tĂ© ceux oĂč le fossĂ© entre riches et pauvres sâest le plus vite creusĂ©.
Le boom prĂ©sent, menĂ© par les investissements, pourrait rapidement laisser place Ă une nouvelle crise asiatique comme celle de 1997, mais Ă une Ă©chelle encore plus grande. La crise de 1997 a Ă©tĂ© suivie par des mouvements de masse, qui dans certains cas ont pris des proportions rĂ©volutionnaires. Un certain nombre de rĂ©gimes dans la rĂ©gion ont Ă©tĂ© Ă©branlĂ©s quand la dictature du GĂ©nĂ©ral Suharto, en IndonĂ©sie, fut dĂ©faite. Maintenant, et surtout si lâimmense bulle de surproduction chinoise devait Ă©clater, ou si des luttes de classe majeures devaient commencer dans ce pays, nous pourrions nous attendre Ă des convulsions rĂ©volutionnaires encore plus grandes qui se rĂ©percuteront sur toute la rĂ©gion.
LâAsie est toujours le foyer dâun grand nombre de rĂ©gimes qui emploient des mĂ©thodes dictatoriales pour maintenir leur prise sur le pouvoir. Certains, incluant la Chine, interdisent mĂȘme les droits dĂ©mocratiques les plus basiques Ă leurs citoyens. 60 prisonniers en Chine ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour « offenses par internet ». La Chine est 159Ăš sur 167 dans le classement de libertĂ© de la presse qui a Ă©tĂ© Ă©tabli par « Reporters sans frontiĂšres ». Les demandes pour les droits Ă©lĂ©mentaires peuvent, dans des circonstances telles que celles qui existent sous les dictatures asiatiques, devenir rĂ©volutionnaires par elles-mĂȘmes.
Des manifestations de rue, des grĂšves gĂ©nĂ©rales, ont Ă©tĂ© aperçues Ă travers toute la rĂ©gion â de lâIndonĂ©sie et des Philippines, avec des protestations massives contre le dĂ©collage des prix du carburant et de la nourriture, jusquâĂ lâInde et Ă la CorĂ©e du Sud, oĂč des millions de travailleurs sont partis en grĂšve contre les privatisations et la dĂ©rĂ©gulation.
Hong Kong a accueilli un quart de million de manifestants dans ses rues le 4 dĂ©cembre, qui demandaient le droit Ă©lĂ©mentaire au suffrage universel, et a Ă©tĂ© chamboulĂ© par des manifestations anti-OMC dans la semaine qui a suivi. Aucune des grandes puissances mondiales nâĂ©tait optimiste quant aux discussions qui nâont pas abouti Ă quoi que ce soit pour aucune dâentre elles. Comme il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© lors de la discussion, peu dâĂ©lites asiatiques anticipent lâavenir avec confiance.
Ces perspectives soulignent lâurgence de la construction de nouveaux partis des travailleurs de masse, et de cadres rĂ©volutionnaires forts dans la rĂ©gion.
La Chine
Le CWI a, depuis un certain temps, Ă©tĂ© enclin Ă mieux comprendre les processus qui se dĂ©roulent en Chine, et en particulier les attentes et lâattitude de sa population. Dans la rapide industrialisation et transition vers les relations capitalistes de marchĂ© qui a terriblement accĂ©lĂ©rĂ© lors des derniĂšres annĂ©es, la grande majoritĂ© de la population a Ă©tĂ© laissĂ©e de cĂŽtĂ©. Il y a plus de pauvres absolus en Chine quâen Inde. Des 248 millions de foyers ruraux, 200 millions dĂ©pendent de parcelles de terre dâune taille moyenne de 0.65 hectares ! Dâun autre cĂŽtĂ©, la plus grande classe ouvriĂšre du monde a Ă©tĂ© créée.
Mais, en dĂ©pit de lâĂ©tiquette « communiste » officielle de lâĂ©lite dirigeante en Chine, ainsi que Laurence Coates, de SuĂšde, a fait remarquer, aucune protection lĂ©gale nâexiste pour 60% des lieux de travail. « Ceci est la plus grande force de travail non-syndiquĂ©e du monde », oĂč lâon parle dâun syndicat en tant quâauthentique organisation des travailleurs, indĂ©pendante de lâEtat. Et pourtant, « il y a 160 grĂšves ou manifestations chaque jour, et de 90 Ă 120 manifestations dans les zones rurales ». Et comme le montra PerAke Westlund, ceci signifie quâil y en a maintenant plus dans les villes quâĂ la campagne.
NĂ©anmoins, les fermiers et leurs familles sont constamment impliquĂ©s dans des conflits brutaux avec les forces de lâEtat quand ils mĂšnent bataille contre les expropriations du gouvernement ou des investisseurs privĂ©s. Depuis 1992, une rĂ©gion de la taille de lâItalie a Ă©tĂ© illĂ©galement saisie par des privĂ©s. Il y a une rĂ©sistance opiniĂątre contre le bulldozing des maisons entrepris afin de faire de la place pour les sites de construction des Jeux Olympiques, et une bataille particuliĂšrement tragique fut le blocage durant trois semaines dâune grandâ route Ă Chonging, une ville de 30 millions dâhabitants ( avant la fin de notre ConfĂ©rence, des rapports nous sont parvenus, faisant Ă©tat dâun des pires massacres de civils depuis celui de la place Tiananmen, au village de Dongzhou dans la province de Guangdong ).
La catastrophe de Harbin a Ă©veillĂ© la colĂšre et lâindignation de 9 millions de personnes dans la rĂ©gion Ă qui on avait menti. Des souvenirs de la maniĂšre dont a Ă©tĂ© Ă©touffĂ©e lâaffaire de lâĂ©pidĂ©mie de SARS, et les craintes dâune grippe aviaire pourraient se raviver et se dĂ©velopper sans avertissement officiel. La rancĆur vis-Ă -vis des dĂ©sastres de ce genre, ou de ceux vĂ©cus dans lâindustrie miniĂšre â oĂč 10 000 travailleurs meurent chaque annĂ©e â sâaccumule. Les suicides touchent un quart de million de fermiers pauvres chaque annĂ©e. Combien de temps faudra-t-il avant que ce niveau de frustration et de colĂšre prenne la forme de luttes â dâabord rĂ©gionales, puis nationales – comparables Ă celles de la fin du 19Ăš siĂšcle et du dĂ©but du 20Ăš siĂšcle en Russie ? demanda Clare.
Les membres du Parti Communiste Chinois ( PCC ) vont avoir de plus en plus difficile Ă Ă©touffer les informations au sujet de ces calamitĂ©s et, le pire pour eux, au sujet de la corruption et de la mauvaise gestion de leurs propres dirigeants nationaux et locaux. MĂȘme en gonflant le nationalisme en guise de diversion, ils pourraient susciter des mouvements de protestation qui pourraient se retourner contre eux-mĂȘmes.
En sâaccrochant Ă lâimage de Mao et en prĂȘchant toujours la parole « marxiste », tout en poursuivant le tournant vers des relations capitalistes complĂštes dans la production, le PCC tient une Ă©pĂ©e Ă double tranchant. Il y a dâoffice des sentiments profondĂ©ment ancrĂ©s en faveur de la justice, de lâĂ©galitĂ©, de la propriĂ©tĂ© et de lâentreprise collectives dans la majoritĂ© de la population. Etant donnĂ© que lâ« expĂ©rience » dâune ouverture vers le capitalisme a commencĂ© en Chine il y a plus de 30 ans, les illusions quâil peut bĂ©nĂ©ficier Ă la population doivent sâĂȘtre rĂ©duites Ă peau de chagrin.
En tentant dâĂ©viter la « thĂ©rapie de choc » de la transition directe vers le capitalisme qui accompagna la chute de lâUnion SoviĂ©tique, le PCC accumule ce qui deviendra une explosion gigantesque quand les choses iront mal pour eux. Au sujet de ce quâils feront le jour oĂč lâĂ©conomie chinoise se prendra un mur, le dĂ©bat est toujours ouvert, mais il serait douteux que la clique dirigeante actuelle Ă©chappe Ă lâorage. Lors dâune crise, certaines mesures de renationalisation pourraient ĂȘtre introduites, mais un retour complet Ă la propriĂ©tĂ© Ă©tatique et Ă la planification centralisĂ©e de jadis nâest pas sur lâagenda.
En commentant certains points qui avaient Ă©tĂ© relevĂ©s au cours de la discussion sur la Chine, Peter Taaffe, de Grande-Bretagne, fit remarquer que pour le moment, il ne faisait aucun doute que cette Ă©conomie au turbo allait toujours de lâavant. Il mentionna la difficultĂ© Ă se reposer sur les statistiques officielles en provenance du rĂ©gime (et depuis la fin de la ConfĂ©rence, les derniers chiffres ont Ă©tĂ© rĂ©visĂ© jusquâĂ plus 20% !). Mais Peter sentait aussi quâil nây avait guĂšre besoin dâĂȘtre trop pressĂ© pour pouvoir caractĂ©riser la nature actuelle de la sociĂ©tĂ© chinoise. PerAke de SuĂšde cita un rapport de lâOCDE (Organisation de CoopĂ©ration et de DĂ©veloppement Economique) qui disait que la Chine a terminĂ© sa transition dâune « Ă©conomie planifiĂ©e centralisĂ©e » vers une « Ă©conomie de marchĂ© libre », mais exprima son accord quant Ă lâimportance de toujours réévaluer la situation concrĂšte. La futur proche contient de grands dĂ©fis pour le CWI en terme dâanalyse et en terme de construction dâun soutien pour les idĂ©es et traditions du trotskysme.
Une pĂ©riode tumultueuse sâouvre sans aucun doute en Chine, dans laquelle le dĂ©veloppement de syndicats indĂ©pendants et dâune direction rĂ©volutionnaire de la classe ouvriĂšre seront cruciaux. Il est nĂ©cessaire dâavoir un programme qui appelle Ă la lutte dans les secteurs publics contre les privatisations, pour un vrai contrĂŽle des travailleurs, au moyen de la dĂ©mocratie ouvriĂšre, dans les secteurs publics, pour la renationalisation, et pour un gouvernement ouvrier qui Ă©tablirait des droits dĂ©mocratiques pour tous. Mais un tel programme doit ĂȘtre Ă©laborĂ© et dĂ©veloppĂ© Ă travers le dialogue et lâimplication des travailleurs en lutte Ă lâintĂ©rieur de ce vaste pays lui-mĂȘme.
En guise de note de bas de page Ă ses commentaires, Clare mentionna le retournement de veste rĂ©cent du grand gourou Den Xiaoping â lâhomme qui a fourni la base idĂ©ologique qui dĂ©crivait le capitalisme en tant que premier stade du communisme. Apparemment, il serait maintenant en train de dire que lâĂ©conomie de marchĂ© occidentale devrait ĂȘtre bannie des universitĂ©s, et quâon devrait y rĂ©instaurer lâĂ©conomie marxiste !
La région
Le reste de la discussion lors de cette session lors de cette session a Ă©tĂ© surtout concentrĂ© sur les dĂ©veloppements au sein des pays principaux oĂč le CWI possĂšde des forces, mais lâon fit mention dâun ou deux autres dĂ©veloppements significatifs dans la rĂ©gion. Le nouveau parti des travailleurs en CorĂ©e du Sud, par exemple, le Parti DĂ©mocratique du Travail CorĂ©en ( PDTC ), qui comptait 10 parlementaires et 60 000 membres, Ă©tait en train de subir un important revers. Un scandale de corruption a menĂ© Ă la dĂ©mission de la direction entiĂšre de la fĂ©dĂ©ration syndicale indĂ©pendante qui lâavait fondĂ© â la CSC, ConfĂ©dĂ©ration Syndicale CorĂ©enne. Une importante Ă©lection partielle en Ulsan a Ă©tĂ© perdue par le parti, et la CSC elle-mĂȘme Ă©prouvait des difficultĂ©s Ă mobiliser les lourds bataillons dans lâindustrie dâingĂ©nierie pour ses campagnes contre les intĂ©rims et les contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e.
A travers la région, les prix du carburant croissants et le retrait des subsides ont mené à de grands mouvements de protestation. Il est possible que les plus fréquents et les plus larges de ces mouvements dans la période récente se soient déroulés en Indonésie. Sous couvert de la lutte contre le terrorisme, des mesures de répression ont été introduites, qui ramenÚrent à la surface des souvenirs du régime dictatorial de Suharto.
Un agrĂ©able effet secondaire dĂ» Ă la pression exercĂ©e par lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain dans la rĂ©gion, depuis le 11 septembre et aprĂšs le dĂ©sastre du tsunami, a Ă©tĂ© le pas en avant vers la « rĂ©solution des conflits » – en Aceh, IndonĂ©sie, au Cachemire, et au Sri Lanka. Mais, sur base du capitalisme, ni une solution finale ni une authentique coopĂ©ration interethnique ne peuvent ĂȘtre garanties. Ces processus vont connaĂźtre des progrĂšs â dĂ©militarisation, dĂ©mobilisation, nĂ©gociations â puis de nouvelles explosions de conflit.
Peter Taaffe montra, par analogie avec ces processus, la nature de va-et-vient de la lutte pour un accord en Afrique du Sud lors des annĂ©es 90-94. La bourgeoisie voulait un arrangement, mais le pays Ă©tait en Ă©tat de quasi guerre civile avant que le suffrage universel ne soit Ă©tabli. Il utilisa aussi lâexemple de ce que De Gaulle avait rĂ©alisĂ© dans les annĂ©es 50 en France, en guise de perspective quant Ă ce que pourrait faire le nouveau prĂ©sident sri lankais. Mahinda Rajapakse a Ă©tĂ© Ă©lu sur une base de non-rĂ©conciliation avec les combattants de la « libĂ©ration », les Tigres tamouls. Alors que De Gaulle avait Ă©tĂ© Ă©lu avec le slogan anti-indĂ©pendance dâ« AlgĂ©rie française ». De la mĂȘme maniĂšre que, pour Ă©viter une longue et dommageable guerre, De Gaulle se dĂ©cida Ă conclure un accord de paix avec le Front de LibĂ©ration National (FLN), qui accorda lâindĂ©pendance au pays, ainsi Rajapakse, sous la pression de lâimpĂ©rialisme, pourrait ĂȘtre forcĂ© de sâasseoir Ă la table de nĂ©gociation avec les TLTE (Tigres de LibĂ©ration Tamouls dâEelam), et dâadopter un certain genre de compromis pour Ă©viter une rĂ©solution dans la guerre ouverte.
Cette discussion dâune journĂ©e sur lâAsie, Ă la ConfĂ©rence de lâExĂ©cutif International du CWI, fut particuliĂšrement enrichie par les contributions de participants actifs Ă la lute des clases dans la rĂ©gion. Ces camarades expĂ©rimentĂ©s comprennent bien lâimportance vitale qui doit ĂȘtre accordĂ©e Ă la recherche de perspectives pour le dĂ©veloppement des Ă©vĂ©nements, de sorte Ă intervenir le plus efficacement possible. Câest seulement de cette maniĂšre quâil est possible de canaliser les Ă©nergies de ces partis et groupes quâils reprĂ©sentent sur ces activitĂ©s qui vont renforcer leurs propres aptitudes de combat, et celles des travailleurs et des pauvres de leurs pays. Ce faisant, ils prĂ©parent les forces du CWI Ă prendre lâavantage des opportunitĂ©s qui sâouvrent pour la construction et la consolidation des forces du changement socialiste rĂ©volutionnaire.
Pakistan
LâarriĂšre-plan de la discussion a Ă©tĂ© Ă©tablie par les rĂ©cents accomplissements majeurs des forces du CWI au Pakistan et au Sri Lanka â en rĂ©ponse aux deux grands dĂ©sastres « naturels » des douze derniers mois, et lors des derniĂšres grĂšves et Ă©lections importantes.
La rĂ©putation du SMP (Mouvement Socialiste Pakistanais) et de la campagne pour les droits syndicaux (Trade Union Right Campaign Pakistan, TURC-P) a grandi Ă pas de gĂ©ant lors de la lutte de 65 000 travailleurs contre la privatisation des tĂ©lĂ©communications â la plus grande grĂšve du secteur public depuis 30 ans â et, plus rĂ©cemment, durant la magnifique mobilisation dâaide pratique et politique qui a eu lieu aprĂšs la destruction massive du tremblement de terre en Octobre.
Treize camarades et sympathisants du PSM ont Ă©tĂ© Ă©lus en tant que conseillers locaux au cours des Ă©lections presque dĂ©mocratiques organisĂ©es par le GĂ©nĂ©ral Mousharaf. Ils sont maintenant capables dâutiliser ces positions pour aider les travailleurs de bon nombre dâentreprises Ă sâorganiser (seuls 3% des 11 millions de travailleurs pakistanais sont syndiquĂ©s, ce travail est donc crucial dans la rĂ©gion). « Le Pakistan est une nation piĂ©gĂ©e entre une mosquĂ©e et une garnison », dĂ©clara Khalid Batti en guise dâintroduction Ă sa contribution. Sous Mousharaf, les militaires ont consolidĂ© leur domination. Ils possĂšdent en tout un capital de 13 milliards de dollars, ce qui reprĂ©sente 24% du PNB. LâarmĂ©e pakistanaise est maintenant le plus grand propriĂ©taire terrien du pays, possĂ©dant au moins 18 millions dâhectares de terre. Elle est devenue, Ă©conomiquement, lâaile dominante de la classe dirigeante, et a constamment colportĂ© lâidĂ©e que lâarmĂ©e est la seule force Ă qui lâon peut faire confiance. Depuis le tremblement de terre, il y a eu un changement terrible dans lâattitude de la population. Une haine de mase a explosĂ© contre lâarmĂ©e. En dĂ©pit de tout son armement nuclĂ©aire, elle nâa pu trouver que 26 hĂ©licoptĂšres Ă sa disposition, et a pris 5 jours pour atteindre les zones affectĂ©es et commencer son travail de secouriste, alors que les maisons, hĂŽpitaux et Ă©coles de millions de personnes sâĂ©taient effondrĂ©s autour dâeux.
Maintenant, la situation sâest changĂ©e en son contraire. Ces jours-ci, insulter les militaires passe pour une expression dâamour pour son pays ! Un sondage rĂ©cent a montrĂ© que 78% de la population ne fait plus confiance Ă lâarmĂ©e, que seuls 11% se fient Ă la police, et que seuls 3% croient en la justice des tribunaux. « 99% des gens dĂ©testent les AmĂ©ricains â la classe dirigeante amĂ©ricaine, bien sĂ»r. Surtout pour ce quâils sont occupĂ©s Ă faire en Afghanistan », dit Khalid. « 90% de la population souhaite une rĂ©volution violente⊠ils veulent pendre les riches. » Tel est le niveau de pauvretĂ© â 63% vivent sous le seuil de pauvretĂ©, et les salaires ont chutĂ© de 35% lâan passĂ©. La CIA maintenant reconnaĂźt le Pakistan comme un « grand danger pour la stabilitĂ© en Asie ».
Mousharaf sâest trouvĂ© sans aucune base sociale, et a tentĂ© (sans succĂšs apparemment, depuis notre ConfĂ©rence) de former des alliances avec de vieux adversaires tels que lâancien Premier Ministre, Nawaz Sharif, quâil a Ă©vincĂ© par son coup dâĂ©tat militaire, ou tels que Benazir Bhutto du PPP (Parti Populaire Pakistanais). Mousharaf recherchait le soutien de Bhutto, en particulier pour arriver Ă une sorte de compromis avec lâInde au sujet du Cachemire. Sous la pression Ă©norme de lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain, il semblerait quâune pĂ©riode de normalisation des relations peut ĂȘtre Ă l »ordre du jour, avec peut-ĂȘtre lâĂ©tablissement dâune zone dĂ©militarisĂ©e au Cachemire.
Comme Khalid lâexpliqua, Benazir instaurerait en gĂ©nĂ©ral le mĂȘme genre de programme que Mousharaf, y compris en ce qui concerne sa politique Ă©conomique. Elle accomplirait encore plus de rĂ©formes, et nâannulerait aucune privatisation. Elle se vante aussi dâĂȘtre capable dâ« Ă©craser les fondamentalistes de maniĂšre plus efficace ».
En fait, les groupes musulmans fondamentalistes de droite ont dĂ©jĂ subi des pertes considĂ©rables de soutien au cours de la derniĂšre pĂ©riode. Seul le tremblement de terre et lâinaction criminelle du gouvernement leur a donnĂ© une chance de rĂ©cupĂ©rer un peu.
A la fin de sa contribution, Khalid cita le fait quâune grosse vague de hausse du fondamentalisme approche au Bengladesh proche. Jusquâici, la « sociĂ©tĂ© la plus sĂ©culiĂšre » de la rĂ©gion, ce pays a connu 700 attaques Ă la bombes massives lors des quatre derniers mois. LâarrivĂ©e dâune franche dictature militaire nâest pas exclue, et le gouvernement amĂ©ricain la soutiendrait. Ainsi que lâa montrĂ© la manifestation de masse qui a parcouru le Bangladesh en protestation Ă une journĂ©e de bombardements en aoĂ»t, « la classe ouvriĂšre est la seule force capable de mettre un frein Ă cette recrudescence de barbarie », et le Bangladesh est un pays dans lequel le CWI doit commencer Ă construire une base.
Durant la discussion, Peter Taaffe, qui visita le Pakistan cette annĂ©e, mentionna le fait que le sentiment prĂ©rĂ©volutionnaire se dĂ©veloppe Ă lâintĂ©rieur du pays battu par la misĂšre. Il nous rappela aussi dâune discussion importante au sein du CWI quant Ă la nature de lâIslam politique. Il avait Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© quâen Orient, les formes modĂ©rĂ©es du fondamentalisme islamique Ă©taient dâune variĂ©tĂ© assez douce, mais quâen fait, on a assistĂ© depuis lors Ă la croissance de formes particuliĂšrement virulentes de « jihadisme ». Il fit remarquer aussi que certaines des plus grandes organisations musulmanes populaires peuvent sâavĂ©rer ĂȘtre un grand, voire trĂšs grand obstacle, au dĂ©veloppement des idĂ©es et des partis socialistes.
Sri Lanka
Les camarades de lâUSP (United Socialist Party, CWI) au Sri Lanka ont jouĂ© un rĂŽle vital au sein de la lutte des pauvres de lâĂźle pour la survie et la justice aprĂšs le passage du tsunami. Le secrĂ©taire du parti, Siritunga Jayasuriya, dĂ©clara lors de la ConfĂ©rence du ComitĂ© ExĂ©cutif International que « Avec lâaide des camarades du CWI, nous fĂ»mes la seule organisation Ă agir rapidement au Sri Lanka » Si le gouvernement nâavait pas Ă©tĂ© si lent Ă agir, il aurait pu sauver les vies de dizaines de milliers de gens, y compris celles des 2000 personnes qui ont pĂ©ri dans un train lorsque ce dernier a Ă©tĂ© jetĂ© hors de ses rails par la seconde vague tueuse. « Ils peuvent tĂ©lĂ©phoner trĂšs vite Ă New York pour sauver leurs actions et leurs parts, mais ne sont pas capables de prendre le cornet quand il sâagit de vies ! » dit-il.
LâUSP en 2005 a reçu un petit Ă©lectorat, comparĂ© Ă celui des deux principaux partis capitalistes, mais est maintenant le troisiĂšme parti du pays. « Sur lâĂ©chelle de Richter du mouvement ouvrier », comme Peter Taaffe inclut dans sa contribution, « le vote pour lâUSP est extrĂȘmement significatif ».
Siri lui-mĂȘme a Ă©tĂ© candidat, et a montrĂ© du doigt lâimmense publicitĂ© qui nous a Ă©tĂ© faite aprĂšs les rĂ©sultats. Un journaliste a dit quâune vĂ©ritable bombe a Ă©tĂ© lancĂ©e au milieu des procĂ©dures quand Siri a Ă©tĂ© capable de sâexprimer Ă la tĂ©lĂ©vision juste aprĂšs le discours dâintroduction de Mahinda Rajapakse. Siri a fait le point sur les consĂ©quences horribles de lâattitude ouvertement communautariste du vainqueur, qui avait polarisĂ© la sociĂ©tĂ© sur des bases ethniques. Câest la premiĂšre fois dans lâhistoire que le prĂ©sident a Ă©tĂ© Ă©lu uniquement par la population singhalaise. « Vous avez lĂąchĂ© les chiens, et vous allez avoir du mal Ă les faire rentrer dans le chenil ! » a-t-il dit, se rĂ©fĂ©rant aux forces du JVP (le Front de LibĂ©ration Populaire) et du JHU (lâorganisation des moines bouddhistes), et Ă la vague de chauvinisme singhalais quâil a dĂ©clenchĂ©e.
La minoritĂ© opprimĂ©e des Tamilophones du Sri Lanka, dit Siri, savent quâils nâont rien Ă attendre du nouveau prĂ©sident. Et câĂ©tait Chandrika Bandaranaike â la chef de son parti (le Parti de la LibertĂ© du Sri Lanka) â qui avait remportĂ© la victoire avec 62% des voix quand elle avait dit « Je mettrai un terme Ă la guerre » durant les Ă©lections de â94. « Câest comme quand jâĂ©tais gosse, et que mon pĂšre mâamenait au manĂšge. On pense avoir voyagĂ© quelque chose comme 2 miles, mais quand on descend, on est toujours au mĂȘme endroit ! Câest ce que les Tamils ressentent. »
Plus tard dans la discussion, Mahinda du Sri Lanka nous parla du scandale des 400 000 personnes toujours sans travail aprĂšs le tsunami, et des dizaines de milliers de familles qui vivent toujours dans des logements temporaires. Lâanniversaire du tsunami Ă©tait proche, mais avec le gouvernement actuel, il nây aurait aucune rĂ©activation de lâaccord connu sous le nom de « P-TOMS » pour la distribution de ressources de survie vers toutes les zones du pays, incluant les parties septentrionales et orientales contrĂŽlĂ©es par les TTLTE.
Le JVP pousse Ă la guerre, et insiste sur le besoin dâun Etat unitaire, sans aucun Ă©lĂ©ment de dĂ©centralisation du pouvoir. Depuis les Ă©lections, il y a eu beaucoup dâintĂ©rĂȘt dans notre parti pour les Tamilophones qui rĂ©alisent que lâUSP est le seul parti qui les a dĂ©fendus. Mais nos camarades reçoivent des coups de fils menaçants de gens qui ne dĂ©sirent pas les voir dĂ©fendre les droits de la minoritĂ© tamile. Dâun autre cĂŽtĂ©, nous avons Ă©galement reçu des centaines dâappels de fĂ©licitations une fois que les rĂ©sultats Ă©lectoraux ont Ă©tĂ© connus.
Beaucoup de ceux qui pensaient que la gauche Ă©tait Ă©crasĂ©e et avaient rompu avec les idĂ©es socialistes ont maintenant reconnu que lâUSP est la force de gauche principale au Sri Lanka. La parti doit sâapproprier de nouvelles sources dâĂ©nergie et dâinitiative afin de rĂ©aliser toutes les ouvertures magnifiques qui sâoffrent Ă lui. LâUSP peut devenir une rĂ©elle force pour un changement socialiste au Sri Lanka, et agir en tant que balise pour les autres socialistes dans la rĂ©gion, et internationalement.
La Malaysie
DĂ©veloppant en dĂ©tail des points importants sur la Malaisie, Ravie, du Parti Socialis Malaysia (PSM) parla des grands espoirs de la population malaise en le fait que, quand Abdullah Badawi a pris le poste de Premier Ministre de Mahathir Mohammad il y a de ça deux ans, tout allait changer pour le mieux. Il avait promis de mener une bataille contre la corruption, et pour amĂ©liorer les droits dĂ©mocratiques de façon significative. En fait, Ă part assurer que lâancien vice-Premier Ministre de Mahathir, Anwar Ibrahim, soit bien relĂąchĂ© de prison et libre de toute dĂ©charge Ă son nom, Badawi nâa fait que rĂ©gler leur compte Ă quelques petits politiciens et hommes dâaffaires corrompus, sans toucher aux « gros requins » qui constituent le vrai problĂšme. Il a promulguĂ© une version progressive et « politiquement correcte » de lâIslam afin de contrecarrer lâopposition du Parti Islamique (PAS), ainsi que des valeurs et traditions du « premier-monde » pour remplacer celles du « tiers-monde »
Badawi et le gouvernement de Front National ont maintenu, et mĂȘme renforcĂ©, lâagenda pro-capitaliste de Mahathir. La brutalitĂ© policiĂšre et la corruption Ă chaque niveau du gouvernement sont devenues de plus en plus courantes. La destruction environnementale, telle que le problĂšme du brouillard de pollution, est devenue encore pire. De la main dâĆuvre Ă©trangĂšre illĂ©gale est renvoyĂ© chez elle par la force. Les droits des travailleurs et de leurs syndicats sont sous attaque, et de nouvelles tentatives de privatisation des soins de santĂ©, de lâĂ©ducation et des produits de base tels que lâeau courante sont opĂ©rĂ©es. La TVA qui sera appliquĂ©e dĂšs 2007 va se matĂ©rialiser par plus de taxes pour les consommateurs, pour accroĂźtre les profits des capitalistes.
La Malaysie est Ă prĂ©sent le pays avec la plus grande disparitĂ© entre riches et pauvres en Asie du Sud-Est. Le parti au pouvoir en Malaysie â lâOrganisation Nationale des Malais Unie (ONMU) â est parvenu Ă maintenir son emprise totalitaire sur le pouvoir depuis 48 ans depuis lâindĂ©pendance. Câest le parti dominant en Malaysie dans le BN, ou Front National, avec diffĂ©rents autres petits partis raciaux (Chinois, Indiens, et autres). Il a pu sâaccrocher au pouvoir politique pendant 48 ans car il a correctement utilisĂ© la rĂšgle du « diviser pour rĂ©gner » qui lui ont Ă©tĂ© apprises par le Colonialisme Britannique. La « Nouvelle Politique Economique », et dâautres mesures, a Ă©tĂ© conçue au dĂ©part pour allĂ©ger la pauvretĂ© des Malais, mais a Ă©tĂ© utilisĂ©e Ă la place pour crĂ©er des magnats malais qui seraient en mesure de concurrencer les hommes dâaffaires chinois ! Les compagnies dâEtat, qui ne reprĂ©sentent que 5% des firmes cotĂ©es sur les bourses Malaises, mais qui valent 36% de sa capitalisation sur le marchĂ©, sont en crise. La rhĂ©torique nationaliste employĂ©e pour justifier lâĂ©tablissement dâentreprises Ă©tatiques semble maintenant ĂȘtre passĂ© en-dehors de la mode. Une part de 5% des Telekom a Ă©tĂ© vendue Ă un partenaire singapourien. « Câest un AmĂ©ricain qui dirige maintenant la fonderie de micro-puces de SilTerra, et câest un Hollandais qui gĂšre les trains de navetteurs Ă Kuala Lumpur ». Volkswagen pourrait acheter une partie de proton, la fabrique de voitures nationale, qui est entrĂ©e en lutte, tout comme dâautres entreprises dâEtat, telles que Malaysian Airlines, ou la Banque Islamique.
Face aux emplois qui se font aspirer vers la Chine, Ravie expliqua que le gouvernement Malaisien a tentĂ© dâattirer de nouveaux investissements Ă©trangers, en mettant en Ćuvre de nouvelles lois du travail qui devraient permettre de maximiser la flexibilitĂ© et de minimiser le coĂ»t de la main dâĆuvre, notamment grĂące Ă la rĂ©duction des droits syndicaux.
Seuls 8% des travailleurs sont membres en Malaisie du CongrĂšs Malais des Syndicats (Malaysia Trade Union Congress â MTUC) qui, malgrĂ© lâĂ©lection de quelques leaders « radicaux », semble totalement passif, et dĂ©soriente les militants de base. Le MTUC est unique en tant quâorganisation multiraciale, multi-religieuse et plurilingue, avec la capacitĂ© de devenir une organisation trsĂš puissante de la classe ouvriĂšre, comme dans les annĂ©es 40 et 50. Mais Ă prĂ©sent, il nây a aucune organisation pour secouer le MTUC afin quâil reprĂ©sente rĂ©ellement les travailleurs.
Ravie expliqua comment le gouvernement malais a constamment utilisĂ© lâInternal Security Act et dâautres lois de dĂ©tention prĂ©ventive contre les travailleurs, les syndicalistes, les Ă©tudiants, les activistes, les partis dâopposition et les medias qui critiquent le gouvernement et dĂ©fendent les droits dĂ©mocratiques. Il fit un exposĂ© de la plupart des forces dâopposition, et des perspectives pour la bourgeoisie malaisienne dâutiliser Angwar Ibrahim afin de protĂ©ger leur systĂšme contre une opposition croissante.
Il y a un vide Ă©norme au sein de la gauche malaisienne, dit-il. Tout comme Clare lâavait indiquĂ© dans son introduction, le PSM est le seul parti politique de Malaisie qui a soutenu les luttes de la classe ouvriĂšre et des pauvres contre la brutalitĂ© du capitalisme. Les rĂ©gimes stalinistes et maoĂŻstes avec leurs « socialisme » et « marxisme » dĂ©formĂ©s ont Ă©tĂ© un obstacle dans le passĂ© pour le dĂ©veloppement dâune vĂ©ritable direction Ă la classe ouvriĂšre, et bloquĂ© beaucoup de lutte des travailleurs dans diffĂ©rents pays, mais lâinternationalisme socialiste Ă©tait vital pour tirer de ces expĂ©riences toutes les conclusions nĂ©cessaires.
LâInde
Lâexistence persistante de grands partis « communistes » en Inde complique encore aujourdâhui la tĂąche des marxistes. Non seulement ces partis dĂ©forment complĂštement les idĂ©es du marxisme, mais Ă travers leur taille, rendent difficile la mise en avant de lâidĂ©e dâun nouveau parti des travailleurs. Les deux partis « communistes » – le CPI (Parti Communiste Indien) et le CPI(M) (Parti Communiste Indien (Marxiste))- soutiennent de lâextĂ©rieur le gouvernement de Front DĂ©mocratique. Il paraĂźtrait que celui-ci empĂȘche la poursuite des privatisations et des autres mesures de dĂ©rĂ©gulation. La forte grĂšve gĂ©nĂ©rale de 50 millions de travailleurs le 29 septembre, contre les mesures nĂ©olibĂ©rales du gouvernement, a montrĂ© leur capacitĂ© Ă mobiliser de larges couches de travailleurs, mĂȘme sans faire dâefforts. Avec des Ă©lections prĂ©vues au Kerala et au Bengale Occidental, oĂč le CPM contrĂŽle le gouvernement rĂ©gional, leur image de « gauche » doit ĂȘtre maintenue.
Mais, en fait, ces administrations montrent bien jusquâĂ quel point ils ont abandonnĂ© les idĂ©es de la lutte pour le socialisme. La devise de Buddhadeb Bhattachariee (ou « Bouddha »), la tĂȘte du gouvernement basĂ© Ă Calcutta, est « la rĂ©forme ou la mort » ! Il est cĂ©lĂšbre pour encourager les multinationales Ă se dĂ©placer au Bengale Occidental en leur promettant une main dâĆuvre conciliante et en dĂ©clarant les grĂšves illĂ©gales, mĂȘme dans les technologies de lâinformation, que son gouvernement a dĂ©signĂ© comme Ă©tant un « service essentiel » ! Clare rappela le scandale des 47 million de dollars des impĂŽts prĂ©levĂ©s sur les contribuables (travailleurs) britanniques et qui ont Ă©tĂ© dĂ©pensĂ©s par le DĂ©partement pour le DĂ©veloppement International pour payer les travailleurs au Bengale Occidental et prĂ©parer le terrain aux campagnes de privatisations massives du Parti « Communiste ».
Dans sa contribution Ă la discussion, Jagadish de Socialist Alternative (CWI-Inde) fut emphatique quant au caractĂšre bourgeois des dirigeants du CPI(M) â ils sont plus comme un parti social-dĂ©mocrate de droite. Au Kerala, quâil visita rĂ©cemment, le CP Ă©tait un des plus gros propriĂ©taires dâentreprises privĂ©es !
La partie la plus pĂ©nible de son discours fut la comparaison de quelques statistiques au sujet de la rĂ©alitĂ© des deux « gĂ©ants » asiatiques â la Chine et lâInde. La valeur de lâĂ©conomie chinoise est de 1 266 miliards de dollars, tandis que celle de lâInde est de 510 milliards. Les Investissements Directs Etrangers, dâune valeur de 4,5 miliards en Inde, valent moins de 10% des IDE en Chine. LâespĂ©rance de vie est de 8 ans plus Ă©levĂ©e en Chine, et le taux de gĂ©nĂ©ration dâĂ©lectricitĂ© y est trois fois plus grand.
« Si lâĂ©conomie indienne doit dĂ©coller, alors elle a besoin de beaucoup dâĂ©lan », dit Jagadish, citant Thomas Freidman du New York Times. MĂȘme le niveau dâĂ©ducation de la nouvelle classe ouvriĂšre en Inde Ă©tait affectĂ©e par lâinfrastructure qui existait lors de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente. Comme le commentait Dagga du Nigeria lors de la session prĂ©cĂ©dente, le rapide taux de dĂ©veloppement actuel en Chine est liĂ© au dĂ©veloppement, pendant des dĂ©cennies, sous une Ă©conomie planifiĂ©e dâinfrastructures de base, dâĂ©ducation, etc. Jagadish exposa que, bien que neuf millions dâĂ©tudiants soient diplĂŽmĂ©s en Inde chaque annĂ©e, seuls 200 000 offres dâemploi leur sont disponibles. Il nây a pas que les fermiers dĂ©sespĂ©rĂ©s qui recourent au suicide pour rĂ©soudre leurs problĂšmes, mais aussi de jeunes gens qualifiĂ©s, dont les espoirs en un futur bien rempli sâĂ©crasent sur les rochers de la rĂ©alitĂ©.
A la question de dĂ©terminer la taille de la classe moyenne grandissante en Inde, il est difficile de rĂ©pondre. Elle nâest certainement pas assez Ă©tendue en elle-mĂȘme que pour mettre en route un niveau de croissance Ă©conomique sain, Ă©tant donnĂ© la pauvretĂ© absolue du reste de la population. Au concours des plus grands niveaux de corruption du monde, lâInde doit ĂȘtre parmi les premiers. Tout en haut de la sociĂ©tĂ©, se trouvent les oligarchies monopolistiques tels que les frĂšres Tata et Hinduja, ainsi que divers poids lourds du gouvernement, parmi lesquels la corruption est notoirement monnaie courante. Mais mĂȘme les fonctionnaires responsables de la distribution des cartes de rationnement parmi les couches les plus pauvres de la sociĂ©tĂ© amassent une fortune. Ils sont les rĂ©cipiendaires de bakchichs petits mais rĂ©guliers de la part de ceux qui veulent Ă©changer leurs cartes de rationnement jaunes contre les cartes vertes, de sorte Ă recevoir un peu plus de subsides qui leur permettront de sâacheter quelques produits vitaux !
« Pour les riches en Inde », dit Jagadish, « la mondialisation est une belle Ćuvre lyrique ; pour les pauvres et les travailleurs ordinaires, ce nâest quâune morne tragĂ©die ».
Les autres pays de la région
Au cours de la discussion, les camarades dâAustralie, dâAutriche et du Kazakhstan apportĂšrent dâintĂ©ressantes contributions sur les autres dĂ©veloppements dans la rĂ©gion. LâAustralie est une puissance importante dans lâAsie Pacifique, et tente dây jouer un rĂŽle impĂ©rialiste. Elle a Ă prĂ©sent le bĂ©nĂ©fice dâun excĂ©dent commercial, expliqua Steve Jolly, mais ce qui se passe en Chine ne prĂ©sage rien de bon pour lâAustralie. Les emplois sâenvolent. Lâinsatisfaction vis-Ă -vis du gouvernement, y compris envers les avancĂ©es dans les lois anti-terroristes, est croissante, et une initiative pour un nouveau parti des travailleurs a Ă©tĂ© rpise au Victoria.
Ayant visitĂ© la Malaisie en septembre pour le week-end Socialisme 2005 du PSM, Steve Ă©tait impatient de pouvoir aller plus loin dans la coopĂ©ration, la solidaritĂ© et les Ă©changes mutuels dâidĂ©es ploitiques avec ces camarades. Steve insista sur les leçons Ă tirer des Ă©vĂ©nements dans la rĂ©gion. Tout en se fĂ©licitant de la tendance vers la rĂ©solution des conflits, les Ă©checs des gouvernements et des mouvements dâopposition Ă obtenir des rapports complets sur les tueries atroces perpĂ©trĂ©es par lâArmĂ©e IndonĂ©sienne au Timor Oriental et, maintenant, en Aceh, sont inacceptables.
Au ViĂȘt Nam, ainsi que Sonja Grusch, dâAutriche, nous lâexposa, les deux tiers de la population sont soit au chĂŽmage, soit sous-employĂ©s. Sonja a rĂ©cemment visitĂ© le pays, et Ă©crit Ă ce sujet. La moitiĂ© de tous ceux qui ont un emploi se trouvent dans le secteur public, bien que ces emplois semblent ne contribuer quâĂ 38% de la production du pays. 25% du PNB est maintenant produit Ă travers lâĂ©tranger. La classe capitaliste est trĂšs avancĂ©e dans son processus de formation. Il va certainement y avoir certaines illusions dans le capitalisme, mais il y a aussi eu dâimportantes grĂšves Ă Than Pho Ho Chi Minh et ailleurs. Le ViĂȘt Nam est un pays avec de grandes traditions trotskystes, profondĂ©ment enterrĂ©es mais, puisque le capitalisme sera incapable de satsifaire aux besoins basiques de la population, elles vont ĂȘtre remises Ă jour.
Sergei du Kazakhstan dĂ©crivit la situation dans le pays, qui a maintenant sa place parmi les dix plus grands producteurs de pĂ©trole. Câest ce qui se cache derriĂšre lâarrogance du prĂ©sident-dictateur Nazarbayev et de ses sbires. Personne ne fut surpris dâapprendre que Nazarbayev avait Ă nouveau remportĂ© les toutes derniĂšres Ă©lections (en fait 90% des voix ) ! Vu que sa famille contrĂŽle chacune des neuf chaĂźnes de TV du pays.
Le soi-disant « parti communiste » a Ă©tĂ© incapable de construire la plus infime des oppositions, sans parler de sa capacitĂ© Ă prĂ©senter une alternative de classe claire au capitalisme mafieux de Nazarbayev. Il a perdu plus de la moitiĂ© de ses voix depuis les 12% quâil avait reçu lors des Ă©lections prĂ©cĂ©dentes. Mais il y a eu dâimportantes grĂšves dans les usines dĂ©tenues par des Ă©trangers, et des occupations de terres face Ă la privatisation.
Les camarades du CWI au Kazakhstan, face Ă dâĂąpres conditions de rĂ©pression politique, anticipent sur le fait que, surtout en rĂ©ponse Ă lâinflation florissante, il va y avoir un accroissement considĂ©rable des luttes de classe Ă travers le pays. Ceci fournira lâoccasion Ă leurs jeunes camarades de construire un embryon de futur parti des travailleurs des masses.
Conclusions
« Les contributions des camarades lors de cette discussion ont soulignĂ© lâaccroissement en frĂ©quence et en amplitude de la lutte des classes » dit Kevin Simpson lors de la conclusion de cette session. Elles ont aussi indiquĂ© lâaccumulation des connaissances et de la comprĂ©hension de cette Internationale, et lâinfluence grandissante de nos partis et groupes politiques. Il y a une montĂ©e de la lutte des classes en Chine, mais apporter une comprĂ©hension de la situation concrĂšte et de la conscience des travailleurs est vital afin de construire les forces anticapitalistes et, en particulier, rĂ©volutionnaires.
La libertĂ© dâopĂ©ration de bon nombre de compagnies en Chine, qui appartiennent de maniĂšre Ă©vidente Ă des privĂ©s ou Ă des Ă©trangers, est sĂ©vĂšrement restreinte. Si des compagnies Ă©trangĂšres tentent de poursuivre des opĂ©rations qui vont Ă lâencontre des intĂ©rĂȘts du PCC au pouvoir, elles sont fermĂ©es. DerriĂšre les entreprises « privĂ©es » en Chine, se tient une importante prĂ©sence Ă©tatique. Sâil devait y avoir un effondrement de lâĂ©conomie, la rĂ©ponse du gouvernement chinois ne serait pas une simple rĂ©pĂ©tition de ce que Poutine a fait en Russie, mais il pourrait y avoir un retournement du processus de privatisation. Nous devons aussi ĂȘtre prudents, comme nous le fĂ»mes pour la question de lâEurope Orientale dans les annĂ©es 80-90, en reconnaissant que la prĂ©sence dâentreprises dirigĂ©es selon les lois du marchĂ© nâest pas suffisante en tant que preuve dâun fonctionnement totalement capitaliste dâune sociĂ©tĂ©.
Tandis que certaines couches de la sociĂ©tĂ© â en Inde et en Chine par exemple â peuvent bĂ©nĂ©ficier des hauts taux de croissance, dâautres sections sont pris dans une spirale de pĂ©nurie â les professueurs, avocats, et autres membres de la classe moyenne. Le conflit principal dans la rĂ©gion, qui dĂ©termine la plupart des dĂ©nouements dans la rĂ©gion, est la rivalitĂ© entre les deux puissances â la Chine et les USA. Câest une lutte pour le prestige, la puissance, les marchĂ©s, et les ressources pĂ©troliĂšres.
Mais les couches dirigeantes en Asie elle-mĂȘme ne sont pas confiantes vis-Ă -vis du futur. Une source dâinstabilitĂ© importante en Asie est lâĂ©mergence de la lutte des classes. Le dĂ©veloppement dâune conscience de classe et de nouvelles formations est dâimportance vitale pour le CWI dans lâĂ©laboration de ses stratĂ©gies et tactiques. LĂ oĂč il y a une exploitation de masse des travailleurs, on peut avoir des explosions de colĂšre spontanĂ©es, mais il existe toujours un gouffre Ă©norme entre lâavant-garde et la majoritĂ© des travailleurs. Ceci a Ă©tĂ© illustrĂ© lors de la grĂšve des PTCL au Pakistan, oĂč beaucoup de travailleurs trouvĂšrent une « solution » par lâincendie de tous les Ă©changeurs tĂ©lĂ©phoniques !
Le travail des camarades du CWI dans la rĂ©gion, surtout les tĂąches onĂ©reuses entreprises dans les zones sinistrĂ©es du Pakistan et du Sri Lanka, ont prĂ©parĂ© le terrain Ă une accĂ©lĂ©ration de la croissance de notre Internationale. Kevin insista sur lâimportance extrĂȘme des expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes de dĂ©bats et de prises de dĂ©cision souvent amers et difficiles, par exemple ceux qui ont eu lieu lors de lâaccord Indo-Lankais Ă la fin des annĂ©es 80. A la lumiĂšre de ceci, ainsi que des leçons de valeur apprises dans la pĂ©riode plus rĂ©cente, les groupes et partis du CWI en Asie sont bien placĂ©s pour se dĂ©velopper en forces trotskystes massives, ou du moins, dans la pĂ©riode la plus immĂ©diate, semi-massives.
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Journée internationale de soutien aux chauffeurs de bus. "Osanlou doit être libéré" – Stockholm
Journée internationale de soutien aux chauffeurs de bus
Elias Blomm, Stockholm, de notre organisation soeur
âOsanlou, Osanlou, azad bayad gardadâ (Osanlou doit être libéré). Câétait le slogan scandé lors des protestations du 15 février organisées devant les ambassades dâIran du monde entier. Plus tard dans la même journée, de nombreux leaders syndicaux des chauffeurs de bus étaient relâchés à Téhéran. Cependant, le leader du syndicat des chauffeurs de bus, Mansour Osanlou, qui a été arrêté le 22 décembre, est toujours en prison avec dâautres militants syndicaux.
La fédération internationale des travailleurs du transport a annoncé une journée de protestation internationale. A Stockholm, près de 60 personnes se sont rassemblées devant lâambassade dâIran mercredi midi. Des orateurs de différentes organisations et partis en exil se sont exprimés à cette occasion. En Iran, les manifestations ont eu lieu à Téhéran devant le parlement et dans de nombreuses villes du Kurdistan.
« Mansour Osanlou est devenu, en peu de temps, un des leaders ouvrier les plus connus internationalement. Les chauffeurs de bus ont donné lâexemple aux travailleurs en général. Mais les journaux, les radios et les TV, qui couvrent beaucoup lâIran, sont silencieux sur les grèves et les luttes des travailleurs. », a déclaré Per-Åke Westerlund, du Rättvisepartiet Socialisterna (CIO, Suède) dans son discours de solidarité. Il a appelé les syndicats suédois à soutenir les chauffeurs de bus en lutte.
Un grand nombre de partis iranniens a participé à la manifestation du 18 février pour soutenir Per Johansson, le dirigeant du syndicat des chauffeurs de métro, viré par Connex (multinationale du transport).
Le syndicat des chauffeurs de bus a joué un rôle important dans le renversement du Shah en 1978-79, mais a rapidement été déclaré illégal par le régime au début des années 80. En 2003, des activités en sous-marin ont repris. Durant lâaugmentation des grèves de lâan dernier, les forces du régime ont attaqué les chauffeurs de bus à de nombreuses reprises.
Quand Mansour Osanlou a été arrêté, lors dâun raid policier nocturne le 22 décembre à son domicile, des milliers de travailleurs ont répondu par des grèves et des meetings de masse. Le régime a réprimé violemment pour stopper une grève de masse planifiée pour le 29 janvier. 1300 travailleurs ont été arrêtés. Leurs familles ont également été attaquées, 5 enfants ont été arrêtés et un bébé de deux ans a été blessé par la police. Pendant la journée de grève, les soldats, les policiers et autres briseurs de grèves ont dû conduire les bus.
Le gouvernement irannien nâest pas en position de force. Les revenus croissants du régime venant de lâaugmentation des prix du pétrole ne se sont pas reflétés dans de meilleures conditions de vie pour les travailleurs. Les grèves sont une menace pour ce régime qui essaye dâaugmenter son soutien en se posant en « anti-impérialiste » dans le dossier nucléaire.
Dans sa campagne contre le gouvernement irannien, lâadministration Bush a soutenu de manière hypocrite les chauffeurs de bus de Téhéran. La classe ouvrière en Iran est en train de défier le régime et les meilleurs militants comprendront que Bush ne fait pas partie de leurs amis : les capitalistes occidentaux ne sont intéressés que par les réserves de pétrole, les nouveaux marchés et les opportunités dâexploiter les travailleurs. Les protestations devant lâambassade à Stockholm peuvent être vues à : www.radio-international.org